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Submitted on 1 Jun 2020
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Facteurs de variation de la numération cellulaire du lait chez des vaches laitières indemnes de mammites
cliniques
Jean Baptiste Coulon, F. Dauver, J.P. Garel
To cite this version:
Jean Baptiste Coulon, F. Dauver, J.P. Garel. Facteurs de variation de la numération cellulaire du lait
chez des vaches laitières indemnes de mammites cliniques. Productions animales, Institut National de
la Recherche Agronomique, 1996, 9 (2), pp.133-139. �hal-02693530�
des Herbivores aux Milieux
Theix 63122 Saint-Gen•s Champanelle
* INRA Domaine expŽrimental de La Borie 15190 Marcenat
de la numŽration cellulaire du lait chez des vaches
laiti•res indemnes de mammites cliniques
RŽsumŽ
Les variations de la numŽration cellulaire du lait ont ŽtŽ analysŽes sur 404 lacta- tions de 208 vaches laiti•res conduites sur un domaine expŽrimental de lÕINRA et indemnes de mammites cliniques au cours des lactations considŽrŽes. En moyenne, la numŽration cellulaire a ŽtŽ minimale en 2
emois de lactation (50 000 cellules/ml) et maximale en fin de lactation (200 000 cellules/ml). Les vaches pri- mipares ont prŽsentŽ des numŽrations plus ŽlevŽes que les multipares en dŽbut de lactation et plus faibles en fin de lactation. Les vaches Holstein ont prŽsentŽ des numŽrations cellulaires constamment supŽrieures ˆ celles des vaches Mont- bŽliardes et Tarentaises. En fin de lactation, lÕŽcart entre ces 2 groupes dÕanimaux atteint environ 120 000 cellules/ml. Cet effet de la race nÕest pas dž ˆ un effet du niveau de production. Chez les vaches multipares, la prŽ- sence de plus dÕune mammite au cours des lactations prŽcŽdentes a conduit ˆ des numŽrations cellulaires significativement plus ŽlevŽes (dÕenviron 40 000 cel- lules/ml ˆ lÕŽchelle de la lactation) que chez les vaches ayant prŽsentŽ une mam- mite ou pas du tout au cours des lactations prŽcŽdentes. La numŽration cellulaire augmente lŽg•rement, indŽpendamment de lÕeffet du stade de lactation, au cours des mois dÕaožt et septembre. LÕensemble de ces facteurs de variations ne permet- tent cependant pas dÕexpliquer des numŽrations cellulaires supŽrieures ˆ 300 000 cellules/ml dans un lait de mŽlange.
La numŽration cellulaire du lait de trou- peau constitue un ŽlŽment important du paie- ment du lait. A lÕŽchelle de lÕanimal ou du lait de tank, cÕest un indicateur prŽcieux de lÕŽtat sanitaire du troupeau (Poutrel 1985, Serieys 1992). Les cellules du lait sont en effet essen- tiellement constituŽes de globules blancs (lymphocytes, macrophages et leucocytes polynuclŽaires) provenant de la circulation sanguine et dont le nombre augmente consi- dŽrablement en cas dÕinfection de la mamelle.
Compte tenu de lÕimportance des mammites dans les troupeaux laitiers et de leurs consŽ- quences sur les performances de production des animaux (Bartlett et al 1991, Lescourret et Coulon 1994), la qualitŽ du lait (Munro et al 1984, Barbano et al 1991) et le revenu de lÕŽleveur (Beck et al 1992), il est important de bien conna”tre lÕensemble des facteurs de variation de la numŽration cellulaire du lait.
En dehors de lÕŽtat sanitaire de la mamelle, on observe en effet des variations parfois non nŽgligeables de cette numŽration cellulaire.
Elle semble en particulier varier au cours de la lactation (Sheldrake et al 1983, Schutz et al 1990, Auldist et al 1995), et augmenter avec lÕ‰ge (Kennedy et al 1982, Schultz et al 1990), m•me chez des vaches indemnes de mammites (Serieys 1985a, Harmon 1994).
