HIVERS. Grand Prix et Prix du Public Festival NANTERRE SUR SCÈNE 2014 LA CHEVAUCHÉE. Alexandre Wallon




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H I V E R S

Grand Prix et Prix du Public

Festival NANTERRE SUR SCÈNE 2014

L A C H E V A U C H É E




HIVERS

d’après les textes de Jon Fosse traduction Terje Sinding

Un spectacle de la compagnie LA CHEVAUCHÉE Mise en scène : Mathieu Barché

Avec : Hadrien Peters, Laura Segré et Mathieu Barché

Ayant commencé à travailler la pièce HIVER de Jon Fosse en 2013, nous avons voulu transformer ce texte en y ajoutant des éléments extérieurs qui viendraient non pas compléter l’histoire principale, mais l’exploser, pour en révéler sa s t r u c t u r e e t c r é e r u n a u t r e paradigme de sens. Ce que nous cherchons à explorer à travers l’œuvre de Jon Fosse, c’est la façon dont il met en jeu des humains qui dépensent toute leur énergie pour essayer de coller au monde.

« Toujours il arrive des choses » disent certains personnages. Alors qu’ils voudraient qu’il n’arrive rien. Mais ce qui arrive, c’est tout simplement la vie qui avance et qui impose son poids, comme si un air de Mahler accompagnait chaque instant de leur existence, la transformant en tragédie. S’ils veulent avancer au même rythme qu’elle et ne pas se laisser submerger, il faut donc prendre la décision de vivre, de manger, de travailler, d’être avec d’autres gens et de se sentir bien ; mais ce n’est vraiment pas facile lorsqu'on n’a pas les outils pour le faire. Chez Fosse, les personnages sont toujours dans une aporie, entre deux actions qui ont la possibilité d’exister, mais le choix à faire pour l’une ou l’autre de ces actions est infaisable. Alors ils sont voués à rester dans cet entre-deux, ni là ni ailleurs, ni vivants ni morts, mais se débattant toujours avec une grande force. Tel est le drame des personnages de Fosse.

Dans toutes ses pièces, on retrouve un élan de vie, ou de survie, des personnages qui sont presque identitques. Ils semblent se répondre, réutilisent les mêmes codes, les mêmes constructions syntaxiques d’une pièce à l’autre pour essayer de transmettre leur message : les dialogues ne sont plus intra-textuels mais inter-textuels. Ce sont plutôt des figures qui prennent la parole, butent toujours au même endroit, trébuchent. Ils semblent tous se poser la même question, tirée d’un poème de Peter Handke : « Pourquoi faut-il qu’entre moi et le monde il y ait une si immense différence ?  ». La musique classique orchestrale de Sibelius, Mahler et Vivaldi présente pendant la moitié du spectacle, nous permet de chercher loin dans l’étude de ce syndrome qui atteint les personnages, et qui couvre leur existence d’une profonde mélancolie.


N O T E D ’ I N T E N T I O N

Je ne sais pas Je t’aime

Je suis amoureuse de toi je ne peux pas vivre

oui c’est ce qu’il me semble sans toi

Mais je ne sais pas

Je ne peux pas m’en aller non plus

Pas maintenant en tout cas Je ne sais pas

ET LA NUIT CHANTE, JON FOSSE

I

L’issue se trouve dans la rencontre avec l’autre. Ce n’est pas une mince affaire pour ces êtres radicalement différents qui ne semblent pas se comprendre. Mais, tous ont la volonté d’y arriver, et déploient ainsi une grande énergie. Car dans les pièces de Jon Fosse, il faut envisager le mot comprendre dans son sens étymologique, c’est-à- dire « prendre ensemble ».

Et c’est là que commence le travail. C’est là qu’est la bataille : prendre ensemble le sens d’une phrase, prendre ensemble un destin commun, prendre ensemble la décision d’essayer une nouvelle vie. Une lutte, qui passe par le langage, pour l’assimilation au monde, et à l’autre. Et qui pourrait ressembler à ce qu’on appelle l’amour.

On pense souvent que l’écriture de Jon Fosse est celle du «  non-dit  » ou de l’incommunicabilité. Je ne trouve pas cela juste. Au contraire, à mon avis, les personnages sont totalement ouverts à l’autre, très perméables à ce qu’ils entendent.

