Les terpènes du pin maritime, aspects biologiques
et génétiques
VI. - Estimation du taux moyen d’autofécondation et mise
enévidence d’écarts à la panmixie
dans
unverger à graines de semis
Ph. BARADAT,
I.N.R.A., Laboratoi
A. MARPEAU
e d’Amélioration
C. BERNARD-DAGAN Arbres forestiers, 33610 Ces LN.R.A., Laboratoire d’Amélioration des Arbre.s forestier.s, 33610 Cestas
*
Laboratoire de
Phy.ciologie
cellulaire végétale, Université cle Bordeaux I, 33405 TalenceRésumé
Une étude des lois de croisements a été entreprise sur une tranche de verger à
graines
de semis de
pin
maritimeâgée
de 8 ans au moment de lapollinisation.
Le gène marqueur utilisé est celui qui contrôle litsynthèse
du 3-carène.Le taux moyen d’autofécondation a été estimé à 13 p. 100. Par
ailleurs,
un arbredonné est
pollinisé
de façonpréférentielle
par ses voisins immédiats situés dans un rayon d’une dizaine de mètres. L’étude du rôle de groupes de voisinsdisjoints,
de dimension et forme variables apermis
de donner les précisions suivantes :- il existe une
anisotropie
de la dissémination dupollen (effet
de « masquage » dans le sens des lignes de plantation) ;- pour l’année de
pollinisation
étudiée, les pollinisateurs les plus efficients sont en moyenne orientés à l’Ouest desarbres-pièges
utilisés.Mots-clés : Pin maritime, lois de croisements, «utofécond«tion, panmixie.
Introduction
Les
gènes
marqueurspermettent
une étude fine des lois de croisements chez desespèces anémophiles
ouentomophiles.
Lespremières
études dans ce domaine sur les résineux utilisaient des mutants déficients enchlorophylle (S QUILLACE
&K R nus, 1963).
La mise en évidence du contrôle
monogénique
deterpènes
variés et de certaines classesd’isoenzymes
apermis
dedisposer
d’une gamme degènes
marqueursbeaucoup plus
riche.
Ainsi,
leslois
de croisements au sein depopulations
naturelles ou artificielles(vergers
àgraines)
ont pu être étudiées sous les troisaspects
suivants :échanges
degènes
entrepopulations,
taux d’autofécondation et influence despositions
relatives desindividus.
Les
échanges
degènes
entrepopulations
ont été étudiés defaçon
directe commefacteur de contamination d’un verger à
graines
par dupollen
extérieur(S QUILLAGE ,
1976). Defaçon indirecte,
ceséchanges
peuvent êtreinvoqués
pourexpliquer
l’exis-tence de
gradients
defréquences géniques
dans diversesportions
de l’aire naturelle d’uneespèce.
Ainsi, MITTON et al.(1977) invoquent-ils
les effetsconjoints
deséchanges
de
pollen
entrepeuplements
de Pil//l.l’ponctero.s ’ u
et de la sélection pourexpliquer
lavariabil’té constatée pour les
fréquences géniques
à un locus contrôlant lasynthèse
d’une
péroxidase.
Le taux d’autofécondation a pu être estimé sur ungrand
nombre degénotypes
différents chez77n’/nM vulgari.s (BRABANT
etal., 1980),
Picea abie.s(M UL -
tER,
1976), P,ié°(lllol.&dquo;l(,g’(1
menziesü(Et.
KASSAaY etal., 1981),
Pil/us radiata(MO RAN
et al.,
1980),
Piiiiis silvestrÜ (MULLER,1978 ;
SHEN Pt11 1., 1981)
et Pinus taeda(ADAMS
&
J OLY , 1980).
A défaut d’une estimation directe du taux
d’autofécondation,
on peut évaluer lesconséquences
de croisements entreapparentés
en estimant le coefficient deconsangui-
nité moyen
intra-peuplement
àpartir
<ies déviations àl’équilibre panmictique :
c’est cequ’ont
fait RUDIN (t (il.(1974)
chez 3 vieuxpeuplements
de P//);;.s .s’ilve·.rtris en utilisant 3systèmes d’isozymes
différents. Chez cespins,
les estimations du taux moyen d’auto- fécondation varient entre1,2
p. 100 et 14 p. 100. Les valeurs trouvées sont donc très variables mais elles sont certainement influencées parl’âge
dupeuplement, l’espacement
des arbres et les facteurs
climatiques.
La
position
relative des individus dans unpeuplement
a étéprise
en compte dans les travaux de MULLER(1978)
et de SHEN et (/1. (1981). Ces derniers auteurs ont montré que l’influence d’unpollinisateur
était surtoutmarquée
sur le secteur de la couronnede ses voisins orienté dans sa direction.
