Le Festival du film documentaire « Peuple(s) en lutte(s) » est organisé par l’Institut Francophone pour la Justice et la Démocratie (IFJD, anciennement Institut Universitaire Varenne).
Ouvert à tous, il se tiendra en parallèle d’une université d’été qui se déroulera à Baigorri sur le thème « Peuples autochtones et Justice transitionnelle ».
Les étudiants de toutes nationalités et les intervenants de l’université d’été participeront donc également au festival. Toutes les projections seront suivies de débats.
Du 30 juin au 7 juillet 2019
30juin
Sauvages - au cœur des zoos humains
1er juilletIndiens d’Amazonie - Le dernier combat
2 juillet
Le Peuple invisible
3 juillet
Les Peuples non contactés
Nous sommes l’Humanité
4 juillet
Le sang des femmes
5 juillet
The price of peace
6 juillet
Brésil - Les Peuples de l’Amazonie face à Jair Bolsonaro
L’exploitation des ressources naturelles La participation politique Les violences faites aux femmes Les langues et cultures Sami, une jeunesse en Laponie
Lieu des projections
Les séances se tiendront dans la salle de cinéma de Bil Etxea (Baigorri, face au Spar).
Contact magalie.besse@ifjd.org / tél : +33 (0)6 87 13 33 00
L’entrée aux séances est libre et gratuite.
18h30 20h30 20h45 20h30 20h30 20h30 9h30 10h00 11h30 14h30 16h00 18h00
Film/Débat Film/Débat Film/Débat Film/Débat Film/Débat Film/Débat Introduction Table ronde Table ronde Table ronde Table ronde Film
Journée de clôture « Combat(s) des peuples » Soirée thématique
Peuple(s) en lutte(s)
4
èmeFestival du film documentaire de Baigorri
Les citations sont extraites d’ouvrages de Caryl Ferey : Haka (Gallimard, 2003) et Mapuche (Gallimard, 2012).
De l’origine de l’humanité aux combats de l’avenir
« Le Sol sur lequel nous nous tenons est sa- cré. C’est la poussière et le sang de nos an- cêtres. »
Cette phrase du chef amérindien Plenty Coups de la tribu des Crows illustre bien le paradoxe contemporain des peuples et des cultures au- tochtones. Plongés – bien malgré eux – dans un environnement hostile, ces peuples, aux racines ancestrales, fragilisés par leur his- toire récente, s’inscrivent dans un rapport au monde qui leur est propre et les distingue des sociétés contemporaines.
Il est d’ailleurs aujourd’hui difficile de les dé- finir. Le peuple autochtone est, d’abord, celui
« qui est de la terre même », c’est-à-dire le
« peuple premier ». Ainsi, par communautés, populations et nations autochtones, on peut entendre celles qui, liées par une continui- té historique avec les sociétés antérieures aux invasions coloniales, se jugent distinctes des autres éléments des sociétés qui les do- minent à présent sur leurs territoires.
Cette « douleur historique », faite des géno- cides subis et de leur mémoire, est fonda- mentale pour les comprendre. Les peuples autochtones sont les peuples de la domination et de la répression. L’ONU les identifie d’ail- leurs par le traitement, auxquels ils ont été et demeurent, très souvent, soumis. Ils sont ainsi les peuples « exclus des processus dé- cisionnels, dont nombre d’entre eux ont été marginalisés, exploités, assimilés par la force et soumis à la répression, à la torture et au meurtre lorsqu’ils se sont exprimés ouverte- ment pour défendre leurs droits ».
La survie des peuples autochtones dépend donc – aujourd’hui encore – de leur capacité de résistance et des combats qu’ils peuvent
mener pour imposer leur réalité. Il leur faut – par la lutte – conserver, développer et trans- mettre aux générations futures les territoires de leurs ancêtres et leur identité ethnique, qui constituent la base de la continuité de leur existence en tant que peuples, afin de sauve- garder leurs propres modèles culturels, leurs institutions sociales et leurs systèmes juri- diques.
Ce Festival et le Forum qui le conclura se veulent d’abord être le récit de ces combats
Récits d’une diversité incroyable des histoires et des lieux qui participent de la réalité uni- verselle de ces minorités menacées.
Récits de la diversité, ensuite, des menaces, économiques, culturelles ou politiques qui, encore aujourd’hui, frappent les peuples au- tochtones
Récits, enfin, de la diversité des luttes et des moyens mobilisés par ces peuples pour résis- ter. Moyens parfois dérisoires, tant le déséqui- libre est grand et la cause a priori désespérée, mais souvent décisifs et toujours essentiels car, sans ce combat-là, il n’y aurait plus de traces de ces peuples sur cette terre.
