C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
B ERTRAND T OEN
Vers une interprétation galoisienne de la théorie de l’homotopie
Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 43, no4 (2002), p. 257-312
<http://www.numdam.org/item?id=CTGDC_2002__43_4_257_0>
© Andrée C. Ehresmann et les auteurs, 2002, tous droits réservés.
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VERS UNE INTERPRETATION GALOISIENNE DE LA THEORIE DE L’HOMOTOPIE
par Bertrand TOEN
CAHIERS DE TOPOLOGIE ET GEOMETRIE DIFFERENTIELLE CATEGORIQUES
Volume XLIII-4 (2002)
ABSTRACT. Given any CW
complex X,
and xE X,
it is well known thatIT1(X,x) = Aut(coxo),
wheremx°
is the functor which asso-ciates to each
locally
constant sheaf on X its fibre at x. The purpose of the present work is togeneralize
this formula tohigher
homoto-py. For this we introduce the
1-Segal
category oflocally
constant(oo-)stacks on X,
and we prove that theHoo-space
ofendomorphisms
of its fibre functor at x is
equivalent
to theloop
spaceS2xX.
Table des matières
0 Introduction
Pour tout CW
complexe pointé
et connexe(X, x),
il est bien connuque la monodromie induit un
isomorphisme
naturel découvert par A.Grothendieck
(isomorphisme
demonoïdes),
où
w0x
est le foncteurqui
associe à tout faisceau localement constantsur X sa fibre en x
(en particulier
toutendomorphisme
dew0x
est enréalité un
automorphisme). Ainsi,
le groupe fondamental del’espace topologique pointé (X, x)
peut être reconstruit à l’aide de lacatégorie
des faisceaux localement constants sur X munie de son foncteur fi- bre. Le but de ce travail est de
généraliser
ce résultat àl’homotopie supérieure.
Pour cela nous utiliserons desanalogues supérieurs
desnotions de groupe
fondamental,
de faisceau localement constant, decatégorie
et de monoïde desendomorphismes
d’un foncteur. Ces no- tionssupérieures
serontrespectivement
celles deHoo-espace
deslacets,
de
(oo-)champs
localement constants(voir
Def.2.4),
de1-catégories
deSegal (voir
Def.1.6),
et deHoo-espace
desendomorphismes
dérivéesd’un
foncteur simplicial (voir
Def.1.10),
dont nous donnerons un ap-perçu dans la suite de cette introduction. Notre résultat
principal (voir
Cor.
3.2)
est alors la construction d’uneéquivalence
faible naturelle deHoo-espaces (voir
Def.1.3)
nx X= REnd(wx).
Ainsi,
comme X est faiblementéquivalent
au classifiantBÍ1xX,
letype d’homotopie
d’un CWcomplexe pointé
et connexe(X, x)
peut être reconstruit à l’aide de la1-catégorie
deSegal
des(oo-)champs
locale-ment constants sur X munie de son foncteur fibre.
L’équivalence
faiblenxX
crREnd(wx)
mérite sans doutes le nom d’oo-monodromie uni- verselle(voir
la remarque à la fin du§3).
Commençons
parrappeler
brièvement une construction del’isomorphisme lT (X, x)= End(w.0)
citéplus haut, qui
nous servira de modèle tout aulong
de ce travail.Considérons
Loco(X)
lacatégorie
des faisceaux d’ensembles locale- ment constants sur X . Ondispose
du foncteur fibre en x,(wx0 : Loco(X)
---+Ens. La construction
qui
associe à un faisceau localement constant samonodromie induit une
équivalence
entre lacatégorie Loc0(X),
et lacatégorie 1rl(X, x) - Ens,
des ensembles munis d’une action(disons
àgauche)
du groupe1rl(X, x).
A travers cetteéquivalence
le foncteur fibrewx0
est transformé en le foncteur d’oubli w° :lT1(X, x) - Ens
---+Ens,
eton a donc
End (wx0 ) = End(wO). Enfin,
le foncteurw°
estco-représenté
par
l’objet
E de7rl(X,X) -
Ens défini par l’action de7rl(X,X)
sur lui-même par translations. Le lemme de Yoneda
implique
alors l’existenced’isomorphismes
naturelsEnfin,
il est immédiat de constater quel’application qui
envoie un en-domorphisme O
de E surO(e) -1
ElTi(X,x)
induit unisomorphisme
de monoïdes
End(E) - 7rl(X,X).
Enconclusion,
il existe une chained’isomorphismes
naturels de monoïdesSi l’on
explicite
cesisomorphismes,
on peutcomprendre l’isomorphisme
lT(X, x) = End(wx0)
de lafaçon
suivante. Pour un lacet ’Y E7rl(X, x),
et un faisceau localement constant F E
Loc0(X),
la monodromie de F lelong de 1
induit unautomorphisme
IF :wx0 (F) = w0x (F) . Il
est facilede voir que cet
automorphisme
est fonctoriel enF,
et définit donc unautomorphisme [y]
du foncteurw0x.
