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Il est à noter que de la même manière, aucune perte d’hétérozygotie n’avait été mise en évidence lors de l’analyse des QTLsMcs1,Mcs2etMcs3(Shepel et al., 1998)

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Academic year: 2021

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DISCUSSION

Le présent travail avait pour objectif de tester et de préciser les observations concernant les sept QTLs associés au cancer mammaire induit chimiquement chez le rat qui ont été identifiés au laboratoire suite à une analyse de liaison génétique du croisement impliquant la souche sensible SPRD-Cu3 et la souche résistante WKY/E56. Chacun des sept locus identifiés a été associé à l'un ou l'autre des trois phénotypes tumoraux à savoir : la latence tumorale, la multiplicité tumorale et l'agressivité tumorale (Quan et al., 2006). Dans ce but plusieurs approches ont été suivies.

1. Analyse de perte d’hétérozygotie

La première approche a consisté à s'interroger sur la nature des gènes de prédisposition : nous nous sommes demandés si ces gènes étaient des gènes suppresseurs de tumeurs. Nous avons donc recherché des pertes d'hétérozygotie dans les tumeurs, indice essentiel de la présence de gènes suppresseurs de tumeurs, au niveau de chacun des locus identifiés statistiquement. Lors de cette analyse aucune perte d’hétérozygotie n’a pu être mise en évidence dans les sept QTLs identifiés statistiquement. Nous n’avons donc pas pu mettre en évidence des indices de présence de gènes suppresseurs de tumeurs dans les QTLs. Il est à noter que de la même manière, aucune perte d’hétérozygotie n’avait été mise en évidence lors de l’analyse des QTLsMcs1,Mcs2etMcs3(Shepel et al., 1998). Ceci suggère que la délétion somatique affectant les gènes suppresseurs de tumeurs potentiellement contenus dans les régions identifiées n’est pas un évènement qui contribue majoritairement au développement de cancer mammaire chez le rat. Il ne faut toutefois écarter ni la possibilité que des gènes suppresseurs de tumeurs soient néanmoins présents dans l’un de ces QTLs ni la possibilité qu’ils soient impliqués dans la détermination de la sensibilité au cancer mammaire induit au DMBA. L’inactivation de gènes suppresseurs de tumeurs peut être due à d’autres évènements tels que des modifications épigénétiques.

2. Etude de lignées congéniques

La deuxième approche a consisté dans un premier temps à mesurer l’implication individuelle de six des sept QTLs identifiés dans le contrôle de la sensibilité au cancer mammaire induit au carcinogène DMBA et dans un deuxième temps, à évaluer les effets d’une combinaison génétique et tester les relations d'épistasie entre les QTLs localisés sur les

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chromosomes 5 et 18.

Ces études nous ont permis d’assurer l’existence de cinq des sept QTLs de sensibilité au cancer mammaire chimiquement induit identifiés au laboratoire : les locus associés au phénotype de multiplicité tumorale localisés sur les chromosomes 1p.tel et 5, le locus associé au phénotype de latence tumorale localisé sur le chromosome 9 et les locus associés au phénotype de vitesse de croissance tumorale localisés sur les chromosomes 10 et 18 (en collaboration avec D. Stieber pour les QTL chromosomes 5, 9, 18). Nous avons également précisé l’implication de ces locus dans le contrôle de chacun des trois phénotypes tumoraux.

2.1 Phénotype de multiplicité tumorale

Nous avons pu montrer que les QTLs localisés sur les chromosomes 1p.tel, 5, 10 et 18 identifiés statistiquement manifestent leur effet sur le phénotype de multiplicité tumorale au moins en partie indépendamment de la présence des autres QTLs identifiés par les analyses de liaisons. L’allèle d’origine WKY du locus 1p.tel, locus que nous avons appeléMcstm3, est un allèle cryptique et est capable à lui seul d’augmenter la sensibilité au cancer mammaire induit chimiquement. Cette augmentation était attendue sur base des études de liaisons génétiques. A l’inverse, les allèles d’origine WKY de chacun des trois autres locus localisés sur les chromosomes 5, 10 et 18 sont capables, à eux seuls de réduire de façon significative le risque de développer des tumeurs mammaires induites au carcinogène DMBA.

