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Production rapide de plants feuillus sur tourbe fertilisée : nouveaux résultats

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Academic year: 2022

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(1)

HAL Id: hal-03396447

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03396447

Submitted on 22 Oct 2021

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Production rapide de plants feuillus sur tourbe fertilisée : nouveaux résultats

Stéphane Delran, Jean Garbaye, François Le Tacon

To cite this version:

Stéphane Delran, Jean Garbaye, François Le Tacon. Production rapide de plants feuillus sur tourbe fertilisée : nouveaux résultats. Revue forestière française, AgroParisTech, 1975, 27 (6), pp.436-448.

�10.4267/2042/20969�. �hal-03396447�

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Plants 1-0 d'érable-sycomore produits sur tourbe. Hauteur de la mire : 80 cm (divisions de 5 cm(.

Plants 1-0 de frêne produits sur tourbe . Hau- teur de la mire : 85 cm (divisions de 5 cm( .

(3)

PRODUCTION RAPIDE DE PLANTS FEUILLUS SUR TOURBE FERTILISÉE

NOUVEAUX RÉSULTATS

S . DELRAN — J . GARBAYE — F . LE TACON C/ass . Oxford 232 .322 .4

Dans un article précédent (F . LE TACON, Revue Forestière Française, n° 4, 1974), il a été montré que la tourbe blonde fertilisée permettait d'obtenir en un an des plants de hêtre de forte taille.

Depuis, nous avons cherché à perfectionner cette technique en l'étendant au chêne, puis aux feuillus précieux . La motivation de ces recherches réside dans l'intérêt manifesté par l'Office national des forêts, qui en entreprend déjà l'application avec succès, et dans la crise actuelle d'approvisionnement en plants feuillus en France . Pour plus de détails sur la conjonc- ture dans ce domaine, nous renvoyons le lecteur à l'article de J . GARBAYE, F . LE TACON et A . MORMICHE, dans le Bulletin technique de l'Office national des forêts, n° 9.

Nous présenterons ici les principaux résultats obtenus au Centre national de recherches forestières en 1974 et 1975.

CONDITIONS GÉNÉRALES D'EXPÉRIMENTATION

• Le matériel végétal

Du fait des difficultés d'approvisionnement, nous avons travaillé avec différentes prove- nances

Hêtre Roumanie en 1974, Normandie en 1975.

Chêne : pédonculé de la Woëvre et rouvre de Lorraine en 1974, rouvre de Blois et de Lorraine en 1975.

— Frêne et Érable sycomore : plateau calcaire de Lorraine (graines germées ramassées au printemps en forêt).

Chaque expérience porte sur une provenance homogène.

Les faines ont été prégermées à +4 °C dans la tourbe humide, et les glands semés germés au printemps . Suivant l'année et les expériences, les dates de semis s'étalent du 1 er avril au

15 mai .

437 Cette rubrique est dirigée par :

M . VIART

Ingénieur en chef du G .R .E .F.

Chef de la Division « Sylviculture»

Centre technique du génie rural des eaux et des forêts Groupement de Nogent-sur-Vernisson

Domaine des Barres 45290 NOGENT-SUR-VERNISSON

R .F .F . XXVII-6-1975

(4)

S . DELRAN - J . CARBAYE - F. LE TACON

La tourbe

Nous avons utilisé de la tourbe blonde à sphaignes, provenant de l'Europe du Nord (Alle- magne, Hollande ou Finlande) . Il en existe plusieurs marques dans le commerce, toutes conditionnées en balles plastiques de 140 I environ, à l'usage des horticulteurs essentielle-

ment.

Cette tourbe est un substrat de culture idéal du fait de ses propriétés physiques (légèreté, forte porosité et forte capacité de rétention pour l'eau) et chimiques (forte capacité d'échange

cationique).

Les engrais sont mélangés à la tourbe humide à la bétonnière ; le mélange est ensuite versé dans les bâches de pépinière ou dans les pots, sans tassement . Un essai spécial a montré que le tassement n'avait aucune influence sur la croissance des plants.

La pépinière

Tous nos essais ont été réalisés dans la pépinière du Centre national de recherches forestières à Champenoux, près de Nancy ; le climat est caractérisé par des risques de gelées tardives (jusqu'en mai) et par un ensoleillement médiocre.

