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Climat et vigne en moyenne vallée de la Loire, France

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Climat et vigne en moyenne vallée de la Loire, France

Gérard Barbeau

To cite this version:

Gérard Barbeau. Climat et vigne en moyenne vallée de la Loire, France. Congrès sur le Climat et la

Viticulture, Apr 2007, Zaragoza, Espagne. �hal-02758116�

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Congrès sur le climat et la viticulture. Saragosse, Espagne, 10-14 avril 2007 1

Climat et vigne en moyenne vallée de la Loire, France.

G. Barbeau, UMT VINITERA, Unité Vigne et Vin, INRA 42, rue Georges Morel, 49071 BEAUCOUZE CEDEX

tel. (33) 2 41 22 56 60/72 , fax (33) 2 41 22 56 65, e-mail : barbeau@angers.inra.fr

Résumé

L’évolution du climat a été suivie pendant 30 ans, de 1977 à 2006, sur le Domaine expérimental INRA de Montreuil-Bellay (49-France). Cette période a été marquée par un accroissement de la température moyenne annuelle, du rayonnement global et de l’ensoleillement. L’ETP Penman d’Avril à Septembre a augmenté de moins de 700 mm à plus de 850 mm et l’indice de Huglin est passé de 1500 à 2000. Un essai de comportement de 4 cépages rouges (Cabernet franc, Cabernet Sauvignon, Gamay et Grolleau) mis en place sur le Domaine quelques années avant 1976 à proximité de la station météorologique a été exploité jusqu’en 1998. En 1999 un nouvel essai identique au précédent, mis en place en 1996, a pris le relais. L’étude des données phénologiques sur la période d’étude met en évidence une avance à tous les stades, avec comme résultante une avance de la date de récolte, plus importante pour les cépages précoces (Gamay et Grolleau) que pour les cépages plus tardifs (Cabernet franc et Cabernet Sauvignon). L’indice de maturité s’accroît pour tous les cépages.

On constate une tendance vers une légère augmentation de la teneur en anthocyanes, uniquement chez les cépages tardifs. Le rôle des variables climatiques sur l’avance du cycle de la vigne et la qualité des baies est discuté compte tenu de l’évolution des pratiques agro-viticoles sur la même période. La perception des changements par les vignerons et les marges d’adaptation du matériel végétal et des pratiques sont analysées au regard des conditions de milieu.

Mots clés : vigne, climat, stades phénologiques, composition des baies

Abstract.

The evolution of climate has been monitored for 30 years, from 1977 to 2006, at the INRA Experimental Station in Montreuil-Bellay (49-France). During this period, there was an increase in yearly mean temperatures, global radiation and hours of sunshine. Consequently the ETP Penman from April to September rose from less than 700 mm to more than 850 mm and the Huglin Index from 1500 to 2000. An experimental plot with 4 red grape varieties (Cabernet franc, Cabernet Sauvignon, Gamay and Grolleau), planted several years prior to 1976 close to the weather station, was monitored until 1998. From 1999, it was substituted by another trial planted in 1996, close to the former. Phenological data over the period of study showed an increase in the earliness of all the stages, resulting in a more precocious harvest date, greater for the earliest varieties (Gamay and Grolleau) than for the late ones (Cabernet franc and Cabernet Sauvignon). Maturity indexes rose for all varieties. The trend for anthocyanins was towards a slight increase, only for the late varieties. The role of the climatic variables on the earliness of the vine cycle and the quality of grapes is discussed taking into account the evolution of the agro viticultural practices during the period. The perception of the climatic changes by the growers and the margins for adaptation of the planting material and the cultural practices are discussed with regard to the environmental conditions.

