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Bien-être et comportement chez les oiseaux domestiques
J.M. Faure, A.D. Mills
To cite this version:
J.M.
FAURE,
A.D. MILLSINRA Station de Recherches Avicoles 37380
Nouzilly
Bien-être
et
comportement
chez les oiseaux
domestiques
Les
problèmes
de bien-être
sont
importants
pour
aumoins
deux
raisons :
par
leur
impact
auprès
du
public,
ils
peuvent
déconsidérer
une
production
auxyeux
des
consommateurs ;
par
leurs
conséquences
surla
productivité
qu’ils
peuvent
diminuer
à
travers
les
phénomènes
de
stress.
Cet article
présente
deux
approches
des
problèmes
de bien-être :
l’adaptation
de l’environnement
à
l’animal
et
l’adaptation
de l’animal
à
l’environnement.
Ces deux méthodes
nedoivent
pas être
vues commeconcurrentes
mais
aucontraire
commecomplémentaires.
Elles
nepeuvent
cependant
permettre
de résoudre
que
les
conséquences
de
l’absence
de
bien-être
surla
productivité,
carl’impact
auprès
du
public
est
engrande
partie
nonrationnel.
A
l’origine,
lesproblèmes
de bien-être ont étéposés
par les groupes deprotection
desanimaux,
principalement
del’Europe
dunord,
en raison de l’industrialisation del’éle-vage
qui
leur a paru se faire au détriment desanimaux. Leur démarche inclut une forte
pro-portion d’anthropomorphisme
(«
Aimeriez-vous vivre dans les conditions faites aux
ani-maux
domestiques ?
»)
ou depasséisme
selonlaquelle l’élevage
traditionnel estbon,
l’éleva-ge industriel mauvais. C’est pour cette raison que les
élevages
extensifs trouvent facilementgrâce
à leurs yeux malgré lesproblèmes
deparasitisme
ou de conditionsclimatiques
extrêmes
qu’ils
peuvent
poser. De la mêmefaçon,
la truie à l’attache est perçue commesubissant un traitement cruel alors que la
vache à l’attache ne pose aucun
problème
à laplupart
desprotecteurs
des animaux.De nombreuses définitions du bien-être ont été
proposées
maisbeaucoup
d’entre elles neprésentent
qu’une
vuepartielle
duproblème.
On
peut
dire que le bien-être d’un animal estsatisfaisant s’il se sent en sécurité
(s’adapte
avec succès et contrôle sonenvironnement),
n’éprouve pas
de douleur(blessure
oumala-die)
et neprésente
pas desymptôme
d’ennui ou de frustration.Deux voies sont
possibles pour
améliorer le bien-être des animaux :- On
peut
essayer d’adapterl’environne-ment à
l’animal,
mais les environnementsproposés
enélevage
industriel ont étédéve-loppés
en raison de leur efficacité. Toutchan-Résumé
-La notion de bien-être recouvre deux aspects : la perception par le public
(consommateurs) des conditions dans lesquelles sont élevés les animaux
domes-tiques et la perception par l’animal des conditions dans
lesquelles
il est élevé. Seul ce deuxième aspect relève de l’approche éthologique. Deux voies sont utili-sables pour améliorer le bien-être des animaux : l’adaptation de l’environnement à l’animal etl’adaptation
de l’animal à l’environnement.Dans le premier cas le préalable indispensable est la connaissance des besoins de
l’animal, ce qui, même chez la poule, est loin d’être
acquis.
Quelques exemplessont donnés à
partir
de quatre méthodesd’approche
différentes : comparaisondes comportements dans différents milieux, conditionnement
opérant,
test de choix et conflit de motivation.L’adaptation de l’animal à l’environnement peut se faire par voie ontogénétique
ou génétique et deux
exemples
sont donnés.Augmenter
la hauteur de la cagede 30 à 42,5 cm
améliore le
bien-être des
poules,
mais le passage à55 cm
n’apporte
rien de
plus.
gement
a donc un coûtéconomique
et ladéci-sion ne
peut
êtreprise qu’en
étant sûr deconnaître réellement les besoins de
l’animal,
et donc que lechangement
proposé
correspon-dra bien à une amélioration de son bien-être.
