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Allergies et anaphylaxies aux insectes

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Glossaire Anti-H1 : antihistaminiques H1 AINS : anti-infl ammatoires

non stéroïdiens B2CA : β-agonistes de courte

durée d’action IDR : intradermoréaction IEC : inhibiteurs de l’enzyme de

conversion de l’angiotensine IgEs : immunoglobulines E spécifi ques ITA : immunothérapie allergénique ITS : immunothérapie spécifi que PT : prick-tests

Rast : radioallergosorbenttest

Allergies et anaphylaxies aux insectes

Allergy and anaphylaxis to insects

G. Dutau*

* Allergologue, pneumologue, pédiatre, Toulouse.

L es insectes font partie du sous-embranchement des Hexapodes, lui-même inclus dans l’em- branchement des arthropodes. Ils sont munis d’ailes (ptérygotes) ou non (aptérygotes). Si plus d’un million d’espèces sont décrites, réparties sous tous les climats, ce qui constitue les deux tiers des espèces animales connues, leur nombre serait en réalité beaucoup plus élevé, variant de 3 à 30 mil- lions, car leur totalité est loin d’être décrite. Leur corps est composé de 3 parties : la tête, qui porte 2 antennes ; le thorax, qui porte 3 paires de pattes et éventuellement 2 paires d’ailes, et l’abdomen.

Les ordres les plus importants sont les hyménop- tères (abeilles, guêpes, fourmis), les diptères (mous- tiques, taons, mouches), les coléoptères (scarabées, coccinelles, charançons), les hémiptères (punaises, pucerons, cochenilles) et les lépidoptères. La plupart des familles (genres et espèces) sont responsables d’allergies, souvent d’anaphylaxies (hyménoptères), surtout par piqûre et injection de venin. Les aller- gies aux hyméno ptères sont traitées avec succès par l’immunothérapie allergénique (ITA), ou immuno- thérapie spécifi que (ITS) aux venins.

Allergie aux hyménoptères

Signes et symptômes communs aux diverses espèces

Les hyménoptères sont des insectes holométaboles (la larve, différente de l’adulte, doit être nourrie), à métamorphose complète, munis de 2 paires d’ailes solidaires pendant le vol. Il en existe près de 120 000 espèces, parmi lesquelles les abeilles, les guêpes, les frelons, les fourmis qui possèdent des venins puissants pouvant entraîner des réactions allergiques graves, mettant la vie en jeu.

La piqûre d’abeille ou de guêpe provoque une douleur très vive puis, en quelques heures, une infl ammation locale, ce qui constitue une réaction normale. Celle-ci peut être importante dans les régions du corps où le tissu sous-cutané est lâche : visage, paupières, lèvres.

Les signes et symptômes des réactions allergiques ont été classés en stades de gravité croissante depuis les réactions locales et régionales jusqu’aux réactions systémiques (urticaire généralisée, ana- phylaxie) [tableau I] . En cas de piqûres multiples, les réactions toxiques sont de type immédiat ou retardé (hémolyse, insuffi sance rénale). Quelques cas de maladie sérique sont connus. On estime que plus de 1 000 piqûres simultanées d’hyménoptères entraînent le décès, mais il existe des variations selon l’espèce (le venin d’abeille est plus toxique que celui des guêpes), l’âge, le poids de l’individu, les affections associées et la prise de médicaments qui aggravent le pronostic et sont des facteurs de risque de décès (0,09 à 0,45 décès annuels pour 1 000 000 habitants) [1] .

En cas de symptôme allergique, il faut consulter un allergologue 3 ou 4 semaines après la piqûre

1

pour effectuer des investigations (échelle de sensibilité cutanée aux venins, dosage des immonuglobulines E spécifi ques [IgEs]) pour confi rmer le caractère IgE-dé- pendant (ou non) des symptômes. Le diagnostic est basé sur :

➤ l’analyse minutieuse des circonstances de survenue et des signes (symptômes) allergiques ;

Tableau I. Classifi cation des réactions aux piqûres d’hyménoptères (adapté de Muller, Pinon et Molkhou).

