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L’article de recherche en Sciences du langage et en Lettres. Figure de l’auteur et identité disciplinaire du genre.

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HAL Id: tel-01881445

https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01881445

Submitted on 15 Nov 2018

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L’article de recherche en Sciences du langage et en Lettres. Figure de l’auteur et identité disciplinaire du

genre.

Fanny Rinck

To cite this version:

Fanny Rinck. L’article de recherche en Sciences du langage et en Lettres. Figure de l’auteur et identité disciplinaire du genre.. Linguistique. Université Grenoble 3, 2006. Français. �NNT : 2006FRE39039�.

�tel-01881445�

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UNIVERSITE GRENOBLE III - STENDHAL U.F.R. DE SCIENCES DU LANGAGE

THESE

Pour obtenir le grade de

DOCTEUR DE L’UNIVERSITE GRENOBLE III Discipline : Sciences du Langage

Soutenance publique le 17 novembre 2006

Fanny RINCK

L’ L ’a ar rt ti ic c le l e de d e re r e ch c he e rc r c he h e en e n Sc S ci i en e nc c e e s s du d u la l a ng n ga ag ge e et e t e e n n Le L et tt t re r e s. s . Fi F i g g ur u re e de d e l’ l ’a au ut te e ur u r e e t t id i de e nt n ti it té é d di i sc s ci ip pl li i na n a ir i re e du d u g ge e nr n re e

Directeurs de thèse :

Madame Françoise BOCH Monsieur Francis GROSSMANN

Membres du jury :

Madame Kjersti FLØTTUM (Université de Bergen), rapporteur.

Monsieur Alain RABATEL (Université Lyon 2), examinateur.

Monsieur François RASTIER (CNRS, Paris), rapporteur.

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Remerciements

Ce travail est le fruit d’échanges et de rencontres et je voudrais adresser ici ma reconnaissance à tous ceux qui ont contribué pendant les 4 années de la thèse et sans doute en amont déjà à sa réalisation. Grâce à eux, elle représente avant tout pour moi une période heureuse et stimulante.

Mes remerciements vont d’abord à Françoise Boch et Francis Grossmann. La gratitude que je souhaite leur exprimer dépasse les formules consacrées qui me viennent maladroitement en tête. Leurs conseils sont précieux, leur soutien porteur, les discussions très vivifiantes, et je leur dois beaucoup de m’avoir laissée explorer des chemins en linguistique, tout en les balisant de rigueur et d’éthique.

Je tiens à remercier aussi Kjersti Fløttum, Alain Rabatel et François Rastier pour leur bienveillance et pour leur dynamisme dans le champ des recherches sur le discours scientifique et sur l’énonciation. Mon travail a beaucoup gagné à rencontrer leurs textes et participer aux séminaires qu’ils ont organisés, et je leur suis très reconnaissante d’avoir accepté de l’examiner.

Merci également à Agnès Tutin pour nos collaborations et, avec elle, à toute l’équipe du Département d’Informatique Pédagogique pour la découverte du monde du traitement automatique des langues, à Christine Barré-De Miniac pour la richesse des séminaires des doctorants en didactique, et enfin à Jean-Pierre Chevrot pour ses enseignements en statistique.

Un grand merci aussi à Céline Poudat pour nos études communes sur l’article, occasions de séances de travail tout aussi sympathiques qu’exaltantes.

Mes remerciements iront enfin à tous ceux qui font la vie de laboratoire et sa

convivialité, et notamment aux doctorant(e)s du Lidilem pour leurs multiples attentions, leur

sagacité en linguistique et ailleurs, et, il faut le dire, leur humour. Une pensée particulière à

Céline, Carmen, Aurélie, Laurence et Pantxo pour leur aide et leurs encouragements.

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Sommaire

Sommaire du tome I

Remerciements ...I Sommaire du tome II. Annexes...IX Table des figures...XI

Introduction ... 1

Chapitre 1 Aborder les pratiques d’écriture sous l’angle de la problématique des genres... 5

1.1. Mise au point terminologique : genre, texte et discours ... 5

1.1.1. Texte et discours... 6

1.1.2. Options terminologiques et conceptuelles... 8

1.2. L’interdépendance entre usages linguistiques et fonctionnements sociaux : les genres comme entités socio-historiques et formelles ... 9

1.2.1. Pratiques discursives et formations sociales ... 9

1.2.2. Le genre comme notion « bi-face »... 10

- Le genre dans sa dimension textuelle ... 10

- Le genre dans sa dimension contextuelle... 11

1.2.3. Aborder les relations entre propriétés sociales et formelles : approches taxinomistes versus empiriques des genres ... 12

1.3. Le genre comme principe de régulation des pratiques discursives ... 13

1.3.1. L’incidence des genres sur la langue et son étude ... 13

1.3.2. Le rôle des genres du point de vue du sujet et de ses pratiques discursives : les genres comme modèles textuels ... 15

- Des modèles pour l’interprétation... 15

- Des modèles pour la production ... 16

- Stabilité des genres et prescriptivité du modèle... 16

- Le déjà-là des genres : un obstacle à la création verbale ? ... 17

1.3.3. Aux fondements des genres : l’hétérogénéité constitutive du discours et du sujet .... 18

- De la communication à l’interaction... 18

- La production verbale est dialogique ... 19

- L’hétérogénéité constitutive du sujet ... 20

1.3.4. Retour à la question de la production verbale : les genres comme modèles de textes, contraintes, et compétence. ... 22

- Le principe explicatif de l’adoption par le locuteur de modèles du genre : intertexte et évaluation sociale ... 22

- Les genres comme contraintes de la production verbale ... 24

(7)

- Les contraintes externes au texte ou la question du contexte ... 25

- Vers une problématisation de l’articulation texte/ contexte : le genre... 27

1.3.5. Conscientisation des modèles du genre et compétence générique ... 30

1.4. La secondarité de certains genres : des textes à l’action ... 32

1.5. En guise de bilan : la caractérisation empirique des genres, et du genre de l’article de recherche ... 36

Chapitre 2 La figure de l’auteur comme figure du genre. Pour une analyse énonciative et polyphonique des textes. ... 45

2.1. En filigrane dans les analyses des genres et de l’écrit de recherche, l’intérêt de la dimension énonciative des textes... 46

2.2. Enoncé, énonciation et énonciation représentée dans l’énoncé ... 50

2.2.1. L’énonciation comme mise en fonctionnement de la langue ... 51

2.2..2. Les relations entre l’énoncé et l’énonciation : la réflexivité énonciative... 53

2.2.3. Les marques étudiées par les approches énonciatives... 56

2.3. De la polyphonie à la définition polyphonique d’une figure de l’auteur ... 58

2.3.1. Pour introduire la question de la polyphonie ... 59

2.3.2. Problèmes et enjeux de l’analyse polyphonique ... 62

- La définition de l’instance à la source des points de vue... 62

- La définition du point de vue ... 64

- Le problème du niveau d’analyse ... 65

2.3.3. L’analyse du point de vue et de la polyphonie dans la théorie scandinave de la polyphonie linguistique ... 67

- Le cadre général d’analyse de la ScaPoLine... 67

- Les points de vue et l’instanciation de leur source ... 69

- Les êtres discursifs et la saturation des points de vue dans le texte... 71

2.3.4. L’analyse du point de vue et des postures énonciatives chez A. Rabatel ... 75

- L’analyse du point de vue et de sa prise en charge chez A. Rabatel ... 75

- Relations entre points de vue et construction de L1/E1 dans la topique énonciative .... 79