Le locus identifié sur le chromosome 5 a été appelé Mcstm1et la présence de l’allèle WKY à ce locus induit à elle seule une réduction de la multiplicité tumorale de 65% en comparaison à la lignée parentale SPRD-Cu3. Le QTLMcstm1est situé dans la région bordée par le marqueur D5Rat124 (19.2 Mb) et le gène Pla2g2a (157.6 Mb) (Figure 17.A). Etant donné la taille importante de cette région (138.4 Mb), il est probable qu’elle contienne plusieurs QTLs distincts. Cette région est homologue à une région du chromosome 4 de souris qui contient deux QTLs (Mmtg1 et Mmtg2) associés à la masse tumorale mammaire induite par un transgène (middle T gene polyome) (Le Voyer et al., 2000). D’autre part, l’intervalle que nous avons défini comprend les QTLsMcs5a1, Mcs5a2,Mcs5betMcs5c(sous-QTLs de Mcs5) associés au phénotype de multiplicité tumorale lors de l’analyse du croisement WF X WKY. L’étude de ces QTLs a permis de mettre en évidence que les QTLsMcs5a1 et Mcs5b sont cryptiques et qu’il existe des interactions d’épistasie entre les deux locus Mcs5a et Mcs5b(Lan et al., 2001; Samuelson et al., 2005; Samuelson et al., 2007). A l’instar du QTL Mcs5,Mcstm1 pourrait donc contenir plusieurs QTLs pouvant agir dans des sens opposés. Et compte tenu du fait qu’il a été montré que la structure haplotypique de la région Mcs5b est commune aux lignées SPRD-Cu3 et WF et que celle-ci est différente de celle de la lignée

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WKY, un des sous-QTLs deMcstm1pourrait contenir des gènes contrôlant potentiellement la sensibilité au cancer mammaire qui seraient communs àMcs5 et se trouveraient dansMsc5b (Stieber et al., 2007). La région du QTL Mcstm1 se superpose également au QTL Emca1 associé à la sensibilité au cancer mammaire induit par oestrogènes. L’analyse de la structure haplotypique de la région commune dans les différentes lignées impliquées dans les croisements a permis de conclure que dans le cas ou ces QTLs sont identiques, les gènes causaux se trouveraient dans une région distale de celle du QTLMcs5 (en fait deux régions ont été mises en évidence) (Stieber et al., 2007). Ce dernier argument appuie l’hypothèse de l’existence de sous-QTLs dans la régionMcstm1.

Les lignées congéniques C10.Mcsta1 et C18.Mcstm2/Mcsta2 montrent respectivement une réduction de 18% et 33% de la multiplicité tumorale. De manière remarquable, les QTLs localisés sur les chromosomes 10 et 18 avaient été associés dans un premier temps au phénotype de vitesse de croissance tumorale. L’observation d’un phénotype de multiplicité tumorale de ces lignées congéniques intégrant une région initialement associée au phénotype de vitesse de croissance peut s’expliquer dans le cas de la lignée congénique C.10.Mcsta1 par le fait que la réduction, bien que significative de la multiplicité tumorale est modeste et de ce fait difficile à détecter lors de l’analyse de liaison génétique. Dans le cas de la lignée congénique C18.Mcstm2/Mcsta2, une explication de ce fait est que la région qui contient le QTL d’agressivité présente également un QTL de multiplicité mais à un niveau statistiquement faible qui avait été ignoré en première analyse (Quan et al., 2006; Stieber et al., 2007). Les résultats de l’analyse phénotypique de la lignée congénique C.18.Mcstm2/Mcsta2 démontrent que la liaison génétique qui n’était que faiblement suggestive est bien réelle et nous avons appelé ce QTL Mcstm2. Le QTL Mcstm2 est le premier locus de sensibilité au cancer mammaire induit chimiquement assigné au chromosome 18. Il faut toutefois noter qu’un locus associé au cancer mammaire induit par œstrogènes, Emca2, a été localisé sur le chromosome 18 (Gould et al., 2004) (Figure 17.B).

