C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
Y. L AFONT
Diagrammes de Penrose et réécriture en dimension 2
Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 33, no3 (1992), p. 267-275
<http://www.numdam.org/item?id=CTGDC_1992__33_3_267_0>
© Andrée C. Ehresmann et les auteurs, 1992, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme
Diagrammes de Penrose et réécriture en dimension 2
Y. Lafont1
CAHIERS DE T OP OL O GIE ET GEOMETRIE DIFFERENTIELLE
CATEGORIQ U.ES
VOL UME XXXIII
:jme
trimestre 1992ABSTRACT : Albert Burroni
proved
that the monoidal category Nof finite sets, with
disjoint
union as tensorproduct,
isfinitely
pre- sentable. Here we exhibit a canonicalrewriting
system for N with 12 rules and 56 criticalpairs!
It is a step towards the elimination of variables inequational reasoning.
Albert Burr oni a démontr é que la
catégorie
monoïdale N des ensemblesfinis,
avec l’uniondisjointe
commeproduit tensoriel,
est finimentprésentable.
Ici nous exhibons un
système
de réécriturecanonique
pour N avec 12règles
et 56
paires critiques!
C’est uneétape
vers l’élimination des variables dans le r aisonnementéquationnel.
1 Une présentation finie
Soit N la
sous-catégorie pleine
de Ens dont lesobjets
sont les entiers naturels.Si n est un entier
naturel,
nous écrirons n pour l’identité sur 11. L’addition définit un bifoncteur associatif N x N -> N avec 0 comme unité. En tant quecatégorie
monoïdalestricte,
N estengendrée
parl’objet
1 et les troismorphismes
suivants:Notez que, dans cette
décomposition,
rr n’est pasunique,
saufsi (p
est in-jective, auquel
cas () est triviale. Maintenant 7r est elle-même unproduit
detranspositions qui
sont de la forme p + T + q. De111ê111e, ()
est unproduit d’applications
de la forme p + p + q et t est unproduit d’applications
de lafor me p + n + q. Nos 3
générateurs
vérifient les 7équations
suivantes:Tout cela
s’exprime
bien mieux avec desdiagrammes
dans lestyle
dePenrose,
en
représentant
les 3générateurs
ainsi:Parmi les 7
équations (figure 1),
les troispremières correspondent
à des loisd’associativité,
d’unité et de commutativité. Les deux suivantesapparaissent i1111)licite111ent
dans laprésentation
bien connue des groupes depermutations,
et
aussi,
sous une formelégèrement modifiée,
des groupes de tresses. Notez aussi que trois de ceséquations
sontasymétr iques,
mais leursilnages
mir oirsont déductibles
(figure 2).
Albert Burroni a démontré que de ces 7
équations
découlent toutes cellesqui
sont vraies dans N. Autrementdit,
N est finimentprésentable
en tant quecatégorie
monoïdale stricte[Bur91].
Ce résultat estimportant
car N(en
faitsa
duale)
modélise lagestion
des variables dans le raisonnementéquationnel.
Typiquement,
deséquations
telles quex x (y + z) = x x y + x x z et x x 0 = 0
peuvent
êtrereprésentées
ainsi:Figure
1 :équations
Figure
2 :équations
déductiblesDu coup on
peut
associer à toute théorieéquationnelle
finie unecatégorie
monoïdale stricte finiment
pr ésentée2.
Notre but est d’obtenir des résultatsanalogues
pour lessystèmes
de réécriture.2 Un Système de réécriture canonique
Le théor ème de Knuth-Bendix résoud le
problème
des mots dans certains monoïdes finimentprésentés.
L’idée consiste à orienter leséquations
de tellesorte que le relation de réécriture
correspondante
soit noetherienne etconf lu-
ente. Dans ce cas, deux mots sont
équivalents
modulo la théorie si et seule-ment si ils ont la même
forme
normale. La noethérianitéi1plique
l’existence de cette for menormale,
et la colifiuence son unicité. Engénéral,
on démontr ela noetherianité en definissant un ordre bien fondé sur les mots tel que, si
u se réduit en v, alor s u > v. Dès
lors,
la confluencepeut
être vérifiéeautomatiquement,
eninspectant
tous les conflitspossibles
entrerègles (les
paires critiq2ces ) .
Si unepair e critique
n’est pasconfluente,
onpeut
la ren- dre confluente enajoutant
une nouvellerègle qui correspond
à uneéquation
déductible. Ce processus de
complétion
continue tant que tous les conflits n’ont pas été résolus. Toutes cestechniques
ont été étendues à la réécriturede termes
(voir
parexemple [DeJ90]).
Nous avons
adapté
cetteméthodologie
auproblènle
des mots en dimen-sion
2,
selon laterminologie
deBurroni,
etplutôt
que deprésenter
une théoriegénérale (qui
n’est d’ailleurs pascomplètement fixée),
nouspréférons
ex-pliquer
unexemple
defaçon
informelle. Lesystème
de réécriture pour N(figure 3)
a été obtenu enappliquant l’algorithme
decomplétion
de Knuth-Bendix à la niain. L’orientation des
équations
n’était pas évidente: certains choix naturels conduisent à une infinité derègles!
Théorème Ce
système
est noetherien etconfluent.
Figure
3 :règles
de réécriturePour démontr er la
noetherianité,
onconstruit,
pourchaque diagramme u représentant
uneapplication
n -> ni, uneapplication
str ictement croissante ii : Yn -> Vm où V est l’ensemble des entiers naturels str ictementpositifs,
et
VB
vrn sont munis de l’ordreproduit.
Cetteinterprétation
est définie surles
générateurs:
puis
étendue defaçon
évidente auxdiagrammes coiiiposés.
Pourchaque règle
u -> v, on vérifie que
u (x1, ... , xn)
>v (x1, ... , xn)
pour l’ordrepro duit .
Parconséquent,
si uo -> 1.l1 -> u2 -> ... était une suite infinie deréductions,
onobtiendrait une suite strictenlent décroissante
û0( 1, ... , 1 )
>û1 ( 1, ... , 1 )
>u2(1,.... 1)
> ... cequi
est absurde.La confluence de toutes les
paires critiques
fut d’abord vérifiée à lamain,
puis
à la machine. Par manque deplace,
nous ne donnons que 2exemples
(figure 4)
et nous invitons le lecteur à vérifier la confluence des 54 autres.Figure
4 : 2 des 56diagrammes
de confluenceRéférences
[Bur91]
BurroniA., Higher
Dimensional Word Problem.Category Theory
and
Computer Science,
LNCS530, Springer-Verlag, 1991,
pp. 94- 105.[DeJ90]
DershowitzN.,
JouannaudJ.P.,
Rewritesystems.
Halidbook of The- oreticalComputer Science,
Vol.B, Elsevier,
1990.[JoS91] Joyal A.,
StreetR.,
TheGeometry of
Tensor Calculus. Advances in Mathematics88, 1991,
pp. 55-112.[KnB70]
KnuthD.E.,
BendixP.B., Simple
wordproblems
in universal al-gebras.
AbstractAlgebra (ed. J. Leech), Pergamou Press, 1970,
pp. 263-297.
[PeR86]
R. Penrose & W.Rindler, Spinors
andspace-time,
Vol. 1: Two-spinor
calculus and relativisticfields. Calnbridge University Press,
1986.
LIENS 45 rue dUlm 75230 Paris cedex 05