HAL Id: hal-00883303
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Submitted on 1 Jan 1999
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Communautés de sous-bois des peupleraies artificielles : relation entre phytomasse, richesse spécifque et
perturbations
Marc Laquerbe
To cite this version:
Marc Laquerbe. Communautés de sous-bois des peupleraies artificielles : relation entre phytomasse,
richesse spécifque et perturbations. Annals of Forest Science, Springer Nature (since 2011)/EDP
Science (until 2010), 1999, 56 (7), pp.607-614. �hal-00883303�
Article original
Communautés de sous-bois des peupleraies artificielles : relation entre phytomasse, richesse spécifque
et perturbations
Marc Laquerbe
Centre
d’écologie
dessystèmes aquatiques
continentaux, Cnrs (UMR C 5576) 29, rue JeanneMarvig,
BP 4349, 31055 Toulouse cedex, France
(Reçu
le 23 octobre 1998 ;accepté
le 25 mars 1999)Abstract -
Understory plant
communities of cultivatedpolar
groves:relationship
betweenphytomass, species
richness and disturbance.Understory plant
communities of cultivatedpoplar
groves are submitted to strong disturbancesessentially
due tomechanical
upkeep. Upkeep
consists of"disking",
i.e.weeding by
a metallic disk whichtotally destroys
and buriesvegetation.
Thisupkeep
differs amongpoplar
groves: theintensity
decreases with tree age and ittotally disappears during
the yearspreceding
clear-ing.
With canopy closure, these differences lead to a modification inspecies
communities. The fourpoplar
groves chosen for thisstudy
showed differentupkeep
levels.Phytomass
andspecies
richness were studiedby sampling vegetation
at its stage of maximalgrowth, just
beforeupkeep periods.
As theintensity
ofupkeep
treatment decreases with time, communities exhibited different suc-cessional stages, from annual
pioneer,
meadowperennial
and woodlandligneous species.
The results show thatspecies
richnessincreases with
upkeep intensity,
whereasphytomass
values decrease. Most of thesephytomasses
were between 250 and 1 000 g m-2 with a maximum at 2 000 g m-2in the oldest and less maintainedpoplar
groves. For strong disturbance levels,species
richness washigh
and reached a maximum for moderatephytomasses.
However, thesteady
stateexisting
in abandonedpoplar
groves exhibited strongphytomass
accumulation near trees. On the one hand,community species
enrichmentmainly depended
on disturbance levels inducedby upkeep.
On the other hand, the flora enrichment was due to maturation ofplantation.
We can observe an increase ofspecies,
characteristic of a more stable site. Thisphenomenon
existsonly
in the oldestplantations.
© 1999Éditions scientifiques
etmédicales Elsevier SAS.
species
richness /phytomass
/diversity
/vegetal community
/ disturbance / artificialpoplar
groveRésumé - Les communautés de sous-bois des
peupleraies
artificielles sont soumises à desperturbations importantes
liées à des entre-tiens
mécaniques.
Ces derniers diffèrent selon lespeupleraies :
ils diminuent avecl’âge
des arbres pour totalementdisparaître
dansles dernières années avant
l’abattage
de laplantation.
Cechangement
entraîne, en liaison avec la fermeture du couvert, une modifica- tion de la couverturevégétale
herbacée etligneuse
du sous-bois. Laphytomasse
et la richessespécifique
sont étudiées par récolte de lavégétation,
à son maximum dedéveloppement,
avant lespériodes
d’entretien.En relation avec la diminution de l’entretien on peut observer
l’apparition progressive d’espèces
annuellespionnières, puis
deprai-
riales
pérennes
et enfind’espèces sylvatiques,
dans lamajorité
des casligneuses.
Les valeurs dephytomasses
sontcomprises
entre250 et 1 000 g m-2 avec un maximum de 2 000 g dans -2m les
peupleraies
lesplus âgées
et les moins entretenues. Dans le cas de fortesperturbations,
la richessespécifique
est élevée et atteint un maximum pour des valeurs modérées dephytomasse.
Dans les peu-pleraies
abandonnées on observe une forte accumulation dephytomasse près
des arbres.L’augmentation
du nombred’espèces dépend principalement
des niveaux deperturbation
causés par l’entretien.Cependant
les résultats obtenus laissent supposer que l’enrichissement de la flore par maturation permetl’apparition d’espèces
de milieuxplus
stables, à durée de vieplus
élevée. Cephé-
nomène ne s’observe que dans les
plantations
lesplus âgées.
