RAPPORT D’ÉVALUATION RAPIDE DE PROTECTION
Région de Tillaberi, Département de Tillaberi, commune de Bibiyergou, site de Tondia
Date de l’ERP Du 08 au 09 février 2022 Date de choc 22 janvier 2022
Date d’Alerte 2 février 2022
Localités affectées
Kataka, Irkou, Kodi, Inamaraz.
Latitude : 14,50192° - Longitude : 1,12242°
Site d’accueil de Tondia
Populations
affectée
292 ménages déplacés internes soit environ 2044 personnes composées majoritairement des femmes et des enfants
tous issus de l’ethnie Touareg
Déclencheur de l’ERP
Cette évaluation, a été réalisée auprès des populations venues de Kataka, Kodi (commune d’Inates), Irkou et Inamaraz (commune Bibiyergou). Ce mouvement a été causé par une incursion des éléments d’un GANE le 22/01/2022 venus à bord d’une centaine de motos pour assassiner un leader communautaire à Kataka, enlever environ 700 têtes de bétails dans ces 4 localités, saisir tous les biens matériels et réserves alimentaires des populations.
Méthodologie
➢ 2 missions d’observations effectuées sur deux jours,
➢ 4 interviews avec des informateurs clés (vice maire et conseiller municipal de Bibiyergou et deux leaders
communautaires des déplacés) ;
➢ 08 groupes de discussion avec les femmes, les hommes et les enfants (filles et garçons).
➢ Au total : 386 personnes ont été enquêtées dont 200 hommes et 186 femmes.
Résumé des problèmes de protection rapportés
Accès aux abris et BNA : ces populations vivent dans des abris en très mauvais état.
Accès aux vivres : ces PDIs risquent la malnutrition par
Problème de
documentation civile : Environ 60% des femmes et 80% des
Absence de point d’eau et de latrine :
Il n’existe aucune latrine sur le site où sont installés
Problème d’accès à l’éducation des enfants : 200
186
386
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 HOMMES
FEMMES TOTALE
Graphique des Personnes
enquêtées
Ces abris ne répondant pas à la norme standard. Afin de permettre à ces déplacés de vivre dans la dignité. Elles manquent aussi d’articles ménagers essentiels comme les nattes, les ustensiles, les couvertures et draps pour protéger au moins les personnes
vulnérables de cette communauté.
insuffisances des vivres car leurs réserves alimentaires et de leurs bétails ont été
emportés par le GANE lors de l’incursion
enfants n’ont pas des pièces d’état civil. Le manque de ces documents pourrait leurs conduire à la restriction de leurs mouvements ou au racket au niveau des postes de contrôle et compliquer l’inscription des enfants à l’école.
les personnes déplacées.
Ces derniers, pratiquent La défécation à l’aire libre non loin des endroits habités.
Les enfants déplacés ne sont pas scolarisés depuis le début de cette insécurité (2ans à 3ans environ) où l’école de Kodi qu’ils fréquentent était fermée. Ces enfants risquent d’être utilisés pour des activités dépassant leurs capacités, le mariage précoce pour les filles et l’enrôlement des GANES par les Garçons inoccupés.
Résumé de la situation de protection et recommandations au Cluster
Protection
Présentation/description du site de l’ERP :
Cette évaluation a été conduite chez des populations en provenance de villages de Kataka, Irkou, Kodi et Inamaraz.
Ces zones sont confrontées à une insécurité continue depuis 2018. Celle-ci se caractérise par des enlèvements des civils et bétails, de saisie des biens matériels et des Ressources Alimentaires. Cette situation a pour conséquences l’accès limité aux services sociaux de base et la désertification de ces zones.
Situé à une cinquantaine de kilomètre de la ville d’Ayorou sur l’axe Tillabéry-Ayorou dans la commune de Bibiyergou, le site d’accueil de Tondia est moyennement (zone plus ou moins sure à cause de l’insécurité) accessible ; ce qui a permis la réalisation de cette évaluation. Les personnes déplacées de ce site s’approvisionnent en eau auprès d’un puits non-protégé qui se trouve à 3 km dans le village de Bibiyergou. Ils se rendent sur les charrettes à dos d’âne de fois au CSI de Bibiyergou pour des besoins de soins de santé malgré l’état difficile de la route (route latérite très dégradée). Quant à l’éducation, il existe une école primaire fonctionnelle dans le village de Tondia (située à 1.5 km environ du site), deux écoles primaires et un collège dans le village de Bibiyergou à 3 km du site d’accueil de ces personnes déplacées qui pourraient accueillir les enfants déplacés. Malgré cela, des insuffisances en abris (des abris Fortunes en paille délabrés) et articles essentiels des ménages, des problèmes sanitaires et WASH sont identifiés sur le site qui affectent négativement la vie de ces communautés déplacées.