- On
peut
aussiadapter
l’animal àl’envi-ronnement. Plusieurs voies
d’approche
sontpossibles : chirurgie, pharmacologie,
ontoge-nèse,
génétique.
Cependant
les méthodeschi-rurgicales (débéquage, écornage)
oupharma-cologiques
(calmants)
sontégalement
trèsmal perçues par les
protectionnistes
et par les consommateurs et leur utilisation tend à être limitée par la loi. Nous ne nousintéres-serons donc
qu’aux
deux autres voiesd’ap-proche.
Les méthodes tendant à améliorer le bien-être par voieontogénétique
ougénétique
ont aussi un coût. La sélection en
particulier
n’est utilisable que si le caractère sélectionné est suffisamment
général
pourapporter
uneamélioration
quel que
soit le milieu danslequel
est élevé l’animal.Sinon,
unchange-ment de mode
d’élevage
peut
réduire à néant le résultat d’une sélectionqui,
même chez lesespèces
à intervalle degénération
court,
représente
un travail deplusieurs
années.1
1
Adapter
l’environnement à
l’animal
1.i
/ Connaître les besoins de
l’animal
Le
préalable
à cette démarche est de connaî-tre les besoins del’animal,
définis comme les ressources pourlesquelles
la demande del’ani-mal est
inélastique
(au
sensmicro-économi-que)
paropposition
à unepréférence pour
laquelle
la demande estélastique
(c’est-à-dire
diminue
quand
la difficulté rencontrée pour l’obteniraugmente).
Plusieurs voiesd’appro-che sont
possibles
et nous en examineronsquatre.
a /
Comparaison
descomportements
exprimés
dansdifférents
milieux Cette méthode n’estapplicable
que si les milieux diffèrent par un nombre réduit deparamètres,
oumieux,
un seul. Dans tous les autres cas on observe de très nombreusesdif-férences de
comportement
mais leurinterpré-tation est difficile.
Un bon
exemple
de cetype
de travail estextrait de la thèse de Nicol
(1987).
Cet auteura
étudié,
chez lapoule pondeuse,
l’évolutionde seize mesures de
comportement
dans descages de hauteur variable. Sur les seize mesures, seules six
présentaient
desdiffé-rences
significatives
en fonction de la hauteur de la cage et ont étéreprésentées
sur la figu-re 1.On constate que pour les
comportements
detype
toilette(se
secoue, étire latête,
segratte
la
tête)
il y aaugmentation
de lafréquence
deces
comportements
avecl’augmentation
de lahauteur de la cage. Au
contraire,
pour lescomportements
detype
alimentaires(pique
la cage,boit, s’alimente),
il y a diminution de lafréquence
liée à la diminution de la hauteurde cage. Pour la
plupart
des critères lesdiffé-rences sont
importantes
entre la hauteur 30 cm et les 2 autres valeurs testées. Parcontre,
il y a peu de différence entre42,5
cmet 55 cm de hauteur.
Ces résultats _montrent
qu’une
augmenta-tion de la hauteur de la cage de 30 cm à
42,5
cm améliore le bien-être despoules
maisque l’augmentation de
42,5
cm à 55 cmn’en-traîne pas d’amélioration
supplémentaire.
b / Conditionnementopérant
La méthode du conditionnement
opérant
consiste àapprendre
à un animal à effectuerun acte
(appuyer
sur un bouton par exemple)pour obtenir une
récompense
ou éviter uneNous avons
adapté
cette méthode à l’étude des besoins en espace chez lapoule.
Pour celales
poules disposent
d’une cage (figure 2a) dont trois desparois
sont fixes alors que laquatrième
est mobile. Sur cetteparoi
mobile estplacé
un groupe de deux boutons dont l’unest efficace
(un
appui
sur ce bouton entraîne undéplacement
de laparoi
mobile sur unedistance et
pendant
untemps
fixé parl’expé-rimentateur)
alors que l’autre est inefficace(ne provoque pas de
déplacement
de laparoi).