Grade Type Description

1 Réaction locale normale Papule infl ammatoire < 2 cm qui disparaît en moins de 12 heures

2 Réaction loco-régionale Œdème atteignant 2 articulations ou les dépassant parfois 3 Réaction généralisée légère Urticaire généralisée (prurit)

4 Réaction généralisée forte Stade 1 + au moins 2 des symptômes suivants : œdème de Quincke, gêne respiratoire, anxiété, nausées, douleurs abdominales, diarrhée, vertiges

5 Réaction généralisée grave Stade 2 + au moins 2 des symptômes suivants : dyspnée, dysphagie, dysphonie, troubles de la conscience, sensation de mort imminente

6 Choc anaphylactique Stade 3 + au moins 2 des symptômes suivants : hypotension, collapsus, perte de conscience, agitation, convulsions, cyanose

7 Réactions retardées Maladie sérique

(2)

Figure 1. IDR fortement positive à l’abeille (Apis) et négative pour la guêpe Vespula chez un enfant ayant présenté une anaphylaxie après la piqûre d’un insecte non identifi é(abeille ou guêpe). L’IDR confi rme l’allergie à l’abeille avec présence d’IgEs (coll. Guy Dutau).

➤ la positivité des tests cutanés d’allergie ( prick-tests [PT] et intradermoréaction [IDR]) [fi gure 1] ;

➤ la positivité du dosage des IgEs.

L’ITA, indiquée en cas de réaction sévère avec bilan allergologique positif (tableau II) , doit être entreprise en fonction de plusieurs critères, incluant le profi l des patients et les facteurs de risque (1) :

➤ la sévérité de la réaction clinique initiale, sachant que le risque de récidive est plus important en cas de réaction sévère (≥ 50 %) que légère (≤ 20 %) et qu’il est moins important (mais pas nul) chez l’enfant

2

que chez l’adulte ;

➤ la sévérité des récidives est moins importante chez l’enfant (40 %) que chez l’adulte (70 %) ;

➤ le risque de récidive est 2 fois plus important avec l’abeille (50 %) qu’avec la guêpe (25 %) ;

➤ le risque de récidive est plus important si l’intervalle entre 2 piqûres est court (2 semaines à 2 mois) ;

➤ ce risque est inversement proportionnel au nombre de piqûres par an chez les personnes souvent piquées, comme les apiculteurs (45 % pour moins de 15 piqûres/

an, pratiquement nul pour 200 piqûres (ou plus) en raison de la “désensibilisation spontanée

3

”) ;

➤ en principe, l’atopie n’est pas un facteur aggravant ;

➤ les facteurs d’aggravation reconnus sont les comorbidités (cardiopathies, troubles du rythme cardiaque, mastocytose) et la prise de médicaments (bêta bloquants – même en collyre –, inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotesine [IEC], aspirine et infl ammatoires non stéroïdiens [AINS]).

Le venin à utiliser pour l’ITA dépend de la situation clinique et des résultats du bilan allergologique (tableau III) . Il existe des particularités selon l’hyméno- ptère en cause.

Particularités selon l’hyménoptère en cause

Abeilles

L’aiguillon des abeilles (Apis mellifica , honey bee) possède des lancettes très dentelées, de sorte qu’il

1 Les examens (tests cutanés et dosage des IgEs) sont négatifs au décours de la réaction allergique par consommation des IgEs au cours de la cascade des réactions allergiques.

2 Le risque de récidive serait moins important chez l’enfant après piqûre de guêpe que d’abeille. Par ailleurs, pour la plupart des insectes piqueurs (abeille, guêpe, moustiques), il existe globalement une “désensibilisation spontanée” chez l’enfant (acquisition de tolérance), mais elle n’est pas individuellement prévisible.

3 Elle peut être prise en défaut (fatigue, affection intercurrente, venin, médicament pris). L’auteur cite le cas personnel d’un limonadier, régulièrement piqué sans symptômes, qui développa un malaise avec urticaire diffuse et un prurit généralisé nécessitant l’injection d’adrénaline.

Tableau II. Indications de l’immunothérapie (d’après J. Birnbaum [1]).

Type de réaction Exploration allergologique

(Tests cutanés ou Rast)

ITS

Locale Positive

Négative Non

Non

Locorégionale Positive

Négative Non

Non Générale

– Sévère (signes cardiorespiratoires) Positive

Négative* Oui

Non

– Légère Positive

Négative Non

Non ou discuter**

Inhabituelle*** Positive

Négative Non

Non

* Voir ci-dessous (études de Golden).

** Si faible risque, tenir compte de l’existence d’un facteur de risque ou d’une altération de la qualité de vie.

*** Réactions retardées en particulier.

Tableau III. Sélection des venins d’après l’identifi cation de l’insecte piqueur et les résultats

des tests cutanés.

