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L'ARABIE SAOUDITE CITÉ DE DIEU, CITÉ DES AFFAIRES PUISSANCE INTERNATIONALE. GEORGES DE BOUTEILLER Ancien Ambassadeur de France en Arabie Saoudite

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Texte intégral

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L ' A R A B I E SAOUDITE

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P O L I T I Q U E D ' A U J O U R D ' H U I

L'ARABIE SAOUDITE

CITÉ DE DIEU, CITÉ DES AFFAIRES PUISSANCE INTERNATIONALE

G E O R G E S D E B O U T E I L L E R Ancien Ambassadeur de France en Arabie Saoudite

PRÉFACE DE HENRI LAOUST Membre de l'Institut

PRESSES U N I V E R S I T A I R E S DE FRANCE

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ISBN 2 13 036966 9 1 " édition : 3e trimestre 1981

@ Presses Universitaires de France, 1981 108, Bd Saint-Germain, 75006 Paris

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Sommaire

PRÉFACE DE HENRI LAOUST, 7 Introduction, 11

PREMIÈRE PARTIE

Un Royaume de formation récente Les marques de la géographie et de l'histoire 1- Le Hedjaz commerçant et islamique, 15

2. Le Nejd puritain et pétrolier, 33 3. L'union du Hedjaz et du Nejd, 45

DEUXIÈME PARTIE Une Cité de Dieu 4. Une tradition intégriste, 59

5. Un système politique islamique, 69

• Coutumes et religion dans la vie sociale, 81

TROISIÈME PARTIE Une Cité des affaires

7- Un libéralisme qui ne doit rien à Adam Smith, 93 8. Le choc pétrolier, 105

9. Développement et perspectives économiques, 113

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QUATRIÈME PARTIE U n e p u i s s a n c e i n t e r n a t i o n a l e 1 0 . I d é o l o g i e i s l a m i q u e e t p o l i t i q u e é t r a n g è r e , 1 3 3 1 1 . U n e p o s i t i o n a m b i g u ë d a n s l a n a t i o n a r a b e , 1 4 7 1 2 . A l a t ê t e d ' u n n o u v e a u p a n i s l a m i s m e , 1 6 9 1 3 . A v e c l ' O c c i d e n t , u n e i n t e r d é p e n d a n c e , 1 9 3

C o n c l u s i o n : Q u e l a v e n i r ? , 2 0 9

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Préface

Cet ouvrage se propose de faire comprendre à ses lecteurs cet immense pays dont l'essor récent, tant sur le plan économique que politique, a frappé d'étonnement le monde contemporain.

Pour réussir dans cette analyse peu de personnes étaient aussi bien préparées que Georges de Bouteiller qui, pendant sept ans, de 1968 à 1975, fut ambassadeur de France auprès de l'Etat saoudien. Mettant à profit ce séjour, il sut faire connaissance avec ce vaste pays aux paysages si contrastés et avec ses habi- tants parmi lesquels il sut trouver amis et relations, aussi bien parmi les membres de la famille régnante, les Al Sacud, que parmi ceux des « descendants du cheikh Wahhabite », les « Ahel

al-Cheikh ».

Deux hommes, en effet, p a r leur exemple, continuent de faire sentir leur présence sur cet Etat qui remonte déjà, on ne saurait trop le souligner, à plus de deux siècles d'existence : le théolo- gien Muhammad Ibn 'Abd-al-Wahhab et l'émir bédouin Muhammad Ibn Sacud. En 1745, le théologien et l'émir conclu- rent un pacte d'assistance pour faire régner en Arabie la

«parole de Dieu JI, comprenons : pour faire appliquer la Loi révélée (charica), pour amener ou ramener à un islam bien compris les tribus bédouines d'Arabie restées souvent encore à demi païennes. Le pacte fut respecté et reste toujours valable. Ce premier Etat saoudien, qui avait non pas Riyad pour capitale mais Dariya, connu d'éclatants succès, réussissant même à s implanter pendant quelque temps au Hedjaz, menaçant la Syrie et l'Irak ainsi que les petites principautés du Golfe. On sait comment la Porte obtint du pacha d'Egypte, Méhemet 'Ali,

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qu'il lançât ses troupes à la reconquête des Lieux saints, puis qu'il entreprît une audacieuse randonnée en plein cœur du Nejd.

