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Politiques et Management Public : Article pp.121-146 du Vol.34 n°1-2 (2017)

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*Auteur correspondant : isabelle.kustosz@univ-valenciennes.fr

doi :10.3166/pmp.34. 2017.0007 © 2017 IDMP/Lavoisier SAS. Tous droits réservés

Isabelle Kustosz

Univ. Valenciennes, EA 1384-IDP, Institut du Développement et de la Prospective, IAE de Valenciennes, 59313 Valenciennes

Résumé

La gouvernance des systèmes de Recherche, Développement et Innovation (RDI) connaît une mutation continue depuis les années 90. Une succession de réformes et de dispositifs législatifs dans les contextes communautaire, national et régional a contribué à entériner l’idée d’une participation accrue de la société civile à la construction des politiques publiques de recherche, de développement et d’innovation. Cette tendance traduit une évolution du rapport science et société dont les implications sont nombreuses tant sur l’organisation de la recherche publique, que sur les programmations thématiques, les designs de recherche et les schémas de financement. Si la participation de la sphère entrepreneuriale à la recherche et à l’innovation n’est évidemment pas récente, c’est la légitimation des processus de sélection thématique et d’articulation des financements sur la base de l’intervention et de l’expertise entrepreneuriale qui l’est davantage. Cette contribution se penche précisément sur le cas des stratégies régionales d’innovation en vue d’une spécialisation intelligente (SRI- SI) pour lesquelles un exercice de « découverte entrepreneuriale » a été mis en œuvre au sein des régions françaises dans le cadre de la programmation des fonds communautaires 2014-2020. © 2017 IDMP/Lavoisier SAS. Tous droits réservés

Mots clés : Spécialisation intelligente, Découverte entrepreneuriale, Gouvernance, Politiques régionales, Système de RDI.

Abstract

Towards a territorialized Innovation Governance : the participation of the entrepreneurial sphere in the case of the smart specialization. The governance of the RDI system is altering since three decades. A succession of reforms within European, national or regional contexts contributed to confirm the idea of an active participation of firms and civil society in the construction of the public policies of research, development and innovation. This trend translates an evolution of the links between science and society

Vers une gouvernance territorialisée de l’innovation : 06

la participation de la sphère entrepreneuriale

dans le cas de la spécialisation intelligente des régions

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impacting topics programming, designs of research and funding schemes. The participation of the entrepreneurial sphere in research and innovation activities is not obviously recent, nevertheless the legitimization of the processes of thematic choices and joint funding based on entrepreneurial expertise is increasing. This contribution presents the case of the regional innovation strategies focusing on smart specialization for which an “entrepreneurial discovery process” (EDP) has been implemented by french regions during the programming of European cohesion funds 2014-2020. © 2017 IDMP/Lavoisier SAS. Tous droits réservés

Keywords : Smart specialization, Entrepreneurial Discovery Process, Governance, Regional policies, RDI system.

Introduction

La gouvernance des systèmes de RDI connaît une mutation continue depuis le début des années 2000. Une succession de réformes et de dispositifs législatifs dans les contextes communautaire, national et régional (Europe, LOPRI, LRU, Grand emprunt, IDEX etc.) a contribué à entériner l’idée d’une participation active de la société civile à la construction des politiques publiques de recherche, de développement et d’innovation. La conduite de l’action publique dans ces domaines nécessite désormais de mobiliser de multiples parties prenantes aux intérêts variés. Cette tendance traduit une évolution du rapport entre science et société dont les implications sont nombreuses tant sur l’organisation de la recherche publique, que sur les programmations thématiques, les designs de recherche et les sché- mas de financement. Si l’intervention de la sphère entrepreneuriale à la recherche et à l’innovation n’est évidemment pas récente, c’est sa sollicitation pour la programmation des fonds publics qui l’est davantage. Les pouvoirs publics légitiment leurs processus de sélection thématique et l’articulation de leurs dispositifs sur la base de la participation et de l’expertise entrepreneuriale. Cette contribution se penche précisément sur le cas des stratégies régionales d’innovation en vue d’une spécialisation intelligente (SRI-SI) pour lesquelles un exercice de « découverte entrepreneuriale » a été mis en œuvre au sein des régions françaises dans le cadre de la programmation des fonds communautaires 2014- 2020. La découverte entrepreneuriale désigne le processus grâce auquel les connaissances de la sphère entrepreneuriale vont être échangées et capitalisées pour parvenir à une vision partagée des enjeux d’innovation d’un territoire donné (Hausmann et Rodrik, 2003). Ainsi, parce qu’elle désigne l’entrepreneur au sens large comme un expert de son territoire, nous souhaitons faire apparaître que cette étape de découverte entrepreneuriale permet aux faiseurs de politiques publiques régionales de développer des stratégies « situées » dans un cadre pourtant très contraint. La découverte entrepreneuriale participe alors d’un renouvellement des diagnostics de territoire qui non seulement vaut pour la détection des opportunités mais permet aussi de faire évoluer la gouvernance des systèmes de recherche, développement et innovation (RDI) vers une gouvernance territoriale « conçue comme un processus qui permet à des acteurs (publics et privés) de se mettre d’accord, au sein d’un territoire donné, sur des objectifs, des actions, et des règles de coopération » (Chia, Torre, Rey- Valette, 2008 : 172). Nous rappellerons dans un premier temps les références clefs qui offrent des cadres théoriques contrastés pour l’analyse des transformations des modes de gouvernance de RDI mais qui permettent de suivre leur cheminement vers une participation

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accrue de la société civile. Nous nous arrêterons ensuite sur le cas des SRI-SI qui illustre cette tendance du fait d’un recours affiché au processus de découverte entrepreneuriale dans le cadre d’un exercice territorialisé ; pour ce faire nous prendrons comme exemple les cas de quatre régions françaises qui fourniront des premiers éléments d’analyse. Enfin nous discuterons du sens d’une telle participation de la sphère entrepreneuriale en en pointant les limites mais aussi la pertinence au regard de trois questionnements relatifs à l’heuristique entrepreneuriale, la légitimation des politiques publiques et la dimension innovante de la gouvernance de la RDI.

1. Transformations des modes de gouvernance des systèmes de RDI vers la partici- pation accrue de la société civile.

De nombreux auteurs de nombreuses disciplines se sont intéressés aux transformations des modes de gouvernance des systèmes de RDI. Bien que les interactions entre sphère privée et sphère publique aient toujours existé dans ce champ (Pestre, 1997)2, elles sont néanmoins de plus en plus valorisées par les pouvoirs publics. Le glissement science-recherche- déve- loppement-innovation, lors duquel la participation de la sphère entrepreneuriale est toujours plus prégnante, est décrit par divers modèles théoriques aussi bien dans une perspective critique que dans une visée normative.