2.3.5. Quel cadre pour l’analyse de la polyphonie ? ... 83

- Les fondements de l’analyse ... 83

- Le point de vue et sa prise en charge ou la question de la modalisation ... 84

- La polyphonie comme dédoublement des points de vue ... 87

2.4. Bilan. La polyphonie au niveau textuel : la notion de figure de l’auteur... 89

Chapitre 3 Problématique et méthodologie de la recherche. ... 93

3.1. Le corpus... 95

3.1.1. Un corpus de textes du même genre : critères de sélection des textes ... 96

- Des articles de recherche français... 97

(8)

- Le genre en synchronie ... 97

- La dimension éditoriale du genre... 97

Des textes publiés ... 98

Des textes publiés en tant qu’articles de revue ... 98

Des articles publiés dans des revues « à comité » ... 99

- Une identité énonciative ... 99

3.1.2. Le contrôle de la variabilité du genre : diversification des textes et définition de variables externes ... 100

- La diversification des revues, des numéros et des auteurs... 100

- La variable « discipline » : sciences du langage versus lettres ... 101

- La variable « statut de l’auteur » : doctorant versus non-doctorant... 103

3.1.3. La composition du corpus ... 105

3.1.4. Acquisition des données et pré-traitement du corpus... 107

3.2. Une analyse quanti-qualitative partiellement automatisée ... 109

3.2.1. L’analyse automatique et quantitative... 110

3.2.2. Le recours aux statistiques ... 114

- Principes de l’analyse statistique ... 115

Point de départ ... 115

Statistiques descriptives ... 116

Statistiques inférentielles... 117

- L’interprétation des résultats de l’analyse statistique ... 120

3.2.3. Visualisations graphiques... 122

- Des histogrammes pour la distribution des variables nominales ... 122

- La comparaison d’une variable continue entre deux groupes (groupes « discipline » et « statut de l’auteur ») : histogramme pour les moyennes et distributions en fréquence 123 3.2.4. L’analyse du genre dans un va-et-vient entre échantillon de données et textes... 127

3.3. Les traits textuels retenus ... 130

3.3.1. Les 97 variables Cordial... 130

3.3.2. Le lexique : restriction au lexique transdisciplinaire ... 133

3.3.3. Les traits analysés manuellement ... 133

Chapitre 4 Modèles de textes et rapports contrastés au lecteur et à l’objet ... 137

4.1. Le volume du corps du texte et des notes : premier indice d’une diversité insoupçonnée du genre... 138

4.1.1. Volume total : proximité inter-disciplinaire et disparité intra-disciplinaire... 138

4.1.2. Contribution du corps du texte et des notes au volume total : différence disciplinaire dans l’usage des notes ... 140

4.1.3. La variabilité entre revues ... 142

4.1.4. La variabilité liée au statut de l’auteur ... 145

4.2. Des espaces péritextuels investis différemment dans les deux disciplines ... 146

4.2.1. Texte et péritexte : introduction ... 146

4.2.2. Résumés et abstracts... 147

4.2.3. Titre et signature... 148

4.2.4. Annexes... 149

(9)

4.2.5. Notes... 150

4.2.6. Bibliographies ... 152

4.2.7. Une alternative disciplinaire entre notes et bibliographies dans la gestion des références ... 154

4.2.8. Bilan sur le péritexte de l’article : un contraste disciplinaire dans les degrés d’éclatement du texte ... 157

4.3. L’irréductible diversité des plans de texte : vers un continuum entre deux tendances opposées et disciplinairement marquées ... 158

4.3.1. Quelle grille pour l’analyse des plans de texte ? ... 158

4.3.2. Pratique des titres et de la numérotation : la division du texte en composantes structurelles ... 159

4.3.3. Un continuum entre deux modèles de texte opposés ... 162

4.3.4. Structuration de plus bas niveau, interne au paragaphe ... 164

4.4. Pluri-sémioticité de l’article et identités disciplinaires des modèles de texte... 165

4.4.1. Les formalismes observables dans le corps des articles... 165

4.4.2. Formalismes et modèles de texte : le contraste disciplinaire ... 168

4.4.3. Bilan sur les modèles de texte et les identités disciplinaires qu’ils manifestent ... 170

4.5. Les exemples et les citations : pratiques textuelles et épistémologies ... 172

4.5.1. Le poids des exemples et citations dans les textes ... 173

- Poids des exemples ... 173

- Poids des citations... 174

- Un poids relatif des exemples par rapport à celui des citations ? ... 176

4.5.2. Sources documentaires et empiriques : pistes pour l’analyse ... 177

- Premières remarques formelles... 177

- Dans les articles de LET : l’intertexte comme matériau et comme objet ... 178

- Dans les articles de SCL : partage strict entre exemple et citation et diversité des exemples... 180

- Pistes pour l’analyse de la notion d’exemple... 182

4.6. Macro-analyse du genre : bilan ... 184

Chapitre 5 Éléments pour une caractérisation linguistique du genre ... 187

5.1. Les aspects morpho-syntaxiques... 188

5.1.1. Le découpage du texte en phrases. ... 189

5.1.2. La syntaxe de la phrase ... 192

5.1.3. Les temps verbaux... 196

- Les temps du passé... 198

- Le futur et l’impératif... 204

5.1.4. Les personnes linguistiques... 208

5.2. Les ponctuations... 213

5.2.1. Nombre de ponctuations dans le texte... 214

5.2.2. Aperçu général du type de ponctuations en usage ... 215

(10)

5.2.3. Des tendances contrastées dans l’usage des ponctuations, liées à la structure des

textes et à des préférences idiomatiques. ... 217

- Marqueurs de pause : virgule et points-virgules ... 217

- Les deux-points... 218

- Les parenthèses ... 219

5.2.4. Les points de suspension et le point d’exclamation : des emplois rares... et peut-être insoupçonnés !... 221

- Les points de suspension... 221

- Le point d’exclamation ... 223

5.2.5. Le point d’interrogation : question rhétorique ou rhétorique de la découverte ? ... 226

5.2.6. Les guillemets : l’importance d’un « simple » signe dans le genre ... 232

- En guise d’introduction : la complexité des guillemets ... 232

- Le poids des guillemets... 233

- Les emplois autonymiques... 234

- De l’exemple à la citation ... 234

- Nommer et catégoriser ... 236

- Marquer sa distance ... 237

- Bilan sur les guillemets ... 239

5.3. Le lexique transdisciplinaire ... 240

5.3.1. Un lexique au service de la construction du savoir... 241

5.3.2. Un lexique entre langue générale et langue de spécialité... 242

5.3.3. Constitution d’une liste de termes transdisciplinaires... 244

5.3.4. Un plus grand nombre d’occurrences tous termes confondus en SCL ... 246

5.3.5. Des termes inégalement employés en LET et en SCL ... 247

5.3.6. Concordances des termes transdisciplinaires : de quelques traits communs et des spécificités disciplinaires... 249

- La diversité des emplois : les usages spécifique, général et transdisciplinaire... 249

Un usage conceptuel ... 249

L’usage transdisciplinaire comme spécification de l’usage général ... 250

Un usage transdisciplinaire propre aux articles de LET, dédié à l’œuvre littéraire, sa production et sa réception... 251

- Tendance marquée à la systématisation de l’usage des termes transdisciplinaires en SCL versus en LET ... 253

5.3.7. Bilan sur les usages disciplinaires des termes transdisciplinaires : des épistémologies plurielles ... 255

5.3.8. Des différences liées au statut de l’auteur? ... 258

5.4. Des caractéristiques attendues et figées, et des usages contrastés : bilan sur la morpho-syntaxe, la ponctuation et le lexique du genre. ... 262

