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2018 : points chauds et tendance

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Academic year: 2022

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2018 : points chauds et tendance

Gardons-nous des prévisions hâtives sur ce qui se passera en 2018 du point de vue des relations internationales et des logiques spatiales. Toutefois, quelques grands axes peuvent être signalés qui peuvent contribuer à structurer cette année.

Les conflits oubliés

Le monde est parcouru de conflits et de guerres, dont la plupart ne font pas la une des médias. Ce sont parfois des milliers de personnes qui décèdent, d’autres qui quittent leur région ou leur pays. Ces conflits, localisés et régionalisés, peuvent s’étendre à l’échelle du pays, voire déstabiliser un continent.

Aux Philippes, l’année 2017 a été marquée par la bataille urbaine de Marawi. Il a fallu cinq mois à l’armée du pays pour reprendre cette ville de 200 000 habitants attaquée par trois cents djihadistes en mai dernier. Mais les Philippines, c’est aussi la guerre anti-drogue menée par le président Dutertre. Un homme a poigné qui a donné l’ordre aux forces de police de tuer les dealers et les consommateurs de drogue. Depuis mai 2016, début de cette guerre, ce sont environ 13 000 personnes qui ont été tuées. Les escadrons de la mort multiplient les violences et les bavures. Sous couvert de maintien de l’ordre, ils détruisent des réseaux mafieux ennemis pour imposer leur loi et s’assurer le contrôle de certains quartiers de Manille et des grandes villes des Philippines. De telles violences sont inutiles pour mettre un terme aux trafics de drogue. Mais elles déstabilisent et fragilisent ce pays dont les liens sociaux sont déjà fragilisés. Pour l’instant, Dutertre est un

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homme fort. Mais rien ne garantit que certaines îles ne demandent à faire sécession ni que les islamistes de Mindanao repassent à l’offensive après la perte de Marawi. Les Philippines sont un point chaud à surveiller pour 2018.

Congo, l’anarchie est en vue. Le Congo ne se remet pas de ses troubles. Joseph Kabila s’accroche au pouvoir alors que des mouvements d’opposition se font de plus en plus violents. Le 31 décembre, les catholiques de Kinshasa ont été attaqués par les forces de l’ordre. Des fouilles systématiques ont été menées, des églises ont été fermées, les messes ont été interdites. Le bilan officiel est de deux morts. Deux personnes tuées par balle devant une église. L’accès à internet a été coupé, ainsi que les envois de SMS. Toujours au Congo, la région centrale du Kasaï connait une famine importante. Selon l’Unicef, 400 000 enfants y souffrent de malnutrition aigüe et pourraient mourir en 2018. Le Kasaï s’est embrasé en septembre 2016 après la mort du chef coutumier Kamuina Nsapu, dans un assaut des forces de sécurité. Cela a été suivi de révoltes, de violences, de destruction de la production agricole par les troupes de Kinshasa afin d’affamer les populations.

C’est une pratique habituelle en Afrique. Aujourd’hui, les famines sont très rarement dues à des épisodes climatiques, mais à des destructions de nourriture et de l’appareil productif agricole pour les faire périr les civils. Cela permet d’éradiquer une ethnie minoritaire et d’assurer le contrôle militaire et politique d’une zone rebelle. Dans le Kasaï, toujours selon l’Unicef, un tiers des centres de santé ne sont plus opérationnels et les autres manquent des moyens techniques pour fonctionner correctement. En 2017, le Congo est le pays du monde qui a connu le plus de déplacés en interne, plus que le Yémen et la Syrie. L’ONU évalue à 4 millions le nombre de déplacés en interne. Il n’y a aucune raison pour que cette situation s’améliore en 2018. Or, compte tenu de sa position centrale, une déstabilisation du Congo a de lourdes répercussions chez ses voisins. Le risque est la création d’un trou noir géopolitique au centre de l’Afrique et que les déplacés se réfugient dans les pays limitrophes, entrainant la déstabilisation de ces pays.

Yémen, l’année noire se poursuit. Voilà un conflit dont on ne parle pas.

