A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
L OUIS N IGLIO
Classes isotropes et classes de Maslov
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 6
esérie, tome 4, n
o3 (1995), p. 633-654
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1995_6_4_3_633_0>
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- 633 -
Classes isotropes
etclasses de Maslov(*)
LOUIS
NIGLIO(1)
Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse Vol. IV, n° 3, 1995
RÉSUMÉ. - Soit E --> M un fibré vectoriel symplectique de classe Coo, , de rang 2m. Pour tout couple
(h , I2 )
de sous-fibrés vectoriels orientésisotropes de E --~ M
(pour
la formesymplectique),
de rangs respectifs nl , n2(nl
nous définissons des classes caractéristiques isotropes.Si ni n2 de telles classes ne se déduisent pas d’une grassmannienne et
utilisent un modèle algébrique dont nous donnons la description. Un des éléments nouveaux dans ce travail est qu’aucune hypothèse de platitude
sur les fibrés n’est nécessaire. Ces classes sont notamment des obstructions à la transversalité de Ii avec
I2
(ou 12 si 12 est lagrangien). Si Il et 12 sontcontenus dans des lagrangiens Li et L2, nous donnons l’expression des
classes isotropes de
(Ii,
en fonction des classes de Maslov de(L1, ~2) )
et des classes de Pontrj aguine de Ii En particulier, si ni = m - 1, les classes isotropes du couple (Ii,
12) sont
exactement les classes de Maslov du couple(Li
, L2 de degré supérieur à 1. .ABSTRACT. - Let E --> M be a symplectic vector bundle of class C’°° , of rank 2m. For any pair
(Il, 12)
of oriented isotropic vector sub- bundles of E ~ M(for
the symplecticform),
respectively of ranks ni n2(nl S
we define isotropic characteristic classes. If nl n2 such classes can not be constructed from a grassmannian and need an algebricmodel described below. One of the new éléments in this work is that we
does not need flatness hypothesis on the bundles. Thèse classes are in
particular obstructions to the transversality of Ii with
7~-
(or 12 if 12 is lagrangian). If Ii and 12 are contained in two lagrangian Li and L2, we give the relations between isotropic classes of (h , I2 ) and Maslov classes of (Ll , L2 ). In particular, if nl = m - 1 the isotropic classes of the pair (Il, 12) are exactly the Maslov classes of the pair (Li , LZ ) of degree morethan 1. .
MOTS-CLÉS : Sympectique, lagrangien, isotrope, classes caractéristiques isotropes, classes de Maslov.
~ * ~ Reçu le 25 novembre 93
~ ) Université d’Avignon, 33 rue Louis-Pasteur, F-84000 Avignon (France)
Introduction
On sait
l’importance
que revêt l’étude de lapremière
classe de Maslov d’une sous-variétélagrangienne A
d’un fibrecotangent T * N,
obstruction à la transversalité de A avec lechamp
de sous-espaceslagrangiens canonique.
D’autres invariants
cohomologiques,
les classes de Maslov d’ordresupérieur,
obstructions à la
transversalité,
ont été ensuites définis.L’existence de ces
invariants,
dans certainesthéories, provient
de l’éva-luation des classes de Chern d’ordre
impair
de la variétésymplectique
ambiante en. termes de courbure. En effet si on
procède
au calcul des formes différentiellesqui
définissent ces classes sur desrepères "adaptés",
cesformes sont, non seulement exactes, mais
identiquement
nulles. Comme cesformes différentielles ont des
primitives naturelles,
cesprimitives
deviennentà leur tour fermées et définissent des invariants
cohomologiques qualifiés
de secondaires. De
fait,
tout se ramène à une constatationalgébrique déjà
ancienne : une matrice réelle
symétrique
d’ordreimpair
a un déterminant nul. Cettepropriété joue
par ailleurs un rôle déterminant dans le calcul de lacohomologie
de lagrassmannienne lagrangienne U(n)/ SO(n).
Delà
provient
l’idée depréciser
les relations entre le modèlealgébrique
deH*~U(n)/ SO(n) , IR),
et cesinvariants,
autrement que par l’utilisation d’une fonction deGauss,
pourl’appliquer
à des situations moins évidentes.La
généralisation
naturelle des classes de Maslov conduit aux classesisotropes,
associées à uncouple
de sous-fibrésisotropes
de rang n(pour
la forme
symplectique)
d’un fibresymplectique
de rang2 (n -~- k ) .