Plusieurs arguments permettent de soutenir l’hypothèse que les deux QTLs sont distincts, notamment l’analyse de la structure haplotypique de la région commune aux deux locus qui a révélé que les lignées étudiées ne partagent pas d’haplotype commun au niveau de la région d’intérêt (Stieber et al., 2007).

En ce qui concerne le locus 1q.tel, la lignée congénique associée ne montre aucune réduction de la multiplicité tumorale en comparaison avec la lignée parentale sensible. Nous n’avons donc pas été en mesure de confirmer les résultats des analyses de liaisons qui prédisaient que la région du chromosome 1 bordée par les marqueurs D1Rat324 (229.5 Mb) et D1Rat88 (265.8 Mb) contenait un locus impliqué dans la détermination de la multiplicité tumorale. Ces observations n’excluent pas la possibilité que le QTL 1q.tel joue un rôle dans la

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détermination de la sensibilité au cancer mammaire. Une hypothèse pour expliquer la perte du phénotype lors de la réalisation de la lignée congénique est que des interactions intergéniques peuvent être nécessaires pour permettre à un QTL donné d’exercer son effet sur le phénotype (phénomène d’épistasie, comme observé sur le QTLMcsa2sur le chromosome 18).

2.2 Phénotype de latence tumorale

Nous avons montré que les QTLs de sensibilité au cancer mammaire identifiés statistiquement sur les chromosomes 5, 9 et 10 manifestent leur effet sur le phénotype de latence tumorale au moins en partie indépendamment de la présence des autres QTLs identifiés. En ce qui concerne le QTL localisé sur le chromosome 9 que nous avons appelé Mcstl1, les analyses de liaison prédisaient l’effet inverse de celui observé lors de la caractérisation phénotypique. Dans ce dernier cas c’est l’allèle WKY qui augmente le temps de latence et confère la résistance.

De manière surprenante, bien qu’aucun QTL associé à ce trait n’avait été détecté dans les régions définissant les lignées congéniques C5.Mcstm1 et C10.Mcsta1, celles-ci montrent des différences significatives en terme de latence tumorale par rapport à la lignée parentale sensible. Les allèles d’origine WKY de chacun des deux locus sont capables, à eux seuls, d’augmenter et de réduire, respectivement, de façon significative le temps d’apparition de la première tumeur. Le QTL Mcstm1 (chromosome 5) est donc impliqué à la fois dans la détermination de la multiplicité et de la latence tumorale, l’allèle WKY deMcstm1conférant la résistance dans les deux cas. Le QTLMcsta1localisé sur le chromosome 10 est également impliqué dans la détermination des deux traits mais dans ce cas, l’allèle WKY confère soit la résistance soit la sensibilité. Ces résultats constituent un argument pour appuyer l’hypothèse que les trois phénotypes tumoraux sont au moins en partie indépendants.

2.3 Phénotype de vitesse de croissance tumorale

Nous avons pu montrer que le QTL localisé sur le chromosome 10 identifié statistiquement manifeste son effet sur le phénotype de vitesse de croissance tumorale au moins en partie indépendamment des autres QTLs identifiés. La congénique C10.Mcsta1 montre une réduction statistiquement significative de 26% de la vitesse de croissance des tumeurs les plus agressives par rapport à celle de la lignée parentale. L’allèle d’origine WKY du locus est capable à lui seul de diminuer la vitesse de croissance de tumeurs mammaires induites chimiquement. Cette diminution était attendue sur base des études de liaisons génétiques. Nous avons appelé ce QTL, Mcsta1. Le locus Mcsta1 est donc impliqué dans

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chacun des trois phénotypes tumoraux. Cependant, son effet est cryptique lorsque l’on considère le phénotype de latence tumorale. A l’inverse, en terme de multiplicité et de vitesse de croissance, l’allèle WKY confère la résistance mais l’amplitude de l’effet du QTL sur le premier est réduite (18% de réduction de la charge tumorale) par rapport à celle de l’effet sur la vitesse de croissance.

