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Le dépérissement de l érable à sucre (acer saccharum marsh.) au quebec

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Le dépérissement de l’érable à sucre (acer saccharum marsh.) au quebec

G. Gagnon, G. Roy

To cite this version:

G. Gagnon, G. Roy. Le dépérissement de l’érable à sucre (acer saccharum marsh.) au quebec. Revue

forestière française, AgroParisTech, 1994, 46 (5), pp.512-521. �10.4267/2042/26579�. �hal-03444300�

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LE DEPERISSEMENT DE L'ÉRABLE À SUCRE (Acer saccharum Marsh .)

AU QUEBEC

G . GAGNON - G . ROY

Depuis la fin des années 1970, une grande superficie de la forêt feuillue du Québec et même d'Amérique du Nord manifeste des signes de dépérissement . Des relevés terrestres effectués en 1983 dans 257 érablières dispersées au Québec montrent la présence du dépérissement de l'Érable à sucre (Acer saccharum Marsh .) sur l'ensemble du territoire mais avec une fréquence et une intensité plus marquées des dégâts dans le centre des Appalaches (Lachance, 1985) . Des relevés aériens, effectués par le ministère des Forêts au cours de 1985, 1986 et 1987 dans pratiquement toute l'aire de distribution de l'érablière et couvrant plus de deux millions d'hectares, montrent que le dépérissement est présent dans toutes les régions du Québec où croit l'Érable à sucre (Bordeleau et al., 1989).

PHÉNOMÈNE QUI N'EST PAS NOUVEAU

Le dépérissement d'essences forestières n'est pas un phénomène nouveau . Autrefois appelé maladie du jardinier, ce phénomène était d'abord observé sur les arbres d'ornement . Selon Westing (1966), l'Érable à sucre, en milieu urbain puis dans les forêts de l'Est du continent nord- américain, aurait subi trois vagues de dépérissement, du début du siècle jusqu'en 1966 : la première vers les années 1910, la seconde au cours des années 1930 et la dernière durant les années 1960 (Dessureault, 1985).

Au cours de cette période, Pomerleau (1944) signale qu'au Québec, le Frêne noir (Fraxinus nigra Marsh .) a été affecté par le dépérissement à partir de 1927 et que l'Érable à sucre a été affecté en 1934 dans le comté de Beauce . D'autre part, Griffin (1965) rapporte que le dépérissement de l'Érable à sucre du Sud-Est de l'Ontario remonte à 1952 ; il a surtout connu son apogée au cours des années 1957 et 1958 pour disparaître lentement vers 1964 . Rappelons aussi qu'entre les années 1927 à 1960 le Québec, le Nouveau-Brunswick et, dans une moindre mesure, l'Ontario ont connu un important problème de dépérissement chez le Bouleau à papier (Betula papyrifera Marsh .) et le Bouleau jaune (Betula alleghaniensis Britton) (Pomerleau et Lortie, 1962).

II est à noter que la forêt résineuse n'est que très peu affectée par ce phénomène en Amérique du Nord . Le cas le plus connu se situe aux États-Unis, particulièrement dans les forêts situées à haute altitude dans les États de New York, du Vermont et du New Hampshire, où l'Épinette rouge (Picea rubens Sarg .) manifeste des signes de dépérissement depuis 1960 (Siccama et al., 1982).

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LE DÉPÉRISSEMENT ACTUEL DIFFÈRE DES DÉPÉRISSEMENTS ANTÉRIEURS

Le dépérissement qui se manifeste actuellement inquiète les producteurs acéricoles et les industriels forestiers . Alors que les dépérissements antérieurs semblaient, pour la plupart, n'affec- ter que des superficies relativement restreintes et n'étaient présents que sur une ou deux espèces à la fois, le dépérissement actuel diffère par son étendue et par le nombre d'espèces atteintes.