L’appui
sur un des deux boutons estenregis-tré par l’ordinateur
qui pilote
la cage.L’enre-gistrement comprend
l’identité du bouton et l’heure del’appui
(à la secondeprès).
Après
appui
sur le bouton efficace ilpeut
y avoir ounon retour à une
position
de repospré-éta-blie. La surface de la cage
peut
varier de 1 600 cm’ à 6 100 cm’ et les animaux sonttoujours
testés en groupes de 4poules
pen-dant despériodes
deplusieurs
jours
consécu-tifs
(cage
paroi).
Un
dispositif
similaire(figure
2b) permet
de mesurer le travail effectué par les
poules
pour
agrandir
leurmangeoire
de 0(mangeoi-re non
accessible)
à 100 cm(cage mangeoire).
La
présence
d’un bouton inefficacepermet
de vérifier que lesappuis
sur les deuxbou-tons ne se font pas au hasard. Dans ces
condi-tions
expérimentales
il estpossible
d’appli-quer la théorie de la consommation(Dawkins
1983)
qui prévoit
que si larécompense
corres-pond
à unbesoin,
la diminution de la taille dela
récompense
(longueur
dedéplacement
de laparoi
ou de lamangeoire)
entraîne uneaugmentation
du travail(nombre
d’appuis
sur le
bouton).
La
figure
3 montre que c’est bien le casdans la situation de la cage
mangeoire
puis-qu’il
y a une forteaugmentation
du nombred’appuis.
Parcontre,
dans la situation de la cage paroi, iln’y
a pas d’augmentation du nombred’appuis.
Uneplus grande
surface necorrespond
donc pas à un besoin pour lespoules.
On
peut
cependant
se poser laquestion
desavoir si la
poule
estcapable
de faire le lienentre
l’appui
sur un bouton et la variation del’espace disponible
(Dawkins
etBeardsley
1986). On observe bien que les
poules,
mêmedans le cas du conditionnement pour
l’espace,
utilisentplus
le bouton efficace(près
de 75 %des
appuis) que
le bouton inefficace mais cefait est insuffisant pour être sûr que les
appuis
sont bien effectués pour agrandir la cage.On
peut
programmer lesystème
defaçon
à obtenircinq
conditionsexpérimentales
diffé-rentes :a)
Agrandissement
de la cage àpartir
d’une surface de repos de 1 600 cm’.b)
Agrandissement
de la cage àpartir
d’une surface de repos de 2 500 CM2.c)
Diminution de la cage àpartir
d’unesur-face de repos de 2 500 CM2.
d et
e)
Idem b et c, mais àpartir
d’unesur-face de repos de 4 300 CM2.
On constate
(figure
4)
que lespoules
tra-vaillent pour
agrandir
unepetite
cage(1 600
ou 2 500 CM2) mais pas pour agrandir une
grande
cage(4 300 CM
2
)
ou pour diminuer sasurface. Dans les 3 derniers cas il y a
extinc-tion du conditionnement.
Ce résultat montre que les
poules
sontcapables :
- d’estimer la taille de leur
cage et
d’adap-ter leur
réponse
à cettetaille ;
-
d’apprécier
le sens dudéplacement
puis-qu’elles
continuent à appuyer sur le boutonpour agrandir mais pas pour diminuer une
cage de 2 500 cm’.
La taille de la
récompense
a uneffet
sur le travailque
fournit
lapoule
pour avoir accès à lamangeoire
maispas pour
l’accès
àpas poMr Z’accès a un espace
plus
L’étude de 8 groupes de
poules
montre que lespréférences
quant
à la taille de la cage sontvariables.
c / Test de choix
L’appareil
utilisé pour le conditionnementopérant
peut
aussi être utilisé pour un test de choix. Dans ce cas le retourautomatique
àune
position
de repos estsupprimé
et l’un desdeux boutons
permet
d’agrandir
la cage alors que l’autre boutonpermet
de diminuer sasurface. Huit groupes ont été testés dans ce
dispositif
pendant
12jours
chacun. Ces 12jours
ont été divisés en 3périodes
de 4jours
Figure
6.Dispositif
permettantd’envoyer
un ventde vitesse variable sur la
mangoire.