Différentesapproches
ont vu lejour [La], [Mo3], [Nil], [MN3].
Toutess’appuyent
surla connaissance de la
cohomologie
réelle de lagrassmannienne isotrope, qui
n’est finalement pas le bon modèle car son utilisation
nécessite,
soit desrecours à des trivialisations en
augmentant
lesfibrés,
soit unehypothèse
d’existence de connexion sans courbure. Une telle
hypothèse
reste de naturesurprenante,
car elle n’intervient pas dans le cas d’un espacehomogène symétrique [Ni2].
Le
présent travail, s’appuyant
cette fois sur un modèlealgébrique adapté,
définit pour tout
couple
de sous-fibrésisotropes (éventuellement
de rangsdifférents)
des classescaractéristiques isotropes,
sans aucunehypothèse
restrictive.
Dans une
première section,
nous étudions avecquelques
détails le mo-dèle
algébrique
utilisé. Ils’agit
d’unealgèbre
différentiellegraduée,
dontnous décrivons
complètement
lacohomologie
en nous intéressantplus spé-
cialement aux
générateurs
dedegré impair.
Ce sont euxqui
contiennent les informations nonintrinsèques
sur les fibrés.Dans une seconde
section,
nousdéveloppons
d’abord un certain nombre de constructions sur les sous-fibresisotropes.
Nous prenonssystématique-
ment des fibrés
orientés,
car les résultats de lapremière
sectionproviennent
de théories nécessitant des groupes de Lie
compacts
connexes. Enfait,
si lesfibrés ne sont pas
orientés,
les formules que nous utilisons restent valables et définissent encore des classes decohomologie
non triviales. Pour toutcouple (h , I2 ~
de sous-fibrés vectorielsisotropes
orientés d’un fibrésymplectique (avec rang(I2)),
nous définissons des classescaractéristiques
iso-tropes qui
sont notamment des obstructions à la transversalité deIi
avecIt (§ 2.7).
Enparticulier
si I est un sous-fibreisotrope
d’un fibre cotan-gent
et si L est lechamp
de sous-espaceslagrangiens canonique,
les classescaractéristiques
ducouple (I, L)
sont des obstructions à la transversalité de I et de L.Dans la troisième
section,
nous examinonsquelques
casparticuliers.
Nousexpliquons pourquoi
unehypothèse
de connexion sans courburepermettait
d’utiliser un modèle
algébrique plus simple.
Nous donnons aussi des formulesexplicites
decocycles
pour des casparticuliers importants.
La
quatrième
section fait le lien avec les classes deMaslov,
citons lethéorème 4.2. : :
Soient
Ii
et12
deux sous-fibresisotropes
orientés d’un fibresymplectique
E 2014~ M de rang
2m,
tels querang(I2 ).
SiIl
et12
sontrespectivement
contenus dans deux sous-fibreslagrangiens
orientésLi
etL2
de E -~M,
alors les classescaractéristiques isotropes
ducouple (h, I2 )
ne
dépendent
que des classes de Maslov ducouple (Li L2) et
de classes dePontrjaguine
deIi
.Nous donnons aussi
l’expression
des classesisotropes
de(h, I2~
enfonction des classes de Maslov de
(L1, L2~
et des classes dePontrjaguine
de
Ii
Les classesisotropes
de(h , I2 ~
sont exactement les classes de Maslov de(Li L2)
sirang(11)
= 1.La
cinquième
section met en évidence le rôleparticulier
de la classeisotrope
dedegré
maximallorsque
le fibre leplus petit
est de rangimpair.
La sixième section est consacrée à l’examen de
quelques exemples.
1. Préliminaires
algébriques
1.1 Le modèle de Cartan
Soit
I(u(m)) l’algèbre
despolynômes
invariants du groupe unitaireU~m).
estengendrée
par lespolynômes
de Chern définis pour1
i m par la relation :Pour
chaque
icompris
entre 1 et m, on note la forme différentielle bi-invariante surU(m),
dedegré
2i -1, image
de Ci parl’application
deCartan. Les constituent une base de
l’espace
de SamelsonP(u(m))
de
U(m).
