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CHAPITRE 7

Un jeune garçon de huit étés, répondant au nom de Noé, se rendait chez le boucher à la demanda se sa mère.

Issu d’une famille pauvre, l’arrivée d’un nouveau commerçant dans la ville avait changé leur vie. Ici, les riches avaient appris à leurs dépends ce qu’il leur coûtaient de s’en prendre aux plus pauvres.

Personne ne pouvait l’affirmer, mais plusieurs riches commerçants soupçonnaient leur jeun congénère de les voler et, par la suite, distribuer son butin aux pauvres et aux mendiants.

Non pas qu’il s’introduirait chez eux – quoique qu’ils n’en étaient plus si sûrs, à présent – mais que lorsqu’il pouvait leur arriver de malmener un jeune enfant qui avait volé une pomme ou deux sur le marché, le nouveau venu était toujours présent pour exiger de celui qui

violentait l’enfant qu’il s’excuse et paie quelques frais, argent ou nourriture, selon les besoins de la famille de l’enfant.

De plus, le nouvel arrivant n’était pas seul. Le jour de son arrivée, Noé en était resté bouche bée tant ils avaient de prestance. Ils auraient beau ne porter qu’une tunique à capuche, un pantalon ample et des bottes, ils auraient été vêtus de haillons qu’ils auraient dégagé la même impression de noblesse.

Et ils étaient beaux.

Il se dégageait des trois compagnons une beauté à en couper le souffle.

Dragan, Kaelig et Wilhen.

Si Dragan semblait être le chef du trio, il n’en était rien. Chacun agissait librement. Mais ils intervenaient tous les trois en faveurs des plus pauvres.

Pourtant, tout les opposait, physiquement.

Dragan avait les cheveux blonds, en bataille qui retombaient en mèches éparpillées sur ses yeux noirs.

Kaelig avait des cheveux assez courts de la même couleur que les yeux de son compagnon, mais les siens brillaient d’un éclat argenté. Sa chevelure semblait coupée, comme s’il avait été détenu dans une quelconque prison et qu’il aurait été rasé. On pouvait voir, lorsqu’il ne portait pas sa capuche, des éclaircies en bandes dans sa chevelure de jais qui avaient l’air de tout juste recommencer à pousser.

Quand à Wilhen, il portait ses cheveux d’argent un peu plus longs que son comparse aux yeux argentés. Des trois, c’était sûrement Wilhen qui avait les yeux les plus fascinants

tellement ils étaient inquiétants. Si Kaelig les avait d’argent lui les avait d’or. On aurait dit de l’or liquéfié.

Si les trois compagnons semblaient ne rien avoir en commun, ils avaient néanmoins la même grande taille et les mêmes épaules puissamment bâties.

Quand on les voyait tous les trois côtes à côtes, ils ressemblaient à travers leurs yeux, leurs visages et leur comportement, plus que quiconque à des animaux carnivores.

À des prédateurs.

Dragan au tigre blancs, par ses cheveux d’un blond tellement clair que lorsqu’il faisait soleil, ils paraissaient blancs.

Kaelig au loup par son air famélique et de détenu récemment sorti de prison.

Et Wilhen au loup mêlé d’une hyène, comme s’il avait été le fruit d’une expérience ratée.

C’était lui qui paraissait le plus dangereux, d’apparence.

Noé s’était arrêté devant la porte du boucher. Sortant de ses rêveries, il entra.

Il y avait du monde, et tous se retournèrent pour voir le nouveau venu.

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Lorsque vint son tour et qu’il eut finit ‘annoncer au boucher – un homme corpulent de taille moyenne, toujours impeccablement rasé et aux tempes grisonnantes – celui-ci lui rit au nez : Tout ça, mon garçon ? Tu plaisantes ? Toi et les tiens, qui avez à peine de quoi vous habiller convenablement, vous achèteriez de la charcuterie dont le prix vaut cinquante couronnes ? Les autres clients rirent avec lui.

Le boucher poursuivit :

– Va-t-en ! La plaisanterie a assez duré ! Je ne veux plus te voir ici !