Trois des 4couloirs de distribution du vent sont
représentés
fermés
(noir)
et un ouvert(blanc
àgauche).
et au début de
chaque période
de 4jours
laposition
dedépart
de laparoi
était fixée demanière à obtenir une cage
petite,
moyenneou
grande,
ces 3 situations étantprésentées
dans un ordre aléatoire différent d’un groupeà l’autre. Seule la moyenne des 12
jours
estprésentée
car la taille de la cage au débutd’une
période
de 4jours
n’a pas d’influencesur sa surface moyenne.
Les
préférences
despoules
varient donc d’un groupe à l’autre et 6 groupes sur 8préfe-rent,
au moins à certainsmoments,
une cageplus grande que
cellequi
leur esthabituelle-ment offerte.
d /
Conflit
de motivationDans cette situation
expérimentale,
l’ani-mal
peut
accéder à un élément del’environ-Figure
7. Elasticité(pente
de la droite derégression)
de la demandepour l’aliment
après
0,12 ou 24 heures de privation alimentaire face à
des vents de 0 à 6 m/s. Le temps d’alimentation
est
représenté
en pourcentage du tempspassé
enlibre accès pour chacune des durées de
privation
alimentaire.
nement
supposé
attractif à conditiond’accep-ter en même
temps
de subir une stimulationdéplaisante.
Une stimulation relativementrépulsive
pour lespoules
etqui
est aussi faci-lement variable est le vent. Comme pour leconditionnement,
onpeut
appliquer
dans ce cas la théorie de laconsommation, puisque
sil’élément attractif
correspond
à unbesoin,
laréponse
doit êtreinélastique
(le
temps passé
à consommer l’élément attractif ne varie pas
avec la vitesse du
vent).
Nous avons testé la validité de la théorie à
l’aide du
dispositif
illustré par lafigure
6. Lesrésultats obtenus montrent que si on
aug-mente la motivation alimentaire
(par
priva-tion)
on diminue lapente
de la droite derégression
et donc l’élasticité(figure
7). La théorie est donc bien confirmée.Un des besoins
supposé
despoules
est l’ac-cès à une surface danslaquelle
ellespeuvent
gratter,
picorer
ou faire des nids. Nous avonsdonc
comparé
(figure
8)
letemps passé
pardes
poules,
soumises à un courantd’air,
surune surface recouverte de
grillage
ou desable. La
figure
9 montre que lespoules
ont tendance àpréférer
le sable(elles
ypassent
plus
detemps)
mais que l’élasticité observéepour le sable et pour le
grillage
ne sont pasdifférentes. Le sable ne
correspond
donc pas à un besoin.1.
2
/
Applications possibles
de
cesétudes
Quand
les besoins des animaux sont connus,on
peut
essayerd’y répondre
en modifiant lesconditions d’entretien. Ces conditions ont
tou-tefois été fixées en
prenant
principalement
encompte
les facteurséconomiques
et ceci estFigure
9. Elasticité(pente
de la droite derégression)
de la demande pour un accès à du sable ou à dugrillage
face à des vents de 0 à3 m/s. Le temps de
présence
estreprésenté
enpourcentage du temps
passé
en libre accès pour les deux conditionsexpérimentales.