A l’affût de la parole. C’est un langage de vie, voire de survie plus que de mort. On a souvent l’impression qu’on joue Jon Fosse en pantoufles, alors que les comédiens devraient venir en baskets…

Pour jouer, il suffira seulement d’un espace et de comédiens. Un banc aussi. Comme si la neige des hivers avait tout effacé, il ne restera plus que ce lieu de rencontre, où l’on essayera, à nouveau, de se comprendre.

Mathieu Barché


© Alexandre Wallon

II

L’HOMME Tu veux que je t’aide Qu’est-ce que je dois faire

LA FEMME

Tu dois parler un peu avec moi Tu ne veux pas parler avec moi Je suis là

Je peux parler avec toi

Tu veux bien parler un peu avec moi

H ^IVER , J ^ON F ^OSSE

© Alexandre Wallon

III

Stéphanie Salvi : Qu’est-ce qui vous touche dans les oeuvres de Jon Fosse ?

Mathieu Barché : La définition du mot « comprendre » est très présente dans l’écriture de Jon Fosse. On semble être face à une écriture de l’incommunicabilité alors qu’en réalité les personnages échangent énormément et ont un désir fort de se dire les choses. Quand les personnages disent « Je t’aime tellement / Je suis amoureuse de toi », je trouve que cette simplicité n’existe pas vraiment dans le théâtre, ça me semble très généreux. Et c’est la force de ces phrases simples - que nous connaissons tous - qui créent de la complexité dans les personnages. Comment vivre avec de telles phrases ?

S : Avez-vous un fil rouge pour l’ensemble de ces textes ? Comment s’articulent-ils les uns aux autres ?

M : Très souvent, il y a dans ces textes des personnages qui se rencontrent et qui essayent de comprendre quelque chose, ce qu’« il y a ». Hofmannsthal écrit d’ailleurs dans son texte que le plus bel instant « ce n’est pas l’étreinte mais la rencontre ». Ces textes s’articulent comme des scènes de vie agencées de manière à produire une décharge d’énergie forte vers une construction, l’union, l’amour. Et puis j’aime le fait qu’on puisse voir plusieurs personnages, qu’il ne s’agisse pas d’une histoire particulière. Les sentiments deviennent universels, comme s’ils étaient légions.

S : Vos décors sont tous très épurés. Quels sont, pour vous, leurs fonctions ?

M : C’est vrai. En réalité, nous pourrions nous passer totalement de décor, mais nous avons fait le choix de tester plusieurs installations. Comme des tableaux, les objets créent une ligne de force, une énergie, j’appellerais ça une « géométrie émotive ». On trouve sur scène un banc, qui semble ne servir à rien, mais qui donne une énergie singulière. Il faut dire également que nous essayons toujours de rendre au lieu sa propre identité, que l’on a tendance à cacher avec des rideaux noirs, ce qui a tendance à m’agacer. Quand on enlève les artifices, on se rend compte que les lieux portent des histoires très fortes, que ce soit une salle des fêtes ou un grand théâtre.

Du coup, nous n’avons plus besoin de grand chose. Découvrir un lieu est déjà une chose en soi.

S : Quelle valeur à la musique pour ce spectacle ?

M : La musique, comme les costumes, est porteuse d’émotion. C’est une « instance », comme dirait François Tanguy. Ces sont des éléments qui nous dépassent et que les comédiens n’ont pas à gérer. Lorsqu’on a la musique avec nous, on peut se permettre d’être en décalage tout en restant dans un moment de vérité. On ne se pose plus la question de savoir si c’est juste ou pas. La musique prend en charge la justesse, et les comédiens sont plus libres, ils vont chercher plus loin.


IV

E X T R A I T D ’ E N T R E T I E N

Propos recueillis par Stéphanie Salvi.


 © Alexandre Wallon

V

Comédiens : Laura Segré, Hadrien Peters, Mathieu Barché Mise en scène : Mathieu Barché

Régie : Matthieu Abraham Administration : Agathe Perrault

Textes : HIVER / JESUISLEVENT / ETLANUITCHANTE, de Jon Fosse CHEMINSETRENCONTRES, de Hugo Von Hofmannsthal LEVOYAGED’HIVER, de Wilhelm Müller

Représentations/résidences

4 Décembre 2014 Représentation au Festival NANTERRE SUR SCÈNE 2014.

Lauréats du Grand prix du Jury et du Prix du public.

28 Mars Résidence à L’Être lieu à Arras,

Au 2 Avril 2015 puis représentation dans le cadre du festival ARSÈNE.

11 / 12 Mai 2015 Représentation au Festival du PRINTEMPS à L’Art Studio Théâtre à Paris.

