ACTION DE L’ATROPINE SUR LE COMPORTEMENT SEXUEL ET LA COMPOSITION DU SPERME CHEZ LE TAUREAU
J.
P. SIGNORETP. EVRARD Station de Recherches de
Physiologie
animale,Centre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise).
SOMMAIRE
13taureaux ont reçu 30minutes avant la collecte de sperme au
vagin
artificiel uneinjection
sous-cutanée, soit de 800 mgd’atropine,
soit de sérumphysiologique.
Les animauxprésentent après l’injection d’atropine
des réactions nettes d’énervement, de météorisation, mais leur comportement sexuel n’est pasperturbé.
Les
caractéristiques
du sperme obtenu sont nettement modifiées,après l’injection d’atropine :
le volume passe de 6,i ml à 4,o
ml,
la concentration de r 34900o ài 6 13 0 00 spermatoz d ides fmm 3
et le nombre total de 8,4milliards à 6,6 milliards.
L’action d’une
injection
sur lacomposition
del’éjaculat
est encore sensibleaprès
3ou 4jours,
alors que toute réaction extérieure a
disparu
au bout de 24heures.Ces résultats sont
susceptibles
d’être utilisés pour uneanalyse
des mécanismes del’éjaculation.
L’action
del’atropine
sur lacomposition
du sperme a été mise en évidence chez le Verrat par DzIUK(ig5 9 ) :
alorsqu’aucun
effet n’est constaté sur lecomportement sexuel, le
volume de sperme obtenu paréjaculation
devientégal
à 16 p. zoo de celui destémoins,
la concentration enspermatozoïdes
estprès
decinq
foisplus
forte et le nombretotal de
spermatozoïdes
restepratiquement inchangé.
Cette
action, permettant
de diminuer laproportion
des sécrétions accessoires dansl’éjaculat, présente
ungrand
intérêt aussi bien en cequi
concerne l’étude théo-rique
del’éjaculation
que pourl’application pratique
à l’insémination artificielle.Nous avons donc
entrepris
chez le Taureau une étudeanalogue
dont lespremiers
résultats sont
rapportés
ici.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Nous avons utilisé 13 taureaux, dont
cinq couples
dejumeaux,
appartenant aux troisplus importantes
races laitièresfrançaise :
Normande, Frisonne et Pierouge de l’Est,
et dont lespoids
s’éche-lonnent entre 700et 900
kg
et les âges entre 2et 6 ansDeux fois par semaine un
éjaculat
a été récolté surchaque
taureau et les contrôles suivants effectués :- motilité des
spermatozoïdes
notéesubjectivement
de o à q., selon une échelle utilisée dans la routine du laboratoire,- volume mesuré au 1/10de ml,
- concentration en
spermatozoïdes
déterminée parnéphélométrie,
- taux de
spermatozoïdes
morts déterminé par coloration différentielle àl’éosine-nigrosine (BLOM, 1950).
La collecte du sperme était faite au
vagin
artificielaprès
un délai d’excitation de 5 minutespendant lequell le
taureau effectuait un chevauchement sanséjaculation.
La solution de sulfate
d’atropine
à 2p. 100dans du sérumphysiologique
étaitinjectée
par voie sous-cutanée. La dose utilisée, trèssupérieure
aux dosesthérapeutiques
usuelles, a étéaprès
diversessais fixée à 800mg par animal, soit en moyenne i mg par
kilogramme
depoids
vif. Les témoinsrecevaient une
injection équivalente
de sérumphysiologique
stérile.Le délai entre
l’injection
et le début de lapériode
d’excitationprécédant
la collecte a été fixé à 3o minutes.L’expérience
a été divisée en troispériodes
dequinze jours séparées
chacune par un mois de repos. Au cours dechaque période
les animaux étaientrépartis
en deux groupes.W Un groupe
expérimental
recevant avant une collecte sur deux uneinjection d’atropine
etavant la suivante une
injection
de sérumphysiologique,
afin d’éviter un effet cumulatif del’atropine.
2
° Un groupe témoin recevant une
injection
de sérumphysiologique
avantchaque
collecte.Une
permutation
circulaire des traitements était effectuée au cours despériodes expérimentales
successives.
RÉSULTATS
ET DISCUSSIONLes réactions des animaux à ces doses relativement fortes
d’atropine
sont nettes.L’animal bouge
sans cesse, estinquiet,
ne mange pas etprésente
souvent un débutde
météorisation,
cessymptômes disparaissent cependant
dès le lendemain de l’in-jection
sans laisser deséquelles.
Le
comportement
sexuel des animaux n’a en rien étéperturbé.