Le
temps
passé
dans des conditionsdésagréables
varie peu avec l’intensité de la stimulation dans le cas d’unbesoin,
par
exemple
alimentaire pour
un animal
affamé,
alors
qu’il
variebeaucoup
s’il neL’animal
peut
êtreadapté
tôt à son environnement: lespoules
de certaines souches nepeuvent
apprendre
à sepercher
que si ellesapprennent
très jeunes.
particulièrement
vrai dans le cas deséle-vages industriels. Les conditions
d’élevage
sont doncgénéralement optimales
sur leplan
économique
et toutchangement
de cescondi-tions aura un coût. Il est donc d’autant
plus
important
dedisposer
de méthodespermet-tant de hiérarchiser les besoins afin de satis-faire
préférentiellement
ceuxqui
sontpriori-taires pour les animaux. Il faut aussi noter que l’amélioration des conditions
d’élevage
est une décisionqui
est du domainepolitique
puisqu’il
faut mettre enbalance,
d’unepart
lebien-être des
animaux,
et d’autrepart
le coûtqui
devra êtresupporté
par leproducteur
oupar le consommateur. Dans ce
domaine,
laCommission des Communautés
Européennes
et le Conseil del’Europe
ont un rôle leader.Leurs décisions
manquent
cependant
souvent de basesscientifiques
et le dernierprojet
dela CEE
(projet
MacSharry) qui
ferait passer la surface minimale par poule de 450 cm’ à 800 cm’ et la hauteur de la cage de 40 à 60 cm, multiplie en fait par2,7
le volumeoccupé
par unepoule.
Le coût en est donc trèsimportant
alors que, comme nous l’avons vuprécédemment,
la hauteur de la cage et la surfacedisponible
ne sont pas despara-mètres essentiels pour les
animaux,
au moinsdans les normes actuellement utilisées.
2
/
Adapter
l’animal
à
l’environnement
- --
!--Cette
adaptation
peut
être réalisée deplu-sieurs
façons :
voiechirurgicale,
pharmacolo-gique,
ontogénétique
ougénétique.
Les voiespharmacologiques
etchirurgicales
ne seront pas discutéesplus
avant car ellesposent,
soitdes
problèmes
de bien-être(cas
dudébecqua-ge),
soit desproblèmes
derésidus,
très malperçus par le consommateur
(voie
pharmaco-logique).
2.i
/
Ontogénèse
Certains
comportements
sont très fortement influencés par les conditionsd’élevage précoce.
C’est en
particulier
le cas des relationshomme-animal chez le
poussin
(Jones et Faure1981)
ou chez la vache(Boissy
et Bouissou1988)
et ducomportement
deperchage
chez lapoule
(Faure
et Jones1982).
Dans le cas dupoussin,
il a été constaté que lamanipulation
des animaux
(transférés
deux fois parjour
de leur caged’élevage
à uneboîte, puis
de laboîte à leur
cage)
suffisait à réduire la peurde l’homme : les
poussins
manipulés
présen-tent une réaction d’immobilité
tonique plus
courte et des
comportements
d’approche
del’expérimentateur plus
marqués
que les témoins. Par contre leurs réactions de peur sontidentiques
dans les testsn’impliquant
pas unecomposante
humaineimportante
(test
d’open-field
etd’approche
d’unobjet
nouveau).
Dans le cas du
comportement
deperchage,
on constate que des animaux habitués à sepercher
seulement àl’âge
adulte le font tout à fait normalement dans certaines souchesalors que d’autres ne se
perchent que peu
oupas du tout
(figure
10).
Au
contraire,
si les animaux ont accès très tôt(à
l’âge
de 4semaines)
à desperchoirs,
toutes les souches étudiées se
perchent
avecdes
fréquences comparables.
Ce résultatmontre que certaines souches de
poules
nepeuvent
apprendre
à sepercher que
si ellesont eu accès très tôt à des
perchoirs
et montredonc une interaction
génotype
xenvironne-ment.
Ces deux
exemples
mettent en évidence lapossibilité
de modifier lescomportements
ultérieurs de l’animal par des interventionssur les conditions
d’élevage
dujeune
animal.2.
2
/ Problèmes de
génétique
du
comportement
Les caractères de
comportement
sontgéné-ralement difficiles à
sélectionner,
non pasparce qu’ils
présentent
des héritabilitésdiffé-rentes de celles des autres
caractères,
maisen raison des difficultés rencontrées
quand
on veut mesurer
rapidement
lecomportement
d’un
grand
nombre d’animaux. Il estcepen-dant de
plus
enplus important
de sélection-ner les animauxdomestiques,
et enparticu-lier les
oiseaux,
pour leurcomportement,
dans la mesure où le milieu de sélection est
souvent différent du milieu
d’élevage.