Chapitre 6 Le genre et ses usages singuliers, les styles : une entrée pour l’analyse de la diversité interne du genre... 263

6.1. Le style en sciences : une question occultée ... 263

6.2. Une définition du style relative aux genres ... 266

(11)

6.3. Méthodologie pour l’étude des styles... 268

6.3.1. Le corpus : un corpus « genre » et un corpus « auteurs » ... 268

6.3.2. Les traits textuels retenus ... 270

6.3.3. Analyses et méthodes statistiques ... 271

6.4. De quoi sont faits les styles ? Les traits stylistiques discriminants ... 273

6.4.1. Un biais dans l’analyse des styles ... 274

6.4.2. Style et lexique : une entrée pour l’étude des concepts et des épistémologies ... 275

6.4.3. Style et morphosyntaxe ... 277

- Des usages du genre marqués par le type d’études menées par l’auteur ... 277

Des textes comportant une dimension historique... 277

Des textes diversement exemplifiés ... 278

- Des styles au sens de spécificités idiolectales... 280

Les ponctuations, la complexité syntaxique et les relations logiques ... 280

Les aspects énonciatifs : personne et non-personne, images du scripteur et rapport au lecteur... 282

La dimension argumentative des textes... 283

6.4.4. Styles et lexique transdisciplinaire ... 285

6.4.5. Bilan sur les traits stylistiques ... 286

6.5. À quel degré un style se distingue-t-il ? L’homogénéité des textes d’un même auteur et leur singularité au sein du corpus... 287

6.5.1. De l’homogénéité et de la singularité des styles d’auteur ... 288

6.5.2. Validation de la distinctivité des styles par la méthode Bootstrap... 292

6.6. Retour au genre et à la question de sa stabilité ... 294

6.7. Conclusion sur la variation stylistique du genre de l’article... 299

Chapitre 7 La subjectivité et la polyphonie de l’article. Pour une approche énonciative de la rhétorique scientifique... 301

7.1. Introduction : l’article comme type énonciatif de texte... 302

7.2. Les emplois de « je » et « nous » ou l’irréductible polyphonie de la première personne linguistique. ... 304

7.2.1. L’usage autonymique des marques de personne ... 305

7.2.2. L’usage conceptuel du « je » et du « moi »... 305

7.2.3. Le « je » comme marque personnelle en usage générique ... 306

7.2.4. « Je » et « nous » comme marques personnelles qui renvoient à l’auteur ... 308

7.2.5. La question de l’inclusion du lecteur dans le « nous »... 310

7.2.6. Le « nous » comme collectif : le sujet épistémique et culturel ... 313

7.2.7. Bilan : la multiplicité interprétative de « je » et de « nous »... 315

7.3. Entre effacement énonciatif et prise en charge personnelle... 316

7.3.1. Le « il » impersonnel... 317

- Les occurrences de « il » et le taux de « il » impersonnel ... 317

- Les constructions les plus fréquentes avec le « il » impersonnel ... 318

(12)

7.3.2. Des profils d’articles en termes d’effacement et de marquage de la personne

linguistique ... 322

- « Je » ou « nous » : quels modes d’auto-désignation de l’auteur dans son texte ? ... 322

- Tendance à l’abondance versus tendance à la restriction de marques personnelles. ... 325

Usage du « on »... 327

« Il » impersonnel et passif ... 328

7.4. La représentation de la « circulation des discours » dans l’article... 331

7.4.1. Une quête de traçabilité dans le renvoi aux sources... 331

7.4.2. La multiplication des références : la tentation de l’exhaustivité ? ... 336

7.4.3. Identifier les voix en présence : l’attribution énonciative des discours représentés 340 7.4.4. Modes de désignation des points de vue attestés dans le champ, ou comment l’univers de référence est-il cartographié ? ... 343

- Typologie des modes de désignation des points de vue attestés dans le champ de recherches... 344

- Référence au document et référence à un auteur : communauté scientifique versus communauté savante ? ... 347

- Une vue surplombante sur le champ fournie par les noms de courant ... 349

- Des modes de désignation des points de vue au service d’un enjeu de démarcation ? 350 7.5. Des objectifs et une axiologie au service de la légitimation de la recherche ... 352

7.5.1. La définition de l’objet et de l’objectif de l’étude dans l’introduction ... 353

- Se référer à l’existant ... 354

- Un enjeu de démarcation ... 357

- Une centration sur l’objet et son intérêt intrinsèque ? ... 360

7.5.2. Les paradigmes axiologiques récurrents dans l’évaluation des points de vue et des approches... 362

- Des valeurs propres à l’activité de recherche, et communes aux deux disciplines considérées ... 363

- La valeur de scientificité dans les articles de SCL ... 366

- Matérialité et portée littéraire du texte étudié en LET ... 368

7.6. Bilan : surénonciation et argumentation... 370

Conclusion... 373

Références ... 378

Index ... 393

Sommaire du tome II. Annexes Avant-propos ... 1

Annexes 1. Composition du corpus... 3

Annexes 1.1. Articles de Lettres ... 3

Annexes 1.2. Articles de Sciences du langage ... 11

(13)

Annexes 2. Macro-analyse du genre : volume et composantes structurelles (cf. chapitre 4)

... 19

Annexes 3. Phrases, ponctuations, lexique (cf. chapitre 5) ... 25

Annexes 3.1. Nombre de phrases et longueur ... 25

Annexes 3.2. Composantes de la phrase ... 58

Annexes 3.3. Temps verbaux ... 72

Annexes 3.4. Marques de personne et de non-personne ... 88

Annexes 3.5. Ponctuations ... 113

Annexes 3.6. Lexique transdisciplinaire ... 127

Annexes 4. Les styles d'auteur (cf. chapitre 6)... 219

Annexes 4.1. Composition du corpus « auteurs » ... 219

Annexes 4.2. Liste des étiquettes morpho-syntaxiques de Cordial et TnT ... 226

Annexes 4.3. Caractéristiques des 15 styles d'auteur ... 233

Annexes 5. Caractérisation énonciative du genre (cf. chapitre 7) ... 287

Annexes 5.1. Marques personnelles et tours impersonnels... 287

Annexes 5.2. Modes de désignation de l'existant et enjeu d'opposition dans les articles de

SCL... .294

(14)

Table des figures

Les différentes représentations (tableaux, graphiques, schémas) sont désignées comme figures, et numérotées de la manière suivante : le premier chiffre correspond au chapitre où elles sont insérées, le second à leur ordre d’apparition dans le texte.