1.1. Le dépassement d’un modèle intrinsèquement motivé…

Les pouvoirs publics ont beaucoup contribué ces dernières décennies à remettre en question la dimension intrinsèque de la régulation de la recherche scientifique. Un rapide survol des auteurs clefs qui ont caractérisé l’implication des communautés de recherche dans le cadre d’une autonomie certaine (tableau 1) constitue un préalable au regard duquel l’implication de la société civile et de la sphère entrepreneuriale sera présentée plus loin.

Néanmoins les approches mertonnienne, puis kuhnienne et surtout freitagienne - bien qu’ayant pour point commun de concevoir la science comme devant être intrinsèquement régulée - témoignent de l’apparition de nouveaux types de rapports de force. Alors que Merton décrit les comportements scientifiques comme régis avant tout par des normes méthodologiques et éthiques (universalisme, communalisme, désintéressement et scepticisme), Kuhn quant à lui perçoit les rapports de force qui se nouent entre communautés disciplinaires autour de leurs intérêts particuliers mais aussi à l’intérieur même de leur propre discipline. Les pratiques scientifiques subissent donc des formes d’autorité qui bien que n’étant pas déontiques, restent néanmoins propres aux communautés scientifiques. Plus tard Freitag critiquera le fait que les pratiques scientifiques contemporaines subissent des rapports de force organisés par des agents bureaucratiques et technocratiques exogènes qui interviennent dans les processus de décisions et de programmation. Les rapports de forces s’inscrivent pour lui dans des dispositifs organisationnels motivés par la recherche de l’efficacité et l’instrumentation de

2 Dominique Pestre notamment, rappelle que dès les XVIIe-XVIIIe siècles, des sciences pratiques se sont développées dans un contexte dit d’application à l’Académie Royale ou à la Royal Society et qu’au courant des XIXe-XXe siècles les liens avec le marché et les entrepreneurs financiers notamment se sont renforcés.

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la science. Il décrit notamment l’incidence de la perspective du problem solving comme glissement de la science vers la recherche appliquée et du « développement synthétique du savoir » vers le pragmatisme et l’interventionnisme finalisé sur le monde. Selon l’auteur ce glissement est le fruit de l’influence du modèle universitaire américain, lequel se réfé- rant à la self evidence truth, privilégie l’utilité à la réflexivité. Parce que la culture de la société civile marchande et libérale y serait donnée comme une évidence ne nécessitant aucune justification ou remise en cause, elle aurait fait muter le modèle traditionnel de l’université en un service de nature fonctionnelle, où un rapport de nature contractuel lie les besoins des utilisateurs et la résolution technique des problèmes : la recherche acadé- mique est alors orientée vers le contrôle de l’intervention humaine sur son environnement3. Tableau 1 : Merton/Kuhn/Freitag

Approche mertonnienne d’après The normative Structure of Science, 1942

Epistémologie kuhnienne, d’après La Structure des révolutions scientifiques 1962

Critique freitaguienne de la post- modernité, d’après Le Naufrage de l’université, 1995

L’éthique déontique de la science fait institution.

Universalisme Communalisme Désintéressement Scepticisme

Les communautés scientifiques forment des institutions.

Autorégulation

intradisciplinaire sur la base de l’adhésion au paradigme

La régulation de la science sur des bases utilitaristes fait institution.

Nature fonctionnelle de la recherche.

Problem solving

1.2. Pour un modèle extrinsèquement motivé

D’autres auteurs vont quant à eux interroger le dogme universitaire de la poursuite du savoir pour lui-même, pour prôner la contextualisation de la recherche comme l’irruption du socius dans les affaires de la science. Les apports de la contextualisation de la recherche (Gibbons et al., 1994 ; Nowotny et al., 2003) voire de l’innovation ouverte (Chesbrough, 2003, 2006) semblent particulièrement pertinents à mobiliser pour observer cet état de fait (Tableau 2). Qu’il s’agisse, comme dans le premier cas, de considérer qu’une recherche conduite par les pouvoirs publics doit répondre aux besoins de la société, ou comme dans le second que la recherche privée s’appuie sur la recherche publique pour mieux répondre aux besoins du marché, ces auteurs préconisent une régulation extrinsèque de la recherche. La contextualisation de la recherche fait état de nouveaux modes de régulation de la recherche qui ne sont plus opérés par les communautés scientifiques sur elles-mêmes mais par la demande sociale, voire les débouchés en termes de marché. C’est ce que ces auteurs qualifient de passage de la science en mode 1 à la science en mode 2. Le mode 1 étant académique, disciplinaire, régulé par les pairs, alors que le mode 2 serait ouvert à de

3 Pourtant il serait erroné de penser que Freitag refuse tout déploiement technologique répondant à des besoins socioéconomiques circonscrits dans le temps, mais il pense que ces développements organisation- nels autour du continuum recherche/innovation devraient se faire hors de l’université (qui doit selon lui se concentrer sur sa mission civilisationnelle) par le recours à des structures d’interface et d’intermédiation.

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nouveaux acteurs, transdisciplinaire et organisé autour de la résolution de problèmes. Le modèle de la contextualisation de la recherche aujourd’hui dominant dans les politiques publiques consacrées à la gestion de la recherche s’oppose au modèle antérieur qu’on pourrait qualifier de gestion académique de la recherche. Pour ces auteurs, l’évolution de la science suit tout naturellement l’évolution de la société. Le mode 2 désormais prépondérant

« révèle des flux croisés entre la science et la société, qui associent l’université, l’industrie et les gouvernements dans des projets où la pression sociale conditionne l’orientation des programmes scientifiques, tout autant que les résultats de ceux-ci pèsent directement sur l’évolution économique et sociale » (Nowotny et al., 2003 : 61). La connaissance est désormais produite dans le contexte des applications et la valeur attachée à la « recherche » tient d’abord au fait qu’elle est considérée comme le moteur du développement, voire de la compétitivité. En ce sens elle intéresse bien entendu le monde de l’industrie et le monde de l’entreprise. Le concept d’innovation ouverte de Chesbrough participe de cette même conception applicative mais souligne en outre que toute recherche, qu’elle soit publique ou privée, gagne à être menée dans un cadre partenarial et contractuel alors qu’un process de R&D purement interne est moins efficace. Le concept d’innovation ouverte préconise dans une approche systémique la facilitation des flux de productions de connaissances via des partenariats contractualisés (y compris entre concurrents, y compris entre acteurs publics et acteurs privés) vers l’économie de marché. La science produit des connaissances considérées comme des intrants et des extrants, amenés à circuler entre partenaires dans un cadre contractuel balisé par les règles de propriété intellectuelle. Lors de cette circulation, les connaissances coproduites traversent une étape applicative (de l’idée au prototypage) pour parvenir jusqu’au marché. En ce sens ce modèle interroge les liens entre recherche publique et recherche privée, l’une et l’autre participant à leur développement respectif dans un cadre contractuel.