En effet, le dépérissement actuel n'est plus confiné à de petits secteurs ou à des régions, comme on peut le constater en parcourant la littérature d'avant les années 1970 ; il est présent dans toute l'aire de distribution de l'Érable à sucre . Des inventaires aériens effectués par le ministère des Forêts du Québec permettent en effet de constater que toutes les régions du Québec sont affectées par le phénomène.

Ainsi, à la suite de l'évaluation de la perte de feuillage, les relevés aériens de 1985, 1986 et 1987 indiquent, entre autres, que sur les 2 119 252 hectares d'érablières inventoriées, 1 060 733 hec- tares de ces peuplements, soit 50 %, avaient plus de 11 % de feuillage manquant (tableau I, ci- dessous) (Bordeleau, 1989).

Superficies (ha) des érablières affectées par le dépérissement dans les territoires couverts par les relevés aériens en 1985, 1986 et 1987

Classes de dépérissement

Régions Nul ou faible Léger Modéré Élevé Total

administratives (10 % et moins) (11 à 25 %) (26 à 50 %) (51 % et plus) (ha)

(ha) (%) (ha) (%) (ha) (%) (ha) (%)

Bas-Saint-Laurent-Gas-

pésie 90 136 80,6 17 580 15,7 3 367 3,0 744 0,7 111 827

Saguenay-Lac-Saint-

Jean 6 125 62,7 3 575 36,6 69 0,7 - - 9 769

Québec 130 752 39,8 172 197 52,4 22 981 7,0 2 473 0,8 328 403 Trois-Rivières 49 890 34,3 88 893 61,2 5 823 4,0 745 0,5 145 351

Estrie 155 738 68,1 66 275 29,0 5 036 2,2 1 628 0,7 228 677

Montréal 272 603 41,7 370 112 56,6 10 713 1,6 841 0,1 654 269 Outaouais 322 939 55,4 254 209 43,6 5 495 0,9 131 0,1 582 774 Abitibi-Témiscamingue . 30 306 52,1 27 538 47,3 338 0,6 - - 58 182 Total 1 058 489 50,0 1 000 379 47,2 53 822 2,5 6 562 0,3 2 119 252 Source : Service de protection contre les insectesetlesmaladies duministèredesForêts.

Le dépérissement actuel diffère également des épisodes antérieurs par le nombre d'espèces atteintes . En effet, toutes les essences feuillues qui composent l'érablière sont touchées . Ainsi, l'évaluation du dépérissement de 12 661 arbres dans les 256 places d'étude montre que l'Érable à sucre et l'Érable rouge (Acer rubrum L .) sont les essences les plus affectées puisque seulement 60 % des individus sont dans la classe 0, c'est-à-dire avec moins de 10 % de feuillage manquant.

Les autres individus se répartissent dans les classes 1 (11 à 25 %), 2 (26 à 60 %), 3 (61 à 99 %) et 4 (100 %) (figures 1 et 2, p . 514) . Le Bouleau jaune (Betula alleghaniensis Britton) manifeste un meilleur état de santé avec environ 65 % des arbres dans la classe 0 (figure 3, p . 514) . Le Hêtre à grandes feuilles (Fagus grandifolia Ehrh .) et le Tilleul d'Amérique (Tilla americana L .) sont les essences les moins affectées puisque près de 80 % des individus sont dans la classe 0 (figures 4 et 5, p . 514) .