Key-words : grapevine, climate, phenological stages, berry composition

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Congrès sur le climat et la viticulture. Saragosse, Espagne, 10-14 avril 2007 2 INTRODUCTION

En moyenne vallée de la Loire, les grands millésimes sont souvent associés à des conditions climatiques exceptionnelles : ce sont des années plus chaudes que la moyenne, avec des étés peu pluvieux et débuts d’automne secs et ensoleillés. Avec la publication d’un nombre important de rapports et d’articles depuis une dizaine d’années (IPCC, 2001 ; European Environment Agency, 2004 ; ) le concept de changement climatique s’est imposé petit à petit dans le monde scientifique et a été fortement relayé par les médias. Le monde viticole ne s’en est pas ému outre mesure jusqu’à maintenant, habitué qu’il est à des variations importantes du climat annuel qu’il doit gérer au mieux pour maintenir ses standards de qualité et la typicité de ses produits. Cependant de plus en plus d’articles s’intéressent à la viticulture en particulier (Jones and Davis, 2000, Schultz, 2000, Battaglini et al., 2205) et montrent que les changements en cours peuvent avoir des incidences importantes sur l’activité de la filière à une échelle de temps qui concerne les viticulteurs qui seront en activité dans les prochaines décennies. L’enjeu est donc important et, sur la base des observations réalisées pendant les 30 dernières années sur le comportement de 4 cépages rouges, nous avons souhaité faire le point pour la moyenne vallée de la Loire.

MATERIELS ET METHODES

Dispositif expérimental

Depuis 1976, le comportement de divers cépages rouges du Val de Loire - Cabernet franc (CF), Cabernet Sauvignon (CS), Gamay Beaujolais (GB) et Grolleau noir (GN) fait l’objet d’un suivi agro- viticole sur le domaine expérimental INRA de Montreuil-Bellay (49 – France). Un premier essai a été exploité de 1976 à 1998 ; chaque cépage était représenté par 6 rangs consécutifs de 35 ceps chacun, avec écartement de 2 m entre rangs et de 1,18 m entre ceps, soit une soit une surface de 2,36 m² par plant et une densité de 4237 plants / Ha. L’ensemble de l’essai était conduit en désherbage chimique total. A partir de 1999, un essai similaire, planté en 1995 à proximité du premier, a pris le relais. Sur ce dernier, l’écartement entre plants est de 1,15 m, soit une surface de 2,30 m² par plant et une densité de 4348 plants / Ha. Un inter-rang sur deux est enherbé, soit 25% de la surface de l’essai.

Avant véraison, un éclaircissage manuel est pratiqué sur la base d’un rendement de 60 HL/Ha. Le sol, fertile et profond, est un sol brun calcique argilisé développé sur des marnes et calcaires marneux de l’Oxfordien (Jurassique). En comparaison avec d’autres sols de la moyenne vallée de la Loire, il induit une précocité moyenne ; la vigne y est peu sujette au stress hydrique, même en millésime sec. Le climat y est caractérisé par une température moyenne annuelle de 12,3°C et une pluviométrie de 579mm (moyennes sur 30 ans : 1977-2006). La durée d’ensoleillement moyenne est de 2096 heures (moyenne sur 25 ans : 1979–2006, sauf 1981 et 1982). L’indice de Huglin évolue entre 1393 et 2239.

La période d’étude comprend l’ensemble des années 1977-2006, à l’exception de l’année 1991 (gel).

Suivi météorologique

Le Domaine est équipé d’une station météorologique complète (11 paramètres) intégrée au réseau national METEO-France. Les variables utilisées sont : températures moyennes corrigées (TMC), maximales (TX) et minimales (TN) en d° C, pluviomètrie (RR) en mm, évapotranspiration potentielle Penman (ETPP) en mm, durée d’insolation corrigée (DIC) en heures, rayonnement global (RG) en Joules/m

2

, vitesse moyenne du vent (V) en m/s.

Suivis phénologiques

Les notations ont porté sur les principaux stades phénologiques – floraison (F), véraison (V) et

maturité approchée par la date de récolte (R), d’après l’échelle de Baggiolini (1952). Des dates de mi-

floraison (F50 = 50% de fleurs ouvertes) et mi-véraison (V50 = 50% de baies vérées) ont été calculées

de façon à avoir un repère unique pour chaque cépage.