Situation clinique Bilan allergologique ITS conseillée

Hyménoptère identifi é TC et/ou Rast + Hyménoptère identifi é Hyménoptère identifi é TC et/ou Rast + à abeille et guêpe Hyménoptère identifi é seul Guêpe TC et/ou Rast + à Vespula et poliste ITS à vespula et poliste*

Identifi cation ? TC et/ou Rast + à abeille et guêpe ITS à abeille et guêpe*

Frelon TC et/ou Rast + à Vespula ITS à vespula

Bourdon TC et/ou Rast + à abeille** ITS à abeille

* Intérêt du Rast inhibition/IgG sériques pour le choix du venin.

** Cas particulier : bourdon identifi é/TC et/ou Rasts® négatif à abeille : l’ITS à l’abeille ne sera pas très effi cace (ou pas du tout). Une ITS au venin de bourdon est souhaitable.

(3)

reste implanté dans la peau après la piqûre. Par contre, l’aiguillon de la guêpe est lisse et donc retiré après la piqûre. La composition du venin est très complexe : amines vasoactives (histamine, sérotonine), enzymes (phospholipases), etc. Les allergènes majeurs identi- fi és sont nombreux, de l’Api m1 (phospholipase A2) à à l’Api m5 (allergène 5) [1-3] . L’ITA est effi cace. Sa durée est en général de 5 ans, mais elle peut être arrêtée au bout de 3 ans si les PT et le dosage des IgEs deviennent négatifs. Au contraire, l’ITA peut être pour- suivie au-delà de 5 ans en cas de facteurs de risque, le plus souvent à raison de 2 à 3 injections par an. Dans tous les cas, il faut prescrire une trousse de secours comportant 2 stylos auto-injecteurs d’adrénaline, un corticoïde oral, un β-agoniste de courte durée d’action (B2CA) [aérosol-doseur de salbutamol], des anti-H1

4

.

Bourdons

Les bourdons ( Bombus terrestris , bumble bee ) sont importants pour la pollinisation des herbacées et des arbres fruitiers. Plusieurs cas d’allergie aux piqûres de bourdons ont été rapportés, en particulier en milieu professionnel (4) . Les symptômes sont les mêmes que ceux de l’allergie aux abeilles. Il existe 2 sortes d’allergiques aux piqûres de bourdon :

➤ les sujets déjà sensibilisés à l’abeille, qui peuvent bénéfi cier d’une ITA au venin d’abeille ;

➤ les sujets fortement exposés aux bourdons en milieu professionnel, souvent piqués, dont la réac- tivité croisée avec le venin d’abeille est faible ou nulle, et qui doivent bénéfi cier d’une ITA au venin de bourdon, laquelle s’avère un traitement effi cace (5) .

Guêpes

Il existe 9 000 espèces de guêpes dans le monde.

Les principales sont la guêpe commune (Vespula vulgaris) , le frelon (Vespa crabro) , les guêpes polistes

( Polistes dominula ) , qui font leurs nids dans des toi- tures, des trous d’arbres, le sol, etc. La guêpe retire habituellement son dard après avoir piqué. Dans l’ensemble, l’allergie (anaphylaxie) au venin de guêpe est un peu moins sévère que l’allergie (anaphylaxie) aux abeilles. Quelques cas d’allergie au frelon asia- tique (Vespula velutina nigrithorax) ont été rapportés (certains mortels), mais le plus souvent en dehors des revues spécialisées (6) . S. Chugo et al. (7) ont récemment confi rmé que le frelon asiatique pouvait être la cause d’une anaphylaxie sévère chez apicul- teur amateur de 71 ans qui avait déjà été piqué 2 fois sans présenter de réaction clinique. Il semble tou- tefois que ce frelon ne soit pas plus agressif pour l’homme que le frelon européen, sauf en cas d’in- trusion dans son périmètre de défense (moins de 5 mètres), où ses attaques peuvent être massives.

Fourmis

Parmi les 2 000 espèces de fourmis ( Formica , ant , etc.), la morsure de celles qui vivent en Europe n’en- traîne que des symptômes locaux, mais, ailleurs, certaines sont très dangereuses pour l’homme.