© 1999Éditions scientifiques
et médicales Elsevier SAS.richesse
spécifique
/phytomasse
/ diversité / communautévégétale
/perturbation
/peupleraie
artificielle*
Correspondence
andreprints
laquerbe
@ cesac.cemes.fr1.
Introduction
De nombreux mécanismes et modèles ont été propo- sés pour
expliquer
le nombred’espèces qui
peuvent coexister dans unécosystème.
De faiblesperturbations [1],
des taux de nutriments élevés[2]
ou la stabilité del’écosystème [3] peuvent
contribuer àl’augmenter.
Bien que l’on admette une relation entre la
productivi-
té
(la phytomasse,
la biomasse ou laproduction)
et ladiversité
(ou
la richessespécifique) [4, 5],
on ne peut réellementl’expliquer.
Le maximum de richessespéci- fique correspond généralement
à des taux intermédiaires de biomasse[6, 7].
Leshypothèses
avancéesjusqu’à pré-
sent restent
théoriques
et contradictoires[8].
Les résul-tats ayant trait à cette mise en relation sont différents sui- vant les auteurs : si la
majorité
d’entre euxindiquent
unerelation unimodale entre les deux facteurs
considérés, quelques
unsévoquent
une relation linéaire[9].
Le cas étudié ici est celui de
peupleraies plantées.
Elles sont
fréquentes
en moyenne vallée de la Garonne[10],
et se situentprincipalement
dans laplaine
alluviale.Bénéficiant d’une bonne humidité du sol ainsi que de fortes concentrations en nutriments
[11],
le sous-bois est envahi par unevégétation
luxuriante. Mais lepeuplier, exploité
pour lebois,
est très sensible à la concurrencevégétale [12].
Des entretiensmécaniques
sont donc réali-sés pour maîtriser le
développement
de lavégétation spontanée.
Même si les
peupleraies
n’ont pas pour but de favori-ser la diversité des
espèces végétales
herbacées mais deproduire
du bois[13],
le maintien de la diversitéspéci- fique
est récemmentpris
encompte
dans lesaménage-
ments forestiers
[14, 15].
L’objectif
de ce travail est depréciser
le rôle etl’impact
de ce type deperturbation
sur les communautés de sous-bois et de rechercher les relationspouvant
exis-ter entre la richesse
spécifique
et laphytomasse.
Cettemise en relation
prendra compte
des modalités d’entre- tien et des conditions environnementalesqui
différen-cient les
peupleraies
étudiées.2. Matériels
etméthodes
2.1. Site d’étude
Les
peupleraies
étudiées se situent dans laplaine
allu-viale de la moyenne vallée de la
Garonne,
à une quaran- taine de kilomètres au nord deToulouse, près
deVerdun-sur-Garonne
(Tarn
etGaronne, France).
Situéesen continuité les unes des autres, ces
peupleraies
sontplantées
sur des substrats de texturelimono-argileuse
ensurface et
sablo-limono-argileuse
au-dessous de soixante centimètres. LepH
varie de 7.4 à 8.5.Près du
fleuve,
lavégétation
naturelle estreprésentée
par une
saulaie-peupleraie
à Salix alba etPopulus nigra
et, au sein des terres, à une frênaie-ormaie(Fraxinus angustifolia subsp.
oxycarpa, Ulmusminor).
Les ter-rasses sont
peuplées
de chênaies(Quercus pubescens
etQuercus robur).
2.2. Caractères des
peupleraies
Le travail porte sur quatre
peupleraies,
nommées res-pectivement P1, P2,
P3 et P4. Elles décrivent l’évolutionthéorique
depeupleraies plantées :
d’unejeune exploita- tion,
très entretenuequi présente
un couvert forestier très ouvert, à desplantations plus âgées,
dont le couvert seferme peu à peu. Ces dernières
perçoivent
un entretiende
plus
enplus
réduit voir absent les dernières années avantl’abattage.
En
plaine alluviale,
c’est ledisquage qui
est leplus
couramment
employé.
Grâce à une charrue àdisques,
ily a destruction totale et enfouissement sur
place
de lavégétation
du sous-bois.La
peupleraie
P1 estâgée
de 4 ans. Sondisquage
estcroisé : les
disques
passent entre lesarbres,
dans deux directionsperpendiculaires.
