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Submitted on 1 Jan 1982
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Stabilité mécano-chimique d’un interface fluide-fluide siège de réactions mono- et bi-moléculaires
W. Dalle Vedove, P.M. Bisch
To cite this version:
W. Dalle Vedove, P.M. Bisch. Stabilité mécano-chimique d’un interface fluide-fluide siège de réactions mono- et bi-moléculaires. Journal de Physique, 1982, 43 (1), pp.1-6. �10.1051/jphys:019820043010100�.
�jpa-00209378�
1
Stabilité mécano-chimique d’un interface fluide-fluide
siège de réactions mono- et bi-moléculaires
W. Dalle Vedove et P. M. Bisch
Université Libre de Bruxelles, Service de Chimie Physique II, Campus Plaine, C.P. 231, Boulevard du Triomphe,
B-1050 Bruxelles, Belgique
(Rep le 8 mai 1981, accepté le 11 septembre 1981)
Résumé.
2014Nous analysons la stabilité mécano-chimique d’un interface fluide-fluide siège de réactions chimiques
mono- et bi-moléculaires impliquant deux espèces fluctuantes. Dans l’approximation de faibles viscosités dans les
coeurs de phase, nous établissons les conditions nécessaires d’instabilité périodique et apériodique. Nous consi-
dérons successivement les situations caractérisées par l’absence, puis par la présence, d’autocatalyse ou de « cross » catalyse chimiques. Le couplage entre les processus interfaciaux chimiques et convectifs conduit à des variétés nouvelles d’instabilités. En effet, une étape autocatalytique tri-moléculaire n’est alors plus indispensable pour
l’obtention d’instabilités chimiques
2014et mécaniques
2014périodiques. L’attention est portée sur la nature des étapes chimiques déstabilisantes.
Abstract.
2014We analyse the mechano-chemical stability of a fluid-fluid system characterized by interfacial mono-
and bi-molecular chemical reactions involving two fluctuating species. For very small bulk-viscosities, we derive
the necessary conditions for the occurrence of both periodic and aperiodic unstable regimes. We successively
discuss the situations corresponding either to the absence or to the presence of autocatalytic and crosscatalytic effects. The mechano-chemical coupling leads to a new variety of instabilities. Indeed, it is no more necessary to take into account a tri-molecular autocatalytic step in order to obtain periodic chemical
2014and mechanical
2014instabilities. We focus our attention on the properties of the destabilizing chemical steps.
J. Physique 43 (1982) 1-6 JANVIER 1982,
Classification
Physics Abstracts
47.20
LE JOURNAL DE PHYSIQUE
1. Introduction.
-La dissipation d’energie accom- pagnant les reactions chimiques en milieu ouvert peut conduire a l’auto-organisation spatiale et
-ou - temporelle de ces systemes [ 1-7]. La volonté de discer- ner, parmi la variete quasi infinie de reactions chi-
miques possibles, celles qui sont responsables de l’apparition de structures dissipatives a suscite un grand int6r8t pour la stabilite des r6acteurs chimiques.
La thermodynamique des processus irreversibles [1-4]
nous renseigne sur le role essentiel joue par les etapes autocatalytiques et « cross » catalytiques pour le
developpement d’instabilites chimiques. Par ailleurs, plusieurs auteurs ont contribue de maniere decisive a la classification des cin6tiques chimiques. Parmi ces derniers, Hannusse [5, 6] et Pacault ont montre l’impossibilité d’obtenir un cycle limite (oscillations temporelles entretenues) a partir de cin6tiques mono-
et bi-moleculaires impliquant deux espèces chimiques
fluctuantes.
Dans les systemes biphasiques constitues de deux fluides immiscibles, le couplage entre les processus
chimiques et convectifs interfaciaux peut engendrer
des varietes nouvelles d’instabilit6 par rapport aux
situations sus-mentionnees caracterisees par 1’absence d’effets convectifs et capillaires. En effet, nous avons recemment montre [8-10] que des instabilit6s convecto-
chimiques interfaciales peuvent se développer a partir
de cinetiques chimiques (interfaciales) non auto- catalytiques et non « cross )) catalytiques. Ce phe-
nomene résulte de l’auto-amplification de gradients
infinitésimaux de tension interfaciale (Effet Maran- goni).
Nous avons developpe une etude syst6matique [9,10]
de la stabilite mecano-chimique interfaciale. Des criteres d’instabilite ap6riodique ont ete obtenus pour
n’importe quel schema reactionnel impliquant un
nombre arbitraire d’especes chimiques fluctuantes.
Dans la présente etude, nous consid6rons 1’ensemble des cin6tiques chimiques interfaciales ne comportant que des 6tapes mono- et bi-mol6culaires et deux
espèces chimiques fluctuantes. Cette analyse constitue
donc une generalisation et une extension (par l’intro-
duction deffets convectifs et capillaires) des travaux
de Pacault [5, 6], Tyson et Light [7] portant sur la stabilite chimique de phases volumiques.
