• Aucun résultat trouvé

Choisir son matériel selon ses besoins

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Choisir son matériel selon ses besoins"

Copied!
6
0
0

Texte intégral

(1)

Désherbage mécanique en grandes cultures

Choisir son matériel selon ses besoins

Même si l'emploi d'un outil mécanique de désherbage ne vient qu'en complément

d'un itinéraire technique efficace, il est souvent incontournable. Précision, efficacité, rapidité, tels sont les trois principaux critères réclamés par les producteurs bio pour ce type de matériel longtemps délaissé par les constructeurs. Aujourd'hui, face à une offre plus étoffée en herses étrilles, houes rotatives ou bineuses autoguidées ou non, l'utilisateur doit choisir selon

ses besoins. Et souvent, il s'agit d'un compromis.

"L e désherbage mécanique en bio est une activité délicate qui nécessite du temps et dont la réussite conditionne les résultats de l'année, mais également des années suivantes",

rappelle d'emblée Patrice Morand, conseiller de la chambre d'agriculture de la Drôme. D'ailleurs, les démonstrations de matériels, comme celle organisée à Chabeuil en mai dernier, sont toujours très suivies par les bio, mais aussi par les conven- tionnels qui cherchent àréduire l'utili- sation des herbicides. Pour tous, l'ob- jectif est d'améliorer et de simplifier les méthodes de désherbage. D'ailleurs, les matériels existants actuellement s'améliorent sans cesse. Toujours très innovants, les agriculteurs bio eux- mêmes participent à ces progrès en soumettant leurs souhaits, contraintes et idées aux fabricants (voir l'exemple de FrançoisSausse en page 40).

Pas de recette

"En matière de désherbage, il n'y a pas vraiment de recettes. La réussite dépend beaucoup de la capacité du

DES MATERIELS

"CARREMENT"

CONVAINCANTS

Renseignez-vous!

BIOFIL •N'36-SEPTEMBRE1OCTOBRE 2004

Lavis d'Alain Rodriguez de l'Acta (1) Quelles marges de progrès

peuvent être réalisées en désherbage mécanique?

Le matériel existant sur le marché offre des possibilités de désherbage mécanique satisfaisantes que les agriculteurs bio maîtrisent de mieux en mieux. Évidem- ment, il reste toujours des améliorations à apporter sur la facilité et la rapidité de réglage, la polyvalence, la robustesse ... Deux tendances principales sont à explorer. La première est l'amélioration de la productivité liée aux contraintes économiques qui oblige les producteurs à un désherbage encore plus efficace.

Ainsi, pour le binage, il s'agit de travailler plus vite pour profiter au maximum des périodes climatologiques favorables mais aussi plus près des cultures tout en limitant la fatigue. C'est tout l'intérêt d'une palette d'innovations des systèmes de guidage automatique des bine uses par caméra ou par détecteurs munis decel- lules photoélectriques. Au demeurant, il pourrait s'avérer intéressant de réhaus- ser la garde au solde certains outils pour permettre un passage plus tardif en rat- trapage dans les cultures dressées comme le maïs ou le tournesol. L'autre marge de progrès concerne lematériel de travail du sol en général et celui de la lutte contre les vivaces (rumex, chardon) en particulier. Il est lui aussi perfectible, notamment pour ce qui est du recroisement des éléments en profondeur. Mais faisons confiance aux constructeurs qui ne cessent d'améliorer l'existant etqui, depuis de nombreuses années (pour certains), ont pris en compte la spécificité de la production biologique.

(1)

Acta: association

de coordination technique agricole.