Figure 2.1. L’analyse de la polyphonie linguistique chez O. Ducrot, dans la ScaPoLine et chez

A. Rabatel... 84

Figure 3.1. Articles de doctorants et de non-doctorants dans le corpus LET : poids en nombre d’articles. ... 105

Figure 3.2. Articles de doctorants et de non-doctorants dans le corpus SCL : poids en nombre d’articles. ... 105

Figure 3.3. Représentation des revues dans le corpus de LET et de SCL en nombre de numéros et en nombre d’articles. ... 106

Figure 3.4. Exemple d’étiquetage d’une phrase dans Cordial Professionnel, cité dans le Manuel Utilisateur (Synapse Développement, 2002). ... 111

Figure 3.5. Modélisation des variables... 119

Figure 3.6. Procédures statistiques mises en œuvre. ... 120

Figure 3.7. Exemple d’histogramme dans sa forme élémentaire. ... 122

Figure 3.8. Exemple de boite à moustache dans sa forme élémentaire (N. Hunt, 1996). ... 124

Figure 3.9. Exemple de distribution en fréquence d’une variable continue... 125

Figure 3.10. Liste des 97 variables Cordial... 133

Figure 3.11. Liste des traits analysés manuellement... 134

Figure 4.1. Distribution en fréquence du nombre de mots par article : comparaison disciplinaire. ... 139

Figure 4.2a. Contribution du corps et des notes au volume total : articles de LET. ... 140

Figure 4.2b. Contribution du corps et des notes au volume total : articles de SCL. ... 140

Figure 4.3. Distribution en fréquence du volume des notes : comparaison disciplinaire. ... 141

Figure 4.4a. Volume moyen des articles dans les revues de LET... 143

Figure 4.4b. Volume moyen des articles dans les revues de SCL. ... 143

Figure 4.5. L’usage des annexes dans les deux disciplines... 150

Figure 4.6. Distribution en fréquence du nombre de notes : comparaison disciplinaire... 151

Figure 4.7. L’usage des bibliographies dans les deux disciplines... 153

Figure 4.8. Les stratégies d’exploitation des espaces textuels pour la gestion des références. ... 154

Figure 4.9. Les introductions dans les deux disciplines : titrées (cas 1), identifiables (cas 2), non identifiables (cas 3). ... 159

Figure 4.10. Les conclusions dans les deux disciplines : titrées (cas 1), ... 160

identifiables (cas 2), non identifiables (cas 3)... 160

Figure 4.11. Le titrage des sections dans les deux disciplines. ... 160

Figure 4.12. La numérotation des sections dans les deux disciplines. ... 161

(15)

Figure 4.13. L’usage des sous-parties dans les deux disciplines. ... 161

Figure 4.14. La structure des articles : continuum des modèles et comparaison disciplinaire. ... 163

Figure 4.15. L’usage des indices de structuration internes au paragraphe dans les deux disciplines... 165

Figure 4.16. Corrélations entre structure et formalismes : deux modèles de textualité opposés, des identités disciplinaires constrastées. ... 170

Figure 4.17. Distribution en fréquence du poids des exemples : comparaison disciplinaire. 173 Figure 4.18. Distribution en fréquence du poids des citations : comparaison disciplinaire... 174

Figure 5.1. Distribution en fréquence du nombre moyen de mots par phrase : comparaison disciplinaire. ... 189

Figure 5.2. Distribution en fréquence du nombre moyen de mots par phrase : comparaison des deux groupes d’auteurs... 191

Figure 5.3. Taux moyen de phrases comportant une subordonnée dans le corps, le corps sans les exemples ni les citations, et les notes : comparaison entre les groupes... 192

Figure 5.4. Des tendances contrastées dans l’usage des mots-outils et des mots signifiants. 195 Figure 5.5. Taux moyen des principaux temps verbaux à l’exclusion du présent : comparaison entre les groupes... 197

Figure 5.6. Une corrélation négative dans l’usage du présent, du passé simple et de l’imparfait en LET... 199

Figure 5.7. Des tendances contrastées dans l’usage des temps verbaux : bilan ... 208

Figure 5.8. Taux moyen des personnes verbales : comparaison entre les groupes. ... 210

Figure 5.9. Le taux de je et de nous dans chaque article : comparaison entre les disciplines et les groupes d’auteurs. ... 211

Figure 5.10. Distribution en fréquence du nombre de ponctuations par article (fréquence relative) : comparaison disciplinaire. ... 214

Figure 5.11. Distribution en fréquence du nombre de ponctuations par article (fréquence relative) : comparaison des deux groupes d’auteurs. ... 215

Figure 5.12. Taux moyen de chaque type de ponctuation : comparaison entre les groupes. . 216

Figure 5.13. Liste des 100 termes transdisciplinaires retenus... 245

Figure 5.14. Distribution en fréquence du nombre de termes transdisciplinaires par article (tous termes confondus) : comparaison disciplinaire. ... 247

Figure 5.15. Liste des 45 termes significativement plus fréquents dans les articles de SCL. 248 Figure 5.16. Les usages contrastés du lexique épistémique : l’effet du statut de l’auteur. .... 259

Figure 5.17. Les usages contrastés du lexique épistémique : l’effet du statut de l’auteur dans les articles de LET... 259

Figure 5.18. Les usages contrastés du lexique épistémique : l’effet du statut de l’auteur dans les articles de SCL... 260

Figure 6.1. Vue synoptique de l’analyse des styles et de la diversité interne du genre ... 273

Figure 6.2. Styles d’auteur et lexique... 276

Figure 6.3. Liste des termes transdisciplinaires discriminant le style de A15. ... 285

Figure 6.4. Scores d’homogénéité et de distinctivité des styles en fonction des jeux de variables entrant dans la classification. ... 289

Figure 6.5. Singularité et homogénéité des styles d’auteur... 290

Figure 6.6. Classification des textes des différents auteurs dans DTM, à partir des variables

TnT et du lexique transdisciplinaire... 291

(16)

Figure 6.7. Ellipses de confiance autour des 15 auteurs observés sur le premier plan factoriel

... 292

Figure 6.8. Ellipses de confiance autour des 15 auteurs observés et de la variante « autre » (tous auteurs du corpus « genre » confondus) sur le premier plan factoriel ... 293

Figure 6.9. Positionnement des variables sur les deux premiers axes factoriels – corpus « genre ». ... 295

Figure 6.10. Positionnement des variables sur les deux premiers axes factoriels – corpus « auteurs ». ... 297

Figure 7.1. Il et Il impersonnel dans les deux disciplines. ... 317

Figure 7.2. Les constructions les plus fréquentes du il impersonnel en contexte droit... 319

Figure 7.3. Les autres constructions fréquentes du il impersonnel en contexte droit. ... 319

Figure 7.4. L’auto-désignation de l’auteur dans son texte ... 325

Figure 7.5. Tendances à la restriction et à l’abondance des marques de personne : ... 326

les formes de je et de nous ... 326

Figure 7.6. Modes de désignation des points de vue attestés dans le champ (articles de SCL).

... 346

(17)
(18)

Introduction

L’étude que nous présentons ici trouve son point de départ dans un questionnement sur l’écriture de recherche. Elle poursuit un double objectif : caractériser les textes et contribuer à la construction d’un cadre pour l’analyse des pratiques d’écriture, fondé sur la notion de genre et, secondairement, sur son approche énonciative et polyphonique, avec la notion de figure de l’auteur. Nous nous centrons sur le genre de l’article de recherche en français, dans deux disciplines de sciences humaines, les sciences du langage et les lettres. Nous décrivons les régularités et la variabilité observables dans un corpus d’articles et proposons ce faisant des pistes pour l’analyse des genres, des textes, et des unités linguistiques. La description voudrait aussi, à terme, nourrir une réflexion sur la didactisation de ce genre.

Notre interrogation sur les pratiques d’écriture de recherche s’est articulée autour de la notion de genre, qui représente une voie particulièrement stimulante, tant dans ses fondements théoriques que dans les études empiriques qu’elle appelle. Elle trouve avec la linguistique de corpus un outil adapté pour une description des textes dans leurs régularités et dans leur diversité, et ouvre des pistes pour aborder la langue dans ses usages textuels, en lien avec les pratiques où les textes sont produits et interprétés.

Exploratoire et empirique, notre investigation du genre multiplie les traits linguistiques pris en compte ; elle exploite les possibilités offertes par l’informatique pour mettre au jour les caractéristiques du genre par une approche quantitative et statistique. Celle-ci permet l’étude de la variation, et notamment des styles en tant qu’usages singuliers que chaque auteur fait d’un genre. L’observation qualitative est cependant essentielle, pour analyser les textes dans leur matérialité, construire des observables et interpréter les traits décrits en référence à leur fonctionnalité.