En 1818, l'oasis de Dafiya fut en grande partie détruite et l'émir saoudien 'Abd Allah emmené en captivité et exécuté à Constantinople. De 1818 à 1821 il n'y eut plus d'émirat saou- dien en Arabie.

Ce fut une branche cadette des Sacud qui avec l'émir Turki reconstitue L'Etat wahhabite en une capitale nouvelle, à Riyad.

Peu à peu les wahhbites reprirent leurs anciennes conquêtes, d'autant plus aisément que la Porte délaissait le Nejd et se bornait à tenir militairement le Hedjaz. Le nouvel Etat connut lui aussi des périodes difficiles et perdit même quelque temps la possession de Riyad.

Il devait appartenir au roi 'Abd alJAziz (m. 1953), encore tout jeune, de reconquérir Riyad en 1901 et de refaire, en lui donnant un éclat nouveau, l'Etat saoudien. Peu à peu 'Abd al- cAziz rétablissait l'autorité saoudienne sur le Nejd après de patients efforts. Mais il y a plus. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il s'était tenu quelque peu à l'écart, ne participant pas à la révolte arabe du chérif Husayn soutenu p a r la politique britannique en 1916, 'Abd alJAziz, par une série d'actions militaires et diplomatiques, réussit à s'emparer du Hedjaz et à en déloger les Hachemites. Proclamé roi du Nejd, du Hedjaz et dépendances, protecteur des Lieux saints de l'islam, politiquement indépendant, 'Abd al-Aziz apparut dès lors comme la plus puissante personnalité politique et religieuse de l'islam. Mort en 1953 le roi 'Abd al-'Azlz eut tour à tour pour successeurs ses fils Saoud, Faycal et Khaled.

Muhammad Ibn Abd al-Wahhab, d'autre part, est resté, tout au long de cette histoire, le théoricien attitré du mouvement p a r son œuvre personnelle, p a r celle de ses descendants et p a r celle de ses disciples. On sait qu'il appartenait à l'école hanbalite, dont le fondateur Ahmad ibn Hanbal mourut à Bagdad en 855, qui compta parmi ses partisans une longue idée de tradition- niste, de théologiens et de jurisconsultes. Parmi les docteurs favoris d'Ibn al-Wahhab figurait Ibn Taymiya qui mourut à Damas en 1328, laissant une œuvre considérable, et dont l'une des particularités fut d'avoir été tout à la fois conservateur et réformiste : conservateur p a r son attachement au Coran et à la Sunna dans le domaine des obligations culturelles, réformateur

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par une mise en œuvre plus souple de la coutume et de l'usage.

01 '" &ieU5e chez l'un comme chez l'autre régit tous les aspects e la vie de l'individu, de la communauté et de l'Etat.

ous deux condamnent le culte des saints, la visite des tombes et e méfient des congrégations mystiques susceptibles de conduire a ce culte.

Tous deux soutiennent aussi les mêmes idées politiques : if Obéissez à Dieu, obéissez à son Prophète et à ceux d'entre vous qui détiennent l'autorité » dit Dieu dans le Coran. On devra compren re par l'expression de « détenteurs de l'autorité » les ux c lasses des émirs (umarac) et des docteurs de la Loi u ama ). Les croyants doivent obéissance, assistance et bon / fU7 autorités et celles-ci ne doivent pas hésiter à dans conseil ^ conseil de leurs administrés. Ainsi se définit, dans le cadre de ces principes très simples, un régime politique respectueux de l'ordre, de la justice et d'une commune participa- tion. Le but de cette action commune est, bien entendu, le respect de la Loi révélée comme l'exposent les différents chapitres des traités de morale et de droit (fiqh).

blèmes L'application f6 ce système fort simple ne pose pas de pro- L6N comp EXES dans le cas d'une société comme la société saoudienne aVec premiers ages. Mais que devait-il en advenir avec découverte et l'exploitation, sur une vaste échelle, des TPCC ources pétrolières, avec la complexité des problèmes posés et conséquences sociales ? A la Cité de Dieu, pour reprendre les expressions de Georges de Bouteiller, allait se jux- taposer la Cité des affaires. Développement démographique, constution de nouvelles classes sociales, relâchement des liens m o r a u x traditionnels, individualisme plus ou moins marqué, esprit d'autres A 6 contestation, matérialisme, voire athéisme et bien patriarcale. fléaux enC°re, risquaient de fondre sur la vieille société Georges de Bouteiller en a pleinement conscience et consaZT à ces problèmes faire plusieurs chapitres auxquels nous ne saurions mieux faire que de renvoyer le lecteur. L'Arabie Saou- dite a la fragilité de sa fortune et de son pouvoir.

