C LAUDE F LAMENT
Sur la réunion des arbres maximaux d’un graphe totalement préordonné. Note auto-critique
Mathématiques et sciences humaines, tome 121 (1993), p. 35-40
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SUR LA
RÉUNION
DES ARBRES MAXIMAUX D’UN GRAPHE TOTALEMENTPRÉORDONNÉ
- NOTE
AUTO-CRITIQUE -
Claude FLAMENT
RÉSUMÉ -
Un algorithme pour la recherche de la réunion des arbres maximaux (RAM) d’un graphepréordonné
était
proposé
dans un articleprécédent
(Math. Inf. Sci. hum. n°114, 1991, 35-40). Cetalgorithme,
qui était incorrect, estcomplété,
justifié et illustré par unexemple
dans cette note.ABSTRACT - On the Union of the Maximum
Spanning
Trees in aCompletely
Preordered Graph: a Self-Critical Note.
For the research of the union of the maximal spanning trees of a completely preordered graph, an algorithm was proposed in a previous paper (Math. Inf. Sci. hum. n°114, 1991, 35-40). This algorithm was uncorrect. In this note, it is completed, justified, and illustrated in an example.
Dans un
précédent
article(Flament, 1991 ), j’ai proposé
unalgorithme
destiné àproduire
laréunion des arbres maximaux
(RAM)
d’ungraphe préordonné.
Sans preuve : la validité del’algorithme
me semblaitévidente ;
ce sentiment d’évidence a dûs’imposer
à la direction de larevue et aux
experts qu’elle
a dûsolliciter, puisque
lapublication
a eu lieu.Or,
cetalgorithme
est
incomplet,
comme le montrera un contreexemple.
Pour des
applications
en Sciences Humaines(cf. Degenne, 1985 ; Flament, 1981),
noustravaillions sur des
graphes préordonnés
comme s’ils étaientordonnés,
en utilisant desalgorithmes proposés
par Rosenstiehl(1967) :
enmachine, l’algorithme
1(dit :
Kruskal - Id’origine),
basé sur la liste des arêtes dugraphe
dans l’ordredécroissant ;
et, à la main(car
celas’avère
nécessaire,
même avec lapopularisation
desmicro-ordinateurs) l’algorithme
5(dit
Kruskal - III
d’origine)
basé sur l’ensemble descocycles "ponctuels" (successivement, chaque
sommet
opposé
à tous lesautres).
-Cet
algorithme (dont
l’histoire est ancienne :Boruvka, 1926)
consiste en deuxphases 1)
Par lecture de la table de valuation des arêtes dugraphe,
on trouve unepartie (au moins)
del’arbre maximum :
chaque ligne
décrit uncocycle ponctuel,
et la valeur maximum de laligne désigne
l’arête maximum ducocycle.
2)
Engénéral,
legraphe
ainsi construit n’est pas connexe ;alors,
onprend
les sommets d’unecomposante
connexe(n’importe laquelle) qui, opposés
aux autres sommets, donnent uncocycle
dont l’arête maximum est retenue ;ainsi,
on réduit le nombre decomposantes
connexes ; on recommence la
phase
2jusqu’à
cequ’on
obtienne ungraphe
connexe,qui
estl’arbre maximum recherché.
L’analyse
de certaines donnéesempiriques
nous ayant montréqu’il pouvait
êtredangeureux
de faire comme si le
graphe
étaitordonné,
alorsqu’il
estpréordonné,
nous avonspensé généraliser
correctementl’algorithme,
pourl’essentiel,
enremplaçant
lesingulier (l’arête maximum)
par lepluriel (les
arêtesmaximales).
Mais c’était uneillusion,
comme le montrel’exemple
suivant(qui n’implique
que laphase 1,
cequi
est suffisant pourrejeter l’algorithme).
Tableau 1 :
Figure
1 :A
partir
de a(comme
deb),
on a(ab) ;
c donne(bc)
et(cd) ;
d et e donnent(ed).
Etl’algorithme
s’arrête. Or(cf.
zonegrisée
dans le tableau1), (ae)
estmaximum,
en mêmetemps
que(bc),
dans lecocycle (ab/cde)
quel’algorithme
ne sauraitprendre
en considération. B faut donc modifierl’algorithme.