Suivant le type d'expérimentation, les plants ont été élevés

— soit en plein, dans des bâches cimentées de 1 m de largeur drainées par un lit de galets et des drains enterrés;

— soit dans des seaux de polyéthylène de 17 I, à raison de 4 plants par seau.

Une couche de 5 cm de gravier au fond des seaux améliore le drainage (effet significativement positif, comme l'a montré un essai réalisé à part).

L'arrosage

La technique de production de plants sur tourbe nécessite de maintenir l'humidité du substrat à un niveau assez élevé (en cours de détermination exacte) correspondant à peu près au suintement de l'eau lorsqu'on presse fortement la tourbe dans la main.

Pour y parvenir dans la pratique, nous avons utilisé des asperseurs oscillants ou une rampe oscillante fonctionnant environ 1 /2 heure par 24 heures, sauf pendant les périodes de pluie.

Les traitements phytosanitaires

Pendant toute la période de végétation, il est nécessaire de lutter contre divers parasites :

— oïdium du chêne (Karatane et soufre micronisé en alternance, tous les 15 jours) ; - puceron laineux du hêtre (Phy//aphis fagi) par le Dimécron-10;

— chenilles par un insecticide classique.

Les dispositifs expérimentaux Chaque expérience comporte des répétitions

— 5 pour les essais en seaux;

— 3 pour les essais en plein,

permettant l'interprétation statistique des résultats.

RÉSULTATS

Dans l'exposé des résultats et dans leur discussion, nous ne tiendrons compte que des effets significatifs au risque de 5 % . Sur les graphiques, un trait horizontal reliant deux traitements indique l'absence de différence significative . Les hauteurs indiquées sont les hauteurs moyennes des traitements .

(5)

Technique et Forêt

• Recherche de la fertilisation optimale

La tourbe étant très pauvre en éléments minéraux nutritifs, il convient d'apporter tout ce qui est nécessaire à la nutrition de la plante.

La dose de base de toutes les combinaisons expérimentées est la suivante (a dose 1 ») pour 1 m 3 de tourbe :

— 75 g de N, soit 226 g d'ammonitrate à 33 %;

— 75 g de P 2 0 5 , soit 167 g de superphosphate triple à 45 %;

— 75 g de K 2 0, soit 150 g de sulfate de potasse à 50 %;

— 1 kg de calcaire magnésien dosant 18 à 22 % de MgO;

— 40 g d'un mélange de microéléments contenant :

— 20 g de sulfate ferrique,

— 10 g de sulfate de cuivre, - 5 g de molybdate d'ammonium, - 0,5 g de sulfate de zinc,

- 3,5 g de sulfate de manganèse, - 1 g de borax ou d'acide borique.

Comme on le voit, le soufre (sous forme de sulfate) est apporté par le sulfate de potasse;

le calcium et le magnésium sont apportés par le calcaire.

Par la suite, les doses 2, 3, etc ., sont obtenues en multipliant par 2, 3, etc ., les quantités de N, P 2 0 5 , et K 2 0, les quantités de calcaire et de microéléments restant constantes.

439

5EM I 5 .1, . 1 TOURBE FERT I L I SEE

Morphologie de plants 1-0 de hêtre, chêne, frêne et sycomore produits sur tourbe (plants moyens et maximum).

R .F .F . XXVII-6-1975

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S . DELRAN - J . CARBAYE - F . LE TACON

Essai doses et formules du commerce (1974, en seaux)

• 7 traitements

— dose 0, — dose 1, — dose 2, — dose 4, — dose 8,

— tourbe fertilisée du commerce TKS . 1

— tourbe fertilisée du commerce TKS. 2 utilisées en horticulture.

La figure n° 1 montre que, pour le hêtre comme pour le chêne, la meilleure croissance est obtenue dès la dose 2 . Des doses supérieures sont inutiles, mais n'entraînent pas d'effet

dépressif, jusqu'à la dose 8 tout au moins.

Les deux formulations du commerce donnent de moins bons résultats que notre dose 2.