P o u r n o t r e part, nous reviendrons aux vieux auteurs aux- quels nous avons déjà beaucoup demandé. « La fortune, pas plus que le pouvoir, nous des dit Ibn T a ^ a - ne saurait une fin en soi. Elle est un des moyens de servir Dieu. Dieu condamne être ceux qui recherchent la fortune pour elle-même et veulent ressembler

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à Crésus comme il condamne ceux qui veulent le pouvoir pour le pouvoir et veulent ressembler à Pharaon. La Loi impose donc de mettre le pouvoir et la fortune au service de Dieu. Lorsque le but assigné à la fortune et au pouvoir est de se rapprocher de Dieu, de faire respecter la religion, lorsque la fortune et le pouvoir sont uniquement utilisés dans ce but, une parfaite prospérité règne aussi bien dans le domaine spirituel que temporel. Mais lorsque le pouvoir se sépare de la religion ou lorsque la religion se sépare du pouvoir, le désordre se met dans l'Etat. »

H e n r i LAOUST Membre de l'Institut

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Introduction

Ce livre a pour ambition de faire connaître l'Arabie Saou- dite d'aujourd'hui à ceux qui n'y étant jamais allés ou n'y ayant fait qu'un court séjour désirent en savoir davantage sur un pays clé de notre époque. L'ouvrage n'est pas destiné aux spécialistes du Moyen-Orient et de l'Islam. Ils y trouveront, cependant, le témoignage d'une expérience enrichissante vécue sur place durant les sept années où j'eus l'honneur de représenter la France dans le Royaume saoudien, de 1968 à 1975.

L'Arabie Saoudite occupe maintenant une place éminente sur la scène mondiale, mais combien auraient pu exactement situer ce pays sur la carte quand je présentai mes lettres de créance au roi Fayçal, le 14 janvier 1968. En Occident on ne s en préoccupait guère, sauf quelques hommes d'affaires anglo- saxons. Le pétrole, alors à 1,80 dollars le baril, ne faisait pas de problème. Mais dans le monde de l'Islam l'Arabie Saoudite bénéficiait de l'estime et du respect dont jouissait auprès des musulmans son souverain Fayçal, un authentique croyant, un esprit tolérant et œcuménique.

Puis ce fut 1973 et la crise énergétique. La grande presse internationale découvrit le Royaume saoudien, vite submergé sous une avalanche de chefs d'entreprises, de banquiers, en quête de fructueux contrats ou de pétrodollars à recycler, d hommes d'Etat du Tiers Monde en mal d'argent.

J ai vu ainsi, successivement, deux visages de l'Arabie Saou- dite à la fois source spirituelle et source d'énergie. Ce que sym- bolyse le diptyque de tous les aéroports saoudiens : deux très grandes photos, brillamment illuminées le soir, l'une la foule

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priant autour de la Kaaba dans la mosquée de La Mekke, l'autre la puissante raffinerie de l'Aramco à Ras Tanoura au bord du Golfe.

Pendant mon long séjour j'ai pu pénétrer quelque peu dans l'Arabie profonde, celle que l'on discerne mal en passant. For- mation politique récente — une cinquantaine d'années, c'est peu à l'échelle de l'histoire — le Royaume rassemble sous le pouvoir de la famille Saoud des régions de la Péninsule que la géogra- phie et l'histoire ont façonnées différemment : le Hedjaz, au bord de la mer Rouge, zone de plaines côtières et de montagnes élevées, de sédentaires — agriculteurs et citadins — traditionnel- lement ouverte sur l'extérieur, dès l'Antiquité, par le commerce, par l'Islam ensuite qui y est né, d'où il s'est propagé de La Mekke et de Medine. A l'opposé, le Nejd, au centre de l'Arabie, avec ses prolongements au nord vers la Jordanie et l'Irak, à l'est vers le Golfe : un pays de nomades chameliers, refermé sur lui-même jusqu'à l'arrivée des premiers prospecteurs pétroliers américains en 1933, mais jamais colonisé. Là sont nés au XVIIIe siècle les mouvements wahhabite et saoudien.

