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Des apparences parfois trompeuses : la tombe SP4041 de la place E. Wernert à Lyon (Rhône)

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Auteurs :

Stéphanie Bigot, Inrap, UMR 5138-ArAr Christian Cécillon, Inrap, UMR 5189-HiSoMa Emmanuel Ferber, Inrap, UMR 5138-ArAr Magalie Guérit, Inrap, UMR 5138-ArAr Mikaël Rouzic, Inrap, UMR 5199-PACEA

Illustrations : Eric Bayen, Inrap

Inrap

121 rue d’Alésia 75014 Paris

Tél. 01 41 08 80 00

www.inrap.fr

Localisation du site

Sur la colline de Fourvière à Lyon, une nécropole, née aux portes de la ville au Haut-Empire, s’est développée dans un premier temps le long des axes de circulation, avant de se polariser à partir du IVe siècle autour de deux basiliques funéraires. Une fouille dite de « la place Eugène Wernert » a été menée entre 2015 et 2016, à équidistance des deux églises, permettant l’étude de 839 sépultures, mises en place entre le IVe et le VIe siècles. Parmi celles-ci, la sépulture SP4041 fait partie des rares inhumations associées à du mobilier (4,3 %). C’est l’une de celles qui en cumule le plus (30 sépultures sur 36 ne contiennent qu’un seul objet).

La sépulture SP4041

Une femme âgée de plus de 40 ans a été placée dans un réceptacle en matériau périssable (probablement un cercueil partiellement cloué), lui-même déposé dans un sarcophage à cuve et couverture bipartite, l’ensemble étant lié au mortier. De la même manière que les autres sarcophages mis au jour sur le site, celui-ci est réalisé à partir de pièces de remploi en pierre du Midi, un calcaire tendre caractéristique des monuments julio-claudiens de Lugdunum.

Le mobilier

La sépulture a livré une monnaie, une clef-bague, une fibule et un flacon.

Une monnaie est placée dans la bouche du sujet, déposée en offrande. Il s’agit d’un dupondius d’Auguste frappé à Nîmes en 9/8-3 avant notre ère (Roman Provincial Coinage I, 524) très peu usé pour une monnaie divisionnaire en alliage cuivreux ; celle-ci a donc rarement circulé.

Une clef-bague, probablement déposée sur le cercueil, a été retrouvée légèrement au-dessus des os de la main droite.

L’accessoire est du type 07 de Guillaumet et Laude (Guillaumet, Laude 2009), du type 5b de Guiraud (Guiraud 1989) et du type 2.17.2 de Riha (Riha 1990). La clef-bague présente un anneau de section en D surmonté d’un appendice latéral constitué d’un U et d’une barre horizontale médiane. Le bijou, uniquement

utilisé pour l’ouverture des coffrets, apparaît en Gaule à la conquête romaine et perdure jusqu’au IVe siècle. Mais son utilisation principale couvre les deux premiers siècles de notre ère.

Une fibule, disposée au-dessus de l’épaule droite, pourrait être en situation fonctionnelle et avoir orné un vêtement porté par la défunte. Cependant, l’ardillon est oxydé en position ouverte suggérant que la fibule est davantage déposée avec le sujet que portée. L’accessoire est classé dans le type 3b1b/d de Feugère (Feugère 1985), dans le type 1.4 de Riha (Riha 1979, 1994) et dans le type 3 d’Ettlinger (Ettlinger 1973). La fibule, complète, est composée d’un ressort bilatéral à quatre spires, d’une corde interne et d’un arc filiforme. Elle est datée des années 10/80 de notre ère.

Un petit flacon en verre a été déposé à gauche de la tête de la défunte. Ce balsamaire, dont il manque le bord, est soufflé dans une matière verdâtre. Il se caractérise par une embouchure évasée et par un long col étroit qui s’amincit à sa base. La panse sphérique interdit le maintien en position verticale de l’objet. Cette forme inédite, attestée à seulement quelques exemplaires dans la région, provient exclusivement de contextes funéraires datés des IVe et Ve siècles.

La datation radiocarbone

La datation radiocarbone a été effectuée par le laboratoire de Poznán en Pologne.

Résultats bruts : 1805 ± 30 BP (2,2 % N, 11,6 % C, 12,8 % coll).

Résultats calibrés : 129-325 de notre ère (software OxCal, courbe atmosphérique IntCal13 (Reimer et al. 2013) à 95 % de probablilité).

Le sarcophage

Sur le site, les sarcophages datables sont attribuables au IVe siècle jusqu’au milieu du Ve siècle dans leur première utilisation. La typo-chronologie locale donne une fourchette plus large, entre le milieu du IVe siècle et le VIe siècle pour les cuves bipartites.