Enfin, la presente analyse lin6aire de stabilite ne
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019820043010100
2
tient pas compte des effets 6lectriques [11-13], ther- miques [14] ou lies a des gradients de concentrations dans les phases volumiques [15-17] d6limitant l’inter- face. Les cin6tiques chimiques interfaciales (voir 6galement [16-18]) constituent, avec les processus convectifs interfaciaux, les seuls facteurs d6stabilisants consid6r6s ici.
2. Ensemble des cin6tiques mono- et bi-moleculaires interfaciales.
-Les cin6tiques r6actionnelles Fy et
les flux d’adsorption-desorption Jy des especes chi- miques fluctuantes y (y
=1, 2) correspondant a des 6tapes mono- et bi-mol6culaires sont donn6es par les relations
ou xy et r y/1 sont des quantit6s ind6pendantes des
concentrations molaires interfaciales fy des especes y.
Les relations suivantes sont vérifiées pour tout schema r6actionnel mono- et bi-mol6culaire impli-
quant deux esp6ces fluctuantes (voir 6galement [6]
pour des reactions en phase volumique)
Par contre, le signe des parametres r 11, r22, r13 et r23
depend de la presence ou de 1’absence d’etapes auto-
ou « cross » catalytiques. Les concentrations a 1’etat stationnaire (°) homogene sont obtenues a partir des equations
Nous avons vérifié qu’il existe un seul etat station-
naire homogene en 1’absence d’auto- et de « cross »
catalyse, c’est-a-dire lorsque
pour des valeurs fixees des parametres chimiques.
Par contre, des 6tats stationnaires multiples sont possibles en presence d’effets autocatalytiques (voir
par exemple, figures 1 a et 1&).
Des perturbations infinit6simales des quantit6s figurant dans les equations (1) et (2) a partir d’un 6tat
stationnaire r) (y
=1, 2), conduisent aux relations suivantes
Fig. 1.
-Concentrations stationnaires correspondant a
unecine- tique autocatalytique :
,
chimiquement stable,
--- :chimiquement
instable.
Steady-state interfacial concentrations corresponding to
anauto-
La linearisation des equations de la cin6tique chi- mique conduit alors a 1’equation de dispersion chi- mique
OÙW est la frequence complexe ((o = Wr + im) caracté- ristique d’un mode normal de perturbation.
A l’instar des reactions chimiques mono- et bi-
mol6culaires se d6roulant en phase volumique [6]
des reactions interfaciales et des flux d’adsorption- desorption mono- et bi-moleculaires ne peuvent induire des instabilit6s oscillantes. En effet, les ine- galit6s cll i 0 et c22 0 interdisent 1’existence de solutions de 1’equation (7) verifiant les conditions
(t)r > 0 et (t)i =A 0.
Par contre, des etats instables non oscillants sont
obtenus (point selle) en presence d’autocatalyse lorsque
Envisageons a present le couplage entre les processus interfaciaux chimiques (decrits ci-dessus) et hydro- dynamiques.
3. Stabilite mecano-chimique.
-Nous consid6rons deux phases volumiques (qJ) immiscibles semi-infinies,
newtoniennes et incompressibles, s6par6es par un interface (s). Des espèces chimiques tensioactives en
d6s6quilibre de partage traversent la region interfaciale ou elles participent a des reactions chimiques. De plus, nous supposons que les processus de diffusion dans les phases volumiques sont rapides par rapport
aux 6tapes d’adsorption-desorption et aux cin6tiques
interfaciales. La temperature reste uniforme et cons-
tante. Enfin, l’interface est assimil6 a un milieu bi- dimensionnel [15, 19] newtonien, compressible et
tres dilu6 [20]. A 1’6tat stationnaire de r6f6rence le
systeme est au repos et l’interface est suppose plan
et homog6ne.
Dans 1’approximation de faibles viscosit6s dans les
coeurs de phase I’analyse lin6aire de la stabilit6 m6cano-
chimique interfaciale, pour deux esp6ces fluctuantes [8],
conduit a 1’6quation de dispersion suivante corres- pondant aux modes longitudinaux (compression- d6compression de l’interface sans deformations trans-
versales) :
avec
et oii k est le nombre d’onde caract6ristique de la perturbation, q la viscosite interfaciale, D 1 et D2 les coefficients de diffusion des especes 1 et 2 dans l’inter-
face, FT la densite interfaciale totale, ay
=(a Q/ary)°
I’activit6 superficielle ( 6 d6signe la tension interfa- ciale [20]) et cyB les quantites definies par les relations
(6). Enfin, la solution interfaciale étant suppos6e tres diluee, nous avons a
=RT ou R est la constante des gaz et T la temperature absolue.
En vertu du theoreme de Routh-Hurwitz la stabilit6
asymptotique (wr 0) d’un etat de reference considere
est garantie lorsque les inegalites suivantes sont
verifiees simultanement
Lorsque l’inégalité (15) est infirmée, des etats instables ap6riodiques sont obtenus et l’infirmation des rela- tions (13) ou (14) permet 1’existence d’instabilites
apériodiques et
-ou - periodiques. Signalons qu’en
vertu des relations c 11 I 0 et c22 0, la condition (13)
est toujours satisfaite. Par contre, une analyse est
n6cessaire pour verifier les conditions (14) et (15).
