Processus démographiques, persistance des populations et risques d’extinction
Démographie
BIO3515
Prof. Gabriel Blouin-Demers, PhD
•
Population minimale viable (PMV, ou MVP en anglais)•
Facteurs influençant la PMV•
Forces d’extinction stochastiques et déterminées•
Impact des forces stochastiques sur la persistance des populations•
Prédiction du risque d’extinction•
Métapopulations et implications pour la conservationDémographie et
persistance
Il y a deux types de facteurs qui déterminent la probabilité de survie d’une population:
– écologiques, qui agissent sur une échelle temporelle écologique et qui impliquent principalement les
caractéristiques
démographiques de la population
– évolutifs, qui agissent sur une période plus longue
(échelle temporelle évolutive), et qui impliquent les
caractéristiques génétiques de la population
Probabilité de survie sur des
décades
Probabilité de survie sur
plusieurs générations
Facteurs
démographiques (r0, immigration,
émigration, etc.)
Facteurs évolutifs (variabilité
génétique, structure des populations,
sélection)
Persistance/extinction
•
Le vortex d’extinction est une spirale descendante unique aux populations de petite taille•
Les changements mènent à des tailles de plus en plus petites•
Le facteur clé est la perte de diversité génétiqueVortex d’extinction
Lacy & Lindenmayer 1995
•
Tentatives d’estimation de laprobabilité d’extinction (viabilité de la population) sur une période donnée, étant donné certains
paramètres démographiques, de l’habitat et de gestion
•
PMV(p, t) est la taille minimale de la population requise pourassurer la survie de la population avec une probabilité p pour une période de temps t (ou que la probabilité d’extinction est 1-p pour la période t). t est souvent fixé à 100 ans et p à 0.95.
Temps (années)
Probabilité dʼextinction
N=20
N=100
N=200
Analyse de la viabilité
•
PMV augmente avec uneaugmentation de la période t (pour une probabilité p
constante)
•
PMV augmente avec une augmentation de laprobabilité de survie (pour une période t donnée)
Probabilité de survie (p)
PMVPMV
Temps (t)
p constante
t constant
Effet de t et de p sur PMV
•
Caractéristiques de la population ou del’environnement qui poussent la population vers l’extinction
•
Plus ces forces sont grandes, plus la PMV est élevéePMV/
persistance
Somme des forces d ʼ extinction
Élevée
Faible
PMV
persistance
PMV et forces d’extinction
1992 1922
A
75 80 85 90 95
0 30 60 90 120 150
The Pa s
Cu mberland House
Année
CPUE Esturgeon (kg/permis)
Forces d’extinction I Forces déterminées
• Forces d’extinction
déterminées sont celles associées aux changements inexorables et plus ou moins prévisibles (Ex: perte d’habitat du grizzli, exploitation
commerciale de l‘esturgeon)
•
Forces d’extinctionstochastiques sont les facteurs imprévisibles (Ex: température) qui peuvent causer de grandes fluctuations de la taille des
populations
•
Plus une population est exposée aux forcesstochastiques, plus grande doit être sa PMV pour résister aux événements la menaçant
Temps
Ta ill e d e la population
Évènements stochastiques causant de grandes réductions de la taille
de la population
Extinction
Forces d’extinction II
Forces stochastiques
•
Variabilité résultant d'événements aléatoires affectant la survie et/ou la reproduction d’individus•
Plus la population est petite, plus grande est la probabilité que ces événements mèneront à une extinction•
Ex: Ammodramus maritimusnigrescens (Dusky Seaside Sparrow), un pinson, condamné à l’extinction en 1978-79 lorsque toutes les femelles
restantes sont mortes, ne laissant que 6 mâles en 1980
Sources de stochasticité I
Démographie
•
Changements imprévisibles de température, de nourriture, de ladensité des compétiteurs, parasites ou prédateurs qui causent des
fluctuations aléatoires du taux de natalité et/ou de mortalité
•
Plus la population est petite, plus grandes sont les probabilités que ce type de stochasticité cause l’extinction•
Ex: Mustela negripes (Black-footed ferret) déclin en 1985 à cause de la peste et du distemper caninSources de stochasticité II
Environnement
•
Évènements imprévisibles(inondations, feux, ouragans) de courte durée, mais ayant un grand impact sur la mortalité ou la
fécondité
•
Catastrophes naturelles peuvent affecter les grandes populations,particulièrement si leur distribution géographique est réduite.