– Attends, père, intervint un jeune homme en sortant de l’arrière-boutique. Il a peut-être le prix demandé.

Robin, le fils du boucher, était un ami de Noé. Ils se connaissaient depuis maintenant trois ans et une amitié inséparable s’était tissée entre eux, au grand dam du boucher, à qui les fréquentations douteuses de son fils mettaient en colère. À un tel point qu’il avait voulu envoyer son fils dans une autre ville. Robin en était venu à lui faire croire qu’il en avait eu marre de Noé et qu’il ne lui parlait plus.

Il n’en était rien.

Dès que Robin avait finit d’aider son père, il partait en ville avec son ami afin de s’y promener et d’aller voir Dragan, chez qui ils allaient chaque après-midi.

– Et s’il ne l’a pas ? répliqua le boucher. Tu sais que la viande tourne vite et ce serait du gâchis de sortir tout ça pour rien…

La porte s’ouvrit : – Sottises.

– Pardon ? Qui ose me contredire dans ma boutique ? s’insurgea le boucher.

– Moi.

Vêtu à son habitude d’une tunique à capuche serré à la taille par une ceinture à laquelle pendait une épée, ainsi que d’un pantalon marron ample et de bottes noires ; Dragan franchit le seuil de la porte et alla rejoindre Noé, faisant face au boucher et son fils.

Devant un boucher plus si sûr de lui.

En constatant cela, Dragan se pencha :

– Écoute-moi, boucher. Je ne suis pas ici pour semer la terreur parmi les riches commerçants.

. Je suis ici pour les mêmes raisons que toi et tes collègues. Et si, au passage, je peux donner une leçon aux gens de ton espèce, je le fais. C’est simple. Si vous arrêtez de malmener les pauvres et de les traiter comme des moins que rien ! Alors je me radoucirai à votre égard et je réviserai peut-être mon jugement. Parce que, ce que vous faites, c’est reprocher aux pauvres, d’être pauvres ! Or, ils ne l’ont pas choisit. C’est injuste. Et je n’aime pas l’injustice.

Maintenant, tu devrais faire ton travail, et sortir cette viande demandée, pour que ce garçon puisse l’acheter.

– Ou…oui.

« C’est drôle. » songea Noé. « Il fait toujours cet effet. »

Après avoir payé et emporté ses achats, le garçon rejoignit Dragan : – Merci !

– De rien, répondit simplement l’autre.

– Dragan ? – Oui ?

– Est-ce que…aujourd’hui, tu feras une balade à cheval ? – Oui. Dès deux heures après le repas du midi.

– Super ! Ce sera quel cheval ?

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En plus de renverser équitablement l’équilibre entre les riches et les pauvres, il offrait tous les cinquièmes jours de la semaine, une balade à cheval. Les riches marchands murmuraient à qui voulait l’entendre qu’il offrait aux gamins venus se balader, une bourse remplie de

couronnes.

Mais ce qui plaisait le plus aux enfants, c’était les promenades à cheval : ils ne montaient jamais le même cheval.

« La preuve : depuis que Dragan est arrivé en ville, ceux qui sont montés sur son magnifique étalon noir ce jour-là ; ne sont plus remontés dessus. »

La boutique de Dragan se trouvait sur la droite de deux pâtés de maisons de l’Auberge des Trois Dragons, en éternelle concurrence avec l’Auberge aux Mille Âmes.

Dans sa boutique, on y trouvait de tout : des armes, des livres, des chevaux, ainsi que des renseignements.

Noé se rendit compte que Dragan l’avait raccompagné chez lui. Le garçon le héla alors qu’il s’apprêtait à repartir :

– Merci !

– Ce n’est rien. Et n’oublie pas de ramener tes amis pour tout à l’heure.

– Promis !

– Bon appétit, mon garçon.

– À toi aussi.

Dragan le salua de la tête et rentra chez lui. Noé le regarda s’éloigner jusqu’à ce qu’il ne soit plus visible.

« Quand je serai grand, je serai comme Dragan. »

Après deux jours de voyage ininterrompu vers le Nord, Saphira aperçut Teirm. La cité se révéla à leurs yeux, immense et majestueuse.