Tableau 2 : Gibbons et al./Nowotny et al./Chesbrough Gibbons et al./ Nowotny et al.

The new production of knowledge (1994)/ Rethinking science (2003)

Chesbrough

Open innovation (2003) Gestion académique

de la recherche (ou mode 1)

- Les connaissances sont produites académiquement - Elles sont orientées par la communauté de recherche - Elles s’organisent en disciplines autonomes

Modèle de la recherche contextualisée (ou mode 2)

- Les connaissances sont co-produites par l’académique et l’extra-académique - Elles sont orientées

par le contexte socio- économique - Elles sont organisées inter-disciplinairement pour répondre à l’approche

« résolution de problème »

La recherche dans l’innovation ouverte

- Les connaissances sont considérées comme des intrants/extrants - Elles circulent entre

partenaires dans un cadre contractuel régi par la propriété intellectuelle - Ces connaissances

coproduites traversent une étape applicative pour parvenir jusqu’au marché.

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Mais si d’aucun reproche aux auteurs précédents une forme de plaidoyer partisan en faveur d’une recherche définitivement orientée « résolution de problème » ou orientée marché, des analyses plus « mobiles et changeantes », révélant des évolutions sans fin retiendront leur attention (Shinn, 2002 : 28).

1.3. Triple, Quadruple hélice et N hélice…

L’intervention de parties prenantes dans la régulation de l’activité de RDI ne doit pas en effet être considérée comme uniforme, homogène et définitivement stable. Elle se différencie sur la base des acteurs qu’elle rassemble, mais aussi des échelles d’inter- vention qu’elle implique. Ainsi le modèle métaphorique de triple hélice – qui associe initialement Université/Industrie/Gouvernement – (Etzkowitz H., Leydesdorff L., 1998, 2000) peut finalement être décliné en quadruple, quintuple voire N hélice (Etzkowitz H., Leydesdorff L., 2012). Cette proposition est intéressante car elle fait à la fois état d’une approche néo-institutionnaliste et d’une approche évolutionniste, et s’intéresse à la façon dont des dynamiques portées par des groupes d’acteurs peuvent s’intégrer mais aussi se différencier pour finalement souligner la plasticité des systèmes d’inno- vation qui, bien qu’ayant des architectures communes, connaissent des déclinaisons nationales, régionales, locales. Leydesdorff qui a initié le concept de triple hélice, a lui-même très vite fait évoluer sa proposition vers la quadruple hélice qui fait interagir la société civile avec les trois premiers brins de l’« hélice » (Leydesdorff, Etzkowitz, 2003). Cette quatrième hélice qui implique la société civile va permettre de reconsidérer l’impact des usagers, des associatifs, des acteurs locaux etc., à savoir des mœurs, des usages, des valeurs. Elle traduit l’empowerment des populations à la fois sur la régulation du marché voire la co-construction de l’action publique. Ainsi, si la triple hélice est emblématique de l’économie de la connaissance, la quadruple hélice est, quant à elle, emblématique de la société de la connaissance (Carrayannis, Barth et Campbell, 2012).

Cette conception se traduit par l’intervention de non- chercheurs dans des activités de recherche sur la base de leur expertise en tant que citoyens, usagers voire consomma- teurs. Les programmes PICRI en Ile de France (partenariat institutions/citoyens pour la recherche et l’innovation) ou chercheurs-citoyens en Nord-Pas de Calais promeuvent des programmes de recherche reposant sur une collaboration étroite entre laboratoires de recherche publics et organisations issues de la société civile. Par le rapprochement entre ces deux types d’acteurs, ils visent à enrichir les thèmes de recherche, explorer de nouvelles formes de démocratie, tracer des pistes d’innovation sociétale en élargis- sant les champs d’application des méthodologies scientifiques et l’éventail des acteurs qui les mettent en œuvre (Lipinski, 2011). La quadruple hélice n’est pas pour autant l’ultime déclinaison possible, puisqu’elle évolue vers de quintuples hélices qui induisent d’autres formes de régulation. Carrayannis, Barth et Campbell (2012) introduisent, par exemple, la prise en compte de l’environnement naturel de la société via l’intérêt pour le développement durable, comme cinquième hélice pertinente. Ils décrivent alors des situations inédites de win-win qui ont une incidence sur les systèmes de RDI dans le cadre des législations et réformes en vigueur. Les transformations sociétales observées aujourd’hui autour de l’économie solidaire et collaborative constituent également une possible déclinaison de cette N hélice.

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Tableau 3 : Extension du modèle de la triple hélice Triple hélice

Économie de la connaissance

Quadruple hélice

Société de la connaissance

Quintuple, N hélice…

Innovations sociales et transformation sociétales Relations Université/ Relations université/ Quadruple hélice + autres Industrie/Gouvernement industrie/gouvernement/ niveaux d’interaction

société civile (mœurs, (environnement naturel, etc.).

valeurs, usages…)

Le mérite du modèle en N hélice est d’insister sur la plasticité des systèmes de RDI, loin de toute réponse définitive à la façon dont ce système est amené à être régulé ou à s’auto- réguler. À ce titre, on observe actuellement une réappropriation de la question territoriale via les projets des acteurs « encastrées » dans ce qu’on peut qualifier d’ethos territorial (c’est-à-dire la façon dont les spécificités d’un territoire et les comportements de ses acteurs interagissent). La sphère entrepreneuriale des territoires est alors sollicitée par les pouvoirs publics pour participer à la co-construction des politiques de RDI.

2. La découverte entrepreneuriale dans le cas des stratégies régionales d’innovation en vue d’une spécialisation intelligente (SRI-SI)

Le cas de l’élaboration des stratégies régionale d’innovation en vue de la spécialisation intelligente illustre les transformations précédemment décrites : cet exercice de management public mené à l’échelle régionale entend en effet faire participer la sphère entrepreneuriale à la sélection des domaines de spécialisation spécifiques à chaque région. Dans le cadre de la programmation FEDER 2014-2020, la Commission européenne a imposé aux régions de produire des Stratégies Régionales d’Innovation en vue d’une Spécialisation Intelligente (SRI- SI) comme condition ex-ante à l’accès aux financements communautaires. Une étape de

« découverte entrepreneuriale », lors de laquelle doivent être impliqués et mis à contribution les acteurs et entreprises clefs du territoire en matière d’innovation, est alors recommandée.

Cette « découverte entrepreneuriale » accompagne l’articulation entre entrepreneuriat, innovation et développement territorial notamment dans les phases pré-concurrentielles, au moment où les projets de développement ne sont encore que des « accords provisoires (entre acteurs) permettant de surmonter leurs différends pour se projeter dans de nouvelles phases de croissance » (Torre, 2015-1 : 60).