Thème de Protection
Sévérité de
la situation Commentaires Recommandations (à lister par
ordre prioritaire)
Sécurité et protection générale
Moyen
Il n’y a aucune base militaire dans le village d’accueil, cependant selon les personnes interrogées sur le site lors de FGD, Elles se sentent en sécurité comparativement à leurs localités d’origine car il y a des patrouilles permanentes des FDS qui les rassurent. D’où même le choix de ce site de Tondia. Néanmoins Les conditions dans lesquelles ils vivent sur le site d’accueil sont précaires (abris de fortune construits avec des tiges de mil exposant aux vents et au froid dans les champs, manque de couverture, de matériels de couchage, de latrine, consommation de l’eau de puits sans traitement, accès difficile aux services de santé et à l’alimentation…).
Cluster protection
Réaliser un plaidoyer auprès des autorités pour reloger les nouveaux PDI dans un site plus viable.
Cluster sécurité alimentaire : Fournir une assistance en vivre, en abris et BNA.
Cohésion
sociale Considérable
Il est ressorti des observations et des discussions avec les leaders de la communauté un problème de cohésion (dont la source n’est pas évoquée) entre les communautés vivant sur ce site. Ce problème se confirme par la fréquentation rare entre les personnes déplacées de Kataka et des autres villages (Kodi, Irkou et
Imarazan).
Pour l’heure, aucun incident entre les deux communautés n’a été signalé. Cependant avec la population hôte les relations sont très bonnes avec toutes les personnes déplacées, ce qui a permis même leurs acceptions pour s’installer dans leurs champs.
Cluster protection
-Mener des sensibilisations sur la cohésion sociale auprès des populations vivant sur le site.
- Créer un comité de gestion de conflits et d’alerte au niveau du site.
Mouvement de
population Moyen
Après le choc qu’ils ont subi, les personnes déplacées ont effectué le voyage à pied pour les adultes, charrette et à dos d’âne pour les femmes et les enfants. Ils ont voyagé dans ces conditions difficiles pendant 2 jours avant de regagner le site de Tondia, lieu où ils habitent présentement dans des abris de fortune construit avec de tiges de mil usés ne permettant pas de garantir leur protection surtout pour enfants.
Cluster protection
Renforcer l’implication des
populations hôtes dans l’accueil des personnes déplacées.
Résumé des résultats principaux de l’ERP et des recommandations principales (Tableau ci-dessous)
Sévérité de la situation 1 (Faible) 2 (Modéré) 3 (Moyen) 4 (Considérable) 5 (Elevé)
Protection de
l’enfance Considérable
Les enfants vivent sur le site dans des conditions précaires avec leurs parents. Ces derniers n’ont pas les moyens nécessaires pour leurs assurer une vie meilleure car difficilement ils arrivent à leurs offrir deux repas par jour, le plus souvent c’est un repas.
Cette situation de précarité alimentaire risquant la malnutrition de ces enfants est due à l’extorsion leurs ressources pendant l’incursion.
La plupart des enfants déplacés sont déscolarisés ou non scolarisés. Cette situation, se justifie par le fait que, dans les zones de provenances les écoles étaient fermées à cause de l’insécurité. Ces enfants sont utilisés pour la corvée d’eau et risquent le mariage, la mendicité pour appuyer les parents dans la prise en charge familiale et l’enrôlement des GANEs.
En plus ces PDIs vivant dans les champs sont dépourvus d’abris et de matériel de couchage, ce qui crée un risque pour la santé des enfants pendant la période froide et également de sécurité.
Cluster protection
Mener des sensibilisations sur les thématiques de la protection de l’enfance ;
Cluster éducation :
-Mener des sensibilisations sur l’importance de la scolarisation des enfants
-Assister les parents dans le processus d’insertions des enfants déplacés dans des centres
d’éducations fonctionnelles.
Violences basées sur le genre
Modéré
Aucun cas de violence basé sur le genre n’a été signalé sur le site.