Essai pH (1974, en seaux)

• 5 traitements, avec fertilisation uniforme (dose 4) :

— pH 3,6 0,5 kg/m 3 de calcaire magnésien;

— pH 4,1 0,5 kg/m 3 de calcaire magnésien + 1,5 kg/m 3 de craie broyée;

pH 5,5 0,5 kg/m 3 de calcaire magnésien + 4,5 kg/m 3 de craie broyée;

— pH 6,3 : 0,5 kg/m 3 de calcaire magnésien + 9,5 kg/m 3 de craie broyée;

— pH 7 : 0,5 kg/m 3 de calcaire magnésien + 19,5 kg/m 3 de craie broyée .

50 _ Hm (cm)

HÊTRE CHÊNE

PEDONCULE 40 _

Figure 1 . - Dose d'engrais

30

20

10 _

o

o o ûi

$ â â Ÿ

H o

-8

W N

F- Y

Figure 2 . - Essai pH 50 - Hm (cm)

Figure 3 . - Dose de micro-éléments 50 _ Hm (cm)

HÈTRE HÊTRE

V

o 8

m

8

m

1

m o 40

30 -

20 -

o

CHÈNE PÊDONCULÈ

40 _

30 -

20

o

CHÊNE ROUVRE

10 - 10 -

m

CO

440

(7)

Technique et Forêt

La figure n° 2 montre que, pour les deux espèces, les meilleurs résultats sont obtenus avec les pH les plus bas . II n'est donc nécessaire de mélanger à la tourbe que la quantité de calcaire magnésien assurant la nutrition des plants en calcium et magnésium.

Essai microéléments (en seaux, 1975)

Fertilisation uniforme en macroéléments : dose 2.

• 4 traitements (quantités croissantes du mélange de microéléments)

— 0 g/m 3 , - 40 g/m 3 ,

— 80 g/m 3 ,

— 200 g/m 3 .

On voit sur la figure n° 3 que la première dose (40 g/m 3 ) est déjà suffisante ; ce n'est que pour le chêne qu'on décèle une tendance (non significative à 5 %) en faveur des doses plus fortes.

Essai équilibre N-P-K (en seaux, 1975)

Pour l'équilibre N-P2O5-K2 O de 33 % — 33 % — 33 % que nous avions arbitrairement choisi au départ, nous avons vu que la quantité totale optimale correspondait à la dose 2.

Mais, il reste à déterminer l'équilibre optimal entre ces trois éléments principaux.

Nous avons utilisé la méthode dite «c des variantes systématiques » (Homes et Van Schoor, 1969) qui permet, grâce à un petit nombre de traitements à quantité totale constante, de déterminer un équilibre optimum théorique approximatif.

Cet optimum (différent pour le chêne et pour le hêtre) est le suivant :

— Chêne : 55 % — 20 % — 23 %,

— Hêtre : 40 % — 42 % — 18 %.

On voit que c'est pour le chêne que nous étions le plus loin de l'optimum, et que l'on peut espérer les plus grands progrès.

Dans une expérience ultérieure, nous vérifierons ces résultats théoriques, en cherchant à déterminer si cet équilibre optimum remet en question la dose totale N + P 2 O 5 + K 2 O opti- male, ainsi que la dose totale d'oligoéléments . II restera également à tenir compte de l'équilibre général, élargi aux autres éléments : Ca, Mg, S, microéléments.

Mais il est d'ores et déjà possible de proposer les formules suivantes, provisoirement opti- males pour le chêne et le hêtre ; elles ont été établies par excès, en faisant l'hypothèse qu'un bon équilibre N-P-K déplace vers des valeurs plus fortes les quantités optimales des autres

éléments.

• Macroéléments

Espèce Élément Pour cent du total g/ ms Engrais du commerce fertilisant N + P 2 O 5 + K 2 O = 900 g en g/m (arrondi)

N 55 495 1 500 g d'ammonitrate à 33 %

CHÊNE P 2 O 5 22 198 440 g de supertriple à 45 %

23 207 410 g de sulfate de potasse

K 2 0 à 50 %

N 40 360 1 100 g d'ammonitrate à 33 %

HÊTRE P 2 O 5 42 378 840 g de supertriple à 45 %

K2 0 18 162 320 g de à 50 %sulfate de potasse

441

(8)

S . DELRAN - J . CARBAYE - F . LE TACON

Le calcium et le magnésium sont apportés sous forme de 1 kg de calcaire magnésien dosant de 18 à 22 % de MgO (c'est un amendement calcaire facile à trouver dans le commerce).