Nous souhaitons dans cette contribution dégager des pistes d’analyse relativement au sens de la mise en œuvre de la découverte entrepreneuriale dans un exercice de manage- ment public territorial qui a concerné les 27 régions françaises4. Elle est définie comme « le processus qui consiste à créer les conditions d’apparition et de fonctionnement de réseaux activant la participation de la sphère entrepreneuriale (au sens large, entrepreneurs, cher- cheurs, universitaires, investisseurs, etc.) qui expérimente et découvre les domaines futurs

4 Au premier janvier 2016, le nombre de régions françaises métropolitaines et ultramarines est passé de 27 à 18 dans le cadre de la réforme de l’administration territoriale de l’État.

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d’activité de Recherche-Développement et d’innovation (RDI). La puissance administrative doit s’assurer que ce processus de découverte entrepreneuriale se déroule effectivement sur le territoire et peut irriguer sa stratégie régionale d’innovation pour une spécialisation intelligente »5. Notre analyse s’appuie sur l’exploitation de données issues des institutions européennes (sites web de la commission européenne, DG Regio notamment), nationales (sites web DATAR, CGET) et régionales (sites web des régions françaises), dont le détail est fourni en annexes (annexe 4). Un focus sur quatre régions exemplifie le processus et fournit de premiers éléments d’analyse.

2.1. Les fondements de la participation de la sphère entrepreneuriale par la découverte entrepreneuriale

L’entrepreneuriat est communément associé au secteur privé et est censé concerner avant tout les activités de l’individu-entrepreneur dans le cadre de son entreprise et de l’économie marchande. Cependant, on observe un glissement du vocabulaire entrepreneurial à la fois vers le secteur public et non-marchand et vers des champs d’activités de dimension collective plutôt qu’individuelle. À la croisée entre le développement territorial et l’innovation, l’entrepreneur apparaît à la fois comme expert de son territoire (celui qui peut en établir un diagnostic fin) et comme initiateur de nouvelles trajectoires de développement (celui qui peut en imaginer le futur et en soutenir la croissance). Il est désormais convenu d’associer les entrepreneurs (au sens large, c’est-à-dire non pas seulement le créateur d’entreprise, mais aussi le chercheur, l’associatif, le manager, le responsable public, voire l’usager) en tant que co-constructeurs de politiques publiques. À ce sujet Chauvin, Grossetti et Alio (2014) relèvent le caractère extensif de la notion d’entrepreneuriat et les nombreuses déclinaisons qui se déploient dans le cadre de son champ lexical. Entrepreneur social, entrepreneur politique, inventeur entrepre- neur, entrepreneur salarié, entrepreneurisation du monde, etc., constituent autant de facettes qui donnent à voir le champ des possibles de l’entreprendre et qui traduisent l’émergence de nouvelles logiques d’action. L’activité entrepreneuriale traduit alors « une logique d’action générique, qui peut se trouver dans toutes les pratiques sociales, dès lors qu’elle engage un projet de transformation de l’existant au-delà de l’action en cours et implique à la fois une attitude réflexive et une prise de risque » (Chauvin, Grosseti, et Alio, 2014 : 22). Ainsi l’orientation entrepreneuriale (Randerson et Fayolle, 2010 ; Morris, Webb, et Franklin., 2011) peut même concerner les agents publics qui font preuve d’innovation (mettre en œuvre de nouvelles idées), de proactivité (anticiper les besoins futurs) et qui se montrent capables de prendre des risques. L’entrepreneuriat dans le cadre du management territorial ne se résume pas à l’accompagnement de personnalités dotées de dispositions particulières, il peut aussi être considéré comme un processus collectif de revitalisation susceptible de transformer durablement le territoire. Au-delà du parcours personnel de l’entrepreneur et de la vie éco- nomique de l’entreprise, l’entrepreneuriat est donc appréhendé par les collectivités locales et territoriales dans sa dimension collective, dans le cadre d’une dynamique de territoire et comme la manifestation des capacités d’innovation et de créativité des acteurs locaux (Kustosz, 2016). La sphère entrepreneuriale est alors mobilisée dans le cadre des politiques de soutien

5 En ligne, sur le site de la région Rhône-Alpes, http://www.innovation.rhonealpes.fr/SRI/jcms/prod_6848/

fr/glossaire-sri-si

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à l’innovation. Les organisations publiques s’attachent alors à agréger les dispositions indi- viduelles pour générer un avantage partagé par l’ensemble d’une population, et susciter des dynamiques cumulatives (Dejardin, 2006) qui offrent au-delà des solutions individuelles des solutions pour l’ensemble du territoire. L’appui institutionnel à l’entreprendre prend donc de nouvelles formes pour favoriser l’intelligence collective non seulement dans le but d’obtenir des configurations d’acteurs et de ressources plus efficaces, mais aussi pour accompagner l’évolution de ses instruments d’action publique. Du point de vue des pouvoirs publics, il importe alors de révéler les capacités d’un territoire et de sa population considérée non pas seulement comme bénéficiaire de dispositifs, mais bien comme ressource à mobiliser. Parce que les territoires ambitionnent de se construire de nouvelles trajectoires de développement, les liens entre entrepreneuriat, croissance et innovation font l’objet d’une grande attention et le tissu des PME est particulièrement valorisé. Dans une société entrepreneuriale (Audrestch, 2006), le rôle des petites entreprises dans l’innovation est primordial du fait de leur ancrage local, alors qu’elles ne disposent que de faibles budgets de R&D. Clusters, districts industriels et pôles de compétitivité se sont développés sur ces constats. Le rôle de l’entrepreneur sur la croissance économique (Facchini, 2007), dans ce contexte de proximité, est donc de permettre les exter- nalités de réseaux entrepreneuriaux qui facilitent l’identification des opportunités d’affaires.

Ainsi, les opportunités découvertes par un entrepreneur créent aussi des opportunités pour les autres entrepreneurs (Minniti, 2005). Les passerelles entre innovation et entrepreneuriat sont évidentes non seulement parce que l’innovation est « ce qui permet à l’entrepreneur d’accroître son chiffre d’affaires et sa position dominante sur le marché » (Boutillier et Tiran, 2016 : 222), mais aussi parce l’entrepreneur dans un environnement socio-économique complexe, fluidifie le cycle des innovations en étant à la fois à l’écoute des clients et des consommateurs et aux contacts d’autres entrepreneurs, notamment dans le cadre de réseaux : « L’entrepreneur joue ici un rôle très important en tant que lien entre les effets de débordements et la commercialisation de connaissances et d’idées nouvelles » (Boutiller et Uzunidis, 2015 : 23). Par conséquent, l’action des politiques publiques sur le développement territorial est tournée vers le soutien à ce qu’on appelle « l’écosystème entrepreneurial ». On peut considérer que ce concept trouve en partie son origine chez Christopher Freeman (1987), si on l’appréhende précisément comme une déclinaison du système national d’innovation à l’échelle territoriale. En effet l’écosys- tème entrepreneurial n’est pas figé : l’entrelacs des acteurs et des institutions qui l’animent le font évoluer, dans le meilleur des cas vers une dynamique d’innovation et de croissance. On recourt aujourd’hui à une approche évolutionniste, au-delà des approches néoclassiques et institutionnalistes, pour souligner les dépendances de sentiers au territoire et par conséquent le rôle des histoires locales, du capital et de l’encastrement social, de la nature des collabora- tions entre État, collectivités et entreprises, mais aussi valoriser le territoire comme système apprenant (Laperche et Uzunidis, 2011).