Rappelons
despropriétés
bien établies(cf. Flament, 1975, Propriétés
2 et3 ;
Flament etLeclerc, 1983,
Lemme 5-1et § 6-3) :
A - Toute arête maximum dans un
cocycle
faitpartie
de laRAM ;
B - Toute arête seule minimum dans un
cycle
ne fait paspartie
de laRAM ;
C - Tout
cycle
de la RAM a au moins deux arêtes minimums.Établissons
lapropriété :
D - Soit u une
arête,
et G unsous-graphe
connexe de laRAM,
tel que :1)
un’y figure
pas ;2)
toutes les arêtes de la RAM
supérieures
à ufigurent
dansG ; 3)
G contient toute autre arête de la RAMqu’on voudra ; alors,
si GU{ u }
necomporte
pas decycle
où u est seuleminimum,
ufait
partie
de la RAM.En
effet, supprimons
de G toutes les arêteséquivalents
à u ; legraphe
G’ résultat estdéconnecté et tel que les extrémités de u sont dans des
composantes
connexesdistinctes ;
opposons les sommets de lacomposante
contenant l’une des extrémités de u à tous les autres sommets. Soit C lecocycle
ainsidéfini ;
parconstruction,
G’ fl C = 0. Soit v une arêtemaximale de C. On ne
peut
avoir v > u, car alors on aurait v E G’ flC ;
donc v = u, et u, étant maximale dans uncocycle, appartient
à la RAM.Reprenons l’algorithme
descocycles (au pluriel :
onprend
les arêtesmaximales)
et,après
la
phase 2, ajoutons :
3)
Soit G legraphe
alorsproduit,
et s la valeur d’une arête minimum deG ;
par lecture de latable,
on identifie les arêtes de valeursupérieure
ouégale
à s, etqui
nefigurent
pasdéjà
dansG. On
préordonne
ces arêtes defaçon
décroissante(opération généralement facile,
carportant
sur peu
d’arêtes*) ;
on lit cetteliste,
et on retient l’arête considérée si et seulement si elle n’est seule minimum dans aucun descycles qu’elle engendre
ens’ajoutant
augraphe déjà
construit.Dans notre
exemple (fig.
1 et tab.1),
on a s =2,
et la table nous fait considérer l’arête(ae), qu’on
retient. P.Vergés
agénéralisé
aupréordre l’algorithme
basé sur la liste ordonnée detoutes les arêtes du
graphe (dans
lesproblèmes
de tailleréelle,
c’est cetteopération qui
faitproblème
à la main : on setrompe toujours quelque part !) :
on ordonne defaçon
décroissante les classes d’arêteséquivalentes
dans lepréordre ;
àchaque étape,
onpartage
la classe rencontrée en deux classes(dont
unepeut
êtrevide) :
les arêtes"homogènes" (une
arêtehomogène
a ses deux extrémités dans une mêmecomposante
connexe dugraphe
construit àl’étape précédente),
et les arêtes"hétérogènes" (les autres) ;
ce sont ces dernièresqu’on
retient.L’exemple
suivant estpeut-être
leplus petit qui présente
les divers cas rencontrés dans cetarticle et le
précédent.
* L’expérience montre que, si il y a beaucoup d’arêtes équivalentes dans les valeurs fortes, c’est que les données
empiriques sont douteuses (par exemple le nombre de sujets est trop faible) ; alors, machine ou pas, il vaut mieux
s’interroger sur les données que s’acharner à des calculs fastiduex dont les résultats ne sauraient avoir plus de valeur que les données traitées.
Tableau 2
ALGORITHME DES COCYCLES :
Phase 1. Les valeurs maximales dans
chaque ligne (encadrées
dans le tableau2)
donnent sixarêtes
(en
traitspleins figure 2).
Figure
2Phase 2. On
prend
l’une descomposantes
connexes, parexemple {B,F}, qui
définit lecocycle
(BF/ACDEGHI) (tableau 3).
On trouve les arêtes
(BG)
et(FH),
en tiretsfigure 2,
cequi
donne ungraphe
connexe : unarbre,
enfait ;
mais ce n’est pas le seul arbremaximum,
comme va le montrer la dernièrephase.
Phase 3. Dans le
graphe
de lafigure 2,
les arêtes minimales donnent s = 2. La lecture de la tab. 2 donne les arêtes de valeurégale
ousupérieure
à s, etqui
nefigurent
pas dans lafigure
2 :(BE)
=2 , (CG)
=2 , (DH)
=4 ;
d’où lepréordre
décroissant :(N.B.
L’ordre deprise
en considération des arêteséquivalentes
est sans influence sur lesrésultats ;
cf.Propriété D).
Ajoutée
augraphe
de lafigure 2, (DH) engendre
lecycle (DGBFHD),
où(DH)
n’est pas minimale : on retient cettearête ; (BE) engendre (BFHEB)
où elle est seule minimale : onrejette
cette
arête ;
enfin(CG)
n’est pas seule minimale dans lescycles (CIADGC)
et(CIADHFBGC) ;
on retient donc cettearête,
et on obtient la RAM(Figure 3).
Figure
3ALGORITHME DES
ARÊTES PRÉORDONNÉES :
Soit la liste :
et toutes les autres arêtes de valeur 1.
Les
étapes 1,2 et 3,
retiennent successivement(DG), puis (CI)
et(EH), puis (BF),
commeà
chaque fois, "hétérogènes" ;
legraphe
résultant a 5 composantes connexes :{ A } , { DG }, ( C,I } , { E,H }
et{ B,F } .
Étape 4 : (DH)
est"hétérogène",
et crée lacomposante { D,G,E,H } .
Étape 5 : (BG)
et(FH)
sont"hétérogènes"
par rapport augraphe produit
parl’étape 4 ;
ellessont toutes les deux retenues, et créent la composante
{D,G,E,H,B,F,}. (N.B.
Une seule desdeux arêtes suffit à créer cette
composante,
mais les deux arêtes doivent êtreretenues).
Étape
6 :(BE)
est"homogène",
etrejetée ;
les autres arêtes de valeur 2 sont"hétérogènes",
ettoutes retenues : on obtient le
graphe
de lafigure 3 ;
celui-ci étant connexe, iln’y
a pasd’étape
ultérieure.
BIBLIOGRAPHIE
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