• Micro éléments

Pour 1 m 3 de tourbe, apporter 80 g du mélange suivant :

— 20 g de sulfate ferrique;

— 10 g de sulfate de cuivre;

- 5 g de molybdate d'ammonium;

- 5 g de sulfate de zinc;

- 5 g de sulfate de manganèse;

- 5 g de borax ou d'acide borique.

Essai renouvellement d'azote en cours de végétation (1974, en plein) Fertilisation initiale uniforme : dose 2, 4 traitements :

— pas de renouvellement : 0;

— 1 renouvellement (juin) : J ;

— 2 renouvellements (juin + juillet) : J + Jt;

— 3 renouvellements (juin + juillet + août) : J + Jt + Ao.

Chaque renouvellement se fait à raison de 10 g/m 2 d'azote, sous forme d'ammonitrate à 33 %.

La figure n° 4 montre l'absence d'effet pour le hêtre, et un faible effet dépressif chez le chêne avec trois renouvellements.

Ce résultat pourrait sembler contradictoire avec l'équilibre optimum théorique que nous avons vu plus haut et qui comprend, chez les deux espèces, plus d'azote que la dose 2 pour

une même somme N + P 2 0 5 + K 2 0.

Il y a cependant une différence fondamentale entre des apports fractionnés, pendant que les autres éléments sont plus ou moins vite absorbés ou drainés, et une dose d'azote plus forte dès le départ, à un moment où les besoins physiologiques de la plante sont différents.

Une autre expérience le montre bien (en seaux, 1975) : deux traitements : dose 2 et dose 2 avec quantité double d'azote, ce qui correspond à un équilibre N-P 2 0 5 -K 2 0 de 50 % —

25 % — 25 %.

Pour le chêne comme pour le hêtre, on observe un effet positif du supplément d'azote (gain de 8 cm sur la hauteur moyenne).

• Économie de tourbe par adjonction d'autres matériaux

L'utilisation de la tourbe comme substrat de pépinière peut s'envisager de deux façons :

— production de plants à racines nues . Dans ce cas, la tourbe reste dans la pépinière et pose le problème du renouvellement de fertilisation . Un essai est en cours dans ce sens

— production de plants en mottes . La tourbe est alors exportée, et son coût prend une grande importance dans le prix du plant.

Dans les deux cas, mais surtout dans le second, il est intéressant de savoir dans quelle mesure on peut mélanger à la tourbe blonde un matériau moins coûteux, sans pour autant compro- mettre la croissance des plants.

Les premiers essais réalisés en 1973 avaient montré que 50 % de sable (en volume) réduisaient considérablement la croissance du hêtre.

En 1974, un deuxième essai a montré que la croissance du chêne n'était pas influencée par le mélange à la tourbe de 1 /3 en volume de gravier ou de polystyrène expansé.

En 1975, nous avons essayé deux autres matériaux, organiques cette fois : la sciure de bois résineux (provenant d'une scierie des Vosges) et une tourbe eutrophe à roseaux et forte teneur en cendres (provenant de la région de Buzancy, département des Ardennes).

442

(9)

Technique et Forêt

40 Hm (cm) HÊTRE

1 Figure 4 . - Renouvellement azote

30 _

20 _

10 _

0

CHÊNE ROUVRE

Hm (cm) Figure 5 . - Essai substrats

60

50 -

CHÊNE ROUVRE 40 _

30 -

20 -

HÊTRE

10 _

o N

z

ui z

u)H Fm- z H H

z

wF

w

N (r)

.Nz z

H

z

n Î H

Z wH

w co

9 traitements (proportions exprimées en volume — les symboles entre parenthèses renvoient à la figure n° 5) :

— sciure pure, dose 2 (S) ;

— sciure pure, dose 2 avec azote doublé (S . 2N) ;

— 1 /2 sciure + 1 /2 tourbe blonde, dose 2 (S . TB) ;

— 1 /2 sciure + 1 /2 tourbe blonde, dose 2 avec azote doublé (S . TB . 2N) ;

— tourbe blonde pure, dose 2 (TB) ;

— tourbe blonde pure, dose 2 avec azote doublé (TB . 2N) ;

— tourbe eutrophe pure, dose 2 (TE);

— tourbe eutrophe pure, dose 2 avec azote doublé (TE . 2N) ;

— 1 /2 tourbe blonde + 1 /2 tourbe eutrophe, dose 2 (TB . TE).

