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L Hôpital Maisonneuve-Rosemont

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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L’Hôpital Maisonneuve-Rosemont

Une histoire médicale

1954-2004

Denis Goulet

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L’Hôpital Maisonneuve-Rosemont

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Du même auteur

Histoire de l’Université de Sherbrooke 1954-2004, Les Éditions Université de Sherbrooke, 2004.

Histoire du Collège des médecins du Québec 1847-1997, Éd. CMQ, 1997.

Histoire de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal 1843-1993, éditions VLB, 1993.

Le Commerce des maladies, Institut québécois de recherche sur la culture, 1987.

en collaboration

Goulet, O., F. Guérard, R. Lessard, A. Paradis, L’Institution médicale, (sous la dir. de N. Séguin), Presses de l’Université Laval, 1998.

Goulet, O., F. Hudon et O. Keel, Histoire de l’Hôpital Notre-Dame de Montréal 1880-1980, éditions VLB, 1993.

Goulet, D. et A. Paradis, Trois siècles d’histoire médicale au Québec. Chronologie des institutions et des pratiques médicales (1639-1939), éditions VLB, 1992.

Extrait de la publication

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L’Hôpital Maisonneuve-Rosemont

Une histoire médicale

1954-2004

denis goulet

septentrion

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Les éditions du Septentrion remercient le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour le soutien accordé à leur programme d’édition, ainsi que le gouvernement du Québec pour son Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres. Nous reconnaissons également l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au dévelop- pement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Couverture avant : Vue aérienne de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, 2004 Couverture arrière : Sarah endormie, Sean Rudman, 2003, huile sur toile, 26 x 77 cm Révision : Solange Deschênes

Mise en pages et maquette de la couverture : Folio Infographie

Si vous désirez être tenu au courant des publications des ÉDITIONS DU SEPTENTRION

vous pouvez nous écrire au 1300, av. Maguire, Sillery (Québec) g1t 1z3

ou par télécopieur (418) 527-4978 ou consulter notre catalogue sur Internet :

www.septentrion.qc.ca

© Les éditions du Septentrion, 2004 Diffusion au Canada :

1300, av. Maguire Diffusion Dimedia

Sillery (Québec) g1t 1z3 539, boul. Lebeau

www.septentrion.qc.ca Saint-Laurent (Québec) h4n 1s2 Dépôt légal – 4e trimestre 2004 Ventes en Europe :

Bibliothèque nationale du Québec Distribution du Nouveau Monde isbn 2-89448-405-4 30, rue Gay-Lussac

75005 Paris

Extrait de la publication

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À la mémoire du docteur Florent Thibert et, en témoignage de mon amitié, aux docteur Michel Auger et Martin Légaré qui ont été les initiateurs de ce projet

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CE Comité exécutif (du conseil des médecins de l’Hôpital Maisonneuve) CHU Centre hospitalier universitaire

CHUM Centre hospitalier universitaire de Montréal CLSC Centre local de santé communautaire

CMCPQ Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec CMD Conseil des médecins et dentistes (de l’Hôpital Maisonneuve)

CMDP Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (de l’Hôpital Maisonneuve) CSSSRMM Conseil de la santé et des services sociaux de la région de Montréal métropolitain DSC Départements de santé communautaire

HM Hôpital Maisonneuve

HMR Hôpital Maisonneuve-Rosemont ICM Institut de cardiologie de Montréal MAS Ministère des Affaires sociales

MSS Ministère de la Santé et des Services sociaux

PVCA Procès-verbaux du conseil d’administration (de l’Hôpital Maisonneuve)

PVCEBM Procès-verbaux du conseil exécutif du bureau médical (de l’Hôpital Maisonneuve) RA Rapport annuel (de l’Hôpital Maisonneuve)

Liste des acronymes

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Extrait de la publication

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L

’Hôpital Maisonneuve-Rosemont fête cette année le 50e anniversaire de son ouverture au public. Il y a déjà longtemps qu’il est devenu un com- plexe hospitalier d’envergure. Il le doit aux pionniers qui ont organisé une structure originale de soins et à tous ces médecins et chirurgiens qui, par la suite, ont fait de la compétence et de la qualité des soins une philosophie quotidienne de leur pratique. Il le doit aussi aux premiers chercheurs qui ont ouvert la voie à leurs nombreux successeurs et aussi, à tous ces profes- seurs qui ont développé la vocation universitaire de Maisonneuve-Rosemont.