Lapeupleraie P2, plus âgée (13-15 ans), présente
un couvert forestierplus
dense.L’entretien est limité à deux passages par an. P3 et P4 ne
sont pas soumises à des interventions
depuis
quatre ans, mais P4 estbeaucoup plus âgée (35 ans)
que P3(18 ans).
La
majorité
despeupleraies
estplantée
en 145-51,
saufP4 en Robusta. Ce dernier est un clone
ancien,
àlong cycle
decroissance,
cequi explique l’âge
de lapeuple-
raie.
2.3.
Échantillonnage
En relation avec le passage du
disque
d’entretien etl’emplacement
desarbres,
nous avons défini trois locali- sations deprélèvement.
Dans lespeupleraies étudiées,
nous entendons par localisation la
position
relative dechaque
observation.Appelées L1,
L2 etL3,
elles sontrespectivement
situées : autour d’unpeuplier,
entre deuxpeupliers
et au centre de quatre arbres. Leuremplace-
ment au sein de la
peupleraie correspond
à différentes intensités deperturbation (figure 1).
La
végétation
estprélevée
dans chacune des localisa- tionsL1,
L2 et L3. Chacune d’elles est étudiée à l’aide de troisrépétitions. Chaque répétition correspond
à un qua-drat d’1
m 2
de surface(1
x1m).
Leuremplacement
estdéfini par un traitement
informatique
utilisant unsystème
de
tirage
au hasard(Méthode Monte-Carlo).
Letirage
aété réalisé à
partir
d’unegrille indiquant
les différentes localisationspossibles
au sein dechaque peupleraie,
Cette
opération
a été effectuée enmai-juin 1995,
aumaximum de
développement
de lavégétation,
avant lespremiers
entretiens. Leprélèvement
de lavégétation
estopéré
par coupe manuelle au niveau du collet. Achaque prélèvement,
nous mesurons la richesse et lacomposition spécifique,
par comptage et détermination desespèces présentes.
Lesplantes vasculaires,
nommées selon[16],
et les
bryophytes,
selon[17],
sontprises
en compte. Par lasuite,
lesespèces
collectées sontplacées
dans une étuve à105 °C et séchées
jusqu’à poids
constant.Après
pesage,nous déterminons la
phytomasse,
regroupant biomasse et nécromasse(sur pied
etdétachée).
Sur chacun des
quadrats récoltés,
nous avons établiune classification selon le
cycle
de vie desespèces (annuelles,
bisannuelles etvivaces).
Nous avonscompta-
bilisé les mousses, lesespèces ligneuses
et nonligneuses.
Nous avonssignalé
lapart
desespèces qui développent
unsystème
traçant(rhizomes
oustolons).
A l’aide des résultats
obtenus,
nous calculons la diver- sité(H)
à l’aide de l’indice de Shannon Wiener[18] : -
Σp
i log 2 p i ,
avec, i p
rapport entre lepoids
del’espèce
i etle
poids
total durelevé ;
ainsi quel’équitabilité (J)
selon[19] :
J =H/Log 2 (n),
aveclog 2 (n)
diversité maximale pour un nombre nd’espèces.
2.4.
Analyses statistiques
Afin de déterminer les différences observées dans les
caractéristiques
des communautésvégétales
despoints
d’observation
(localisations)
d’une mêmepeupleraie,
nous avons utilisé un test de
Tukey [20].
Les données obtenues ont subi une transformationlogarithmique
afinde les normaliser. Les
analyses
ont été réalisées avecSystat [21].
3.
Résultats
3.1.
Caractéristiques
de lavégétation
À
l’échelle de lapeupleraie,
ledisquage
favorise larichesse
spécifique,
la diversité etl’équitabilité
des com-munautés
végétales
de sous-bois et diminue laphyto-
masse
(tableau I).
Les localisations
L1,
nonperturbées
par le passage de lacharrue, présentent
une richessespécifique
d’autantplus
élevée que lapeupleraie
est entretenue, le maximum étant atteint pour lapeupleraie
P1(figure 2).
Dans lespeupleraies
entretenues P1 etP2,
les localisations L2 montrent une richessespécifique significativement plus
élevée
qu’en
L1(P
<0,05
pour P1 et P <0,01
pourP2,
tableau
II).
Lors del’exposition
maximale àl’entretien,
cas de la localisation
L3,
il y aaugmentation
de richessespécifique
en P2. En P1 cette localisation montre d’unepart
uneperturbation forte,
entretiencroisé,
et une fré-quence de passage très
élevée,
trois passages par an(cf.
figure 1).