Notre travail sur le Pin maritime est avant tout destiné à apporter une
réponse
à deux
questions
essentielles dans lagestion
des vergers àgraines
de semis :Comment associer les
plants
sur le terrain pour éviter une tropgrande fréquence
de croisements
consanguins
Aquel âge
peut-on effectuer lapremière
commercialisation de la récolte desgraines
sansrisque
d’un taux d’autofécondationtrop
élevé ?Le
gène
marqueur utilisé est celuiqui
contrôle lasynthèse
du 3-carène. Ce locusa été choisi d’abord parce que le
génotype s’y exprime
dès lapremière
saison devégé- tation,
ensuite car la distinction entrehomozygotes
pauvres en 3-carène ethétérozy-
gotes est
parfaite :
les arbres C /C - sont totalementdépourvus
de ceterpène (B
A R AD
A T
et
al.,1972).
1. Matériel et méthodes
1.1.
Description
du verger ilgraines
étudiéLe verger à
graines
de semis de Sore(A.FO.CEL)
est constitué de 12 tranches successives installées à la densité de 2 500plants/ha (4
m X 1m)
entre 1967 et 1978.La surface totale installée est d’environ I10 hectares.
Chaque tranche,
d’unesuperficie
variant entre 2 et 15hectares,
est constituée deplein-frères
obtenus par croisements contrôlés degreffes
d’arbresplus.
Dans les tranches les
plus anciennes,
des familles de demi-frères(obtenues
par récolte dans un verger àgraines
de clones d’arbresplus
-comportant
157 clones différents-)
ontégalement
été introduites. C’est le cas pour la tranche n&dquo; 3, installée à l’automne1969, qui
a été utilisée pour ce travail : ellecomprend
en nombre deplants, approximativement
90 p. 100 deplein-frères
et 10 p. 100 de demi-frères.Cette tranche est relativement isolée des
peuplements
depin
maritime avoisinants : ladistance, supérieure
à 500 m, permet de considérer que laquasi-totalité
dupollen
à
l’origine
desgraines
récoltéesprovient
du verger lui-même(C ASTA iNG
& VERGERON,1973).
Lafigure
1indique
la formegénérale
du verger et la localisation de la tran- che 3.1.2. Méthocfe d’étudc:
Parmi les 261 familles de
plein-frères représentées
dans la trancheétudiée,
38 sontissues du croisement de parents tous deux de
génotype
C-/C-. Tous lesplants appartenant
à ces famillespossèdent
forcément cegénotype.
Sur l’ensemble de cette
tranche,
nous avons choisi 27points d’échantillonnage
constitués par des arbres de
génotype
C /Cwrépartis
defaçon
aussirégulière
quepossible (« arbres-pièges »).
1.21. Détermination de la
fréqavence
desgrains
depollen
degénotype
C-ayant contribué à la
fécondation
des «arbres-pièges
»A l’automne
1977,
une récolte de cônes a été réalisée sur les 27arbres-pièges
choisis : les
graines
résultaient donc de lapollinisation
duprintemps 1976,
les arbresentrant alors dans leur huitième saison de
végétation.
A cettedate,
aucune éclaircien’avait été encore réalisée. Cent
graines
par famille ont été semées enpépinière
auprintemps
1978.Dans
chaque famille,
25 à 28 individus ont étéprélevés
de mai àjuillet
1979et
analysés ;
lesterpènes présents
dans les tissus corticaux de la pousseprincipale
ontété identifiés par
chromatographie
enphase
gazeuse sans déterminationquantitative.
Il suffisait en effet de
procéder
danschaque
famille au dénombrement des individusdépourvus
de 3-carène(C-/C-)
ou riches en 3-carène(C + /C-).
La
proportion
desplants
C-/C- donneégalement
lafréquence
desgrains
depollen
C- émis par l’arbre-mère(auto-fécondation)
ou par d’autres arbres du verger.1.22. Détermination de la
fréquence
desgruins
depollen
degénotype
C-au
voisinage
des «arbres-pièges
» et sur l’ensemble du vergerSuivant la combinaison des
génotypes
des 2parents
au locusC,
onpeut distinguer
6catégories
différentes de croisements àl’origine
des familles deplein-
frères. Pour ce
qui
est desdemi-frères,
onpeut distinguer
3catégories
suivant legénotype
de lamère,
en considérant que le« père
moyen » émet ungamète
C- avec laprobabilité 0,6.
Cette valeur est lafréquence
de l’allèleC-,
estimée sur l’ensemble dela
population
landaise depin maritime, population génétique homogène
pour ce locus (1).A
chaque
combinaisonparentale Ci,
on peut associer 3probabilités
pij(j
=1,
2 ou3)
de réalisation d’un descendant degénotype C+/C+,
C+/C- ou C-/C-(0 <
pij:S; 1).
