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Recherche et numérisation du patrimoine en Europe

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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du patrimoine en Europe

Muriel Foulonneau

Chargée de mission pour la société de l’information Relais Culture Europe

17, rue Montorgueil F-75001 Paris

mfoulonneau@relais-culture-europe.org

RÉSUMÉ. Les programmes de numérisation du patrimoine s’appuient sur des travaux de recherche pour les aspects technologiques de la numérisation et pour le traitement, l’accès, la conservation et l’usage des documents. Cette collaboration, très importante pour les acteurs culturels, commence à se structurer notamment au niveau européen, avec la valorisation des travaux associant acteurs culturels et acteurs de la recherche. C’est à cette condition que les technologies développées par les chercheurs bénéficieront aux contenus culturels numériques pour leur exploitation et leur visibilité sur les réseaux.

ABSTRACT. Digitisation programmes for heritage resources are supported by research projects on technological aspects of digitisation and for document processing, access, preservation and usability. This collaboration, of uppermost importance for cultural stakeholders is structured, notably at European level, through the creation of incentive for projects involving actors of both the research and the cultural fields. This is the condition for digital cultural content to benefit from technologies developed by researchers to improve their exploitation and visibility on the Internet.

MOTS-CLÉS : numérisation, bibliothèques électroniques, politique de numérisation, patrimoine, Espace europeen de la recherche.

KEYWORDS: digitisation, digital libraries, digitisation policy, heritage, European Research Area.

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Le monde culturel se transforme avec les technologies de l’information et le rôle qui lui incombe pour numériser puis gérer, publier, préserver des documents numériques, images, texte, vidéo, son, 3D, ressources interactives. Il bénéficie d’un certain nombre de technologies développées par ailleurs pour d’autres applications, et adaptées aux documents patrimoniaux, en tenant compte des problèmes spécifiques qu’ils posent.

1. La numérisation des documents patrimoniaux s’appuie sur la recherche Afin de créer des programmes pour la numérisation des collections, le secteur culturel s’est appuyé sur des expériences lancées dans le monde de la recherche. La Mission de la recherche et de la technologie du ministère de la Culture et de la communication soutient ainsi des projets de recherche parallèlement à la gestion du programme national de numérisation ; la Bibliothèque nationale de France participe à de nombreux travaux, en France et à l’international ; l’Institut national de l’audiovisuel a une direction de la recherche et de l’expérimentation très active dans les réseaux européens, notamment sur la préservation du patrimoine audiovisuel.

Les travaux de recherche menés dans les laboratoires conduisent à améliorer les standards et les outils techniques pour développer l’accès aux contenus culturels numériques, pour préserver les originaux lors de la numérisation, pour assurer l’intégrité des données stockées, pour extraire automatiquement des informations à partir de ces documents, enfin pour mettre au point des chaînes de traitement performantes qui permettent de baisser les coûts de production.

Un certain nombre d’obstacles à la production massive de ressources numériques font ainsi l’objet de recherches sur les documents eux-mêmes et sur les systèmes qui permettent de les créer, de les identifier, de les gérer, d’y accéder, de les retrouver, d’en extraire des informations, de les préserver.

Pourtant, les travaux doivent se développer dans un certain nombre de domaines et évoluer avec les innovations technologiques et l’adaptation du secteur culturel aux technologies de l’information. Des difficultés majeures subsistent pour répondre aux besoins de numérisation à des coûts raisonnables et dans de bonnes conditions, pour l’exploitation et la conservation des documents numériques.

1.1. Applications et utilisateurs du document numérique patrimonial

Les recherches permettent d’améliorer les procédures de traitement pour le monde culturel (bibliothèques, musées, archives, inventaire, monuments et sites…), pour celui de la recherche (archéologie, fonds patrimoniaux des bibliothèques universitaires par exemple), mais aussi pour les galeries, agences, ou encore les établissements publics tels que l’Institut national de l’audiovisuel.

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Des coopérations existent ainsi entre monde de la recherche et monde culturel et patrimonial pour réaliser des applications innovantes. Elles sont encouragées par les pouvoirs publics pour améliorer les procédures de travail et moderniser les services aux citoyens.

1.2. Des domaines de recherche au service du document patrimonial

Sur l’ensemble de la chaîne de numérisation et de traitement des documents, la recherche et l’expérimentation de technologies sont fondamentales.