On choisit latransgression
T :P(U(m))
-~I(U(m))
définie parT(x2z-1 )
= Ci pour tout ,i.Soient n et k deux entiers
positifs
ounuls,
tels que n + k = m. On considèreSO(n)
xU(k)
comme sous-groupe de Lie deU(m). L’algèbre
I(SO(n)
xU(k))
despolynômes
invariants de ce sous-groupe est unealgèbre symétrique VQ
surl’espace
vectorielQ engendré
par lesipj,
pour1 _
ik
et
1 j [n/2]
oùc2
est lepolynôme
de Chern numéro i dansI (U(k))
etpj le
polynôme
dePontrjaguine numéro j
dansI(SO(n)).
.Le modèle de Cartan est
l’algèbre
différentiellegraduée :
où
ipj
est dedegré
2i +4 j
muni de la différentielle03B41
définie par :L’algèbre Wi
est un modèle pour lacohomologie
réelle deZT(n
+k)/SO(n)
x’[T(J~~,
permettant de définir des classes decohomologie
asso-ciées à tout
couple
de sous-fibrésisotropes
orientés de même dimensiond’un fibré vectoriel
symplectique,
avec unehypothèse
restrictive d’existence d’une connexion sans courbure([MN3], [NI]).
Nous
allons,
au moyen d’un modèlealgébrique plus élaboré,
nous affran-chir d’une telle
hypothèse, expliquer pourquoi
elle est inutile pour J~ =0,
etgénéraliser
aussi lechamp d’application.
1.2 Différence tensorielle de deux
algèbres
dutype précédent
DÉFINITION 1.2.1. - Soient ni ,
kl
n2,k2
tels que ni +~1
= n2 +k2
=m. Soit
Wi ti
=1, 2 ), l’algèbre I (SO(nz)
xU(kZ)) ~ AP (u(m))
munie dela
différentielle 03B4i correspondante.
On
appelle différence
tensorielle deWl
etW2,
et on noteWl
eW2 l’algèbre différentielle graduée
:munie de la
différentielle
bdéfinie
par1.2.2
Espace
de Samelson de WSoit p : W --~ nP
~U(m)~ l’application
linéaire définie par :Cette
application
induit unhomomorphisme d’algèbres :
appelé projection
de Samelson.DÉFINITIONS
1~
Onappelle
espace de Samelson de W le sous-espace vectorielP(W)
de
défini
par2)
Onappelle complément
de Samelson tout sous-espace vectorielP(W)
de
P(u(m))
tel que :On définit de manière
analogue
pourWz
uneprojection
deSamelson,
unsous-espace de Samelson et des
compléments
de Samelson.PROPOSITION 1.2.3
[GHV].
- Choisissonsun complément
de SamelsonP(W).
. Un élément x Eappartient
à si et seulement s’ilexiste p1,
..., pk dansI(SO(n1)
U(k1)), q1, q2, ..., qk dansI(SO(n2)
xU(~2 )~ ,
yl, , y2, . . . , yk dansP(W),
tels que :On remarque en
particulier
que~~ 1
est uncocycle
de W.PROPOSITION 1.2.4
[GHV].2014
On a lediagramme commutatif
suivant :.où
mi
est induite par ml(p)
= p~ 1 ® 1 induite par.~1 définie
par.~1 (p)
=p ®
1, ~rl
induite par laprojection
xidéfinie
par xi(p
~ q ®~~
=q(o)p
~ x(projection
sur R dansI(SO(n2)
xU~k2~~ .
. Lesapplications m2, .~2
et~r2
étant
définies
de manièreanalogue.
1.3
Cohomologie
deW1
THÉ4RÉME . Il eziste un
isomorphisme d’algèbres f
:H* (Wl ) -->
Im l#1 ~ ~(M1)
rendant lediagramme
suivantcommutatif :
:Ce théorème résulte du calcul de voir
~MN3~
et ou para-graphe
1.4.3ci-dessous,
et del’application
de résultatsgénéraux
à lapaire
t U~m~ , SO(nl)
xqui
est unepaire
de Cartan.1.4
Cohomologie
de WLe but de ce
paragraphe
est d’établir le résultat suivant.THÉORÈME 1.4.1. -
Supposons
nl n2(donc Ï~1
>1~2~,
alorsH* (W ) s ’identifie
naturellement à :Auparavant
nous étudieronsP(W).
PROPOSITION 1.4.2
Démonstration. - Soit Z l’ensemble des
cocycles
deW,
et a : Z --~H*
(W, IR) l’application qui,
à uncocycle,
associe sa classe decohomologie.
Choisissons une section linéaire
f3
: -~ Z dep~
o a. Choisissons uncomplément
de SamelsonP(W ).