A chacune des 3catégories
dedescendants,
on peutégalement
affecterune
probabilité q,,
d’émission d’ungamète
C-(q;!
=0, 1/2,
ou1).
Puisque,
pour chacun des 9types
decroisements,
les réalisations des 3génotypes possibles
de descendants sontexclusives,
laprobabilité
- oufréquence
attendue -,F
;
,
d’ungamète
C- issu d’un croisementCi
est donnée par :_
3
(1) Cf. : BnRnonT et al. Les terpènes du pin maritime. Aspects biologiques et génétiques.
VII - Variabilité infraspécifique du pin maritime dans l’ensemble de son aire naturelle (en prépa- ration).
Le tableau 1
récapitule,
pour les 9 types decroisements,
les valeurs desproba-
bilités p;!. Au-dessousfigurent
les calculs des 9 valeurs de laprobabilté F ; .
Connaissant la
catégorie
àlaquelle appartient chaque plant
de la tranche du verger, il est alors immédiat de lui affecter laprobabilité F i correspondante grâce
à une tablede
correspondance
Code de famille -probabilité F i .
Le tableau 2 donne cette table pour les 308 (2) famillesreprésentées
dans la 3’ tranche du verger de Sore.Sur un ensemble G de
génotypes,
d’effectifN,
la valeur moyenne de lafréquence
attendue de l’allèle C- vaut :
1
3
... - ; &dquo;,’ t&dquo;’B f1
Cette formule donne la
fréquence
moyenne de C- sur la totalité de la tranche de verger étudiée si Greprésente
l’ensemble desplants
de cette tranche.Si G
représente
un ensemble degénotypes
situés autour dechaque
«arbre-piège
»la liaison entre les valeurs de
4( ;
et lafréquence
d’individus C-/C- dans la descen- dancepermettra
de mettre en évidence le rôle éventuel des voisins commepollinisateurs privilégiés.
Nous examinerons dans le 1.24. comment ont été définis ces groupes de voisins.1.23. Calcul du taux
d’autofécondation
moyenSoit
q
lafréquence
moyenne de l’allèle C- sur la tranche3,
s le taux moyen d’autofécondation et r lafréquence
moyenne degénotypes
Cw/C- dans la descen-dance des 27 arbres échantillonnés.
Puisque
r estime laprobabilité
moyenne depolli-
nisation d’un arbre
piège
par dupollen
C- on a la rclation :! !
!
-
r=q(1-s)+s
sEn
effet,
ou bien un descendant est issu d’allofécondation(probabilité 1 - s)
et il a alors laprobabilité q
d’êtreC-/C--,
ou bien il est issu d’autofécondation et, dansce cas, il ne peut être que C /C-.
En réécrivant cette
formule,
sous forme de s =f (r, q),
on obtient une estimationdu taux moyen d’autofécondation :
! r-q q
1.24.
Définition
des groupes rle voi,sins autour dechnqere arbre-piège Méthodologie informatique
Le nombre total d’individus installés dans la tranche 3 est de 13 867. Le nombre d’arbres vivants au moment de la
pol!inisation
auprintemps 1976,
était de12 055,
soit un taux de survie de86,93
p. 100. Etant donné legrand
nombre d’arbres àprendre
en compte dans l’estimation des
fréquences
deC-,
un programme a été écrit en Basic.(2) En fait, il existe moins de 308 combinaisons parentales différentes, car une même combi- naison peut recevoir 2 codes différents en fonction de la pépinière où furent élevés les plants.
Il permet de déterminer la
fréquence
de C- à l’intérieur de groupes d’arbres centrés autour dechaque point d’échantillonnage
etayant
la formegénérale
d’uneportion
de couronned’ellipse.
Lafigure
2indique
leprincipe
de la détermination de laconfiguration
de cevoisinage.
Cette
portion
de couronnepeut
être orientée parrapport
à la direction de réfé-rence
(base
deslignes
deplantation)
defaçon
àpermettre
l’étude de l’influence de la direction des vents dominants sur le rôle depollinisateurs privilégiés
des voisins dechaque arbre-piège.
Les arbres du verger àgraines
étantrepérés
individuellement par coordonnées(numéro
deligne
deplantation
et abscisse sur laligne),
le programme détermine les coordonnées des arbres voisinsqui
satisfont à laconfiguration,
calcule(1) Les directions E et W sont inversées à cause de l’ordre de numérotation des lignes de plantation (numéros croissants de la gauche vers la droite pour un observateur orienté dans la direction des abscisses croissantes).
les
fréquences
moyennesq, ;
de l’allèle C- autour de chacun des 27points
d’échan-tillonnage
et écrit ces 27fréquences
surdisque.