(2)

La bineuse à doigts Kress and Co

Plus efficace et sans casse

À

la tête d'une exploitation de grandes cultures de 200 hectares en bio depuis 1990, Pascal Alboussière, installé à Montmeyran dans la Drôme, a fait l'ac- quisition, il y a deux ans, d'un équipement de bineuse à doigts. Pour le premier binage de ses 120 hectares environ implantés en plantes sarclées - soja, tour- nesol, maïs -, il équipe alternativement, selon ses besoins, ses deux bineuses, l'une tractée (écartement de 60 cm) et l'autre poussée (écartement 80 cm), de doigts en caoutchoucs. Cinq éléments sont donc fixés sur les outils. "On n'uti- lise

cet équipement

qu'uniquement pour le premier binage, au stade très jeune de la plante, trois feuilles pour le maïs, deux feuilles pour le tournesol, une feuille trifoliée pour le soja. L'avantage est de pouvoir travailler plus vite qu'avec un système

classique, c'est-à-dire à4

ou

5

km/h au lieu de

3

km/h au maximum avec une bineuse classique utilisée avec les disques posés", se réjouit Pascal Alboussière. En effet, les doigts en caoutchoucs s'intègrent sous la terre sans abîmer les cultures et permettent d'arracher les mauvaises herbes là où une bineuse standard n'accède pas. "Avec une bineuse

classique,

même en posant les disques, on avait des problèmes avec les mottes qui pouvaient détruire les pousses." Pour Pascal Alboussière, le seul inconvénient reste le coût encore élevé de ces doigts (600 euros environ par élément) : "Je suis obligé de les démonter à chaque fois que je change de bineuse car je ne peux acheter un jeu supplémentaire. Or, cette opération ainsi que le montage et les réglages pren- nent du temps." Pourtant, vu l'efficacité et la plus grande rapidité du travail, il ne regrette pas son achat. D'autant plus que, après un recul de deux campagnes, il est rassuré: le taux d'usure, autant au niveau du caoutchouc comme des rou- lements, est très faible.

Adaptable sur toutes les marques de bineuses, cet équipement bre- vetéparle constructeur allemand Kressand Coestsimple maistrès efficace: 2 roues étoilées en caoutchouc (doigts) travaillent à un angle de 45° de chaque côté du rang.La tension d'un ressort règle la profondeur. Ces roues sont fixées sur unplateau métal- liquede plus faible diamètre sous lequel se trouvent des pattes de 3-4 cm qui vont permettre leur entraînement. Grâce à la diffé- rencedediamètre entre les pattes et l'extrémité des doigts, lavitesse derotation de laroue est deux fois supérieure à cellede l'avancement. Cettevitesse de rotation permet d'éjecter la terresurle rangde culture encas- sant les jeunesplantules d'adventices. Pour êtreefficaces et faciliterla forced'attaque, lesroues doivent être positionnées derrièrel'élément bineur afin detravailler dans uneterre déjà assou- plie. Polyvalent, ce système est utilisable surtoute culture sarclée àpartir du stadelevée.

> VOTRE SOLUTION

POUR UN DÉSHERBAGE ET

UNE PRÉPARATION DE SOL RAISONNÉS

travailsuperficiel de coupe(-10 cm) grâceàuncorps delabour10"

structure desol respectéeetsous-solageen profondeur (-20 cm) incorporation desrésidus et enfouissement desmauvaises graines pasdedilution de la matière organique etdiminution del'érosion travail homogène danstouslestypesde cultures (Maïs,Soja,Blé,Seigle,..) faible puissancede traction: 8ev/corps pour7 km/h

LIER

producteur à connaître ses parcelles, à observer l'évolution de ses

cultures et à

être réactif, note Yves Chabanel d'Ar- valis. Certains n'hésitent d'ailleurs pas à utiliser la technique manuelle et

à embaucher du personnel

pour venir

à

bout de certaines

espèces, comme

le rumex par

exemple."

Et puis, il faut non seulement connaître le danger de chaque espèce d'adventice sur les cul- tures et son cycle pour s'en débarras- ser, mais il est nécessaire aussi d'être attentif

au comportement

des espèces semées.

Outil emblématique de la bio, la herse étrille n'est pas généralisable à toutes les exploitations bio. Contrairement à sa réputation. "Dans les sols battants, argilo-calcaires qui croûtent vite,

comme en

Ile-de- France, dans l'est de Paris, elle ne rentre pas;

en cas d'hu-

midité excessive, elle n'est pas efficace non plus; dans le Sud-Ouest, dans les zones de limons battants, même pro- blème", énumère Philippe Viaux, res- ponsable de la production bio d'Arva- lis. Et elle devient même dangereuse pour les cultures dans les

sols

caillou- teux.