2.4 Evaluation des effets d’une combinaison génétique entre les QTLs localisés sur les chromosomes 5 et 18.

Lors de l’analyse des relations d’épistasie entre les locus localisés sur les chromosomes 5 (Mcstm1) et 18 (initialement appeléMcstm2) nous avons pu observer que la lignée double congénique présentait une réduction de 49% du taux moyen de croissance de la tumeur la plus rapide par rapport à celui de la lignée parentale. Rappelons qu’aucune des deux lignées congéniques simples ne présente de réduction de la vitesse de croissance tumorale par rapport à la lignée sensible. Les allèles WKY des QTLs localisés sur les chromosomes 5 et 18 interagissent de manière synergique pour moduler la vitesse de croissance tumorale. Ces résultats constituent également une confirmation physique du fait que le QTL détecté sur le chromosome 18 par les analyses de liaisons est impliqué dans la vitesse de croissance tumorale, bien que son effet ne puisse être détecté dans la congénique simple du chromosome 18 (Quan et al., 2006; Stieber et al., 2007). Des interactions épistatiques semblables avaient été mises en évidence par M.Gould et collaborateurs lors de l’analyse du croisement entre les lignées WKY et WF. Ces analyses ont montré que bien que le locus Mcsm1 (« Mammary cancer susceptibility modifier1 », RNO6) n’exerce pas à lui seul d’effet majeur sur le phénotype de multiplicité tumorale, l’allèle WKY au locus diminue l’effet de l’allèle de résistance WKY au locusMcs8 (RNO14) (notons que dans ce cas-ci, l’allèle d’origine WKY du locusMcs8est capable à lui seul de diminuer la multiplicité tumorale) (Lan et al., 2001).

La région du chromosome 18 contenant le QTL Mcstm2 contrôle à la fois la multiplicité tumorale et la vitesse de croissance tumorale. Cependant les deux traits sont indépendamment modulés par la région du chromosome 5 contenant le QTLMcstm1, étant donné que l’allèle WKY du QTLMcstm2 n’a pas d’effet sur la multiplicité en présence de l’allèle WKY du QTLMcstm1alors que ces deux régions agissent de manière synergique sur la vitesse de croissance tumorale. Les phénotypes de multiplicité tumorale et de croissance tumorale sont au moins en partie indépendants. Ceci justifie que nous ayons considéré que la région du chromosome 18 bordée par les marqueurs D18Wox8 (32.5 Mb) et D18Rat44 (86.9 Mb) contient deux QTLs et décidé d’utiliser une dénomination distincte pour chacun d’eux (Mcstm2etMcsta2).

De manière remarquable, aucun QTL n’avait encore été associé au phénotype de

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vitesse de croissance chez le rat. Il faut toutefois noter que plusieurs QTLs contrôlant le développement de métastases ont été identifiés chez la souris, ceux-ci ont été localisés sur les chromosomes 7, 9, 13, 17 et 19 de souris (Lancaster et al., 2005). Le chromosome 10 de rat est partiellement homologue au chromosome 17 de souris, par contre, le chromosome 18 ne présente pas d’homologie à l’un ou l’autre de ces chromosomes de souris.

