Fait par un de Messieurs
^ toutes lesChambres ajjemhlées
, les
Pairs
y féans
J le23 Septembre ij88.
"CJn
de MM.
portant la parole5 a dit:MONSIEUR
,De
tous les devoirs desCours
fouve- raines, les plus grands,& dont
Tobferva- tion efl: la plus effentielle , fontceux
qui tiennent le plusau
maintiende
la tran- quillité publique&
desdroitsde
la Nation.La Cour manqueroit
dans cemoment
à un de
ces devoirs facrésj ellemanque-
roit
au Roi
, à l’Etat ,aux Loix
, à elle-
même,
fi ellene
s’occupoitde
lamaniéré
la plus févère des
moyens d’empêcher que
la
Nation ne tombe
dans la fuite dansune
crife pareille à celle qui a étédernièrement fur le point
de
la perdre.Un de
cesmoyens,
eftde
rendre plus fenfibleque
jamais cette importantema- xime
, fur laquelle eft fondé le repos desA
?
,
( 2 )
Empires,
«que
c’eft leplusgrand
descrimes» d’entreprendre d'oeil renverferles
Loix
Ne
pas fixer Tattention publique fur cette matière, ce feroit affurerde
l’impii-nité ,
&
parconféquent encourager
lesMiniftres qui feroient encore capables
de
facnfier lesintérêts des Peuplesaux
intérêts des différentes perfoiinesen
Crédit ,de
verfer le fang des Citoyens,
pour
anéantir les droits de la Nation.Tout
alors fe réuniroit auprès desMi-
niftres
,
pour
lesengager
dans des tenta- tives défaftreufes.Quelles digues pourroient les arrêter
,
puifque,
même en ne
réuffiffant pas, ils
auroient lacertituded’une retraite paifible,
dans
laquelle ils jouiroient des grâcesdont eux-mêmes
ils fe feroient couverts,
&
desfruits de leurs déprédations !
Si
au
contrairequelques-unes de
ces circonftances, qui fe réunifient quelque-
fois
pour
lemalheur
des Peuples , fecon- doient leurs projets,une
faveur foutenue, leur ambition toujours contentée feroit le prixde
leurs coupables fuccès.Les
défaftres qui fontgémir
toute laFrance
,ne prouvent que
trop l’influence des Miniftres nial-intentionnés , fur le fortdes Nations.
Eh
i fous quel régnéne
feroient- ils pasà«/ -ÿ
éprouver aux
Peuples lepoidsdu malheur,
puifqu’ils
y
font parvenus fous celui d’unRoi
dont les intentions bienfaifantes fontconnues
,& que
, s’il n’avoit été cruelle-ment trompé
fous l’apparencedu
biende
fes Sujets (prétexte toujours puilfant fur
un bon Roi
) , n’auroit jamais confentià de
prétendusaâes
de Légiflation ,dont
l’exécution a fait couler le fang des Ci- toyens ,de
cesmêmes
Citoyens., qui, fui-
vant le difcoursde
M.
leGarde
desSceaux au
Litde
Jufticedu
8Mai
, dévoientap-
plaudiraux
nouvellesOrdonnances.
Sans doute les Dépofitaires aftuels
de
l’autorité s’emprefferont de réparer les
maux
faits par leurs prédéceffeurs jmais
ils
peuvent
fe trouver remplacés- par des Miniftres qui tenteroient de reno.uveller les dernieres calamités , fi laCour ne pré—
venoit les excès auxquels ils pourroient fe porter,
en montrant
qu’ilsen
feroient ref- ponfables.Si les
Minidres
n’étoient pas refponfa- blés , le -fort des Rois, feroit affreuxj ils refleroient chargés des malédiftions
du Peuple
,que
cesmemes
Miniftresauroient feuls méritées.« Celuiquiexécute, adit
Montefquieu
,
»
ne
peut exécutermal
, fané avoir des
» Confeillers
méchans
,, qui haiffent le%,Aij
(
4
)Lok, comme
Miniftres, qtioîqu’elîè^
les favorifent
comme hommes
, ceux-cipeuvent
être recherchés&
punis ». Auffila
Cour
a-t-eiîemontré
piufieursfoisqu
elle étoiî perfuadéeque
les Miniftresdevant
être les premiers protefteurs des
Loix aux
piedsdu 1
rône , ils étoient coupables ,non-
feulement lorfqiuls effayoientde
lesrenverfer,
mais même
lorfqu’ds ceffoient d’en êtreles appuis.Le
ChancelierPoyet
,
le
Chancelier Duprat
^Archevêque de
Sens98e tant d’autresgénéralement connus
,
en
font la preuve.Les
faits fur lefquels ces Miniftresfurent pourfuivis^ étoient bien criminels,mais combien ne
le font pasdavantage ceux dont
je vais mettre letableau fous lesyeux
Me
laCour
,& dont
les auteurs fontMM^
de Lamoignon &
de Brienne,On ne peut
féparer cesdeux
Miniftres, puifque
Fun
poffédant la Placede Garde
desSceaux
,
&
Fautre cellede
Principal Miniftre& de
Chef du
Confeil des Finances , ils ont préfidéenfemble aux
dernieres opérationsdu Gouvernement
, ontconcouru
àtrom-
per leP^oi ,
&
fontégalement
accufés parFopinion
publique.D’aprèsces confidérations,j’ail’honneur
de
déférer à laCour
,. , . . i®. la réfolu*tion
prouvée de
cesdeux
Miniftresd’anéan-tir les droits conftitutionnels
de
laNation
^ parun
fyftême général , qui acommencé
à
être public, dans la féancedu
19No- vembre
1787.Le
faux matériel qu’ils ontcommis
à l’occafionde l’Emprunt du même
jour,
t[ui porte enregijlré, quoiqu’il n’y
aye
paseu
d’enregiftrement.2^. Les
manoeuvres
perfides, par lefi-quelles ils ont attiré la difgrace
du Roi
fur
un
Princede
fon fang ,&
furdeux
Magiftrats qui n’avoient faitqu’employer
leur zele,de
la maniéré'la plusmôdérée
,
à
expofer, àSa Majefté,
la vérité des principes,
&
le refpeftdû aux
droitsde
la Nation.