"En revanche, elle

prend tout son intérêt dans les sols légers qui ressuient suffisamment." Bref, la terre ne doit pas coller aux dents. Le problème est donc d'estimer à partir de quels besoins l'agriculteur doit

en faire

l'ac- quisition, comment il doit l'utiliser, d'autant plus que, dans une même exploitation,

voire

dans une même parcelle, les sols peuvent

être

de nature différente.

Une prévention primordiale Pour Loïc Prieur, responsable tech- nique du Creab

(centre régional

de l'agriculture bio) basé à Auch, tout dépend aussi de l'orientation de l'ex- ploitation. "En polyculture élevage, les rotations sont plus longues, les prairies pluriannelles nécessitent la pratique d'un travail du sol suffisamment pro-

GAMME DES DÉCHAUMEUSES À SOCS 10"

de 4à10corps portées de8à20 corps semi-portées

BIOFIL W 36-SEPTEMBRE1OCTOBRE 2004

(3)

Toutcomme leur diamètre, le réglagedes dents de la herse étrille est essentiel pour obtenir l'agressivité voulue.

fond pour détruire les adventices. Les problèmes de désherbage sont réduits, le matériel de désherbage spécifique

limité à

un outil de binage pour les

plantes sarclées. Dans

les

exploitations spécialisées en céréales et oléoprotagi- neux, on a en revanche intérêt

à

utili- ser du matériel de lutte curative",

sou- ligne le spécialiste.

Néanmoins, en bio, il ne faut pas oublier l'importance de tous les aspects préventifs. Le passage d'un outil de désherbage mécanique (ou thermique), cen'est que du rattrapage.

"Il faut effectuer des rotations longues et variées, sachant que certaines légu- mineuses comme la luzerne sur trois ans par exemple nettoient efficacement

le

sol. Il faut aussi prendre en compte le précédent, pour limiter

l'amplifica-

tion du salissement. Ainsi, il est préfé- rable d'alterner

les cultures d'été et

d'hiver, l'objectif étant de casser le cycle de développement des mauvaises herbes et les empêcher de monter en graines",

insiste Loïc Prieur. Par exemple, semer du blé en novembre après un soja évite l'invasion de ché- nopodes. En effet, cette adventice germe en juin. Pendant la moisson, la plante est coupée avant la montée en graine et le déchaumage l'enfouit. En

bio, la lutte contre les mauvaises herbes passe aussi par le déchaumage (voir

BIOfil

35), le labour, même s'il est peu profond, et surtout les faux semis:

"Cette technique nécessite de travailler

la

terre afin de réaliser un lit de semences suffisamment fin pour que les adventices germent dans les meilleures conditions; il est nécessaire de procéder

à

deux ou trois faux semis, puis semer dans la foulée pour profiter du décalage de germination entre

la

culture et la mauvaise herbe."

Le semis est réalisé avec une herse rotative, l'ou- til de destruction le plus efficace com- biné avec le semoir.

la herse étrille en rattrapage Si, malgré ce travail en amont, les mauvaises herbes persistent àla levée, la herse étrille est alors la bienvenue.

"Et en exploitations céréalières, c'est souvent le cas. Certains producteurs savent la manier avec beaucoup de dextérité et réussissent,

à

force de pas- sages,

à

avoir des parcelles très propres",

souligne Loïc Prieur. Exis- tant en largeur de 3 m, 6 m, 8 m, 12 m, jusqu'à 24 m, ce matériel emblématique de la bio s'adapte à de nombreuses cultures (céréales et pro- téagineux, mais aussi oléagineux en prélevée). Ilest constitué de panneaux articulés et indépendants munis de dents longues et souples dont la pres- sion est assurée par ressort. Celles-ci déracinent les jeunes plantules grâce à leurs vibrations. Grâce à ses compar-

timents souples, indépendants du

bâti, la herse étrille épouse les irrégu- larités du sol.

"En

largeur de 12

m et

à

une vitesse de

8

km/h en moyenne sur céréales, le débit du chantier est plutôt rapide,

note Loïc Prieur.