Nous avons consacré le début du livre à ce cadre naturel et à ce passé peu connus, dans la mesure où l'un et l'autre contri- buent à expliquer différences de mentalité, de comportement, de réactions dans l'Arabie Saoudite contemporaine, tout à la fois Cité de Dieu, Cité des affaires et Puissance internationale qui s'affirme parmi les pays arabes, dans la communauté islamique et au sein du monde libre comme partenaire des nations indus- trialisées occidentales.

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première partie UN ROYAUME

D E F O R M A T I O N R É C E N T E

LES MARQUES

DE LA GÉOGRAPHIE ET DE L'HISTOIRE

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1

Le Hedjaz commerçant et islamique

HEDJAZ : le mot hijaz signifie en arabe une « barrière », la c haîne de montagne qui, depuis le golfe d'Akaba, court le long e la mer Rouge, séparant celle-ci des hauts plateaux de l'inté- rieur, le « Nejd ». Ensemble tourmenté de roches primaires et vo lcaniques résultant des mouvements géologiques qui ont tormé fossé de la mer Rouge, coupé de vallées profondes, tombant de façon abrupte sur une plaine côtière étroite (« Tihama » du sud de Jedda au Yémen), la barrière du Hedjaz 2 500-3 000 m, plus encore vers le sud à environ atteint 200 km du parallèle de Jedda, où la chaîne se prolonge sous un autre nom par une zone « d'accès difficile ». Telle est en arabe appellation de cette région montagneuse, l'« Assir », qui s'étend jusqu a Nejran, proche de la République arabe du Yémen, centre de civilisation dans l'Antiquité et la période anté-isla- mique, oasis fertile de vergers, de palmiers dattiers et de cul- ture de céréales, lieu de passage aux temps anciens d'un impor- tant trafic commercial du sud de la Péninsule arabique et du

emen aux pays de la Méditerranée orientale.

La chaîne du Hedjaz a donné son nom à la région allant des jlI*j*tes l Arabie Saoudite avec la Jordanie jusqu'au sud de ,a' temps de la présence turque dans cette partie de la Péninsule Au arabique, le gouvernement du Hedjaz englobait son pro ongement naturel, l'Assir, jusqu'au Yémen occupé aussi par Po Porte.Ottomans, où résidait un autre représentant de la Sublime En revanche, les Chorfas hachémites de La Mekke, qui

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régnèrent jusqu'en 1925 sur le Hedjaz1, ne contrôlaient pas l'Assir. Les Saoud durent batailler durement pour y pénétrer en 1921 sous la conduite d'un jeune prince, l'émir Fayçal, futur roi d'Arabie Saoudite.

Le Hedjaz est une région de civilisation urbaine. La Mekke et Médine, villes saintes de l'Islam, s'y trouvent ainsi que le port de Jedda, le mieux équipé de la mer Rouge et l'important nœud de communication de Taef, d'où l'on peut gagner l'inté- rieur de la Péninsule ou le Yémen.

A 1 630 m d'altitude, à la limite orientale du Hedjaz, Taef n'est pas facile d'accès quand on vient de la côte. Après un parcours en plaine, une belle route asphaltée, qui a remplacé les anciennes pistes, gravit la montagne et après quinze kilomètres de lacets parvient à un col à environ 2 000 m pour redescendre ensuite en pente douce vers Taef. Le roi et son gouvernement y résident l'été. Il faut une solide voiture pour s'y rendre au mois de juillet quand la température au pied de la chaîne oscille entre 45 et 50 °C. Impossible d'utiliser la climatisation tant le moteur chauffe dans la montée du col.

Le Hedjaz a ses villageois dans les vallées où les résurgences d'eau permettent des cultures. Le nombre de paysans séden- taires augmente du nord au sud en fonction du régime des pluies. Dans l'Assir une civilisation rurale s'est développée sur les hauts plateaux entre 2 500 et 3 000 m. On y pratique des cultures en terrasses. C'est déjà le Yémen à maints égards : conditions naturelles, genre de vie des habitants et même le dialecte arabe local. La région était d'ailleurs yéménite jusqu'en

1934, date à laquelle elle fut annexée par l'Arabie Saoudite.