Après ce long parcours, l’Hôpital a atteint une grande maturité qui permet d’offrir une vaste gamme de soins à une population nombreuse et de multiples activités d’enseignement à une forte clientèle étudiante.

En effet, notre constante et principale préoccupation est de prodiguer des soins médicaux et d’enseigner avec tout le professionnalisme qui nous caractérise en utili- sant nos ressources de façon créative, comme nous l’avons fait depuis maintenant 50 ans.

L’exécutif du conseil des médecins, dentistes et phar- maciens s’est largement impliqué pour fêter cet impor- tant anniversaire. L’occasion était belle pour rehausser le patrimoine médical de notre institution et rendre un

hommage bien mérité aux acteurs qui ont modelé au fil des ans ce complexe hospitalier. Conscient de l’importance des acquis du passé, le CMDP a piloté le projet de rédaction d’un ouvrage sur l’histoire médicale de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Déjà, à la fin des années 1990, ce projet circulait dans les couloirs de l’institution, mais il a fallu la ténacité du docteur Michel Auger et des autres membres du comité du 50e du CMDP, composé des docteurs Yvette Bonny, Léo-Paul Landry, Pierre Laplante, Guy Legros et Maurice Thibault pour que le projet démarre à la fin de l’année 2003. La direction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et la Fondation nous ont accordé leur précieux partenariat.

Le temps était alors compté, mais nous pouvions miser sur la détermination d’un historien expérimenté et spécialisé en histoire de la médecine. Grâce à la colla- boration de tous, l’auteur a tenu le pari et l’hôpital dispose désormais d’une précieuse mémoire écrite.

Bonne lecture,

Martin Légaré m.d.

Membre du comité du 50e Président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens

Préface

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Extrait de la publication

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Remerciements

L

a réalisation de cet ouvrage aurait été impos- sible sans la généreuse collaboration du docteur Michel Auger, qui a été l’âme de cette belle aventure. Le docteur Auger et moi avons reçu l’appui indéfectible du docteur Martin Légaré, président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP), lequel a facilité avec enthousiasme la réussite de ce travail. Un gros merci aux autres membres du comité du 50e anni- versaire du CMDP, les docteurs Yvette Bonny, Léo-Paul Landry, Pierre Laplante, Guy Legros et Maurice Thibault leur soutien, leur intérêt pour l’histoire et pour leur délicate attention à mon endroit. Un merci particulier à Sylvie Dumont pour son aide généreuse, laquelle a grandement contribué à faciliter l’exécution de certaines tâches de recherche. À Lorraine Goulet et Angéline Brassard, nos excuses pour certains dérangements et un gros merci pour votre collaboration. À Hélène Lauzon et à son équipe, Dominique Lachapelle, Diane Hamel, Donatien Michaud et Odette Hinse, de chaleureux remerciements pour votre assistance, votre gentillesse et aussi, nos excuses pour les petits inconvénients occa- sionnés par notre petite équipe de recherche. Une mention particulière à mon collaborateur principal et ami, Philippe Hudon, ainsi qu’à Jean-Philippe Léveillé Josée-Ann Giroux et Adéline Bourgeaux qui m’ont assisté tout au long de la recherche documentaire. Nos remerciements à la directrice de l’hôpital, Carole Deschambault, ainsi qu’à Lise Chevalier et Johanne Guy, lesquelles ont généreusement mis à notre disposition