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Commencée en 2014, la guerre civile yéménite s’est internationalisée en 2015 avec l’entrée de l’Arabie Saoudite dans le conflit. À la famine, s’est ajoutée une épidémie de choléra, qui a tué 2 000 personnes, selon des sources issues de l’ONU. Le nombre de morts est estimé à 8 000 depuis 2015. Au Yémen, c’est une guerre froide que se livrent l’Arabie Saoudite et l’Iran, la péninsule étant traversée par la fracture entre chiite et sunnite. L’Arabie a imposé un blocus au Yémen, ce qui aggrave la crise humanitaire. Rien ne permet de prévoir, pour l’instant, une sortie du conflit. Du moins tant que les puissances occidentales ne voudront pas provoquer l’Arabie Saoudite.

La Chine, quoi de nouveau ? Il pourra se passer de grandes choses en Chine cette année. Une fois mis de côté les mirobolants chiffres de croissance et les perspectives de marché et de consommation, force est de constater que la Chine est un pays fragile. Le gouvernement mène une lutte contre les immigrés de l’intérieur, ces populations qui quittent les villes du continent pour venir habiter et travailler dans les villes littorales. Les mingong, ces travailleurs migrants qui quittent les campagnes pour venir en ville sont de plus en plus surveillés et contrôlés. Ils n’ont pas le droit de changer librement de ville et de résidence puisqu’ils doivent être inscrits au hukou, un système d’enregistrement qui leur donne droit à un logement et aux services sociaux (hôpitaux, écoles…). Ces mingong sont des travailleurs clandestins, privés de droit dans leur propre pays. Le gouvernement central est en train de les contraindre à quitter les villes en les forçant à partir. Pour cela, il détruit leurs lieux d’habitation, sous prétexte de manque de salubrité et de respect des normes sanitaires. Ce serait plusieurs millions de personnes qui sont ainsi chassées et contraintes d’émigrer dans la Chine de l’intérieur. Ces violences ne peuvent que déstabiliser un pays qui est déjà fortement fragilisé.

La Chine prend de plus en plus les allures d’un paravent fragile. Comme le rappelle Jean-Marc Huissoud dans le dernier numéro de Conflits (États-Unis / Chine, qui sera le premier ?), les chiffres statistiques diffusés par Pékin sont très largement faux.

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La Chine produit ses chiffres en quelques semaines, alors qu’il faut plusieurs mois aux pays occidentaux pour les fournir et qu’ils ne sont consolidés qu’au bout d’un an. Les statistiques fournies sont toujours conformes aux annonces du ministère de la Planification. La croissance chinoise est une intoxication dans laquelle tombent les médias et les gouvernements occidentaux, comme ils sont tombés autrefois dans l’intoxication des statistiques soviétiques. Il est donc difficile de connaître la situation réelle de la Chine, mais ce qui est certain c’est que sa présentation officielle est largement faussée.

Corée du Nord, l’inconnu. Jusqu’où est prêt à aller Kim Jong-un ? Dans sa détermination sans faille de se doter l’arme nucléaire est-il prêt à une provocation irréversible avec les États-Unis ? Si un missile est lancé sur l’île de Guam ou si la menace nucléaire devenait trop forte, Washington devrait intervenir. Le dossier coréen n’est pas nouveau, mais chacun se demande s’il peut aboutir à une guerre en 2018.

Prévoir le pire, c’est s’y préparer afin de l’éviter. L’analyse des conflits doit permettre au mieux d’y échapper, au pire de les limiter. Mais 2018 aura aussi son lot de surprises.

Ruptures, Frictions, Fractures et Évolutions

Régulièrement, Jean Jacques Netter, Vice Président de l’Institut des Libertés, publie les notes de son cahier concernant les ruptures économiques, les frictions

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géopolitiques, les fractures idéologiques et les évolutions technologiques de notre société. Cela peut permettre, essentiellement à partir de livres qui ne s’inscrivent pas forcément dans le court terme ou le politiquement correct, de regarder la réalité telle qu’elle est aujourd’hui ou de faire apparaître de nouveaux angles d’évolution…

Le meilleur livre de l’année en économie est celui de Philippe Nemo

Impôt : Philippe Nemo philosophe catholique défendant l’économie libérale n’a évidemment aucune des qualités pour faire carrière dans l’université française.

Dans son dernier livre « Philosophe de l’impôt », le meilleur de l’année dans son domaine, s’élève contre les principes de la “taxolâtrie” de l’Etat depuis cinquante ans. Il n’y a plus de consentement à l’impôt parce qu’il n’y a plus de justice.