Myrmecia pilosula (jumper ant) et Myrmecia pyri- formis (bull ant) sont présentes en Australie et en Tasmanie. La première attaque en sautant. Plusieurs cas d’anaphylaxie ont été rapportés : en Tasmanie, les allergies à M. pilosula (2,7 %) sont plus fréquentes que les allergies au venin d’abeille (1,4 %) ou de guêpe (0,6 %). Le décès est possible. Une immuno- thérapie allergénique (ITA) est disponible.

Dans le Sud des États-Unis, les piqûres de fourmis rouges ( Solenopsis invicta, fi re ant, etc.) ou de fourmis voisines, comme Solenopsis richteri (fourmi noire), sont souvent responsables de symptômes : 63 % de réactions locales et 2 % d’anaphylaxies. Appe- lées “importées” (imported fi re ants) , ces fourmis furent déchargées accidentellement en 1930 avec des marchandises dans le port de Mobile (Alabama), en provenance d’Amérique centrale. Elles se sont ensuite répandues dans la moitié sud des États-Unis et en Australie. Des cas mortels ont été rapportés.

Une ITA est disponible et effi cace dans les formes systémiques (8, 9) . Des fourmis du même type sont présentes en Indonésie, en Corée, au Japon et en Nouvelle-Zélande ( Pachondyla chinensis et Pachon- dyla solitaria ). Elles sont aussi venimeuses que Sole- nopsis spp. et Myrmecia spp. Solenopsis invicta a été importée en Espagne. À Malaga, une jeune femme de 28 ans a présenté une anaphylaxie après une piqûre d’une fourmi rouge importée d’Amérique du

4 La trousse, à prescrire dès la première piqûre pour prévenir le risque de récidive avant la mise en œuvre de l’ITA, doit comporter 2 stylos auto-injecteurs d’adrénaline (épinéphrine), en cas de mauvaise utili- sation du premier ou s’il y a récidive de l’anaphylaxie. L’adrénaline i.m.

est le traitement de première intention de l’anaphylaxie. La posologie usuelle est de 0,01 mg/kg jusqu’à un maximum de 0,3 mg chez l’enfant prépubère et de 0,5 mg chez l’adolescent en i.m. profonde à la face antérolatérale de la cuisse. Les stylos auto-injecteurs (Anapen®, Jext®, Epipen®) peuvent être utilisés pour délivrer une dose de 0,15 mg chez le jeune enfant et de 0,3 mg chez l’enfant ou l’adolescent. Si la réponse à la première injection n’est pas satisfaisante, cette injection doit être renouvelée 1 ou 2 fois à intervalles de 5 à 15 minutes. Le traitement de l’anaphylaxie n’est pas un traitement “progressif” du type “ant-H1, corticoïdes et adrénaline” mais l’inverse “adrénaline, corticoïdes, anti- H1, B2CA sinécessaire”, car, seule, l’adrénaline est effi cace vis-à-vis de l’anaphylaxie.

(4)

A

B

Figure 2. Piqûres de moustiques aux doigts chez un jeune enfant (A)

. Surinfection quelques jours plus tard (coll. Thierry Bourrier).

Figure 3. Œdème oculaire après piqûre de moustique sous la paupière (coll. Guy Dutau).

Sud avec du bois. Les fourmis européennes auto- chtones, en particulier certaines petites fourmis rouges, peuvent être agressives (au cours de pique- niques, par exemple), mais elles sont uniquement responsables de morsures prurigineuses.

Allergie aux diptères

Les diptères comportent plus de 150 000 espèces réparties en près de 200 familles, avec en particulier les moustiques, les taons, les mouches.

Allergie aux moustiques

En France, les piqûres de moustique ( Aedes spp., mosquito ) provoquent des symptômes locaux : douleur, lésion papuleuse, prurit, grattage, sur- infection. La plupart des enfants, dépourvus de protection naturelle au début de la vie, développent ensuite une tolérance (désensibilisation) après avoir été piqués plusieurs fois. D’autres présentent des lésions qui se prolongent après les piqûres, altérant leur qualité de vie (grattage, surinfection, nodules pigmentés chroniques, prurigo), surtout après des piqûres multiples (10) . Toutefois, surtout dans cer- tains pays (Argentine, Canada, Scandinavie, Japon), d’autres espèces de moustiques provoquent des réactions régionales importantes ou systémiques à type d’urticaire ou d’angio-œdème (syndrome de Skeeter dépendant des IgE, pouvant évoquer une cellulite faciale) [11] (fi gures 2, 3 et 4, p. 18) . Le traitement est symptomatique : anti-H1, dermo- corticoïdes, antiseptiques contre la surinfection.