Tableau I

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G . GAGNON - G. ROY

%) 80

Figure 1

ÉTAT

DE

SANTÉ

DE

L'ÉRABLE

À

SUCRE

(ACER SACCHARUM

MARSH .) DE 1988 À 1992 (n = 9539)

(%)80

Figure 2

ÉTAT

DE

SANTÉ

DE

L'ÉRABLE

ROUGE

(ACER RUBRUM

L) DE 1988 A 1992 (n = 1334)

60 60

40

20 40

20

0

7111111

o

0 1 2 3 4

État des arbres (classes)

Figure 3

ÉTAT DE SANTÉ DU BOULEAU JAUNE (BETULA ALLEGHANIENSISBRITTON) DE 1988 À 1992

%) (n

=

547) (%)

8o 80

60 60

40 40

20 20

0

IIIIII m-rn

0

0 1 2 3 4

État des arbres (classes)

Figure 5

ÉTAT

DE

SANTÉ

DU

TILLEUL D'AMÉRIQUE (TILIA AMERICANA

L.) DE 1988 A 1992 (n = 150)

80

1988

60 1989

1

19901991 40

1992

20

2 3 4

État des arbres (classes)

514

o

1 2 3 4

État des arbres (classes)

Figure 4

ÉTAT DE SANTÉ DU HÊTRE A GRANDE FEUILLES (FAGUS GRANDIFOLIA EHRH .) DE 1988 À 1992 (n = 421)

1 2 3 4

État des arbres (classes)

N111 1 n u n 11111

o r

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Notons également que d'autres essences qui composent l'érablière, comme le Frêne d'Amérique (Fraxinus americana L .), le Frêne noir (Fraxinus nigra Marsh .) et le Noyer cendré (Juglans cinerea L .), sont également dépérissantes . Étant donné qu'à peu près toutes les essences qui sont susceptibles d'accompagner l'Érable à sucre sont affectées par le dépérissement, nous sommes bien avisés de parler de dépérissement de l'érablière plutôt que de dépérissement de l'Érable à sucre.

RECHERCHES POUR DÉTERMINER LES CAUSES ET TROUVER DES SOLUTIONS

Pour tenter de déterminer les causes et trouver des solutions à ce problème, de nombreuses études ont été entreprises à partir des hypothèses identifiant les facteurs susceptibles de provoquer le dépérissement . Parmi ces facteurs, mentionnons les épidémies d'insectes, les accidents climati- ques (sécheresse, dégel prématuré, faible épaisseur de neige), le faible statut nutritif, l'entaillage, les méthodes d'aménagement inadéquates, les champignons, les virus, etc.

Si plusieurs chercheurs ont procédé par des approches particulières, c'est-à-dire en étudiant un ou quelques facteurs et en mettant l'accent sur l'arbre, au ministère des Forêts nous avons utilisé une approche globale axée sur l'écosystème . L'établissement d'un réseau de 256 places d'étude couvrant les principaux écosystèmes dans la plupart des régions du Québec a permis de décrire les différents habitats d'érablières . Cette description a contribué à identifier 79 variables pouvant intervenir dans l'apparition ou l'évolution du dépérissement . Ces variables sont liées aux facteurs écologiques, pédologiques, dendrométriques, climatiques et anthropiques.

QUELQUES RÉSULTATS

La caractérisation des principaux types d'érablières démontre que certaines sont plus vulnérables que d'autres . En effet, des analyses de différents facteurs biotiques et abiotiques confirment que l'habitat ou les conditions du milieu, les méthodes d'aménagement, l'état phytosanitaire des peuplements, les accidents climatiques, etc . . . influencent grandement l'intensité du dépérissement.

Les études menées d'abord dans les érablières appalachiennes puis dans toute l'aire de distribu- tion de l'érablière ont permis d'établir des relations entre certains caractères de l'habitat et le taux de dépérissement des érablières qui y croissent . Le caractère le plus évident est sans contredit le régime hydrique . En effet, tout comme Pomerleau (1944, 1954) l'avait observé sur le Bouleau à papier et d'autres essences feuillues, les érablières qui colonisent les sites secs ou humides ont un taux de dépérissement plus élevé que celles qui croissent sur les sites mésiques (Roy et al., 1985 ; Gagnon et al ., 1990 ; Roy et Gagnon, 1991) ; plus encore, ce sont ces érablières qui ont été affectées les premières (Gagnon et al., 1990 ; Gagnon et Roy, 1993).