Il est ainsi
possible
de calculerautomatiquement
les corrélations entre les valeurs deq G correspondant
à toutes les structures devoisinage
étudiées et lesproportions
d’individus C-/C- dans la descendance des
arbres-pièges.
Lafigure
3 schématisele fonctionnement du programme.
Il est naturellement
possible
de choisir un cercle comme casparticulier d’ellipse (y = 1)
et de considérer tous les voisins entourant un individu donné(R
1 =0,
R 2
! 0, a j 0, (3 = 360).
Dans tous les cas defigure, l’arbre-piège
n’est paspris
en
compte
pour le calcul de lafréquence
de C--.Le choix des
paramètres
etl’interprétation
des résultats doivent évidemment tenir compte du fait que larépartition
des arbres dans le verger estanisotrope
et discontinue(espacement
de 4 mètres entrelignes
et de 1 mètre sur laligne).
Enparticulier,
l’orien-tation des
lignes
deplantation (E, NE -’W,
SW) n’est pas sans interférer sur l’influence de la direction despollinisateurs
parrapport
àl’arbre-piège.
2. Résultats
Le tableau 3 donne les
fréquences
des individus C-/C- dans la descendance des 27arbres-pièges
échantillonnés.On constate
qu’il
n’existe pas de différencessystématiques
entre cesfréquences :
la
probabilité correspondant
à la valeurdu x = d’hétérogénéité
est élevée(0,6).
Lavariabilité observée ne reflète donc que des fluctuations
d’échantillonnage
dues à lafois à l’effectif limité des descendants
analysés
et à des différences aléatoires dans lafréquence
de l’allèle C- auvoisinage
desarbres-pièges.
2.1. Estimation du taux rnoyen
</’aH<0/!CO;7!a!O;!
La
fréquence
moyenne des individus C-/C- dans la descendance de t’ensemble des arbres échantillonnés est donnée en bas du tableau 3 :r
= 0 , 636
par
ailleurs,
l’estimation de lafréquence
moyenne de l’allèle C- pour l’ensemble des arbres vivants au moment de lapollinisation (12 055)
vaut :q = 0,582
Il faut noter que cette valeur est très voisine de celle estimée sur l’ensemble du massif landais
(0,6), qui
a servi de base pour fixer lafréquence
de C- dans lemélange
de
pollen
àl’origine
des familles de demi-frères de Sore 3.A
partir
de ces 2valeurs,
on obtient comme estimation du taux moyen d’auto- fécondation :!
0,636 - 0,582
. A. 1 &dquo;&dquo;ln. - no 1 .,
En
supposant
que l’erreur sur l’estimation deq
soitnégligeable
devant celle dont est affecté r, l’erreur standard sur s est :! 1
,
! 0,636 (1 -0,636)
Ce
qui
donne comme intervalle de confiance au seuil de 5 p. 100 :0,04 < S ! 0,23
On voit que,
compte
tenu de l’erreur dont elle estaffectée,
la valeur obtenue nefait pas
exception
par rapport v celles que l’on trouve dans la littérature chez d’autresespèces
depins.
2.2. Etude des liai,rons entre la
fréquence
des individus C-lC- dans la descendance desarbres-pièges et
lafréquence
de l’allèle C-chez leur!.r voi.sins
Le
principe général
de cettepartie
de notre travail consiste à calculer des corré- lations entre les 27 valeurs de r desarbres-pièges
et les valeurs de qcorrespondant
auxfréquences
de l’allèle C- à l’intérieur de diversesconfigurations
de voisins : corrélationssimples
ou corrélationsmultiples
faisant intervenirplusieurs
groupes de voisinsdisjoints.
Pour tous ces
calculs,
lesfréquences
ont été transformées en arc sin!/.
La
comparaison
de ces corrélations permet d’étudier l’influence de deux facteurs :- la distance et la
position
des voisins par rapport àl’arbre-piège (en
fonctionde l’orientation des
lignes
deplantation),
- l’orientation du groupe de voisins par
rapport
àl’arbre-piège.
2.21. Etude de
l’influence
de la distance et de laposition
des voisins par rapport i!l’arbre-piège
La
figure
4représente
12configurations
devoisinage correspondant
à 12 cerclescomplets
centrés autour dechaque arbrc-piège :
les rayons varient de 1 à 12 m par pas de 1 m.On constate que les corrélations demeurent faibles et non
significatives jusqu’à
R 2 = 4. A
partir
de R 2 = 5 etjusqu’à
R 2 =9,
les corrélations deviennentplus
forteset
significatives.
A
partir
de R 2 =10,
les liaisons deviennentplus
faibles et nonsignificatives
(sauf pour R 2 = 11 ou la corrélation est à la limite de lasignification
au seuil de10 p.