Onpeut
vérifier quel’isomorphisme
lT1 (X, x) = End (w0x )
décrit ci-dessus est induit par lacorrespondance
’Y 1-+
M’
Notreapproche
est deprocéder
paranalogie
et degénéraliser
pas à pas la démarche
précédente
àl’homotopie supérieure.
Champs
localement constantsPour
expliquer
notrepoint
de vue sur la notion dechamps
rap-pelons
une construction(non conventionnelle)
dutopos
del’espace
X(i.e.
d’unecatégorie qui
est naturellementéquivalente
à lacatégorie
desfaisceaux sur.
X) qui
n’utilise pas directement la notion de faisceaux.Pour
cela,
soitPr(X)
lacatégorie
despréfaisceaux
d’ensembles surl’espace topologique
X. Dans cettecatégorie
on considère l’ensemble W desmorphismes qui
induisent desisomorphismes
fibre àfibre,
eton forme la
catégorie W -1 Pr (X ) ,
obtenue àpartir
dePr(X)
en in-versant formellement les
morphismes
de W. Onpeut
alors vérifier queW -1 Pr (X )
est naturellementéquivalente
à lacatégorie
des faisceaux sur X. Il faut remarquer que lesobjets
deW -1 Pr (X )
sont lespréfaisceaux
sur
X,
mais ses ensembles demorphismes
sont en réalitéisomorphes
auxensembles de
morphismes
entre faisceaux associés. Aussi surprenant que celapuisse paraître,
cette construction montrequ’il
n’est pas nécessaire de connaître la notion de faisceaux pourpouvoir parler
de lacatégorie
des faisceaux sur X.
Nous définirons la
catégorie simplicialel
deschamps
sur X ens’appuyant
sur le même
principe,
à savoirqu’il
n’est pas nécessaire de connaître la notion dechamps
pourpouvoir parler
de lacatégorie simpliciale
deschamps
sur X.Ainsi,
il nes’agit
pas de donner une définitionprécise
de
champs,
mais de construire unecatégorie simpliciale
deschamps
surX
qui
est raisonnable. Lesobjets
de cettecatégorie
n’auront pasgrande importance
par lasuite,
et c’est lacatégorie
dans son ensemble àlaquelle
nous nous intéresserons.
Soit
SPr(X)
lacatégorie
despréfaisceaux
d’ensemblessimpliciaux
sur
l’espace topologique
X. Dans cettecatégorie
on considère l’ensemble W desmorphismes qui
induisent deséquivalences
faibles fibre à fibre.La
catégorie simpliciale
deschamps
sur X est par définition la localiséesimpliciale
deDwyer-Kan LSPr(X)
:=L(SPr(X), W),
obtenue à par-tir de
,SPr (X )
en inversant formellement lesmorphismes
de W(voir [4]
et Def.2.3).
On définit ensuite lacatégorie simpliciale
deschamps
localement constants sur X comme la
sous-catégorie simpliciale pleine
de
LSPr(X)
formée desobjets qui
sont localementéquivalents
à deschamps
constants(voir
Def.2.4).
C’est cette dernièrecatégorie simpli-
’Tout au long de ce travail, l’expression catégorie simpliciales fera référence à la notion de catégorie enrichie dans les ensembles simpliciaux. Il s’agit donc de la
notion utilisée dans
[4],
et non de la notion plus générale d’objet simplicial dans la catégorie des catégories.ciale
qui
nous intéressera par lasuite,
etqui
sera notéeLoc(X).
Pardéfinition
Loc(*)
serasimplement
notéeTop,
et est la localiséesimpli-
ciale de
Dwyer-Kan
de lacatégorie
des ensemblessimpliciaux
lelong
deséquivalences
faibles.Enfin,
il est clair que la construction X HLoc(X)
est fonctorielle en
X,
et donc lemorphisme
* --a Xcorrespondant
aupoint
de base x E X induit un foncteursimplicial
qui
sera notre foncteur fibre.Catégories simpliciales, 1-catégories
de,Segal
etREnd(wx)
Nous venons de définir la
catégorie simpliciale Loc(X)
deschamps
localement constants sur
X ,
et son foncteur fibre wx :Loc(X)
-Top.
Notre
problème
est maintenant de définir defaçon
convenable un en-semble
simplicial
desendomorphismes
de wx . Bienentendu,
il existeun ensemble
simplicial
naïfEnd (wx ),
desendomorphismes simpliciaux
de ú.JX.