Les moussons d'été du Sud-Ouest asiatique parviennent un peu jusqu'à ces montagnes et donnent à cette partie de l'Arabie Saoudite, notamment autour d'Abha et Khemis Mechaiet, un aspect « verdoyant », bien différent de ce que l'on imagine à

1. Dans cet ouvrage, nous retenons la transcription habituelle en France du mot arabe hijaz par « Hedjaz ». La transformation du j en dj est due à la longue présence ottomane dans le pays. La lettre j dans la langue turque se prononce dj (un traitement phonétique analogue a été appliqué au nom de la ville de « Jedda », devenue Il Djedda »). L'anglais a adopté un calque de l'arabe. On écrit et l'on prononce « hijaz » et Il Jedda ».

La transcription usuelle en France de la « Mecque » est très éloignée du mot arabe

« Mekka ». Nous avons préféré écrire - La Mekke ».

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CARTE DE L'ARABIE SAOUDITE

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l ' é t r a n g e r o ù l ' A r a b i e S a o u d i t e é v o q u e p l u t ô t des i m a g e s d e d é s e r t , de d u n e s de sable, d ' o a s i s et de pétrole.

C o m m e il p l e u t s u r les m o n t a g n e s , le g o u v e r n e m e n t a e n g a g é u n e p o l i t i q u e d e m i s e e n v a l e u r a g r i c o l e d e cette r é g i o n e n c o n s t r u i s a n t des b a r r a g e s p o u r r e t e n i r les e a u x q u i v o n t se p e r d r e d a n s la m e r R o u g e p a r le w a d i (rivière) J i z a n , ou q u i , s u r le v e r s a n t est d e la c h a î n e , d i s p a r a i s s e n t d a n s les zones d é s e r t i q u e s d e l ' e m p t y q u a r t e r , le g r a n d S a h a r a s a o u d i e n , la

« r é g i o n vide ».

Au H e d j a z , o n r e n c o n t r e a u s s i des s e m i - n o m a d e s , p a s t e u r s d e m o u t o n s et d e c h è v r e s , q u i o s c i l l e n t , selon les p r é c i p i t a t i o n s a t m o s p h é r i q u e s , des vallées d e la m o n t a g n e à la côte, s u r t o u t e n t r e J e d d a , L a M e k k e et M é d i n e , o ù la b a r r i è r e d u H e d j a z s ' a b a i s s e à 1 5 0 0 et m ê m e 1 0 0 0 m , se divise e n r a m e a u x , p a r - fois p e r p e n d i c u l a i r e s à l'axe g é n é r a l de la c h a î n e .

Le H e d j a z , b i e n a v a n t la n a i s s a n c e d u P r o p h è t e M o h a m m e d e n 587 d e n o t r e è r e à L a M e k k e , a v a i t e u u n e l o n g u e h i s t o i r e .

Dès l ' A n t i q u i t é ce p a y s t e n a i t u n e g r a n d e place d a n s le sys- t è m e d ' é c h a n g e s é c o n o m i q u e s e n t r e les d e u x pôles d u m o n d e civilisé d ' a l o r s , la C h i n e et l ' I n d e d ' u n e p a r t , l ' E g y p t e et les p a y s d u M o y e n - O r i e n t d ' a u t r e p a r t .

G r â c e à sa p o s i t i o n g é o g r a p h i q u e s u r l ' u n e des g r a n d e s voies c o m m e r c i a l e s d e ces t e m p s l o i n t a i n s . P a r l ' i n t e r m é d i a i r e des A r a b e s d u Y e m e n et d u H e d j a z p a r v e n a i e n t a u b a s s i n m é d i t e r - r a n é e n les soieries, p o r c e l a i n e s , p i e r r e s p r é c i e u s e s o u épices d ' E x t r ê m e - O r i e n t , les a r o m a t e s , l ' e n c e n s d u S u d a r a b i q u e d o n t f a i s a i e n t g r a n d u s a g e l ' E g y p t e des P h a r a o n s et les o c c u p a n t s successifs d u M o y e n - O r i e n t a v a n t n o t r e è r e ( A s s y r i e n s , P e r s e s , Grecs, R o m a i n s ) . Le s u d d e la p é n i n s u l e a v a i t le m o n o p o l e d e la p r o d u c t i o n d e l ' e n c e n s et d e la m y r r h e , d a n s la r é g i o n d u D h o f a r , o ù a u j o u r d ' h u i s ' a f f r o n t e n t les m a q u i s a r d s d e la r é p u - b l i q u e d é m o c r a t i q u e d u Y e m e n et les t r o u p e s d u s u l t a n d ' O m a n e n c a d r é e s p a r des A n g l a i s .

