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Syndrome de Fraser. À propos d'un cas

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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J Fr. Ophtalmol., 2006; 29, 2, 184-187

© Masson, Paris, 2006.

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COMMUNICATION DE LA SFO

Syndrome de Fraser

À propos d’un cas

B. Allali (1), M. Hamdani (1), H. Lamari (1), L. Rais (1), M. Benhaddou (1), A. Kettani (1), D. Lahbil (1), A. Amraoui (2), K. Zaghloul (1)

(1) Service d’Ophtalmologie Pédiatrique, Hôpital 20 août 1953, Casablanca.

(2) Service d’Ophtalmologie, Hôpital 20 août 1953, Casablanca.

Communication affichée présentée lors du 110e congrès de la SFO en mai 2004.

Correspondance : B. Allali, Appartement C, Escalier 3, Bloc C, Lot le Comptoir, Benjdia, Casablanca, Maroc. E-mail : allalibouchra@yahoo.fr Reçu le 23 juillet 2004. Accepté le 27 juillet 2005.

Fraser syndrome. A case report

B. Allali, M. Hamdani, H. Lamari, L. Rais, M. Benhaddou, A. Kettani, D. Lahbil, A. Amraoui, K. Zaghloul

J. Fr. Ophtalmol., 2006; 29, 2: 184-187

Fraser syndrome is a rare autosomal recessive disorder; the most consistent features are cryptophthalmos, syndactyly of fingers and toes, laryngeal stenosis, and urogenital abnormalities.

We report a newborn case at day 1 of life who had multiple abnormalities, born from a consanguineous marriage. Clinically, the newborn had an ankyloblepharon on the left side, a cryptophthalmos on the right side, a syndactyly, anorectal abnormalities with ambiguous genitalia, laryngeal stenosis, and ear malformations. TDM of the cranium and orbits and the transfontanel ultrasound were normal. The abdominal ultrasound showed renal abnormalities.

Right eye surgery showed a reduced cornea to an opaque thin plate clinging to the iris without an anterior chamber and a nonindividualized eyeball. The authors discuss the morphological abnormalities, the clinical and paraclinical aspects of this syndrome, its multispecialized clinical management, and the importance of prenatal diagnosis.

Key-words: Fraser syndrome, cryptophthalmos, acrofacial abnormalities, syndactyly.

Syndrome de Fraser. À propos d’un cas

Le syndrome de Fraser est un syndrome génétique malformatif rare dont les principales mani- festations sont une cryptophtalmie, des syndactylies, une atrésie laryngée et des malformations urogénitales. Nous rapportons l’observation d’un nouveau-né, issu d’un mariage consanguin, admis au service à J1 de vie pour un syndrome malformatif. Sur le plan clinique, le nouveau- né présentait un ankyloblépharon à droite et une cryptophtalmie à gauche, une syndactylie, une malformation anorectale avec ambiguïté sexuelle, une anomalie trachéale et auriculaire.

La tomodensitométrie cranio-orbitaire ainsi que l’échographie transfontanellaire étaient nor- males. L’échographie abdominopélvienne montra une dilatation pyélocalicielle droite avec petit rein gauche. L’exploration chirurgicale de l’œil droit mit en évidence une cornée réduite à une petite lame opaque collée à l’iris sans chambre antérieure avec globe mal individualisé. Les auteurs discutent les aspects malformatifs, cliniques et paracliniques de ce syndrome, la prise en charge multidisciplinaire et l’importance du diagnostic prénatal.

Mots-clés : Syndrome de Fraser, cryptophtalmie, anomalies acrofaciales, syndactylie.

INTRODUCTION

Le syndrome de Fraser (Cryptoph- talmos syndrome) est un syndrome génétique malformatif rare décrit pour la première fois en 1962 par le généticien britannique GR Fraser [1]. La cryptophtalmie représente l’une des caractéristiques la plus fréquente de ce syndrome (93 % des cas). Les autres anomalies asso- ciées à ce syndrome sont principa- lement uro-génitales, laryngées et cardiaques. L’étiopathogénie de ce syndrome est toujours discutée et sa prise en charge est lourde et mul- tidisciplinaire.

OBSERVATION

Un nouveau-né, issu d’un mariage consanguin de 1er degré, fut admis au service à J1 de vie pour un syn- drome malformatif. La mère et le père, cousins germains, étaient âgés respectivement de 24 ans et de 30 ans. Un premier enfant était dé- cédé à la naissance sans malforma- tion. La grossesse avait été mal suivie (sans échographie morphologique), et menée à terme sans souffrance, ni infection néonatale.