L'utilisation de doses doubles d'azote dans certains traitements a pour but de pallier un éventuel effet dépressif dû à la minéralisation des matières organiques apportées.

La figure n° 5 montre que la tourbe blonde pure est de très loin le meilleur substrat . Le mélange d'un des deux autres matériaux n'est envisageable qu'à une proportion bien inférieure à

50 %, ce qui en réduit considérablement l'intérêt.

443 R .F .F . XXVII-6-1975

(10)

S . DELRAN - J . CARBAYE - F . LE TACON

• Volume de tourbe nécessaire par plant

Il y a deux façons de modifier le volume de tourbe exploré par chaque plant : en faisant varier la densité de semis ou en faisant varier la profondeur de tourbe.

Un essai réalisé en plein en 1974, sur 40 cm de tourbe avec trois densités (25, 64 et 250 graines/m 2 ) montre l'absence d'effet dans le cas du chêne et un effet dépressif de la plus forte densité dans le cas du hêtre (ceci est normal, le hêtre ayant un plus fort développement).

La même année, nous n'observions pas de différence de croissance entre 20 cm et 40 cm de profondeur de la tourbe, avec 64 plants/m 2 .

En 1975, nous avons comparé 4 profondeurs : 5, 10, 15 et 20 cm, avec :

— 90 plants/m 2 pour le chêne;

— 50 plants/m 2 pour le hêtre.

Fertilisation uniforme : dose 2 . La profondeur est réglée par une couche de gravier plus ou moins épaisse au fond de la bâche.

Si on compare les résultats obtenus (fig . n° 6) avec ceux de l'année précédente (pas de différence entre 40 et 20 cm), on peut conclure que la profondeur critique est de 20 cm dans la gamme de densités étudiée.

Ce résultat, qui correspond à environ 3 I de tourbe par plant pour obtenir la croissance maxi- male, sera bien sûr à réviser lorsqu'on s'approchera de la fertilisation optimale.

Dans cet esprit, un essai complexe combinant profondeur-densité-fertilisation est en cours de dépouillement, en observant plus particulièrement la morphologie de l'appareil racinaire

Ombrage

Un essai réalisé en 1974 (en plein, dose 2) montre que l'ombrage (ombrières hautes inter- ceptant 50 % de la lumière) a un effet dépressif sur la croissance non seulement du chêne

mais aussi du hêtre (perte de 5 cm sur la hauteur moyenne).

Ce résultat n'est pas lié à la technique de culture sur tourbe, puisqu'il a également été obtenu en pépinière classique au Groupement technique forestier du C .T .G .R .E .F . (1973).

Caractéristique des plants produits

A titre indicatif, nous donnons dans la figure n° 7, la répartition en classes de hauteur et de diamètre au collet de plants de hêtre produits en 1975 en plein, sur tourbe fertilisée dose 2 (profondeur : 40 cm ; 86 plants au m 2 ).

Au tri, cette distribution permet d'obtenir, conformément aux catégories officielles mais en 1 an seulement :

CATEGORIES OFFICIELLES Pour cent de plants obtenus sur tourbe

an 1 an Hauteur

en cm

Diamètre au collet minimum en cm

Age maximum

25-40 5 3 11,6

40-55 6 4 27,4

55 70 7 4 44,2 58

70 et plus 9 5 13,9

Total (plants commercialisables) . . 97

(11)

o

Technique et Forêt

50 Hm (cm)

CHÊNE ROUVRE

4 Figure 6 . — Essai profondeur 40

30 _ HÊTRE

20 -

10 -

EU E O

EU in

EU ON

EU in

EU O in

E E

U ON 0 _

Figure 7 . Distribution des plants de hêtre

de la taille

20 effectifs effectifs 40

en % en %,

15 - 30

10 20

5 10

~

10 20 30 40 50 60 70 80 90 4,5 6,5 8,5 10,5

classes de hauteur de 5 en 5 cm classes de diamètre de mm en mm

97 % des plants sont donc commercialisables d'après les normes actuelles (soit 82 plants au m 2 ), dont 58 % de plants supérieurs à 55 cm.