2.2. L’histoire et succès des concepts de spécialisation intelligente et de découverte entrepreneuriale dans la mise en œuvre des fonds structurels européens

Relativement à ces écosystèmes complexes, la prise en compte de l’impressionnante

« biodiversité d’acteurs publics et privés dédiés au développement économique local et à l’innovation » (Fixari, Pallez, 2014 : 21) interroge les collectivités territoriales sur leur façon de concevoir et de conduire l’action publique. Les Conseils régionaux notamment assurent

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un rôle de coordination dans de nombreux schémas régionaux6 (Fixari et Pallez, 2010) dont les schémas régionaux d’innovation (SRI). À ce titre, revenons ici sur l’histoire mêlée des concepts de Spécialisation intelligente et de Découverte entrepreneuriale. En 2005, le Commissaire européen Potocnik constitue le groupe K4G (Knowledge for growth) sur la base du constat d’échec de la stratégie de Lisbonne à mi-parcours. Ce groupe d’« économistes de la connaissance » produit en 2009 des recommandations pour le développement économique de l’Europe. La contribution de Dominique Foray, Paul A. David, et Bronwyn Hall sur la

« Smart specialization » connaît alors un vif succès. La spécialisation intelligente est un concept économique nourri des travaux plus anciens de Michael Porter et de la nouvelle économie géographique de Paul Krugman. Le concept préconise la priorisation et la concentration des ressources sur un nombre limité de domaines d’activités et secteurs technologiques, pour lesquels une région disposerait d’un avantage concurrentiel. La spécialisation intelligente doit accompagner la politique de cohésion européenne qui se déploie sur les territoires via les fonds structurels et, dans une perspective intégrative, elle doit aussi tenir compte de l’approche en termes de résolutions des grands défis sociétaux préconisée par le programme d’excellence H20207. C’est la « découverte entrepreneuriale » (Hausmann R., Rodrik D., 2003) qui constitue le processus grâce auquel les connaissances de la sphère entrepreneuriale, constituée d’entrepreneurs, de centres de recherche, d’universités, de milieux d’affaires, de clusters, mais aussi d’associations, de collectifs, de médiateurs etc., vont être échangées et capitalisées pour parvenir à une vision partagée des enjeux d’innovation sur un territoire donné. Foray, David et Hall (Policy brief n° 9, 2009) donnent leur définition de la découverte entrepreneuriale, comme étant un exercice de prospective et de consultation des entreprises mais aussi un processus d’apprentissage. Lors de ce processus d’apprentissage, les acteurs de l’entrepreneuriat sont amenés à découvrir les domaines de spécialisation prometteurs sur la base de compilations d’informations localisées et de la formation d’un capital social

« entrepreneurial ». Pour les auteurs, en termes de politique publique cela revient à assister les entrepreneurs locaux pour qu’ils renforcent les connexions et les connaissances utiles au processus de découverte. Instrumentée par la CE et notamment sa DG Regio, la spécialisation intelligente deviendra une conditionnalité ex-ante aux financements des fonds structurels en région, à savoir que l’existence d’un cadre stratégique régional de recherche et d’innovation – élaboré sur la sélection thématique - devient un prérequis incontournable aux financements européens. L’idée est en effet d’intégrer et de coordonner les fonds dédiés à la recherche et l’innovation par les régions avec les fonds structurels, dont on craignait qu’ils ne soient trop éloignés de l’innovation8. En France, la DATAR (devenue depuis CGET9) va produire des guides méthodologiques (en annexe IV) à destination des régions françaises dans lesquels la mise en œuvre de la découverte entrepreneuriale sera recommandée et décrite.

6 Schéma régional de développement économique (SRDE), Schéma régional d’enseignement supérieur et de recherche (SRESR) ou encore SRADT (Schéma régional d’aménagement et de développement du territoire) devenu SRADDET (Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires).

7 Horizon 2020 est en fait le 8e programme cadre de recherche et de développement technologique de l’UE (PCRDT) pour la période 2014-2020.

8 L’objectif du FEDER (Fonds européen de développement régional) est d’améliorer l’attractivité des terri- toires en soutenant notamment la compétitivité régionale et l’emploi ainsi que la coopération territoriale transfrontalière, transnationale et interrégionale.

9 Le Commissariat Général à l’Égalité des Territoires.

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2.3. Focus sur l’implémentation du processus de découverte entrepreneuriale dans quatre régions françaises

À partir de l’étude de documents produits par les régions françaises, nous souhaitons interroger le niveau d’appropriation du concept par les acteurs régionaux et potentiellement la marge de liberté qu’ils se sont aménagés lors d’un exercice pourtant fortement contraint.