C’esten
particulier
le cas pour lesreproductrices
chair ou leurs descendants
qui
sonttoujours
élevés au sol alors que les souches
parentales
sont sélectionnées en
cages-batteries.
Jus-qu’au
milieu des années60,
lesreproduc-trices chair étaient sélectionnées au sol et les
poules
présentant
descomportements
deponte
au sol(hors
des nidstrappe)
ou desélec-tion se fait en cage, les animaux
susceptibles
de
présenter
cescomportements
ne sontplus
éliminés, puisque
le milieu de sélection nepermet
pas leurexpression,
et on rencontre deplus
enplus
deproblèmes
deponte
au solou de couvaison en
élevage
deproduction.
On
peut
sélectionner des animaux bienadaptés
à un environnement donné ou desanimaux très
adaptables.
La deuxièmesolu-tion semble de loin la meilleure
puisque
lesconditions
d’élevage
ontlargement
évolué au cours des dernières décennies etqu’il est
pro-bablequ’elles
évolueront encore.La sélection est un processus relativement
lent et la sélection d’animaux
trop
spécialisés
pourrait
être inefficacesi, pendant
leproces-sus de
sélection,
les conditionsd’élevage
ontévolué de manière
trop
importante.
2.
3
/
Génétique : l’exemple
de la
sélection des cailles
Une sélection des cailles pour leur
comporte-ment a été
entreprise
sur deux critères : l’im-mobilitétonique
(mesure
del’émotivité)
et la motivation sociale.Ces deux critères ont été choisis car ils
pré-sentent
l’avantage
des’exprimer quel que
soitle milieu
d’élevage.
Ils sont relativementfaciles à mesurer et
peuvent
présenter
unintérêt
pratique puisqu’une
faible émotivitédevrait
permettre
d’avoir des animaux moins réactifs auxperturbations
etqu’une
forte motivation socialepourrait
entraîner uneplus grande
tolérance aux fortes densités. Lacaille a été choisie comme modèle en raison
de son faible intervalle entre
générations
(jusqu’à
4générations
paran).
a / Méthode de sélection
La réaction d’immobilité
tonique
estobte-nue en
plaçant
un animal sur le dos et en lemaintenant
pendant
10 secondes dans cetteposition.
Une foislâché,
l’animalpeut
rester immobilependant
untemps
qui
varie dequelques
secondes àquelques
heures(figure
11).
Dans le cas de notresélection,
nousinter-rompons le test
après
5 minutes d’immobilité si l’animal ne s’est pas redressé et au moment où il se redresse si la durée d’immobilité est inférieure à 5 minutes.La motivation sociale est estimée par la distance parcourue par un cailleteau sur un
tapis
roulant pour rejoindre un groupe decongénères
(figure
12).
b / Résultats de la sélection
Les
figures
13 et 14 montrent que dans lesdeux
types
delignées
la sélection a été très efficace et que les souches diffèrentlarge-ment pour les deux caractères sélectionnés. Nous
disposons
donc de 4lignées
sélection-nées (émotivité forte(E+)
ou faible(E-),
moti-vation sociale forte
(S+)
ou faible(S-))
et de 2lignées
témoins. Ces différenteslignées
ont étécomparées
dans de nombreux tests de réactivitécomportementale
etphysiologique.
La caille,
après
avoir étémaintenue
pendant
10secondes sur le dos,
reste ensuite immobile
pendant
un temps ditLa sélection de
lignées
de caillessur des critères
d’émotivité ou sur
des critères de motivation sociale
Les tests utilisés sont :
Le test
d’open-field :
l’animal estplacé,
seul,
dans un environnement nouveau et sonactivité ainsi que les latences et
fréquences
des cris et des sauts sont notéspendant
unepériode
de 5 minutes.Le test
d’émergence :
l’animal estplacé,
seul,
dans une boîte obscure au centre d’unmilieu éclairé. Le
temps
de sortie de la boîteest mesuré.