Cependant, End(wx)
nepossède
pas le bontype d’homotopie,
etil est fort
probable
que notre résultatprincipal
soit faux si on utilisecette définition. Une
façon
de résoudre ceproblème
est de trouver uneversion dérivée de la construction wx ---+
End (wx) .
Pourcela,
nousavons choisi d’utiliser la théorie des
1-catégories
deSegal
et de ses Hominternes
(voir [14, 16]).
La notion de1-catégorie
deSegal
est une no-tion affaiblie de celle de
catégorie simpliciale,
exactement de la même manière que la notion deHoo-espace
est une notion affaiblie de celle de groupesimplicial.
Lescatégories simpliciales
s’identifient deplus
aux1-catégories
deSegal strictes,
et il est vrai que toute1-catégorie
deSegal
est
équivalente
à unecatégorie simpliciale (ceci
est unegénéralisation
du fait que tout
Hoo-espace
estéquivalent
à un groupesimplicial).
En
réalité,
les théorieshomotopiques
descatégories simpliciales
et descatégories
deSegal
sontéquivalentes (voir
leparagraphe Strictification
de
[16)).
Le lecteur pourra donc enpremière approximation remplacer
mentalement les
1-catégories
deSegal
par descatégories simpliciales.
Cependant,
unavantage
de naturetechnique
des1-catégories
deSegal
est que l’on
peut
définir des Hom internes en un sens dérivé(voir § 1.2), qui
seront notés par la suiteRH om2.
Revenons à notre foncteur fibre úJx :
Loc(X) Top, qui
sera alorsconsidéré comme un
objet
dans la1-catégorie
deSegal RHom(Loc(X), T op) .
L’ensemble
simplicial
desendomorphismes
de cetobjet
sera notéREnd (Wx)
L’ensemble
simplicial REnd(wx)
vient avec une loi decomposition
in-duite par la
composition
desendomorphismes qui
le munit d’une struc-ture naturelle de
Hoo-sspace.
La preuve dans ses
grandes lignes
Nous sommes maintenant en mesure de suivre pas à pas la preuve de
l’isomorphisme lT(X,x)= End(w.0) présentée précédemment.
Nous commencerons par
généraliser
la classification des faisceaux localement constants par leur monodromie au cas deschamps
locale-ment constants définis
plus
haut. Cette classification se fera en deuxgrandes étapes.
Toutd’abord,
nous montrerons que la1-catégorie
deSegal Loc(X),
deschamps
localement constants sur X estéquivalente
àla
1-catégorie
deSegal Fib(S(X )),
des fibrations sur l’ensemblesimpli-
cial des
simplexes singuliers
de X(voir
Thm.2.13).
Cetteéquivalence
peut êtrecomprise
comme unanalogue
du fait que lacatégorie
des fais-ceaux localement constants est
équivalente
à celles des revêtements. Par lasuite,
nous noterons G le groupesimplicial
des lacets surS(X)
debase x
(i.e.
un groupesimplicial
G faiblementéquivalent
auHoo-espace Ç2.,X),
et nous considérerons la1-catégorie
deSegal
G -Top
des en-sembles
simpliciaux
munis d’une action de G(voir
Def.2.20).
Nousmontrerons alors que la
1-catégorie
deSegal Fib(S(X))
estéquivalente
à G -
Top,
la conclusion étant queLoc(X)
est elle mêmeéquivalente
à G -
T op (voir
Thm.2.22).
Cette dernièreéquivalence
estl’analogue
final de la classification des faisceaux localement constants par leur mon-
odromie
(i.e.
del’équivalence
entre faisceaux localement constants etlT1(X, x)-ensembles) .
Deplus,
le foncteur fibre wx :Loc(X)
---+Top 2Lorsque A
et B sont deux catégories simpliciales, les objets deRHom( A, B)
peuvent être légitimement perçus comme des foncteurs simpliciaux faibles entre A
et B
sera alors transformé en le foncteur d’oubli wG : G -
Top
--->Top,
cequi implique
que leHoo-espace REnd(wx)
est faiblementéquivalent
àREnd(wG).
Pour achever la
démonstration,
nous remarquerons que le foncteurwG est
co-représentable (au
sens des1-catégories
deSegal)
parl’objet
deG - T op
défini par l’action de G sur lui-même. La version1-catégorie
deSegal
du lemme de Yonedàimpliquera
alors l’existence d’uneéquivalence
faible d’ensembles
simpliciaux
ce
qui
est bien le résultat annoncé.Remarquons
pour terminerl’équivalence
faible de notre théorèmeÇ2--X REnd(wx,),
peut alors êtrecomprise
comme induite par l’action de la monodromie des lacets de X sur les fibres deschamps
localementconstants.