Elle augmente aussi parfois en situation de stress (Wegner et al 1976) ou dÕeffort phy- sique (J.B. Coulon et P. Pradel, non publiŽ).
Des variations saisonni•res, parfois contra- dictoires, ont aussi ŽtŽ rapportŽes (Bodoh et al 1976, Kennedy et al 1982, Coulon et al 1988, Coulon et Lilas 1988). Cependant, dans la plupart de ces Žtudes, gŽnŽralement rŽali- sŽes ˆ partir de donnŽes mensuelles du Contr™le Laitier, les vaches atteintes de mammites nÕŽtaient pas exclues de lÕanalyse et les facteurs de conduite des vaches ainsi que leur passŽ sanitaire nÕŽtaient pas tou- jours connus.
LÕobjectif de cette Žtude est de prŽciser, ˆ partir de donnŽes recueillies de mani•re frŽ- quente (toutes les 2 semaines) et issues de troupeaux expŽrimentaux conduits dans des conditions contr™lŽes et connues, les varia- tions dÕordre physiologique de la numŽration cellulaire du lait chez des vaches indemnes de mammites cliniques.
1 / Conduite de lÕŽtude
1 .1 / Origine des donnŽes
Les donnŽes bimensuelles de numŽrations cellulaires individuelles (mesurŽes sur un Žchantillon de la traite du soir, ˆ lÕaide dÕun appareil Somatocount 500) recueillies entre 1989 et 1994 sur le domaine expŽrimental de lÕINRA ˆ Marcenat (Cantal) ont ŽtŽ utilisŽes.
Parmi les 642 lactations dont les donnŽes
Žtaient disponibles sur cette pŽriode, seules
ont ŽtŽ retenues celles au cours desquelles
aucune mammite clinique (diagnostiquŽe lors
de la traite par lÕinflammation de la mamelle
et la prŽsence de grumeaux dans le lait) nÕa
ŽtŽ relevŽe et dont la durŽe Žtait au moins
Žgale ˆ 33 semaines. LÕŽtude a en dŽfinitive portŽ sur les laits produits au cours de 404 lactations de 208 vaches, Holstein (n=147), MontbŽliardes (n=177) et Tarentaises (n=80).
Cet effectif inclut donc des lactations ayant pu prŽsenter des numŽrations cellulaires Žle- vŽes, du moment quÕelles nÕont pas ŽtŽ asso- ciŽes ˆ des signes cliniques. Parmi les 208 vaches de cette Žtude, 41 ont ŽtŽ indemnes de mammites cliniques au cours de leurs 3 pre- mi•res lactations (9 Holstein, 20 MontbŽ- liardes et 12 Tarentaises).
Les vaches ont ŽtŽ conduites en stabula- tion entravŽe de dŽbut novembre ˆ dŽbut mai (date moyenne de mise ˆ lÕherbe : 6 mai).
elles participaient pour la plupart ˆ des expŽrimentations concernant lÕeffet du niveau des apports alimentaires hivernaux sur les performances de production. Elles recevaient alors une ration composŽe dÕensi- lage dÕherbe et/ou de foin offerte ˆ volontŽ et complŽmentŽe par un aliment concentrŽ ˆ diffŽrents niveaux selon les protocoles expŽ- rimentaux. En ŽtŽ, les animaux Žtaient conduits ensemble sur des parcelles proches de lÕŽtable o• ils Žtaient ramenŽs 2 fois par jour pour la traite. EtŽ comme hiver, celle-ci avait lieu deux fois par jour (6 h et 15 h 30), en salle de traite. La majoritŽ des vaches ont ŽtŽ insŽminŽes artificiellement, sur chaleurs naturelles, entre 45 et 200 jours apr•s le v•lage (tableau 1). Les vaches Žtaient taries 2 mois avant le v•lage suivant. Le tarisse- ment Žtait brutal et systŽmatiquement accompagnŽ dÕun traitement antibiotique par voie intra mammaire.