Le test de crainte : l’animal est immobilisé
pendant
10 minutes(stress).
La durée d’im-mobilitétonique
est ensuite mesurée.Stimulus inhabituel : un ballon de
bau-druche
gonflé
est introduit dans la cage oùvivent les cailleteaux.
Enrichissement et
manipulation :
lesani-maux sont élevés dans un milieu enrichi
(pré-sence de nombreuxobjets
colorés)
ou non etsont
manipulés
2 fois parjour
ou nonmani-pulés (plan
factoriel).
Distances interindividuelles : elles ont été mesurées
pendant
un testd’open-field
enpaires,
d’une durée de 10minutes,
partrajec-tométrie
(analyse
d’image
vidéo).
Facilitation sociale du
comportement
ali-mentaire : elle est mesurée par la latence d’alimentation de cailleteaux
placés
devantun aliment nouveau en
présence
ou non d’ungroupe de cailleteaux habitués à cet aliment et
séparés
des animaux testés par ungrilla-ge.
Test d’isolement : un cailleteau est isolé dans une cage
identique
à celle danslaquelle
il a été élevé. Les résultats en sont résumés sur lafigure
15.On constate que :
- Les cailles émotives
(E+)
comparées
auxcailles peu émotives
(E-) :
. Sont moins actives en
open-field
. Sortent
plus
lentement dans un test detimidité
. Présentent une inhibition
comportemen-tale
plus longue
à la suite d’un stimulus audi-tif inhabituel. Sont les seules à
présenter
uneaugmen-tation du taux de corticostérone
plasmatique
à la suite d’un stimulus visuel inhabituel. Sont moins réactives à la
manipulation
ou à l’enrichissement du milieu
- Les cailles à forte motivation sociale
(S+)
comparées
aux cailles à faible motivationsociale
(S-) :
. Sont
plus
actives,
crient et sautentplus
au cours d’un test
d’open-field
. Recherchent
plus
laproximité
descongé-nères
. Présentent des distances
inter-indivi-duelles
plus
faibles en testd’open-field par
paire
. Présentent une facilitation sociale du
comportement
alimentaire absent chez lescailles S-.
. Sont les seules à
présenter
uneaugmen-tation des
cris,
dessauts,
del’activité,
dutaux
plasmatique
de corticostérone et durap-port
hétérophiles/lymphocytes
au cours d’untest d’isolement.
L’ensemble de ces résultats est cohérent
puisque
chez les cailles sélectionnées pour leurémotivité,
les différencesportent
sur desLes résultats des
tests de
comportement
pour les
lignées
tests
impliquant
une forte nouveauté de lasituation de test alors que chez les cailles sélectionnées pour leur motivation sociale c’est
l’aspect
social de la situationqui
permet
de mettre en évidence des différences entre les deux souches.
2.
4
/
Applications possibles
Trois
types
d’applications
sontpossibles
avecune
approche
visant à modifier l’animal pourl’adapter
à son environnement :- Une meilleure connaissance de
l’ontoge-nèse des animauxpeut permettre
de modifier l’environnement desjuvéniles
afind’adapter
leurcomportement
aux conditionsqu’ils
ren-contreront à
l’âge
adulte. Le travaild’Apple-by
et al(1988)
est une bonne illustration decette
approche puisque
cet auteur a montré que dans le cas depondeuses
élevées au sol et devant sepercher pour
accéder auxnids, la
présence
deperchoirs
dèsl’âge
de 4 semainespermet
auxpoules
adultes d’avoir un taux deponte
au sol très inférieur à celui d’animauxn’ayant
eu accès à desperchoirs qu’à
unâge
plus
tardif.- Une meilleure connaissance des
caracté-ristiques
deslignées
existantespeut
bien sûrpermettre
de choisir cellesqui
sont le mieuxadaptées
à untype
deproduction.