La numérisation en masse de documents se heurte à la manipulation particulière de documents fragiles, la nécessité parfois de numériser sur site, la diversité des formats (certaines séries comprennent des documents très larges et d’autres de taille réduite). Les documents d’archives, souvent fragiles, se mesurent en kilomètres et posent un véritable problème à la fois de conservation des originaux et d’accès. Ils sont souvent dépourvus d’index qui faciliteraient le repérage des informations et les généalogistes par exemple doivent parfois déployer une grande énergie pour repérer les noms cités dans des registres. Les cartes et plans, en particulier de grand format, nécessitent des dispositifs particuliers pour l’acquisition et le stockage de l’ensemble des informations nécessaires afin de restituer les images numériques et permettre une navigation pertinente.

Les formats numériques n’assurent pas la pérennité des données patrimoniales et des stratégies doivent être élaborées pour la conservation des documents numériques, avec le défi particulier posé par les nouveaux médias qui mêlent différents formats. Le coût important de l’indexation des documents et le volume des fonds existants qui ne sont pas indexés a conduit à mener des travaux pour l’indexation ou la classification assistée des documents qui permettent la création automatique ou semi-automatique de métadonnées descriptives et/ou de structure pour l’accès, la gestion et la diffusion des documents. A partir de données techniques, il est alors possible de développer de nouveaux modes d’accès, très importants dans le cas du son et des images animées, basés sur la recherche et la navigation par le contenu (recherche d’images similaires à une image donnée par exemple).

Enfin, la diffusion des fonds numérisés pose un véritable problème pour la protection des droits de propriété intellectuelle. Cet aspect est de plus en plus traité de manière technique, avec la protection technique des œuvres et donc des documents numériques publiés sur les réseaux (par exemple le marquage).

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2. Quelques exemples de coopération entre secteur culturel et secteur de la recherche

2.1. Recherches technologiques

A titre d’exemples, le Laboratoire d’acoustique musicale du CNRS collabore avec le ministère de la culture français sur la préservation des supports de stockage des documents numériques (intégrité des données). L’IRISA travaille sur des applications pour la navigation dans de grandes quantités de documents d’archives grâce à l’annotation des documents en fonction de leur structure. Le projet DEBORA, conduit notamment à l’Ecole nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques et à l’INSA de Lyon, a permis d’améliorer la chaîne de numérisation de documents fragiles. Les chercheurs de l’Institut national de l’audiovisuel développent des systèmes d’indexation assistée grâce à la reconnaissance des sons et des formes. Le centre de recherche et de restauration des Musées de France analyse la structure de peintures, réalise de la numérisation à très haute définition et en trois dimensions… L’IRCAM élabore des systèmes pour la recherche d’informations musicales par le contenu et l’identification automatique d’œuvres.

2.2. Recherches documentaires et accès aux documents patrimoniaux

Outre la technologie, les travaux de recherche sur les aspects documentaires permettent d’améliorer l’accès aux documents numériques grâce à leur description, la préservation et l’organisation de ces documents grâce à des métadonnées de gestion, enfin leur utilisation et réutilisation dans différents contextes. Ces recherches sur les métadonnées, les concepts qu’elles représentent, les terminologies et thesaurus visent à faciliter l’accès et la gestion des documents numériques par différents systèmes descriptifs (jeux de métadonnées et contenus de ces métadonnées), établissant des relations entre des modèles d’interopérabilité et des ensembles de métadonnées. Elles exploitent les travaux d’indexation réalisés souvent manuellement dans les établissements culturels.

Une particularité de ce type de recherches qui rejoignent en partie les applications du web sémantique, est qu’elles nécessitent de larges corpus documentaires, utilisables et utilisés pour améliorer les applications de recherche d’informations. Les recherches sur l’accès aux documents incluent également les applications du traitement automatique du langage pour la recherche dans de grands volumes de documents textuels ou dans des métadonnées. Ainsi le projet AGILE1 qui associe la société Lingway et la Bibliothèque nationale de France doit permettre la mise au point d’une application de Web-mining.