100).
Ces résultats donnent donc
l’impression
que les voisins immédiats dechaque
arbre-piège jouent
un rôleprivilégié
dans sapollinisation, jusqu’à
un rayon d’une dizaine de mètres. Au-delà de cettedistance,
il semble que l’on ait une nette décroissance de laprobabilité
depollinisation.
Parailleurs,
ce rôle depollinisateur privilégié
serait assezbien
réparti
à l’intérieur du groupe devoisins, puisque
laprise
encompte
des seuls voisins lesplus
immédiats(dans
un rayon de 4m)
ne permet pas de mettre en évidenceune liaison
significative.
Pour
préciser
l’influence desvoisins,
nous avonsdécomposé
laconfiguration
devoisinage correspondant
au dernier cercle de lafigure
4(R
2 =12)
et 6 sous-groupesdisjoints :
6 couronnesconcentriques (RI > 0,
R 2 =2), (RI > 2,
R 2 =4)... (RI > 10,
R 2 =
12),
cf.figure
5.Nous avons ensuite cherché à
« expliquer
» les valeurs de r parrégression multiple
descendante sur les valeurs de qcorrespondant
à ces 6 sous-groupes(pro-
gramme
Regmul
contrôlé par l’O.P.E.P. :T ADARAB , 1981)
1.&dquo;&dquo;>.Rappelons
que cette 1’&dquo;) TADARAB H., 1981. L’O.P.E.P. Document à diffusion limitée. Laboratoire d’Amélioration des Arbres forestiers de Bordeaux (1.N.R.A.).technique permet
d’éliminer pas à pas les variablesexplicatrices
dont lasuppression,
àchaque étape,
minimise la réduction du coefficient de corrélationmultiple
entre lesvaleurs observées et estimées de la variable
expliquée :
ainsi les variablesexplicatrices
les moins
importantes
sont éliminées enpremier
et lesplus importantes
subsistentjusqu’aux
dernierspaliers.
La
figure
5comporte
pourchaque
sous-groupe le numéro dupalier
où il estéliminé,
la valeur 7signifiant
naturellement que le groupe est conservéjusqu’au
bout.Est
également indiquée
la valeur du coefficient de corrélationmultiple, R, juste
avant l’élimination dechaque
groupe.Entre
parenthèses
est donné le numéro dupalier
de sortie du groupe dans la.régression multiple
descendante (cf. texte).Betweect brackets is given the number of tlze step where the group exits in the
multiple
stepwise downward regre.ssion (sec text).Le tableau 4 donne
l’analyse
de variancecorrespondant
à larégression multiple.
Ces nouveaux résultats montrent que le rôle essentiel dans l’«
explication
» de r est dévolu aux 4premiers
groupes : les 2 estimations de q provenant d’arbres situés au-delà de 8 m del’arbre-piège jouent
le rôle leplus
faible. Sur leplan statistique,
il faut noterque «la dilution » des estimations
fréquences géniques
surplusieurs
groupes d’arbresrend
improbable
la mise en évidenced’apport significatif
d’un seul groupe d’arbres dans laprédiction
de r : onpeut
au mieux mettre en évidence une influencesignificative
due au cumul de
plusieurs
groupes.Aussi
bien,
le tableau 4 montre-t-il que les seuls tests Fsignificatifs (seuil 0,1)
concernent les effets cumulés
(G
2 + G 3 + G4)
et(G
2 + G3).
Compte
tenu du classement relativement mauvais du groupe 1(éliminé
aupalier 4)
on peut se demander s’il n’existe pas un certain effet de « masquage » des arbres
situés
sur la même
ligne
deplantation
quel’arbre-piège :
les cimes des arbres situés entre celui-ci et unpollinisateur
donnéintercepteraient
unepartie
dupollen
émis. Pourtester cette
hypothèse,
nous avons réalisé les 6configurations
devoisinage représentées
par la
figure
6 : le programmeEugène permet d’ignorer
suroption (Bisu)
les voisinsd’un
arbre-piège
situés sur la mêmeligne
deplantation.
L’analyse
de variance de larégression multiple
est donnée par le tableau 5.On constate que la
prédiction
de r est meilleure que dans le cas desconfigu-
rations
intégrant
laligne
deplantation
del’arbre-piège (R max
=0,602
contre0,516),
ce
qui
est en faveur del’hypothèse
de « masquage ». Parailleurs,
on retrouve bien le rôleprépondérant
des couronnes2,
3 et 4 dont le rayon n’excède pas 8 m. Cette conclusion reste vraielorsque
le groupepériphérique supplémentaire (G’ 7)
est éliminé :R =
0,578.