La décision de passage dépend de plu- sieurs facteurs: l'état du sol bien sûr qui doit être ressuyé, mais aussi celui de la culture car les céréales doivent

être

suffisamment implantées pour

que l'opération soit efficace. Car la herse étrille agit par arrachage et par recouvrement".

Bref, la céréale doit résister et la mauvaise herbe céder.

Pour cela, il faut agir au stade cotylé- don de l'adventice, c'est-à-dire au stade de ses deux premières feuilles.

Quant aux céréales, et notamment au blé, elles doivent être parvenues à trois feuilles, stade qui résiste à l'ar- rachage pour que le premier passage del'outil se fasse à l'automne dans les meilleures conditions. Autre condi- tion de réussite: se garantir deux à trois jours de temps sec après l'inter- vention pour qu'il n'y ait pas de reprise d'adventices. La densité du semis aussi doit être prise en compte:

elle doit être supérieure de 20 à 30 % aux préconisations classiques pour compenser les pertes dues au passage de l'outil (environ 350 à 400 g/m").

"Attention aussi au réglage des dents qui détermine leur agressivité; il faut que la culture résiste. Heureusement aujourd'hui, ces réglages sont facili- tés. Ils ne se font plus dent par dent, mais par parallélogramme.

À chaque adventice, son itinéraire

Les méthodes curatives sont efficaces lorsqu'elles interviennent sur les jeunes adventices au stade levée à deux paires de feuilles vraies. Elles réclament beaucoup de surveillance des parcelles et une bonne connais- sance des adventices et de leur seuil de nuisibilité.

Par exemple, on constate une perte de 5 qx/ha sur blé à partir de : - 3 pieds au m2 de vulpins, -3 pieds/rn' de gaillets, -5 pieds/rn' de ray-grass, - 10 pieds/rn' de coquelicots, - 30 pieds/rn' de véroniques.

(source:chambred'agriculturedelaDrôme)

Adaptable sur

BINEUSE À DOIGTS KRESS

Le binage efficace sur le rang

Utilisable sur:

>Céréales .?Légumes

>Pépinières

>Tabac

Outilemblématique de labio, laherseétrille nes'adapte pourtant pas à touteslescultures et touslesterrains.

Renseignements A.V.S.

Tél. 03 80 37 42 24 Fax. 0380 37 3201

BIOFILN'36 •SEPTEMBRE1OCTOBRE2004

toutes bineuses

(4)

Autoguidage par caméra numérique

Pour un binage de précision

Deux producteurs bio, l'un gersois, l'autre vendéen, ont opté pour un système de guidage par caméra numérique ... et ne le regrettent pas.

'J'utilisaiS jusqu'alors une bineuse poussée difficile à manier car non adaptée aux points de relevage. Elle était trop légère pour les terres argileuses. De plus, c'était du matériel acheté en commun, pas toujours dispo- nible", explique Benoît Colas, installé à Lectoure dans le Gers, en bio depuis une quinzaine d'années. Ce producteur exploite une quarantaine d'hectares, auxquels s'ajoutent 7 ha de parcours, et oriente ses cultures pour nourrir ses

la

000

têtes de volailles produites par an. En plus des grandes cul- tures etdesélevages, l'entreprise fait delatransformation, du maraîchage sous 3 000 rn! de serre en verre et 1 000 rn"de grands tunnels. La vente est réalisée engrande partie sur les marchés etencircuits spécialisés. "Cette diversification nous amène naturellement à essayer de réduire letemps imparti à chaque production. C'est pourquoi je cherche au maximum à me faciliter letravail", analyse Benoît Colas. Séduit par le gain de temps et de confort procuré par un système d'auto- guidage debineuse, le producteur franchit lepas. En mai der- nier, ilinvestit dans une bineuse de marque hollandaise Ste- ketee, équipée d'un système d'autoguidage danois à caméra numérique "Eco-Dan". Une caméra filme les rangs à suivre et un moniteur de contrôle, installé

dans la cabine du tracteur, pro- gramme le guidage automatique dela bineuse. Lorsque la vision est mau- vaise, le système est arrêté et la conduite redevient manuelle. "Même sice système peut s'adapter sur toutes les bineuses, celle pour laquelle j'ai opté a amélioré lapartie de transmis- sion hydra-mécanique, grâce à un bâti indépendant", explique le pro- ducteur. Certes, il reconnaît qu'avec une quinzaine d'hectares de maïs et

detournesol, l'investissement n'est peut-être pas complètement rentable (1). Mais les améliorations ne sont pas négligeables.