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Congrès sur le climat et la viticulture. Saragosse, Espagne, 10-14 avril 2007 3 Suivis de maturation et qualité de la vendange

Des suivis de maturation ont été effectués de la mi-véraison à la vendange, avec détermination de la masse des baies (g/1000 baies), de l’acidité titrable (g H2SO4/L), des teneurs en acides malique et tartrique (g/L) et de la teneur en anthocyanes (mg/Kg de baies). Les mêmes mesures et analyses ont eu lieu à la vendange. A cette date, la masse de grappes par cep a été déterminée (Kg/cep).

Traitement des données

Il a d’abord consisté en un calcul de nouvelles variables (indice de Huglin, indice de maturité).

Chaque groupe de variables a fait l’objet de statistiques descriptives afin de préciser leurs caractéristiques globales sur l’ensemble de la période.

RESULTATS

Météorologie

Les températures moyennes annuelles augmentent de 1,5°C, de 11,5 à 13°C ; les minima de 1°C, de 7,3 à 8,3°C et les maxima de 2°C, de 15,7 à 17,7°C. La moyenne pluviométrique, elle, varie peu ; mais depuis 1989, les écarts autour de la moyenne s’amplifient avec des alternances d’années très sèches (RR < 450mm : 1990, 1991, 2005) et d’années très humides (RR > 700 mm : 1994, 1999, 2000, 2002).

Parallèlement, l’évapotranspiration passe de moins de 700mm à plus de 850mm, soit une augmentation de 30%. La durée annuelle d’ensoleillement passe de moins de 1800 à plus de 2000 heures et le rayonnement global d’un peu plus de 4000 MJ/m² à 5000 MJ/m², soit presque 25%

d’augmentation.

Sur la période végétative, généralement comprise entre le 1

er

avril et le 30 septembre dans l’hémisphère Nord, la température moyenne augmente très régulièrement, de 14,8°C à 18,1°C, les minima passent de 10 à 12°C et les maxima de moins de 20 à plus de 24°C. C’est donc sur la période végétative que l’augmentation de température se fait le plus sentir. La pluviométrie oscille autour de 250mm avec les mêmes caractéristiques que sur l’ensemble de l’année. L’évapotranspiration augmente d’environ 1% par an, pour dépasser maintenant les 700mm. La durée d’ensoleillement passe de 1200 à plus de 1500 heures et le rayonnement global de 3000 à plus de 3500 MJ/m².

La courbe de tendance de l’indice de Huglin croît de 1500 à 2000, soit une augmentation de 33%, plus de 1% par an (Fig. 1). La somme des températures supérieures à 10°C sur la période avril- septembre passe de 950 à 1450, soit une augmentation de 50%.

Ces données mettent en évidence une évolution du climat avec une importante augmentation de la température et de la durée d’ensoleillement, non accompagnées d’une modification substantielle de la moyenne des précipitations, mais si de leur fréquence, ce qui se traduit par une demande climatique de la vigne nettement plus forte qu’il y a 30 ans. Des cépages comme le Cabernet franc et le Cabernet Sauvignon étaient considérés il y a 30 ans comme étant en Val de Loire à la limite nord de la culture de la vigne ; maintenant ils s’y trouvent dans des conditions idéales pour exprimer tout leur potentiel.

Phénologie

Les données correspondent aux dates de 3 stades phénologiques, la mi-floraison, la mi-véraison et la

maturation (approchée par la date de récolte), pour chaque cépage selon les différentes années. Les

dates de mi-floraison et mi-véraison ne sont disponibles qu’à partir du début ou du milieu des années

80 et la base de données n’est pas complète. La date de mi-floraison pour l’année 1998 est absente.