La prévention fait appel aux moyens physiques et chimiques (répulsifs) contre les moustiques. Les indications de l’ITA pourraient être revues si l’on obtenait des allergènes de qualité, en particulier des allergènes de recombinaison (rAed a 2) pour le diagnostic et l’ITA.

Allergie aux taons

Quelques cas d’allergie au taon (Chrysops spp.,

horsefl y) sont connus. Les symptômes sont le plus

souvent locaux. La fréquence des réactions systé-

miques n’est pas connue, mais des cas d’anaphylaxie

ont été rapportés, ainsi que des anaphylaxies croi-

sées entre guêpes et taons (12) . Les piqûres de taon

peuvent transmette certaines maladies, comme la

listériose.

(5)

Figure 4. Syndrome de Skeeter de moyenne intensité

chez une fi llette (coll. Thierry Bourrier).

A B

Figure 5. Réactions d’hypersensibilité immédiates

et retardées aux piqûres de simulies. Aspect purpu- rique et œdème

(A)

, puis nécrose centrale au bout de 48 heures

(B)

. (coll. François Lavaud).

Allergie aux mouches

Des allergies aux mouches communes (Musca domestica , housefl y) ont été décrites à l’occasion d’expositions professionnelles chez des fermiers entrant dans des locaux infestés (étables, granges, cuisines) : les symptômes sont la conjonctivite, la rhinite et l’asthme. Des cas d’allergies profession- nelles aux mouches ont également été rapportés chez des laborantins, ainsi qu’une anaphylaxie après piqûre de mouche tsé-tsé (3) .

Les simulies (“moutmout” en Afrique) sont des mou- cherons (Simulium spp. ) , diptères hématophages, responsables de l’onchocercose humaine à Oncho- cerca volvulus (cécité des rivières). En Europe, des attaques de simulies ont été signalées dans la région rémoise, où fut effectuée une étude chez 30 patients qui avaient présenté des réactions après des piqûres.

Elles surviennent principalement au printemps, au bord de rivières de petite ou moyenne importance ou même de ruisseaux. Les réactions locales éten- dues, très infl ammatoires et douloureuses, étaient constantes (fi gure 5) . Dans 9 cas (30 %), des réac- tions générales furent observées ; dans 4 cas, une lymphangite.

Allergie au ver de vase

Les vers de vase sont les larves de petits diptères, moucherons ou moustiques non piqueurs, qui vivent près des ruisseaux et des mares. Les larves, de couleur rouge sang, sont utilisées pour la pêche et l’alimen- tation des poissons d’aquarium. Plusieurs espèces sont connues, dont Chironomus plumarius (ou Chiro- nomus plumosus ) et Chironomus thummi thummi . Décrite au début des années 1980, cette allergie a suscité une abondante littérature. Elle touche les pêcheurs, les aquariophiles er les employés de fi rmes d’alimentation pour les poissons (3) . Toutes les variétés de symptômes allergiques sont possibles, y compris les réactions anaphylactiques.

Allergie aux coléoptères

L’ordre des coléoptères est celui qui compte le plus d’espèces d’insectes, vivant dans de nombreux écosystèmes, mais pas dans les milieux polaires et océaniques : coccinelles, lucanes, chrysomèles, hannetons, charançons, carabes. Ils possèdent en général deux paires d’ailes. La première paire (élytres), quelquefois très colorée, constitue la carapace, et la seconde (les ailes membraneuses) sert au vol.

Allergie aux coccinelles asiatiques

La coccinelle asiatique (Harmonia axyridis, Asian lady

beetle, Japanaese lady beetle) a été importée il y

a une vingtaine d’années aux États-Unis, puis en

Europe, pour la lutte biologique (écologique) contre

les pucerons, car elle les dévore plus vite que les

(6)

Figure 6. Lésions d’urticaire de l’avant-bras. Allergie à Thaumetopoea pityocampa chez

un forestier (coll. Pierre Pagès).

coccinelles autochtones, etc. On pensait que le froid hivernal régulerait leur population, mais elles se sont réfugiées dans les maisons, constituant des amas multicolores, gênants par leur nombre et la produc- tion de substances malodorantes. Harmonia axyridis , beaucoup plus grosse (5 à 8 mm) que la coccinelle autochtone (1 à 2 mm), comporte de nombreuses sous-espèces identifi ables par le nombre et la forme des taches noires présentes sur leurs élytres. Il faut noter que les coccinelles autochtones n’ont pas ce comportement grégaire hivernal. En zone d’endémie (Virginie, États-Unis), la coccinelle asiatique est res- ponsable de 8 % des rhinoconjonctivites, de 2 % des asthmes et de 1 % des urticaires ou angio-œdèmes répertoriés en général. L’allergie à Harmonia axyridis est possible en Europe, en particulier en Belgique, où cette coccinelle a également été importée (3) .