ouvrage. À souligner aussi, l’excellente collaboration de Pierre Kirouac, directeur du service audiovisuel, et de son équipe, Sylvie Cadieux et Frédéric Mithivier, qui ont été d’une remarquable efficacité pour la recherche et la numérisation des photographies. À ce propos, nos sin- cères remerciements au service des archives des sœurs grises, notamment à la Supérieure Jacqueline Saint-Yves et à l’archiviste Hélène Leblond. Merci à Marguerite Zucconi, à Brigitte Junius et à la direction de la Fonda- tion pour leur soutien. Mes remerciements au docteur Raymond Barcelo pour son texte sur les débuts de l’hémodialyse ainsi qu’au docteur Gilles Beauchamp qui m’a généreusement prêté ses photographies. Un gros merci à Alain Charbonneau, directeur du service des communications, qui a généreusement collaboré à la publicité de l’ouvrage. J’exprime ma reconnaissance à toutes les personnes qui ont eu la gentillesse et la patience de nous accorder, Philippe Hudon et moi, des entrevues : les docteurs Michel Auger, Serge Carrière, Jacques Gélinas, Pierre-Paul Julien, Pierre Labelle, Jean Lamarche, Léo-Paul Landry, Paul Landry, Fernand Laurendeau, Pierre Lavoie et Guy LeGros, le pharmacien Jude Goulet, les directeurs généraux de l’Hôpital, Jean Boisvert, Carole Deschambault, Claude Desjardins, André Ducharme et Edmond Synnott, le docteur Camil D. Quintal, Georges Pronovost, Rosaire Robinson les membres de la Fondation, Jean-Claude Baudinet, Gilles Jarry, Brigitte Junius et Marguerite Zucconi. Merci, enfin, à tous ceux et celles qui, de près ou de loin, ont

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Extrait de la publication

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Introduction

A

u xxe siècle, le Québec a connu un important accroissement de son parc hospitalier. Le dévelop- pement de la médecine hospitalière et la spécialisation des soins ont suivi l’augmentation de la demande provoquée par l’urbanisation et la croissance démo- graphique. La médecine clinique, qui a pris naissance au sein des hôpitaux et s’est bientôt enrichie de la médecine de laboratoire, a largement profité de la remarquable évolution des « sciences accessoires » que sont la chimie et la physique. Certains processus biochimiques des maladies, comme le diabète et le cancer, sont alors élucidés alors même qu’on pousse à des horizons inespérés l’investigation clinique grâce notamment au perfectionnement des procédés endoscopiques.

De façon quasi parallèle, la grande chirurgie émerge dans les premières décennies du xxe siècle et profite du développement de la bactériologie médicale qui permet de mieux comprendre les processus infectieux. L’amé- lioration des techniques de stérilisation, d’anesthésie et de transfusion ainsi que des connaissances plus pous- sées issues des sciences expérimentales — physiologie, neurologie, endocrinologie, biophysique, biochimie, pharmacologie — permettent des interventions chirur- gicales inespérées jusque-là.

Par ailleurs, les grands hôpitaux renforcent leur vocation d’enseignement, apparue au xixe siècle au Canada avec la création des premières facultés de médecine. De lieu d’apprentissage de la pratique géné- rale, l’institution hospitalière devient peu à peu, dans le

siècle suivant, un lieu de spécialisation et de recherche.

Bref, durant la première moitié du xxe siècle, la méde- cine hospitalière connaît des succès remarquables.

Demeure toutefois la question de son accessibilité pour la population.

Traditionnellement, les grands hôpitaux franco- phones — Hôtels-Dieu de Montréal et de Québec, Hôpital Notre-Dame, Hôpital de la Miséricorde — sont régis par des communautés religieuses. Grâce à la Loi d’assistance publique de 1920, les frais d’hospitali- sation des patients pauvres sont pris en charge par l’État et les municipalités. En retour de cet accueil cha- ritable, ces patients sont logés dans une salle publique et acceptent, bon gré mal gré, de se prêter aux leçons cliniques prodiguées par les hôpitaux universitaires. Il y a aussi deux autres catégories — patients privés et semi-privés — qui paient en tout ou en partie leur hos- pitalisation. Avec cette loi, l’État québécois s’est donné un certain contrôle sur le développement du parc hospitalier. Mais, à l’instar du domaine de l’éducation, il ne s’est jamais doté des instruments nécessaires à une planification d’ensemble.