3.1 ABSENCE D’AUTO- ET DE « CROSS » CATALYSE.
-Considérons d’abord les situations caracterisees par 1’absence d’étapes auto- et « cross » catalytiques. En
introduisant les relations (3), (5) et (6) dans les expres- sions (10)-(12) on peut verifier que la condition (14)
est alors toujours satisfaite.
Toutefois, le signe de a3 peut changer. La condition necessaire pour 1’obtention de l’inégalité a3 0 est en effet donnee par
Cette derniere peut etre vérifiée, meme en 1’absence
d’auto- et de « cross » catalyse comme nous 1’avions
d6jd montre [8] a partir du schema suivant :
ou r 1 et T 2 sont les seules espèces fluctuantes. Signa-
Ions que 1’etape (I. b) peut etre remplac6e par R1 i = F2 ou R 1 est un reservoir [28].
Le lecteur pourra verifier, en utilisant les relations (3), (5), (6) que l’inegalite (16)
-et donc la possibilité
d’instabilités mecano-chimiques aperiodiques
-ne peut etre satisfaite qu’aux conditions
Ces dernieres peuvent s’interpr6ter de la maniere
suivante :
i) au moins deux 6tapes chimiques consommant
simultan6ment les deux espèces fluctuantes sont
n6cessaires,
4
ii) une de ces deux etapes regenere l’une des especes fluctuantes, cette derniere jouant ainsi le role de
catalyseur pour la transformation de 1’autre espece
fluctuante.
Les conditions i) et ii) determinent les combinaisons
uniques d’etapes chimiques non autocatalytiques et
non « cross » catalytiques mono- et bi-moleculaires
impliquant deux especes chimiques fluctuantes et
pouvant donner lieu a des instabilites mecanochimi- ques interfaciales.
3.2 CINETIQUES AUTO- OU « CROSS» CATALYTI- QUES.
-Consid6rons a present les situations carac-
terisces par la presence d’etapes auto- ou « cross » catalytiques dans le schema reactionnel. L’une au
moins des inegalites (5) est alors infirm6e. Deux
situations distinctes peuvent alors apparaitre selon
les valeurs prises par les parametres chimiques :
la relation (8) est soit infirmée soit confirmee. Dans la
premiere situation, la stabilite chimique intrinseque (sans convection voir equation (7)) est garantie et le comportement m6cano-chimique du systeme est alors qualitativement identique a celui prevalant en 1’ab-
sence d’auto- et de « cross » catalyse (possibilite
d’instabilité m6cano-chimique ap6riodique unique- ment). Par contre, lorsque la condition (8) est verifiee,
des differences importantes apparaissent. En premier lieu, des etats stationnaires multiples sont pr6dits
et des instabilites chimiques intrinsèques (sans con- vection) sont obtenues. En second lieu, la relation (14)
est alors infirmée pour des valeurs suffisamment
petites du nombre d’onde k. Des instabilites mecano-
chimiques apériodiques et
-ou - periodiques sont
des lors obtenues.
Cette derniere possibilite (instabilite p6riodique)
constitue une nouvelle variete d’instabilite par rapport a la situation purement chimique [6] pour laquelle
1’evolution vers un cycle limite est impossible.
A titre d’exemple consid6rons 1’ensemble des cine-
tiques interfaciales caracterisees par une 6tape auto- catalytique en 1’espece T1 1 impliquant deux labiles
(y
=l, 2) (r, 3
= -r23 > 0). Dans le but de simplifier davantage cette illustration, nous imposons les condi-
tions supplementaires suivantes
excluant du schema reactionnel, les etapes impliquant
deux especes reactives identiques.
A 1’etat stationnaire de reference correspondant,
nous avons :
ou Zl, z2 et z3 sont definis par
Deux états stationnaires de reference distincts sont alors possibles. Ainsi, pour les valeurs suivantes des
parametres chimiques :
nous avons repr6sent6 (Figs. la et b) les concentrations
rf et T ° correspondant a differentes valeurs de xl.
Les traits en pointiII6 indiquent la branche des 6tats stationnaires chimiquement instables (sans couplage convecto-chimique) vis-a-vis de perturbations homo- genes (k
=0). La branche des 6tats chimiquement
stables est representee par un trait continu. Pour xl 1
=10-13 [M . cm-2 . s-1] ] nous avons analyse la
stabilite m6cano-chimique des deux 6tats stationnaires
correspondants, pour les valeurs suivantes des para- metres m6caniques
et pour D1
=D2
=10-6 [cm2. S-l]. L’equation (9)
a en effet ete r6solue pour chacun de ces 6tats sta- tionnaires. Sur la figure 2 nous avons represente la
variation de Wr en fonction du nombre d’onde k pour
Fig. 2.
-wr
enfonction de k vérifiant 1’equation de dispersion m6cano-chimique :
[wr
as afunction of k satisfying the mechano-chemical dispersion
non