(5)

Congrès sur le climat et la viticulture. Saragosse, Espagne, 10-14 avril 2007 4 La floraison moyenne des cépages Gamay et Grolleau noir se situe le 12 juin, celle du Cabernet franc le 13 juin et celle du Cabernet Sauvignon le 15 juin. Avant 1988, la date de mi-floraison se situait souvent dans la seconde quinzaine de juin ; depuis, elle a rarement dépassé le 15 juin. Le cépage Gamay a la date de véraison moyenne la plus précoce : le 16 août. Il est suivi du Grolleau noir (21 août), puis du Cabernet Sauvignon (23 août) et du Cabernet franc (25 août). Les dates de mi-véraison du Gamay et Grolleau avaient généralement lieu fin août voire début septembre pour ce dernier ; depuis le début des années 2000 elles se situent nettement dans la première quinzaine d’août. Celles des Cabernets ont aussi été avancées, mais dans une moindre mesure et en 2000 et 2004 les mi- véraisons de ces cépages sont survenues après le 20 août.

La durée moyenne de la période mi-floraison/mi-véraison est la plus courte pour le Gamay (65 jours), suivi du Cabernet Sauvignon (68 jours) puis du Grolleau (70 jours) et enfin du Cabernet franc (74 jours). Ces durées ne semblent pas s’être modifiées au cours des vingt dernières années. On note cependant une variabilité importante d’une année à l’autre (coefficient de variation de 10 à 11%, sauf pour le Grolleau noir : 7,3%). La durée moyenne de la période mi-véraison récolte, elle, ne semble pas non plus être modifiée. Elle est nettement plus courte pour le Grolleau (36 jours) et le Gamay (39jours) que pour les Cabernet franc (41 jours) et Cabernet Sauvignon (47 jours). Ces deux cépages montrent une variabilité annuelle très importante quant à ce caractère (coefficient de variation de l’ordre de 20%), contrairement au Gamay (14%) et surtout au Grolleau noir (3,2%).

Les dates moyennes de vendange des cépages Gamay et Grolleau au cours de ces trente dernières années sont respectivement les 28 et 30 septembre. Celles des Cabernet franc et Cabernet Sauvignon les 8 et 10 octobre. Les écarts à la moyenne sont fréquemment négatifs avant 1990 et souvent positifs après cette date. Les dates de vendanges du Gamay et du Grolleau ont été avancées de plus de vingt jours, celle du cabernet franc de quinze jours et celle du Cabernet Sauvignon de l’ordre de dix jours. Ces deux derniers cépages, plus tardifs que les autres, montrent aussi des fluctuations plus importantes dans leurs dates de récolte (Fig. 2).

Qualité de la vendange

La teneur en sucres augmente régulièrement au cours de la période, de moins de 180 g/L à plus de 220 g/L pour les cabernets, de 170 à 210 g/L pour le Gamay et de 150 à plus de 180 g/L pour le Grolleau. L’acidité titrable décroît de l’ordre de deux points pour chaque cépage, avec des variations annuelles importantes en relation avec la précocité des stades phénologiques et la pluviométrie estivale. Elle est désormais de l’ordre de 4 à 6 g/L H2SO4. C’est surtout la teneur en acide malique qui est responsable de cette diminution ; en effet elle a perdu environ 4 points pour se situer entre 1 et 2 g/L ces dernières années. En conséquence, l’indice de maturité (rapport teneur en sucres / acidité titrable) a doublé pour l’ensemble des cépages, de 30 à 60 pour les Cabernets et de 25 à 50 pour les Gamay et Grolleau (Fig. 3). En ce qui concerne les anthocyanes du raisin, une augmentation significative est notée depuis l’an 2000 chez les Cabernets : de 1500 à 2000 g/Kg baies pour le Cabernet franc et de 2200 à plus de 2500 g/Kg baies chez le Cabernet sauvignon. Par contre chez les Gamay et Grolleau, cépages plus précoces à teneur en anthocyanes nettement plus faible, aucune variation n’a été constatée au cours de la période.