Mais les images et les témoignages vont plus loin que la narration des combats.
Ces récits montrent aussi l’universalité et la modernité extrême de ces combats. Pourtant fondamentalement liés au plus profond de leurs racines, les autochtones, témoins des origines de l’Humanité, nous interpellent sur des questions d’une absolue modernité.
Au travers de leurs luttes, ils nous parlent d’abord de Démocratie et de répression, de respect des droits humains, du racisme, de la question des minorités et de celle du droit des femmes et des jeunes filles particulièrement menacées.
Ainsi, ces peuples nous interpellent et nous renvoient à notre mémoire coloniale, à nos responsabilités historiques face à leur des- truction et – plus fondamentalement encore – à notre capacité à accepter, dans nos sociétés modernes, l’Autre avec toutes ses différences dans son regard au monde.
Ils nous parlent aussi du maintien et de la pré- servation de la nature et de la biodiversité. Par leurs combats contre la déforestation et les extractions pétrolières, les peuples autoch- tones posent la question de la vraie place de l’Humain au sein de la nature et illustrent la pensée de Claude Lévy-Strauss qui faisait de l’homme « une partie intégrante de la nature, (qui) ne saurait en être dissocié que de façon artificielle et illusoire » (E. Terray, L’Homme, 2012).
Ils nous parlent enfin de diversité. Diversité d’abord linguiste, mais aussi culturelle et re- ligieuse et de la capacité de faire vivre en paix et respect, les unes envers les autres, toutes ces cosmogonies qui témoignent du rapport complexe des individus et des groupes à l’hu- manité tout entière. L’UNESCO, en proclamant
l’année 2019 année des langues autochtones, a donné à ce combat toute sa consécration et toute sa reconnaissance. En attirant « l’atten- tion sur le risque de disparition des langues autochtones et sur l’impérieuse nécessité de préserver, de revitaliser et de promouvoir ces langues, y compris comme vecteurs d’édu- cation, et de prendre sans délai de nouvelles mesures à cette fin aux niveaux national et international », la déclaration de 2018 de l’As- semblée générale de l’ONU résonne de cette volonté.
Et c’est sans doute cela qui doit retenir toute notre attention.
Au-delà de leur inscription au plus profond de leurs traditions et de l’histoire humaine, les peuples autochtones nous posent des ques- tions essentielles quant à notre avenir. Des Maoris de Nouvelle-Zélande aux Samis de Laponie, des Algonquins du Canada aux Awas de l’Amazonie , des Jarawas d’Inde aux Pokots d’Afrique, c’est bien, tout au long de ce fes- tival, l’histoire de notre société qui va nous être racontée et la question de notre futur qui va nous être posée.
ÉDITO - FORUM
Sauvages au cœur
des zoos humains
Un film de Pascal Blanchard et Bruno Victor-Pujebet, 2018 (90 minutes)
Pendant plus d’un siècle, les grandes puissances colonisa- trices ont exhibé comme des bêtes sauvages des êtres hu- mains arrachés à leurs terres natales. Plus d’un milliard et demi de visiteurs ont découvert trente-cinq mille exhibés à tra- vers l’Europe et dans le monde entier, lors d’Expositions uni- verselles ou coloniales, dans des zoos, des cirques ou des villages indigènes reconstitués.
Pour la première fois, un docu- mentaire fait ressurgir ce pan oublié de l’histoire de l’huma- nité. Avec le concours des plus grands spécialistes internatio- naux, il retrace les destins de six exhibés, s’appuyant sur des archives inédites, des images exceptionnelles et les témoi- gnages de leurs descendants.
Dimanche 30 juin - 18h30 Projection et débat
Lundi 1 er juillet - 20h30 Projection et débat
Indiens d’Amazonie Le dernier combat
Un film de Zabou Laurent Richard 2012 (52 minutes)
Ce film raconte le dernier combat mené par les Awas,
une tribu condamnée à disparaître silencieusement. Encerclés par les scieries clandestines, ils n’ont bientôt plus de quoi manger, faute de gibier à chasser dans une forêt chaque jour un peu plus amputée. Mais leur forêt, c’est aussi notre histoire.
Car ce bois coupé illégalement finit parfois chez nous, dans nos magasins, dans nos appartements, en lames de parquet. L’histoire d’une petite tribu face à un grand trafic. Un trafic qui rapporte plus de 15 milliards de dollars par an.
Haka
« C’est devant un des magasins miteux que Jonah Lomu avait vu périr son oncle, massacré à coups de machette. Mais si le célèbre All Black avait réussi à s’en sortir, il était bien esseulé parmi les jeunes autochtones. Avec la crise, le néolibéralisme et l’argent sale, les bandes s’étaient organisées.