La vitesse detravail estpassée de4-5 km/h à 8-9 km/ho La pré- cision s'est affinée grâce àdetrès larges ailettes qui binent ainsi le plus près possible du rang en passant à 2-3 cm du rang (au lieu de 5-6 cm). L'efficacité est meilleure, etlesrisques pour les plants sont réduits. Parmi les adventices, le xantium continue néanmoins à lui poser problème en raison de ses racines pro- fondes quipeuvent atteindre

la

cm :"quand ily a trop de plants sur le rang, ilfaut quand même passer àla main", reconnaît le producteur. Pour la première campagne, iln'a utilisé sa nouvelle bineuse que sur un seulpassage pour le tournesol etle maïs, au stade de

la

cm de hauteur des plantes. "Comme leprintemps a étésec, l'enherbement était exceptionnellement réduit".

Daniel Villeneuve, producteur bio à Pettosse, en Vendée, a lui aussi opté pour le système de guidage par caméra, "Eco-Dan", depuis un an mais il l'a installé sur une bineuse Carré. "j'en suis entièrement satisfait, seréjouit-il. Le travail est simplifié, plus rapide, plus précis et fatigue beaucoup moins." La recon- naissance de la ligne de plants par la caméra se fait sans pro- blème, même lorsque la parcelle est très enherbée. Pour le

binage du maïs à 40-50 cm de hauteur, il a seulement dû repositionner la caméra plus haut avec une rallonge pour qu'elle continue àdétecter le rang.

"Le binage a été très efficace sur mes 25ha de soja, mes 5ha d'haricots". Ila d'ailleurs l'intention d'utiliser sonmaté- riel pour toutes sescultures, et notam- ment sespotagères porte-graines.

La bineusehollandaiseSteketee équipéed'un systè- med'autoguidage danoisàcaméra numérique "Eco- Dan" :le necplus ultradu binage?

(1)Pris séparément, le guidagedeprécisionautomatique

"Eco-Dan " revientàIl 750 euros environ; la bineuseSteke- tee9140 euros environ.

BIOFll· W 36SEPTEMBRE1OCTOBRE 2004

(5)

Passer et repasser

Le second passage de la herse étrille se fait au moment du tallage, à la sortie de l'hiver, avec l'apport du fertilisant organique qui est enfoui en même temps. Si nécessaire, un troisième pas- sage peut être réalisé de l'épi 1cm au stade 1 nœud,

"mais ce n'est pas évi- dent quant le blé devient trop haut",

note Loïc Prieur. Toutefois, àce stade, toujours sur les céréales àpaille, il est encore possible d'utiliser la bineuse si nécessaire. "Cela

peut arriver, pour détruire la folle avoine par exemple lorsque celle-ci devient trop envahis- sante, au détriment du rendement.

Mais ce matériel agit sur l'inter rang et peu sur le rang. De plus, son coût d'utilisation reste assez élevé, la lar- geur de travail

étant réduite à 2

m, avec une vitesse d'avancement de 4 km/ho La conduite nécessite une grande concentration pour ne pas dévier et arracher la culture. Le débit de chantier est donc beaucoup plus lent",

rappelle Loïc Prieur.

Des essais vont d'ailleurs être menés par l'Acta, en semant le blé en double rang à 50 cm d'écartement, pour pou- voir passer la bine use et ainsi désher- ber plus facilement. À noter que les tentatives effectuées par le Creab n'ont pas montré de gains supplémentaires, que cesoit au niveau du rendement ou de la protéine, suite au passage de la bineuse sur blé.

"Il faudrait cependant

nuancer cette position pour les pro- ductions de semences. Dans ces condi- tions de cultures plus rémunératrices, deux passages de bineuse en fin de cycle peuvent s'avérer plus rentables."