L’amélioration de la
prédiction
de r est reflétée par le tableau 5 :l’apport
cumulédes groupes
(G’
2 !- G’ 3 -I- G’ 4 +G’ 7)
estsignificatif
au seuil 5 p.100 ;
par ailleursl’apport séparé
du groupe G’ 4 devientsignificatif
au seuil de 10 p. 100.Il existe une autre
façon
de mettre en évidence l’effet de « masquage » dans lesens des
lignes
deplantation :
si un tel effetexiste,
il doitlogiquement
se manifesterégalement lorsque
les voisins sont orientésdepuis l’arbre-piège
selon unangle
trèsaigu
par
rapport
à sa propreligne
deplantation.
Cette situation conduit àl’interception
d’une forte
proportion
depollen
par la cime d’arbres situés entrel’arbre-piège
et lepollinisateur.
Pour réaliser ce deuxième test, nous avons étudié les
configurations représentées
sur les
figures
7 et 8. Dans les 2 cas,l’option
Bisu apermis d’ignorer
lespollinisateurs
de la même
ligne
deplantation
quel’arbre-piège.
Sur lafigure 7,
lesconfigurations
sont
elliptiques
àgrand
axe orienté suivant leslignes
deplantation (y
=0,5).
Sur lafigure
8, l’orientation dugrand
axe leur estperpendiculaire (y
=2).
Sil’hypothèse
dumasquage est
vraie,
lesconfigurations
telles que y = 2 doivent assurer une meilleure«
explication
» de r que cellesqui correspondent
à y =0,5.
Les tableaux 6 et 7présentent
les résultats desanalyses
de variance pour les deuxcatégories
deconfigu-
ration.Les résultats obtenus sont une nouvelle fois en faveur de
l’hypothèse
de mas-quage :
Le tableau 6 montre que l’on n’obtient pas de corrélation
multiple significative,
dans le cas où y =
0,5 (R,!,a,
=0,425).
Par contre dans la situation où Y =2,
letableau 7
indique
que laprédiction
de r est encore améliorée parrapport
à lacatégorie
en
configuration
circulairecomparable représentée
par lafigure
6 :R max =
0,626 et,dès le
premier palier,
on atteint le seuil designification
de0,1.
Il faut noter que, pour les deux orientations des
eLlipses,
l’ordred’élimination,
dans la
régression multiple,
des groupeshomologues
est le même. Les trois groupespériphériques
sont dans les deux cas ceuxqui apportent
la contribution laplus
faible à laprédiction
de r.Entre
parenthèses
est donné le numéro dupalier
de sortie du groupe dans larégression multiple
descendante(cf.
texte).Between brackets is given ihe number of the step where the group exits in the
multiple
!fepM’/.Be downward regre.rsion
(see
text).Cette
première phase
de l’étude des effets devoisinage
conduit donc à 2 conclusions nettes :- Le groupe des voisins immédiats
qui jouent
un rôleprivilégié
dans lapolli-
nisation d’un arbre donné est situé dans un rayon d’une dizaine de mètres autour de celui-ci.
- Il existe un effet
d’anisotropie
lié à la direction deslignes
deplantation
et très vraisemblablement dû à un « effet écran » des arbres situés entre lepollinisateur
et
l’arbre-piège.
Compte
tenu de la taille limitée de notre échantillon(27 arbres-pièges seulement)
il serait hasardeux de vouloir tirer des conclusions
plus précises
de nos résultats.Entre
parenthèses
est donné le numéro dupalier
de sortie du groupe dans larégression
multiple descendante (cf. texte).Between brackets is given the number of the step where file group exils in the
multiple
stepwise downward regressiol1 (aee tex!).2.22. Etude de
l’itiflitence
de l’orientatiorz dugroupe de
voisinspar rapport ù
l’arbre-piège
Pour étudier l’effet de l’orientation des
pollinisateurs
en tenantcompte
des résul-tats
présentés plus haut,
nous avons réalisé lesconfigurations représentées
par la fi- gure 9 :quatre
orientations de groupes depollinis,ateurs (approximativement N,
NW, Set
SE)
sont scindées en deux secteurs de couronne circulaire avec R 1 > 4 et R 2 = 6 pour le groupe1, R 1 >
6 et R 2 = 10 pour le groupe 2.L’angle
d’ouverture des secteurs,(3,
étant de60&dquo;,
cesconfigurations
éliminent à la fois lespollinisateurs
situéssur la même
ligne
deplantation
quel’arbre-piège
ou dans la directionperpendiculaire.
L’effet « écran » est ainsi limité au maximum. Par
ailleurs,
les résultatsprésentés plus
haut montrentqu’il
n’est pas utile de considérer les voisins situés àplus
de 10 m del’arbre-piège.