L’impôt selon lui est légitime seulement s’il sert à payer les services que l’Etat rend effectivement aux citoyens (sécurité, infrastructures…). Pour le socialisme au contraire, toutes les richesses existantes sont réputées être un bien commun. Les individus n’en sont que les détenteurs précaires plus ou moins illégitimes. L’impôt n’est plus alors le paiement d’un service mais un moyen révolutionnaire de transformer la société. Dans la vision socialiste, seul l’Etat est bon et le seul rôle des politiques est d’en prendre le contrôle…

Le développement de l’économie symbiotique est une bonne nouvelle

Economie symbiotique : Isabelle Delannoy ingénieur agronome est optimiste.

Dans « L’économie symbiotique » elle montre que l’économie symbiotique est

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capable d’organiser en harmonie la vie entre humains et ecosystèmes. Il est possible, aux antipodes du système actuel, de produire non pas en épuisant les ressources, mais en les régénérant. Cette nouvelle logique est déjà en marche partout avec l’agroécologie, l’économie collaborative, les monnaies complémentaires, le biomimétisme…Toutes ces pratiques se nourrissent selon elle d’une façon symbiotique…

La fin du rêve américain serait enclenchée…

Croissance Américaine : Robert Gordon défend une opinion opposée de celle d’Isabelle Delannoy. Dans « Ascension et chute de la croissance américaine », il estime que l’âge d’or de la croissance est derrière nous. La productivité globale s’érode malgré les innovations technologiques. Le rêve américain a du plomb dans l’aile depuis trente ans avec la hausse des inégalités et l’érosion des revenus réels.

C’est un livre très important. Il repose sur la prévision selon laquelle les progrès des technologies futurs n’auront pas un effet très positif sur la prospérité générale du monde…

Economie comportementale : Richard Thaler professeur à l’Université de Chicago est le dernier Prix Nobel d’économie. Dans son livre « The making of behavioral economics » expliquant ses travaux sur l’économie comportementale, il a introduit la psychologie dans l’étude du fonctionnement des marchés financiers. Le choix des individus selon lui n’est pas toujours rationnel. En récompensant Richard Thaler l’Académie suédoise a récompensé “la méthode du coup de pouce” et a distingué la capacité d’adaptation de l’intelligence humaine…

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Capital : Nicolas Bouzou dans « Le Travail est l’avenir de l’homme » estime que pour réussir, un pays doit attirer du capital et des compétences. Comme les chaines de valeur des entreprises sont devenues mondiales, la France d’après lui a un magnifique coup à jouer pour attirer chez elle les “classes créatives”…

Emmanuel Macron devra lutter contre « la poutouïsation des esprits

Libéralisme : Pierre Antoine Delhommais dans son dernier livre « La poutouïsation des esprits » commente les multiples erreurs économiques de François Hollande. Elles ont eu pour conséquence une “poutouisation des esprits”

sorte d’infantilisation d’une population sensible aux diatribes contre le marché.

Cela aurait selon l’auteur achevé de convaincre les français d’essayer le libéralisme. D’où l’élection d’Emmanuel Macron qui est selon lui un président Schumpeterien…

Nombre : Olivier Rey dans son dernier livre « Quand le monde s’est fait nombre » montre que le peuple souffre de l’absence d’une véritable élite. Ce sont des gens qui occupent des places ou qui ont plus d’argent et qui en profitent sans contrepartie. La qualité d’une civilisation ne se mesure pas elle s’apprécie. Les hommes ont beau ne pas être comme les plantes assignés à un lieu, ils ont néanmoins des racines. Les livres montrant à grand renfort de courbes et de tableaux que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles se succèdent en librairie. Les nombres ne pourront jamais nous éclairer sur une époque…

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L’Europe va mal…

Europe et immigration : Ivan Krastev politologue bulgare qui vit entre Sofia et Vienne estime dans son dernier livre « Le destin de l’Europe », que l’Europe est en route vers l’abîme. L’arrivée massive de réfugiés est pour l’Europe la principale menace. Les réfugiés seront les révolutionnaires du XXIème siècle. L’Union Européenne pourrait connaître le même destin funeste que l’empire des Habsbourg. Un tel processus pourrait provoquer l’effondrement des démocraties libérales de la périphérie de l’Europe…

Europe et nationalisme : Robert Frank historien est spécialiste des nationalismes qui sous tendent les éruptions autonomistes. Dans « La guerre Monde » il revient sur l’Ecosse, le Brexit, la Catalogne aujourd’hui. Il anticipe la Lombardie pour bientôt.. L’Etat Nation selon lui est en crise, mais sans qu’il y ait en compensation un renforcement de l’Europe,; elle même en crise …

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Retour sur un concept fondamental : la parité des pouvoirs d’achat ou PPA.