Comme dans les souvenirs du Dragonnier, elle s’étendait au bord de la mer scintillante. Les embarcations se balançaient dans le port, voiles rangées. Ils entendaient du lointain le

grondement monotone des vagues.

La ville, toujours abritée derrière un mur blanc aux dimensions colossales, et dont une rangée de tours rectangulaires de flèches, ponctuait le rempart. En haut du mur, ils distinguaient des vigiles et des soldats qui arpentaient le chemin de ronde.

– Pourquoi Teirm ? demanda Slytha.

– Car elle est plus grande que Feinster. Nos recherches avanceront certainement plus vite, répondit Eragon.

« Je vous dépose à l’entré, je présume. » dit Saphira.

« Oui, ce sera mieux. En tant que dragonne et son Dragonnier, nous nous devons de ne pas les effrayer. »

« Donc, en journée, cela signifie que tu feras tes recherches. » « Et je viendrai te voir le soir. » compléta Eragon.

« Dormiras-tu dans une auberge ? »

« Je pense, oui. Ce soir, je ne sortirai pas de la ville, par précaution. » « Mhm… »

Saphira atterrit et ses passagers mirent pied à terre.

Arya et Slytha sortirent une robe de leurs sacs et allèrent se changer derrière des buissons.

Pendant ce temps, le jeune Dragonnier détacha le sien et attendit les deux elfes.

« Eragon, était-ce vraiment nécessaire ? » « Oui, ma belle. Je le pense. »

« En quoi cela nous aidera ? Nos pouvoirs ne sont pas inefficaces. »

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« J’essaie juste d’être prévoyant. Je souhaite avoir des informations sur ce rocher et la Crypte des Âmes afin de savoir à quoi nous seront confrontés quand cela arrivera.

« Je comprends. Sois prudent, petit homme. Je t’aime. » « Moi aussi, ma belle. »

Enfin, Arya et Slytha revinrent :

– Tada ! s’exclama celle-ci en souriant.

Arya avait remis la robe verte volée et ajustée par magie. Quand à Slytha, la sienne était plus claire, comme ses yeux.

– Nous pouvons y aller, déclara Arya.

Ils s’avancèrent donc vers Teirm, l’air aussi détaché que possible.

Les gardes postés à l’entrée leur barrèrent le passage de leurs lances : – Votre nom ! s’enquit l’un d’eux d’un ton sec.

– Je m’appelle Evan, dit Eragon.

« Je reprends le nom d’emprunt que j’utilisais avec Brom. » songea-t-il. « Je me demande ce qu’Arya et Slytha vont dire. »

– Moi, c’est Swan, répondit Slytha.

Le garde se tourna vers Arya : – Et vous ?

– Mon nom est Lyane.

– Et que venez-vous faire ici ?

– Nous rendons visite à nos parents, répondit Slytha en prenant Arya de court. Ma sœur s’est mariée et souhaite présenter son époux à nos parents qui n’ont, hélas, pas pu assister au mariage, et…

– C’est bon, j’ai compris. Passez, dit le garde en relevant sa lance et faisant un signe de la main.

– « Ma sœur s’est mariée et souhaite présenter son époux à nos parents », n’est-ce pas ? répéta Arya lorsque les gardes furent hors de vue.

– Ben quoi ? fit Slytha, l’innocence incarnée. Ce n’est pas comme si c’était vrai, si ? Arya ne lui répondit pas.

Lorsqu’ils poursuivirent leur chemin, Eragon fut étonné de voir des enfants courir partout, venant des quatre coins de la ville.

Toutefois, le Dragonnier remarqua qu’ils se dirigeaient tous au même endroit. Une foule d’enfants était amassée autour d’un jeune homme d’une vingtaine d’années. Il était simplement vêtu d’une tunique vert foncé, d’un pantalon ample et de bottes noires.

Il se retourna pour observer les nouveaux venus et l’évidence frappa Eragon de plein fouet : – C’est un elfe !