Le nouveau-né présentait un anky- loblépharon de l’œil droit et une cryp- tophtalmie de l’œil gauche (fig. 1), une syndactylie des doigts (fig. 2), une malformation auriculaire (oreille

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primitive), une anomalie trachéale à type de palmure des 2/3 antérieurs de la glotte, une malformation ano- rectale et une ambiguïté sexuelle (fig. 3).

À l’échographie oculaire, les longueurs axiales des deux globes oculaires étaient à 18,5 mm à droite et 19,9 mm à gauche. La tomodensitométrie cranio-orbi- taire (fig. 4) ainsi que l’échographie transfontanellaire étaient normales. En revanche, l’échographie abdo- mino-pelvienne montra une dilatation pyélocalicielle à droite avec un petit rein gauche (fig. 5) et l’exploration chirurgicale de l’œil droit mit en évidence une cornée réduite à une petite lame opaque collée à l’iris et un globe oculaire mal individualisé (fig. 6).

L’enfant fut adressé aux services d’ORL et de chirurgie infantile pour une prise en charge spécialisée.

DISCUSSION

Le syndrome de Fraser est un syndrome rare. Seules 3 séries de patients, totalisant 391 cas, ont été rappor- tées dans la littérature [2-4].

L’étiopathogénie est discutée et plusieurs théories sont avancées : il pourrait s’agir d’une anomalie pri- maire de formation des paupières avec métaplasie de Figure 1 : Ankyloblépharon (œil droit) et cryptophtalmie (œil gauche).

Figure 2 : Syndactylie des doigts.

Figure 3 : Ambiguïté sexuelle.

Figure 4 : Présence des deux globes oculaires.

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B. Allali et coll. J. Fr. Ophtalmol.

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l’épithélium cornéen et conjonctival [2], d’une refusion des paupières partiellement formées [2] ou d’une dé- faillance de la nécrose cellulaire programmée qui abou- tirait in utero à l’ouverture des zones temporairement fermées comme les paupières, les doigts, le vagin, les orteils… [3].

Actuellement, des travaux récents ont permis l’iden- tification d’un gène responsable nommé FRAS1 et des recherches sont en cours pour identifier d’autres gènes ainsi que leurs mutations homozygotes [5, 6]. Environ 15 % des enfants décrits dans la littérature sont nés de couple consanguin. L’hérédité est de type récessive autosomique.

Ce syndrome a été décrit pour la première fois par G.R. Fraser en 1962 [6]. Les critères diagnostiques pro- posés par Thomas et al. [3] sont cliniques. Les critères majeurs regroupent la cryptophtalmie, la syndactylie, l’anomalie génitale et les antécédents des mêmes symp- tômes dans la fratrie. Les critères mineurs regroupent les anomalies des oreilles, du nez, du larynx et/ou du palais, les anomalies squelettiques, les hernies ombilica- les, les agénésies rénales, et le retard mental chez les sur- vivants. Pour poser le diagnostic, il faut constater au moins deux critères majeurs et un critère mineur, ou bien un critère majeur et quatre critères mineurs. Ce patient présentait trois des critères majeurs et trois des critères mineurs.

En général, les malformations associées à ce syn- drome sont multiples et diverses. La cryptophtalmie est le signe cardinal, présent dans 93 % des cas. Elle est le plus souvent bilatérale et complète, mais son absence n’exclut pas le diagnostic [7]. La syndactylie est également présente dans 54 % des cas Les autres malformations oculaires associées comprennent l’an- kyloblépharon, les anomalies des voies lacrymales, la

microphtalmie et l’anophtalmie. De nombreuses autres malformations ont été décrites dans le cadre de ce syndrome : des malformations ORL (dysplasie des oreilles, surdité de transmission : signe très fré- quent, nez bifide, racine du nez large, laryngomalacie, atrésie du larynx et atrésie choanale), des malforma- tions urogénitales (agénésie rénale : signe très fré- quent, hypoplasie du rein uni ou bilatérale, hypo- spadias, épispadias, ectopie testiculaire, micropénis, utérus bicorne et imperforation hyménèale), des im- perforations anales.

Plus rarement, des malformations cérébrales et neurologiques telles qu’une microcéphalie, un myé- loméningocèle, un encéphalocèle et une exencéphalie ainsi que des anomalies cardiaques [8] ont été rap- portées.

Il est important de différencier entre la cryptophtal- mie isolée et la cryptophtalmie du syndrome de Fraser.

