200 Images en Ophtalmologie
•Vol. XI - n° 6
•novembre-décembre 2017
Uvéite • Syphilis • VIH.
Uveitis • Syphilis • HIV.
Cas clinique
Légendes
Figure 1. Roséole syphilitique (d’après [1]).
Figure 2. Principaux aspects ophtalmo- logiques de la syphilis au fond d’œil (d’après [2]).
a, b. Œdème maculaire bilatéral.
c. Aspect de vascularite.
d. Aspect de pseudo-rétinite pigmentaire angiographique.
e, f. Papillite rétinophotographique et angio- graphique.
g, h. Rétinite, aspect peau de léopard (angio- graphie à la fluorescéine et autofluores- cence).
i, j. Foyer choriorétinien placoïde (rétino- photographie et angiographie à la fluo- rescéine).
Uvéite syphilitique révélant une infection par le VIH
Syphilitic uveitis at the diagnosis of HIV infection
J.L. Meynard
(Service des maladies infectieuses et tropicales, hôpital Saint-Antoine, Paris)
U n patient, âgé de 38 ans, ayant des relations sexuelles avec des hommes, consulte pour un fl ou visuel bilatéral d’aggravation progressive depuis 2 semaines.
Observation
À l’interrogatoire, on retrouve, 1 mois auparavant, une éruption du tronc et des avant-bras, non prurigineuse, spontanément résolutive en une dizaine de jours (figure 1) . L’examen clinique est sans particularité. L’examen ophtalmologique retrouve un œdème papillaire bilatéral avec une baisse très significative de l’acuité visuelle.
Devant le tableau clinique, une uvéite liée à la syphilis est évoquée. Le VDRL (Venereal Disease Research Laboratory) et le TPHA (Treponema pallidum hema gglutination assay) sont très positifs, respectivement, à 1/256 et 1/20 480.
La ponction lombaire réalisée confirme le diagnostic de neurosyphilis avec une augmentation de la cellularité (70 éléments, 80 % de lymphocytes, protéino- rachie à 0,58 g/l ; la glycorachie est à 3,8 mmol/l pour une glycémie à 5 mmol/l).
Le VDRL est également positif dans le liquide céphalorachidien. Une infection par le VIH est découverte à cette occasion.
Devant ce tableau de neurosyphilis, un traitement par pénicilline G 24 MU d’unités par jour en 6 perfusions i.v. est débuté.
L’absence d’amélioration à J12 nous conduit à réaliser 3 bolus de méthyl- prednisolone (500 mg), puis à instaurer une corticothérapie à 1 mg/kg, rapi- dement décroissante.
À J30, on note une amélioration significative et une régression quasi complète à 3 mois.
Discussion
La syphilis est responsable d’environ 1 à 8 % des uvéites. L’uvéite peut apparaître à tous les stades de la maladie ; elle est fréquemment bilatérale (44-71 %), avec principalement des uvéites antérieures granulomateuses (25-50 %) et des uvéites postérieures (10 %). Les différents aspects ophtalmologiques de la syphilis sont représentés sur la figure 2 .
Le traitement de référence reste la pénicilline G par voie injectable. La cortico- thérapie locale a montré son intérêt dans les kératites ou uvéites antérieures.
Lors des atteintes postérieures, même s’il n’existe pas de preuve formelle, la corticothérapie systémique doit être discutée, en particulier dans les formes
très inflammatoires.
IIJ.L. Ménard déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.
Références bibliographiques
1.
Chiquet C, Khayi H, Puech C et al. Atteinte
oculaire de la syphilis. J Fr Ophtalmol 2014;
37(4):329-36.
2.
Carbonnière C, Couret C, Guillouzouic A et al.
Syphilis oculaire : étude rétrospective de 27 cas au CHU de Nantes de 2000-2013. Rev Med Int 2015;35:722-7.
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