Ainsi,
intuitivementparlant,
unlacet,
sur Xcorrespond
dans
REnd(wx)
àl’endomorphisme
de ùJz donné par la monodromie[y]
lelong
de q, unehomotopie
entre deuxlacets,
etl’ correspond
àl’homotopie
entre lesendomorphismes [y]
et[y’]
donnée par une certainemonodromie sur un
pavé
de dimension 2 ... et ainsi desuite,
tout celade
façon compatible
avec lacomposition
des lacets et lacomposition
des
endomorphismes.
Organisation
du travailDans une
première partie
nous avonsrappelé
un certain nombre de définitions et de résultatspréliminaires qui
nous seront utiles tout aulong
de l’article. Il comporte enparticulier
les notations et définitions concernant lesHoo-espaces,
les1-catégories
deSegal
et la localisation deDwyer-Kan.
La seconde
partie
est consacrée à la démonstration des résultats de classification deschamps
localement constants, et est le coeur du travail. Les preuves utilisent le formalisme descatégories
de modèles etdes
adjonctions
deQuillen
afin de construire deséquivalences
entre lesdifférentes
1-catégories
deSegal qui
entrent enjeu.
Enfin,
dans une dernièrepartie
nous rassemblons les résultatsprécé-
demment démontrés et en déduisons le théorème
principal.
Relations avec d’autres travaux
Dans la lettre à L.
Breen,
datée du 17/02/1975 et que l’on trouve dans[8],
A. Grothendieckconjecture plusieurs
relations entre la théorie des n-champs
engroupoïdes
et la théorie del’homotopie.
Bienqu’utilisant
unlanguage
trèsdilférent,
ces considérations ont été une sourced’inspiration
lors de l’élaboration de ce travail
(voir
la remarquequi
suit le corollaire3.2).
Signalons
aussi que le corollaire 3.2 avait été énoncé sans démonstration dans l’introduction de[18],
et sertdéjà depuis quelque
temps depoint
dedépart
au formalisme Tannakiensupérieur qui
y estproposé.
Notations et conventions
Pour tout univers U nous noterons
Ensu (resp. SEnsu.,
resp.Esu, resp.... )
lacatégorie
des ensembles(resp.
des ensemblessimpliciaux,
resp. des espaces
topologiques, resp.... )
appartenant à U.Lorsque
le contexte ne nécessitera
qu’un unique univers,
nous omettrons de lementionner,
et nous écrironssimplement Ens, SEns, Es,
....Nous utiliserons l’abréviation
cmf
poursignifier catégorie
de modèlesfermée,
et pour nous cetteexpression
feratoujours
référence à la notionexposée
dans[9, §1.1.3] (en particulier,
nos cmfpossèderons toujours
tout type de limites et colimites ainsi que des factorisations foncto-
rielles). L’expression équivalence
sera synonymed’ équivalence faible,
etfera référence à une structure de
catégorie
de modèles.Pour une cmf
M,
et X un de sesobjets,
nous noteronsM/X (resp.
X/M)
la cmf desobjets
au-dessus(resp. au-dessous)
de X. Nous noterons aussi *l’objet
final d’une cmf M(choisit
une bonne fois pourtoute),
et*/M
la cmf desobjets pointés
de M. Nous utiliseronsgénéralement
la notation
Hom*
pourdésigner
lesmorphismes d’objets pointés.
Lacatégorie homotopique
d’une cmf M serà notéeHo(M).
Un foncteur F : M - N entre deux cmf sera de
Quillen
à droite(resp.
àgauche)
si c’est unadjoint
à droite(resp.
àgauche)
et s’ilprésèrve
les fibrations et les fibrations triviales(resp.
les cofibrations et les cofibrationstriviales).
Si F : M - N est un foncteur deQuillen
àdroite entre deux
cmf, d’adjoint
àgauche
G : N -M,
nous noteronsleurs foncteurs dérivés à droite et à
gauche ([9, §1.3]).
Nous utiliserons aussi la notion de cmf
simpliciale
de[9, §4.2.18].
SiN est une cmf
simpliciale,
et si Homdésigne
ses ensemblessimplici-
aux de
morphismes,
nous noterons RHom ses Hom dérivés à valeurs dansHo(SEns) (voir [9, §4.3.4]). Rappelons qu’ils
sont définis pourdeux
objets
X et Y deHo(M),
parRHom(X, Y)
:=Hom(QX, RY)
EHo(SEns),
oùQX (resp. RY)
est un modèle cofibrant(resp. fibrant)
de X
(resp.
deY).
Ceux-ci munissent lacatégorie Ho(M)
d’une struc-ture de
Ho(SEns)-modules
fermé au sens de[9, §4.1.13] (i.e. Ho(M)
est enrichie dans
Ho(SEns)
etpossède
desproduits
externes ainsi que desobjets exponentiels
par desobjets
deHo(SEns)).