•
Ex: Épidémie du morbillivirus RPV (rinderpest) dans le sud del’Afrique à la fin du XIXe siècle
Sources de stochasticité III
Catastrophes
•
Endogamie et dérive génique peuvent réduire la variabilité et augmenter la mortalitéjuvénile, augmentant ainsi le risque d’extinction
Génotype
aa Aa AA
Fréquence du génotype
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Exogamie (F=0) Autogamie (F=1)
Sources de stochasticité IV
Génétique
•
La stochasticité génétique et démographique sont importantes pour les très petites populations, mais seules la stochasticité environnementale et les catastrophes menacent les grandes populationsTaille de la population Source < 100 100-2500 >2500 Génétique
Démographique Environmentale
Catastrophes
Impact
N et importance des
sources de stochasticité
•
En général, l’effet cumulé de plusieurs sources destochasticité sur le risque d’extinction ou la
persistance des populations est plus grand que la
somme des effets individuels
Source de stochasticité
Risque dʼextinction
Démo. Envir. Total
Effets cumulatifs
Simulations suggèrent que
•
Pour la stochasticitédémographique, de petites
augmentations de la taille de la population ont un effet
croissant sur la persistance
•
Mais que pour la stochasticité catastrophique, l’effet desaccroissements de population diminue avec une
augmentation de la taille des populations
Taille de la population
Durée de persistance (années)
200 100
Démographique
Environnementale
Catastrophique
N et durée selon les
sources de stochasticité
•
Probabilitéd’extinction d’un palmier mexicain et PMV augmentent avec l’augmentation de la variabilité
•
Effet de la stochasticitédémographique plus faible que la variabilité
environnementale 100
20 30 40 50 60 70 80 90 100
0 100 200 300 400
Taille de la population initiale
Probabilité d’extinction sur 100 ans (%)
Variabilité
environnementale modérée Variabilité
environnementale faible
Varia- bilité
Démo- graphique
PMV = 380 PMV = 140
PMV = 48
* *
*
Stochasticité environnementale et
démographique sur la p d’extinction
•
Quel indice mesurable des populations peut être utilisé pour prédire la probabilité d’extinction?•
S’il y a de bons indices, alors on peut les utiliser pourdéterminer les priorités en conservation
Indice
Risque dʼextinction
Bon
indice Mauvais indice
Pop. 2 Pop. 1
Population
Risque dʼextinction
1
2
Prédire le risque d’extinction
•
Risque diminue lorsque la taille de la populationaugmente
•
Ex: taux d’extinction despopulations d’oiseau des îles en Californie
0 10 20 30 40 50 60
1 10 100 1000 10000
Taille de la population (# paires)
% extinctions
Indices du risque
d’extinction I: N
Population Nombre de grizzlis
P d’extinction (500 ans)
Northern
Divide 306 0.342
Yellowstone 236 0.392
Selkirks 25 0.823
Cabinet/Yoak 15 0.890
North
Cascades 5 0.974
Probabilité d’extinction
des grizzlis
0 20 40 60 80 100
Temps (années)
% des populations restantes
10 20 30 40 50
N = 15 ou moins
N = 51-100 N = 101 ou plus
N = 16-30
N = 31-50
N de mouflons et
persistance
Risque dʼextinction
Indices du risque d’extinction
r et variabilité de r (V(r))
•
Principes généraux•
Stochasticité génétique, >50 reproducteurs•
Stochasticité démographique, 50-100 reproducteurs•
Stochasiticité environnementale, >500 reproducteurs•
PMV dépend de•
Taille de la population (N)•
Taux de croissance de la population (r)•
Naissance (Na), Immigration (I), Morts (M) et Émigration (É)•
Distribution de la populationN
t+1= N
t+ (N
a+ I) - (M + É)
Population minimum viable
• Dème: populations locales, semi- isolées des autres populations par un habitat qui ne leur
convient pas
• Source: habitats où le succès de reproduction excède la mortalité
• Puit: habitats où la mortalité excède le succès de
reproduction
Source Puit
Temps Temps
Taille de la population
Puit Source
Métapopulations
• Les habitats où la densité est la plus forte ne sont pas obligatoirement des sources
• Donc, si on utilise la densité pour
déterminer l’importance de conserver un habitat, on peut négliger des habitats qui sont d’importantes sources
Métapopulation :
implications
•
Tentatives d’augmenter ladensité dans les habitats-puits peuvent être moins
productives que dans les habitats-sources
•
Ex: Faucon pèlerin enCalifornie. Populations du sud sont des puits, et programmes de réintroductions y ont moins de chance de succès que dans le nord (source)
Métapopulation :
implications
•
Persistance des populations, particulièrement dans lespuits, dépend de l’immigration.