Pour x E x~ 0,
est de laforme :
n’est pas nul
(la
sommeP(W)
+P(W )
estdirecte).
Ainsil’application
linéaire
est
injective,
et est à valeurs dansP(Wl )
nP(W2),
d’où laproposition.
PROPOSITION 1.4.3. -
Supposons
nl n2(donc l~l
>Ï~2~, P(W)
estengendré
par lesgénérateurs
pourkl
21 + 1 m,correspondant
auz
polynômes
de Chern dedegré impair
c 2,~+1~k1
21 + 1m~, plus
x2,.,z-1 si nl est
impair
et mpair.
En
particulier P(W)
=P(Wl )
.Démonstration. - Nous utiliserons la notion de
P-algèbre
essentielleassociée
à uneP-algèbre symétrique [GHV] .
Toutd’abord, s’agissant
deP(W1)’
si on note o- : : -~ x =VQ (§ 1.1)
la
composée
de latransgression
T définie en 1.1 et de la restriction àu(k1),
on introduitPi = ~-1 V+Q)
et unsupplémentaire P2
dePi
dans P(U(m))
Alors onpeut
trouver un sous-espace vectorielf~l
de
Q
et uneapplication
linéairePi
--~VQ1
définissant une différentiellesur
W1
=~Q1 ~ ~P1, qui
est laP-algèbre
essentielle associée àW,
de sorteque
H*(W1)
s’identifie naturellement àH* (Wl ).
L’étude de la restriction de
I(u(m))
à x montre quePi
estengendré
pour les pourk1
21 +1 ~
m et les pourn
2.~
m. Onpeut
alorsprendre
pourQi
le sous-espace vectoriel deQ engendré
par lesë 2l (21 k).
Le calcul montre que=
0 pourl~l 2.~ -E-1
m. On retrouve ainsi le résultat de[MN3]
et[N1]. P(Wl)
estengendré
par les pourki
2.~-~-1
m,plus
si ni estimpair
et m
pair.
En ce
qui
concerneW, H*(W,IR)
s’identifie naturellement à la cohomolo-gie
de W =~ Q~~Q1~~P1
munie d’une différentielleVi
dont ladescription [GHV] dépasse
le cadre de cet article. Le calcul n’est pas trèscompliqué
etmontre
quetous
lesgénérateurs de P(Wl)
vérifient~1
= 0, donc sont dansP(W).
AinsiP(W)
=P(Wl)
CP(W2).
COROLLAIRE 1.4.4.2014
L’injection
pl o 03C01 o,C3 : P(W)
-(W1)
utiliséeen 1.9.1 est l’identité.
Démonstration. - Choisissons un
complément
de SamelsonP(W)
deComme =
P(W),
est aussi uncomplément
deSamelson pour
l’algèbre
W et, pour tout 1 tel quek1
2l +1 ~
m, on~4~+1 étant dans
P(Wl)
et~
dansP(W1),
on obtient= 0.
1.l~.5
Démonstration du théorème1..~.1
Considérons le
diagramme
de la section 1.2.4.D’après
un résultatgénéral [GHV],
lasubjectivité
de1rf
entraîne l’existence d’unhomomorphisme d’algèbres g : H*(W)
~ I(SO(n2) ~ U(k2))~ H*(W1)
tel que lediagramme
suivant soit commutatif :
Il nous suffit donc de vérifier la
subjectivité
de~1.
Nous venons de voirque toutes les classes
impaires
se relèvent. Soit maintenant 8 une classepaire,
comme(U (n1
+kl ~ ,
x est unepaire
deCartan,
et quepi
=0,
alors 8 E La commutativité dudiagramme
1.2.4 montreque 03B8
se relève en une classe decohomologie
dans H*(W, IR} .
.Nous allons maintenant établir un résultat essentiel pour la suite.
PROPOSITION 1.4.6. - Soit z E Soient
deux
cocycles
de W construits àpartir
de x.Alors u =
,Q(x) - ,C3~(x~
est un cobord.Démonstration.- Soit
~,(3(x)~ (resp. ~,Q~(x)~ )
la classe decomologie
de/3(a;) (resp. ~C3~~x)).
Commexi ([Q(z)] - [Q’(z)])
est dans le noyau depi, qui
s’identifie àIm(li).
