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Connaissance et pratiques des bouchers face à l’hydatidose : enquête auprès des boucheries de la wilaya de rabat salé zemmour zaêr

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Academic year: 2021

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I. Introduction :

L’hydatidose, échinococcose hydatique, maladie hydatique, ou encore cancer parasitaire, est une zoonose commune à l’Homme et aux mammifères herbivores. Cette maladie parasitaire est due à la présence et au développement chez l’Homme de la forme larvaire d’Echinococcus granulosus ; la forme adulte étant hébergée par des carnivores, essentiellement le chien.

L’hydatidose est un problème de santé publique dans les zones d’endémie représentées par tous les pays d’élevage du mouton et en particulier, les pays du pourtour méditerranéen, notamment le Maroc [1].

L’homme contracte la maladie par ingestion des œufs selon deux modalités, et avant tout par voie directe, car le chien qui se lèche l’anus, souille d’œufs sa langue et son pelage en faisant sa toilette et contamine l’homme en lui léchant le visage ou en se faisant caresser. La contamination indirecte s’effectue par l’eau de boisson, les fruits ramassés à terre et les légumes crus souillés par les œufs. Les œufs sont dispersés passivement par le vent, la pluie, les ruisseaux, les mouches coprophages, les arthropodes mais aussi par les chaussures de l’homme ou les pattes des animaux. Parfois, des coutumes favorisent la transmission. Ainsi au Kenya, les excréments sont utilisés comme emplâtre pour les plaies et comme lubrifiant pour les colliers des femmes. Au Moyen-Orient, ils sont utilisés pour ramollir le cuir des chaussures. Enfin, la transmission interhumaine est impossible et l’ingestion de viscères crus contenant les métacestodes d’Echinococcus granulosus n’est pas infestante pour l’homme [2].

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La localisation hépatique est la plus fréquente, suivie de la localisation pulmonaire, mais en pratique tout organe peut être atteint, avec une localisation simultanée à un ou plusieurs viscères dans 25% des cas. Le diagnostic peut être direct ou indirect grâce à des réactions sérologiques [3]. L’ablation chirurgicale est le traitement de première intention parfois associé à l’albendazole pendant plusieurs mois ou années. La prophylaxie nécessite de couper le cycle en traitant les chiens et en détruisant les cadavres de moutons infestés [4].

L’hydatidose est considérée comme un problème de santé publique en raison de son impact économique sur les productions animales et de son impact social sur la santé humaine. Sur le plan économique, la maladie est très coûteuse aussi bien pour le malade que pour l’état. Les pertes financières sont imputables aux frais de prise en charge médicale des personnes atteintes, qui nécessitent une intervention chirurgicale suivi d’une à plusieurs semaines d’hospitalisation [3]. Au Maroc l’hydatidose est une des maladies parasitaires les plus fréquentes et les plus graves, de ce fait elle constitue une préoccupation du ministère de la santé.

Nous rapportons et discutons dans notre étude les résultats de la première enquête réalisée au Maroc, sur les connaissances et les pratiques des bouchers de la Wilaya de Rabat Salé Zemmour Zaêr face à l’hydatidose, à travers une enquête épidémiologique descriptive menée du 1er Octobre au 30 Novembre 2008.

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II. Objectif de l’étude :

L’objectif de notre étude est d’analyser les connaissances, les comportements et les habitudes des bouchers de la région de Rabat, et d’en évaluer l’impact sur la transmission du kyste hydatique.

III. Période et Type d’étude :

Il s’agit d’une étude épidémiologique, transversale, descriptive et analytique sur le terrain. L’étude a été réalisée sur une période de deux mois, du 1er octobre au 30 Novembre 2008.

IV. Matériels et méthodes :

C’est une étude prospective basée sur un questionnaire établi à cet effet, pour répondre à un certain nombre de questions concernant les connaissances des bouchers vis-à-vis du kyste hydatique. Le questionnaire utilisé comporte 19 questions, et inclut les différents paramètres jugés nécessaires pour notre étude. La méthode d’échantillonnage adoptée est celle du sondage en grappes, les boucheries ont été choisies de façon aléatoire.

Nous avons procédé à une interview sur place après avoir expliqué aux bouchers l’objectif de l’étude, et précisé les différentes composantes du questionnaire.

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Le questionnaire utilisé dans notre étude est le suivant :

1- Type de boucherie :

Milieu urbain milieu rural 2- Niveau d’instruction :

Aucun Primaire Secondaire

3- Ancienneté de la boucherie :

1 à 5 ans 6 ans à 10 ans > 10 ans 4- Mode de conservation -moyen de réfrigération existant- :

Oui Non

5- Mode d’approvisionnement en viandes :

Abattoir Source clandestine 6- Type d’animaux abattus :

Ovins Bovins Autres …….

7- Lieu d’abattage :

Abattoir Autres ………..

8- Présence de chiens aux alentours de la boucherie :

Oui Non

9- Connaissance de la maladie :

Oui Non

10- Connaissance de la possibilité de l’infection humaine :

Oui Non

11- Connaissance des aspects cliniques de la maladie chez et l’homme et sa gravite :

Oui Non

12- Connaissance du mode de transmission :

Oui Non Réponse …………..

13- Reconnaissance des viscères parasités :

Oui Non

14- Préalable rencontre des viscères parasités durant la pratique quotidienne :

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5

15- Comportement des bouchers vis-à-vis des viscères parasités:

Les jeter Les donner aux chiens Les enterrer

Aucun 16- Eau à disposition :

Eau potable Eau non potable Absence d’eau 17- Capacité de décrire une méthode prophylactique :

Oui Non réponse…………

18- Sources d’information à propos de la maladie :

Télévision Radio Journaux

Expérience 19-Régularité des contrôles sanitaires des autorités :

Oui Non

Analyse des données :

La saisie et l’analyse des données ont été réalisées par Excel 2007 et sur le logiciel Epi info 6.

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6

V. Résultats :

Durant la période d’étude, nous avons inclus 43 boucheries, dont 33 sont situés à Rabat (milieu urbain), et 10 à Témara (milieu rural). Les boucheries visitées sont divisées en Hanout et tables.