Compte
tenu de l’insuffisance d’effectif de certains groupes(vides
dans laplan- tation),
nous avons dû éliminer les résultats concernant 5arbres-pièges :
22 restent doncutilisables pour cette
partie
de notre travail.Le tableau 8
présente
le résultat del’analyse
derégression multiple
de r sur les8 estimations de q obtenues dans les 8 groupes de voisins de ces 22
arbres-pièges.
! ....,
On constate que la direction
qui
a laplus
forte valeur «explicatrice
» est de loinla direction S :
l’apport
de G 1 + G 2 et celui de G],
groupe leplus proche
del’arbre-piège,
sontsignificatifs
au seuil de0,05.
Tout de suite
après,
vient la direction NW(groupe
G2, puis
groupeG 1
; endernière
position,
on trouve la direction N(groupe
G 2puis
groupe G1,
avec des apports tous deux voisins de0).
Dans les limites de la
précision
que donne à notreanalyse
le faible nombred’arbres-pièges utilisables,
il semble que lespollinisateurs
d’unarbre-piège
donné soientpréférentiellcment
orientés dans la directiongénérale
W-SW. Ce résultat n’est pas sur-prenant car on devait s’attendre à un effet
plus marqué
du secteur W-SW.(direction
desvents
dominants).
Ces conclusions demandent à être confirmées sur des échantillonsplus
nombreux et pour des
peuplements plus âgés.
Il est d’ailleursprobable
que l’orientationoptimale
despollinisateurs
varie d’une année à l’autrepuisque
lapériode
deréceptivité
des cônelets de
pin
maritime est assez courte(une semaine).
Les conditionsclimatiques peuvent,
dans un tellaps
detemps changer
considérablement d’une année à l’autre.3. Conclusion
Nous avons donc montré
qu’un peuplement
depin
maritime de 8 ans, conduitselon les normes de densité et de
rectangularité
deplantation
de laligniculture, présente
des écarts notables par rapport à la
panmixie.
Le taux d’autofécondation tout
d’abord,
estimé à 13 p.100,
est unpremier
facteur d’écart à la
panmixie. Ensuite,
le rôleprivilégié
dans lapollinisation
d’un arbredonné,
de ses voisins immédiats(dans
un rayon d’une dizaine demètres)
constitue undeuxième facteur d’écart à la
panmixie. D’ailleurs,
ces 2 facteurs constituent deuxaspects
d’une même causebiologique :
les châtons mâles d’unpin
donné sont ceuxqui
sont lesplus proches
des cônelets du même arbre et, en l’absence de mécanismes deprotection (décalage phénologique, incompatibilité)
onconçoit qu’un
arbre constituepour lui-même un
pollinisateur privilégié.
Pour la
pratique
dugestionnaire
de vergers àgraines,
le seul élément directement utilisable de ce travail est l’estimation du taux d’autofécondation à 8 ans : la valeur trouvée autorise la commercialisation despremières
récoltes degraines.
Par contre, la
méthodologie développée
doitpermettre
de recommencer un travailanalogue
sur des tranches de verger en« rythme
de croisière » pour laproduction
de
graines,
c’est-à-direaprès
la 2&dquo; ou 3&dquo; éclaircie(avec
entre 800 et 500tiges
àl’hectare).
Il est
probable
que, dans cesconditions,
le taux d’autofécondation sera moindre et que l’on serapprochera davantage
de lapanmixie (même
si l’on ne l’atteint pas tout àfait).
Cette deuxième étude
permettrait
derépondre
à deuxquestions
fondamentales :-
Jusqu’à quelle
distance est-il utile de contrôler en verger àgraines
le non appa- rentement de 2 individus du même bloc ?-
Quel
est lerégime
dereproduction
exact despeuplements
depins
maritimesen
régénération naturelle,
La
réponse
à lapremière question
déboucherait sur des structures de verger àgraines optimales
dupoint
de vue de la réduction de laconsanguinité
des variétéssynthé- tiques produites.
Laréponse
à la deuxième aiderait à mieuxcomprendre
le mécanisme de la formationd’écotypes
dansl’espèce pin
maritime et donc affineraitl’interprétation
de la variabilité
infraspécifique.
Chez de nombreuses autres
espèces
résineuses que lepin maritime,
l’existence dephénotypes
riches ou pauvres en 3-carène a été constatée et reliée à un contrôle mono-génique (ségrégation
d’allèles C+ et C- au locusC) :
Picea excelsa. Pinussylvestris,
Pitius
monticola,
Pinustaeda,
Pinus elliottii.La
méthodologie développée
dans le cadre de ce travail doit doncpouvoir
êtrereprise,
avec éventuellement des modificationsmineures,
pour l’étude des lois de croi- sements dans des vergers àgraines
de ces essences :S’il
s’agit
d’un verger àgraines
de semis deplein-frères,
la méthode peut êtretransposée
sans aucunchangement.