Désherber à la carte

Du côté des protéagineux, le désher- bage de la féverole ne pose pas de pro- blème particulier, cette plante étant très résistante. Dès la levée, il est conseillé de faire un ou deux passages de herse étrille jusqu'à 10 cm de hau- teur, et ensuite un ou deux binages jus- qu'à 20 cm de hauteur, dans la limite du passage d'un tracteur. Des essais dans le Sud-Ouest ont montré qu'il est intéressant d'utiliser un semoir mono- graine avec un écartement de 55-60 cm pour pouvoir biner dans les meilleures conditions. En revanche, les pois, comme les lentilles, montrent une faible résistance à l'arrachage: ilfaut donc attendre au moins 15 jours à 3 semaines pour le premier passage de herse étrille. Mais pas plus, car la végé- tation en vrilles du pois et la tendance à se coucher des lentilles limitent les techniques de désherbage mécanique.

D'où l'intérêt de les implanter dans des parcelles vraiment propres.

La solution du binage

Pour les cultures sarclées, comme le tournesol, le maïs, le soja, et même le

La houe rotative s'utilise comme laherse étrille, sur desadventices trèsjeunes (cotylédons ou fila- ment blanc)etsurtoustypes decultures (céréales,maïs,soja, féverole...). Surmaïs,ellepeut rem- placertrès avantageusement laherse étrillecarelleestbien moins agressive enversla plante et pro- voque moins de cassedans les terrainscompactés, motteux ou pierreux. Cet outil a cependant une efficacitéréduite sur adventices développées mais se combine fort bienàlaherseétrille: unefois le solameubliparlahoue rotative, laherseétrillepénètre plus danslesoletson action estaméliorée.

Ici,lahoue rotative Pichon (13000 €HT environ en6m)présentéeàChabeuil lors dela journée

"grandes cultures" organiséeparla chambre d'agriculture delaDrôme. Munie de roues en fonte, d'un chassis enaciergalvanisé, d'un grillagepour remonter lescailloux, ellea attiré l'attention par sarobustesse etsalourdeur.

BIOFIL· 36 - SEPTEMBRE 1OCTOBRE 2004

Le coût du désherbage

Difficile d'établir un coût du désher- bage mécanique en bio :tout dépend de l'itinéraire de culture du producteur, du type du matériel, du temps de pas- sage.

"Il faudrait faire plusieurs hypo- thèses de calcul, mais il n'est pas évi- dent d'obtenir des données de départ auprès des producteurs car eux-mêmes ne savent pas exactement le temps passé ou la durée de vie de l'outil",

explique YvesChabanel d'Arvalis.

colza (voir encadré), la herse étrille n'est utilisée qu'à la levée, à vitesse lente, soit à 2 à 3 km/h : au stade de 2 à 4, voire 5 feuilles pour le maïs et au stade crosse du soja. Pour letournesol, il faut être vigilant, même quand la cul- ture parvient à 4-5 feuilles. Pour l'ail ou les oignons, même souci, cesplantes très sensibles nécessitent un passage de herse étrille très délicat, avec un réglage peu agressif.

Pour toutes ces cultures, le binage s'avère indispensable. Parmi les diffé- rents types de matériel existant sur le marché (socs, étoiles, brosses ...), celles àsocs etàétoiles s'avèrent lesplus effi- caces.

"Or, le principal frein

à

cette méthode réside dans le faible débit de chantier qui, bien souvent, est un com- promis entre la vitesse d'avancement et l'espace non désherbé",

rappelle Ber- trand Chareyron. D'où l'intérêt des systèmes d'autoguidage et de précision mis au point actuellement (voir témoi- gnages par ailleurs). Quant à la houe rotative, elle peut remplacer judicieu- sement la herse étrille dans certains sols, parcelles pierreuses, terrains bat- tants, ouen cas deprésence importante de débris végétaux. Elle est surtout intéressante pour le maïs très sensible au recouvrement et qui rend délicates les interventions à la herse étrille (sauf dans les sols sableux). Grâce à son principe desoulèvement des adventices (contrairement à la herse étrille qui tire), elle est très sélective, du stade de pré-levée à celui 4-5 feuilles. Sur végé- tation plus importante, les dents auront tendance à hacher la végéta- tion.