La commutativité du
diagramme
duparagraphe
1.4.5 entraîne que g( [Q(z)]
-[Q’(z)] )
est dansI (SO(ni )
xu(ki)) ©
c’est une classede
cohomologie
dedegré pair.
Ainsi,
dansW,
il existe uncocycle
dedegré pair
p et un élémentÇ
telsque :
Comme
,Q ( x ) - ,Q~ ( x )
est uncocycle
dedegré impair,
on a :où
~pair
est lapartie paire
de~.
2. Classes
caractéristiques
associées à uncouple
desous-fibres
isotropes
d’un fibresymplectique
2.1 Sous-fibres
isotropes
d’un fibresymplectique
2.1.1 Généradités
Soit E --~ M un fibre vectoriel de classe
Cao,
de rang 2m, que l’on suppo-sera muni d’une structure hermitienne
adaptée
à la formesymplectique.
SoitIi
un sous-fibre vectoriel orientéisotrope
de E -~ M(pour
la forme sym-plectique),
de rang n1. On pose m = ni +ki.
Soit P - M leprincipal
desrepères
orthonormés de E --~ M. Lesrepères
orthonormés de E ~ M de la forme el, ..., enl +1, ..., em, où e1, ... , en1 est une R-base orthonormée directe deIi
constituent un fibreprincipal
de groupe structural xU(k1)
que nous noteronsQi
--~ M.Qi
2014~ M est ob-tenu à
partir
de P -~ M par réduction de groupe structural deU(m)
àSO(n1)
xU(k1).
Si
12
est un autre sous-fibréisotrope
orienté de rang n2 deE,
laconstruction
précédente
définit une autre réduction de P -~ M àSO(n2)
xU(k2),
notéeQ2
-~ M. Nous obtenons ainsi uncouple
de réductions de P -~ M. Donnons-nous une connexion wi surQt
--~ M(i
=1, 2)
etétendons et en deux connexions wi et w 2 sur P -~
M,
que nous utiliserons pourappliquer
la théorie de Chern-Weil. Nous supposerons quen2.
Auparavant
nous établirons le résultat suivant.LEMME 2.1.2. - Si
Ii
est unsous-fibré
vectoriel orienté dufibré isotrope
orienté
I2,
alors il eziste une connezion 03C91 surQ1
~ M et une connexion w2 surQ2
- M induisant la même connexion w1 = w2 sur P - M. .Démonstration.
Supposons
d’abord que12
estlagrangien (n2
= m,k2
=0).
Lesrepères
orthonormés directs- el, ..., em de12
tels que el , ..., enl soit unrepère
orthonormé direct deIi
constituent un fibréprincipal Q
--~ M de groupeSO(ni)
xSO(k1),
obtenu àpartir
deQ2
--~ Mpar réduction de groupe structural de
SO(m)
àSO(n1)
x Ce fibréQ
--> M est aussi obtenu àpartir
deQi
--~ M par réduction de groupe structural deSO(n1)
xU(kl )
àSO(n1)
xSO(kl ).
Le choix d’une connexionsur Q
--> M permet de construire par extension les connexions et w 2 cherchées.Si
12
n’est parlagrangien,
on considère12 E9 JI2 qui
est un sous-fibrécomplexe
de E --~ M. On peut alors raisonner avec leprincipal
des
repères
orthonormés de12
3J 12,
réduction de P -~M,
etprocéder
ensuite à une extension suivant les mêmes
techniques.
Remarque
2.1.3.2014 Dans le lemmeprécédent,
si12
estlagrangien,
on aune
décomposition :
où N est un
sous-fibré complexe
de E ~ M admettant unsous-fibré lagrangien (l’orthogonal
deIl
dans12).
2.2 La théorie de Chern-Weil
[CS]
Soit P M un G fibré
principal.
Si on se donne une connexion 03C9sur ce
fibré,
de courbureQ,
on peut associerà , f
E1( G)
dedegré
.~la 2.~-forme différentielle sur
M,
définie par sa relevée à P par~c*0~,( f )
_ ...,SZ).
Si on considère deux connexions wl et w2 sur P -
M,
de courburesn1
et
n2,
on a, avec les formes~ f )
et( f)
la(21 - 1)-forme
différentielle définie surP, projetable
surM,
notée( f)
et définie par la formule :2.3
L’homomorphisme
fondamentalSoit u
l’homomorphisme d’algèbres
de W dansl’algèbre
H*(M)
desformes différentielles sur
M,
défini sur lesgénérateurs
de W par les formules :On vérifie sans difficulté le lemme suivant. .