26 / 30 Octobre Résidence à Nanterre-Amandiers, Centre Dramatique National.

2015

30 Novembre Festival NANTERRE SUR SCÈNE 2015.

2015 Spectacle d’ouverture.

Partenaires

Produit par la compagnie LA CHEVAUCHÉE.

Avec le soutien de Nanterre-Amandiers, Centre Dramatique National, et de l’Université de Paris Ouest Nanterre La Défense.

VI

I N F O R M A T I O N S

ACCESSOIRES FOURNIS PAR LA COMPAGNIE :

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10 ventilateurs.

-

Neige en teflon.

NOS BESOINS EN MATÉRIEL :

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Tapis de sol blanc 10mx10m.

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3 micros hf serre-tête.

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1 micro filaire.

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Un banc.

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Un balais.

-

1 grand aspirateur pour nettoyer la neige qui reste.

Le lieu devra être dépendrilloné.

VII

F I C H E T E C H N I Q U E

La Compagnie LA CHEVAUCHÉE, dirigée par Mathieu Barché et administrée par Agathe Perrault, est née en 2015. Depuis, trois créations ont vu le jour : HIVER, de Jon Fosse, puis HIVERS d’après des textes de Jon Fosse, spectacle qui remporte le Prix du Jury et le Prix du public au festival Nanterre sur Scène 2014, PLATEAU N°1, une écriture de plateau collective, questionnant la place de l’oeuvre vivante dans un espace muséal, et KÉRATOCONJONCTIVITE, qui remporte le Prix des lycéens au Festival Nanterre sur Scène en 2015. Les comédiens de ces trois spectacles, ainsi que le metteur en scène Mathieu Barché viennent de l’école du Studio d’Asnières où ils se sont rencontrés.

Les projets réalisés ont en commun de vouloir questionner notre rapport à l’émotion dans la construction de la fiction et dans la vie, en essayant de dévoiler aux spectateurs les codes de jeu qui régissent le rapport triangulaire comédien/espace/

public, pour que ce dernier entretienne un rapport ludique et constructif au spectacle et à l’émotion. Celle-ci ne provient pas de l’acteur, mais de la fiction que le spectateur veut bien se créer.

L’adaptation aux lieux est également une recherche importante et primordiale pour Mathieu Barché, afin de repenser et de réinventer la place de l’homme dans son environnement. Tout lieu peut être propice à accueillir un spectacle. De la même façon, un théâtre n’est pas forcément un lieu où l’on fait du théâtre : on peut y manger, danser, faire la fête, y vivre, travailler, etc… Un lieu est déjà une histoire.

Nous ne voulons pas lui enlever.




VIII

L A C O M P A G N I E

L A C H E V A U C H É E

CRÉATIONS

H

IVER De Jon Fosse.

Avec Laura Segré et Hadrien Peters Mis en scène par Mathieu Barché Représentations :

- 27 Mai 2014 à la Maison des Étudiants de l’Université de Nanterre.

- 11, 12 Mai à l’Art Studio Théâtre, Paris XXème.

H

IVERS

D’après les textes de Jon Fosse, Hugo Von Hofmannsthal, Wilhelm Müller Avec Laura Segré, Hadrien Peters, Mathieu Barché

Mis en scène par Mathieu Barché Représentations :

- 4 Décembre 2014 au Festival Nanterre sur Scène 2014.

Lauréat du Grand Prix du Jury et du Prix du Public.

- 3 Avril au festival Arsène à l’Être Lieu à Arras.

- 30 Novembre 2015 au festival Nanterre sur Scène.

P

LATEAUN

°1

Création collective, avec Lisa Torres, Hadrien Peters, Clément Durand et Mathieu Barché.

Conception de Mathieu Barché.

Représentation :

- 19 Mars 2015 à l’Espace Pierre Reverdy.

K

ÉRATOCONJONCTIVITE

Avec Clément Durand.

Conception Mathieu Barché et Clément Durand.

Représentation :

- 1 Décembre 2015 au Festival Nanterre sur Scène.

Lauréat du Prix des lycéens.

IX




Mathieu BARCHÉ, metteur en scène, comédien et directeur artistique.