L’autorité de la police avait reculé. Il régnait désormais un univers de violence
à peine contrôlée par ceux qui la généraient. Les Maoris, souvent sans travail,
ruminaient les rancœurs colportées par leurs ancêtres depuis que le Royaume-
Uni avait volé leurs terres d’origine. Malgré les accords passés au siècle
dernier, les avantages donnés aux premiers natifs et les récentes restitutions
de la reine d’Angleterre, les jeunes avaient la sensation d’être nés en marge
et que tout était fait pour qu’ils y restent »
Mardi 2 juillet - 20h30 Projection et débat
Le Peuple invisible
Un film de Richard Desjardins et Robert Monderie 2007 (93 minutes)
Le film présente la nation algonquine dans une perspective
historique. Là où ils vivaient, ce que les Blancs leur ont laissé, ce qu’ils sont devenus. Les cinéastes visitent, une à une, toutes les communautés algonquines.
Rapid Lake, Kitcisakik, Lac Simon. L’inventaire, méthodique, permet d’aborder plusieurs des problèmes auxquels est confrontée la nation algonquine. Tout y passe. La dépossession. L’insalubrité. L’assimilation. Le taux de suicide affolant. Le désœuvrement. Les agressions sexuelles des Oblats. Et l’absence de concertation des Algonquins. Un portrait accablant.
Les Peuples non contactés
Animée par Survival international Survival international est une ONG de défense des peuples autochtones du monde entier qui vise à empêcher leur anéantissement.
En œuvrant pour les droits des peuples autochtones, elle souhaite en effet les voir considérés comme des sociétés contemporaines et voir respecter leurs droits fondamentaux.
Mercredi 3 juillet Soirée thématique
20h30
Projection et débat Nous sommes l’Humanité
Un film de Alexandre Dereims 2018 (90 minutes) Quelque part sur notre planète, il existe encore
un endroit caché, demeuré isolé du reste du monde jusqu’à aujourd’hui. Le dernier paradis encore intact où les premiers humains vivent toujours au commencement de l’Humanité.
Ils s’appellent les Jarawas. Ils vivent sur les îles Andamans, en Inde. Ils ne sont plus que 400. Aujourd’hui, notre monde est sur le point de les faire disparaître. Nous sommes l’Humanité pose des questions essentielles sur nos origines, notre rapport à l’autre, notre façon de vivre ensemble, l’égalité entre les sexes, le combat pour le respect des droits humains et notre rapport à la nature. Il nous fait prendre conscience de la fragilité de notre bien commun, la terre et ses habitants.
Nous sommes l’Humanité est leur unique témoignage. Le documentaire est le portrait
intime et poétique d’un peuple authentique et hors du commun. Sans mise en scène ni narrateur, le réalisateur Alexandre Dereims capture leurs émotions au fur et à mesure qu’ils se livrent à sa caméra.
Haka
« – Oui, je l’ai initié, poursuivit le Maori. Ce pauvre être avait besoin de moi, et les dieux le réclamaient. Non pas les dieux d’aujourd’hui, ces pitres qui sont les vôtres, mais ceux de nos ancêtres, avant l’arrivée de Tuti, votre capitaine Cook. Ainsi Tuiagamala devint Tané, le Mal dont chaque civilisation a besoin comme repère. Car, sans notion de bien et de mal, quelles barrières fixer à son peuple ? »
« La symbolique est simple, monsieur Fitzgerald. Elle est la même que la vôtre, quoique plus primitive. Vous avez chassé les dieux multiples que nous honorions mais certains sont revenus. Car ceux que vous nous avez proposés en échange avec la cohorte de missionnaires débarqués sur notre terre ne nous ont finalement apporté que chaos, désorganisation du lien social et familial, mort des croyances, désolation et chômage… Aujourd’hui, certains d’entre nous, esclaves d’hier, reviennent aux anciennes formes de vie, de croyances… Nous honorons nos dieux en secret, loin de vos villes criardes et perverses où nous n’avons nulle place… »
Mapuche
« Ecrasés militairement lors de la Grande Battue à travers la pampa, tirés comme des lapins à coups de Remington, livrés aux écoles religieuses ou comme esclaves aux estancieros qui s’étaient partagés leurs terres, parqués, acculturés appauvris, réduits au silence, mentant sur leur origine lors des rares recensements, oubliant leur culture, les Mapuche avaient traversé le siècle comme des ombres » Des fantômes; En rayant vingt-cinq ans de traités signés avec l’ Espagne, la Constitution de 1810 avait purement et simplement nié les Mapuche, les «gens de la terre» qui vivaient en nomades ici depuis deux mille ans.