– Moins fort ! lui intima Slytha. S’il se camoufle les oreilles et légèrement le visage, il doit avoir de bonnes raisons.

L’elfe avait des cheveux blonds hérissés derrière sa tête et le long de sa nuque. Des mèches folles retombaient un peu éparpillées sur son visage, au-dessus de ses yeux d’ébène.

Il se désintéressa d’eux et s’adressa aux enfants : – Qui sortirai-je, aujourd’hui ?

Immédiatement, plusieurs réponses jaillirent : – Éclipse !

– Lumière ! – Ou Éclair ! – Non, Tonnerre !

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– Non, répondit calmement l’elfe. Aujourd’hui, je vais sortir un cheval de légende.

– C’est Éclipse ! cria un enfant vêtu d’un haut en loques et d’un pantalon usé dont les plis retombaient sur ses bottines grises de poussière.

– Laisse-moi continuer, mon garçon. Le cheval que je vais sortir n’a jamais été monté par l’un d’entre vous. C’est un cheval de légende car il a traversé la moitié de l’Alagaësia.

– Il n’est pas légendaire pour cela, murmura Slytha à ses compagnons.

L’elfe camouflé poursuivit :

– On dit même qu’il a appartenu à un Dragonnier. Pas n’importe lequel, les enfants. Le dernier Dragonnier qui n’est pas pour Galbatorix ! Ce cheval l’a aidé à fuir l’Empire pour rejoindre les rebelles. Il s’appelle Cadoc. Je vais vous le chercher.

« Cadoc ! » s’exclama intérieurement Eragon. « Comment a-t-il pu arriver ici ? Et comment cet elfe a pu savoir qu’il m’appartenait et pour quelles raisons ? Je ne comprends pas. » L’elfe camouflé disparut dans les écuries conjointes à ce qui semblait être sa boutique.

Eragon observa celle-ci et remarqua que sur le panneau était inscrit…

– Ici, tu trouveras de tout, étranger, y compris ce que tu n’es pas venu chercher. Car nul n’échappe à son destin, lut Slytha. Nous pourrions commencer par aller voir ici, non ? – Oui, je pense aussi, approuva Arya.

– Plus vite nous aurons commencé, plus vite nous serons de retour, fit remarquer Eragon.

– Où nous installons-nous pour la nuit ? demanda Slytha. Quelle auberge ? Celle des Trois Dragons, ou celle aux Mille Âmes ?

« Étrange ironie du sort. » pensa-t-elle. « Trois Dragons et il restait trois œufs au départ ; et Mille Âmes et nous recherchons des informations sur la Crypte des Âmes ! »

– Alors ? Je vous laisse choisir, je vais faire un tour.

Slytha s’éloignait déjà lorsqu’Arya la rappela : – Nous devrions rester groupés.

– Pas forcément. On peut faire chacun de notre côté. Sur ce, moi j’y vais.

Et elle s’éloigna.

Soudain, une troupe composée d’une trentaine de soldats vint à la rencontre d’Eragon et Arya. Celui de tête enleva son casque à ailerons. Eragon le reconnu instantanément, et fut ébahi, par le changement de l’inconnu :

– Jack ! s’écria-t-il.

– Tiens, tiens, comme on se retrouve. Reste ici, j’ai une annonce à passer à ces citadins.

– Mais…

– Reste ici, je t’ai dit !

À peine son ordre eut-il finit de claquer que dix soldats vinrent encadrer le Dragonnier et sa compagne.

Eragon constata avec stupeur que Jack avait radicalement changé. Outre le fait que ses cornes avaient disparues, ses cheveux autrefois couleur de neige, étaient maintenant bruns et ses oreilles étaient camouflées. De plus, Mycädnys n’était pas présente.

« Si Jack est aux ordres de Galbatorix, elle doit être à Uru’baen. » songea Eragon.

L’elfe qui était avec les enfants quelques instants plus tôt, était revenu avec Cadoc et attendait que Jack prenne la parole, une expression indéchiffrable sur le visage, qui semblait être de la peur, mêlée à de l’appréhension et à de la colère. Pourquoi aurait-il peur ? Personne ne le saurait.