Comme lestémoins,
tous les animaux traités se sont montrés trèsardents,
chevauchant le boute- en-train dès que lapossibilité
leur en étaitlaissée,
sans latenceappréciable. I,’éjacu-
lation a été obtenue aussi facilement que chez les témoins.
Les
caractéristiques
du sperme récolté sont rassemblées dans le tableau 1.En
comparant
leséjaculats
des animaux soumis àl’injection d’atropine
à ceuxdes
témoins,
on note une très forte réduction du volume du sperme(P
<0 , 001 ),
une
augmentation
de la concentration enspermatozoïdes (P
<0 , 02 )
mais une dimi-nution du nombre total de
spermatozoïdes (P
=o,o 5 ).
Les
caractéristiques
deséjaculats
des animaux soumis à uneinjection
de sérumphysiologique,
maisayant
reçu del’atropine
3 ou 4jours
avant, ont des valeurs intermédiaires. Néanmoins aucune différence n’estsignificative.
Le taux de
spermatozoïdes
morts et la motilité ne sont en aucun cas modifiés.Discussion.
Au cours de ce
travail,
aucune action sur lecomportement
sexuel n’a été enre-gistrée malgré
les dosesimportantes
utilisées. Ceci est en accord avec les résultats de Dzmx(ig 5 g)
chez leVerrat,
mais est en contradiction avec ceux obtenus chez le Rat par Sou!,mRac( 1957 ).
Cet auteur observe en effet unedisparition complète
detout
comportement
sexuel dans les 20minutes suivantl’injection.
Il est à remarquerqu’il
utilisecependant
des dosesproportionnellement beaucoup plus
fortesUn ce
qui
concerne l’action sur lacomposition
du sperme nos résultats sont com-parables
à ceux obtenus par Dzmx chez leVerrat ; cependant
laplus
faible propor- tion des sécrétions accessoires dansl’éjaculat
des bovinsexplique
l’action moinsnette, quoique significative,
sur le volume et la concentration.L’injection d’atropine
semble doncréduire,
dansl’éjaculat,
lapart occupée
par les sécrétions desglandes
annexes ; le mécanisme d’émission desspermatozoïdes
ne serait que peu touché
puisque,
à la diminution du volume del’éjaculat,
corres-pond
uneaugmentation
de la concentration enspermatozoïdes.
Trois
hypothèses peuvent
être émisesquant
à cette action sur les sécrétions accessoires :- Soit un
blocage
dusystème parasympathique :
la contraction de certainesglandes
à sécrétions accessoires seraitprovoquée
par l’action duparasympathique,
alors que l’émission des
spermatozoïdes
etl’éjaculation dépendraient
d’un mécanismedifférent.
- Soit un
blocage
de la sécrétion d’une ouplusieurs
formationsglandulaires
du tractus
génital,
àl’image
de celui quel’atropine
provoque sur la sécrétion desglandes
salivaires.- Soit le
blocage
d’un éventuel nerf excito-secréteurparasympathique
L’action résiduelle observée 3 ou 4
jours après l’injection d’atropine
tendraità
étayer
cette deuxièmehypothèse ;
par contre, larapidité
del’action,
30 minutesaprès
uneinjection
souscutanée,
laisseraitplutôt
supposer unblocage
du parasym-pathique.
Nous nous proposons au cours
d’expériences
ultérieuresd’analyser plus complè-
tement ces
phénomènes. L’action
del’atropine
sur lacomposition
du sperme du Tau-reau semble en effet assez nette pour que cette étude
puisse apporter
desrenseigne-
ments intéressants sur le mécanisme de
l’éjaculation.
Reçu
en janvier
1962.SUMMARY
ACTION OF ATROPINE ON SEXUAL BEHAVIOR AND COMPOSITION OF THE BULL SEMEN
13 bulls were
given
30minutes before the semen collection with an artificalvagina,
a sub-cutaneous
injection
of either 800mg ofatropine,
or ofphysiological
saline. After theinjection
ofatropine
the animals show definite reactions of excitement and bloat but their sexual behavior is not disturbed.The characteristics of the semen obtained are
distinctly
modified ; the volume falls from 6,1mto 4,0 ml and the total number from 8,4 billions to 6,6 billions but the concentration rises from
1 349 00o to 1613 ooo
spermatozoa/mm 3 .
The action of an
injection
on thecomposition
of theejaculate
is stillperceptible
after 3or 4days,
whilst all external reactions have
disappeared
after 24hours.These results could be used for an
analysis
of the mecanisms ofejaculation.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
B L O
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J.
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L.,
1957. Action de l’ampliétamine, de l’adrénaline et de l’atropine sur lecomportement sexuel du Rat mâle. J. Physiol., (Paris) 49, 38r-385·