Si l’immigration n’est pas suffisante, les populations disparaissent des puits
•
Ex: Populations deMelanerpes formicivorus (Acorn woodpecker) au
Nouveau Mexique (Stacey and
Taper 1992). 0
100 200 300 400 500
0 1 2 3 4 5
Taux d’immigration (indiv/an)
Persistance médiane (an)
Métapopulation :
implications
•
Géométrie, taille et distributionspatiale de l’habitat peuvent influencer le risque d’extinction (Ex: zones
ripariennes requises pour les
échanges d’individus entre dèmes
chez le cougar du sud de la Californie dans les montagnes Santa Ana)
•
Relation entre la configuration de l’habitat et le risque d’extinction dépend en partie de la capacité de dispersion des organismesDistribution de l’habitat
et risque d’extinction
0 50 100
Temps (années)
Population
110
50
0
Configuration de
l’habitat et persistance
Chouette tachetée:
distribution aléatoire
0 50 100
Temps (années)
Population
110
50
0
Habitat approprié =
une grosse parcelle
0 50 100
Temps (années)
Population
80
50
0
Habitat approprié = groupe de parcelles
entourées d’habitat marginal (tampons)
Étude de cas I
Suivi de population
Weatherhead, Blouin-Demers & Prior. 2002. Synchronous variation and long-term trends in two populations of black rat snakes. Conservation Biology 16: 1602-1608.
Capture - marquage -
recapture depuis 1981
Capture
Marquage
Estimés de la taille de la population
1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 2.2 2.4
1982 1986 1990 1994 1998
Hill Island biology station
Population size
A
Year !
Synchronie dans les changements
-1 -0.5 0 0.5 1 1.5
-0.3 -0.2 -0.1 0 0.1 0.2
Population size (Hill Island)
Population size (biology station)
B
!
Les populations fluctuent en synchronie, sans doute
en réponse à des fluctuations
environnementales à grande échelle, ce qui
empêche un effet de
rescousse
Étude de cas II
AVP et mortalité induite par les humains
Bulté, Carrière & Blouin-Demers. 2010. Impact of recreational power boating on two populations of northern map turtles (Graptemys geographica). Aquatic Conservation 20: 31-38.
Récréation?
Tortue géographique
Étude débutée en 2004 révèle
des blessures bizarres
Lac Opinicon
PN des Îles du
St-Laurent
Capture - marquage -
recapture
Radiotélémétrie
MAC au PNÎSL
31 tortues 2005-2006
GB au Lac Opinicon
53 tortues 2004-2006
32
322
sans cicatrice cicatrice 35
861
PNÎSL: 354 (8.3%) Opinicon: 896 (3.8%)
Proportion avec des
blessures infligées par hélice
Blessures infligées
clairement par hélice
Différences sexuelles dans la proportion de blessures
0%
5%
10%
15%
femelles adultes femelles juvéniles mâles
Opinicon PNÎSL
Différences saisonnières de trafic nautique
0 2000 4000 6000
May Jun Jul Aug Sep Oct
Opinicon PNÎSL
traversées des écluses
arrêts aux quais
Différences sexuelles dans la chauffe aquatique
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
mai juin juillet août
femelles adultes femelles juvéniles mâles 3077 observations de radiotélémétrie
Explication alternative à la différence sexuelle:
les mâles ne survivent pas aux collisions...
Analyse de viabilité de la population
• Le nombre de tortues tuées est impossible à déterminer
• P
tué= N
tué/ N
frappé• N
frappé= N
survivent+ N
tué• N
survivent= P
survivre* N
• P
survivre= F
cicatrice/ T
blessure• Modélisation de la probabilité d’extinction en
faisant varier P
tuédans un intervalle réaliste
Probabilité d’être frappé et de survivre
• Opinicon: femelles 0.3% et mâles 0.14%
• N = 1529 tortues
• 27 femelles et 9 mâles sont frappés et survivent tous les 10 ans
• PNÎSL: femelles 0.75% et mâles 0.33%
• N = 629 tortues
• 28 femelles et 8 mâles sont frappés et
survivent tous les 10 ans
Probabilité d’extinction sur 500 ans
0%
25%
50%
75%
100%
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30%
Opinicon PNÎSL
Pourcentage des tortues tuées lors d’une collision