Nous noterons comme il est en
l’usage
0 lacatégorie simpliciale
stan-dard. Ses
objets
sont les ensembles finis ordonnés[m] := { 0, ... , m} ,
et ses
morphismes
lesmorphismes
croissants au senslarge.
Nous sup-poserons
toujours
que les univers considérés contiennent A.Enfin,
comme nous l’avonsdéjà signalé
au cours de cette introduc-tion, l’expression catégorie simpliciale
feratoujours
référence à la notion decatégorie
enrichie dans les ensemblessimpliciaux.
Ils’agit
donc dela notion utilisée dans
[4]
et[5, §XII] (sous
le nom deS-catégorie),
etnon de la notion
plus générale d’objet simplicial
dans lacatégorie
descatégories.
1 Préliminaires
Dans ce
premier chapitre
onrappelle plusieurs
définitions et résultatsqui
nous seront utiles tout au
long
de ce travail. Ils’agit
pour laplupart
denotion standard et le lecteur est invité à considérer cette
partie
commeune annexe de notations et de références.
1.1
Espaces topologiques, ensembles simpliciaux,
groupes
simpliciaux
et0°-espaces
Commençons
parrappeler
que lescatégories
Es des espacestopologiques
et SEns des ensembles
simpliciaux
sont des cmfsimpliciales (voir [9,
§4.2.18]). Rappelons
que leséquiavlences
dans Es et SEns sont pardéfinition les
équivalences
faibles(i.e.
lesmorphismes
induisant desisomorphismes
sur les groupesd’homotopie).
Deplus,
il existe deux foncteurs(voir [9, §3.6.7])
définissant une
équivalence
deQuillen
entre les cmf Es et SEns. Notonsau passage que le foncteur
1.1
estcompatible
avec la structuresimpliciale (i.e.
commute avec lesproduits
externes par des ensemblessimpliciaux).
Définition 1.1 Une
pré-l1°-espace
est unfoncteur
tel que
Ao
= *.La
catégorie
despré-A°-espaces
sera notée Pr0° - SEns.Comme
[0]
est initial dansA° ,
on peut identifier lacatégorie
Pr0° -SEns avec la
catégorie
despréfaisceaux
sur A -[0]
à valeurs dans*/SEns.
Comme*SEns
est une cmfengendrée
par cofibrations on peutappliquer [7, §11.6.91
et munir Pr0° - SEns d’une structure de cmf.Rappelons
que les fibrations(resp.
leséquivalences)
pour cettestructure sont les
morphismes f :
A --+ B tels que pour tout[m]
EA,
le
morphisme
induitlm : Am - B",
soit une fibration(resp.
uneéquivalence). Rappelons
qued’après
nos conventionséquivalences signi-
fie
équivalences faible.
Soit
[m]
E A. Ondispose
de mmorphismes
définis par
pi(0)
= i etpi (1)
= i + 1. Cecipermet
de définir pour tout A E Pr0° - SEns et[m]
E 0 unmorphisme (dit morphismes
deSegal), fl p; : Am - Ar.
Définition 1.2 Un
objet
A de Pr0° - SEns estappelé
un0°-espace
si pour tout
[m]
E à lemorphisme
deSegal, A,n
---+Al,
est uneéquivalence
dans SEns.Pour X E SEns notons
lT0(X)
l’ensemble des ses composantes con-nexes. Comme le foncteur
7pro( -)
transformeéquivalences
en isomor-phismes
et commute avec lesproduits directs,
pour toutA°-espace A, lT0 (A1 )
est naturellement muni d’une loi decomposition
associative et unitaire. C’est donc un monoïde.Définition 1.3 Un
objet
A de Pr0° - SEns estappelé
unlfoo-espace
si c’est une
A’-espace
et si deplus
le monoïdelT(A1)
est un groupe.On notera
Hoo -
SEns lasou,s-catégorie pleine
de Pr6.° - SEnsformée
desHoo-espaces.
Remarquer
que les notions de0°-espaces
et deHoo-espaces
sont in-variantes par
équivalences.
Ainsi lespropriétés
d’être un0°-espace
ouun
Hoo-espace
sont stables parisomorphismes
dans lacatégorie
homo-topique Ho(Pr0° - S’Ens).
Pour un
objet
A E PrA° - SEns on définit sadiagonale
qui
est un ensemblesimplicial.
Deplus,
commeAo
= *,d(A)
est réduit(i.e. d(A)([0]) = *)
et enparticulier peut-être
considéré sansambiguité
comme un
objet
de*/SEns (i.e.
un ensemblesimplicial pointé).