Outre le drainage, l'analyse des facteurs de l'habitat met également en évidence, entre autres, la fertilité des sites . Les résultats les plus significatifs viennent de l'analyse chimique de l'horizon B.

Un pH plus faible dans cet horizon de même que des valeurs plus élevées des ions hydrogènes et de la capacité d'échange cationique occasionnent un plus fort taux de dépérissement (Roy et al., 1990).

Une autre variable, associée cette fois à l'aménagement, montre une relation entre la surface terrière des peuplements et les taux élevés de dépérissement . Cette analyse indique que les érablières trop ouvertes ou de faible densité sont plus vulnérables (Gagnon et al., 1986) . Des observations fréquentes d'érablières qui ont été fortement éclaircies afin d'installer les tuyaux collecteurs confirment ces résultats . Notons aussi que les cartes d'inventaire du dépérissement montrent un plus fort pourcentage de dépérissement dans les aires qui ont été partiellement coupées .

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G . GAGNON - G . ROY

Les insectes défoliateurs, les virus et les champignons ont souvent été mentionnés comme causes du dépérissement . Des études démontrent qu'il existe des relations entre la fréquence, la durée et l'amplitude des épidémies de sept insectes défoliateurs et les taux annuels de dépérissement (Roy et al., 1990) et, d'autre part, qu'il y a aussi des relations entre les sites dépérissants et ceux particulièrement affectés par la dernière épidémie de Livrée des forêts (Malacosoma disstria Hbn .) (Bauce et al., 1990) . D'autres études relatives aux préférences alimentaires de la Livrée des forêts démontrent que cet insecte a une nette préférence pour le feuillage d'érables dépérissants (Tousignant et al ., 1989) . On a démontré aussi que le dépérissement croit plus rapidement sur les arbres qui sont affectés soit par la présence d'insectes phytophages, soit par le Perceur de l'Érable, soit par des chancres (Desgranges et al ., 1987).

À la suite de ces résultats, il convient de conclure, d'une part, que la dégradation de l'état de santé des forêts a pu favoriser l'expansion de la Livrée des forêts et que, d'autre part, l'action des insectes défoliateurs représente un stress additionnel dans certaines érablières.

Quant aux recherches d'agents pathogènes ou de virus pour expliquer le dépérissement, elles n'ont pas été concluantes . L'Armillaire [Armillaria mellea (Vahl . ex Fr .) Kummer] est bien présent sur les arbres fortement atteints de dépérissement mais, en général, il ne l'est pas sur les arbres sains ou peu affectés . Ce pathogène entre donc en action lorsque l'arbre est déjà malade ; il constitue alors un facteur aggravant . Quant aux virus, on n'en a observé aucun qui serait susceptible de provoquer le dépérissement.

L'état actuel de nos connaissances nous amène à considérer les accidents climatiques comme des facteurs susceptibles d'intervenir dans l'évolution du phénomène . Déjà en 1944, à la suite

d'observations sur le terrain, Pomerleau prétendait que la faible épaisseur de neige était responsa- ble du dépérissement des érables à sucre qui s'était manifesté vers l'année 1935 . Plus tard, le même auteur (Pomerleau, 1991), à la suite des travaux réalisés en 1955 relativement au dépérisse- ment du Bouleau, affirmait que des conditions climatiques anormales pouvaient jouer un rôle important dans le déclenchement d'un dépérissement généralisé . Cet avis est partagé par d'autres auteurs comme Hawboldt (1952) et Greenidge (1951) . Auclair (1989) et Auclair et al. (1992) affirment que le dépérissement des forêts est lié au phénomène de cavitation qui résulte d'un mauvais fonctionnement du xylème à la suite de conditions climatiques anormales.

L'actuel dépérissement des érablières au Québec a également donné lieu à des études pour connaître les effets des conditions climatiques . Des études basées sur l'écologie permettent d'affirmer que les différents types d'érablières réagissent différemment aux accidents climatiques.