Lors de l’élaboration des stratégies régionales d’innovation et de spécialisation intelligente se dessinent alors en creux des stratégies d’appropriation diverses selon les régions. Quatre régions ont été choisies selon le principe de variation maximale (les données ont été rassem- blées par le CGET à partir des productions de l’INSEE et du MESR) afin de faire apparaître des niveaux d’appropriation différents. À partir de neuf indicateurs donnant des caractéristiques déterminantes des territoires, nous avons identifié quatre régions présentant une variation maximale à savoir le NPDC, la PACA, la Bretagne et l’Ile-de-France. Le tableau récapitulatif en annexe 1 caractérise ces régions selon leur taux de création d’entreprise, leur nombre de chercheurs en ETP, leur nombre de demandes de brevets européens, leur dépense intérieure de recherche et développement DIRD, leur rapport DIRD/PIB, et leur rang national respectif afférent à ces indicateurs. Pour ces quatre régions nous avons d’abord consulté à partir de leur site web institutionnel, la façon dont est présentée la découverte entrepreneuriale dans le processus de spécialisation intelligente (nombre d’occurrences dans le document straté- gique final, définition retenue) et notamment comment est présentée la façon dont elle a été mise en œuvre (description du processus mis en œuvre). À partir de cette déclinaison de la découverte entrepreneuriale telle que relevée dans ces documents régionaux (en annexe 2), des premiers éléments d’analyse peuvent être posés. La découverte entrepreneuriale a été menée à l’initiative des régions françaises mais sur la base de recommandations fournies par la Direction Générale Politique Régionale de la CE, décrites précédemment et relayées par la DATAR-CGET. Ainsi retrouve-t-on pour les quatre régions analysées un panel d’actions récurrentes (compilations de données quantitatives et qualitatives, réunions d’information, ateliers de travail, entretiens en face-à-face, questionnaires en ligne, productions écrites, sites dédiés, désignation d’une structure d’animation, groupes d’experts internationaux etc.) généralement en lien avec la mise en place d’activités de diagnostic et de démarches participatives. L’objectif semble bel et bien d’obtenir une connaissance fine du territoire en mobilisant les acteurs les plus à même de la produire. Mais on y trouve peu d’informations - et surtout pas toujours - sur la largeur du panel, la fréquence des événements et la nature de l’implication des acteurs associés dans les différentes étapes du processus (diagnostic, choix, gouvernance). On constate également que la référence aux recommandations européennes apparaît plus ou moins grande. La Région Ile-de-France n’utilise pas le terme de découverte entrepreneuriale dans son document final et n’en donne pas par conséquent de définition.

On constate donc que la découverte entrepreneuriale est plus ou moins institutionnalisée selon les régions, et que finalement les marges de liberté dans la mise en œuvre par les régions traduisent aussi des stratégies différentes, que ce soit relativement à l’adossement avec les grands programmes CPER ou H2020 dans une perspective de gestion intégrée de l’innovation, ou de la pérennisation d’une démarche de découverte entrepreneuriale qui pourrait dépasser le strict cadre de la spécialisation intelligente. Il semblerait en outre que la découverte entrepreneuriale soit utilisée soit pour élaguer - c’est-à- dire éliminer ce qui ne rencontre pas les grandes thématiques et les grands défis européens -, soit au contraire

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pour ramifier - c’est-à-dire détailler le plus finement possible les atouts régionaux pour trouver les points de rencontre avec les orientations européennes. Sur la base de l’analyse des domaines de spécialisation intelligente et des axes transversaux retenus par les quatre régions étudiées, nous remarquons par exemple que l’Ile-de-France qui est la région dont la DIRD est la plus importante ne sélectionne que cinq DSI et deux axes transversaux ; alors qu’une région bien moins mieux dotée telle que le NPDC sélectionne six DSI et sept axes transversaux (en annexe 3).

3. Discussion : La découverte entrepreneuriale entre heuristique entrepreneuriale, légitimation des politiques publiques et gouvernance innovante.

Nous avons montré comment dans le cadre du management public territorial de l’innova- tion, il importe aux pouvoirs publics de mobiliser la sphère entrepreneuriale. Cette recherche exploratoire initie un programme de recherche plus vaste qui devra investir trois champs de questionnement présenté ci-dessous.

3.1. L’heuristique entrepreneuriale

En quoi la découverte entrepreneuriale constitue-t-elle une forme de participation diffé- rente et innovante ? Tel est notre premier questionnement qui interroge à la fois le substantif

« découverte » et l’adjectif « entrepreneurial ». Nous souhaitons d’abord nous demander si le substantif découverte dans « découverte entrepreneuriale » a quelque chose à voir avec « le paradigme de l’opportunité » (Verstraete et Fayolle, 2005) et par conséquent la découverte des opportunités d’affaires conformément à l’approche kirznérienne. Est-elle par conséquent un exercice prospectif de découverte des opportunités d’affaires propres au territoire ? Dès 1973 Kirzner développe le paradigme de l’opportunité, les opportunités étant définies comme des possibilités de gains encore inexploitées mais déjà existantes et qui se manifestent grâce à la vigilance de l’entrepreneur entendue comme sa capacité à connaître les lieux où trouver les informations pertinentes sur les données du marché de façon à exploiter les asymétries informationnelles à son avantage. De ce point de vue la découverte entrepreneuriale permet en effet de développer ce « savoir local idiosyncratique » (Ngijol, 2015 : 101) en rassemblant des acteurs locaux susceptibles de détecter les « opportunités d’innovations ». Cependant, chez Kirzner, la découverte d’opportunité n’est pas un acte délibéré, elle reste une surprise aléatoire, alors que la découverte entrepreneuriale est quant à elle institutionnalisée par une puissance invitante qui fixe le périmètre des acteurs conviés, les ordres du jour et les limites des interventions. Cependant, il y a sans doute des dynamiques cognitives et collectives qui favorisent la détection des signaux, et en ce sens la découverte entrepreneuriale peut se com- prendre comme un brainstorming d’entrepreneurs locaux qui imaginent les futurs du consom- mateur sur les marchés de demain (Kirzner, 1992). En ce sens la découverte entrepreneuriale est conforme à l’esprit prospectif qui prévaut dans la détection des opportunités d’affaires.

L’adjectif « entrepreneurial » quant à lui doit aussi être compris dans sa dimension

« intrapreneuriale ». Il ne renvoie pas qu’aux acteurs privés du monde de l’entreprise, mais aussi aux acteurs de la recherche, de l’innovation, de l’administration publique à savoir ceux qui sont susceptibles d’identifier et de faire usage non seulement des opportunités

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issues du marché mais aussi de celles issues du champ des technologies et de la production de connaissance (Asheim, Grillitsch, 2015). C’est d’ailleurs cet usage du terme entrepre- neurial au sens large qui traduit selon Foray, le mixte de connaissances combinant sciences et technologies, visions et marchés qui s’avèrent nécessaires à produire les informations pertinentes pour que les pouvoirs publics puissent établir des priorités au niveau régional (Foray, 2015 : 24-25).