Dans le cas de vergers à
graines
declones,
l’estimation desfréquences géniques
chez divers groupes de voisins est
plus simple
que dans notre situationpuisque
lesgénotypes
sont connus avec certitude et nonplus
seulement enprobabilité.
Pour des familles de demi-frères
enfin,
si l’on connaît lafréquence
de l’allèle C-dans les divers
mélanges polliniques,
onpeut adopter
la méthode d’évaluation desfréquences géniques
que nous avons utilisée pour les famillespolycross
de Sore 3.Dans cette dernière
éventualité, évidemment,
les estimations obtenues auront uneprécision
moins bonne que dans le cas où l’ondispose
de familles deplein-frères.
Il va de soi que d’autres
gènes
marqueurs que celui du 3-carènepeuvent
être utilisé dans le cadre de la méthode que nous avons décrite. La seule condition estqu’il s’expriment précocement.
De telsgènes
marqueurs se rencontrent parexemple
dansle domaine des
isozymes.
Remerciements
Nous tenons à remercier tout
particulièrement :
- MM. P. ALAZARD et H. CHAPERON de l’A.FO.CEL. qui ont mis à notre
disposition
le
plan
de Sore 3, et ontpermis
la récolte degraines
nécessaires à ce travail.- MM. J. BRACH et G. RoussEL, techniciens au Laboratoire d’Amélioration des Arbres forestiers de Bordeaux,
qui
ont réalisé la récolte de graines et les fichiers infor-matiques.
- Mm° D.
A NTONIAZZI ,
secrétaire du Laboratoirequi
a réalisé lafrappe.
- M. J. DARNAUDERY, du Laboratoire de
Sylviculture
etd’Ecologie
de la Pinède landaise,qui
a exécuté lesgraphiques.
Enfin,
MM. J. BADIA, directeur au Laboratoire de Biométrie de Toulouse (LN.R.A.) et J.-P.M AUGE ,
directeur du C.P.F.A. ont bien voulu relire le manuscrit et nous faireprofiter
de leurs remarques.
Summary
Biology
andgenetics of
terpenes in maritimepine
VI. - Estimation
of
the averageseljing
rate and exhibitionof discrepancy from pa ll mix y
in a seed orchardA study of mating laws has been undertaken in a part of a
seedling
seed orchard of marntimepine
which was 8 years old at thepollination
time. Used gene marker was the gene which controls 3-carenesynthesis.
Averageselfing
rate found was 13 p. 100.Besides,
a given tree ispreferentially pollinated
by its immediate neighbourslying
within a radius of about 10 meters.
’
The study of the role of disconnected groups of neighbours of variable dimension and
shape
enable to show that :- there is an
anisotropy
in the pollen dissemination (« screen » effect in the direction ofplantati!on
rows) ;- for the studied
pollination
years, the most efficient pollinators are on average at the east from used trap trees.Key-words : maritime pine, mating /nK’6, selling, panmixy,
Zusammenfassung
Biologie
undgenetik
vonTerperren
Pinuspinaster
Aii.VI -
Abschäturtg
der mittlerenSelbstbefrunchtungsrate
und
Hervorlzehung Abweichiiiigeii
von des Pcrrznzixia
Equilihriums
in einerSamenplantage
Der
Kreuzungssystem
wurde in eine 8 Jahre alteSamenplantage
der Pilills pinaster Ait.während der Pollenverteilung studiert.
Der Hauptgen, der die Synthese des 3-Karen controlliert werde in diesem
Experiment
genutzt.
Die Selbstbefruchtungsrate wurde auf 13 p. 100 geschätzt. Ein bestimmter Versuchs- baum wurde bei den nächsten
Nachbaren,
die bis zu zehn Meter weit stehenvorzugsweise
befruchtet.
Die Gruppen von Nachbaren von verschiedenen Größen und Formen Wurden dann studiert und folgende Ergebniße wurden erhalten.
- Die
Pollznverteilung
ist nicht gteichartig : die Bäume, die auf den selben Planta-gelinie stehen als der Versuchsbaum, behindern den Pallen, der von weiteren Liniebäume
kommt,
den Versuchsbaum zu erreichen.- Die Bäume, die am meisten die Versuchsbäume
befruchten,
sind in diesem studiertenJahr,
im Ost lokalisiert.Schlagwrote :
Pinuspinaster,
Kreitzlingvsysteiii,Selbstbefruchtung,
Panmixia.Rer,:u
le 27 novembre 1982.Accepte le
28fevrier
1983.Références
bibliographiques
A
DAMS W.T., Jor_v R., 1980.