Partout, les habitants de Teirm sortaient de leurs maisons, les villageois de villages alentours étant venus pour des achats, se pressaient maintenant autour de Jack. Les citadins qui

habitaient le plus près du rassemblement s’arrêtaient au seuil de leurs portes, comme pris d’un

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mauvais pressentiment. Les plus éloignés étaient maintenant massés autour de Jack et des vingt soldats restant.

Quand aux enfants, ils regardaient Jack fixement, presque avec angoisse.

Lorsque Jack fut certain que tout le monde pourrait l’entendre, il déclara : – Citoyens de Teirm !

Les plusieurs chuchotements qui restaient s’éteignirent aussitôt.

Il poursuivit :

– Mes sources d’informations m’ont fait part d’une nouvelle inquiétante ! Il y a des traîtres parmi vous ! Ils seraient trois ! Leurs prénoms sont : Gabryel, Glenwing et Fäolìn !

Arya ne put retenir un tressaillement. Les dix soldats s’en rendirent compte et se

rapprochèrent d’eux ; et trois d’entre eux vinrent encadrer l’elfe : un de chaque côté et un autre derrière elle, empêchant toute fuite.

Les ignorant, Jack continua, après s’être assuré qu’il avait toute l’attention du public : – Il est évident qu’ils aient pu changer de prénom ! Par conséquent, des portraits de ces traîtres seront affichés un peu partout dans cette ville et aux alentours ! Mais avant, je vais vous dresser leur description :

« Fäolìn est un récent détenu de prison. Il sera aisément reconnaissable : c’est un elfe ! Comme ses deux compagnons ! Mais je pense que vous n’êtes pas sans ignorer que ces démons sont capables d’user de magie ! Ses oreilles seront par conséquent arrondies et les os de son visage déplacés, afin de paraître humain ! Il port ses cheveux noirs assez courts ; ses yeux sont gris et il a de puissantes épaules, en plus d’être grand ! Il se dégage de lui, comme de Gabryel et Glenwing, une aura envoûtante, qui vous hypnotise et peut vous pervertir l’esprit ! »

« Glenwing porte ses cheveux argentés plus longs que son comparse aux cheveux noirs. Ses yeux sont jaunes orangés et donnent l’impression que c’est de l’or liquide, preuve que les elfes sont des démons, les pires qui soient !

« Pourquoi dit-il tout cela. » s’interrogea Eragon. « Il est lui-même un elfe. Il les a donc trahis, ainsi que les Vardens ! J’en parlerai avec Arya. Mais le pire, c’est que tous les habitants de Teirm vont le croire ! Il sera difficile par la suite de les convaincre du contraire.

Heureusement, Arya et Slytha se sont modifié le visage. Quand à moi… je doute qu’un simple bandeau sur mes oreilles suffise. »

Comme s’il avait entendu ses réflexions, Jack le fixa intensément :

– Évidemment, si quelqu’un croit reconnaître des elfes dans cette ville, qu’il me les apporte à la prison. Le dernier, Gabryel, est certainement le plus dangereux des trois, malgré son air sympathique et jovial. Ses cheveux sont blonds, légèrement en bataille, ses yeux, noirs et il porte toujours un pantalon marron ample et des bottes noires. Cela ne vous aidera pas

forcément, mais je pense que c’est toujours bon à savoir, n’est-ce pas ? Ce sera tout, merci de votre écoute.

Il fit signe à ses soldats et ils s’en allèrent.

Peu à peu, les habitants de Teirm retournèrent chez eux et la place fut désertée en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Seuls restaient l’inconnu et les enfants, ainsi qu’Eragon et Arya.

Le Dragonnier entraîna celle-ci dans une ruelle sur leur droite : – Suis-moi.

– Mais…

– J’ai quelque chose à te dire.

Elle le suivit donc en silence.

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Personne ne les remarque. Les enfants avaient recentré leur attention sur l’homme au

cheval ; les passants se rendaient à leurs destinations tête baissée. L’annonce de Jack avait fait planer un silence de mort en ville.