Le rôle c o m m e r c i a l d u H e d j a z et d u s u d d e l ' A r a b i e est

connu depuis le Ier millénaire avant notre ère. Deux événements avaient permis le développement des échanges économiques entre pays aussi lointains : la domestication du dromadaire et l'invention, au début du Ier millénaire avant Jésus-Christ, de l'écriture alphabétique par les Phéniciens. L'Arabie du Sud fut le siège d'une civilisation évoluée. Les royaumes de Main, Qua-

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to an, Hadramaout et surtout de Saba, à la chronologie encore les Incertaine, assuraient des échanges avec l'Extrême-Orient, par navigateurs arabes yéménites qui se rendaient aux Indes et Insulinde. La route dite de l'encens partait des ports du Sud emen ou ces navigateurs apportaient les produits de l'Ex- trême-Orient, gagnait par la vallée du Tarim dans le Hadra- maout la le royaume de la reine de Saba, jadis florissant jusqu'à de rupture l'ère grand barrage de Maariv dans les premiers siècles ère chrétienne, événement considérable à l'époque dont la mention figure dans le Coran lui-même. On en voit aujourd'hui encore les ruines et la tribu environnante s'appelle toujours en arabe « Sabioun » - les Sabéens2.

u Yemen les caravanes de chameaux et d'ânes se diri- lo ^ vers le nord, par deux pistes, qui existent toujours, le dan* 6 la pente est chaîne de l'Assir, puis du Hedjaz, aride un de environnement de végétation constrastant avec l'aspect de N C plaine côtière. Un itinéraire marqué par les localités deux ejrane et d'Abha. L'autre passe par l'oasis de Bisha, les as ph ^0les se rejoignent à Taef d'où part aujourd'hui une route Pa H t6e que gouvernement saoudien fait faire à grands frais du sociétés routières de la Chine nationaliste et de la Corée relie U ' Suivant le tracé de l'antique piste caravanière, elle bell 0 par Abha Hedjaz au Yemen, à coup sûr l'une des plus

A pIttoresques routes du Moyen-Orient.

des U k Taef, les mouvements géologiques ont fait surgir Les r,,e CS volcaniques noirâtres où aucune vie n'est possible.

Vers <jaravanes devaient contourner ces massifs, en obliquant vers l'ouest. La crête Hedjaz s'infléchit à hauteur de Taef.

Par le col à

2 000 m d'altitude on gagne la zone côtière. Il n'y a guère d'autre passage, la « barrière » tombant de façon très abrupte sur la plaine. &

fr é Ur la chaîne du Hedjaz, les précipitations sont bien plus fréquentes que sur la côte de la mer Rouge. En sept ans de dégâts dans la ville

présence à Jedda, j 'ai a peine vu trois orages de vingt a vingt-

d é g â t s ^ a l a S ^ ^ s a n t s c e p e n d a n t p o u r c a u s e r b e a u c o u p d e 2

la vie à cette ®rnement actuel de la République arabe du Yemen projette, pour rendre 3 Rien en glOn, effet, ' rec0nstruire le de Maariv.

Pas d'écoulernent de ° ^ est pour la pluie... ! Ni la voirie urbaine, qui ne comporte gouttières n'exist s eaux ciel, ni les toitures en terrasses des maisons, où les

en pas ou sont bouchées par l'abondante poussière du pays.

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L e s o r a g e s q u i t o m b e n t s u r l a m o n t a g n e a l i m e n t e n t d e s n a p p e s d ' e a u a u p i e d d e l a c h a î n e . C ' e s t a u t o u r d ' u n p u i t s , c é l è b r e d a n s l ' h i s t o i r e d e l ' I s l a m , q u e n a q u i t L a M e k k e , d a n s u n e c u v e t t e b o r d é e d e q u e l q u e s r a m e a u x b a s a l t i q u e s d u h i j a z , p o i n t d e p a s s a g e i m p o s é p a r l a n a t u r e , l i e u d ' é t a p e d e s c a r a - v a n e s s a i s o n n i è r e s .