3.2. Légitimation des politiques publiques ou maîtrise de la contrainte institutionnelle ? La notion de découverte entrepreneuriale est-elle compatible avec une programmation préexistante, pré-identifiée et une conditionnalité ex-ante de surcroît ? Tel est notre deuxième questionnement, qui nous enjoint à souligner un paradoxe évident dans le cas des SRI-SI. En dépit de l’affichage de la démarche participative censée prévaloir, la découverte entrepreneuriale sert un dispositif de conformation à la programmation européenne. Les orientations initiales sont- elles respectées s’interrogent d’ailleurs ses concepteurs face à l’instrumentation du concept par la Commission européenne ? (Foray, 2015). « Comme dans le jeu du téléphone, il n’est pas sûr que ceux qui furent à l’origine du concept reconnaissent celui-ci dans les politiques régionales et les recommandations officielles développées en son nom » peut-on lire sur le site de l’École polytechnique fédérale de Lausanne où Foray tient sa chaire de professeur et son blog10. Dans la mesure où la spécialisation intelligente initiée par la CE doit être cohérente avec la politique de cohésion et une vision intégrée du système de RDI (dont le programme H2020 également), il est possible de proposer une analyse des SRI-SI à la fois selon une approche néo-classique (comment une région va faire en sorte de se donner le maximum d’opportunités d’accéder aux programmes et par conséquent aux financements européens ?) et selon une approche néo-insti- tutionnaliste (comment par mimétisme et isomorphisme institutionnel, les SRI-SI peuvent avoir tendance à se ressembler ?). Le CGET, dans la synthèse de 2015, observe notamment une forte concentration de l’ensemble des régions sur quelques marchés cibles. Finalement treize grands domaines thématiques récurrents apparaissent dans les SRI-SI des régions ; chacune de ces dernières se positionne sur trois à huit de ces treize domaines11. Nous avons vu que la dimension paradoxale de la découverte entrepreneuriale telle que mise en œuvre dans le cadre des SRI-SI - est de prétendre faire des choix distinctifs qui permettraient aux régions de se différencier les unes des autres, tout en partant d’un nombre de domaines préexistants parce que pré-identifiés par la CE. Comme le soulignent McCann et Ortega-Argilès (2016), la CE insiste sur le fait que les PME et les entrepreneurs sont les drivers des systèmes régionaux socio-économiques et elle contribue à ce que les politiques régionales impliquent de multiples partenaires, à des échelles et des niveaux de gouvernance différents, mais pour autant elle n’en reste pas moins une

« results-oriented EU regional policy », dont l’objectif est de parvenir à la plus grande intégration de ses instruments au sein même des politiques territoriales. La conditionnalité est en ce sens lourde d’implications opérationnelles, financières et politiques : elle induit une réinterprétation du principe de subsidiarité. La subsidiarité est un principe fondamental du fonctionnement

10 http://blogs.epfl.ch/dominiqueforay

11 Ces treize grands domaines sont mobilité et transport, énergie, environnement et bio-diversité, santé, industrie de la création, agroalimentaire-agro-ressources-pêche, innovation par les services-ingénierie et sciences humaines, tourisme, matériaux-mécanique-chimie, usine du futur, bâtiment, TIC-Numérique- électronique, aéronautique et spatial.

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de l’UE qui correspond à la recherche du niveau le plus pertinent d’action publique et qui est bien souvent celui considéré comme le plus proche des citoyens. Les compétences des régions s’inscrivent précisément dans ce cadre. L’élaboration des programmes opérationnels (PO) qui a placé les Régions dans l’obligation de remplir des pré-requis en termes de conditionnalité - ex ante, impose une nouvelle lecture de la subsidiarité, puisqu’il s’agit bel et bien d’une subsi- diarité encadrée qui peut alors être comparée à une déconcentration des choix européens dans les territoires (loin du principe de décentralisation). À coups de spécialisation verticale (choix thématique), de spécialisation horizontale (sur les mesures transversales d’accompagnement), et de mobilisation des technologies clés pré-identifiées12 (KETs), le processus de spécialisation tourné vers les effets leviers, laisse peu de place aux domaines hors priorités européennes, d’où le risque d’un resserrement thématique.

L’analyse des SRI-SI telle que produite par le CGET en 2014 montre pourtant des stratégies bien différentes et donc des profils régionaux qui se distinguent, ce qui laisse penser que la découverte entrepreneuriale a fonctionné. La découverte entrepreneuriale ne se cantonnerait donc pas à légitimer après coup des choix imposés par l’institution, mais permettrait bel et bien de tempérer en partie le poids des contraintes imposées. Des stratégies différentes selon les régions se dessinent notamment selon les spécificités géo- graphiques (façade maritime, montagne, insularité, caractère transfrontalier etc.) ou les réalités économiques et historiques (résilience, tourisme, position monopolistique etc.). Ces stratégies ont aussi à voir avec la façon de concevoir l’accès aux ressources financières : Pour certaines régions, la découverte entrepreneuriale aboutit à un exercice sélectif avant tout, et dans d’autres cas elle produit au contraire un exercice de valorisation la plus large possible des forces du territoire. Certaines régions semblent favoriser la dynamique des axes transversaux plutôt que les grands domaines thématiques, s’offrant peut-être ainsi la possibilité d’exclure moins de thématiques régionales propres à leur territoire. J-C Prager (2015) remarque en ce sens que les stratégies volontaristes de spécialisation sectorielle sont délicates d’appréciation et de mise en œuvre et il évoque « les risques de verrouillage de l’évolution de la région et de la capture de la rente publique par les acteurs économiques les plus influents de la région » (: 41). Il estime ainsi que les stratégies de différenciation qui visent à l’amélioration des compétences dans tous les secteurs de l’activité économique - autrement dit ceux qui valorisent les axes transversaux - sont moins sujettes à discussion.

Ainsi, la variété des propositions qui a émergé des différentes régions, montre comment finalement la « découverte entrepreneuriale » selon la façon dont elle a été implémentée, peut permettre aux décideurs régionaux de se dégager une marge de manœuvre dans le cadre extrêmement contraignant de la conditionnalité ex-ante.

3.3. Vers une gouvernance innovante ?

Enfin dans quelle mesure la découverte entrepreneuriale a-t-elle un impact sur l’évolu- tion de la gouvernance de l’innovation à l’échelle d’un territoire ? Telle est notre troisième questionnement qui interroge l’institutionnalisation de la participation de la sphère entre- preneuriale dans la construction des politiques publiques de RDI. Foray, David et Hall ont

12 Les six technologies clefs (technologies génériques) sont la micro-nanoélectronique, la photonique, les nanotechnologies, les matériaux avancés, la biotechnologie industrielle et les systèmes avancés de fabrication.

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proposé ce concept de découverte entrepreneuriale que la CE a, par la suite, instrumenté et diffusé au cœur des régions. Malgré l’injonction institutionnelle qui en a résulté en termes de conditionnalité, ces auteurs avaient pourtant voulu contribuer à la critique des « vieilles politiques qui appliquent des programmations centralisées et technocratiques » (2011 : 7).

Selon eux, les politiques dirigistes bien que rationnelles d’un certain point de vue, peuvent être considérées comme irrationnelles du fait de leur ignorance du processus entrepre- neurial. Les connaissances scientifiques et techniques ne sont pas de même nature que la connaissance entrepreneuriale (connaissance du marché, connaissance des concurrents, connaissance des intrants et des services requis au développement d’une nouvelle activité) qui crée une vision et qui conduit à la décision « to go » (d’y aller) ( : 7). La découverte entrepreneuriale doit permettre l’accès à une « experience-based expertise » et constitue en ce sens un mode d’accès unique et original à ces savoirs entrepreneuriaux localement encastrés. Elle peut en outre contribuer selon eux à casser la fausse dichotomie entre top down et bottom up pour susciter une dynamique bi-rectionnelle et itérative ( : 10). Ce que nous avons pu remarquer dans les documents produits par les régions, c’est précisément leur insistance sur la dimension processuelle et évolutive offerte par la découverte entrepre- neuriale, avec par conséquent des renouvellements possibles des stratégies chemin-faisant.