Retour sur un concept fondamental : la parité des pouvoirs d’achat ou PPA.

Les marchés en ce début d’année sont en pleine euphorie, ce qui m’amène à vous parler du long terme à un moment où personne ne s’y intéresse.

Dans mon dernier papier de 2017, j’expliquais que le cours de change du yen -la monnaie Japonaise- était très sous-évalué, ce qui constituait une opportunité d’achat pour les épargnants français. Un certain nombre de lecteurs ont exprimé leur surprise à propos de cette affirmation et m’ont demandé de m’expliquer, ce que je fais bien volontiers tant cela va me permettre de préciser un certain nombre de concepts dont la compréhension est nécessaire à quiconque veut gérer son argent de façon convenable.

Commençons par le taux de change entre deux monnaies, par exemple le yen et le dollar. La première monnaie est celle du Japon, la deuxième celle des Etats-Unis.

Comme ces deux pays commercent l’un avec l’autre, il faut que les Japonais puissent acheter des dollars et les Américains des yens avant que d’acheter ou de vendre des produits aux uns et aux autres. Il y a donc un marché ou les offres et les demandes se rencontrent et où un prix est arrêté pour cet échange à ce moment-là, et ce prix s’appelle le taux de change. Depuis 1971 et la fin du dollar exchange standard, ce prix est variable et nous sommes dans ce que les spécialistes nomment des « changes flottants », ce qui veut dire que ce prix n’est pas fixe mais variable.

Regardons le cours du yen par rapport au dollar sur les trente dernières années.

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En 1978, il fallait environ 250 Y pour acheter un dollar, aujourd’hui il en faut 113, c’est-à-dire beaucoup moins. Le yen est donc beaucoup monté par rapport au dollar depuis cette date.

Et pourtant je dis aujourd’hui que le yen est très sous-évalué par rapport au dollar, ce qui semble contre intuitif. C’est la que rentre en jeu une théorie économique qui s’appelle la théorie de la parité des pouvoirs d’achat et qui stipule que sur le long terme le taux de change entre deux pays s’ajuste toujours à la différence des taux d’inflation entre les deux pays, le pays ayant une inflation plus élevée voyant son taux de change baisser par rapport à celui qui a une inflation plus faible. Et cette théorie est l’une des rares qui ait toujours fonctionné à ma satisfaction

Vérifions.

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La ligne rouge représente le ratio entre inflation au Japon et inflation aux USA.

Comme elle baisse structurellement, cela veut dire que l’inflation au Japon a été inférieure à l’inflation aux USA et que donc le yen devrait monter structurellement vis-à-vis du dollar, ce qui s’est produit.

Mais les marchés sont imparfaits et sujets à des foucades comme nous le savons tous. Parfois, ils sont en avance sur la réalité, parfois ils sont en retard et c’est ce qui offre à l’investisseur des possibilités de placements sans grands risques. Pour mesurer ces opportunités, il suffit de calculer la différence en pourcentage entre la ligne bleue- là où est le marché- et la ligne rouge, -là où il devrait être. C’est ce que je fais dans le graphique suivant.

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CQFD.

Le yen est sous-évalué d’environ 30 % vis-à-vis du dollar US, ce qui est beaucoup.

La question suivante c’est bien entendu quels sont les effets économiques de cette sous-évaluation ?

La réponse est simple : les sociétés Japonaises qui sont en concurrence avec des sociétés américaines vont leur tailler des croupières puisqu’elles sont beaucoup plus compétitives. La sous-évaluation du yen favorise les sociétés exportatrices Japonaises au détriment des sociétés américaines. Par contre, le consommateur Japonais est pénalisé puisqu’il ne peut pas acheter autant que son travail devrait le lui permettre de produits américains tandis que le consommateur américain peut continuer à vivre au-dessus de ses moyens.