En effet, à la suite de la description phytosociologique des érablières du Sud du Québec (Roy et Gagnon, 1991), l'analyse des 79 facteurs susceptibles d'intervenir dans l'évolution du dépérisse- ment démontre que les hivers rigoureux avec faible neige de 1979-1980 et de 1980-1981 expliquent les taux élevés de dépérissement dans les érablières à Bouleau jaune et Frêne noir, soit l'association la plus humide . D'autre part, le dégel de février 1981 a eu une influence négative sur les érablières les plus fertiles comme l'érablière à Bouleau jaune et Tilleul d'Amérique et l'érablière à Tilleul d'Amérique typique . L'analyse n'a cependant pas permis de dégager de l'information sur les périodes dites de sécheresse (Roy et al ., 1990).

En somme, comme pour les autres facteurs évoqués précédemment (habitat, aménagement, maladies et insectes), les accidents climatiques semblent avoir des effets plus virulents dans les groupements qui sont plus vulnérables . De plus, lorsqu'on considère que, déjà en 1978, on avait signalé des pertes de feuillage et une mortalité importante dans certains peuplements, on ne peut attribuer aux accidents climatiques tous les maux de nos écosystèmes . En effet, sachant que non seulement la manifestation de dégâts aux arbres (perte de feuillage, mortalité) est généralement précédée par des stress et réalisant que les accidents climatiques signalés sont apparus après la manifestation du dépérissement, on ne peut considérer les accidents climatiques comme les seuls responsables . Des études de dendrochronologie confirment ces observations (Roy et al ., 1993).

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Pour tenter d'obtenir des explications plus convaincantes, il faut peut-être élargir le débat, dépasser le stade des accidents climatiques et envisager le changement global du climat.

Cependant, la relation entre ce changement et le dépérissement demeure difficile à déterminer actuellement à cause du manque de données sur l'intensité des dépérissements antérieurs et sur les effets d'un changement à long terme du climat sur l'état de santé des peuplements . Ce n'est qu'à la suite d'un monitoring des principaux facteurs climatiques et d'une surveillance à long terme des écosystèmes que nous pourrons déterminer ces effets.

Au Québec, dès le début des études sur le présent dépérissement, des équipes de chercheurs se sont penchées sur le cycle nutritif des érablières . Bernier et Brazeau (1988a, b) ont démontré que le feuillage des érablières évoluant sur une gamme de formations géologiques du plateau des Appalaches au Québec avait des carences en potassium et en phosphore au point d'influencer l'intégrité des écosystèmes forestiers et de jouer un rôle significatif dans le dépérissement de la forêt feuillue . Ils ont démontré également que, dans les Basses-Laurentides, c'est le magnésium qui fait défaut (Bernier et Brazeau, 1988c) . Des études plus poussées relatives aux carences en phosphore (Paré et Bernier, 1989a, b) permettent de dire que ces carences sont plus évidentes dans les peuplements qui croissent sur des humus de type mull plutôt que dans ceux qui croissent sur des humus de type mor.

À la suite de plusieurs de ces travaux, nous arrivons à la conclusion que certaines érablières ont un régime nutritif déséquilibré . En général, ce déséquilibre se manifeste davantage dans les peuple- ments plus dépérissants, à l'exception du déséquilibre en phosphore qui se manifeste sur les sols à humus de type mull ; les érablières qui évoluent sur ces sols sont généralement en meilleure santé.

Dans ces études du cycle nutritif, on a cependant encore de la difficulté à déterminer des corrélations entre les quantités d'éléments dans les feuilles et dans les sols . On sait toutefois qu'après une incorporation de fertilisants appropriés, on observera une augmentation des éléments nutritifs dans les feuilles et une amélioration de l'état de santé des arbres (Ouimet, 1991).