LEMME 2.4. - u commute aux
différentielles.
PROPOSITION 2.5. - Soit .~ un entier tel que nl 2.~ + 1 m et
un
cocycle
construit àpartir
de E .1~
Laforme di, fférentielle
dedegré
41 + 1 sur Mdéfinie
par :est une
forme fermée.
2)
Sa classe decohomologie
nedépend
que de3~
Sa classe decohomologie
dedépend
pas de la structure hermitienneconsidérée, adaptée
à laforme symplectique
de E - M.l~~
Sa classe decohomologie
nedépend
pas des connexions wi , w2 .5)
Sa classe decohomologie
nedépend
pas desdéformations
deIl
- M(resp. I2
-M )
à travers lessous-fibrés isotropes
orientés de E ~ Mde rang nl
(resp. n2~.
Démonstration
1) ~4~+1 (w 1 ~ w 2 )
estl’image
par u ducocycle ,Q(x4,~+1 )
de W .2)
Si~~(x4,~+1)
est un autrecocycle,
la forme différentielle~4~+1(w1, w2)
correspondante
est telle que : :3)
Il est bien connu que deuxmétriques
hermitiennesadaptées
à une formesymplectique
sonthomotopes.
4)
et5)
Se démontrent en utilisant latechnique d’intégration
lelong
desfibrés
([Le], [Va]).
Soit une famille différentiable de
(SO(n1)
xU(k1))-réduction
de P ~
M,
c’est-à-dire une(SO(n1)
xU(k1))-réduction 1
~ M x I del, ~ 0 , 1 ~,
telle queC~a
Supposons
quechaque Qi
soit muni d’une connexion. variant diffé- rentiablement avec s,chaque
s’étend enwl
à P. La collection desw 1
définit une connexion
03B31 sur 1,
et la collection des03C9s1
définit une con-nexion yi sur P x I
qui
est l’extension def1.
. SoitQ
=Q2
x I muni dela connexion construite à
partir
de Cil 2 par leprocédé précédent.
Soientio
etil
lesinjections canoniques
de M dans M x I. Nousappliquons
laméthode
d’intégration
lelong
des fibrés pour la forme~4~-1(71,72)’
. Onobtient
l’égalité :
Comme
(~4~+1(’y1,’Y2)
est fermée(d’après
2.51)),
on en déduit :On
procéderait
de même pour une variation surQ2
--~ M.2.6
Système
de classescaractéristiques
associé àun
couple
de sous-fibrésisotropes
orientésDÉFINITION. - Soient
Il
et12
deuxsous-fibrés isotropes
orientés d’un, fibré symplectique
tels querang(11) rang(12).
Onappelle système
declasses
caractéristiques isotropes
associé aucouple (Il, 12),
les classes decohomologie
desformes différentielles 03C64l+1
ainsi que celle de03C62m-1 = (cm)
si m estpair
et nlimpair.
On note ces
classes 4l+1(I1, I2) pour k1
2l + 1 ~ met 2m-1(I1, I2)
si m est
pair
et nlimpair.
PROPOSITION 2.7
1~
Les classescaractéristiques isotropes
d’uncouple
desous- fibrés
isotro-pes orientés d’un
fibré symplectique
sont des obstructions à l’ezistencesur ces
sous-, fibrés
de connezionscompatibles.
2)
Les classescaractéristiques isotropes
d’uncouple
desous-fibrés
iso-tropes
orientés d’unfibré symplectique
sont des obstructions à ladéformation
deIl,
â travers lessous-fibrés isotropes
orientés de rangni , en un
sous-fibré
de12.
.3~
Les classescaractéristiques isotropes
d’uncouple
desous-fibrés
iso-tropes
orientés d’unfibré symplectique
sont des obstructions à ladéformation
deIl,
à travers lessous-fibrés isotropes
orientés de rang ni , en unsous-fibré isotrope
transverse àI2 (ainsi qu’à 12
si12
estlagrangien)
.Démonstration
1 )
Si w 1 et w 2 induisent la même connexion sur P --~ M les classesisotropes
sont nulles.
2 )
Cettepropriété
résulte du lemme 2.1.2.3 )
Onpeut
se ramener au cas oùIl
est transverse àI2 ,
alors si V est laprojection
deI1
surI2 parallèlement
àI|2 , I1
est ungraphe
dans V ®I2
,et
l’élégante
démonstration de[La] s’applique.