1. http://www.lingway.com/fr/projets_et_developpements.php

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2.3. Sociologie, usages et interfaces

Enfin, des travaux lancés par le secteur culturel portent sur les utilisateurs des documents numériques patrimoniaux en ligne et leurs usages. L’étude lancée par la Bibliothèque nationale de France avec France Télécom R&D est à cet égard très importante pour montrer comment les utilisateurs abordent les documents numériques, ce qu’ils souhaitent en faire, comment et pourquoi les créer plus efficacement pour un plus large public. Des partenariats avec des universités, telles que Lille 3 permettent de développer ce type de recherche. Le laboratoire Culture et communication de l’université d’Avignon s’est notamment penché sur l’audience des sites internet patrimoniaux et leurs usages en milieu éducatif. Des travaux sur les interfaces homme-machine, en particulier au CNAM (laboratoire CEDRIC) anticipent les nouveaux modes d’accès aux documents patrimoniaux numériques, pour feuilleter des ouvrages en ligne ou la création et la navigation interactive de documents culturels numériques.

3. La coordination des travaux de recherche au niveau international

Les travaux internationaux permettent de définir des axes stratégiques et de développer ainsi des projets communs. Des projets majeurs tels que DEBORA ou METAe ont par exemple montré la complémentarité des équipes de recherche en Europe sur le thème de la numérisation. L’émergence de thématiques transnationales telles que le multilinguisme doit associer des équipes internationales.

Les acteurs culturels prennent conscience de la nécessité d’échanger les expériences et d’adopter des stratégies concertées sur l’innovation.

3.1. Des thèmes de recherche internationaux

Au niveau international, le Cultural Content Forum2 s’attelle à fédérer les recherches sur les audiences des documents patrimoniaux en ligne ou « contenus culturels numériques ». Cette initiative commune des pays de l’Union européenne, d’Amérique du Nord, d’Australie et à laquelle se sont joints des Etats asiatiques, montre que les problématiques de recherche sur les documents patrimoniaux sont très largement partagées par les responsables des institutions publiques.

Les responsables de la numérisation du patrimoine culturel et scientifique dans les différents Etats membres de l’Union européenne ont donc tout intérêt à partager les résultats des recherches réalisées dans leur pays, à discuter des technologies à expérimenter et définir les priorités pour la recherche sur les documents patrimoniaux.

2. http://www.culturalcontentforum.org

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D’autres forums européens permettent de discuter des priorités technologiques, en facilitant la rencontre de chercheurs, de responsables institutionnels, d’acteurs culturels et d’entreprises du secteur. Ainsi, le forum Digicult3 examine les applications de différentes technologies dans le secteur patrimonial, telles que les applications du web sémantique ou les technologies et applications qui assurent l’intégrité et l’authenticité des documents numériques. L’Open Archives Forum4 envisage les recherches, expérimentations à réaliser et développements potentiels du protocole de collecte de métadonnées de l’initiative des Archives ouvertes (OAI- PMH).

3.2. Structurer un espace de recherche autour des documents numériques patrimoniaux

Cette rencontre des chercheurs, des acteurs culturels et institutionnels afin de définir les usages et thèmes prioritaires de la recherche passe par l’organisation de grands événements. Sur le modèle de la grande conférence américaine Joint Conference on Digital Libraries, la conférence européenne European Conference on Digital Libraries sur les bibliothèques électroniques est devenue une référence mondiale et un espace privilégié de rencontre entre acteurs culturels et acteurs de la recherche pour la création et l’exploitation de documents numériques patrimoniaux.

Pourtant, une telle rencontre a conduit à poser la question de l’aire couverte par le concept de bibliothèques électroniques, lors d’une table ronde animée par Stefan Gradman de l’université de Hambourg « Bibliothèques ? Electroniques ? ». Des spécialistes de différents secteurs réunis autour de ce thème appliquent des technologies développées dans les domaines de la recherche d’informations, les interfaces homme-machine, le traitement automatique du langage, la création d’outils pour la gestion à long terme des fonds patrimoniaux.

Le champ couvert par les bibliothèques électroniques est devenu bien plus large que celui des seuls fonds de bibliothèques, il s’étend en effet à de nombreux autres types de contenus, produits et gérés dans des services d’archives, des musées, des monuments, des sites archéologiques ou naturels, etc., ainsi que le décrit le réseau d’excellence sur les bibliothèques électroniques en Europe, DELOS5. Les applications mises en œuvre devraient être, dans l’avenir, de moins en moins calquées sur celles des bibliothèques physiques. Pourtant, les représentants du secteur patrimonial à une telle conférence viennent surtout du monde des bibliothèques.