Cecidéfinit évidemment un foncteur
En composant avec le foncteur de réalisation
géométrique
on obtient unfoncteur classifiant
Il est bien connu que le foncteur B
préserve
leséquivalences,
et induitdonc un foncteur sur les
catégories homotopiques
Théorème 1.4
([12])
Lefoncteur
B est deQuillen
àgauche d’adjoint
à droite
De
plus,
pour tout X E*/Es, Rn*(X)
est unHoo-espace,
et le mor-phisme d’adjonction
est un
isomorphisme
dansHo(*/Es) lorsque X
est connexe par arcs.En
particulier, le foncteur
B :Ho(Hoo - SEns)
---+Ho(*/Es)
estpleinement fidèle
et sonimage
essentielle estformée
des espacespointés
connexes par arcs.
Pour mémoire
rappelons
quef2*(X, x)
est leHoo-espace
des lacetsde base x sur
X,
et est défini paroù
A*m
est obtenu àpartir
de Am en identifiant tous ses sommets en unpoint unique.
En d’autres termes,0*(X, x)m
est l’ensemblesimplicial
des
morphismes
Am - Xqui
envoient tous les sommets de Am sur lepoint
x.Notons
SGp
lacatégorie
des groupessimpliciaux (i.e.
desobjets
engroupes dans
SEns,
ou encore desobjets simpliciaux
dans lacatégorie
des
groupes). Rappelons
que c’est une cmf où les fibrations(resp.
les
équivalences)
sont lesmorphismes
induisant une fibration(resp.
une
équivalence)
sur les ensemblessimpliciaux sous-jacents (voir [7,
§I1.5.2] ) .
Il existe une inclusion naturelle
où les faces et les
dégénérescences
sont induites par lesmultiplications
etles
diagonales.
Lefoncteur j
identifie,S’Gp
avec lasous-catégorie pleine
de Pr0° - SEns formée des
objets
A pourlesquels
lesmorphismes
deSegal
sont desisomorphismes,
et tels que lacomposition Ai
xAi
-A1
fasse de
A1
un groupesimplicial. Ainsi,
tout groupesimplicial
seraconsidére
implicitement
comme unobjet
de Pr0° - SEns. Deplus,
lefoncteur j possède
unadjoint
àgauche,
,S’tr : Pr0° - SEns -SGp, qui
à unpré-0°-espace
X associe le groupesimplicial qu’il engendre.
Comme j
est clairement deQuillen
àdroite,
le foncteur S’tr est deQuillen
àgauche.
Proposition
1.5 Lefoncteur j ci Rj : Ho(SGp)
---+Ho(Pr0° - SEns)
estpleinement fidèle
et sonimage
essentielle estformée
desHoo-espaces.
Preuve: En utilisant le théorème
1.4,
il suffit de montrer que le foncteur d :Ho(S’Gp)
-Ho(*/S’Ens)
estpleinement
fidèle et sonimage
essentielle formée desobjets
connexes.Pour G E
SGp,
notons EG ladiagonale
de l’ensemblebi-simplicial
([m], [p])
HGmp+1.
C’est donc le nerf dumorphisme
d’ensemblessimpli-
ciaux G - *, et est donc contractile et fibrant. De
plus,
EGpossède
une action naturelle de G. Plus
précisément,
le groupeGm opère diag-
onalement sur
EGm
=Gmm+1
par son action àgauche.
On vérifie alors facilement qued(G)
est naturellementisomorphe
auquotient
de EG par G. On peut alors utiliser le théorème[7, §V.3.9]
pour montrer qued(G)
est naturellement
isomorphe
dansHo ( * / SEns )
à W G défini dans[7,
§V4].
En d’autres termes les foncteurs d :Ho(SGp)
---+Ho(**/SEns)
et W :
Ho(SGp)
--->Ho(*/SEns)
sontisomorphes. Or, d’après
lecorollaire
[7, §V.6.4],
le foncteur W estpleinement
fidèle et sonimage
essentielle est formée des
objets
connexes. DNotons
Ho(*/SEns)c
lasous-catégorie pleine
deHo(*/SEns)
forméedes
objets
connexes. On peut construire un inverse del’équivalence
d :
Ho(SGp)
--->Ho(*/SEns)c
de lafaçon
suivante. On commencepar considérer le foncteur d : Pr0° - SEns --+
*/SEns, qui
envoieun
objet X
E Pr0° - SEns sur sadiagonale.
Ce foncteurpossède
unadjoint
à droiteL. : */SEns ---+
Pr0°-SEns défini de la mêmefaçon
que le foncteur
Ç2..
Enclair,
on a pour(S, s)
E*/SEns
Le foncteur L* étant clairement de
Quillen
àdroite,
d est un foncteurde
Quillen
àgauche.
On obtient donc uneadjonction
sur lescatégories homotopiques
On vérifie alors aisément à l’aide du théorème 1.4 et de la
proposition
1.5 que le foncteur
est un inverse du foncteur d.