Le nombred’espèces enregistré
estsignificati-
vement
(P
<0,05) plus
faiblequ’en
L2. Pour lespeuple-
raies
abandonnées,
le nombred’espèces
des localisations L2 et L3 estlégèrement
inférieur à celui de la localisa- tion L1, mais sans différencesignificative.
En ce
qui
concerne laphytomasse,
les résultats indi-quent qu’elle
est fonction inverse dudegré
d’entretienavec, de L1 à
L3,
une diminution des valeurs dephyto-
masse en fonction de l’intensité et de la
fréquence
d’entretien
(figure 2).
Ces différences ne sontsignifica-
tives
qu’entre
les localisations L2 et L3 deP1,
L1-L2 etL2-L3 de P2
(tableau II).
Dans lespeupleraies
abandon-nées
(P3
etP4)
la localisation L1développe
uneimpor-
tante
végétation, composée
essentiellement deligneux.
Les valeurs
obtenues,
bien quevariables,
sont trèssigni-
ficativement différentes
(P
<0,001)
de celles obtenuesau sein des localisations L2 et L3.
Les
espèces
observées sontprincipalement
desespèces mésophiles (Bromus sterilis, Lapsana communis)
àmésohygrophiles (Arhenatherum elatius,
Galium
aparine,
Rubus caesius, Urticadioica) (tableau III).
Ces dernières sont pour laplupart
exi-geantes
en azote.Le vieillissement d’une
exploitation populicole
estmatérialisé de P1 à P4. L’étude de leur sous-bois montre
le passage des
pionnières
annuelles en P1(Veronica per-
sica,
Valerianellalocusta,
Cerastiumglomeratum...)
àdes
espèces prairiales
perennes en P2(Arrhenatherum elatius, Agrostis stolonifera...) puis sylvatiques
etligneuses (Cornus sanguinea, Quercus
robur, Ulmusminor...)
en P3 et P4. Suivant cegradient,
la dominance desespèces
devient deplus
enplus importante.
Dans la
peupleraie
laplus
fortement etfréquemment
soumise à
l’entretien, P1,
les trois typesbiologiques annuel,
bisannuel et vivace coexistent(tableau IV).
Dans lespeupleraies
entretenues P1 etP2,
lapart prise
par lesespèces
annuelles est d’autantplus importante
que la localisation est soumise à un entretienimportant :
de L1à L3. Les
peupleraies dépourvues
d’entretien P3 et P4présentent majoritairement
desespèces
vivaces. Seulesles localisations L2 et L3 récemment abandonnées ont
légèrement plus d’espèces
annuelles que la localisation dupied
del’arbre,
L1.Le pourcentage des mousses,
compris
entre 0 et 13%,
reste relativement faible. Elles sont surtout
présentes
dans les
peupleraies
les moins entretenues, P3 et P4.Dans les
peupleraies
entretenues, P1 etP2,
les moussessont localisées en
L1,
zone la moinsperturbée
de la peu-pleraie,
Les
espèces
nonligneuses
constituent lamajeure
par- tie des communautés rencontrées. Seules lespeupleraies
P3 et
P4, dépourvues d’entretien,
montrent des taux éle-vés de
ligneux,
essentiellement aupied
de l’arbre(L1).
Les
espèces qui développent
unsystème
traçant sontfortement
représentées
dans l’ensemble despeupleraies
étudiées. Seule
P1,
fortement entretenue,présente
uneréduction de ces
espèces.
Au sein despeupleraies
P1 etP2,
on observe de L1 àL3,
en relation avecl’exposition
à
l’entretien,
une diminution dupourcentage
desespèces
traçantes. Dans les
peupleraies abandonnées,
P3 etP4,
ces
espèces
deviennentmajoritaires représentant
ainsi 40à 70 % des
espèces.
3.2. Relation entre
phytomasse
et richessespécifique
Au cours de la
période
derécolte,
laplupart
desvaleurs de
phytomasse
sontcomprises
entre 250 et1000 g
m -2 (figure 3).
On y trouve les valeurs maxi- males de richessespécifique.
Il n’existe pas dephyto-
masses inférieures à 250 g
m -2 . Lorsque
les valeurs sontsupérieures
à 1 000 gm -2 ,
la richessespécifique
estfaible. C’est le cas de certaines localisations des
peuple-
raies P3 et P4. Seules les localisations L1 de P3 et
P4,
qui
n’ontjamais
été entretenuesdepuis
le moment de laplantation, présentent
des valeurs élevées dephytomasse.