Le tableau suivant montre la répartition des boucheries visitées en fonction du milieu, quartier, nombre et type de boucherie.

Tableau 1 : Répartition des boucheries visitées en quartier et en nombre

Milieu Quartier Nombre Type de boucherie

Hanout Table Milieu urbain Lkamra 5 1 4 Dowar cora 3 2 1 Yaakoub El mansour 5 3 2 Akkari 5 5 0 L’océan 3 2 1 Bab El had 1 0 1 Takaddom 6 3 3 Youssoufiya 4 2 2 Hay Nahda 1 1 0

Milieu rural Temara 10 10 0

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7 V.1. Concernant les boucheries :

V.1.1. Type de boucherie :

Dans notre étude, les boucheries visitées situées en milieu urbain sont au nombre de 33 (77%), tandis que celles du milieu rural, elles sont au nombre de 10 (23%).

Figure 1 : Répartition en pourcentage des boucheries par milieu V.1. 2. Ancienneté de la boucherie :

Parmi les 43 boucheries visitées, 37 ont une durée d’expérience supérieure à 10 ans, quatre entre 6 et 10 ans, et deux seulement moins de 5 ans.

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8 V.1.3. Moyen de réfrigération :

Parmi les boucheries visitées, 72% ne possèdent pas un moyen de réfrigération adéquat, dont 44,19% appartiennent au milieu urbain.

Figure 3 : Répartition en pourcentage des moyens de réfrigération

Un grand nombre des bouchers enquêtés préfèrent utiliser la glace et les glacières pour conserver les abats au lieu du réfrigérateur.

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9 V.1.4. Eau à disposition :

Plus de 48% des bouchers enquêtés utilisent de l’eau potable, tandis que 16,28% travaillent sans eau. L’eau non potable est utilisée par 34,88% des bouchers dont 80% en milieu rural.

Figure 5 : Répartition en pourcentage des différents types d’eau utilisée par les bouchers

V.1.5. Mode d’approvisionnement en viandes :

Nous avons constaté que 60% des boucheries du milieu rural prennent leur viande directement à partir d’abattoir, alors que toutes les boucheries du milieu urbain s’approvisionnent de la même source.

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10 V.1.6. Types d’animaux abattus :

Parmi les animaux abattus, les bovins viennent en première place avec 88,37% de tous les animaux, ensuite les ovins et les caprins avec un pourcentage de 60,47 et 13,95% respectivement.

Figure 7 : Répartition en pourcentage des types d’animaux abattus

Figure 8 : Photo prise à Yaakoub El Mansour montrant le niveau d’hygiene défectueux des tables de viandes

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11 V.1.7. Lieu d’abattage :

Tous les bouchers enquêtés confirment que l’abattoir est le seul endroit réservé à l’abattage des animaux.

Figure 9 : Photo prise à Yaakoub El Mansour montrant un boucher propriétaire d’une table de viande

V.1.8. Présence des chiens errants:

Nous avons noté la présence de chiens errants dans 20,93% des boucheries visitées.

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V.1. 9. Régularité des contrôles sanitaires des autorités :

Plus que 76% des bouchers enquêtés confirment la régularité des visites et des contrôles sanitaires des autorités surtout en milieu rural.

Figure 11 : Régularité des contrôles sanitaires des autorités en pourcentages V.2. Concernant les bouchers :

V.2.1. Niveau d’instruction :

Plus de 37% des bouchers enquêtés sont analphabètes, la majorité d’entre eux appartiennent au milieu urbain. 9 bouchers ont un niveau secondaire, alors que deux sont des universitaires.

Figure 12: Répartition en pourcentage des différents niveaux d’instruction des bouchers

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V.2.2. Connaissance de la maladie et de son mode de transmission:

Parmi les bouchers enquêtés 93,02% connaissent bien le kyste hydatique, et ils l’appellent en arabe ( ). Alors que 6,98% n’avaient aucune idée sur la maladie.

Figure 13: Connaissance de la maladie hydatique en pourcentages

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14

Parmi les bouchers enquêtés, trois seulement (6,98%) connaissaient le mode de transmission correct, et presque 93% des bouchers ignoraient le rôle du chien dans la transmission de la maladie.

Figure 15 : Connaissance du mode de transmission de la maladie hydatique en pourcentages

D’ailleurs plusieurs réponses incorrectes ont été collectées: transmission interhumaine par contact et par l’air.

Figure 16 : Photo prise à Yaakoub El Mansour montrant l’entourage d’une table de viande

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V.2.3. Connaissance de la possibilité de l’infection humaine :

58,14% seulement des bouchers enquêtés ont déjà entendu parler du kyste hydatique chez l’homme, tandis que 41,86% d’entre eux ne connaissaient même pas la possibilité de la transmission de la maladie à l’homme.

Figure 17 : Connaissance de la possibilité de l’infection humaine en pourcentages V.2.4. Connaissance des aspects cliniques de maladie chez l’homme :

Presque la totalité des bouchers enquêtés (93,02%) n’avaient aucune idée sur les aspects cliniques et la gravité de la maladie chez l’homme.

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V.2.5. Reconnaissance des viscères parasités :

La majorité des bouchers enquêtés (88,37%) connaissent bien les viscères parasités, et sont capables de faire la distinction entre l’hydatidose animale et les autres infections qui peuvent toucher les abats.

Figure 19 : Reconnaissance des viscères parasités par la maladie hydatique en pourcentages V.2.6. Préalable rencontre des viscères parasités :

Parmi les bouchers enquêtés, 90,70% ont déjà rencontré des viscères parasités par le kyste hydatique durant leur pratique quotidienne.

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V.2.7. Comportement des bouchers vis-à-vis des viscères parasités:

Le comportement des boucher vis-à-vis des viscères parasités était soit de les jeter dans les poubelles dans 53,14% des cas, soit de les donner aux chiens dans 13,95% des cas.

0,00 10,00 20,00 30,00 40,00 50,00 60,00 53,49% 13,95% 32,56% les jeter

les donner aux chiens

pas des réponse

Figure 21 : Différents comportements des bouchers vis-à-vis des viscères en pourcentages

V.2.8. Capacité de décrire une méthode prophylactique :

Parmi les personnes enquêtées 93,02% n’étaient pas capables de décrire une des méthodes de prophylaxie de la maladie.