Face à la diversité des recherches présentées, face à un « public » encore peu composé de représentants des secteurs des musées, des archives ou d’autres

3. http://www.digicult.info 4. http://www.oaforum.org 5. http://delos-noe.iei.pi.cnr.it/

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domaines patrimoniaux, la table-ronde proposait une réflexion sur les stratégies, les objectifs et les attentes des publics pour comprendre comment intégrer réellement l’ensemble des types de contenus numériques et adapter les recherches en cours aux besoins des utilisateurs de bibliothèques numériques.

Mais les « bibliothèques électroniques » sont un champ d’application, sont-elles un champ de recherche ? La question majeure posée aux intervenants était ainsi d’envisager la structuration d’une aire de recherche pour intégrer toutes les technologies nécessaires pour créer, accéder, gérer, rechercher et préserver les documents numériques patrimoniaux.

Toutes ces technologies convergent pour proposer des applications au monde culturel mais ne définissent pas de problématiques spécifiques aux documents patrimoniaux, les différents types de contenus, leur langue, leur type, audiovisuel, image, texte… leur histoire, leur création…

C’est là la responsabilité des acteurs culturels de démontrer les besoins spécifiques des documents patrimoniaux et donc de s’impliquer aux côtés des chercheurs, proposer des contenus adaptés à la recherche et partager leurs savoirs et expériences complémentaires pour le développement de projets innovants.

4. Les acteurs culturels et la recherche en Europe

Une stratégie pourrait ainsi s’élaborer pour permettre la rencontre des acteurs de la numérisation et de l’exploitation des documents culturels numériques, pas seulement par secteur mais grâce à des réseaux transversaux, alliant les bibliothèques, les musées, les archives, les monuments, les vidéothèques, les universités et laboratoires des établissements culturels.

4.1. Encourager la recherche sur les documents numériques

Il est très important, pour le secteur patrimonial, d’encourager ce type de collaborations, en développant les compétences des établissements culturels, en réalisant le cas échéant des guides et en fournissant des outils tels que des contrats types pour l’utilisation de ressources. C’est de ce constat qu’est né le projet EMII- DCF6 qui devait définir l’état des collaborations entre les différents secteurs pour les projets de recherche du programme IST de la Commission européenne7 et fournir des outils et spécifications pour améliorer la participation des acteurs culturels, seule garante du transfert de technologies et donc de l’utilisation effective des résultats de la recherche.

6. European Museums’Information Institute Distributed Content Framework, http://www.emii-dcf.org

7. http://www.cordis.lu/ist/

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Finalement, les établissements qui ont développé des compétences technologiques se prêtent souvent plus volontiers à des projets de recherche avec le secteur universitaire ou le secteur privé. Les contenus fournis pour la recherche sont de meilleure qualité et les partenariats plus aisés. C’est en développant ces compétences et le respect de standards pour la création des documents numériques, que les fonds patrimoniaux seront le plus facilement réutilisables pour le développement d’applications innovantes. Ainsi, les projets EMII-DCF sur la réutilisation des documents numériques patrimoniaux pour la recherche et MINERVA8 sur les politiques de numérisation réalisent un guide commun pour les standards techniques à respecter dans les programmes de numérisation. Il dessine les contours d’un environnement européen des contenus culturels numériques (numérisés ou créés numériquement) pour faciliter la réutilisation de ces documents et le développement de services culturels en ligne.

4.2. Les technologies de l’information : un enjeu structurel pour la numérisation du patrimoine

Au sein du Groupe des représentants nationaux sur la numérisation du patrimoine culturel et scientifique (GRN)9 en Europe, des représentants des Etats membres sur la culture numérique sont sollicités pour coordonner leurs politiques, les programmes nationaux de numérisation et leur articulation avec notamment les programmes de financement de la recherche en nouvelles technologies, afin d’assurer une meilleure prise en compte des résultats des projets de recherche.