Après avoir suivi une formation théâtrale au lycée Dessaignes à Blois, puis au DEUST Arts du Spectacle sous la direction de Guillaume Dujardin à Besançon, MATHIEU BARCHÉ intègre l’école du Studio d’Asnières et termine parallèlement son master de recherche théâtre à l’Université de Nanterre Paris X. Depuis 2010, il fait partie de l’équipe permanente du festival des Nuits de Joux à Pontarlier où il joue dans une quinzaine de pièces sous la direction de cinq metteurs en scène. En 2015, il créé la compagnie LA CHEVAUCHÉE qu’il dirige en collaboration avec Agathe Perrault, et met en scène HIVERS, d’après des textes de Jon Fosse, spectacle avec lequel il remporte le Grand Prix du Jury du festival Nanterre sur Scène en 2014, puis il monte PLATEAU N°1 et KÉRATOCONJONCTIVITE sous forme d’écritures de plateau.

Il fait également partie du Groupe Apache à Bordeaux et joue dans le PROJET/MOLIÈRE et 20 000 LIEUES SOUS LES MERS. Il joue en 2016 sous la direction d’Alexis Armengol dans IMPECCABLE de Mariette Navarro, et dans le prochain projet du Groupe Apache : SPARTOÏ, produit par le CDN de Bordeaux.

B I O G R A P H I E S

Agathe PERRAULT, administratrice.

Après avoir suivi une formation en Licence Arts du Spectacle à l’Université Paris X, Agathe Perrault est actuellement étudiante en Master « conception et direction de projets culturels » à l’Université Paris 3. Souhaitant s’orienter vers l’administration du spectacle vivant, Agathe multiplie ses expériences professionnelles : chargée des relations avec le public à la Maison de la Musique de Nanterre, coordinatrice du Festival Nanterre sur Scène et aujourd’hui assistante de production au Théâtre de la Ville. Elle collabore depuis 2015, avec Mathieu Barché en tant qu’administratrice de la Compagnie LA CHEVAUCHÉE.

X




Hadrien PETERS, comédien.

De 2005 à 2008, HADRIEN PETERS est comédien dans la troupe d’Anne Delbée (Delbée Compagnie), a participé à deux créations au théâtre Robert Desnos de Ris-Orangis : LE CID de Pierre Corneille, dans le rôle de Don Sanche, et ANTIGONE de Sophocle dans le rôle d’Hémon. Après une licence de lettres modernes à la Sorbonne et une formation théâtrale à l’école des Enfants Terribles, il intègre en 2010 l’école du Studio Théâtre d’Asnières. En 2012, il est élève dans le cours de Jean-Pierre Garnier aux Cours Florent, puis il part comme élève pendant 6 mois dans l’école Anglaise la LAMDA. Il jouait Bottom dans MIDSUMMER NIGHT’S DREAM sous la direction de William Oldroy au Lindbury Studio.

En 2013, il travaille sur HIVERS avec Mathieu Barché, qui remportera le Grand Prix du Jury et le Prix du Public au festival Nanterre sur Scène 2014. Depuis 2014, il participe à une performance, I LIKE YOUR SHIRT, en collaboration avec Yves Lefebvre et Hugues de Cointet, au festival d’Avignon Prison Sainte-Anne, pour la collection Lambert, puis ensuite à la Galerie Air de Paris pour la FIAC, au Playground Festival de Leven et aux Abattoirs de Toulouse.

Hadrien est actuellement en licence d’Anthropologie et d’Ethnologie à l’Université de Nanterre.

Laura SEGRÉ, comédienne.

Actuellement élève en troisième année au CFA du Studio d’Asnières dirigé par Jean-Louis Martin-Barbaz, LAURA

SEGRÉ a également été élève pendant deux ans au Conservatoire Municipal Claude Debussy en Art Dramatique et a joué dans le spectacle DES RAILS, mis en scène par Éric Cénat, suivi d’une tournée en région Centre la saison 2011/2012. Elle a joué à plusieurs reprises au théâtre du petit Hébertot et au théâtre du Studio d’Asnières dans le cadre de représentations de travaux de classe. Elle a joué durant l’été 2014 dans FEULAMÈREDEMADAME, ETLESPAVÉSDEL’OURS de Feydeau dans une mise en scène de Côme Lesage/Compagnie les Francs Menteurs au théâtre de Belleville. Dans le cadre du festival Mise en demeure au Studio Théâtre d’Asnières, elle sera dans MESURE POUR MESURE de Shakespeare dans une mise en scène de Charlotte Vercoustre, début 2016.

XI

HIVERS

L A C H E V A U C H É E

52bis rue Gauthey 75017 Paris 06.67.75.13.74

compagnie.lachevauchee@gmail.com