1 .2 / Analyse des donnŽes
Pour chaque individu, les donnŽes ont ŽtŽ regroupŽes par quinzaine de jours apr•s le v•lage (par exemple, une mesure rŽalisŽe entre le 15
eet le 19
ejour de lactation a ŽtŽ affectŽe ˆ la quinzaine 2). Compte tenu de la rŽpartition non normale des donnŽes (figure 1) lÕŽvolution de la numŽration cellu- laire du lait au cours de la lactation, pour lÕensemble des animaux ou pour des groupes dÕanimaux particuliers, a ŽtŽ rŽalisŽe en cal- culant pour chaque quinzaine, la moyenne gŽomŽtrique des valeurs retenues.
Pour analyser lÕeffet des facteurs de varia- tion, on a retenu 4 pŽriodes particuli•res correspondant aux 2 premi•res quinzaine de lactation, aux quinzaines 6 ˆ 8, 12 ˆ 14 et 18 ˆ 20. Pour cette derni•re pŽriode, seules 382 lactations ont ŽtŽ renseignŽes. On a par ailleurs calculŽ la moyenne gŽomŽtrique des 17 premi•res quinzaines pour chaque indi- vidu. Apr•s transformation logarithmique, ces 5 variables ont ŽtŽ traitŽes par analyse de variance en introduisant dans le mod•le le numŽro de lactation (1, 2, 3 et supŽrieur ˆ 3), la race, le potentiel de production (estimŽ par la production initiale, moyenne des 4
e, 5
eet 6
ejours de lactation), la pŽriode de v•lage (regroupŽe en 4 classes : novembre, dŽcembre, janvier-fŽvrier et mars-avril), le stade de lactation au moment de lÕinsŽmina- tion fŽcondante (regroupŽ en 3 classes : < 60 j, 60-139 j, > 139 j), ainsi que, pour les lacta- tions de rang 2 et plus, le nombre de mam- mites observŽes au cours des lactations prŽcŽ- dentes (regroupŽ en 3 classes : 0, 1, 2 et plus).
Les interactions entre les diffŽrents facteurs et la production initiale ainsi quÕentre eux nÕayant jamais ŽtŽ significatives, elles nÕont pas ŽtŽ retenues dans les analyses finales.
INRA Productions Animales, mai 1996
134 / J.-B. COULON, F. DAUVER, J.-P. GAREL
Au cours de la lactation, la numŽration cellulaire Žvolue inversement ˆ la production
laiti•re.
Tableau 1. Répartition des 404 lactations étudiées selon leurs caractéristiques.
Race Tarentaise MontbŽliarde Holstein Total
NumŽro de lactation
1 23,6 60,6 60,6 143,6
2 22,6 46,6 29,6 97,6
3 16,6 32,6 29,6 77,6
4 et 5 19,6 39,6 29,6 87,6
Mois de v•lage
Novembre
(1)38,6 64,6 52,6 154,6
DŽcembre 29,6 62,6 41,6 132,6
Janvier-fŽvrier 12,6 48,6 44,6 104,6
Mars-avril 1,6 3,6 10,6 14,6
Stade de lactation au moment de lÕinsŽmination fŽcondante
< 60 j 13,6 30,6 25,6 68,6
60-139 j 62,6 125,6 98,6 285,6
> 139 j
(2)5,6 22,6 24,6 51,6
Moyenne Production laiti•re initiale (kg/j) 14,6 17,0 22,5 18,6 Production laiti•re totale (kg) 3 128,6 4 527,6 5 594,6 4 648,6
DurŽe de lactation (semaines) 38,4 39,5 39,2 39,2
(1) Y compris quelques v•lages fin octobre.
(2) Y compris les vaches vides.
Figure 1. Répartition des 7 930 numérations cellulaires réalisées sur les 404 lactations indemnes de mammites cliniques.
0-49 200-249 400-449 600-649 800-999 0
500 1000 1500 2000 2500 3000
Cellules (X 1000 / ml)
Nombre
Par ailleurs, lÕeffet du numŽro de lactation a aussi ŽtŽ analysŽ en comparant les numŽra- tions cellulaires des 3 lactations des 41 vaches nÕayant jamais prŽsentŽ de mammites cliniques au cours de leurs 3 premi•res lacta- tions.