Les résultats de la présente étude confirment l’importante complexité du caractère de sensibilité au cancer mammaire chez le rat. Il semble que pour mieux comprendre et expliquer le trait, il soit utile de considérer les trois phénotypes de manière indépendante. D’abord parce que trois des six régions étudiées ont montré une implication dans plus d’un phénotype tumoral. Ensuite parce que l’amplitude de l’effet de l’allèle WKY d’une région peut être très variable, voir opposée (effet cryptique sur un phénotype et non-cryptique sur un autre) comme c’est le cas pour le QTL du chromosome 10, selon le phénotype considéré. L’identification de locus impliqués dans plus d’un phénotype tumoral avait déjà été rapportée dans le cadre de la recherche de QTLs associés au cancer mammaire induit par oestrogènes. En effet, l’étude des croisements ACI X COP et ACI X BN a permis d’identifier au moins trois QTLs de ce type.

De plus, les allèles de plusieurs de ces QTLs agissent dans des sens opposés selon le phénotype étudié, citons par exemple les allèles des QTLsEmca3(RNO2) etEmca8(RNO5) qui agissent dans le sens de la résistance ou dans le sens de la sensibilité selon que l’on considère le phénotype de latence ou de multiplicité tumorale (Gould et al., 2004; Schaffer et al., 2006; Shull, 2007). Notons que l’étude de QTLs associés au cancer mammaire induit par oestrogènes a également permis de mettre en évidence différents types de relations d’épistasie entre plusieurs QTLs. Il a été montré d’une part que les allèles ACI des QTLsEmca4(RNO7) et Emca8 (RNO5) sont capables d’augmenter la multiplicité tumorale de manière indépendante et d’autre part que l’allèle de résistance BN au locus Emca4 est capable de contrecarrer l’effet de sensibilité de l’allèle ACI du locus Emca8. De la même manière que dans notre étude, ces études ont également révélée que le locusEmca9(RNO18) est associé à la sensibilité au cancer mammaire mais que l’allèle ACI de celui-ci n’a d’effet sur la multiplicité tumorale qu’en présence de l’allèle BN au locusEmca7(RNO6) (Schaffer et al., 2006).

Plusieurs études ont démontré l’existence de QTLs complexes chez le rat (Haag et al., 2003; Samuelson et al., 2005; Samuelson et al., 2007; Schaffer et al., 2006) (pour revue voir aussi (Szpirer and Szpirer, 2007)). Etant donné la très grande taille des régions identifiées (de 14.9 à 138.4 Mb), il est fort probable que l’un ou l’autre des QTLs contienne plus d’un gène de sensibilité au cancer mammaire et l’hypothèse de l’existence de QTLs complexes dans notre modèle ne doit pas être écartée. De plus, les effets des allèles des sous-QTLs pourraient

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agir dans des sens opposés et chacun des sous-QTLs pourraient faire l’objet de relations d’épistasie avec un autre QTL (ou sous-QTL) faisant partie ou non du même QTL complexe.

Une des solutions pour répondre à la question des QTLs complexes est de créer et de caractériser des lignées sous-congéniques à partir des lignées congéniques établies. Ceci permettrait également de mieux comprendre les relations d’épistasie qui existent entre les différents QTLs. Nous avons entamé ce travail pour le locus au chromosome 5 en créant deux lignées sous-congéniques. Ce travail s’est achevé en toute fin de thèse et nous n’avons pas eu le temps de caractériser ces lignées.

3. Etude de gènes candidats

Lorsque l’existence d’un QTL associé à un phénotype est confirmée, il s’agit finalement d’identifier le ou les gènes responsables du phénotype étudié. Cependant la taille des régions qui contiennent chacun des QTLs dont nous avons confirmé l’effet sur le phénotype de sensibilité au cancer mammaire est élevée (de 14.9 à 138.4 Mb), ce qui rend l’application de la méthode classique du gène candidat peu efficace, étant donné le très grand nombre de gènes contenus dans chacune des régions d’intérêt.