Cette possibilité est également présentée comme incontournable par le CGET (ex-DATAR) qui insiste, dans les guides et synthèses produits sur la découverte entrepreneuriale, comme devant être un processus continu et permanent permettant de renouveler si besoin les domaines de spécialisation intelligente tout au long de la période 2014-2020. D’ailleurs, il est à noter que, depuis 2016, le nouveau découpage administratif des régions françaises oblige impérativement à ce renouvellement et à des aménagements qui tiennent compte des nouveaux périmètres établis.

Parce qu’elle permet une meilleure compréhension des dynamiques qui régissent les processus du développement territorial et qu’elle rappelle que toute perspective de déve- loppement est avant tout portée par les acteurs des territoires, on comprend que les régions ont tout intérêt à créer, soutenir, animer, coordonner ces réseaux d’entrepreneurs-intrapre- neurs publics-privés associés autour d’une vision commune des opportunités à saisir sur un territoire donné. Mais quel niveau de participation dans la construction des politiques publiques, ces réseaux peuvent- ils atteindre ? Certes les régions considèrent qu’il est possible de dégager des axes d’excellence ou de spécialisation en misant sur les capacités des acteurs privés et publics à se mettre en réseaux : « L’innovation est ainsi produite par un réseau interconnecté, situé dans un territoire proche, engagé dans un secteur d’activité donné et lié par un partage ou une complémentarité de compétences et/ou de ressources » (Surlemont, Toutain, Barès, Ribeiro, 2014 : 8) Certes elles ont compris l’influence des réseaux sociaux d’entrepreneurs lors de la formation de l’opportunité d’affaires et que l’entrepreneur s’appuie en partie sur des liens faibles, épisodiques, « afin de soumettre à la critique son projet devant des interlocuteurs qui possèdent des connaissances et des positions complémentaires de la sienne » (Chabaud et Ngijol, 2010 : 132) ; les liens faibles présentant l’atout de favoriser l’accès à des réseaux différenciés, source d’une plus grande variété informationnelle. Mais la découverte entrepreneuriale peut-elle être autre chose qu’un mode de consultation pertinent ? Conduit-elle réellement à un renouvellement des formes de gouvernance de la RDI susceptible d’atteindre les barreaux supérieurs de l’échelle de la participation d’Arnstein (1969) à savoir la négociation avec les décideurs sur le partage

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des responsabilités et les niveaux de contrôle, la délégation partielle des pouvoirs, voire la délégation totale dans la prise de décision et l’action ? En nous référant à l’échelle à huit niveaux d’Arnstein - allant de la non-participation au contrôle citoyen effectif en passant par ce qu’elle appelle le « tokenism » ou la coopération symbolique - nous nous interrogeons non seulement sur la pertinence et sur la sincérité de la consultation de la sphère entrepreneuriale mais aussi sur son impact réel sur la décision publique. La DATAR elle-même - dans ses propositions méthodologiques à destination des régions françaises - s’interroge, via son Directeur de Mission Enseignement supérieur, Recherche, Innovation et Territoires, sur l’exigence d’un exercice qui ne doit pas être « une simple consultation ponctuelle ou une enquête de satisfaction » (DATAR, 2013 : 4) mais doit, selon lui, être dynamique (pour un renouvellement continu), prospectif (pour détection des opportunités de croissance), public-privé et bottom-up (pour la prise en compte des acteurs de terrain), objectif et transparent (pour la légitimation des choix), d’expérimentation et risqué (pour une possible remise en cause en cas d’absence de résultats), et transversal (pour l’identification de niches en-dehors des domaines de spécialisation). À ce titre, la composition effective des groupes d’acteurs mobilisés doit notamment faire l’objet d’analyses approfondies en cherchant à identifier et caractériser des formes de consultation large « tous azimuts » et des formes de sollicitations plus élaborées souvent supportées par les pôles de compétitivité ou d’excellence déjà constitués, étant entendu que dans les deux cas des biais de représentation peuvent être identifiés.

Conclusion

Partant des transformations observées dans le cadre de la participation accrue de multiples parties prenantes au management public des systèmes de RDI, cette contribution ouvre des pistes d’analyse relatives au sens et à la mise en œuvre de la découverte entrepreneuriale dans le cas de la spécialisation intelligente des régions. L’efficacité de la découverte entrepreneuriale dans la dynamique de l’innovation reste encore à démontrer, mais il apparaît pour l’heure que ce processus permet surtout d’initier et de soutenir de nouveaux modes de gouvernance de l’innovation plus soucieux de mobiliser les forces entrepreneuriales au sens large, au sein des territoires. Il semble donc que la découverte entrepreneuriale contribue à formuler une nouvelle définition du développement territorial en agissant sur une gouvernance de l’innovation plus en phase avec l’ethos des territoires. Elle procède d’une conception élargie de l’innovation basée sur l’optimisation des liens faibles et la mobilisation des acteurs régionaux pour des échanges d’informations et d’analyse en phase pré-concurrentielle. Bien que cet exercice s’inscrive dans le cadre d’une forte contrainte institutionnelle - liée à la conditionnalité ex-ante pour l’accès aux financements européens -, il semble que la découverte entrepreneuriale joue le rôle qui lui a été dévolu par les pouvoirs publics en recourant à l’expertise que les acteurs de la sphère entrepreneuriale portent sur un territoire donné. Elle accompagne ainsi les autorités régionales dans la définition de stratégies d’innovation différenciées qui leur sont propres et qui doivent rester évolutives. Pourtant si la découverte entrepreneuriale annonce une réforme des modes de gouvernance de l’innovation prenant mieux en compte les initiatives et les pratiques des territoires, de ses parties prenantes et de ses acteurs, il faut continuer de progresser sur l’ana- lyse de son implémentation et de ses résultats sans que ce « foisonnement ne donne lieu à des

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interprétations excessivement optimistes ». (Torre, 2015-2 : 275). L’intérêt pour les nouvelles régions serait de la faire perdurer au-delà de la programmation des fonds structurels, car alors cela témoignerait de la réelle implication partagée des institutions et des acteurs locaux dans les systèmes de RDI : sa pérennisation dans les dispositifs régionaux trouverait tout son sens et sa dimension heuristique s’en trouverait optimisée si elle devait s’affranchir de la condi- tionnalité ex-ante pour irriguer le management quotidien de l’innovation dans les territoires.

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