C e l l e s - c i , a p r è s l ' é t a p e d e L a M e k k e o ù s e d é r o u l a i e n t d ' a r - d e n t e s s p é c u l a t i o n s c o m m e r c i a l e s , g a g n a i e n t p a r l a v a l l é e d e l ' o u e d F a t i m a l a z o n e c ô t i è r e , l e p o r t d e Y a n b u e t d e l à s e d i r i g e a i e n t a u n o r d - e s t v e r s Y a t h r e b ( p l u s t a r d M é d i n e ) à t r a - v e r s u n p l a t e a u à 8 7 0 m d ' a l t i t u d e , à l a l i m i t e o r i e n t a l e d e l a c h a î n e d u H e d j a z à 4 6 0 k m d e L a M e k k e .

A u - d e l à d u c e n t r e d e Y a t h r e b o ù a v a n t l ' I s l a m c o h a b i t a i e n t j u i f s e t c h r é t i e n s , l a p i s t e t r a d i t i o n n e l l e ( d e n o s j o u r s u n e r o u t e a s p h a l t é e ) l o n g e a i t l e m a s s i f d e r o c h e s n o i r e s v o l c a n i q u e s d u H a r r a , e n s u i v a n t a p r è s l a p a s s e d e K h a ï b a r u n e v o i e j a l o n n é e d e p o i n t s d ' e a u e t d ' o a s i s d e v e r d u r e j u s q u ' à T a b o u k . L e r e l a i s c o m m e r c i a l y é t a i t a s s u r é p a r l e s N a b a t é e n s , p e u p l e a p p a r e n t é a u x A r a b e s e t q u i a v a i e n t a u H e d j a z d e s e n t r e p ô t s , e n p a r t i c u - l i e r à H i j r a , a u j o u r d ' h u i a p p e l é « M a d a i n - S a l e h », o ù l ' o n p e u t v o i r e n c o r e d e s t o m b e a u x t a i l l é s d a n s d ' i m m e n s e s f a l a i s e s d e g r é r o u g e 4 .

P e t r a ( d e n o s j o u r s d a n s le R o y a u m e d e J o r d a n i e ) , c a p i t a l e d e s N a b a t é e n s , é t a i t l e p o i n t d ' é c l a t e m e n t d e s c a r a v a n e s , s o i t v e r s l a S y r i e , l a M é s o p o t a m i e e t l ' E m p i r e r o m a i n d ' O r i e n t , s o i t v e r s l ' E g y p t e . C e p e n d a n t , u n e p i s t e p e r m e t t a i t d e j o i n d r e Y a t h r e b à l a M é s o p o t a m i e p a r l e s o a s i s d e T a y m a e t d e P a l - m y r e .

L i e u d ' é t a p e e t d e t r a n s i t c o m m e r c i a l , L a M e k k e p o s s é d a i t d e s h o m m e s d ' a f f a i r e s a v i s é s q u i s u r e n t t i r e r p r o f i t d e l a s i t u a - t i o n p r i v i l é g i é e d u H e d j a z s u r u n e g r a n d e r o u t e d u c o m m e r c e m o n d i a l d e l ' A n t i q u i t é .

L a M e k k e d e v a i t a u s s i s o n p r e s t i g e à l ' e n v i r o n n e m e n t r e l i - g i e u x d u s i t e a v a n t l a n a i s s a n c e d e l ' I s l a m . C ' e s t l à , d a n s u n l i e u a r i d e , q u e le p a t r i a r c h e A b r a h a m a b a n d o n n a A g a r , s o n

4. Le m ê m e i t i n é r a i r e sera suivi 2 0 0 0 a n s plus t a r d p a r le c h e m i n de f e r d u Hedjaz, c o n s t r u i t p a r les T u r c s a v a n t la P r e m i è r e G u e r r e m o n d i a l e p o u r u n i r I s t a n b o u l et D a m a s avec les Lieux saints de l ' I s l a m et aussi d a n s u n b u t s t r a t é g i q u e . Les t r a v a u x s ' a r r ê t è r e n t à Médine. D a n s u n pays où l'eau est r a r e , la n a t u r e i m p o s e à tous les âges les m ê m e s voies de c o m m u n i c a t i o n .

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é p o u s e e t s e r v a n t e , a v e c s o n f i l s I s m a ë l , u n s a c d e d a t t e s e t u n e g o u r d e d ' e a u . L a m è r e d ' I s m a ë l a l l a i t a l ' e n f a n t e t b u t l ' e a u q u i r e s t a i t .