3. Examen de
quelques
casparticuliers
3.1 L’un des sous-fibrés
porte
une connexion sans courbureSi,
parexemple 12
porte une telleconnexion,
alorsl’homorphisme
u dela section 2.3 se factorise à travers
Wl (voir diagramme 1.2.4).
On retrouvela situation étudiée antérieurement
~MN3~
et~Nil~,
dans un contexteplus
général puisque
les fibrés considérés sont de rang différents.3.2 L’un des sous-fibres est
lagrangien
C’est une situation
intéressante,
que l’on retrouve naturellement si la variétésymplectique
M est un fibrécotangent.
Avec nos conventionspré-
cédentes sur les rangs des
sous-fibres,
lelagrangien
sera12.
On peut alors faire tous les calculs à l’aide du modèle de Cartan. En effet au moyen des restrictions à ® despolynômes
de Chern dedegrés impairs,
onobtient des
polynômes
dans xqui
s’identifient à desproduits
depolynômes
dePontrjaguine,
etqui
sont tels que : :On vérine alors facilement que l’on
peut prendre
pour,Ci(~4,~+1 )
lecocycle :
En
effet,
les restrictions à,~0 (n2 ~
=.~o (m~
despolynômes
de Chern dedegré impair
sont nulles.3.3 Le
cocycle ~i(x4,~+1 )
dans le casgénéral
L’auteur ne
dispose
pasd’algorithme
permettant, comme dans les casprécédents,
de calculerexplicitement
uncocycle
de W. La situation sembleun peu
plus compliquée
en ce sens que lespolynômes
de Chern d’ordreimpair
ne sontplus
les seuls à intervenir comme le montrent lesexemples
suivants :
L’espace
de Samelson a alors un seulgénérateur,
z5 et onpeut prendre
pour
cocycle :
3.3.2
Ezemple
marbitraire ; kl
=k2
= 1L’étude de la restriction de +
1))
àI ~SO(n~
xZT(1~~
montre quepour tout .~ > 0 on a :
On obtient ainsi
explicitement
tous lescocycles
pour1 2.~ -~-1 n -~ 1 :
:4. Classes
isotropes
et classes de MaslovLEMME 4.1. - Soient
Il
et12
deuxsous-fibrés isotropes
orientés d’unfibré symplectique
E ~ M derang 2m,
tels querang(I1) rang(I2)
. SiI2
est
isotrope
commesous-fibré
vectoriel d’unsous-fibré lagrangien
orientéL2
de E --~
M,
les classesisotropes
ducouple (I1, I2)
et ducouple (Il, L2)
sontles mêmes.
Démonstration. - La définition 2.6 montre que pour
chaque couple
cesont les mêmes éléments de
P(Wl ) qui
sontutilisés;
onpeut prendre
danschaque
cas le mêmecocycle
pourappliquer
2.5. Si onprend
pour12
etL2
des connexions induisant la même connexion sur P -> M(lemme 2.1.2),
onobtient les mêmes formes ~p4,~+1
pour chaque couple.
Ce
point
étantacquis,
onpeut
maintenant utiliser lescocycles explicités
en 3.2
qui
ont pourexpression :
les classes
isotropes
ducouple (I1, I2)
sont alors les classes decohomologie
des formes
~4,~+1 :
:Supposons
deplus
queIi
est contenu dans unlagrangien L1.
En utilisant le lemme2.1.2,
onpeut prendre
une connexion wl surQi
- M et uneconnexion sur le fibré des
repères
orthonormés directs deL1
induisant la même connexion wl sur P - M. Avec ce choix deconnexions, chaque
~wl ~2 (C2Z+1 )
est une forme ferméequi
définit une classe de Maslov ducouple (L1, L2 ~ Ainsi,
non seulement~4,~+1
estfermée,
mais c’estune somme de
formes différentielles fermées.
Si on
désigne
par la classe decohomologie
dequi
est unproduit
de classes de
Pontrjaguine
de7i,
et parm4i+1 (L1, L2)
la classe de Maslov dedegré 4Z
+ 1 ducouple (L1, L2 )
on obtient le théorème suivant.THÉORÈME
4.2. - SoientIl
et12
deuxsous-fibrés isotropes
orientésd’un
fibré symplectique
E ~ M de rang2m,
tels querang(I1) rang(I2).