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Parmi les réponses incorrectes : l’arrêt des cigarettes, vaccination des hommes et des animaux, pratique du sport…etc.

V.2.9. Sources d’informations à propos de la maladie :

La principale source d’informations citée par les bouchers enquêtés était leur expérience professionnelle dans 85% des cas, tandis que la télévision et la Radio ont été respectivement citées par 15 et 2,50% de ces bouchers.

Figure 23 : Différentes sources d’information à propos de l’hydatidose en pourcentages

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Le tableau suivant résume les principaux résultats obtenus dans notre enquête :

Tableau 2 : Principaux résultats de notre enquête

Milieu

Urbain

Rural

Total

Nombre 33 10 43 Niveau d’instruction -Aucun 14 2 16 -Primaire 11 5 16 -Secondaire 6 3 9 -Universitaire 2 0 2 Ancienneté de la boucherie -1 à 5 ans 2 0 2 -6 ans à 10 ans 4 0 4 -> 10 ans 27 10 37

Moyen de réfrigération existant 12 0 12 Mode d’approvisionnement en viandes

-Abattoir 33 6 39

-Souk 0 4 4

Types d’animaux abattus

-Ovins 21 5 26

-Bovins 29 9 38

-Caprins 1 5 6

Présence des chiens aux alentours de la boucherie 6 4 10 Connaissance de la maladie 31 8 39 Connaissance de la possibilité de l’infection humaine 18 6 24

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20

Milieu

Urbain

Rural

Total

Reconnaissance des viscères parasités 31 7 38

Préalable rencontre des viscères 31 8 39

Eau à disposition

-Potable 21 0 21

-Non potable 7 8 15

-Inexistante 5 2 7

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VI. Discussion

Historique de la maladie hydatique au Maroc 1]:

En 1920, les premiers travaux sur l’échinococcose animale ont été réalisés

par BOUIN ET JASAS. En 1923, les premières recherches entreprises par DEKSTER et MARTIN insistaient sur la fréquence élevée de cette pathologie au Maroc. Cependant, cette conclusion fut infirmée par les résultats de l’enquête réalisée par «la société médicale et scientifique de Casablanca » durant la même année. En 1924, DEKSTER affirme de nouveau que l’échinococcose est fréquente au Maroc. En 1935, lors de la réunion de la «fédération des sociétés médicales maghrébines », MARTIN et ARMAUD conclurent que le kyste hydatique reste une maladie assez rare au Maroc et qu’elle ne parait pas avoir la même importance qu’en Tunisie et en Amérique du Sud. En 1949, FAUVE conclut dans une thèse, que l’échinococcose mérite dans la pathologie marocaine, une place plus importante et que sa fréquence était bien sous estimée.

Lors de sa réunion à Fès en 1980, l’OMS a estimé que les chiffres officiels ne représentent que 28% des cas réellement opérés pour l’hydatidose. Sur le plan national, l’incidence chirurgicale est estimée à 8,42/100.000 habitants, ce qui témoigne de la forte endémicité de la pathologie dans notre pays. Depuis, de nombreuses séries ont été régulièrement publiées par les auteurs nationaux apportant la preuve de la forte endémicité de cette affection.

En 2003 un arrêté ministériel rendant la déclaration du kyste hydatique obligatoire a été publié au bulletin officiel. (Arrêté ministériel N0 1020-03 du 23 Mai, B.O N0 5122 du 3 juillet 2003) 5]. En 2004 l’ampleur de cette maladie

(22)

22

au Maroc a justifié la mise en place d’une stratégie intersectorielle de lutte contre l’hydatidose et la constitution d’un comité interministériel (Ministère de la Santé, Ministère de l’Agriculture et le Ministère de l’Intérieur) dans le but de mettre en place les fondements de la stratégie de lutte et d’élaborer une circulaire interministérielle 5].

En 2005 la circulaire interministérielle N0 16 du 15 Avril a été mise en place dans le but de définir les attributions de chaque département ministériel en matière de lutte contre l’Hydatidose/ Echinococcose (Annexe 4).

VI.1. Epidémiologie générale :

L’Echinococcus granulosus, agent responsable de l’hydatidose est un des plus petits ténias [6]. Cinq espèces du genre Echinococcus sont actuellement reconnues sur le plan taxonomique, à savoir : E. granulosus, E. multilocularis,

E. oligarthrus, E. vogeli et E.shiquicu [7]. Ces espèces sont morphologiquement

distinctes aussi bien au stade adulte qu’au stade larvaire [8].

E. granulosus a une répartition géographique cosmopolite, alors que

E. multilocularis est rencontrée dans des vastes régions de l'hémisphère Nord. E. oligarthrus et E. vogeli sont confinées en Amérique Centrale et Amérique du

Sud [9].

L’espèce granulosus est décomposée en un complexe de trois principales sous-espèces en fonction de couple hôte définitif-hôte intermédiaire et quelques différences morphologiques (Tableau 3) [10].

Les hôtes intermédiaires se contaminent en ingérant les œufs éliminés par les chiens parasités. Ils s’infestent essentiellement au niveau des parcours et des

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23

pâturages, par ingestion d’herbes contaminées par les matières fécales de chiens parasités [3,10]. Les hôtes définitifs (canidés, carnivores sauvages) se contaminent en dévorant l’hôte intermédiaire ou en dévorant seulement les viscères porteurs de kystes. C’est le cas en milieu rural dans les régions d’élevage où les troupeaux sont très parasités et où existent encore dans les villages des abattoirs locaux et où les viscères des bêtes sont laissés aux chiens.

L’homme- hôte intermédiaire accidentel- se contamine en région d’élevage des moutons au contact du chien, les enfants sont particulièrement plus exposés au risque de l’infection en raison du contact affectif et privilégié avec le chien. La contamination intervient de même par ingestion de végétaux comestibles crus souillés par les déjections des chiens et insuffisamment lavés [10].