Après la Seconde Guerre mondiale, ce sont à peu de chose près les mêmes structures qui régissent les hôpitaux, mais il doivent répondre aux nouvelles normes d’une société fortement industrialisée et hau- tement développée sur le plan technologique. La pré- cision diagnostique, l’efficacité thérapeutique, l’ensei- gnement et la recherche deviennent alors des fonctions

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16 • l’hôpital maisonneuve-rosemont

essentielles de l’hôpital. La transformation des valeurs sociales fait alors de la santé un droit fondamental et un enjeu pour la population et les autorités concernées.

Les hôpitaux ont ainsi la contrainte de répondre aux exigences techniques de la médecine moderne et de

fournir dans un environnement acceptable des soins spécialisés efficaces à des citoyens de plus en plus exigeants. À Montréal, un nouvel hôpital se prépare bientôt à relever ce double défi.

Extrait de la publication

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Un besoin urgent d’un hôpital général dans l’est de Montréal

Au tournant des années 1930, la ville de Montréal occupe une place particulière dans l’offre de soins. Ses infrastructures hospitalières sont bien développées : elle possède 55 % des lits disponibles sur l’ensemble du territoire québécois alors qu’elle ne compte que pour 34 % de la population de la province. La distribution des hôpitaux généraux est concentrée dans les zones densément peuplées et répond au clivage linguistique : les grands hôpitaux généraux anglophones à l’ouest — Montréal General Hospital, Royal Victoria Hospital, Jewish General Hospital, Saint Mary’s Hospital — et les grands hôpitaux généraux francophones — Hôpital Notre-Dame, Hôtel-Dieu de Montréal, Hôpital de la Miséricorde — dans le centre-est et le nord de Montréal.

Si les francophones du centre et du nord de Montréal sont bien pourvus en hôpitaux généraux, ce n’est pas le cas des citoyens qui habitent l’est de la rue Papineau. Ils sont pourtant de plus en plus nombreux à occuper ce territoire. L’industrialisation et l’urbani- sation de l’île de Montréal sont en plein essor. Seul l’Hôpital de la Providence, fondé en 1926, offre des soins généraux dans cette partie de Montréal. Mais ce

petit hôpital, situé sur la rue Notre-Dame, ne possède que 60 lits.

Dans ce contexte, de plus en plus nombreux sont les médecins et les citoyens qui réclament l’érection d’un hôpital général pour les citoyens de l’Est. En 1931, sous la direction du docteur J.-N. Chaussé, une pétition de 28 000 signatures est présentée en vain aux autorités provinciales. Cinq ans plus tard, le bureau de direction de l’Association des médecins de l’Est réitère cette demande. Mais c’est un nouvel échec. Malheureu- sement pour les pétitionnaires, le moment est mal choisi. La crise des années 1930 entraîne une baisse des revenus et l’État, « contraint d’investir massivement dans l’aide sociale1», réduit les subventions pour la construction de nouveaux hôpitaux. La Seconde Guerre mondiale entraîne une reprise de l’emploi, mais le gouvernement du Québec préfère attendre la fin du conflit pour lancer de nouvelles initiatives en matière de santé. Cette fois, il ne fera pas cavalier seul. Ottawa met sur pied un vaste programme d’aide aux provinces pour la construction d’hôpitaux.

Duplessis entend bien en profiter, ce qui ne pourra qu’accroître la popularité de son gouvernement. Et puis l’argent d’Ottawa répond très bien à sa politique dans le domaine hospitalier francophone : financement de chapitre i

Les années de fondation

1949-1954

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18 • l’hôpital maisonneuve-rosemont

l’immobilisation, mais peu de contrôle de l’État dans le fonctionnement des établissements. Cette philosophie d’ingérence minimale laisse le champ libre aux activités hospitalières traditionnelles du clergé.

Il y a aussi le contexte local qui favorise le projet. À la fin des années 1930, un incendie détruit l’Hôpital de la Providence, ce qui aggrave la situation. Or, les hôpi-taux de Montréal, qui desservent non seulement la région métropolitaine, mais aussi une bonne partie des clientèles de la Mauricie, de l’Estrie, du Richelieu et de l’Outaouais sont déjà débordés. L’importante croissance démographique que connaît l’île de Montréal, qui dépasse le cap du million d’habitants en 1941, accentue les problèmes. Neuf ans plus tard, plus de deux mil- lions de personnes vivront dans la région de Montréal.