Cette méthodologie « quanti-qualitative », qui fait sans doute l’originalité de notre étude du genre, nous conduit à traiter à la fois de grandes masses de données numériques, et d’exemples tirés du corpus, représentatifs ou plus singuliers. Menée à partir d’un corpus principal de 220 articles, elle répond à la nécessité de concilier une description globale du genre et une description fine de ses caractéristiques, tout en mettant l’accent sur la diversité des profils de textes.

Un second axe de réflexion est venu, avec le genre, guider notre recherche, et

concerne les approches énonciatives et leur intérêt pour l’analyse des textes. Sans prétendre

(19)

qu’il s’agisse de la seule entrée à privilégier, nous défendons l’idée que la problématique énonciative peut servir à décrire la dimension argumentative et rhétorique des genres. La question de la polyphonie linguistique, particulièrement travaillée et débattue à l’heure actuelle, nous a interpellée, pour mieux comprendre un enjeu des genres, déjà signalé par M.

Bakhtine et dans l’approche aristotélicienne de la notion : l’idée que le genre impose un ethos spécifique, une image de son scripteur, ou encore, dans les termes que nous avons retenus, une figure de l’auteur.

Nous cherchons à asseoir linguistiquement la notion, qui doit permettre d’étudier ensemble et au niveau du texte les « marques de soi et de l’autre » analysées comme telles par les approches énonciatives. D’un point de vue théorique, nous discutons l’approche polyphonique et les niveaux d’analyse pour concilier la prolifération des points de vue et la construction d’un point de vue d’auteur cohérent. D’un point de vue empirique, nous proposons des pistes pour une analyse énonciative et polyphonique du genre qui mobilise la syntaxe, la sémantique et la pragmatique, et qui ouvre des perspectives pour aborder depuis les textes leur rôle central dans la définition des communautés et des pratiques où ils sont en usage.

Notre étude se centre sur le genre particulier de l’article de recherche, en tant que genre central dans la construction, l’évaluation et la diffusion des savoirs scientifiques. S’il ne s’agit pas d’un genre didactique, il pose cependant la question de savoir comment aider les doctorants à en maîtriser les normes, pour favoriser leur entrée dans le champ.

La description du genre représente un atout, pour affiner voire refonder ses caractéristiques supposées, et développer une conscientisation des pratiques. La didactisation du genre représente un horizon plutôt qu’un objectif de ce travail, mais la description des textes peut en effet servir de préalable pour s’interroger sur un modèle de référence du genre ; dans cette perspective, il convient de tenir compte de la spécificité des pratiques des néophytes, pour éviter de fonder l’objet d’enseignement et d’apprentissage sur le seul modèle expert.

L’écrit de recherche fait l’objet de nombreux travaux, dans des champs diversement désignés : celui des discours professionnels ou des discours spécialisés, celui du discours académique, bien exploré dans une perspective didactique notamment, et abordé sous deux aspects en contexte français, l’écrit de recherche et l’écrit dans l’enseignement supérieur. La dénomination retenue, celle de l’article en tant qu’écrit de recherche, met l’accent sur le domaine d’activité, et sur l’importance que joue l’écrit dans la recherche, par sa fonction cognitive ou heuristique. Nous reprenons également les termes souvent usités de discours et de genres scientifiques, qui envisagent le texte au titre de production symbolique et culturelle, concerné en l’occurrence par la production de savoir.

Dans ce contexte, la littérature existante montre que le français manque de descriptions qui portent sur les genres, sur des disciplines variées, et sur celles qui sont sociologiquement minorées, et qui n’ont pas à affronter au même degré la domination de l’anglais dans la communication scientifique. Le choix de l’article de recherche en sciences humaines place la réflexivité au cœur de la présente étude ; il s’explique prioritairement par l’importance de connaitre un tant soit peu les domaines considérés pour pallier les difficultés d’analyse rencontrées dans le cas inverse. Il a en outre ceci d’intéressant que les disciplines qui ont affaire à des signes et du texte dans leurs objets posent de manière centrale le problème de la polyphonie dans l’écrit de recherche.

L’idée qu’on n’écrit pas la science de la même manière selon les disciplines est

désormais bien établie. La comparaison disciplinaire représente une entrée importante en

didactique, et fait écho aux travaux anglo-saxons sur l’English For Specific Purposes, où elle

vise la mise au jour d’identités culturelles, avec les identités nationales et linguistiques. Elle

(20)

concerne généralement des disciplines éloignées, et notre approche de l’article en sciences du langage et en lettres se révèle à ce titre singulière. Si elle pose des difficultés méthodologiques, elle est à comprendre comme une heuristique : la comparaison disciplinaire vise à mettre en relief les caractéristiques des textes, et sert de point de départ à l’analyse de leur diversité, entre les disciplines et au sein de chacun des deux champs considérés. Elle rejoint en cela deux autres aspects de notre étude qui donnent prise sur la variabilité du genre, l’étude de la spécificité des textes des doctorants, et celle des styles d’auteurs dans l’article.

****

Les trois premiers chapitres s’intéressent à la construction de l’objet de recherche. La notion de genre fait l’objet de notre premier chapitre, qui propose d’analyser en quoi elle représente une entrée privilégiée en linguistique. A partir des écrits de M. Bakhtine, et en référence aux travaux plus récents sur les discours et les textes, nous partons de l’idée d’une interdépendance entre les textes et les pratiques sociales où ils sont produits et interprétés.

Nous envisageons alors les genres du côté de la production verbale, pour analyser, avec la notion de dialogisme, en quoi ils conditionnent et régulent nos pratiques langagières. Les approches empiriques des genres et de l’article en particulier permettent au final de spécifier comment aborder le genre dans notre étude.

Dans les analyses programmatiques ou empiriques des genres et/ou des écrits de recherche, l’importance de notions comme l’ethos, le rôle, l’image du scripteur sert de point de départ au chapitre 2. Celui-ci introduit la notion de figure de l’auteur, en tant que figure du genre, et cherche à en définir les fondements en questionnant les approches énonciatives en linguistique. Les études sur la polyphonie linguistique retiennent notre attention, avec pour but de voir en quoi elles peuvent servir une analyse des textes et de la construction d’un point de vue d’auteur. Les questions qu’elles soulèvent fondent un programme vaste de recherche, dont la présente étude représente une première exploration.

Le chapitre 3 présente la problématique et la méthodologie de la recherche. L’étude du genre appelle une linguistique de corpus et une analyse à la fois quantitative et qualitative, et partiellement automatisée. Nous traitons des critères de sélection des textes, du contrôle de leur diversité, et des variables « discipline » et « statut de l’auteur ». La variable « style » qui intéresse également notre propos demande un protocole spécifique, détaillé pour cette raison dans le chapitre qui lui est consacré (chapitre 6.). Nous explicitons les ressorts de l’analyse dans ses différentes modalités et les choix des représentations graphiques, et terminons par la liste des traits retenus pour l’analyse des textes, à laquelle sont dédiés les quatre chapitres suivants.

Le chapitre 4 part du constat que tout texte est fait de plusieurs textes et de plusieurs systèmes sémiotiques, et propose une macro-analyse du genre de l’article en traitant de ses caractéristiques structurelles (le volume, l’exploitation du péritexte, les plans de texte, les formalismes, les exemples et les citations). Il intéresse particulièrement la comparaison disciplinaire et la mise au jour de la diversité des modèles de textes, interprétés en termes de rapport au lecteur et à l’objet.