Cependant il est ressorti pendant les focus groupe que ces sont les femmes qui font la corvée l’eau au niveau du puits de bibiyergou qui se trouve à 3 km du site d’accueil. Cette situation expose les femmes à des risques élevés de VBG (viol, agression sexuelle ou Physique)
Cluster protection
-Sensibiliser les populations sur les thèmes de VBG ;
Cluster EHA
-Créer un mécanisme
d’approvisionnement en eau pour éviter le parcours de cette longue distance aux femmes.
Personnes à besoins spécifiques
Considérable
Plusieurs personnes à besoins spécifiques ont été identifiées pendant le groupe de discussion :
- 01 femme veuve dont son mari a été tué et ses 03 enfants orphelins.
-110 enfants en âge d’aller à l’école déscolarisés ou non scolarisés
Cluster protection
- Assister les personnes identifiées selon leurs besoins spécifiques ;
- Poursuivre le monitoring de protection sur le site afin d’identifier des éventuels cas de protection et les assister
Ressenti
psychologique Moyen
Le choc de l’attaque (la perte de leur membre, leurs bétails et réserves alimentaires emportés) et les conditions du déplacement ainsi que d’hébergement à Tondia mettent les déplacés dans un état de détresse et crée beaucoup d’amertume au sein de cette communauté déplacée.
Cluster protection
- Mettre en place une assistance psychosociale pour les personnes dans le besoin.
Accès aux services de base
Elevé
Santé : le site d’accueil de ces populations n’a pas de centre de santé, ce qui oblige les populations en cas de problème de santé à se rendre soit à Bibiyergou 3 km ou à Dessa qui se trouve à une dizaine de kilomètre. Ils affirment que l’accès au CSI de Dessa leurs est plus facile car le Trafic des véhicules est très dense contrairement à celui de Bibiyergou où la piste est latéritique et qu’avec les problèmes de sécurité les véhicules ne l’empruntent presque plus. Ils sont donc contraints d’utiliser leurs charrettes ce qui rend l’accès à ce service très difficile. Les consultations se font dans les deux CSI a 1100 francs pour toute personne ayant dépassée 5 ans et gratuites pour les enfants de moins de 05 ans.
Education : le village de Tondia dispose d’une école primaire fonctionnelle. Il y’a également deux écoles primaires et un collège dans le village de Bibiyergou à 3 km du site d’accueil de ces déplacés. Notons que les enfants déplacés vivant sur le site n’ont pas bénéficié d’éducation depuis l’avènement de l’insécurité dans cette zone (3 à 4 ans) de provenance. Sur le site d’accueil ne sont pas encore inscrits, ils sont utilisés pour la corvée d’eau. Ils sont Environ 67 garçons et 43 filles vivant sur le site pour le premier recensement pendant cette évaluation.
Eau, Hygiène et Assainissement :
Sur le site de Tondia, il n’existe ni de point d’eau encore moins de latrine permettant aux personnes déplacées de satisfaire leur besoin naturel. Ils s’approvisionnent en eau dans le village de bibiyergou à 3 km. Ce qui constitue une longue distance pour ces populations. La défécation se fait à l’air libre non-loin (100 à 150m sous les arbres) de leurs habitats rendant les conditions
hygiéniques sur le site très précaires. D’où le risque sanitaire auxquels les déplacés en particulier les enfants et les femmes sont exposés. La distance à parcourir pour la corvée d’eau explosent les femmes aux risques de VBG.
Cluster Santé :
Mener des cliniques mobiles pour assister ces déplacés en premier soins répondre ainsi à leurs besoins en santé.
Cluster Education
Assister les déplacés dans le processus de réinsertion de leurs enfants à l’école ;
- Renforcer les capacités de l’école de Tondia afin qu’elle puisse accueillir les élèves déplacés ;
- Assister les enfants en fourniture scolaire et en cantine pour qu’ils arrivent à étudier dans des bonnes conditions.
Cluster EHA :
-Construire des latrines sur le site ; -Mettre à la disposition des déplacés des dispositifs de lavage de mains ; -Mettre à la disposition des déplacés des citernes qui vont leurs permettre de s’approvisionner en eau de qualité -Partager des pures pour assainir l’eau ;
Documentation civile :
Sur le site la totalité des hommes ont des pièces d’état civil, par contre environ 60% des femmes et 80% des enfants ne possèdent pas des pièces d’état civil selon ces personnes déplacées. Selon les informations issues des FGDs. Cet état de fait se justifie par le fait que ces personnes ne voyagent et n’accordent pas
d’importance aux documents civils.
Direction de l’Etat Civil :
- Renforcer la sensibilisation et Faciliter l’obtention des pièces d’état civil a ces personnes déplacées