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La psychiatrie algérienne et son avenir

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Academic year: 2022

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Journal Identification = IPE Article Identification = 1823 Date: July 10, 2018 Time: 12:48 pm

Lettre d’Alger

L’Information psychiatrique 2018 ; 94 (6) : 443-4

La psychiatrie algérienne et son avenir

Monique d’Amore Fabienne Roos-Weil

La Société algérienne de psychiatrie organisait sa 21e Journée nationale le 3 mai 2018 à Alger sur le thème « Psychiatrie, quel avenir ? ». La Société de l’Information psychiatrique était représentée, comme c’est le cas depuis quatre années, par deux de ses membres, le docteur Monique D’Amore, psychiatre, et le docteur Fabienne Roos-Weil, pédopsychiatre.

Le congrès annuel de la Société algérienne de psy- chiatrie (SAP) permet aux psychiatres algériens venus de toutes les Wilayas (régions) de se retrouver autour d’une série de communications aux thèmes divers.

L’Algérie forme actuellement une centaine de spé- cialistes en psychiatrie par an. Elle n’en formait que 60 il y a une dizaine d’années. On peut rappeler qu’après l’indépendance, il ne restait pratiquement plus aucun psychiatre. Quelques rares psychiatres franc¸ais y avaient poursuivi leur exercice, dont ceux qui effec- tuaient leur service national. La période post-coloniale a vu ainsi le pays se vider de ses spécialistes. La formation a repris petit à petit avec une première pro- motion de cinq psychiatres en 1971 autour des grands noms de la psychiatrie algérienne : les professeurs Benmiloud, Bensmaïn et Boucebci. Les personnalités politiques au pouvoir, inspirées par Frantz Fanon, ont œuvré pour organiser structures d’hospitalisation, ser- vices d’urgence, consultations avec une prise en charge par l’État. Durant la décennie noire des années 90, l’Algérie a assisté à nouveau au départ de nombreux psy- chiatres, tandis que d’autres, dont le Pr Boucebci, étaient assassinés comme beaucoup d’intellectuels.

Actuellement les psychiatres sont formés au décours d’un internat de 4 ans mais doivent ensuite effectuer un service national de 1 à 4 ans dans certaines régions.

La grève des résidents depuis plusieurs mois, dont les échos sont parvenus jusqu’à nous, a voulu pointer, entre

autres revendications, l’illusion de faire reposer une médecine préventive et soignante sur la seule présence des résidents en service national dans de nombreuses zones du territoire.

L’année 2018 a marqué un changement important pour la psychiatrie en Algérie puisque la journée de la SAP était précédée le 2 mai du 1erCongrès national de la Société de pédopsychiatrie algérienne et des disciplines associées. Les bases de la Société de pédopsychiatrie avaient été jetées en 2017. La toute jeune Société a pu élire son bureau lors du congrès 2018.

De la journée de pédopsychiatrie, nous avons plus particulièrement retenu l’intervention du Dr Lamisse Medjouia : elle a dressé un panorama des consulta- tions de pédopsychiatrie avec la répartition des jeunes patients selon leurs pathologies ; il en ressort que 62 % seulement des enfants de leur file active sont scolarisés à l’âge de l’école élémentaire, 40 % restant à la mai- son ou dans la famille élargie ; dans ses perspectives d’évolution, elle a préconisé des structures différenciées selon l’âge et parfois la pathologie. L’intervention des docteurs Mouna Bahamed, Lamisse Medjouia, et Nas- sima Metahri (Blida) a porté sur la phobie à l’adolescence comme symptôme au carrefour de diverses patholo- gies. La pédopsychiatrie périnatale a pu faire l’objet d’échanges entre nos deux pays à partir de l’intervention du docteur Roos-Weil puis celle des docteurs Mou- mène et Haddad (Blida). Les disciplines associées étaient représentées par des orthophonistes qui ont décrit les rééducations dans le domaine de l’autisme.

Après cette première journée, on peut dire que la pédopsychiatrie s’organise et se structure en Algérie comme une spécialité à part entière. Le Pr Nassima Metahri nous avait fait part de sa lente gestation lors du premier symposium de la Société algérienne au congrès de la SIP à Saint-Malo en 2016, et de tous les obstacles sur son chemin. Longtemps, la pédopsychiatrie a été ignorée et marginalisée, pratiquée par une poignée de pédopsychiatres exerc¸ant sans reconnaissance officielle, sans statut ni budget. Un arrêté de 2013 et des circulaires

doi:10.1684/ipe.2018.1823

Correspondance :M. d’Amore ; F. Roos-Weil

<monique.damore@orange.fr>

<fabrwl@wanadoo.fr>

Pour citer cet article : d’Amore M, Roos-Weil F. La psychiatrie algérienne et son avenir. L’Information psychiatrique 2018 ; 94 (6) : 443-4 443

doi:10.1684/ipe.2018.1823

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Journal Identification = IPE Article Identification = 1823 Date: July 10, 2018 Time: 12:48 pm

M. d’Amore, F. Roos-Weil

de 2014, ont reconnu la pédopsychiatrie come discipline à part entière avec organisation de concours spéci- fique. Certains hospitalo-universitaires ont cependant encore cherché à affecter sans distinction des psychiatres d’adulte sur les postes d’enseignant et clinicien en pédo- psychiatrie dans les années suivantes. Depuis un an s’est installée une filière spécifique de formation après une année de tronc commun avec la psychiatrie adulte, alors que précédemment la compétence était acquise avec une année supplémentaire d’option. Cette jeune spécialité bénéficie du dynamisme des collègues pédo- psychiatres et du soutien de psychiatres d’adultes et plus particulièrement celui du Pr Kacha, soutien mani- festé entre autre par l’organisation commune du congrès national.

La journée suivante du 3 mai avec la SAP a permis d’aborder plusieurs thèmes de psychiatrie et d’addictologie, où a été débattu le caractère plus ou moins spécifique du champ de cette dernière : l’addiction comme co-morbidité, comme cause ou conséquence des souffrances psychiques. . .La place de la psychiatrie libérale en Algérie a été soutenue par le docteur Daara (Annaba), membre de l’Association des psychiatres libé- raux. Elle se développe depuis les années 1980 mais

rencontre de grandes difficultés par manque d’une poli- tique générale d’articulation public/privé et de missions clairement dévolues. La faible prise en charge par les mutuelles d’actes dont la nomenclature et la tarification restent floues ne favorise pas non plus cette modalité de prise en charge qui est loin de pouvoir être acces- sible à tous. Le Dr Daara a exploré aussi, de manière vivante, les perspectives offertes par l’intelligence artifi- cielle en psychiatrie. Enfin le professeur Kacha, à propos des«consultations pour mariages non consommés»a mis en évidence les différents aspects psychopatholo- giques et culturels de cette problématique sans oublier la place de plus en plus manifeste des PTSD.

La journée de la SAP s’est clôturée par la présentation de l’ouvrage du professeur Kacha,Hypnose : Le chaman, l’exorciste et Erickson, que nous retrouverons au Café littéraire d’Antibes en octobre.

Prochain rendez-vous donc avec nos collègues algé- riens à Antibes, pour poursuivre ces échanges réguliers dans une meilleure connaissance de nos pratiques res- pectives et dans de nouvelles perspectives de travail.

Liens d’intérêts les auteures déclarent ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec cet article.

444 L’Information psychiatriquevol. 94, n6, juin-juillet 2018

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