Le chapitre 5 fournit des éléments de caractérisation linguistique du genre en

s’appuyant sur les résultats de l’analyse automatique de variables morpho-syntaxiques et

lexicales. En regard des caractéristiques supposées du texte scientifique, il décrit la structure

générale de la phrase, les temps verbaux, les marques de personne et de non-personne, se

centre alors sur les ponctuations, notamment celles à valeur énonciative, et s’intéresse enfin

(21)

au lexique transdisciplinaire, spécifique à l’activité de recherche mais diversement mobilisé dans les deux champs considérés.

La description du genre dans ses régularités et sa variabilité linguistiques se prolonge au chapitre 6, qui s’intéresse aux styles, ou usages singuliers que chaque auteur fait de l’article de recherche. L’étude, menée en collaboration avec C. Poudat, requiert un corpus et une méthodologie spécifiques, et ne porte que sur l’article de sciences du langage. La caractérisation du style de 15 auteurs nous permet de décrire de quoi sont faits les styles et d’évaluer leurs degrés de distinctivité par rapport aux normes du genre. La variation stylistique du genre sert à discuter la diversité interne de ce dernier, et la question de sa stabilité.

Le chapitre 7 restreint le nombre de textes pris en compte et consiste essentiellement en des analyses qualitatives. Il cherche à cerner la subjectivité et la polyphonie caractéristiques du genre, et prend comme point de départ des marques traditionnellement décrites en linguistique de l’énonciation (pronoms je et nous, tours impersonnels, subjectivèmes, points de vue autres, etc.) ; il propose par ailleurs de les mettre en relation dans l’analyse de profils de textes, et d’entrées originales (la représentation de la circulation des discours, la légitimation de la recherche présentée), et fournit ainsi des pistes pour une analyse rhétorique fondée sur les aspects énonciatifs du genre.

En guise de bilan, nous résumons brièvement les apports de l’étude, notamment sur les

identités disciplinaires observées dans les textes, en termes de figure de l’auteur, et revenons

sur les difficultés posées par la spécificité des articles de doctorants dans la perspective d’une

didactisation du genre.

(22)

Chapitre 1.

Aborder les pratiques d’écriture sous l’angle de la problématique des genres

Dans la science, au même titre que dans les autres domaines de l’activité humaine, les échanges langagiers s’inscrivent dans des genres. Héritée de la rhétorique antique, la notion perdure et se révèle aujourd’hui centrale en linguistique, où elle est convoquée depuis les années 1970 en référence notamment aux travaux de M. Bakhtine. La linguistique textuelle et la sémantique interprétative, l’analyse du discours et la rhétorique, la classification automatique de textes en traitement automatique des langues, et la didactique des langues et de l’écrit en particulier sont autant de champs qui revendiquent l’intérêt de la notion.

S’il ne s’agit pas de rendre compte de l’ensemble des approches qui ont traité des genres, il importe d’en définir les fondements, notamment la question de leur assise textuelle et celle de l’interdépendance entre les textes et les pratiques où ils sont produits et interprétés.

L’analyse de la notion de genre du côté de la production verbale et de sa dimension dialogique permet de comprendre en quoi les genres conditionnent nos pratiques discursives, et de montrer leur intérêt pour l’analyse des textes dans leurs régularités et dans leur diversité, en tant qu’objets sociaux, constitutifs des communautés discursives et de l’action et l’activité humaines.

La problématique des genres telle que nous en explorons ici les fondements s’appuie sur les écrits jugés fondateurs de M. Bakhtine, et les confronte à d’autres approches plus actuelles pour avancer vers une définition opératoire des genres et déterminer comment analyser empiriquement un genre, et le genre de l’article en particulier.

Nous commencerons par une mise au point terminologique, qui pose les jalons de l’objectif poursuivi ici, celui d’une étude des pratiques discursives sous l’angle de la problématique des genres de textes.

1.1. Mise au point terminologique : genre, texte et discours

Un premier constat s’impose : les définitions de la notion de genre sont variées, ce qui reflète la diversité des approches qui convoquent cette notion, et la diversité de leurs fondements théoriques.

La dénomination de la notion n’est pas homogène. Ainsi coexistent les termes de

« genres de discours » – depuis la tradition aristotélicienne des genera dicendi – et de

« genres de textes ». J.M. Adam (1999) oppose genres et types de textes, quand J.P. Bronckart

(23)

(1996) oppose genres de textes et types de discours, alors que D. Maingueneau (1998, par exemple) traite quant à lui de types de textes et de genres de discours. Il ne s’agit pas de détailler ici les positionnements théoriques sous-tendant les dénominations proposées par chacun des auteurs cités. La diffusion des travaux de M. Bakhtine n’est pas exempte de ce problème : on rencontre dans son œuvre et celle de son cercle un certain nombre de fluctuations terminologiques, que l’on peut imputer à l’évolution interne des travaux du cercle mais aussi sans doute à des problèmes de traduction. Ainsi, dans les différentes traductions, quoique le syntagme « genre de discours » l’emporte, le choix entre « genres du discours » et

« genres de texte » n’est pas tout à fait stabilisé.

1.1.1. Texte et discours

Cependant, loin de ne concerner que la question du genre, l’utilisation conjointe voire concurrente des deux termes constitue un fait ordinaire en linguistique. Cela oblige donc à en expliquer les ressorts afin de situer nos propres options terminologiques et conceptuelles.

Avant d’examiner le rapport entre texte et discours, il convient de souligner que l’importance du terme de discours depuis une trentaine d’années témoigne de ce qui est qualifié de « tournant » pris par la linguistique (François, 1980) ; ce tournant, marqué par le déclin des approches structuralistes et par l’influence des conceptions pragmatiques du langage, s’affirme sous la forme d’une première dichotomie, celle qui oppose langue et discours. Le discours est ainsi conçu comme une nouvelle dimension d’analyse, qui ne va pas sans rappeler le projet d’une linguistique de la parole défendu par F. de Saussure

1

: l’enjeu consiste à dépasser le cadre circonscrit par les approches structuralistes, centrées sur l’objet

« langue », pour envisager la question de l’utilisation de la langue ; cette dernière fait l’objet d’approches très diverses, mais se présente comme le point commun d’une orientation pragmatique, intéressée par les interactions entre individus, d’une orientation énonciative, centrée sur l’actualisation de la langue en discours, et d’une orientation sociolinguistique et ethnographique, qui envisage les communautés de locuteurs dans leur dimension linguistique.

Parallèlement, une autre tendance se profile en linguistique ; en prenant pour objet d’étude la langue, les approches structuralistes ne se sont guère aventurées au-delà du cadre phrastique. Or, c’est justement dans la volonté de sortir de ce cadre que la Textlinguistik

2

, qui apparait vers la fin des années 1960 dans le domaine germanique et anglo-saxon, trouve ses fondements. La question des unités transphrastiques, qui définit ces approches nommées

« grammaire de texte », puis « linguistique textuelle », s’associe à celle de la double structuration du texte par la langue et sa mise en discours.

Ces préoccupations concernent également l’analyse du discours, courant contemporain aux approches textuelles, mais qui, fortement influencé pour sa part par la sociologie, procède de manière diamétralement opposée en s’intéressant prioritairement aux conditions de production et d’interprétation du discours (Guespin, 1971 : 10) ; ce dernier est abordé en tant que dispositif communicatif relevant de ce qui est alors traité en termes de « formation discursive » (Foucault, 1969a, Haroche, Henry et Pêcheux, 1971). Explicitement althussérien au départ, le courant se donne pour objet l’analyse de ces formations discursives en tant qu’elles sont déterminées par des formations sociales idéologiques. L’analyse a donc pour but

1

C’est ce que montrent ses Ecrits de linguistique générale (2001), a contrario, comme le soulignent ses éditeurs S. Bouquet et R. Engler, de la réinterprétation de la pensée saussurienne fournie dans le Cours de Linguistique générale (1995, 1

ère

édition 1916).