L’approche générale de la présente étude a consisté en une combinaison d’approches complémentaires : l’étude de lignées congéniques, l’application de la méthode du gène candidat transcriptionnelle par l’analyse à grande échelle des transcriptomes des lignées parentales et l’application de la méthode du gène candidat positionnel. Bien que cette démarche ne permette pas d’établir une liste exhaustive de gènes candidats (en effet, elle oublie notamment les gènes dont des modifications de séquence influencent la fonction des protéines et non les taux de transcription et les gènes régulés par la voie des microRNAs) elle s’est avérée être intéressante dans le cadre de ce travail pour limiter le nombre de gènes candidats à analyser. La liste des gènes potentiellement candidats associés à notre modèle a été réduite de plusieurs centaines de gènes à 27 gènes. La candidature de sept d’entre eux a été testée dans le présent travail en comparant leur taux d’expression relatifs dans les différentes lignées congéniques étudiées.

Parmi les sept gènes dont nous avons testé la candidature, deux ont vu leur taux d’expression associé à la résistance au cancer mammaire : les gènesCcl2etAcaa2. Il est peu probable que ces gènes soient des gènes causaux mais leur régulation pourrait être indirecte et refléter un changement global de l’état du tissu mammaire, par exemple un changement dans l’état de différenciation des glandes mammaires. Un effet général de l’allèle WKY sur l’état de différenciation de la glande mammaire avait déjà été rapporté lors d’une étude menée au laboratoire (Lella et al., 2007).

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De manière intéressante, deux gènes, Pla2g2a et Pfn1, sont régulés par un déterminant génétique situé sur le même chromosome (« synténie » au sens original de ce terme), ce qui suggère que l’effet de régulation pourrait être un effet agissant en cis. La phospholipase sécrétée Pla2g2a (chromosome 5) semble jouer différents rôles dans les maladies humaines, incluant le cancer du colon, les maladies coronariennes et l’inflammation (Touqui et al., 2001 ; (Cormier et al., 1997). De plus, une expression élevée du gènePla2g2a a été rapportée dans plusieurs types de cancer dont celui de la prostate et du pancréas (Jiang et al., 2002; Kashiwagi et al., 1999). Le lien le plus important entre le gènePla2g2aet le cancer vient d’études génétiques chez la souris : il a été montré que l’homologue murin dePla2g2a, Mom1(modifier of Min1) réduit considérablement la sensibilité au cancer intestinal chez les souris APC min/+, un modèle murin de la polypose familiale (Cormier et al., 1997; Dietrich et al., 1993; MacPhee et al., 1995). Il est à noter que la séquence du gène Pla2g2a avait été étudiée au laboratoire par D. Stieber. L’existence de quatre polymorphismes de séquence entre les lignées parentales SPRD-Cu3 et WKY a été révélée dans la région 3’UTR. Cependant, les polymorphismes identifiés ne sont ni localisés dans des régions fortement conservées entre les espèces, ni dans des régions prédites d’hybridation de miRNAs, ce qui plaide en faveur de l’hypothèse que ces mutations sont silencieuses. L’étude devra donc être élargie aux séquences promotrices et introniques du gène. Il est tout à fait envisageable que ce gène puisse jouer un rôle dans le cadre de la sensibilité au cancer mammaire, toutefois étant donné qu’il constitue une des bornes du QTLMcstm1, il est peu probable qu’il constitue un gène causal dans notre modèle.

Le deuxième gène dont les taux d’expression et la présence de l’allèle WKY du QTL dans lequel il est localisé montre un effet de synténie est le gène de la profiline 1 (Pfn1) (chromosome 10). Les profilines sont impliquées dans de nombreuses cascades de réactions.

L’importance des profilines dans le processus de prolifération et de différenciation des cellules normales a été documentée dans des études montrant que des disfonctionnements de gènes de profiline mènent à une diminution de la mobilité et de la croissance des cellules (Haugwitz et al., 1994; Magdolen et al., 1988). De manière intéressante, il a également été montré que des faibles taux de profilines sont critiques pour la différenciation des cellules épithéliales humaines. Plus particulièrement, des études ont souligné l’importance du gène Pfn1 dans le processus de différenciation des tissus humains. Ces études ont montré que des cellules humaines dont le taux d’expression du gène est bas adoptent un phénotype non-tumorigénique lorsque le taux d’expression du gène Pfn1 augmente (Janke et al., 2000). Cependant, dans notre étude nous avons pu montrer que le gène Pfn1 est sous-exprimé dans la lignée WKY résistante (et dans la lignée congénique C10.Mcsta1) par rapport à la lignée sensible SPRD- Cu3.