(24)

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Tableau 3 : larves d’Echinococcus [10]

Espèces

Sous- espèces Souche HI HD

Transmission A l’homme Localisation Chez l’homme Géographie E.granulosus granulosus Ovine Ovins (moutons, Chèvres…) Canidés Domestiques et sauvages +++ Foie +++ Poumon Cosmopolite Equine Equidés Divers Canidés Europe Moyen- orient

Afrique de sud, U.S.A

Porcine Suidés Canidés + (rare) Europe, Asie, Afrique

du sud

Bovine Bovidés Canidés Europe, Asie,

Afrique de sud Cameline Camélidés +++ Caprins, Ovins Canidés ++ Foie+++

poumon Afrique de l’est+++ Moyen- orient Marsupiale Marsupiaux Ovins Dingo++ ++ Foie+++ ; Poumon Australie Africaine Sauvage Divers herbivores Sauvages Carnivores

sauvages +/- Afrique intertropicale

E.granulosus borealis Cervidès, Rennes++, Elan Carnivores Sauvages (loup ++) et domestiques

++ poumons Région du grand nord, cosmopolite E.granulosus Canadensis Cervidès, Rennes++, Caribou++ Carnivores Sauvages (loup ++) et domestiques

Exceptionnel Région du grand nord, cosmopolite

(25)

25 VI.1.1. Epidémiologie dans le monde :

L’Echinococcose est une pathologie prédominante dans des pays d’élevage en voie de développement, l’hydatidose peut atteindre jusqu’à 5% de la population des zones de forte endémie, où elle constitue un problème majeur de santé publique et économique [11, 12, 13].

Elle est relativement fréquente dans la région méridionale de l’Amérique du Sud, l’Est de l’Australie, la Nouvelle Zélande et dans les pays du pourtour méditerranéen : Afrique du Nord, Moyen Orient, Europe du Sud (Figure 24)

[3].

(26)

26

En Europe,

les pays du pourtour méditerranéen sont atteints avec plus ou

moins d’intensité, en particulier le Nord Est de l’Espagne, le sud de l'Italie et la Sardaigne, où les taux d'incidence annuels chez les hommes peuvent atteindre 4,8/100000 [9, 14]. La parasitose est presque exclusivement transmise par les animaux domestiques [15]. Toutefois, les canidés sauvages peuvent être impliqués dans le cycle de transmission [16, 17, 18].

En Amérique du Nord

, c’est l’Alaska, le nord du Canada et les Etats Unis

d’Amérique qui sont concernés [19]. Aux USA, entre 50 et 150 cas d’hydatidose sont annuellement importés par la population immigrée d’Asie centrale et du Moyen-Orient. Au Canada, 28% à 50% des chiens dans les Territoires du nord-Ouest sont infectés par l’Echinococcus granulosus [20, 21]. D’autre part, des foyers distincts de transmission du kyste hydatique ont été observés dans les années 1970 dans les états occidentaux, y compris la Californie, le nouveau Mexique et l’Arizona. Des enquêtes épidémiologiques ont révélé que ces foyers ont été associés à des pratiques culturelles uniques auquel participent l'abattage des ovins et l'accès des chiens aux viscères jetés [19].

En Amérique Latine

, on rencontre la maladie surtout en Argentine, au

Brésil, au Pérou, en Uruguay et au Chili. La prévalence de l'hydatidose a été signalée à 89% chez les ovins et 80% en bétail dans la communauté péruvienne central. Pour les hôtes définitives, la prévalence de la l'Echinococcose canine a été de 32% à 46% [22, 23, 24].

En Chine,

26 000 cas d’hydatidose ont été opérés ces 40 dernières années

dans six provinces [25, 26].

(27)

27

En Afrique du nord,

le foyer d’hydatidose le plus anciennement connu du

continent, concerne surtout le Maroc, l’Algérie et la Tunisie 26]. Elle est hyper-endémique au Maroc, Algérie, Tunisie et Lybie, tandis qu’elle sévit sous un mode endémique en Egypte.

En Afrique de l’Est,

le district du Turkana situé au nord-ouest du Kenya,

apparaît comme le foyer où la prévalence de l’hydatidose humaine est la plus élevée au monde en raison du rapport étroit entre la population et les chiens, et de l'habitude de laisser les cadavres de chiens dans l'habitat herbeux 27, 28].

En Afrique de l’Ouest,

la maladie est rare, rapporté au Niger, au Mali et

en Mauritanie, la raison de la rareté de l’hydatidose humaine est inconnue dans ces régions ou l’hydatidose du bétail est bien présent [27, 29].

VI.1.2. Epidémiologie au Maroc :

L’hydatidose est une maladie endémique au Maroc où l’élevage se pratique encore sous le mode pastoral. Elle sévit dans la presque totalité des régions rurales du pays [2]. Sa répartition est inégale, le Maroc atlantique est plus infesté que le Maroc présaharien. La parasitose sévit avec une intensité particulière dans certains foyers, qui coïncident toujours avec des zones d’élevage de bovins, sans qu’il y ait une corrélation entre densité bovine et fréquence de l’hydatidose humaine [3]. Les régions les plus touchées sont Fès, Ifrane, Skhirat et khenifra

[1]. L’examen des données relatives à la répartition par province de résidence

des cas opérés obtenus au cours de l’année 2005 (Annexe 2) montre que : L’incidence annuelle par province oscille entre un maximum de 24,1 pour 100.000 habitants dans la province d’Ifrane et un minimum de 0,3 à Mohammedia.