1.2
1-Catégories de Segal
La notion de
1-catégorie (resp. 1-précatégorie)
deSegal
est une notionafaiblie de celle de
catégorie simpliciale,
de la mêmefaçon
que la notion deào-espace (resp. pré-A°-espace)
est une notion afaiblie de celle de monoïdesimplicial.
Tout comme pour le cas descatégories simpliciales (voir [5, §XII]),
il existe une structure decatégorie
de modèles sur lacatégorie
des1-précatégorie
deSegal
où leséquivalences
sont une cer-taine
généralisation
de la notiond’équivalence
decatégories.
Deplus,
onsait que la théorie
homotopique
des1-catégories
deSegal
estéquivalente
à celle des
catégories simpliciales (voir
parexemple [16]).
Lapropriété
qui
nous intéresse toutparticulièrement
est que lacatégorie
de modèlesde
1-précatégories
deSegal
est une cmf interne(voir
Thm.1.7),
pro-priété qui
n’estplus
vraie pour la cmf descatégories simpliciales.
Cettepropriété
nous permettra de définir des Hom internes dérivés entre 1-catégories
deSegal qui
seront desobjets
de touteimportance
par la suite(ils
sont parexemple déjà
utilisés pour énoncer notre théorèmeprincipal).
Définition 1.6 . Une
1-précatégorie
deSegal
est la donnée d’unfoncteur
tel que
Ao
soit un ensemblesimplicial
constant,ap,velé
l’ensembled’objets
de A.0 Un
morphisme
entre1-précatgories
deSegal
est unetransforma-
tion naturelle entre
foncteurs
de A° vers SEns.0 Une
1-précatégorie
deSegal
A est une1-catégorie
deSegal
si pour tout(P]
lemorphismes
deSegal
est une
équivalence
d’ensemblessimpliciaux.
. Pour toute
l-catégorie
deSegal
A ondéfinit
sacatégorie
homo-topique Ho(A)
comme lacatégorie ayant Ao
comme ensembled’objets,
et1ro(A1)
comme ensemble demorphismes.
. Un
morphisme
de1-catégories
deSegal f :
A ---+ B est uneéquivalence
s’ilvérifie
les deux conditions suivantes.1. Pour tout
[p] E A°,
lemorphisme fp : Ap
-->Bp
est uneéquivalences
d’ensemblessimpliciaux.
2. Le
morphisme
induitHo(f) : Ho(A)
---+Ho(B)
est uneéquivalence
decatégories.
La
catégorie
des1-précatégories
deSegal
sera notée 1 - PrCat.Pour une
1-précatégorie
deSegal A,
et(x, y) E A20
unepaire d’objets,
on notera
A(x,y)
le sous-ensemblesimplicial
deA1
desobjets
de sourcex et but y
([14,
p.17]). Remarquons
alors que l’on aIl nous arrivera très souvent de définir une
1-catégorie
deSegal
parun ensemble
d’objets Ao,
des ensemblessimpliciaux A(x,y)
pour tout(X) y)
EA2,
et descompositions (associatives
etunitaires)
C’est à dire comme une
catégorie
enrichie dans SEns(i.e.
unecatégorie simpliciale). L’objet Ap
est alors défini parRemarquons
que cette construction permet d’identifier lacatégorie
descatégories simpliciales
à lasous-catégorie pleine
de 1 - PrCat forméedes
objets
dont lesmorphismes
deSegal
sont desisomorphismes.
Ilexiste donc un foncteur
pleinement
fidèle ,S - Cat - 1 -PrCat,
où S - Cat est la
catégorie
descatégories simpliciales.
A l’aide de cetteinclusion,
on verra toutecatégorie simpliciale
comme unobjet
de1 - PrCat. Il est
important
de noter, mais nous n’utiliserons pas ceci par la suite, que cette inclusion induit uneéquivalence
sur lescatégories homotopiques (voir
parexemple
leparagraphe Strictification
of[16,
p.7]).
Enparticulier,
ceciimplique
que toute1-catégorie
deSegal
estéquivalente
à unecatégorie simpliciale.
Si M est une cmf
simpliciale,
on peut former lacatégorie simpli-
ciale des
objets
cofibrants et fibrants dans M. On la considérera alorscomme un
objet
de 1-PrCat,
que l’on noteraE(M) . Remarquer qu’il
existe une
équivalence
naturelle decatégories Ho(E(M)) = Ho(M) (où
le membre de
gauche est
lacatégorie homotopique
au sens de de ladéfinition
1.6,
et celui de droite lacatégorie
obtenu en localisant M lelong
deséquivalences).