2 / RŽsultats
Sur lÕensemble des donnŽes disponibles (n=7 930), la numŽration cellulaire a variŽ de 4 000 ˆ 7 600 000 cellules/ml (figure 1). Qua- torze pour cent des valeurs observŽes ont ŽtŽ supŽrieures ˆ 300 000 et 1,7 % ont ŽtŽ supŽ- rieures ˆ 1 000 000 cellules/ml. Les valeurs ont ŽtŽ tr•s faibles dans 8,1 % des cas, infŽ- rieures ou Žgales ˆ 20 000 cellules/ml. La moyenne gŽomŽtrique par lactation a variŽ de 21 000 ˆ 803 000 cellules/ml. Pour 63 % des lactations, la moyenne gŽomŽtrique a ŽtŽ infŽrieure ˆ 100 000 cellules/ml et pour 3,7 % supŽrieure ˆ 300 000 cellules/ml.
2 .1 / Effet des facteurs physiologiques
En moyenne, la numŽration cellulaire a ŽvoluŽ au cours de la lactation de fa•on inverse ˆ la production laiti•re (figure 2). Elle a ŽtŽ minimale au cours du deuxi•me mois de lactation et maximale en fin de lactation.
LÕŽcart entre ces 2 pŽriodes est, en moyenne, dÕenviron 150 000 cellules/ml. LÕaugmen- tation est faible entre le 2
eet le 7
emois (+ 30 000 cellules/ml), mais plus importante entre le 7
eet le 10
emois (+ 120 000 cellules/
ml). La proportion de prŽl•vements supŽ- rieurs ˆ 300 000 cellules/ml a variŽ de 5 % en deuxi•me mois de lactation, ˆ 30 % en 10
emois de lactation. Cette Žvolution a cepen- dant prŽsentŽ des variations sensibles selon les caractŽristiques des vaches (tableau 2).
En particulier, les vaches primipares ont prŽ- sentŽ des numŽrations plus ŽlevŽes que les multipares (P < 0,01) en dŽbut de lactation, et plus faibles en fin de lactation (P < 0,01).
Si lÕon calcule les quantitŽs de cellules excrŽ- tŽes dans le lait, on observe que, en dehors du premier mois de lactation, celles-ci sont assez stables au cours de la lactation chez les pri- mipares, mais doublent presque entre le 2
eet le dernier mois de lactation chez les multi- pares (figure 3). Par ailleurs, les vaches Hol- stein ont prŽsentŽ des numŽrations cellu- laires constamment supŽrieures ˆ celles des vaches des autres races (P < 0,01) ; lÕŽcart a ŽtŽ maximal en fin de lactation. Ces diffŽ- rences (entre races et entre numŽros de lacta- tion) ne sont pas liŽes aux variations du niveau de production des animaux : elles se maintiennent lorsque lÕon compare des ani- maux de potentiel voisin, mais de race ou dÕ‰ge diffŽrents. Intra race et intra numŽro de lactation, la numŽration cellulaire du lait a tendance ˆ diminuer quand le potentiel de production augmente (P < 0,1). Cet effet est cependant faible : en moyenne et ˆ lÕŽchelle de la lactation, la numŽration cellulaire dimi-
Tableau 2. Effet de la race, du numéro de lactation, de l’année, de la période de vêlage et, pour les 261 vaches multipares, de la présence de mammites au cours des lactations précédentes, sur la numération cellulaire du lait. Pour un facteur donné, à l’intérieur d’une colonne, les valeurs suivies d’une lettre différente sont significativement différentes (P < 0,01).
Figure 2. Evolution de la numération cellulaire (moyenne géométrique et fréquence des prélèvements supérieurs à 300 000 cellules/ml) et de la production laitière au cours de la lactation chez les 404 lactations indemnes de mammites cliniques.
23 21 19 17 15 13 11 9 7 5 3 1 0 50 100 150 200 250 300
0 5 10 15 20 25 Numération cellulaire (x 1000 cellules/ml) Production laitière (kg/j)
Fréquence de NC > 300 000
23
10 8 5 4 10 11 11 8 11 11 13 13 13 12 15 15 19 19 26 32
2833