DISCUSSION

Des variations climatiques importantes ont été notées au cours de ces trente dernières années en

moyenne vallée de la Loire. Les températures ont augmenté ainsi que le rayonnement global et la

durée d’insolation, ce qui s’est traduit par une importante augmentation de l’évapotranspiration,

non compensée par une augmentation de la pluviométrie. Globalement ces nouvelles conditions

climatiques sont plus favorables à un bon fonctionnement de la vigne (sommes de températures plus

élevées, rayonnement photo synthétiquement actif plus important, meilleure efficience de l’eau)

qu’elles ne l’étaient il y a trente ans. Cependant, la fréquence des printemps et/ou étés secs a

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Congrès sur le climat et la viticulture. Saragosse, Espagne, 10-14 avril 2007 5 tendance à augmenter (1989, 1990, 1995, 1996, 2002, 2004, 2005, 2006

1

) et cela pose des problèmes dans certains sols superficiels sur roche-mère dure qui peuvent alors souffrir de stress hydrique avec blocage de la photosynthèse, d’autant plus que les températures sont élevées. Cela entraîne des conséquences sur la composition des vendanges des Cabernets qui sont alors constituées de baies plus petites, moyennement riches en sucres, à faible acidité (en particulier des teneurs très basses en acide malique), mais très riches en anthocyanes et en tannins à cause du rapport élevé (pellicule + pépins) / pulpe. C’est moins vrai pour les Gamay et Grolleau dont les baies, déjà nettement plus grosses que celles des Cabernets, réagissent fortement aux pluies de fin d’été et d’automne en augmentant rapidement de volume. En dehors de ces cas de stress hydrique, le changement climatique se traduit par une augmentation du degré potentiel des moûts, avec souvent un décalage entre la maturité technologique et la maturité phénolique, ce qui pose de nouveaux problèmes aux viticulteurs en termes de choix de date de vendange et d’itinéraires oenologiques. Il y a eu d’autres périodes où le climat a été plus favorable à la culture de la vigne ; la période 1945 – 1955 est reconnue comme ayant eu un nombre important de vendanges précoces et de très bonne qualité.

(jurés-courtiers réunis). Le changement actuel est notable depuis la fin des années quatre-vingt ; reste à savoir s’il sera durable.

En trente ans les pratiques agro-viticoles ont évolué. D’un sol désherbé chimiquement sur sa totalité, on est passé à un enherbement des interlignes, ce qui a pour effet de limiter la vigueur de la vigne, réduire l’incidence des maladies cryptogamiques et en principe le rendement. Cette technique, combinée à d’autres – éclaircissage des grappes, effeuillage de la zone des grappes – ainsi qu’à l’usage de molécules fongicides plus performantes, fait que les principales maladies (mildiou, oïdium et Botrytis) sont désormais relativement aisées à contrôler en système de viticulture raisonnée. A la récolte, les écarts de triage pour cause de pourriture grise sont de moins et moins nombreux, aussi les rendements demeurent-ils aussi importants que par le passé, sinon plus. Ceux des cépages Gamay et Grolleau sont particulièrement difficile à maîtriser et ils peuvent exploser en année chaude et moyennement humide, sans perte significative de qualité de la vendange (ex. Grolleau 2003 : 205 HL/Ha, 10,5° alcool Vol., 3,5 g/L acidité H2SO4 et 1165 g/Kg baies d’anthocyanes). Il convient de signaler que, dans ces expérimentations, la vigne n’a jamais bénéficié d’aucune fertilisation minérale ; seule des restitutions organiques ont été effectuées par broyage des bois de taille.