Tout cela veut dire que le commerce extérieur Japonais va voir ses surplus croitre de plus en plus, l’inverse étant vrai pour le commerce extérieur américain.

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Et donc, dans le marché des changes, il va y avoir de plus en plus de dollars offerts et de moins en moins de yens, ce qui à terme fera monter le yen par rapport au dollar et nous retournerons comme toujours à la PPA.

Mais il n’y a pas que le dollar et le yen dans le monde.

Si je fais le calcul de la PPA entre le Japon et l’Allemagne cette fois ci, je trouve que le yen est sous-évalué par rapport à la devise allemande d’environ 25 %, ce qui historiquement est beaucoup.

Or le Japon et l’Allemagne offrent le même genre de produits au reste du monde : voitures, matériels de transports, machines-outils, robots, chimie fine etc…et les produits Japonais sont d’une qualité tout à fait comparable aux produits allemands.

Il est donc probable que l’industrie Japonaise va commencer à « faire mal » à l’industrie Allemande dont les marges pourraient être mises sous pression par l’extrême sous-évaluation du yen

Et c’est bien entendu pour cela que depuis plusieurs mois je recommande aux lecteurs de l’IDL de vendre leurs valeurs allemandes pour acheter des valeurs similaires au Japon.

Ils vont gagner à la fois sur le cours de bourse (ce qui a bien commencé) et ensuite sur le taux de change.

Quand tout cela aura eu lieu, alors il faudra vendre.

Mais nous avons bien le temps…

Un mot pour conclure sur l’Euro.

Comme le lecteur s’en rend compte, entre l’Italie et l’Allemagne, un ajustement de

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la différence de compétitivité par le taux de change n’est plus possible puisque celui-ci a était fixé pour toujours nous dit -on

Et donc la variable d’ajustement sont les marges des sociétés qui ne cessent de monter en Allemagne et de baisser en Italie.

Et les pauvres sociétés Italiennes (ou Françaises) qui seraient en concurrence à la fois avec le Japon ET l’Allemagne vont aller au tapis, voila qui est certain, à moins de sortir toute leurs productions et de France et d’Italie, ce qu’elles s’efforcent de faire aussi vite qu’elles le peuvent.

Et il ne peut pas en être autrement.

Comme je ne cesse de le dire depuis le début : l’Euro va tuer l’Europe que j’aimais et c’est en bonne, en très bonne voie.

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La bitcoinmania suscite des inquiétudes

Le Bitcoin est à la fois une infrastructure informatique, un système de paiement et une innovation cryptographique Elle a été créée en 2008 par un homme dont le pseudonyme est Satoshi Sakamoto. Il détiendrait personnellement un million de bitcoin qui sont des unités de compte sans B majuscule. Une fois que les 21 millions de bitcoins seront émis, on nous a expliqué qu’il n’y aurait plus démissions nouvelles. Ce serait un peu comme au Monopoly ! Cela explique en grande partie la fièvre spéculative de l’année 2017 alimentée par l’anticipation de la rareté. Il y aurait en effet déjà 16,7M de bitcoins en circulation, ce qui au cours de 19 000$ donnerait une valeur de 273 Md$. Il est possible de réaliser une transaction en Bitcoin sur plus de 100 000 sites internet. L’encours de l’ensemble des crypto monnaies atteindrait 300 Md$. Ce phénomène a beaucoup agité la planète finance pendant toute l’année dernière…

Le bitcoin peut-il devenir une monnaie comme le Dollar l’Euro ou d’autres devises ?

On nous explique que ce serait de l’or numérique, au point pour certains, d’en faire une nouvelle classe d’actif qui serait une sorte d’or 2.0 ! Il n’a pas de cours légal et n’est pas assorti d’une garantie de remboursement, puisque personne ne peut garantir la sécurité d’un coffre fort électronique…

Le système d’émission est opaque. Il repose sur un algorithme dont les créateurs sont inconnus. Bitcoin est le nom d’un protocole, c’est à dire d’un

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ensemble de règles et de normes qui permettent à des ordinateurs et surtout à ceux qui les contrôlent de se comprendre. Il s’affranchit de la garantie étatique de la banque centrale, puisqu’il prétend avoir pour garant l’algorithme et pour tiers de confiance non pas une institution mais la masse des utilisateurs…

Il s’agit d’une base de données gérée par la technologie de la Blockchain qui est censée assurer sécurité et certification des transactions en les reliant entre elles de manière totalement indépendante et décentralisée en dehors de toute régulation publique. Tout cela reposant sur le concept de cryptographie mais aussi sur la théorie des jeux et la théorie des incitations…

Une communauté de 10 000 développeurs libère et vérifie de nombreuses fois par jour les données cryptées en contrepartie d’une rémunération versée en bitcoin.