Enfin, à partir de ces études sur le statut nutritif des érablières, on ne peut toujours pas affirmer que les déséquilibres nutritifs sont responsables du dépérissement . Tout au plus pouvons-nous dire que, dans plusieurs peuplements dépérissants, on observe des carences marquées en potassium et en magnésium . Les déséquilibres du statut nutritif ne sont peut-être que la manifestation d'autres facteurs qui agissent sur des sites plus vulnérables à certaines perturbations.

Depuis l'avènement du dépérissement actuel, autant en Europe qu'en Amérique du Nord, de nombreuses hypothèses ont été énoncées et des centaines d'études ont été entreprises relative- ment au rôle des polluants atmosphériques . Il va sans dire que les scientifiques ne sont pas unanimes à affirmer que ces polluants sont responsables du dépérissement . Pourtant, plusieurs ont démontré leurs effets néfastes sur les écosystèmes terrestres, comme nous l'indique Tomlin- son (1990) dans une synthèse des différents travaux conduits par Ulrich, Mayer, Khanna, Hütter- man, Bauch, Zoettl et Huettl, pour n'en nommer que quelques-uns . À la suite d'études visant à connaître les mécanismes qui régissent le régime nutritif, ces chercheurs démontrent que les déséquilibres nutritifs observés dans le sol sont le résultat des effets cumulatifs des dépôts acides.

Johnson et Richter (1984) démontrent également que la perte des cations dans la plupart des écosystèmes forestiers est occasionnée, du moins en partie, par les dépôts acides . Paré et Bernier (1989a) pour leur part estiment que les déficiences en phosphore observées dans les forêts croissant sur des sols possédant un humus de type mull pourraient venir des dépôts acides . Pour Adams et Eagar (1992), la résistance au froid de l'Épinette rouge du Nord-Est des États-Unis située en haute altitude est réduite à cause des dépôts acides.

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G. GAGNON - G . ROY

Les polluants atmosphériques peuvent aussi avoir des effets plus subtils en agissant par l'intermé- diaire d'autres facteurs . C'est le cas du changement global du climat par suite de l'augmentation de la quantité de gaz à effet de serre.

CAUSES MULTIPLES ET CAPACITÉ DE CHARGE DE L'ÉCOSYSTÈME

L'identification des causes du dépérissement a été et est toujours sujet de controverse . À l'heure actuelle, les chercheurs intéressés à ce phénomène ne se sont pas encore entendus sur la cause, comme certains l'espéraient . Rappelons que les arbres affectés font partie d'un écosystème terrestre qui est fort complexe étant donné les multiples interactions entre ses divers paramètres . Il n'est donc pas surprenant que l'on ait évoqué une multitude de facteurs comme causes possibles du dépérissement . Au risque de décevoir un certain nombre de personnes qui voudraient absolu- ment mettre le doigt sur une cause bien précise, nous devons plutôt voir dans ce phénomène l'interaction de plusieurs variables biotiques et abiotiques qui provoquent des stress sur l'écosys- tème . Cette manière de penser est tout à fait vraisemblable et logique étant donné la complexité de l'écosystème forestier et des multiples interactions entre ses nombreuses composantes.

Cela n'empêche pas toutefois d'essayer d'établir une classification des divers facteurs suscepti- bles d'intervenir dans le développement de ce phénomène . Cette classification ne saurait cepen- dant se limiter à suivre un ordre chronologique ou à considérer la gravité présumée des variables.