Autre phénomène qui accélère la demande de soins hospitaliers, la croissance économique de l’après-guerre permet à la métropole d’atteindre quasiment une situation de plein emploi2. Comme le souligne l’éditoria- liste Gérard Laurendeau en 1946, « partout à Montréal les hôpitaux regorgent de patients ». C’est le cas de l’Hôpital Notre-Dame où les demandes d’urgence sont si élevées que les patients sont installés « temporairement dans les corridors », situation qui n’est pas sans rappeler l’état des urgences d’aujourd’hui3.

C’est dans ce contexte que plusieurs intervenants exercent des pressions pour que Montréal se dote enfin d’un nouvel hôpital général. Mais cette fois les inter- venants sont plus nombreux et plus influents. Parmi ceux-ci, il y a le député provincial du quartier Maison- neuve, le docteur J.-F.-A. Gatien, qui appuie les repré- sentations de la Société des hommes d’affaires de l’est de Montréal présidée par Lucien Roy, de l’Association des médecins de l’Est dont il fait partie et de la revue L’Action médicale. Ceux-ci attirent « l’attention des gou- vernements sur la nécessité et l’urgence de construire un nouvel hôpital général dans l’est de Montréal4».

Enfin, le maire Camillien Houde promet la collabo- ration de la ville de Montréal pour la réalisation du

projet. Le ministre de la Santé est fort sensible à ces doléances et à ces appuis. Le docteur Gatien annonce même à la fin de l’année 1948 que le gouvernement est prêt à accorder un octroi5.

En octobre 1948, les médecins de la Société des hommes d’affaires décident de former la corporation de l’hôpital de l’Est. Pas question cependant, pour le gou- vernement, de fonder un hôpital général d’envergure sans la participation active des communautés reli- gieuses. C’est ce que confirme le ministre de la Santé, Albiny Paquette, qui déclare, en 1948, que jamais il ne donnera « d’octroi pour faire un hôpital à Montréal sans religieuses ». Mais encore fallait-il en trouver une prête à se lancer dans cette aventure. Les sœurs de la Charité, qui travaillent à l’Hôpital Notre-Dame et dirigent d’au- tres hôpitaux au Canada et aux États-Unis, semblent un choix logique.

Le 15 mars 1949, le ministre Paquette, accompagné du docteur Gatien, « vient en personne proposer au Conseil général de la Communauté des sœurs grises la fondation d’un hôpital de 500 lits pour la partie est de Montréal ». Le gouvernement provincial promet deux millions pour la construction alors que la ville de Mont- réal s’engage à payer le terrain. De prime abord, l’offre paraît intéressante. La fondation d’une nouvelle insti- tution de soins s’inscrit parfaitement dans la mission caritative de la communauté. Il y a pourtant un pro- blème. Dans l’esprit du ministre, il s’agit d’ériger un hôpital de 450 lits destinés aux malades incurables (300 lits) et aux enfants malades (150 lits).

Cette dernière condition du ministre vise à contre- carrer le projet de la présidente de l’Hôpital Sainte- Justine, Justine Lacoste-Beaubien, qui souhaite cons- truire un nouvel hôpital pour enfants dans le quartier Côte-des-Neiges. Le ministre Paquette juge prématuré ce projet, mais craint que celle-ci ne réussisse à con- vaincre Duplessis. Aussi souhaite-t-il lui enlever son principal argument voulant qu’il n’y a pas assez de place pour les enfants dans les hôpitaux de Montréal.

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Une réunion du Conseil général des sœurs grises est tenue le lendemain. La discussion tourne autour de la vocation du nouvel hôpital. Certes, on est flatté de la proposition, mais la vocation de l’hôpital, qui répond davantage à des mobiles politiques que sanitaires, ne suscite guère d’enthousiasme. On évoque « de sérieuses raisons pour préférer un hôpital régulier à un hôpital pour les incurables ou les chroniques ». Quant à la vocation pédiatrique, on peut s’en accommoder. Il y a aussi la question de leur engagement à l’endroit de l’Hôpital Notre-Dame.