Nous attirons l'attention sur le fait que ces excellents résultats ont été obtenus avec la dose 2.

Ils ne pourront que s'améliorer lorsque nous nous rapprocherons de la dose optimale.

En ce qui concerne le chêne, les résultats sont pour l'instant beaucoup moins bons . Nous voyons deux raisons à cela :

— la dose 2 est plus éloignée de la dose optimale pour le chêne que pour le hêtre;

— des essais en chambres conditionnées ont montré que la température optimale de croissance du chêne était très élevée (28 à 30 °C), et supérieure à celle du hêtre . Il est donc possible que des régions de France aux étés plus chauds qu'en Lorraine soient plus favorables au chêne . En 1976, nous tenterons des essais dans le Var et en Loire-Atlantique . Nous expéri-

menterons également la culture sous tunnel plastique à Nancy.

Le système racinaire de ces grands plants produits sur tourbe, présente un ou plusieurs très forts pivots (selon que la radicule a été cassée au semis) portant de nombreuses racines fines mais peu de grosses racines secondaires . Il y a là un point à surveiller de près en ce qui concerne la valeur des plants à la plantation.

La partie aérienne est droite et bien équilibrée, avec une très forte dominance apicale . Les chênes font en moyenne trois pousses dans l'année.

445

-o

R .F .F . XXVII-6-1975

(12)

S . DELRAN - J . CARBAYE - F . LE TACON

• Reprise et croissance des plants en forêt

En 1974, nous avons produit les types de plants suivants, afin de les expérimenter en forêt.

Les symboles entre parenthèses renvoient à la figure n° 8 :

— (RNT) : plants élevés sur tourbe en plein et utilisés à racines nues . Hauteur moyenne 35 cm (hêtre seulement) ;

— (PP) : plants en motte de tourbe (a paper-pots » 7,5 x 15 cm) . Hauteur moyenne 22 cm pour le chêne et 25 cm pour le hêtre;

— (20) : plants en motte de tourbe (sacs plastique 12,5 x 20 cm) . Hauteur moyenne 33 cm pour le chêne et 35 cm pour le hêtre;

— (40) : plants en motte de tourbe (sacs plastique 12,5 x 40 cm) . Hauteur moyenne 40 cm pour le chêne et 35 cm pour le hêtre.

Ces plants ont été installés en forêt au printemps 1975, en comparaison avec des plants à racines nues 1 + 2 de 40 cm du commerce (RNC).

Nous avons choisi des types de sol correspondant aux deux essences en Lorraine :

— chêne : sol argileux hydromorphe (sol brun marmorisé) sur argile du Lias, près de Nancy ;

— hêtre : sol superficiel (sol brun calcique) sur calcaires Jurassique des côtes de Meuse.

Chaque dispositif comporte 3 blocs complets, avec 50 plants mesurables par placeau . Les sacs plastique ont été enlevés à la plantation.

La figure n° 8 donne les résultats mesurés en octobre 1975, après la première saison de végétation.

En ce qui concerne la mortalité, on constate qu'elle est toujours beaucoup plus faible avec les plants en motte . Pour le hêtre, il n'y a pas de différence significative entre les plants à racines nues du commerce ou élevés sur tourbe.

Les pousses obtenues sont deux à trois fois plus longues chez le hêtre pour les plants en motte que pour les plants à racines nues . La taille de la motte a un effet positif . Pour le chêne, la différence est aussi significative, mais moins accentuée.