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La présente étude de gènes candidats a donc permis de mettre en évidence deux modes d’expression dans les gènes localisés dans les QTLs Mcstm1,Mcstm2/Mcsta2 et Mcsta1. Le premier est complexe et reflèterait un état global de la glande mammaire. Dans le deuxième cas, il semble que les éléments régulateurs, qui peuvent être désignés comme des QTLs d’expression ou eQTLs sont localisés sur le même chromosome que les gènes structurels en question. Les éléments régulateurs et les gènes seraient donc synténiques et il semble que les eQTLs soient des eQTLs agissant en cis.

4. Conclusion

L’étude réalisée dans le présent travail a permis d’assurer l’existence de cinq locus impliqués dans la détermination de la sensibilité au cancer mammaire chimiquement induit chez le rat : Mcstm3 (RNO1), Mcstm1 (RNO5), Mcstl1 (RNO9), Mcsta1 (RNO10) et Mcstm2/Mcsta2 (RNO18). Chacun de ces locus a été associé à un ou plusieurs des trois phénotypes tumoraux. Nous avons également pu mettre en évidence deux effets épistatiques contrastés impliquant le locus Mcstm1(RNO5). Nous avons pu montré que les allèles WKY des QTLs localisés sur les chromosomes 5 et 18 agissent de manière synergique pour moduler la vitesse de croissance et de manière non additive lorsque l’on considère le phénotype de multiplicité tumorale. Dans ce dernier cas, l’action de l’allèle WKY du locus Mcstm2 est masquée par un ou plusieurs gènes localisés au locusMcstm1.

Le problème de l’identification des gènes qui sous-tendent les QTLs identifiés a été abordé en combinant les résultats de l’étude des lignées congéniques et les résultats d’une analyse de profils d’expression génique. Ceci nous a permis d’établir une liste restreinte de gènes candidats positionnels et fonctionnels. Nous avons testé la candidature de sept d’entre eux dont les gènes Pla2g2a (RNO5) et Pfn1 (RNO10). De manière intéressante l’étude des taux d’expression de ces gènes a permis de mettre en évidence que l’expression de ceux-ci est modulée par des eQTLs agissant en cis. Dans un deuxième temps nous avons amorcé la dissection des QTLs identifiés en réalisant des lignées sous-congéniques de la lignée C5.Mcstm1. Ceci devrait permettre de réduire la taille des régions identifiées et ainsi encore limiter le nombre de gènes potentiellement impliqués dans la détermination du trait. La réalisation de lignées sous-congéniques devra également être envisagée pour les autres QTLs dont nous avons confirmé l’effet. La réalisation de lignées sous-congéniques de la lignée C10.Mcsta1 permettrait par exemple de déterminer si les lignées contenant ou non le gène candidatPfn1 à l’état WKY, conserve la résistance en terme d’agressivité tumorale. Enfin, il est fort probable que les QTLs identifiés soient des QTLs complexes formés de sous-QTLs.

L’étude de lignées sous-congéniques permettra alors de mieux comprendre la structure

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génétique des QTLs identifiés notamment pour les QTLs montrant une implication dans plus d’un phénotype tumoral. La dissection des QTLs complexes en sous-QTLs permettra également d’étudier les relations d’épistasie éventuelles entre ceux-ci. La réduction extrême de certains d’entre eux pourrait aboutir à l’identification d’un gène causal ou de marqueurs génétiques associés à la sensibilité au cancer mammaire chez le rat. Dans ce cas, il sera important d’évaluer leur rôle dans la prédisposition au cancer du sein chez la femme.

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