La surface foliaire exposée de la vigne (SFE) a aussi été modifiée par l’augmentation de la hauteur de rognage. Les ébourgeonnages de printemps systématiques ainsi que des effeuillages précoces (entre nouaison et fermeture de la grappe), joints à une augmentation de la durée d’ensoleillement, ont certainement contribué à une meilleure activité photo synthétique de la vigne et en particulier à une meilleure biosynthèse des composés phénoliques, ce qui semble le cas chez les Cabernets. Par contre, chez les Gamay et Grolleau, cépages plus précoces, la synthèse des anthocyanes est peut- être ralentie par une véraison qui se trouve avancée en période de fortes chaleurs.

Une enquête sur la perception des changements climatiques a été effectuée en 2002 auprès de vignerons de plusieurs pays européens (Battaglini et al. 2005). En France, les vignerons du Val de Loire y avaient fortement contribué (50% des réponses). 80% a noté des changements qui portent sur l’augmentation de la température avec des automnes et des hivers plus chauds, des étés plus secs mais aussi des risques d’inondations plus élevés (en vallée du Rhône). Les conséquences les plus souvent mentionnées sont une avancée des stades phénologiques, une meilleure qualité de la vendange (53%), avec cependant une augmentation de variabilité de la qualité des vins. 43% n’a pas noté de variation de rendement, mais 34% indique cependant une réduction due à la sécheresse estivale. Enfin, 45% pense qu’il y a une augmentation de l’incidence d’insectes et de maladies ; cela

1

En 2003, année de la canicule, la moyenne vallée de la Loire n’a pas souffert de stress hydrique contrairement a

beaucoup d’autres régions de France et d’Europe. Des orages à intervalles réguliers durant l’été ont assuré une

alimentation hydrique régulière à la vigne.

(7)

Congrès sur le climat et la viticulture. Saragosse, Espagne, 10-14 avril 2007 6 n’a absolument pas été le cas sur nos expérimentations. Avec le réchauffement, il y a cependant un risque avéré de remontée de nouveaux parasites des régions méridionales vers les vignobles septentrionaux.

Face à ces changements qui semblent bien réels et commencent à préoccuper les producteurs, quelles sont les marges d’adaptation? Le changement variétal est mentionné comme une possibilité dans seulement 30% des réponses ; il y a là certainement un aspect réglementaire lié aux décrets d’appellations d’origine contrôlée. Mais il y a d’autres possibilités. En moyenne vallée de la Loire, plusieurs grands vignobles disposent maintenant d’une cartographie de leurs unités de terroir. La connaissance des potentialités qui en résulte – potentiel de précocité, potentiel de vigueur –, en relation avec la profondeur d’enracinement de la vigne et la réserve en eau du sol, offre aux viticulteurs une série d’options à court, moyen et long terme pour une meilleure adéquation entre propriétés physiques de l’environnement, matériel végétal et pratiques. A court terme, les possibilités consistent à adapter certaines pratiques agro-viticoles qui peuvent avoir une incidence non négligeable sur la précocité et l’alimentation hydrique : entretien du sol avec ou sans couverture herbacée, date et type de taille, hauteur de rognage, … A moyen et long terme, les adaptations se feront au fur et à mesure du remplacement du vignoble ; elles devront concerner d’une part le choix des unités de terroir et d’autre part le type d’associations cépage – porte-greffe à y planter. Des unités de terroirs actuellement peu propices à une production viticole de qualité à cause d’un potentiel de précocité trop faible ou de réserve en eau du sol trop importante pourraient s’avérer dans l’avenir comme des terroirs à privilégier pour assurer un fonctionnement de la vigne qui permette le maintien d’une qualité de vendange en accord avec la typicité recherchée pour les vins.

D’autres unités de terroirs pourraient être abandonnées, car trop fréquemment sujettes à des stress hydriques importants, à moins que de nouvelles réglementations ne se mettent en place.