Manion (1981) à la suite de Sinclair (1965) a déjà classé les diverses variables en les regroupant en facteurs prédisposants, déclenchants et aggravants . Les facteurs prédisposants sont définis comme des facteurs qui regroupent des variables à caractère permanent . Ces variables provoquent généralement des stress de faible intensité mais elles agissent à long terme . Dans cette catégorie, on peut identifier, entre autres, les variables relatives à l'habitat, à l'aménagement et l'exploitation, à la génétique, au changement global du climat et à la pollution atmosphérique . Les facteurs déclenchants regroupent des variables qui provoquent des stress de forte intensité mais qui agissent à court terme . Ils sont généralement accidentels et ponctuels en ce sens qu'ils sont limités dans l'espace et dans le temps . Dans ce groupe, on rencontre les défoliations par les insectes, les accidents climatiques, les sources locales de pollution . Les facteurs aggravants, pour leur part, peuvent être qualifiés d'accessoires et regroupent des variables qui viennent accélérer le dépéris- sement et qui peuvent même entraîner la mort de l'arbre . L'Armillaire couleur de miel [Armillaria mellea (Vahl . ex Fr .) Kummer], le Perceur de l'Érable (Glycobius speciosus Say) et les virus entrent dans cette catégorie.

En théorie, cette classification propose donc différents modèles d'apparition et de développement du dépérissement . Cependant, toujours en raison de la complexité et du nombre de composantes de l'écosystème forestier et aussi en raison de l'intensité et de la nature de ces facteurs qui peuvent agir de manière indépendante, additive, synergétique ou antagoniste, des facteurs prédisposants peuvent devenir déclenchants et ces derniers, aggravants . Mentionnons à titre d'exemple que les polluants atmosphériques considérés comme des facteurs prédisposants peuvent devenir des facteurs déclenchants dans des forêts soumises à de sévères conditions climatiques et nutritionnelles (Vogelmann et al ., 1985 ; Zoettl et Huettl, 1986) . Signalons aussi qu'un insecte défoliateur qui a une préférence alimentaire pour les arbres dépérissants (Tousignant et al ., 1989) peut devenir un facteur aggravant.

Devant cette mutation entre les facteurs prédisposants, déclenchants et aggravants et devant la possibilité d'une interaction entre ces facteurs, il nous semble approprié de considérer ces facteurs de stress naturels et anthropiques comme des charges sur l'écosystème . Cependant, chaque écosystème a une capacité de charge qui lui est propre . Les problèmes surviennent lorsqu'un ou des facteurs de stress viennent dépasser cette capacité de charge ou ce seuil de tolérance de l'écosystème . Il s'ensuit alors une réaction en chaîne qui aboutit au dérèglement des mécanismes qui régissent cet écosystème .

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CONCLUSIONS

L'analyse globale des divers facteurs susceptibles de déclencher le dépérissement ou d'intervenir dans sa progression, effectuée par le ministère des Forêts du Québec, nous permet d'affirmer que

le phénomène est causé par de multiples facteurs de stress qui agressent l'écosystème . Puisque ces écosystèmes ont des caractéristiques d'habitat qui leur sont propres, ils ont une capacité de charge ou un seuil de tolérance qui leur permet d'accepter une dose plus ou moins forte de ces facteurs agressants . Ainsi, les écosystèmes avantagés, entre autres, par une bonne situation topographique et par un bon régime nutritif peuvent accepter un plus grand nombre de facteurs de stress, même virulents . Par contre, les écosystèmes moins avantagés succombent plus rapidement et sont plus fortement affectés même s'ils ne sont soumis qu'à quelques stress de faible intensité.

La connaissance de la capacité de charge de l'écosystème ou de son seuil de tolérance aux différents stress environnementaux et l'identification et la connaissance des mécanismes d'action de ces stress sont les premiers pas à franchir avant de déterminer des moyens d'action en vue d'éviter des déclenchements de dépérissements ou d'en ralentir la progression.

G . GAGNON Direction de la Recherche MINISTÈRE DES RESSOURCES NATURELLES

2700, rue Einstein SAINTE-FOY (Québec)

G1 P 3W8 CANADA

G . ROY Direction de la Recherche MINISTÈRE DES RESSOURCES NATURELLES

2700, rue Einstein SAINTE-FOY (Québec)

G1P 3W8 CANADA

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