L’invention est technologiquement géniale.

Toutefois si la monnaie virtuelle est inviolable, les sites qui la détiennent sont régulièrement « hackés ». Depuis sa création un million de bitcoins ont ainsi été volés !

Pour qu’une transaction en bitcoins soit enregistrée et inscrite dans la blockchain, plusieurs étapes sont nécessaires : La transaction est d’abord validée par un premier « mineur » puis elle est confirmée par d’autres « mineurs ». Ces

« mineurs » seraient les notaires des temps modernes. Le temps de transaction dépasse dix minutes, car il n’existe pas de bourse centrale pour échanger des bitcoins.

La Chine a été de loin le premier centre de « mineurs » jusqu’à ce que les autorités chinoises décident que le bitcoin faisait partie des matières premières et pas des monnaies. Il n’y a donc plus de passerelle entre le bitcoin et le renminbi, la devise

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chinoise. Il est désormais interdit à un particulier de détenir des bitcoins en Chine.

Ce processus de validation initiale est récompensé par une rémunération en bitcoins. En principe, Bitcoin garantit un droit de propriété exclusive reconnu par tous sur des unités de compte que sont les bitcoins. Le fonctionnement est donc régi uniquement par un protocole informatique…

L’intérêt qu’offre l’anonymat des transactions pour l’évasion fiscale et les activités criminelles a bien évidemment attiré beaucoup de monde. On est dans l’anonymat des transactions, la décentralisation du contrôle, la convertibilité en Dollars ou Euros à tout moment. Les velléités de régulation vont s’accroître, car les crypto monnaies constituent un support croissant d’opérations de blanchiment ou de fraude fiscale.

Les « Initial Coin Offering » (ICO) ont attiré 2,6Md$. Les levées de capitaux dépasseront 3md$ en 2017. Alors que l’on demande à toute société souhaitant s’ouvrir à l’épargne publique de rédiger un prospectus sur lequel ses actionnaires engagent leur responsabilité pénale, rien de tel n’a été demandé aux promoteurs de ICO en Bitcoin !

Les crypto monnaies marquent une nouvelle étape dans la perte du monopole régalien d’émission de monnaie. Elles ne pourront se développer sans limites, car

les transactions en bitcoins nécessitent beaucoup d’énergie. Il s’agit pour le

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moment d’une unité de compte qui n’est pas encore une alternative à la monnaie des banques centrales dont la crédibilité a été affectée par le fait qu’elles ont augmenté beaucoup leur bilan en achetant sur les marchés des obligations émises par les Etats et des sociétés.

On nous explique qu’il ne s’agit pas d’une bulle, car l’offre de bitcoins n’augmente pas et il n’y a pas d’utilisation de levier. Cela serait censé être rassurant, car les bulles financées avec de la dette ont des effets collatéraux très graves quand elles explosent.

Cela pourrait évoluer avec le lancement de futures sur le bitcoin au CBOE et au CME à Chicago. La couverture des positions sera de 35%. C’est un grand changement, car il va devenir possible d’ échanger des contrats en dollars indexés sur le cours de ces crypto-monnaies…

Une violente correction est inévitable, seul le moment reste inconnu. Une

« monnaie » qui a une volatilité à 30 jours supérieure à 100% ne peut être considéré longtemps comme un moyen d’échange fiable. Elle a d’ailleurs déjà connu des krachs ponctuels, comme celui de novembre 2013 où elle a baissé de 85% !

Alors que la création de Bitcoin a complètement échappé aux économistes, le problème pour les politiques est maintenant de savoir s’il faut le réguler comme un mode de paiement, un actif financier ou une monnaie. Ils ont à essayer de répondre à la question de savoir si le Bitcoin et les autres crypto monnaies vont changer le monde. Si ce n’était pas le cas, ce serait probablement une des plus grosse fraude de l’histoire financière mondiale…

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