CONCLUSIONS

Depuis 30 ans, l’augmentation de la température et de la durée d’ensoleillement en moyenne vallée

de la Loire, a contribué à modifier certaines variables de fonctionnement de la vigne, en particulier la

précocité et le régime d’alimentation hydrique. Parallèlement, la mise en œuvre de nouvelles

pratiques agro-viticoles a eu aussi une incidence sur le fonctionnement de la vigne, en termes de

maîtrise de la vigueur et de l’incidence des maladies cryptogamiques. Ces deux facteurs – climat et

pratiques – ont ensemble contribué à l’obtention d’une vendange de meilleure qualité, et ce, de

manière plus régulière que par le passé, avec cependant des déséquilibres assez fréquents en lien

avec des problèmes de stress hydrique. Si la tendance climatique actuelle devait se confirmer, les

viticulteurs possèdent une marge de manœuvre importante avec la possibilité de jouer sur

l’adéquation entre les cépages actuels et les unités de terroir, d’utiliser des porte-greffe et clones

mieux adaptés aux propriétés physiques du milieu et de mettre en œuvre de nouvelles pratiques qui

restent encore à inventer.

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Congrès sur le climat et la viticulture. Saragosse, Espagne, 10-14 avril 2007 7 BIBLIOGRAPHIE

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Remerciements. L’auteur tient à remercier toutes les personnes de l’unité Vigne et Vin de l’INRA

d’Angers qui ont participé de près ou de loin à cette expérimentation, en particulier les agents du

Domaine expérimental de Montreuil-Bellay et ceux des laboratoires d’analyses et de l’atelier pilote

d’œnologie d’Angers.

(9)

Congrès sur le climat et la viticulture. Saragosse, Espagne, 10-14 avril 2007 8

R2 = 0,6727

R2 = 0,6413

1300 1400 1500 1600 1700 1800 1900 2000 2100 2200 2300

1977 1978

1979 1980

1981 1982

1983 1984

1985 1986

1987 1988

1989 1990

1991 1992

1993 1994

1995 1996

1997 1998

1999 2000

2001 2002

2003 2004

2005 2006

Fig. 1. Evolution de l’indice de Huglin (IH) - Fig. 1. Evolution of the Huglin Index (HI)

Fig. 2. Date de vendange. Ecarts à la moyenne - Fig. 2. Harvest date. Deviation from the average

Fig. 3. Evolution des indices de maturité. - Fig. 3. Evolution of the maturity indices.

Cabernet franc

R2 = 0,24

-20 -10 0 10 20 30

1977 1979

1981 1983

1985 1987

1989 1991

1993 1995

1997 1999

2001 2003

2005

Cabernet Sauvignon R2 = 0,16

-30 -20 -10 0 10 20 30

1977 1979

1981 1983

1985 1987

1989 1991

1993 1995

1997 1999

2001 2003

2005

Gam ay

R2 = 0,49

-30 -20 -10 0 10 20 30

1977 1979

1981 1983

1985 1987

1989 1991

1993 1995

1997 1999

2001 2003

2005

Grolleau noir

R2 = 0,59

-30 -20 -10 0 10 20 30

1977 1979

1981 1983

1985 1987

1989 1991

1993 1995

1997 1999

2001 2003

2005

indice m aturité Cabernet franc R2 = 0,4036

0 10 20 30 40 50 60 70 80

1977 1979

1981 1983

1985 1987

1989 1991

1993 1995

1997 1999

2001 2003

2005

indice m aturité Cabernet Sauvignon R2 = 0,4311

0 10 20 30 40 50 60 70 80

1977 1979

1981 1983

1985 1987

1989 1991

1993 1995

1997 1999

2001 2003

2005 indice m aturité Gam ay

R2 = 0,6177

0 10 20 30 40 50 60 70 80

1977 1979

1981 1983

1985 1987

1989 1991

1993 1995

1997 1999

2001 2003

2005

indice m aturité Grolleau noir R2 = 0,6109

0 10 20 30 40 50 60 70 80

1977 1979

1981 1983

1985 1987

1989 1991

1993 1995

1997 1999

2001 2003

2005

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