2

Cf. par exemple les écrits de E. Coseriu (notamment 1981).

(24)

de rechercher dans les textes les traces d’une idéologie, et les interprète comme une prise de position sociale et politique

3

.

Avec ces deux courants se pose alors la question de l’opposition entre « texte » et

« discours ». Pour préciser ce que sous-tend cette distinction terminologique, il convient, à l’instar d’un certain nombre de théoriciens en linguistique textuelle et en analyse du discours, de renoncer d’abord à une définition établie à partir de l’idée que la textualité renvoie à l’écrit ; dans cette optique, le choix du terme discours serait préféré pour rendre compte des pratiques de communication orales. Mais la textualité ne saurait être assimilée à la scripturalité : la question de l’organisation textuelle se pose aussi bien lorsqu’elle est produite dans l’ordre de l’oral que dans celui du scriptural.

Les chercheurs évoqués plus haut, J.M. Adam, J.P. Bronckart, et D. Maingueneau, abstraction faite des différences dans l’appareil terminologique et conceptuel qu’ils proposent, définissent le texte et le discours en accord avec la distinction fondatrice proposée par D.

Slatka (1975) : celui-ci conceptualise le texte par opposition au discours comme objet formel abstrait de ses conditions de production et d’interprétation ; pour le dire autrement, le discours est conçu comme l’inclusion d’un texte dans son contexte

4

, c’est-à-dire dans ses conditions de production ou d’interprétation (Adam, 1999 : 39).

Le texte et le discours correspondent ainsi à deux perspectives différentes (Bronckart, 1996), ou encore à « deux modes d’appréhension des unités transphrastiques » (Maingueneau, 2001 : 186), donc à deux types d’approches d’un objet commun. Une approche de type interne et formel, de laquelle se réclame la linguistique textuelle de J.M. Adam (1999) notamment, fait du texte ainsi défini son objet théorique propre, tandis qu’une approche de type externe, attentive au cadre de l’énonciation, envisage le texte en lien avec la pratique sociale dont il est à la fois un produit et un des éléments structurants. On retrouve dans ces deux approches les deux manières de rendre intelligible la question du sens, que F. Rastier propose de désigner respectivement sous les termes de tradition logico-grammaticale et de tradition rhétorico-herméneutique (1987, 2001).

Finalement, c’est l’enjeu de la délimitation de la linguistique par rapport à ses

« extérieurs », encore désignés en tant que ses « ailleurs » qui se perpétue dans le choix de l’un ou l’autre de ces paradigmes, l’approche textuelle et l’approche discursive. Or, dans la perspective du présent travail, il est important de soutenir le caractère complémentaire de ces deux approches. Ce dont il va être question au cours de cette partie, c’est que l’intérêt de la notion de genre, telle que la définit notamment M. Bakhtine, tient précisément au fait qu’elle permet d’explorer cette complémentarité. En d’autres termes, comme le souligne J.M. Adam (1999 : 83), « le genre relie ce que l’analyse textuelle parvient à décrire linguistiquement à ce que l’analyse des pratiques discursives a pour but d’appréhender socio-discursivement ».

Par ailleurs, le genre représente aussi, comme nous le verrons, ce niveau d’analyse où concilier les deux termes de la première dichotomie évoquée, la langue et son utilisation individuelle ; nous reviendrons sur ces aspects, qui sont autant de raisons pour lesquelles la notion de genre constitue selon nous une entrée privilégiée pour aborder les pratiques discursives, et plus particulièrement les pratiques d’écriture de l’article de recherche en sciences humaines.

3

Cf. D. Maingueneau, 1997.

4

L’opération de soustraction qui permet de passer du discours au texte, et, conjointement, la définition du

discours comme inclusion du texte dans le contexte est tout à fait révélatrice quant à la conception ancillaire du

contexte dans le modèle-code du sens, comme l’a bien montré G. Kleiber : dans cette optique, la phrase

trouverait la complétude de son sens une fois « trempée » dans le contexte (1994 : 14).

(25)

1.1.2. Options terminologiques et conceptuelles

Avant tout, il reste, au terme de ce parcours définitoire des notions de texte et de discours, à préciser les acceptions retenues ici. Le terme de texte sera entendu dans la continuité des points de vue de F. Rastier (1996 : 19) et de J.P. Bronckart (1996 : 71), qui en dépit de leurs divergences, ont ceci en commun de considérer le texte comme un objet empirique, qui consiste en une suite linguistique attestée, et constitue le produit d’une pratique sociale.

Notre étude comportera une part importante d’analyse textuelle ; mais il s’agit, plus exactement, d’une étude de pratiques scripturales, que nous concevons en tant que pratiques discursives ; nous utiliserons ce syntagme ou celui de pratiques langagières pour désigner les pratiques de production et d’interprétation des textes. Ces pratiques ne se réduisent pas à ce qui est observable au niveau textuel, et sur ce point nous rejoignons donc la position de D.

Slatka. Mais à la « formule d’inclusion du texte dans le champ plus vaste des pratiques discursives » (Adam, 1999 : 39), nous privilégions une problématique de leur articulation, en nous centrant sur la seule production verbale pour l’aborder par rapport aux textes en termes de processus et de produit. La production verbale – autrement dit le versant génétique des pratiques langagières qui intéresse plus particulièrement notre étude des pratiques d’écriture de l’article – ne relève pas en elle-même de la linguistique : elle est abordée par le linguiste du point de vue des textes produits. C’est avec la notion de genre que nous verrons comment relier les usages linguistiques tels qu’ils se manifestent au niveau des textes avec leur contexte social, avec leurs conditions de production, et avec l’interlocution et l’interdiscursivité qui définissent la production de tout texte.

Nous emploierons donc le terme de discours au sens de pratiques langagières verbales, conçues comme des pratiques sociales ; chaque groupe de pratique sociale correspondant à un discours, nous parlerons de discours scientifique comme d’un type de discours, au même titre que le discours juridique ou littéraire. La terminologie ainsi établie est en adéquation avec les propositions de F. Rastier (2001). Enfin, pour situer en première approche la notion de genre dans ce cadre, nous dirons avec F. Rastier que chaque type de discours recouvre un ensemble de genres, que chaque texte relève d’un genre, et que le genre est ce qui rattache un texte à un discours.

5

Reste à traiter du point sur lequel nous avons introduit la discussion de ces problèmes terminologiques, la dénomination de la notion de genre : genre de texte ou genre de discours ? Précisément parce qu’un genre fonctionne comme instance de médiation entre le texte et le discours, il nous paraît quelque peu présomptueux de vouloir donner une solution définitive à ce débat terminologique. Cependant, parler de genres de discours ne va pas sans risques d’ambiguïté avec ce que nous avons défini en tant que types de discours. Nous préfèrerons donc genres de textes, en insistant sur l’idée que le genre est le lieu où interroger les conditions sociales de production et d’interprétation des textes, comme nous allons le voir maintenant.

Notre examen de la notion de genre commencera par la mise en évidence de son intérêt pour l’approche des usages linguistiques dans leur lien avec les fonctionnements sociaux. C’est alors en situant la définition des genres du point de vue de l’acte d’énonciation que nous pourrons nous interroger sur la caractérisation du genre, et du genre de l’article de recherche en particulier.