Eragon constata que quelques-uns des soldats de Jack s’étaient postés sur les toits en escalier, aux côtés des gardes de Teirm. ; assistant à tout ce qui se déroulait en ville.

Quand le Dragonnier fut arrivé au bout de la ruelle – qui se trouva être un cul-de-sac – il se retourna et regarda Arya fixement :

Elle rompit le silence qui s’était installé entre eux : – Que voulais-tu me dire ?

Une fois de plus, Eragon observa le cœur chagrin de voir cette beauté incarnée abîmée sur un coup de tête. De plus, le moment où elle avait cessé de vivre coïncidait avec…

Voyant qu’elle le dévisageait, il répondit :

– Jack a parlé de Fäolìn et Glenwing. Il les cherche.

– Ils sont morts. Je les ai vus.

– En es-tu sûre ? Jack a certainement pu les capturer après, comme Durza avec toi.

– Non. Durza s’en serait chargé. Et puis, ce peuvent être d’autres elfes qu’eux. Jack a dit qu’ils utiliseraient sûrement un faux nom. Or, il est possible que ce soient Fäolìn et Glenwing, les noms d’emprunt…

– Arrête, Arya.

– Quoi ?

Elle le regarda durement, droit dans les yeux :

– Je les ai vus, Eragon ! Ils ne peuvent pas être vivants !

– Mais il semblerait que Gabryel soit l’elfe camouflé. Il correspond à la description que Jack a faite.

– Jack l’aurait capturé. Si c’est lui, Jack lui a certainement laissé un sursis afin de se rendre avec… Oh ! Eragon ! Je n’en peux plus !

Les yeux de l’elfe commençaient à se noyer de larmes. Chagriné, le Dragonnier déclara : – Dis-moi, Arya. Tu sais que tu peux tout me dire.

Instinctivement, il s’était rapproché d’elle, comme pour la rassurer.

L’elfe poursuivit :

– Fäolìn et Glenwing sont censés être morts et voici qu’ils seraient vivants… et évadés de prison ! Jack est un elfe et semble nous avoir trahis pour la cause de Galbatorix, Slytha revient après vingt ans de séparation… Je ne peux pas gérer tout cela. Je ne peux plus.

À travers ses yeux, Eragon pouvait sentir l’angoisse qui habitait l’elfe. Comme si depuis qu’il avait eu une vision d’elle lorsqu’il l’avait regardée dans les yeux, c’était comme s’il pouvait mieux percevoir son ressenti.

Il était à présent face à Arya et vit qu’il s’était encore rapproché. Elle ne recula pas. L’elfe lui faisait face, ne fuyait pas.

Doucement, avec précaution, il leva le bras et cueillit la joue gauche d’Arya dans sa main. Si elle tressaillit légèrement de surprise – jamais, il n’avait eu ce geste avec elle – elle ne fit rien pour se dégager. Elle leva les yeux et ceux-ci rencontrèrent ceux du Dragonnier. Il vit à quel point elle avait changé.

À quel point elle avait perdu la volonté de vivre. Son regard émeraude avait perdu son éclat et lorsqu’elle dévisageait quelqu’un, elle semblait plus féline que jamais.

Hésitant d’abord, puis plus assuré car elle ne reculait pas, il rapprocha son visage.

Personne ne les verrait.

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Le seul spectateur – si spectateur il devait y avoir – était un mendiant, à l’autre bout de la rue, simplement vêtu d’une tu nique dont la capuche était rabattue sur son visage, d’un pantalon usé et de bottes noires devenues marron avec la poussière.

Lentement, leurs visages se rapprochèrent…

Une force prodigieuse plaqua Eragon contre le mur, l’empêchant de continuer. Le Dragonnier se reprit, quoiqu’un peu sonné par la violence du choc :

– Jack !

– Alors, comme ça, vous connaîtriez deux de ces elfes ? demanda-t-il à Arya, dont l’angoisse commençait à se peindre sur son visage.

Se souciant peu de l’état d’esprit de l’elfe, Jack s’avança et la saisit à la gorge. Au bout de quelques minutes, elle suffoqua.