Allergie au ver de farine

Le ténébrion meunier (Tenebrio molitor) , qui se développe dans les denrées stockées très sèches, en particulier la farine, est responsable d’allergies professionnelles dépendantes des IgE (rhinite, urti- caire, asthme) chez les employés de fi rmes d’appâts de pêche.

Allergie aux hémiptères

Les hémiptères comportent 2 sous-ordres qui se distinguent par la structure des ailes et du rostre : les homoptères (cigales, cicadelles, pucerons, cochenilles) et les hétéroptères (punaises). Des réactions allergiques ont été décrites avec plu- sieurs sortes de punaises. Un cas d’allergie pro- fessionnelle (rhinite et asthme) a été rapporté chez un homme de 37 ans exposé aux punaises (Metopoplax ditomoides, Microplax albofasciato, ground bugs) pendant son travail qui consistait à mettre de l’eau en bouteille. La positivité des PT, du TPC et du dosage d’IgEs a confirmé le caractère dépendant des IgE des symptômes.

La punaise de lit (Cimex lectularius) peut aussi pro- voquer des réactions d’hypersensibilité à la suite de piqures. Dans un cas survenu chez une femme de 43 ans, des IgE antinitrophorines ont été détectées ; or, la nitrophorine est présente dans les glandes salivaires de Cimex lectularius . D’autres cas ont été rapportés, en particulier par des dermatologues. Une augmentation des infestations par ces punaises à été signalée, ces dernières années.

Allergie aux lépidoptères

Les lépidoptères, dont la forme adulte est le papillon, pondent des œufs. Les œufs donnent naissance à des chenilles qui se transforment en chrysalides (abritées ou non dans un cocon) d’où sortent les imagos (papillon avec 3 paires de pattes).

S’il n’a pas été décrit d’allergies aux papillons adultes, il existe par contre des allergies à certaines de leurs chenilles, comme l’allergie aux chenilles procession- naires du pin (Thaumetopoea pityocampa) [fi gure 6] , parfois responsable d’anaphylaxies liées aux IgE ainsi que la “papillonite guyanaise”, due à Hylesia metabus . Il existe aussi des allergies aux chenilles processionnaires du chêne (Thaumetopoea proces- sionea) pouvant se manifester par des symptômes d’anaphylaxie.

Allergie aux aptères

Il existe des allergies aux aptères (sans ailes), en

particulier dans les habitats où se trouvent des chats

infestés de puces (Ctenocephalides Felis, cat fl ea)

dont les allergènes sont retrouvés en grande quan-

tité dans la poussière de maison. La prévalence des

PT positifs à un extrait allergénique commercial de

puce chez les sujets ayant des symptômes d’atopie

est de 8 % (13) .

(7)

20 | La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale •

N° 353 - avril-mai-juin 2018

20 | La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale

Allergie aux orthoptères

Les orthoptères, insectes phytophages, dont de deux types : les ensifères ont des antennes fi nes et développées (grillons, sauterelles), les caélifères ont des antennes courtes (criquets). Il existe plus de 200 espèces en France et plus de 20 000 dans le monde. Plusieurs cas d’allergies aux sauterelles

et aux criquets ont été décrits, le plus souvent des maladies professionnelles affectant les laborantins et les zoologistes, mais aussi dans les populations qui consomment des sauterelles ou des criquets grillés (14) .

Ces faits posent le problème plus vaste, actuel et futur, des allergies (anaphylaxies) associées à

l’entomo phagie (15) . ■

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

1. Birnbaum J. Allergie aux venins d’hyménoptères. Rev Fr

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Références bibliographiques

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Étape 1: Pour utiliser l’écran d’édition de votre machine afin de faire la composition de la Reine Abeille, envoyez individuellement vos motifs de l’abeille, de la guirlande de