Cette dernière se caractérise par l’association d’autres malformations acro-faciales et uro-génitales [6]. D’autres malformations faciales — en particulier la dysplasie fronto-nasale (Median cleft facial syndrome) — sont également responsables de tableaux cliniques voisins du syndrome de Fraser, caractérisés par des malforma- tions acro-faciales et urogénitales, mais aussi l’absence de cryptophtalmie, d’hypertélorisme, de dermoïde épi- bulbaire et d’encéphalocèle transethmoïdal et sphé- noïdal [9].

Le diagnostic prénatal est capital pour poser le dia- gnostic à temps et prendre une décision thérapeuti- que quant au déroulement de la grossesse. Il repose sur la réalisation d’une échographie dès la fin du 4e mois (18 semaines) de grossesse [10, 11]. Les prin- cipaux signes à rechercher sont une hyperechogéni- cité des poumons dans un contexte d’oligoamnios, Figure 5 : Dilatation pyélocalicielle droite.

Figure 6 : Cornée réduite collée à l’iris.

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187 une non-visualisation des reins, une microphtalmie et

des syndactylies.

Le traitement nécessite une approche multidiscipli- naire. Et la chirurgie plastique demeure le seul traite- ment.

Vingt-cinq pour cent des enfants atteints sont morts nés, 20 % décèdent avant la première année de vie surtout à cause de leurs malformations rénales et/ou l’atrésie laryngée. En l’absence d’agénésie ré- nale, l’espérance de vie peut être considérée comme normale, mais les survivants sont atteints d’un retard mental sévère.

CONCLUSION

Le syndrome de Fraser est un syndrome malformatif rare dont la cryptophtalmie est le signe cardinal. L’at- teinte rénale et laryngée conditionne le pronostic. Sa prise en charge est lourde et nécessite une équipe mul- tidisciplinaire. Le diagnostic prénatal est fortement re- commandé chez les couples consanguins ou/et ayant des antécédents similaires dans la fratrie, surtout dans les pays où le mariage des cousins est très fréquent.

Malgré la variabilité de ce syndrome, sa compréhension complète ne saurait tarder et les recherches génétiques ouvriront certainement de nouveaux horizons théra- peutiques.

RÉFÉRENCES

1. Fraser GR. Our genetical “load”: a review of some aspects of gene- tical variation. Ann Hum Genet, 1962;25:387-415.

2. Duke Elder S. Congenital anomalies of the ocular adnexa. In: System of ophthalmology, vol III. Normal and Abnormal development, part2.

Congenital deformities. London: Henry Kimpton, 1964:p. 829-33.

3. Thomas IT, Frias JL, Felix V. Isolated and syndromic cryptophtalmos.

Am J Med Genet, 1986;25:85-98.

4. Slavotinek AM, Tifft CJ. Fraser syndrome and cryptophthalmos:

review of the diagnostic criteria and evidence for phenotypic modules in complex malformation syndromes. J Med Genet, 2002;39:623-33.

5. McGregor L, Makela V, Darling SM, Vrontou S, Chalepakis G, Roberts C et al. Fraser syndrome and mouse blebbed phenotype caused by mutations in FRAS1/Fras1 encoding a putative extracel- lular matrix protein. Nat Genet, 2003;34:203-8.

6. Vrontou S, Petrou P, Meyer BI, Galanopoulos VK, Imai K, Yanagi M et al. Fras1 deficiency results in cryptophthalmos, renal agenesis and blebbed phenotype in mice. Nat Genet, 2003;34:209-14.

7. Koenig R, Spranger J. Cryptophtalmos-syndactyly syndrome without cryptophtalmos. Clin Genet, 1986;29:413-6.

8. Ali Aqeel, Saleh Al-AAIYAN; Cryptophtalmos syndrome (Fraser syn- drome) with cardiac finding in a saudi newborn; Annals of Saoudi Medecine, Vol 19, N° 4, 1999.

9. Sargent RA, OusterhoutDK. Ocular manifestations of skeletal diseases. In: Pediatric ophthalmology, 2nd ed. Hariey RD, editor. Phi- ladelphia: WB Saunders; 1983, p.1038-9.

10. Fryns JP, Schoubroeck DV, Vanderberche K. Diagnostic echogra- phic findings in cryptophtalmos syndrome (Fraser syndrome). Pre- nat Diagn, 1997;17:582-4.

11. Schauer GM, Dunn LK, Godmilow L, Eagle Jr RC, Knisley AC. Pre- natal diagnosis and Fraser syndrome at 18.5 weeks gestation, with autopsy findings at 19 weeks. Am J Med Genet, 1990;37:583-91.

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