"C'est une décroûteuse qui affine la terre sur

4-5

cm",

précise Patrice Morand. Elle peut même être combi- née àlaherse étrille :cette dernière tire la plante, la couche alors que la houe l'attaque à la verticale. Ainsi, l'effica- cité de la houe, évaluée à 50 %, s'ajoute à celle de la herse qui est de 70 %. Les matériels de désherbage combinés n'ont pas dit leurs derniers mots.

Christine Rivry-Fournier

39

(6)

Bineuse agronomie électro-hydraulique

François Sausse, producteur dans la Drôme

"Innover ... pour développer la bio"

Avec 93 ha de grandes cultures en bio basé sur un système de maïs et soja irrigué, François Sausse a débuté sa conversion en 1998. Ins- tallé à Chabeuil, dans la Drôme, il cogite sans cesse pour améliorer son matériel. "Pour moi, la technique n'est pas une fin en soi; leprogrès a pour but de réussir à produire sans substances chimiques, et ainsi protéger l'environnement. Et c'est possible. Pas besoin de jouer aux apprentis sorciers avec des semences OGM résistantes aux herbicides!

En bio, nous prouvons qu'il estpos- sible de produire propre et nous avons encore une marge de progrès importante." Preuve en est, pendant trois ans, ceproducteur a ainsi testé la bineuse Agronomie à guidage électro-hydrau- lique. Plus, ila adapté ce système à ses besoins: "Ses avan- tages sont indéniables, précision et confort de travail. Mais, elle possède un inconvénient majeur: après avoir laissé la trace avec ledisque placé au centre du semoir, on ne pouvait plus passer la herse étrille qui l'aurait effacée. j'ai donc adapté quatre dents de herse réglables en profondeur et en inclinaison sur chaque ligne de ma bineuse de 12 rangs. Ce système va être encore amélioré, car en 7mm de diamètre, les dents sont trop agressives sur le rang. Un essai sera fait avec des dents de 6mm." Progressivement, ilfait évoluer sa façon detravailler. Ilva aussi acquérir une houe rotative pour rem- placer la herse étrille sur le maïs dans ses sols trop caillou- teux. Seulbémol, François Sausseregrette que lesinnovations des agriculteurs ne soient pas reconnues, souvent récupérées par les constructeurs qui déposent les brevets. Agribiodrôme vient de créer une commission avec pour but derecenser les innovations techniques des agriculteurs et de trouver les financements pour les aider àdévelopper leurs idées.

François Sausse: "Les enjeux del'innovation tech- nique sont énormes pour développerla bio et prouver quel'on peut travailler pro- prement sans produits chi- miques ni OGM."

Jean-Pierre Taton, céréalier en Saône-et-Loire

Il

Opter pour le meilleur compromis"

Certifiée en bio depuis deux ans, l'exploitation de Jean-Pierre Taton s'étend sur 160 hectares, dont 110 hectares de grandes cultures, avec un assolement basé sur le soja, letournesol, les céréales à paille, le lupin, la féverole, lemaïs ainsi que le colza pour lapremière année. Le reste estconsacré à la vigne et aux prairies. "L'acquisition du matériel repose sur un compromis, d'autant plus qu'étant isolé en bio, nous ne pouvons bénéficier d'achat en commun pour les matériels spécifiques", souligne le producteur. Iladonc faitl'acquisition, au moment de sa conver- sion, d'une herse étrille de12 m delarge. Puis cette année, suite àla démonstration de Chabeuil, ila remplacé sa bineuse-avant par celle d'Agronomie avec son guidage actif électro-hydrau- lique. Pour lui, l'idéal serait en fait de pouvoir adapter, comme l'a imaginé François Sausse, des éléments herse étrille sur la bineuse. Car l'objectif deJean-Pierre Taton est d'améliorer à la foisledébit de chantier et la précision du désherbage.

Le principe du guidage actif électro-hydraulique d'Agronomie est simple:

un disque traceur est adapté en position cen- trale devant le semoir.