(28)

28

Figure 25 : Répartition géographique de l’incidence pour 100.000 habitants des cas chirurgicaux de l’hydatidose, Maroc, année 2005. 26]

6 – 9,99

2 – 5,99

< 2

(29)

29

VI.1.2.1

. Epidémiologie de l’hydatidose animale :

 Chez l’hôte définitif

Les nombreuses études menées au Maroc démontrent le rôle que jouent les chiens dans la transmission de l’hydatidose à l’homme et aux animaux herbivores [3]. Les taux d’infestation par Echinococcus granulosus chez les chiens sont très élevés et varient d’une région à l’autre. Une étude a été menée chez 151 chiens dans deux régions du Maroc : 68 chiens dans le nord ouest (Loukkos) et 83 chiens dans le sud ouest (Tiznit). La moyenne des taux de prévalence de l’infection chez les chiens était de 58,82% dans le Loukkos et de 55,42 % à Tiznit [30]. Le tableau suivant résume la prévalence de l’infection par

Echinococcus granulosus chez les chiens et la charge parasitaire moyenne entre

1979 et 1985 dans des différentes régions du royaume :

Tableau 4 : Prévalence de l’infection par Echinococcus granulosus chez le chien et charge parasitaire moyenne (1979-1985) [31]

Auteurs Régions Chiens

examines Chiens infestés Taux d’infestation Nombre moyen de taenia récupéré El Mamoun 1979 Rabat 57 13 22,8 38,2 Moumen, 1981 Ouarzazate 61 31 50,8 413 Chentoufi, 1982 Loukkos 68 40 58,8 129,2 El Berrahmani, 1983 Tiznit 83 46 55,4 987,5 Essaaoudi, 1985 Azrou 62 30 48,4 2400,1

 Chez l’hôte intermédiaire :

L'importance économique de l’Echinococcose chez le cheptel abattu résulte du fait qu'il faut saisir le foie, les poumons ou tout autre organe infesté, parfois

(30)

30

même la carcasse entière. En plus, ces viscères doivent être détruits ou dénaturés, ce qui engendre un coût supplémentaire. Ces pertes sont d’autant plus importantes lorsqu’il s’agit de saisies d'organes de haute valeur marchande notamment le foie [3]. Une étude épidémiologique a été mené au Maroc entre 2001 et 2004 dans cinq régions différents : le Rif, le Loukkos, le Centre (Casa et Rabat), le moyen Atlas, et le Sud. L’étude a concerné 2948 ovins, 2337 caprins, 618 bovins, 482 chameaux et 455 équins. Les taux d’infection ont été particulièrement élevés au Moyen atlas dans le bétail (48,72%), et dans la région du Loukkos chez les ovins et les bovins avec 31,65% et 37,61% respectivement. La majorité des bovins et les ovins sont infectés à la fois dans le foie et les poumons. Sauf pour les bovins, le foie a été plus infecté que les poumons, et dans toutes les autres espèces animales, les animaux de plus de 5 ans sont les plus infectées [32].

VI.1.2.2

. Epidémiologie de l’hydatidose humaine :

L’hydatidose sévit dans presque toutes les régions rurales et son incidence est de 4,5 cas pour 100.000 d’habitants [1].

 Répartition des cas par province et par région :

 La répartition des cas opérés au cours des années 2005-2006 était de l’ordre de 1495 cas en 2005 (incidence moyenne de 5,0 /100.000) enregistrés dans différentes provinces et 1403 cas en 2006, soit une légère diminution de 6,15 %. La répartition par région du total des cas cumulés d’hydatidose opérés laisse apparaître que cinq régions enregistrent à elles seules plus de 50% des cas et deux Régions (Meknès Tafilalt et Chaouia Ouardigha) presque le quart

(31)

31

des cas. En 2005, l’incidence par région varie entre un maximum de 10,11 pour 100.000 Habitants dans la région de Chaouia Ouardigha, et un minimum de 0,90 pour 100.000 Habitants dans la région de Oued Eddahab Lagouira; alors qu’en 2006 elle varie entre un maximum de 8,62 pour 100.000 habitants dans la région de Meknès Tafilelt et un minimum de 1,80 pour 100.000 habitants dans la région de Laâyoune, Boujdour et Sakia El Hamra (annexe 1)

[5].

 Répartition par âge et par sexe :  Répartition par âge :

La tranche d’âge la plus touchée par l’hydatidose est de 20 à 29 ans avec un pourcentage de 23,2% en 2005 et 21,6% en 2006, suivie de la tanche d’âge de 30 à 39 ans qui représente 18 et 19,2% en 2005 et 2006 respectivement (Figure

26), ces deux tranches d’âge représentent 41% de tous les cas dans les deux

années [5].

Figure 26 : Répartition des cas de kyste hydatique par tranche d'âge au Maroc ; années 2005 et 2006.

(32)

32

 Répartition par sexe :

Il existe une prédominance chez le sexe féminin avec 62% en 2005 et 65% en 2006 (figure 27), ces résultats sont similaires à ceux enregistrés au CHU Ibn Sina Rabat Salé en 2001, qui montrent une prédominance féminine avec 53,5%, de même pour les études menées entre 1980 et 1992 [5, 33, 34]

Figure 27: Répartition par sexe et par milieu de l'hydatidose au Maroc ; années 2005 – 2006

En effet, dans les régions rurales les femmes sont plus exposées à la maladie en raison de la nature de leurs activités et de leur contact presque permanent avec le chien réservoir de la maladie [5].

 Répartition des cas de kystes hydatiques selon l’organe touché et le moyen de diagnostic :

Le foie reste l’organe le plus touché par la maladie, avec 74% des cas opérés en 2005 et 80% en 2006, suivi des poumons avec 19% en 2005 et 16% en 2006. L’association Foie-Poumons représente 5% et 1% en 2005 et 2006 respectivement (Figure 28) [5].

(33)

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Figure 28: Répartition en pourcentage des cas de kyste hydatique par organe touché au Maroc ; années 2005 – 2006

Le moyen de diagnostic le plus utilisé est l’échographie, suivi de la radiographie seule. A signaler que parfois plusieurs moyens sont associés pour confirmer et localiser le kyste hydatique (Figure 29) [5].

Figure 29: Répartition en pourcentage des kystes hydatiques par moyen de diagnostic au Maroc ; années 2005 – 2006

(34)

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VI.2. Programme National de lutte contre l’hydatidose [3] :

L’Echinococcose pose encore un problème de santé publique dans de nombreux pays, et semble même gagner une importance dans plusieurs régions du monde. Néanmoins, elle reste une maladie évitable et plusieurs programmes de contrôle menés partout dans le monde l’ont démontré, citons : L’Islande, Chypre et La Nouvelle Zélande.

Au Maroc, un programme national de lutte contre la maladie a été établi, dont l’objectif retenu pour l’horizon 2015 est de réduire de moitié le taux d’incidence de l’hydatidose, soit un taux de 2,8 cas pour 100.000 habitants. Cet objectif devra être réajusté au niveau de chaque province compte tenu des caractéristiques épidémiologiques spécifiques à chacune d’elle, de l’importance que revêt la maladie localement, des facteurs de risques et des ressources de lutte disponibles.