Cette action repose sur un certain nombre de textes. Les principes de Lund définis en 2001 ont été approuvés par tous les gouvernements européens. Ils établissent que « Pour permettre aux Etats membres de définir et d’appliquer des stratégies et des accords relatifs à la production, à la qualité, à la découverte et à l’utilisation des contenus, il convient de résoudre un certain nombre de problèmes techniques actuels ou émergents au moyen d’actions de recherche et développement technologique10 à court et à plus long terme. La Commission devrait : […] lutter contre la menace d’une stagnation dans le domaine numérique en concevant des programmes de recherche avancée sur les technologies numériques et sur la conservation du contenu, en améliorant les applications relatives aux technologies avancées de numérisation du contenu culturel et scientifique (par exemple, l’imagerie multispectrale) ainsi qu’en valorisant le contenu au fil du temps. Ce travail devra être effectué en collaboration étroite avec le secteur industriel11. »

8. http://www.minervaeurope.org/

9. http://www.cordis.lu/ist/ka3/digicult/eeurope-overview.htm 10. Recherche et développement technologique.

11. ftp://ftp.cordis.lu/pub/ist/docs/digicult/lund_principles-fr.pdf

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Cet effort devrait être particulièrement orienté vers les établissements qui ont peu accès aux technologies et aux compétences. La Commission européenne doit donc relever le défi énoncé dans le résumé du rapport sur le patrimoine numérique en Europe : Digicult Executive Summary 200112 de « permettre aux petits établissements culturels, qui manquent de moyens de participer aux futurs programmes de Recherche & Développement (R&D) en réduisant le fossé technologique 13 ».

4.3. Coordonner la recherche et la numérisation

La mise en place de « réseaux d’excellence14 », rassemblant les acteurs de la recherche les plus actifs en Europe dans de nombreux secteurs, devrait renforcer cette coopération. Les pays européens doivent tirer parti de cet effort de structuration d’un champ de recherche sur la culture numérique, en intégrant les innovations aux programmes de numérisation et en assurant la création d’un grand nombre de ressources numériques, donc la présence des contenus culturels européens sur l’internet.

De nombreux pays, tels l’Autriche ou les Pays-Bas15, en élaborant une stratégie de numérisation, incluent tous les aspects de la production (numérisation et récupération des contenus créés numériquement), économiques (stratégie de commerce électronique ou modèle économique) et de recherche. Le programme

« Chaîne de production numérique16 » aux Pays-Bas associe des établissements culturels, des entreprises, des laboratoires de recherche de grandes universités pour le développement de technologies pour le patrimoine. En France et en Italie, les sources de financement de la numérisation sont couplées avec celles d’activités de recherche.

Les programmes de numérisation s’appuient ou devraient s’appuyer sur des centres de compétence. Ceux-ci sont désignés pour apporter un support technique ou juridique et éventuellement un accompagnement aux porteurs de projets. Les activités de MINERVA sur les bonnes pratiques17 montrent que de nombreux centres de compétences, qu’ils soient nommés officiellement ou largement

12. Technological Landscapes for Tomorrow’s Cultural Economy.

13. http://digicult.salzburgresearch.at/results/english/chapter3.htm

14. Du 6e programme cadre de recherche développement de la Commission européenne pour 2003-2006.

15. « Coordinating digitisation in Europe - Progress report of the National Representatives Group: coordination mechanisms for digitisation policies and programmes 2002 », European Commission: The Information Society Directorate-General, 2003, 243 p., ISBN 92-894- 4863-6, http://www.minervaeurope.org/publications/globalreport.htm

16. Digital Production Line.

17. http://www.minervaeurope.org/listgoodpract.htm

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reconnus, sont souvent des laboratoires de recherche ou des services dédiés à l’innovation dans de grands établissements culturels, tels que des bibliothèques nationales. Ces centres de compétences sont des canaux majeurs pour le transfert de technologies et jouent un rôle important pour encourager les expérimentations et les projets innovants. Les établissements plus petits devraient être davantage impliqués dans de tels projets de recherche et les guides réalisés par les experts d’EMII-DCF et de MINERVA visent effectivement à compléter l’action des centres de compétences européens.

5. Propositions pour la collaboration entre secteurs culturel et de la recherche Une position commune des deux projets EMII-DCF et MINERVA dans ce sens a été présentée au Groupe des représentants nationaux lors de la réunion de Parme en novembre 200318. Elle vise à mettre la coopération entre secteurs culturel et de la recherche au cœur des initiatives du GRN et de la Commission européenne au moment où une nouvelle configuration apparaît entre les différents programmes communautaires pour la société de l’information, en particulier eContent, eTen, 6e programme cadre de recherche et développement (PCRD).