Ce n’est pas le cas de L2 et
L3,
récemmentdépourvues
d’entretien.
Entre 250 et 1 000 g
m -2 les
valeurs de richessespéci- fique, réparties
sur l’axe Y, sont d’autantplus
élevéesque la
perturbation
estimportante,
avecprogressivement
ordination de : localisations L2 et L3 de P3 et P4
(non entretenues),
des valeursenregistrées
en P2(deux
dis- quages paran)
et celles obtenues en P1(trois disquages
par
an).
A des valeurssupérieures
dephytomasse,
larichesse
spécifique enregistrée
se stabilise autour de 5esp.
m -2 .
Seules les localisations L1 de P4 montrent unnombre
plus
élevéd’espèces.
Ces valeurs sont compa- rables à cellesenregistrées
dans lapeupleraie
P2.4.
Discussion
La
peupleraie
artificiellereprésente
uncompromis
entre un milieu riche en
nutriments,
lié àplaine alluviale, qui
facilite l’installation d’ungrand
nombred’espèces [22],
et un entretienrégulier, qui
détruit lavégétation
enplace
ouvrant ainsi de nouvelles zones de colonisation.La destruction du sous-bois se réalise sans affecter le
couvert forestier. Les
écosystèmes qui présentent
uneforte
productivité
sont conduits vers à un déclin del’hétérogénéité spatiale [23]
et à la dominance dequelques espèces [7].
Dans notre cas, l’entretienpermet d’y
remédier et favorise la biodiversité.Huston
[24]
a mis enplace
un modèlequi
tient comp-te de la
périodicité
desperturbations,
ainsi que desphé-
nomènes de
compétition.
Il observe un maximum dediversité à des niveaux intermédiaires de
fréquence
deperturbation
et de taux deproductivité.
Il existe un contraste entre lesespèces capables
de résister à de fortesperturbations
et lesespèces compétitrices, qui
ont besoinde conditions stables pour s’établir et croître. Seules les annuelles sont
parfaitement capables
des’adapter
auxperturbations [25]
en élaborantd’importantes banques
degraines
leur assurant une colonisationrapide
de milieuxouverts
[26].
Dans lespeupleraies,
on trouve une relationdirecte entre le niveau de
perturbation
et lapart prise
par les annuelles. Raunkiaer[27]
classe cesespèces
commedes
thérophytes.
Paradaptation
à desperturbations répé- tées,
onparle d’espèces
rudérales sensu Grime[7].
Enpeupleraie
entretenue, lesespèces
annuelles serépartis-
sent suivant le
degré d’exposition
à l’entretien dusol,
deL1 à L3. Leur
implantation
est ainsi défavorisée aupied
des arbres
[28].
Par baisse du
régime
d’entretien on voitapparaître
desespèces traçantes (Agrostis capillaris, Agrostis stolonife-
ra, Arhenatherum
elatius, Cynodon dactylon...) qui
colonisent le milieu par de nombreux
rejets.
Dans lesconditions les
plus stables,
lesligneux
sontprépondé-
rants. Les mousses sont,
quant
àelles,
faiblementrepré- sentées,
cequi
avaitdéjà
étésignalé
par Botineau[29].
Un substrat trop souvent renouvelé en limite la
disper-
sion et la croissance
[30].
Avecl’âge
de lapeupleraie
lecouvert forestier se ferme peu à peu, l’entretien est réduit et finit par
disparaître,
enfin l’ensembleperçoit
unvieillissement
général
menant à une certaine stabilité. On passe d’un espacepionnier,
créé et maintenu par une destruction de la couverturevégétale
ainsiqu’un
couvertpeu
dense,
à un espace semi-naturelqui
reflètel’équi-
libre entre l’histoire et les conditions environnementales de la
plantation.
Nos données
indiquent qu’à
desproductions
modéréesde
phytomasse (250-1
000 gm -2 ),
la richessespécifique
est d’autant
plus
élevée que ledegré
deperturbation
estélevé.
Au-delà,
la richessespécifique prend
des valeurs inférieures. Cette tendance estgénéralement
celle que l’on trouve dans lessystèmes
deplantes
herbacées[2,7].
Grime
[7] indique
que le stress, laperturbation
et ladominance contrôlent la richesse
spécifique.
Wilsson etKeddy [31] ajoutent
que ledegré
decompétition
variesuivant le
type
devégétation
en fonction de laphytomas-
se
qu’il développe.