La lutte contre l’hydatidose/Echinococcose repose sur trois axes :

Axe I : L’application de mesures de prévention visant à interrompre le cycle biologique à l'intérieur des hôtes et entre l'hôte définitif et les hôtes intermédiaires.

Axe II : Le dépistage précoce des personnes atteintes de kyste hydatique et leur prise en charge médicale.

Axe III : La disponibilité d’un arsenal législatif et réglementaire approprié.

(35)

35 VI.2.1. Axe I :

Cet axe constitue l’investissement à long terme le plus sûr et le plus rentable. Le contrôle de la maladie passe nécessairement par la stricte application de l’ensemble des mesures de prévention préconisées. Les activités concernant cet axe relèvent davantage des Ministères de l’Agriculture (Direction de l’Elevage) et de l’Intérieur (Autorités et Collectivités Locales). Par conséquent, ces départements assument la charge de la programmation des activités de prévention pour la protection du cheptel ainsi que les activités de lutte contre les chiens errants.

Le rôle du Ministère de l’Agriculture, du Développement rural et des pêches Maritimes (Direction de l’Elevage) : Ce sont deux divisions de la Direction de l’Elevage qui sont concernées par la lutte contre l’hydatidose en l’occurrence la Division de la Santé Animale et la Division Vétérinaire de l’Hygiène Alimentaire. Ces dernières ont pour principales missions :

En matière de défense et de protection du cheptel :

 La conception et l’exécution sur le terrain des programmes de lutte contre les maladies réputées légalement contagieuses et les zoonoses.

 La mise en application des mesures de police sanitaire.

 La surveillance épidémiologique des maladies animales et des zoonoses. En matière d’hygiène et d’inspection des denrées animales et d’origine animale

 La contribution à la garantie de salubrité et de qualité des produits animaux et d’origine animale

(36)

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 La promotion de la qualité des produits animaux et d’origine animale.  L’actualisation des textes législatifs et réglementaires régissant le contrôle

et l’inspection des denrées animales et d’origine animale.

Le rôle du Ministère de l’Intérieur (Direction Générale des Collectivités locales) : Ce sont deux divisions de la Direction de la Planification et de l’Equipement qui sont concernées par la lutte contre l’Hydatidose en l’occurrence la Division de l’Hygiène Communale et la Division du Développement des Collectivités Locales. Ces dernières ont pour principales missions :

 Lutte contre les chiens errants durant toute l'année.

 Aménagement des abattoirs existants selon les normes d’hygiène requises.  Application de la loi n° 12-90 pour les constructions futures des abattoirs.  Renforcement de la lutte contre l'abattage clandestin.

 Information, Education et Communication dans le cadre de la lutte contre l'Hydatidose/Echinococcose.

En ce qui concerne les principales actions à envisager dans cet axe on trouve :

a

. Actions en direction des hôtes intermédiaires

Aménagement des abattoirs selon les normes sanitaires en vigueur : L’abattoir constitue un passage obligé pour toute préparation de viandes destinées à la consommation humaine et par conséquent, c’est à son niveau que s’opère l’inspection de ces dernières et la saisie de celles qui ont été reconnues impropres à la consommation. Toute nouvelle construction d’abattoir doit tenir compte des normes sanitaires et hygiéniques rendues obligatoires par la

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37

réglementation en vigueur [Annexe 2] [35]. Pour les abattoirs existants, s’ils ne répondent pas aux normes sanitaires et hygiéniques en vigueur, il y a lieu de procéder à leur recensement et de déterminer les défaillances qu’ils présentent dans ce domaine afin de définir les priorités en matière de leur aménagement et de leur mise à niveau sanitaire et hygiénique.

Par ailleurs, toujours dans les action sur l’hôte intermédiaire il y a lieu de

citer l’amélioration des conditions d’hygiène des lieux d’abattage, le renforcement du contrôle sanitaire des viandes à l’abattage, le contrôle plus

strict des destructions des saisies infestées, la lutte contre l’abattage clandestin du bétail, l’amélioration des conditions d’hygiène collective et le contrôle des décharges publiques.

b. Actions en direction de l’hôte définitif :

Deux actions sont à retenir :

 Lutte contre les chiens errants :

Les campagnes périodiques d'abattage des chiens errants doivent être entreprises par les autorités locales de chaque province et préfecture. Dans cette optique, le programme national de lutte contre la rage doit être mis à profit pour contrôler en même temps l’hydatidose.

 Traitement vermifuge des chiens à propriétaire :

Le praziquantel constitue actuellement le médicament de choix avec une efficacité de 100% contre le ténia échinocoque. Il a l'avantage d'être actif sur les échinocoques immatures dès la 4ème semaine et même plus tôt.

(38)

38

c

. Actions en direction de l’Homme :

L’information, l’éducation et la communication (IEC) reste l’action majeure en direction de la population. Celle-ci permet de sensibiliser et d’informer la population en général et celle exposée en particulier, sur le kyste hydatique maladie, sa gravité, ses causes et les mesures de prévention et de lutte que chacun doit prendre à titre individuel et familial pour éviter d’être infesté. L’IEC doit donc être développée à tous les niveaux et utiliser tous les moyens et supports de communication disponibles: dépliants et affiches, manuels d’informations pour les écoliers, supports audio et vidéo, média (presse audiovisuelle et écrite). Tous les lieux publics devront être exploités : écoles et lieux de rassemblements (mosquées, formations sanitaires, souks, foyers éducatifs et socioprofessionnels etc.)

L’action IEC doit être plus intense dans la semaine qui précède l’Aïd Al Adha qui constitue généralement une occasion propice pour la propagation de la maladie mais aussi pendant les périodes de moussems ou de baptême ou de festivités particulières à une région tels que les moussems où les rituels d’abattage sont fréquents.

VI.2.2. Axe II :

Cet axe stratégique concernant les personnes atteintes de kystes hydatiques, il fait appel à deux activités majeures : le dépistage précoce des cas et la prise en charge médicale. Il relève exclusivement des services de santé.