.Si
Il
et12
sontrespectivement
contenus dans deuxsous-fibrés lagrangiens
orientés
L1
etL2
de E -~M,
alors :1~
les classescaractéristiques isotropes
ducouple (h, I2 )
nedépendent
que des classes de Maslov du
couple (L1, L2)
et des classes de Pontr-jaguine
deIl
;2~
leurezpression
est donnée par laformule
:En d’autres termes, les informations sur les
propriétés
nonintrinsèques
de
Ii
dans E -~ M relativementà 12
sont contenues dans la manière dont sontimmergés L1
etL2
dans E --~ M etIl
dansL1.
.Remarque
4.3. - Prenons le cas de deux sous-fibrésisotropes
orientésIl
et
12
de rang 2 dans un fibresymplectique
de rang 6. On considère alors lecocycle ,C3(x5)
=1 ® 1 ® x5 -~pl ~ 1 ~ x1-1 ®cl
® x3. Si maintenant on suppose que12
est contenu dans unlagrangien L2,
on peut aussibien,
comme nousvenons de le
faire,
utiliser lecocycle
obtenu directement de l’étude de la restriction deI(ZT(3))
àI(SO(2)
xZT(1)).
On a alors un autrecocycle qui
ressemble au
précédent,
etqui
est 1 ® 1 ® x5 + pi ® 1 ® . On obtientune différence entre les deux
qui peut paraître
troublante. Sur les formes p5correspondantes,
cette différence se traduit par la forme différentielle(c‘1 )
nOwl
w2(c2 ).
La forme différentielle(cl ) représente
lapremière (et seule)
classe de Chern du fibré normal N à12 El) JI2.
Comme N contientun sous-fibré
lagrangien (§ 2.1.3),
cette forme estidentiquement
nulle sion
prend
une connexion dutype
décrit en 2.1.2. Iln’y
a donc aucunecontradiction.
L’observation
précédente
conduit au résultat suivant : :THÉORÈME 4.4.2014 Soient
Il
et12
deuxsous-fibrés isotropes
orientésd’un
fibré symplectique
E - M de rang2m,
tels querang(I1)
=rang(I2) _
m - 1. . Si
Ii
et12
sontrespectivement
contenus dans deuxlagrangiens L1
et
L2,
, alors les classesisotropes
ducouple (Il, 12)
sontégales
aux classesde Maslov du
couple (L1, L2)
dedegré
strictementsupérieur
à 1. .Démonstr~ation. -
Reprenons
la démonstration du théorème 4.2 dans cette situationparticulière.
La forme différentielle1b4,~+1 (cvl, w2~ a
pourexpression (§ 3.3.2) :
Dans une telle
expression 039403C921
est nulle pour la connexionchoisie,
commenous venons de le voir dans le
paragraphe
4.3.Par
ailleurs,
dansl’algèbre
différentielleWl
® 1 est le bord de( -1 )’~ 1
®ainsi n
039403C9103C92(c1)
est leproduit
extérieur d’une forme exacte par une formefermée,
c’est donc une forme exacte, etw 2 )
estcohomologue
à039403C91
03C92(c2l+1).
Remarquons
enpassant
que dans notre situation les classes dePontrja- guine
du fibréIl (et 12)
sont nulles.5. Le rôle
particulier
de la classe de Maslov dedegré
maximallorsque
nl estimpair
Nous avons vu que si nl est
impair,
est une forme fermée(si
m est lui-même
impair,
c’est~p2~_ 1 ).
On obtient alors le résultat suivant.THÉORÈME
5.1. - SoientIl
et12
deuzsous-fibrés isotropes
orientésd’un
fibré symplectique
E ~ M derang 2m,
tels querang(I1) rang(I2)
et
rang(I1) impair.
Alors la classeisotrope
dedegré
mazimzl2m-1(I1,I2)
est une obstruction à la
déformation
deIl
et12,
à travers lessous-fibrés
orientés de E - M non-nécessairement
isotropes,
en deuxsous-fibrés isotropes Ii
etI2
tels queIi
soit transverse àI21.
.Ce théorème résulte du lemme suivant.
LEMME 5.2.- Considérons l’inclusion
j
:U(m) -> SO (2(m))
cor-respondant
àl’application
de C dans.Mt2 (R)
donnée par :Soit
pf le plaffien
dansI(SO(2(m))) défini par pf (X )
= det X
pour
X E