Figure 8 . — Plantation enforfit .

mortalité en % 15

pousse en cm 15

mortalité en % 20

pousse en cm 10

HÊTRE

CHÊNE ROUVRE 8 10 _

15

10

5

5

0 _

â

_ 0

Uz

¢ o

z¢ a

Uz

¢

Z

cc â

o

(13)

Technique et Forêt Pour conclure

— à taille équivalente, les plants de hêtre produits sur tourbe fertilisée et plantés à racines nues ont une reprise et une croissance comparables à celles des plants du commerce à racines nues, de même taille mais de plusieurs années;

— les plants en motte sont bien supérieurs . Cette technique est évidemment plus coûteuse (exportation de la tourbe, grosses difficultés de manutention en forêt), mais elle est à retenir pour l'avenir, lorsque des plants d'élite seront produits et plantés à faible densité (issus de boutures ou de semences sélectionnées).

• Extension de la technique à d'autres essences

En 1974, quelques essais ont montré que cette technique n'avait pas d'avenir pour les résineux : les semis obtenus sont plus grands qu'en pépinière classique, mais ne donnent pas de plants de forte taille en première année.

Par contre, en 1975 nous avons obtenu de bons résultats avec le frêne (47 cm de hauteur moyenne) et l'érable sycomore (58 cm), en plein sur tourbe fertilisée dose 2.

Devant l'intérêt grandissant que présentent les essences dites « précieuses » pour les reboise- ments, nous chercherons à l'avenir à optimiser la technique non seulement pour le chêne et le hêtre, mais également pour :

— le merisier;

— le frêne;

— les grands érables;

— et les noyers.

ASPECTS ÉCONOMIQUES ET PERSPECTIVES D'AVENIR

Depuis deux ans, la technique de production de plants sur tourbe fertilisée est utilisée pour le hêtre au centre de l'Office national des forêts de Verdun, moyennant quelques adaptations aux conditions de grande production : tourbe fertilisée du commerce (TKS . 2), 10 cm de tourbe seulement, mais reposant sur une couche de terre fertile, exportation de la tourbe sous forme de motte tassée autour des racines à l'arrachage, sans récipient de culture.

En 1975, cette pépinière a produit environ 185 000 plants de 40 cm de hauteur moyenne et de 5 mm de diamètre moyen au collet . Ces plants pourraient être commercialisés au prix de 0,56 F pièce, en comptant les frais généraux, la T .V .A . A 20 % et une marge bénéficiaire de 0,05 F par plant (notons que le prix de la tourbe exportée entièrement entre dans cette évaluation).

Si on compare au prix de plants de même catégorie actuellement produits par les techniques classiques (plus de 1 F pièce), l'intérêt de la culture sur tourbe est évident.

Il n'en reste pas moins que ces performances peuvent être améliorées par un certain nombre de voies qui feront l'objet de nos travaux futurs :

— méthodes de réutilisation de la tourbe (dans le cas de la production de plants à racines nues) . Ceci nécessite une parfaite connaissance de la dynamique des éléments fertilisants (adsorption, absorption par la plante et drainage) et de l'évolution de la tourbe

(humification, minéralisation) . Des études sont en cours.

— Économie de l'eau d'arrosage :

— goutte à goutte;

— maintien de la tourbe à l'humidité optimale;

— et éventuellement utilisation de solutions nutritives.

447

R .F .F . XXVII-6-1975

(14)

S . DELRAN - J . CARBAYE - F . LE TACON

Fourniture de tourbe à meilleur prix :

— livraison en vrac;

— contrats avec des fournisseurs mélangeant les engrais à la demande;

— utilisation de tourbes françaises.

Ce dernier point est à l'étude.

S . DELRAN Elève I .T .E .F .

Jean GARBAYE Assistant

François LE TACON chargé de recherches CENTRE NATIONAL DE RECHERCHES FORESTIÈRES (I .N .R .A.)

Station de recherches sur les sols forestiers et la fertilisation Champenoux

54280 SEICHAMPS Avec la collaboration technique de :

D . BOUCHARD, F . BOURGEOIS, G . COURRIER, A . GILBERT

BIBLIOGRAPHIE

CENTRE TECHNIQUE DU GÉNIE RURAL, DES EAUX ET DES FORÊTS-Nogent-sur-Vernisson . — Influence du coefficient d'ombrage sur le comportement de semis de hêtre . Revue forestière française, n o 1, 1973, pp . 42-44.

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Références

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