(39)

39

a. Le dépistage précoce :

Devant toute personne présentant des signes cliniques, qui font suspecter la présence d’un kyste hydatique du foie ou de poumon, le diagnostic doit être confirmé par l’imagerie médicale. L’échographie se positionne comme l’examen de choix pour le diagnostic du kyste hydatique du foie, tandis que la radiographie est utilisée pour la confirmation du kyste hydatique des poumons.

b

. Prise en charge médicale des cas de kyste hydatique :

L’admission à l’hôpital obéit aux règles et procédures usuelles. Une fois la maladie confirmée, elle doit également faire l’objet d’une déclaration obligatoire. Le responsable des activités de lutte contre les maladies parasitaires au niveau provincial ou préfectoral doit établir à la fin de chaque année, un rapport annuel sur les activités de lutte entreprises dans la province. Ce rapport une fois établi, est soumis à l’appréciation des autres partenaires concernés par la lutte dans le cadre des réunions de la «Commission préfectorale ou provinciale de lutte contre l'Hydatidose /Echinococcose ». Le rapport final récapitulant la situation de l’Hydatidose/Echinococcose qui fait la synthèse globale de la situation au niveau national est présenté et discuté avec le Comité Interministériel de Lutte contre l'Hydatidose / Echinococcose pour sa validation et sa publication.

VI.2.3. Axe III :

L’existence des textes législatifs et réglementaires avec des dispositions régissant certaines activités de lutte, et leurs applications strictes constituent un

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40

instrument primordial de la lutte contre l’Hydatidose. Dans ce cadre, un arrêté ministériel rendant la déclaration du kyste hydatique obligatoire a été publié au bulletin officiel au cours de l’année 2003 : Arrêté ministériel n° 1020-03 du 21 rabii I 1424 (23 mai 2003) complétant l'arrêté du Ministre de la Santé Publique n° 683-95 du 30 chaoual 1415 (31 mars 1995) fixant les modalités d'application du décret royal n° 554-65 (La 17 rabii 1 1387 (26 juin 1967) portant loi rendant obligatoire la déclaration de certaines maladies et prescrivant des mesures prophylactiques propres à enrayer les maladies (Annexe 3) [3,5].

D’ailleurs la lutte contre l’hydatidose doit combiner l’ensemble des actions menées par le Ministère de l’Agriculture, le Ministère de l’Intérieur et le Ministère de la Santé par l’intermédiaire de la Direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies transmissibles. Ceci rend indispensable la création d’un cadre de concertation et de coordination entre ces différents départements pour mettre en cohérence les actions à mener et créer les synergies nécessaires pour accroître leur impact et réduire de l’intensité de l’endémie et protéger efficacement la population (Annexe 4).

VI.3. Analyse des résultats de notre enquête :

L’évaluation de la situation actuelle des connaissances des bouchers en termes d’hydatidose au Maroc, est un pas indispensable pour l’élimination et l’éradication de la maladie, vu que ces derniers sont les principaux intervenants dans la manipulation des viscères des herbivores domestiques. La grande majorité des bouchers (95%) enquêtés ont facilement accepté l’interview, sauf

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Il ressort de notre étude que beaucoup de bouchers ne connaissent pas l’hydatidose humaine, sa gravité, ou son mode de transmission. En effet, d’après les résultats obtenus, la majorité des bouchers (74,42%) sont des analphabètes ou de formation primaire, ce qui rend très difficile de les renseigner et de les sensibiliser. Sauf deux bouchers qui ont un niveau d’étude supérieur.

La majorité des bouchers enquêtés (93,02%) connaissent bien l’infection animale, 58,14% seulement ont déjà entendu de la possibilité de l’infection humaine. Les aspects cliniques et la gravité de l’hydatidose sont mal connus par la plupart des personnes enquêtées (93,02%).

Parmi les bouchers enquêtés 93,02% ne connaissent rien sur le mode de transmission, et ignorent complètement le rôle du chien dans la transmission de la maladie, en plus ils sont incapables de décrire une des méthodes prophylactiques pour lutter contre la maladie. Ce qui favorise les comportements inadéquats des bouchers vis-à-vis des viscères parasités, ce qui est d’ailleurs retrouvé dans notre étude puisque 13,95% des bouchers donnent les viscères parasités aux chiens.

Un petit nombre de bouchers enquêtés (11,63%) ont démontré une méconnaissance des viscères parasités en confondant l’hydatidose animale et d’autres maladies touchant les abats, alors que 9,30% des bouchers n’ont jamais rencontré des viscères parasités, même si la majorité d’entre eux (75%) ont plus de 10 ans d’expérience, ce qui est incohérent, vue l’énorme fréquence des saisies d’abats aux abattoirs nationaux à cause de l’hydatidose. Ceci révèle l’appréhension de ces bouchers par rapport à notre enquête.

(42)

42

La principale source d’informations à propos de la maladie-citée par les bouchers- est leur propre expérience professionnelle. Ce qui montre l’absence des programmes structurés de sensibilisation en direction des bouchers, ainsi que le grand manque de l’éducation et de l’information sur la maladie du kyste hydatique, sa gravité, ses causes et les mesures préventives nécessaires. Ceci est confirmé par la totalité des bouchers enquêtés. L’information par la télévision et la radio est minime (15%), ce qui montre la rareté des émissions et des programmes chargés de la sensibilisation et l’éducation de la population générale et des bouchers en particulier à propos de la maladie. Ceci est contradictoire avec les recommandations du programme national de lutte contre l’hydatidose, qui fixe plusieurs objectifs à savoir : développer des moyens et des supports de communication (médias et radio), sensibiliser et informer la population la plus exposée.

Pour les bouchers du milieu urbain, 53,49% jettent les viscères parasités dans la poubelle, ou directement dans la rue avec les déchets ménagers, qui sont dans la plupart du temps accessibles aux chiens errants, comme c’est le cas à Takaddoum, lkamra, et dowar cora. Alors que 13,95% les donnent directement aux chiens. Ceci nous montre la méconnaissance des bouchers face aux risques de ces habitudes, qui aggravent de plus en plus la situation épidémique de la maladie au Maroc.