C’est cequ’on
observelorsqu’il
y a arrêt des entretiens de lapeupleraie ;
où lesespèces,
ini-tialement
herbacées,
cèdent laplace
à desligneux.
Laquantité
delumière,
de moins en moinsdisponible
au furet à mesure du vieillissement d’une
peupleraie, joue
unrôle
important
dans l’établissement et la croissance desespèces végétales [32].
En raison des résultats obtenusen
P1,
ce modèle n’est pas en liaison avec les observa- tions d’Odum[33] qui indiquent
que laplus
forte diver- sité enespèces
s’observe à des taux modérés de gra- dientsphysiques.
Lapeupleraie
P1offre,
tout aulong
del’année,
une faible couverture forestière. Elle constitueun cas différent des autres
peupleraies.
Mais de cefait,
elle
peut présenter
des conditions favorablessupplémen-
taires où les niveaux de
perturbation plus
élevés sont fac-teurs d’enrichissement et non d’élimination
spécifique.
Selon Valverde et Silvertown
[34],
lespremiers
stadesde fermeture de la
canopée
ont les effets lesplus
déter-minants sur les
caractéristiques
des communautés de sous-bois. Dans lespeupleraies
où le couvert estplus dense,
la richessespécifique
montre des valeurs élevées dans lapeupleraie
entretenue, P2. Nous ne savons passi,
dans ce cas, une intensification de l’entretien faciliteraitou diminuerait la richesse
spécifique.
L’accumulation de litière des
arbres, conséquence
del’absence d’entretien en P3 et
P4, engendre
descontraintes
physiques qui peuvent
faire obstacle àl’émergence
et à larégénération
desespèces [35].
Seule les localisationsL1,
despeupleraies
P3 etP4,
n’ontjamais
été entretenues. On y remarque donc ledévelop- pement
deligneux
arbustifs et de fortes accumulations dephytomasse.
Les résultats obtenus dans lapeupleraie
P4 montrent que les
phénomènes
de stabilisation àlong
terme du milieu
engendrent
un nombreplus
élevéd’espèces.
Cette tendance n’est visiblequ’en
localisationL1, pied
del’arbre,
maispourrait,
sur des échelles de tempsplus longues,
segénéraliser
à l’ensemble de lapeupleraie,
Cecirejoint
l’idée selonlaquelle
lesécosys-
tèmes les
plus
stables sont lesplus
diversifiés[36].
Cette relation est reconnue comme undogme écologique
endépits
de résultats contradictoires[37, 38].
On
peut généraliser
lesphénomènes
observés de lafaçon
suivante.L’entretien favorise la richesse
spécifique.
En relationavec un couvert forestier peu
dense,
une litière peu abon- dante et un sous-boisjeune,
la richessespécifique
atteintles
plus
fortes valeurs(cas
deP1).
Le substratprésente
lapropriété
de ne pas être limité ennutriments,
aussi les valeurs dephytomasse
sont élevées. Dans lespeupleraies
entretenues, ces valeurs sont peu différentes les unes des
autres. Il est donc difficile à mettre en évidence des ten- dances bien
marquées.
Tilman et Pacala[39] parlent
d’un
pic
de diversité à des niveaux intermédiaires denutriments,
cequi
n’a pas pu être vérifié ici.L’enrichissement
spécifique
dû à l’entretien est unphénomène éphémère.
Dèsqu’il n’y plus d’entretien,
lacompétition
s’installe et provoque une diminution du nombre desespèces jusqu’à
un minimum(5 esp./m 2 ).
Sile vieillissement de la formation est
possible,
cas deP4,
nous observons l’installation
d’espèces
de milieuxplus
stables. Elles ont une
longue
durée devie, Cependant
cephénomène
de stabilisation est limité en raison de lacourte durée du
cycle d’exploitation : généralement
de15 à 20 ans. Il est désormais de
plus
enplus
difficiled’observer ce
phénomène,
d’autantqu’aujourd’hui
lasélection de nouveaux clones de
peupliers (Beaupré, Dorskamp, Hunnegem...)
permet d’accélérer les rota-tions
(13
à 15ans).
Remerciements : Mes remerciements s’adressent à M. le Professeur G. Durrieu et au Dr. E. Tabacchi pour les commentaires et
suggestions qu’ils
ont bien vouluapporter
au cours de la rédaction de ce manuscrit.Références
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