Mécontent, Jack resserra son étau et Eragon vit une veine de son front commencer à saillir.

Ses joues se teintèrent de violet.

Elle ne respirait plus.

Soudain, du tranchant de la main, elle frappa le coude tendu de Jack. Il y eut un craquement et l’articulation se brisa. L’espace d’un instant, les pieds touchèrent le sol, puis se

ressoudèrent et il la souleva du plus haut qu’il put : – Réponds ! Ou ton amie meurt !

– Je ne sais rien de ces elfes ! répondit Eragon, angoissé quand à l’état d’Arya.

Il la revoyait dans la même situation, contre Varaug… Mais cette fois, le Dragonnier ne pouvait pas isoler l’esprit de Jack ou l’attaquer mentalement : il était bien trop puissant. De plus, s’il prenait un risque aussi inconsidéré, Arya ne le lui pardonnerait jamais.

– Tu mens.

– Je ne…

« Eragon. » retentit la voix mélodieuse d’Arya dans son esprit. « Demande-lui de me laisser parler. »

« Que vas-tu lui dire ? » s’inquiéta le jeune homme.

« Que les noms me sont familiers, mais que ces elfes sont morts. » répondit-elle simplement.

Une fois de plus, Eragon ressentit la même chose que lors de leur première communication mentale. L’esprit de l’elfe était toujours aussi lumineux et clair comme le son d’une clochette de cristal. Une mélodie farouche et envoûtante y planait, révélant son identité profonde.

Involontairement, Eragon faillit se laisser submerger par la musique rythmée de son sang.

« Eragon ! Ce n’est pas le moment ! Je vais… » Il reprit ses esprits et déclara :

– Laisse-la parler.

– Pourquoi, jeune Dragonnier ? – Elle en sait plus que moi.

Le jeune homme essaya de bouger ne serait-ce quel le petit doigt, mais Jack l’immobilisait d’une facilité déconcertante. Il pouvait juste cligner des yeux et respirer.

Mais Eragon savait que sur le moindre désir de Jack, celui-ci pouvait arrêter son cœur, il en était certain.

Jack réfléchit :

– Mhm… d’accord, concéda-t-il. Mais si j’apprends que vous m’avez menti, ma colère sera terrible, et vous n’en réchapperez pas.

Il relâcha Arya et elle tituba, le temps que l’air revienne dans ses poumons. Quand elle eut reprit ses esprits, elle regarda Jack droit dans les yeux, le transperçant de son regard

émeraude, maintenant presque aussi animal que le sien :

(9)

– Ceux que tu cherches sont morts.

– Desquels parles-tu ? – De Fäolìn et Glenwing.

Jack darda sur elle un regard comme assoiffé et Eragon en eut le souffle coupé.

« Il ne veut tout de même pas la… »

– Mon but n’est pas de commettre un adultère, gamin, répliqua Jack en tournant la tête vers lui.

Eragon fut une fois de plus surprit de constater que Jack devinait ses pensées, comme il pourrait voir le fond d’une rivière dont l’eau était claire et pure.

Jack reporta son attention sur Arya :

– Je ne pense pas que vous mentiez. Même si je peux paraître sans cœur, je sais voir l’amour quand je le croise.

Il se reprit, comme gêné d’en avoir trop dit, avant de poursuivre :

– Néanmoins, s’ils sont vivants, qu’ils vous connaissent, et que nous nous revoyons – ce qui sera sûrement le cas – je vous le ferais payer très cher.

Il tourna les talons et les laissa seuls dans la ruelle. Dès qu’il fut hors de vue, le sort qui maintenait Eragon immobile s’annula et le jeune Dragonnier put à nouveau bouger.

Au bout d’une dizaine de minutes, ce fut Slytha qui les rejoignit :

– Ah ! Vous êtes là ! Je vous cherchais et j’ai eu la chance de vous entre-apercevoir ici en passant ! Que s’est-il passé ? s’inquiéta-t-elle en avisant le teint violâtre qu’avaient pris les joues d’Arya.

Il s’était passé quelque chose, elle en était sûre.

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