Les boucheries visitées sont divisées en deux groupes : les Hanout et les tables. Nous avons constaté dans la majorité des Hanout l’absence du numéro de patente, qui est obligatoire pour exercer le métier. Le niveau d’hygiène est défectueux dans la majorité des cas, surtout aux régions de lkamra, Dowar cora et Takaddoum.

(43)

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Nous avons par ailleurs noté dans la plupart de ces Hanout : Le mauvais aménagement des boucheries.

L’absence des comptoirs propres pour préparer la viande. L’absence de moyen de réfrigération.

Les tables sont reparties dans les différents quartiers de Rabat ainsi que dans le milieu rural à Temara. Les bouchers propriétaires de ces tables exercent probablement le métier d’une façon non réglementaire et clandestine. La totalité de ces bouchers ont confirmé que l’abattoir est leur seule source d’approvisionnent en viandes, sauf un à Takaddoum qui a confirmé par erreur, qu’il s’approvisionne du souk de Salé, ce qui est interdit d’après d’autres bouchers. D’ailleurs, plusieurs données suggèrent la présence de la pratique de l’abattage clandestin par ces bouchers, ce qui augmente le risque de la transmission de la maladie dans le milieu urbain.

En outre, la totalité des bouchers enquêtés en milieu urbain confirment que l’abattoir est la seule source d’approvisionnement en viande et d’abattage, alors que plusieurs bouchers ont mentionné l’existence de l’abattage clandestin à Rabat (surtout à Takaddoum), au milieu rural à Témara et surtout à Bouknadel.

Durant notre enquête, nous avons noté l’absence d’un moyen de réfrigération adéquat dans 72,09% des cas. 27,91% seulement utilisent un réfrigérateur pour conserver la viande, et la majorité des bouchers enquêtés préfèrent utiliser la glace pour préserver un état frais des abats.

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Presque la moitié des bouchers visités (48,84%) utilisent de l’eau potable, tandis que 34,88% d’entre eux utilisent des eaux impropres car conservées dans des bidons sales.

En milieu rural, 40% des bouchers apportent leurs animaux du souk régional, ensuite ces animaux sont abattus dans l’abattoir du souk. Mais la question qui se pose : est ce que le passage des animaux du souk à l’abattoir est respecté par tous les bouchers ?

Parmi les boucheries visitées, 23,26% ne reçoivent pas des contrôles sanitaires des autorités, surtout les propriétaires des tables. Certains d’entre eux confirment qu’il existe même des moyens de fraudes (dessous de table pour les contrôleurs sanitaires).

L’hydatidose est une maladie essentiellement rurale, mais la possibilité de cycle urbain a été démontrée [27]. Le cycle de la maladie est favorisé par la pratique de l’abattage clandestin, qui se déroule surement dans la région de Rabat, ou lors de l’abattage familial à l’occasion de l’Aïd, les moussems ou d’autres circonstances qui sont assez fréquents au Maroc : plus de cinq millions de têtes entre ovins et caprins ont été sacrifiés en 2004 [3].

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Une étude a été menée au Tunisie auprès de 97 boucheries provenant des 18 gouvernorats du pays, voici une comparaison des résultats obtenus dans les deux études [36]:

Tableau5 : comparaison des résultats des deux enquêtes Paramètres Notre étude % Tunisie %

Niveau d’instruction Aucun 16 37,21% 9 9,28% Primaire 16 37,21% 54 55,67% secondaire 6 20,93% 34 35,05% Universitaire 2 4,65% 0 0% Ancienneté de la boucherie 1à 5 ans 2 4,65% 31 31,96% 6 ans à 10 ans 4 9,30% 35 36,08% >10 ans 37 86,05% 31 31,96%

Moyen de réfrigération existant

12 27,91% 80 82,47% Animaux abattus Ovins 26 60,47% 97 100% Bovins 38 88,37% 32 32,99% caprins 6 13,95% 29 29,90% Eau à disposition 21 48,84% 92 94,85%

Ignorance du rôle du chien 40 93,02% 44 45,36%

Nos résultats montrent que l’état des connaissances des bouchers en matière de kyste hydatique au Maroc, est plus grave qu’en Tunisie.

(46)

46 Recommandations :

A l’issue de ce travail qui est d’ailleurs la première étude de ce genre au

Maroc, il convient d’émettre un certain nombre de recommandations :

Entamer une enquête sur le plan national concernant les pratiques des bouchers en fonction du niveau d’endémicité de chaque région. Etudier les pratiques chez les bouchers (probablement utilisant l’abattage clandestin) situés au niveau des axes routiers et qui sont très fréquentés par la population générale.

Etudier l’abattage familial en milieu rural qui est pratiqué à l’occasion des moussems, des baptêmes….etc.

Par ailleurs, il convient de renforcer le programme national de lutte contre l’hydatidose, qui doit se focaliser sur les différents intervenants dans le cycle de la maladie en :

Informant les bouchers et la population en général, d’une manière compréhensible, à tous les gens et à tous les niveaux.

Elaborant des programmes de sensibilisation continue au profit des bouchers par les ministères concernés, à propos de la maladie, son mode de transmission, ses risques et les moyens de lutte possibles. Luttant contre les chiens errants.

Luttant contre les boucheries clandestines, et les tables de viande. Surveillant l’abattage des animaux, surtout dans les zones épidémiques.

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VII. Conclusion :

Il ressort de notre étude que le comportement humain est l’un des principaux maillons de lutte contre l’hydatidose au Maroc. De ce fait les bouchers jouent un rôle primordial dans la réalisation et la réussite d’un programme de contrôle. La sensibilisation et l’information des bouchers autorisés, et la lutte contre les boucheries non réglementaires, semblent être les principales étapes de l’élaboration d’un programme de contrôle sûr et bien structuré. En plus, Les principales structures sanitaires et les intervenants ministériels doivent être bien impliqués dans la lutte contre l’hydatidose, pour éradiquer cette parasitose qui est bien évitable.

Figure

Tableau 1  :  Répartition des boucheries visitées en quartier et en nombre
Figure 2 : Répartition en pourcentage des différentes durées d’ancienneté de boucherie
Figure 4 : Photo prise à Yaakoub El Mansour montrant une table de viande
Figure 5 : Répartition en pourcentage des différents types d’eau utilisée par les bouchers
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