Supposons
maintenant que F : M - N soit un foncteur deQuillen
à droite entre deux cmf
simpliciales, préservant
lesobjets
cofibrants.Notons G : N - M son
adjoint
àgauche,
et supposons que G soit unfoncteur
simplicial (i.e.
decatégories
en modules surS’Ens).
Alors paradjonction
ondispose
demorphimes
dansS’Ens,
fonctoriels en A et BCeci permet alors de définir un foncteur
simplicial
decatégories simpli-
ciales
qui
est considéré comme unmorphisme
dans 1 - PrCat.De
même,
si G : M ---+ N est deQuillen
àgauche
etsimplicial
entredeux cmf
simpliciales,
et si deplus
ilpréserve
lesobjets fibrants,
alorsil induit un
morphisme
dans 1 - PrCatThéorème 1.7
([14, 17])
Lacatégorie
1 - PrCat est munie d’une structure decmf,
ov, lescofibrations
sont lesrrtonomorphisrnes,
et lesobjets fibrants
sont des1-catégories
deSegal.
Deplus,
unmorphisme
entre deux
1-catégories
deSegal
est uneéquivalence
dans 1 - PrCat siet seulement si c’est une
équivalence
de1-catégon’es
deSegal (au
sensde la
définition 1.6).
Enfin,
1 - PrCat est unecmf
interne(i. e.
monoidalesymétrique
pour le
produits direct,
au sens de[9, §4.2J).
La dernière assertion
implique
l’existence de Hom internessatisfaisant à la formule
d’adjonction
usuelleet
qui
sontcompatibles
avec la structure decatégorie
de modèles. Enparticulier,
ils peuvent être dérivés comme il estexpliqué
dans[9, §4.3.2].
Ainsi,
lacatégorie homotopique Ho(l - PrCat)
devient alors unecatégorie
avec Hom internes.
Rappelons qu’ils
sont définisexplicitement
pourA,
B E 1 - PrCat par la formule suivanteoù B - B’ est un modèle
fibrant,
etqu’ils
vérifient la formuled’adjonction
Enfin,
l’ensemble des classesd’isomorphie d’objets
deHo(RHom(A, B))
est en
bijection
avec l’ensemble desmorphismes
entre A et B dansHo(1 - PrCat) ([14, §2)).
Définition 1.8 Soit
f :
A - B unmorphisme
entre deux1-catégories
de
Segal.
On dit quef
estpleinement fidèle
si pour tout(x, y)
EA2le
morphisrrae
induitest une
équivalence
dans SEns.Soit
f :
A ---> B dansHo(1-PrCat).
On dira quef
estpleinement fidèle
si unreprésentant f :
A ---+B’,
où B - B’ est un modèlefibrant,
estpleinement fidèle.
Remarquer
que dans la définitionprécédente
on utilise le faitqu’un objet
fibrant de 1 - PrCat estautomatiquement
une1-catégorie
de Se-gal.
D’après [15, §5]
il existe pour tout A EHo(1 - PrCat)
une familledes flèches
(qui
est unmorphisme
dansHo(1 - PrCat))
où
Top
= LSEns est la localisation deDwyer-Kan
de la cmf des en-sembles
simpliciaux (voir
leparagraphe suivant).
On peut parexemple
définir ce
morphisme
en utilisant que A estisomorphe
dansHo(1 -
PrCat)
à unecatégorie simpliciale,
et en utilisant lemorphisme
deYoneda enrichie pour les
catégories simpliciales.
Paradjonction
ce mor-phisme
induit deux nouveauxmorphismes
dansHo(1 - PrCat)
Le lemme de Yoneda pour les
1-catégories
deSegal
est le théorème fondamental suivant.Théorème 1.9
([16,
Thm.2])
Pour tout A EHo(1 - PrCat) les morphismes h
et k sontpleinement fidèles.
Remarquons
que la notion de1-précatégorie
deSegal
est unegénéralisation
de celle de
pré-0°-espace (qui correspond
au cas oùAo
=*).
Plusprécisément,
il existe un foncteur évidentqui
identifie PrA° - SEns avec lasous-catégorie pleine
formée desobjets
A tels que
Ao
= *. Il est facile de voirqu’il possède
unadjoint
à droitePour un
objet pointé (A, a)
E*/1 -
PrCat il est définiexplicitement
de la
façon
suivanteD’après [17, §3.11]
il est évident que le foncteur B est deQuillen
àgauche,
et donc quen*
est deQuillen
à droite. On en déduit donc unfoncteur dérivé
En utilisant le fait
qu’un objet
fibrant de 1 - PrCat estautomatique-
ment une
1-catégorie
deSegal,
on remarque queRÇ2. prend
ses valeursdans la
sous-catégorie pleine
desA’-espaces.
Définition 1.10 Soit A E
Ho(l-PrCat),
etf
unobjet
deRHom(A, Top) .
On