3®. L’établiiTement
du fyftême de
la feule volonté , dans les réponfes qu’ils ont furprifestm Roi
,&
les attaques qu’ils ontporté
aux
principes!qui afîurentla liberté individuelle des Citoyens.4^. L’abus d’autorité auquelils ont porté le
Roi,
par l’enlèvementde MM. Duvai
d’Eprémefnil
&
Goiflardde Monfabert
,
exécuté
par le fieurVincent Dagout, au
milieudé
laCour
des Pairs.5^.
Le renverfement
des principes conf- titutionnelsau
Litde
Jufticedu
8Mai
;La
violation des capitulations des Pro- vinces,
en
perfuadantau Roi
rju’elles étoient refpeftées ^L’attribution
du
droit d’enregiftrement:des
emprunts &
desimpôts
àune Cour
Pléniere conftituée
de
lamaniéré
la plus illégale,
quoique
leRoi
ait déclaré,
peu
de temps
après,qu’aucune Cour ne pouvoir
fuppléer laNation
^' L’atteinte portée à l’inamovibilité des Offices ,
& aux Tribunaux
d’exception confacrés par laNation
jEnfin le mépris
pour
laviedes citoyens,
pouffé
au
point d’attribueraux
grands Bail- liages lejugement
àmort au nombre de
fept Juges.6®.
Le
faux d’unImprimé,
portantque
ces Edits étoient enregiftrés, ce requérant
le
Procureur
Génér*aldu Roi
, qui n’a requis l’enregiftrement d’aucuns ,&
s’eftoppofé au
dernier.7
®.Les
aéles d’autorité auxquels ils ont porté leRoi
contre toutes lesCours
fou^-*veraines
,
&
l’ufage qu’ils ont fait deslettres
de
cachet,en
privantde
la libertéune
foulede Citqyens
,de
Magiftrats&
douze Gentilshommes
Bretons, dépofitairesdes
vœux &
des réclamationsde
leur Pro-vince.
8®, Leurs tentatives
pour
s’emparerde
l’opiniondu peuple
,en
protégeant des Ecrits fcandaleux ,&
féditieux contre lesMagiffrats,
& en
défendant,fous lespeines(
7
)les plus féveres, d’imprimerles réponfes à ces calomnies,
,
9°. L’erreur dans laquelle ils ont induit
le
Roi &
le public ,en
affirmantque
lesfonds étoient aflurés
pour
plus d’unan
,
tandis
que peu de temps
après lespaiemens
ont été fuipendus,10°.
Le
fang desCitoyens
qu’ils ontfait répandre
pour
l’établiffement desnou-
velles Lpix.
1 1 Enfin la privation
de
la Jufiice,
première
dettedu Souverain
, qu’ils ont refufée
pendant
plusde
quatremois
à vinat-S
2, millionsdont
il eft réfiiltéd’hommes
le, fufpenfiondéfordredans
a?- toutes lesfortunes,la ruinedu Commerce,
l’impunité des coupables
&le
défefpoirdes innocens.On ne
peutfixerles regardsfurletableaude
tantde
crimes,&
concevoir qu’ils ont etecommis
pardeux
Miniftresen un an de
miniftere; lavraifemblance
manque, pour
ainfi dire
, à la vérité. "
;
_
Ces
Miniftresne peuvent
refterimpu-
nis,
&'
laNation
n’aura pas ce reprocheà
faire à la
Cour
, qui a
prouvé
plufieurs fois qu’elle étoit perfuadéeque
plus lescou-
pablesétoient puiflans, plusilsétoientdan- gereux
,
&
plus 1exemple de
leur punitionétoit néceflaire à la tranquillité publique.
Si dans desfiecles d’ignorance
& de
pré-^jugés la
Cour
s’eftmontrée
inftruite des droitsde
laNation, &
les a'foutenusavec
laplus
grande
fermeté , quelles efpérancesne
doit-on pasconcevoir
fur lamaniéré dont
elle les foutiendradans un temps où
le progrès des lumières, d’accord
avec
les intérêtsdu
Souverain&
des Peuples, lui prefcrivent d’inftruireun
procèsque
1 opi-nion publique
apour
ainli direcommence.
1
Je
vous
prie.Moniteur
,de
vouloir bien mettreen
délibération ce qu’ilconvientde
faire fur
mon
récit.Sur
ce, la matièremife en
délibération,il aété
rendu
l’Arrêtfuivant.LA COUR'
reçoit leProcureur Gé-
néral plaignant des faits contenus dans le récit d’un