- La mise
au
point
de tests decomporte-ment suffisamment courts pour être utili-sables en
sélection,
ainsi que la démonstra-tion des effets favorables de cetype
desélection doit enfin
permettre
d’offrir auxsélectionneurs des moyens d’améliorer
l’adap-tabilité de leurs
lignées.
Conclusions
Actuellement,
les éleveursprivilégient
l’élevage
despoules
en cage alors que lespro-tecteurs des animaux y sont farouchement
opposés.
La cage est surtoutcritiquée pour
lemanque d’espace disponible et l’absence de
litière. Ces deux facteurs ne semblent cepen-dant pas essentiels pour la
poule.
La cageprésente,
parcontre,
l’avantage
de réduire lesrisques
de cannibalisme(et
donc desuppri-mer la nécessité du
débecquage)
ainsi que lesrisques
sanitaires. Elleprésente,
parcontre,
l’inconvénient de restreindre la liberté des animaux et leurs
possibilités d’exprimer
l’en-semble de leurscomportements.
Les
systèmes
alternatifs(élevage
sur litiè-re ou en volière avec ou sans parcoursher-beux)
présentent
lescaractéristiques
inver-ses :
risques
de cannibalisme etrisques
sanitairesimportants,
maisplus grande
liberté des animaux. Il y a donc
opposition
entre d’une
part,
un milieu très contrôlé parl’éleveur
et,
d’autrepart,
un milieu offrantdes
possibilités
de contrôlesplus
limitéestant sur le
plan
sanitaire que climatique oucomportemental.
Les deux
types
d’approches
présentés
icinous ont
permis
de montrer que l’onpeut
d’une
part,
améliorer les conditionsd’élevage,
à condition de connaître les besoins des
ani-maux
et,
d’autrepart,
améliorer leuradapta-tion aux conditions
qui
leur sontimposées.
Ces deuxtypes
d’approche
utilisés demaniè-re
conjointe
devraientpermettre
d’arriver àun
compromis
entre les demandes des éle-veurs et desprotecteurs
des animaux si lesdeux
parties
acceptent
deplacer
le débat sur unplan
rationnel.Remerciements
Tous les résultats expérimentaux cités sans référence
(les références complètes peuvent être obtenues auprès des auteurs) ont été obtenus à la Station de Recherches
Avicoles, en grande partie au cours du travail de thèse
de H. Lagadic et de F. Launay qui ont respectivement
bénéficié d’une bourse de la région Bretagne et d’une
bourse de la région Centre. M. Marché et J.M. Meslier
doivent aussi être remerciés pour leur assistance
tech-nique.
Références
bibliographiques
Appleby
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on fear responses in the domestic chick.Behav. Process., 6, 135-143.
Nicol C. J., 1987. Effect of cage
height
and area onAbstract
Behaviour and
welfare
in domestic birds. The notion of animal welfare has twoaspects:
theperception by
thepublic
(consumers)
of the conditions under which domestic animals arehoused and the
perception by
theanimals,
them-selves,
of the conditions under whichthey
arehoused.
Only
the second of these twoaspects
can be addressedby
behavioural studies. Twoapproaches
to theimprovement
of animalwelfa-re exist:
adaptation
of the environment(housing
system)
to the animal andadaptation
of the ani-mal to the environment.A
pre-requisite
of the first of theseapproaches
isa clear
understanding
of the behavioural needsof the animals. Even in the domestic
chicken,
theacquisition
of the information necessary for suchan
understanding
is stillincomplete.
Thispoint
isillustrated
using
data fromexperiments
with four differentmethodological approaches:
com-parison
of the behaviour of animals in differentenvironments, operant
conditioning,
choice tests and the induction of motivational conflict. Theadaptation
of an animal to its environment can be effected in two ways : ontogenetic andgenetic.
Data from studiesusing
each of theseapproaches
aregiven.
It is concluded that animal welfare is most
likely
to beimproved by
the combination of environ-mental modification andgenetic adaptation
of domestic animals to modernhusbandry
condi-tions.FAURE