Des apparences trompeuses

Ces différents éléments font de cette sépulture un cas tout à fait particulier.

La monnaie et la fibule sont contemporaines (Ier siècle de notre ère) et leur dégré d’usure indique des objets ayant peu circulé. La clef-bague est fabriquée entre la fin du Ier et le IIe siècle, mais son utilisation est connue encore au IVe siècle. Quant au balsamaire, daté par comparaison des IVe et Ve siècles, il est contemporain de la mise en place de la sépulture comme le confirme la datation radiocarbone.

Les pierres des sarcophages exhumés lors de la fouille sont des remplois d’éléments d’architecture julio-claudien (1ère moitié du Ier siècle de notre ère). Dans certains cas, ils proviennent manifestement de mausolées.

Si une conservation sur plusieurs générations de bijoux ne peut être exclue, il faut aussi envisager que, tout comme les pierres, ils ont été récupérés dans des sépultures plus anciennes et à leur tour réutilisés.

Bibliographie

Ettlinger 1973

ETTLINGER E. – Die römischen Fibeln in der Schweiz, Francke Verlag Bern, Unterstützung des schweizerischen nationalfonds zur förderung der wissenschaftlichen forschung, Bern, 1973.

Feugère 1985

FEUGERE M. – Les fibules en Gaule méridionale, de la conquête à la fin du Ve s. apr. J.-C., 2 volumes, Ministère de la Culture (sous-direction de l’Archéologie), éditions du Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1985.

Guillaumet, Laude 2009

GUILLAUMET J.-P., LAUDE G. – L’art de la serrurerie gallo-romaine : l’exemple de l’agglomération de Vertault (Côte-d’Or), collection Art, Archéologie et Patrimoine, éditions Universitaires de Dijon, Dijon, 2009.

Guiraud 1989

GUIRAUD H. – Bagues et anneaux à l’époque romaine en Gaule, in : Gallia, Tome 46, 1989, 188 – 191.

Reimer et al. 2013

REIMER P. J., BARD E., BAYLISS A., BECK J. W., BLACKWELL P. G., RAMSEY C. B., BUCK C. E., CHENG H., EDWARDS R. L., FRIEDRICH M., GROOTES P. M., GUILDERSON T. P., HAFLIDASON H., HAJDAS I., HATTÉ C., HEATON T. J., HOFFMANN D. L., HOGG A. G., HUGHEN K. A., KAISER K. F., KROMER B., MANNING S. W., NIU M., REIMER R. W., RICHARDS D. A., SCOTT E. M., SOUTHON J. R., STAFF R. A., TURNEY C. S. M., VAN DER PLICHT J., – IntCal13 and Marine13 Radiocarbon Age Calibration Curves 0–50,000 Years cal BP, Radiocarbon, 55, 4, 1869 – 1887.

Riha 1979

RIHA E. – Die römischen Fibeln aus Augst und Kaiseraugst, Forschungen in Augst, vol. 3, Museen und Archäologie des Kantons Basel, Augst, 1979.

Riha 1990

RIHA E. – Der römische Schmuck aus Augst und Kaiseraugst, Forschungen in Augst, Band 10, Augst, 1990.

Riha 1994

RIHA (E.) – Die römischen Fibeln aus Augst und Kaiseraugst, Die Neufunde seit 1975, Forschungen in Augst, Band 18, Museen und Archäologie des Kantons Basel, Augst, 1994.

Des apparences parfois trompeuses

La tombe SP4041 de la place E. Wernert à Lyon (Rhône)

Rhône

0 5 cm

0 5 cm

Localisation de la fouille Place Wernert et des sites antiques proches d’après une carte de l’Atlas de Lyon des sites antiques. DAO : E. Ferber, Inrap

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Place Wernert

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Y=5174. 230 Y=5174. 240 1026.1240.7901026.3240.7261026.4240.773

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min3.197.cl.1239.673 min3.196.cl.3239.869

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N

4119

TR14.1.1243.428

TR14.1.4243.155 TR14.3.1244.850

TR14.3.4243.933TR14.3.5244.267 TR14.4cl.2244.438

Théatre odéon

St-Irénée

St-Just

Dessin : M. Guérit, DAO : E. Bayen, Inrap

Dessin : C. Plantevin, Inrap Clichés et DAO : S. Bigot, Inrap

0,50 m

clou

clou clou

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US4041.5

Sépulture 4041 - Dessin : Z. Sékhari, Inrap, DAO : E. Bayen, Inrap

clou

clou

245,50 m NGF Cliché : C. Cécillon, Inrap

0 5 cm

Dessin : C. Plantevin, cliché et DAO : S. Bigot, Inrap

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