Le programme européen IST (PCRD) est une source majeure de projets innovants impliquant notamment des établissements culturels qui développent des applications des technologies de l’information pour le patrimoine. Pourtant, la Commission n’a pas mis en place de programmes pour financer directement la numérisation et l’application des technologies peut seulement être assurée au travers des programmes de numérisation et de recherche nationaux. Dans ce contexte, il n’est pas possible de développer d’activités communes et réellement coordonnées sans l’intervention d’un organe intermédiaire. Le Groupe des représentants nationaux a clairement un rôle à jouer pour assurer la coordination de la création de contenus culturels numériques mais il doit s’élargir et être complété pour coordonner les dispositifs pour la numérisation et ceux pour la recherche, au travers de centres de compétences européens, au travers de la promotion d’un dispositif européen pour la numérisation du patrimoine, au travers d’un organe européen (observatoire ou agence décentralisé) sur la numérisation des contenus culturels.

La Commission européenne n’a pas mis en place de programme pour la numérisation mais les acteurs européens pourraient tirer un meilleur parti d’instruments tels que les programmes eTen et eContent, afin de créer des services en ligne innovants avec une dimension transeuropéenne. Cet engagement constituerait une manière tangible de démontrer le potentiel d’exploitation des contenus culturels numériques au travers de l’implémentation concrète de services tels que des portails transeuropéens.

18. http://www.minervaeurope.org/intranet/documents/emiiminerva0310.pdf

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Les orientations majeures de la recherche dans le secteur de la numérisation du patrimoine pour les années à venir doivent contribuer à améliorer la qualité des documents numériques et baisser les coûts de la numérisation de sorte à améliorer la productivité et accroître le volume des contenus numériques créés. Ils doivent principalement relever les défis posés par les documents archivistiques, notamment la reconnaissance automatique des contenus, la numérisation de grands formats, la production de masse de documents 3D, les architectures distribuées pour des services patrimoniaux numériques, la préservation des contenus numériques, la gestion de contenus multilingues et multiculturels, l’amélioration de la recherche d’informations patrimoniales, les outils de standardisation des ressources, finalement de nouvelles interfaces pour l’affichage intelligent des contenus culturels. Les communautés de recherche sur tous ces secteurs fonctionnent souvent dans des réseaux distincts. Il semble intéressant d’établir des liens entre les laboratoires qui travaillent sur les ressources patrimoniales, aux niveaux nationaux et internationaux et bénéficier ainsi des évolutions structurelles liées à la mise en place de l’Espace européen de la recherche.

L’organisation de conférences et événements rassemblant des conservateurs de musées, de bibliothèques, des archivistes et des chercheurs en nouvelles technologies peuvent renforcer la coopération entre les établissements culturels et le secteur de la recherche. La conférence ICHIM sur les institutions culturelles et le numérique19, initialement axée sur les technologies pour les musées s’est élargie à l’ensemble des secteurs patrimoniaux et a aujourd’hui un rayonnement mondial. La Conférence européenne sur les bibliothèques électroniques (ECDL) décrite précédemment constitue un très bon exemple de cet effort et de cette coopération fructueuse. Elle offre une opportunité pour les professionnels des bibliothèques de s’engager dans les activités de recherche et de fournir des orientations aux chercheurs. L’élargissement d’un tel forum ou la création d’un nouveau forum pour tous les secteurs patrimoniaux et les chercheurs en nouvelles technologies sur le patrimoine, qu’elle soit académique ou privée, permettrait à la fois de renforcer la dimension transversale et transsectorielle des applications pour le patrimoine et de faire prendre conscience de la qualité et du type de contenus nécessaires pour un usage par les chercheurs.

Les projets MINERVA et EMII-DCF ont souligné la nécessité de lancer des initiatives pour la coordination des programmes de recherche et des programmes de numérisation. L’environnement en cours d’élaboration au niveau européen pour les contenus culturels numériques doit intégrer une stratégie de diffusion des technologies et de l’innovation dans les établissements culturels. L’innovation est indispensable dans de nombreux domaines et est seule garante de la visibilité des contenus culturels français et européens sur les réseaux et de la qualité des services offerts aux citoyens.

19. http://www.ichim.org

Références

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