5

A ces niveaux hiérarchiques supérieurs au texte, F. Rastier ajoute un niveau intermédiaire entre le genre et le

discours : la médiation des « champs génériques », ou « groupe de genres qui contrastent voire rivalisent dans un

champ pratique : par exemple, au sein du discours littéraire, à l’époque classique, le champ générique du théâtre

se divisait en comédie et tragédie » (2001).

(26)

1.2. L’interdépendance entre usages linguistiques et fonctionnements sociaux : les genres comme entités socio-historiques et formelles

1.2.1. Pratiques discursives et formations sociales

Si, à la suite de E. Benveniste, on définit l’énonciation comme « la mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation » (1970), l’utilisation de la langue s’effectue comme le souligne M. Bakhtine

6

à l’intérieur de domaines d’activité. En désignant ces domaines d’activité sous les termes de « sphères d’usage du langage », M. Bakhtine cherche à mettre l’accent sur les relations d’interdépendance entre le domaine des activités humaines et celui des productions langagières : les domaines de l’activité humaine se rattachent toujours selon lui à l’utilisation du langage, laquelle ne peut être conçue indépendamment de ce cadre.

On retrouve ce parti pris dans les travaux de J.P. Bronckart (1985, 1996). Celui-ci s’inscrit dans le cadre de la psychologie de l’interactionnisme social, dont le projet est de saisir les actions humaines (en tant qu’unités psychologiques) dans leurs dimensions sociale et discursive constitutives. Pour J.P. Bronckart, l’activité humaine s’organise dans différentes formations sociales, qu’il définit en tant que groupes historiquement constitués dans des conditions variables. A ce niveau sociologique vient s’articuler la question du rôle du langage : J.P. Bronckart montre que dans l’espèce humaine, la coopération des individus dans l’activité est régulée et médiatisée par leurs interactions verbales » (1996, 1

ère

partie). Le processus de sémiotisation à l’œuvre dans les formations sociales conduit alors J.P. Bronckart à parler de « formations socio-langagières », cette dénomination permettant nous semble-t-il d’insister sur le versant processuel de ce que M. Bakhtine (1977) appelle les sphères d’usage du langage.

C’est cette même idée qui se manifeste dans la notion de « discourse communities » ou communautés discursives, utilisée en particulier par J. Swales (1990) pour rendre compte de la constitution, via les pratiques communicatives, de communautés d’usages qui déterminent des communautés de locuteurs. Par rapport à l’analyse du discours évoquée supra, la perspective est renversée : l’idée est que les pratiques professionnelles, les communautés sociales et les institutions se construisent dans le langage (Branca-Rosoff, 1999 : 119).

Pour ces différents auteurs, et c’est aussi l’idée que nous défendons dans notre étude, l’enjeu consiste à affirmer que l’ordre social et l’ordre langagier sont mutuellement constitutifs, le langage se construisant dans et par des relations sociales, le social se construisant sous l’effet des interactions entre individus médiatisées par le langage.

C’est dans ce cadre, où s’affirme l’interdépendance entre l’activité humaine et la mise en fonctionnement de la langue que M. Bakhtine convoque la notion de genre ; elle permet de rendre compte du fait qu’en dépit du caractère historiquement singulier et non reproductible de l’(acte d’)énonciation, l’énoncé ne serait pas infiniment variable :

« L’utilisation d’une langue s’effectue sous la forme d’énoncés concrets, uniques (oraux ou écrits) qui émanent des représentants de tel ou tel domaine de l’activité humaine. L’énoncé reflète les conditions spécifiques et les finalités de chacun de ces domaines [...] « tout énoncé pris isolément est, bien entendu, individuel, mais chaque sphère d’utilisation du langage élabore ses types relativement stables d’énoncés, et c’est ce que nous appellerons les genres du discours ». (1977 : 127)

6

Lorsque nous évoquons M. Bakhtine, nous nous référons principalement aux écrits suivants :

Bakhtine/Volochinov, 1977, Bakhtine, 1984 et Todorov, 1981. Ce sont les travaux du Cercle de Bakhtine qui

sont visés, mais nous les désignons pour des raisons de commodité comme le fait de M. Bakhtine.

(27)

En conformité avec les écrits de M. Bakhtine, J.P. Bronckart propose de définir les genres comme des « formes communicatives historiquement construites par diverses formations sociales en fonction de leurs intérêts et objectifs propres » (1996 : 46).

1.2.2. Le genre comme notion « bi-face »

En premier lieu, nous pouvons donc définir le genre, dans la continuité de ces points de vue, en tant qu’entité socio-historique et formelle ; il semble effectivement admis aujourd’hui que le genre, « notion bi-face » (Branca-Rosoff, 1999 : 116), se situe à l’intersection de propriétés sociales, ou plus précisément socio-historiques, et de propriétés formelles : élaborés par une formation sociale et réglés par ses intérêts et enjeux spécifiques, les énoncés présentent des caractéristiques stables, des proximités, reflétant leur fonction communicative et leurs conditions spécifiques de production. Dans cette optique, tout texte, toujours singulier, relève d’un genre, correspondant à un type d’interaction dans un domaine d’activité.

Le genre apparaît donc comme un lieu d’observation privilégié de l’articulation entre

« la détermination externe de la parole par ses conditions de production, et l’organisation interne des discours produits dans ces conditions différentes » (Doline, 1999 : 28). Encore faut-il, pour faire du genre un objet observable, s’interroger sur les modalités de cette articulation. Cela suppose, d’abord, de définir plus en avant les aspects socio-historiques et formels du genre.

On ne saurait, en effet, se contenter d’une approche des conditions socio-historiques des pratiques discursives en termes de « types de situations données », de « situations de communications types » ou « récurrentes » ; quant aux caractéristiques relativement stables sur le plan textuel, les qualifier d’affinités ou, à l’instar de L. Wittgenstein (1961), d’ « air de famille », n’est pas davantage satisfaisant et mérite de plus amples explications.

Les apports de Bakhtine à cet égard restent nous semble-t-il assez programmatiques.

Associés à d’autres études actuelles de la notion de genre, ils permettent toutefois de formuler dès à présent deux séries de remarques, correspondant aux deux faces du genre.

Le genre dans sa dimension textuelle

En ce qui concerne d’abord les conventions génériques en tant que conventions textuelles, M.

Bakhtine montre que les codifications génériques opèrent au niveau thématique, stylistique et compositionnel. Ces trois dimensions mises en évidence par M. Bakhtine ne vont pas sans évoquer la tripartition rhétorique de l’inventio, la dispositio et l’elocutio (Aristote, 1991). Ce qu’il paraît d’abord important de retenir, c’est que l’ensemble des niveaux de textualité répondrait à des normes du genre, et que, selon ce principe de détermination du local par le global, les composantes textuelles se font écho en regard du tout.

D’autre part, M. Bakhtine ne sépare pas la forme du contenu : sémantiquement, il définit le genre comme un modèle du monde que propose le texte. C’est aussi ce que dit M.

Foucault (1969a) des formations discursives : générant des modalités particulières de mise en fonctionnement de la langue, elles façonnent ce faisant les connaissances des membres d’une même formation sociale ; en d’autres termes, les genres déterminent donc un « mode de penser-vivre au sein d’une communauté » – le terme de communauté étant entendu par l’auteur au sens de « communauté discursive » (C. Donahue, 2002).

F. Rastier (2001) développe cette idée en soulignant que c’est par les genres que

s’opère la médiation sémiotique, celle qui articule le physique et le représentationnel ; à

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