Des pourparlers s’engagent avec le bureau du ministre pour modifier l’orientation du futur hôpital. Il faut aussi obtenir l’approbation de Mgr Joseph Charbon- neau. En tout cas, le projet suscite une telle ardeur que l’économe générale, mère Laverdure, promet à saint Joseph une messe annuelle d’actions de grâce pendant sept ans aux frais du futur hôpital si le projet réussit. A- t-elle tenu cette promesse ? En tout cas, son vœu est en partie exaucé.

Le 12 avril 1949, les premiers obstacles étant levés, le Conseil général de la communauté des sœurs grises donne une réponse affirmative au ministre Paquette.

Mais pas question de se faire dicter des ordres de Québec. Les sœurs grises posent leurs conditions et elles ne sont pas anodines : obtention d’une charte autonome, indépendance dans la sélection des méde- cins, liberté dans l’organisation du bureau médical, libre choix de l’architecte. Bref, « pas de politique dans l’hôpital ». La communauté souhaite aussi obtenir un terrain et une subvention. On ne tourne pas les coins ronds.

À Québec, on se montre peu interventionniste, les conditions ne posent guère de problèmes. Le 7 juillet 1949, le Conseil exécutif de la province de Québec accorde les deux millions promis, répartis sur dix ans, pour la construction d’un « hôpital d’une capacité de 400 lits dont 250 pour adultes et 150 pour enfants6».

La somme est octroyée à l’Hôpital général des sœurs

grises qui agit comme représentant du futur hôpital.

Quant à la communauté, elle fournira une part égale au moyen d’un emprunt. On compte aussi sur la ville de Montréal pour obtenir un terrain gratuit. Onze jours plus tard, les architectes Gascon et Parent se mettent à l’œuvre, mais ils n’ont pas carte blanche. La commu- nauté, qui souhaite participer activement à l’élaboration des plans, confie à deux sœurs la mission de visiter plusieurs hôpitaux américains récemment construits.

Entre le 18 et le 30 août 1949, les sœurs Mance Décary et Thérèse Darche se rendent à New York et à Jersey City pour y rencontrer des architectes et visiter plusieurs hôpitaux parmi lesquels trois ont été cons- truits en 1948, le Hartford Hospital, le Georgestown Hospital et le Georges Washington Hospital7. Déjà le projet est ambitieux. La communauté des sœurs grises souhaite non seulement construire un hôpital qui

« dépassera ceux de Montréal sur tous les points », mais aussi offrir aux citoyens de Montréal un « monument architectural8». La construction des édifices sera confiée à la firme Lorenzo Guay de Montréal.

Pendant ce temps, la présidente de l’Hôpital Sainte- Justine, avec la ténacité qu’on lui connaît, ne tarde pas à obtenir « du premier ministre ce que le ministre refuse », c’est-à-dire la construction d’un nouvel hôpital sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine. Du même coup, la communauté est déliée de son engagement de réserver 150 lits aux enfants malades. Autre bonne nouvelle, Mgr Charbonneau et le délégué aposto- lique « acceptent favorablement cet hôpital en milieu ouvrier ». Décidément, saint Joseph leur accorde une oreille attentive.

Les choses vont donc rondement, si ce n’est un petit écueil qui crée un certain émoi dans la communauté médicale. Afin de se consacrer pleinement aux activités entourant l’édification du nouvel hôpital, le Conseil général juge nécessaire de se retirer de l’Hôpital Notre- Dame à la fin de l’année 1950. Or, cette décision pro- voque l’ire des médecins de l’institution. On craint

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20 • l’hôpital maisonneuve-rosemont

évidemment une pénurie de personnel, mais on s’inquiète aussi « pour le recrutement des élèves de l’École des gardes-malades ». Une requête est adressée à l’archevêque dans le but de les retenir, laquelle est reje- tée, mais, après de nombreux pourparlers, il revient sur sa décision. Les sœurs doivent « s’incliner devant le désir de son excellence ». L’organisation des soins de deux grands hôpitaux généraux ne sera pas une mince tâche.