« Jana était mapuche, fille d’un peuple sur lequel on avait tiré à vue dans la pampa. [...] Les chrétiens les avaient dépossédés de leurs terres, mais les esprits-ancêtres lui couraient comme des fourmis rouges dans le sang »
Le sang des femmes
Un film de Christian Lajoumard
2011 (52 minutes)
Le peuple Pokot est présent dans le nord-ouest du Kenya et dans une partie de l’Ouganda. Fiers, farouchement indépendants, les Pokots sont dépositaires d’une culture très forte et de traditions particulièrement vivaces. L’une de ces traditions consiste à mutiler les jeunes filles : passage obligé de l’enfance à l’âge adulte. Ce film est le recueil de témoignages de ceux et de celles qui vivent cette tradition… la combattent et souvent la subissent.
Jeudi 4 juillet - 20h30 Projection et débat
« Les étoiles s’allumèrent une à une au-dessus de la terrasse. Ruben réalisa qu’il ne savait rien d’elle.
- Tu as grandi où ? demanda-t-il depuis le banc qui lui faisait face.
- Dans le Chubut, répondit Jana.
- En territoires mapuche ?
- Oui... ( Elle saisit un pétale de rose au hasard de la nappe, le déchira avec application). Mais on a été expulsés de nos terres, elle ajouta. Une multinationale italienne…
- United Colors ?
- Oui. On ne devait pas avoir la bonne…
L’ironie cachait mal l’amertume »
Vendredi 5 juillet - 20h30 Projection et débat
L’activiste néo-zélandais Tame Iti, membre vénérable de la tribu Tūhoe, est un homme de paix qui lutte depuis toujours pour les droits du peuple maori. Artiste et performer, il porte le Ta Moko, tatouage traditionnel. Sa vie a changé le 15 octobre 2007, quand la police l’a emprisonné, l’accusant de terrorisme. Après six ans d’un combat acharné pour laver son nom, il a reçu des excuses officielles et réussi à rétablir le dialogue pour négocier de nouveaux accords avec le gouvernement.
The price of peace
Un film de Kim Webby
2015 (86 minutes)
Elle, 14 ans, est une jeune fille d’origine Sami. Elève en internat, exposée au racisme des années 30 et à l’humiliation des évaluations ethniques, elle commence à rêver d’une autre vie.
Pour s’émanciper et affirmer ce qu’elle souhaite devenir, elle n’a d’autres choix que rompre tous les liens avec sa famille et sa culture.
Sami, une jeunesse en Laponie
Un film d’Amanda Kernell (Fiction, 2018, (113 minutes)
Samedi 6 juillet
18h/20h
Forum public
« Peuple(s) en lutte(s) »
Soirée de clôture conviviale et festive
- Alexis et Félix Tiouka, Militants pour les droits des peuples autochtones de Guyane.
- Rocio Silva Santisteban, Journaliste péruvienne, écrivaine et témoin autochtone.
- Karine Vanthuyne, Professeure en sciences sociales à l’Université d’Ottawa, chercheur à l’École d’études sociologiques et anthropologiques.
- Irène Bellier, Directrice de recherche CNRS et vice-présidente du Groupe international de travail pour les peuples autochtones.
- Tuomas Aslak Juuso, Vice-président du Parlement Sami (Finlande).
- Alejandra Miller, Commissaire de la Commission Vérité et Réconciliation de Colombie
Introduction
Table ronde
Table ronde
Brésil – Les Peuples de l’Amazonie face à Jair Bolsonaro
Par Fiore Longo, Chercheuse, anthropologue et directrice de Survival international France
L’exploitation des ressources naturelles
La participation politique 9h30
10h/11h
11h30/12h30
- Michèle Taïna Audette, Commissaire de l’Office des Affaires autochtones et du Nord Canada.
- Rocio Silva Santisteban, Journaliste péruvienne, écrivaine et témoin autochtone.
- Emmanuelle Walter, Journaliste et auteure de Sœurs volées – Enquête sur un féminicide au Canada.
- Franck Miroux, Professeur d’anglais, Université de Pau et des Pays de l’Adour, Doctorat en préparation : « Conter l’Histoire, raconter son histoire : la parole comme moyen de se réapproprier la mémoire spoliée dans les récits portant sur les pensionnats indiens au Canada »
- Fiore Longo, Chercheuse, anthropologue et directrice de Survival international France.
- Moana Sinclair, Avocate Te Haa Legal, Nouvelle-Zélande.
Table ronde
Table ronde
Les violences faites aux femmes
Les langues et cultures 14h30/15h30
14h30/15h30
(Possibilité de restauration sur place)