Q u a n d l a g o u r d e f u t v i d e , l a m è r e e t l ' e n f a n t e u r e n t s o i f . g a r s e d i r i g e a a l o r s s u r l a c o l l i n e l a p l u s p r o c h e , E s S o f a , p u i s e s c e n d i t , n ' a y a n t v u p e r s o n n e , t r a v e r s a l a v a l l é e e t g r a v i t l a l n e d e M a r w a h , e t a i n s i s e p t f o i s d e s u i t e . E t v o i c i q u ' u n a n g e a p p a r u t p r è s d ' e l l e , a u l i e u o ù s e t r o u v a i t u n e n a p p e d ' e a u s o u t e r r a i n e .

s o n a i l e , l ' a n g e f r a p p a l e s o l . L ' e a u e n j a i l l i t . A g a r s e

^ t a d e c r e u s e r u n p u i t s e t d e r e m p l i r s a g o u r d e . L ' e a u c o u l a e n « g l o u g l o u t a n t ». T e l e s t l ' o r i g i n e d u p u i t s d e « Z e m z e m » ( e t sens s m o t a r a b e q u i s i g n i f i e « g l o u g l o u t e r » ) . A u j o u r d ' h u i , d a n s 1 e n c e i n t e d e l a m o s q u é e d e L a M e k k e , c e p u i t s f o u r n i t * a u x P è l e r i n s m u s u l m a n s u n e e a u f r a î c h e e t l i m p i d e .

S e l o n l a t r a d i t i o n , A b r a h a m v i s i t a d e n o u v e a u l e H e d j a z e t e n t r e p r i t a v e c I s m a ë l l a c o n s t r u c t i o n d ' u n e m a i s o n d e D i e u ,

sous forme d'un cube, « la Kaaba », qui devait tenir par la suite Une place si importante dans les rites de l'Islam.

Ainsi La Mekke se développa autour des points d'eau d'une située entre les rameaux montagneux de la chaîne du et du temple de la Kaaba, peuplé au cours des siècles d'idoles liediaz nombreuses - 366 dit-on. Centre commercial, entrepôt de larchandises, lieu d'un culte et d'un pèlerinage païens, telle ét la&lt 1 étape de La Mekke où les caravaniers offraient l'encens, 1'1,,d,e, Inyrrhe, l'or et l'argent des montagnes d'Arabie, les épices de n e, les soieries chinoises, en échange de cotonnades et tissus Près d'Egypte, des étoffes de Damas, des armes finement 1 lees de Boçra en Syrie et des céréales si nécessaires, auj()urd 'hui encore, dans le Hedjaz à faible pluviométrie.

religion et au commerce étaient associées, comme dans oires du Moyen Age, des activités poétiques. Sur cette grande voie commerciale se tenaient des concours de poésie en un lieu appelé okaz entre Taef et La Mekke. Peu de temps avant sa disparition, le roi Fayçal avait constitué une commis- d'ofc lettrés pour tenter de retrouver l'emplacement exact A l' occasion de la foire qui avait lieu lors du passage des (n e s , des poètes venaient déclamer des poèmes courts adjaz), dont le vers de quatre syllabes avait été, dit-on, ins-

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Enfin l'ouvrage attendu sur un pays clé du monde contemporain, écrit par un connaisseur. Un des Français qui a le mieux connu le roi Fayçal et les dirigeants actuels, ambassadeur de France dans le Royaume saoudien durant sept ans (1968-1975). L'auteur a su nouer pendant ce long séjour des relations dans tous Les milieux et pu pénétrer ainsi dans les profondeurs d'un pays peu accessible dont tous les aspects nous sont présentés de façon vivante dans un livre agréable à lire, préfacé- par M. Henri Laoust, membre de l'Institut.

Cadre naturel et population créent des contrastes que l'on imagine mal en Occident A la Cité de Dieu, dont la loi musulmane règle tout le fonctionnement politique, social, économique même, est juxta- posée une Cité des affaires où l'on a évité certaines erreurs commises dans l'Iran impérial. Une puissance internationale qui, dans le monde moderne, fonde toute sa politique étrangère sur l'idéologie islamique, support aussi d ' u n e vaste entreprise unitaire dans le cadre d'une

« nation islamique », nouveau style. Pour l'Occident, un partenaire économique indispensable, mais aussi u n soutien politique du monde libre. Source de richesses spirituelles et matérielles, un double défi pour ses dirigeants. Un livre qui restera une référence sur l'Arabie Saoudite d'aujourd'hui et de demain.

Georges de Bouteiller a été ambassadeur de France en Arabie Saoudite de 1968 à 1975.

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