Le choix du site

Entretemps, la communauté des sœurs grises cherche un emplacement approprié à l’ouest du boulevard Pie-IX afin que l’hôpital « soit accessible par tramway et autobus ». La ville leur propose un terrain situé entre le quadrilatère des rues Sherbrooke, Chambly, Nicolet et de l’avenue Valois. De l’avis de l’Association des méde- cins de l’est de Montréal, qui surveille avec intérêt l’évolution du projet, ce choix n’est guère judicieux. Le terrain est en pente et comporte un sol mouvant à proximité des usines Angus. Par ailleurs, le site, à proximité de deux cours d’école — l’École Laurier et l’Externat classique Sainte-Croix qui reçoivent respecti- vement 1 000 et 400 élèves —, est très bruyant. Enfin, la circulation intense de la rue Sherbrooke n’améliore pas les choses.

On se tourne vers un nouveau site à l’angle des rues Viau et Sherbrooke. Mais, là encore, il y a un problème.

C’est que la ville y a commencé des travaux d’aména- gement pour le golf des Dames. Pas question de revenir en arrière. Toutefois, le terrain vacant sis à côté, compris entre le boulevard Rosemont, la rue Sher- brooke, la Cité-Jardin et la maison des sœurs Francis- caines, près du sanatorium Saint-Joseph, est dispo- nible. La ville de Montréal consent à achater au coût de 45 000 $9. Elle pose toutefois deux conditions : l’hôpital doit avoir au moins 500 lits et les travaux de construc- tion devront débuter au plus tard dans 12 mois. Cette première acquisition n’est pas jugée suffisante et les

sœurs lorgnent le terrain avoisinant qui appartient à la Montreal Industrial Land Company10. Il faut faire vite, car on craint que le projet ne « s’ébruite ». La com- pagnie consent à vendre le lot convoité à la condition toutefois que les sœurs acquièrent un autre lot atte- nant, au coût total de 57 000 $. À 3 cents le pied carré, l’affaire est une aubaine11. De fait, la compagnie, qui apprendra plus tard la nouvelle de la construction de l’hôpital, « ne cachera pas « son regret d’avoir forcé la vente du lot 2012». Les sœurs, qui sont d’habiles négo- ciatrices, ont agi avec une célérité peu commune : tous les contrats sont signés entre la fin de septembre et le début de décembre 194913.

Limité au nord par le boulevard Rosemont, à l’est par la rue Dickson, au sud par la rue Sherbrooke et à l’ouest, par un futur boulevard, cet immense territoire permet tous les projets d’expansion. Mais encore faut-il que le futur hôpital soit aisément accessible. En effet, il faut ouvrir une voie entre les rues Sherbrooke et Rose- mont, lesquelles ne sont pas reliées. Il faut aussi prévoir la prolongation du service de transport en commun à l’est du boulevard Pie-IX. Mais il n’y a rien d’urgent et tout cela est déjà dans les plans de la ville et de la communauté.

En attendant, il faut trouver une dénomination appropriée au nouvel hôpital. Conséquente, la com- munauté des sœurs grises accepte officiellement, le 12 octobre, la suggestion du ministre Paquette de nommer le futur établissement « Hôpital Maisonneuve ». Ce choix est certes en l’honneur de Paul Chomedey de Maisonneuve, fondateur de Montréal, mais c’est « un peu aussi » parce que l’institution sera élevée dans le quartier de ce même nom14. On adopte également la devise de l’hôpital, rédigée par la secrétaire générale des sœurs grises, mère Léonie Ferland : « Nous sommes les coopérateurs de Dieu. »

Reste à s’adresser à la législature du Québec pour obtenir une loi constituant en personne morale l’Hôpi- tal Maisonneuve (HM). L’affaire n’est qu’une formalité

Extrait de la publication

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composé en scala corps 10

selon une maquette réalisée par josée lalancette et achevé d’imprimer en décembre 2004

sur les presses de agmv-marquis à cap-saint-ignace, québec pour le compte de denis vaugeois éditeur à l’enseigne du septentrion

Extrait de la publication

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