Sur la bineuse, une roue profilée suit sa trace et informe les détecteurs de proximité (capteurs élec- troniques) qui comman- dent le distributeur électro-hydraulique afin de corriger la trajectoire. En effet, la partie arrière du châssis dela bineuse est articulée, commandée par deux vérins hydrauliques, qui sont déclenchés par toutes les pres- sions exercées sur la roue profilée. Ainsi, chaque trajectoire imprécise est corrigée. Pour rendre plus performante cette bineuse 12rangs sur soja, François Sausse aimaginé d'y adapter des dentsdeherseétrille, réglables en profondeur et en inclinaison. Un système qu'il compte encore amé- liorer avec desdoigts et, pourquoi pas, un système de désherbage ther- mique àl'avant.

Precizo, guidage électronique pour bineuse

Biner dans les dévers, les courbes et même la nuit

Denise etAndré Cangrand, installés dans les Landes, ont fait l'acquisition, ilya un an, d'un système de guidage Precizo. "Étant donné la baisse des cours du maïs bio, l'objectif était de limiter le binage àuneseule personne, en réduisant la pénibilité du travail, et d'augmenter le débit du chantier", explique Denise Cangrand, qui exploite en bio 100 hectares environ implantés cette année en maïs irrigué. "Le sys- tème est séduisant, mais il a nécessité dans nos terres sableuses de nombreux réglages et ajustements, notre exploitation ayant été une des premières àl'utiliser."

Pour Guy Menon, exploitant bio sur 130 ha à Lussan dans le Gers, l'intérêt estaussi de pouvoir adapter ce guidage àtout type de machine à différents types d'écarte- ments etce, "sans difficultés de montage à partir du moment où on aposé les repères sur les matériels". Ce producteur utilise ce système pour biner lupin, féveroles de printemps, soja ettournesol. L'an prochain, ilvatester lespois chiches etpeut-être le blé. Même sila vitesse d'avancement n'est pas tellement plus élevée qu'avant, l'avantage est de pouvoir biner plus près des plantes, à 3 cm en moyenne, sans risques dedérapage même endévers ou en courbes. Voire de finir unchantier tard le soir sinécessaire grâce aux infra-rouges. "Le seul inconvénient dans nos terres lourdes est que les roues de guidage sont trop faibles", reconnaît pourtant Guy Menon. Mais ila déjà trouvé la solution en les remplaçant.

Cettemachine françaiseseplaceentreletracteuret labineuse classique.Safonction est de guider la bmeuse permettant ainsi un réglagedesdents au plus près des plantesàconserver. Lebinagedepré- cision- 2cm dechaque côté des plantes- est pos- sible grâce à l'action constante de2cellules photo- électriquesdisposées de chaque côté du rang assu- rant le déplacement latéral dela bineuse par l'ac- tion de vérins hydrauliques. Ce système nécessite que les plants soient suffisamment développés (5cmenviron)pour queles cellules lesdétectent.

(Sarl Godin Frères,5000HT).

BIOFIL W 36 - SEPTEMBRE 1OCTOBRE 2004

Références

Documents relatifs

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des

Le LIFE Oxyura 2018-2023 Un projet LIFE + Biodiversité, porté par l’ONCFS avec pour bénéficiaire associé la SNPN, a été lancé en octobre 2018 (LIFE NAT/FR/000542) avec

du Pennisetum subangustum (espèce qui atteint un très grand développe- ment au début de la saison des pluies) explique d'autre part pourquoi on a récolté des poids totaux d'herbes

A l'exception du 1e 1 prélèvement, on note dans tous les autres prélèvements des blocs III et IV un poids de Digita- ria nettement supérieur dans les par- celles ayant reçu du

- Le fort courant d'air obtenu avec l'application par atomisation permet une dispersion beaucoup plus marquée du produit que dans le cas de l'appli- cation par pulvérisation, ce qui

Dans le cas d'un terrain qui se « sa- lit » très rapidement on a par contre, le plus souvent, intérêt à utiliser large- ment les herbicides, surtout lorsqu'on a, comme c'est le cas

Le paillage pratiqué en Guinée devrait jouer l e même rôle que le papier de couverture hawaïen. Il est malheureusement beaucoup moins efficace : les mauvaises herbes le

La présence de limaces est favorisée par la plus forte humidité et par les résidus de culture laissés au sol dans les procé- dés sans labour, travail minimal et semis direct