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La duchesse d'Orléans à Genève et en Savoie: (août et septembre 1852)
FAVRE, Alphonse, FAVRE, Edouard
FAVRE, Alphonse, FAVRE, Edouard. La duchesse d'Orléans à Genève et en Savoie: (août et septembre 1852). Etrennes genevoises , 1928
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:120453
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LA DUCHEssE D'oRrÉexs
A cENÈvs ET EN savorE
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RÉcrr n'Ar.pHoNse FAVRE
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LA DUCHESSE D'oRLÉANs A cgNÈvp ET EN SAVOIE
(aoû.t
et
,reptembre t85z) RÉcrr o'Ar,puonsr FevnEt/-{FÈ
Hélène
de
Mecklembourg-Schwerin, née en 1814,fut
confiée dès l'âge de deux ansà
Mue Nancy Salomonqui
devait rester auprès de la princesse iusqu'au mariage de celle-ci (1837) avec le duc d'Orléans,fils
aîné de Louis-Philippe. Veuve dès 1842, exiléede Franceen 1848 avec ses deux fils le comte de Pariset
Ie duc de Chartres, la Duchesse partageait sa vie entre Eisenach et I'Angleterre.En l852,ellefit,avec ses deux Êls dont I'un avait quatorze anset I'autre douze ans, un voyage en Suisse. Elle devait retrouver à Genève son amie, Mnu Salomon qui, en 1838, avait épousé le Colonel de Bontems et vivait à Chambésy. Bontems avait eu d'une première union deux filles, Mue Jules Naville et Mme Maurice Sarasin; celle-ci habitait, non loin de son père, à Pregny, une propriété appeléePenthes.
C'est aussi à Pregny, (( aux Ormeaux,,r qu'habitait Alphonse Favre,
le géologue qui, pendant plus de vingt-cinq ans, parcourut la Savoie et contribua, par ses recherches sur ce pays,au renomscientifiquedeGenève.
A trois reprises,
il
eut I'occasion de rencontrer la duchesse d'Orléanset ses
fils.
Edouard Fevnr.fus
vivement intéressé,écrit'il, et j'ai
immédiate- ment mis par écrit mes impressions et le récit de ce que i'ai vu.La première
fois
quej'ai
rencontré les princes et leur mère, cefut à un
dîner à Penthes' otr Mme Maurice Sarasinr Vers le milieu d'août 1852.
AAAAAAA
V
m'invita uniquement à titre de voisin, pensant que
la
vue de cette famille m'intéresserait.Il
s'en fallut de peu quei"
tt'y fusse pas;i'étais en deuil de M. Vieusseuxl, j'hésitai à
y
aller, car c'était une réunion de vingt-cinq personnes ; enfin la curiosité I'emporta.[,a Duchesse a très bon air, elle est aimable avec tout le monde et cherche à parler à chacun de ce qui I'intéresse; son accent n'est
pas agréable,
il
est dur quoiqu'elle roule lesr; elle parlefort.Ellevint me demander si je pouvais lui indiquer un livre relatif à la géologiede la Suisse, pour le faire lire à ses enfants. Comme un ouvrage général sur ce sujet et à la portée des jeunes gens n'existe pas, je lui conseillais I'Esscf sur /es glacierc de
M.
de Charpentier; c'est un ouvrage qui présente un intérêt tout particulier pour notre pays. J'ai su, depuis lors, que la Duchesse I'avait fait acheter et que les princes I'avaient luavec plaisir.
l-e27 aoôt, j'arrivai de Charnonix à Saint-Gervais; je savais que la duchesse d'Orléans s'y trouvait avec les princes
et ie
désirais larevoir.
Je descendai chez M. Rosset, à I'hôtel du Mont Jolirpar le sommet de la butte qui domine la maison. [.a Duchesse n'était pas sous le pavillon et ie demandai à
M.
Rosset une chambre pour me reposer quelques heures, avant d'aller à Nant Borant.Il
voulut me mener dans la chambre à côté du pavillon; la Duchesse était établie avecM.
de Boismilon2 sur la galerie et j'abordai celui-ci enlui
disant que je I'avais vu à Penthes ;il
ne me reconnut pas, mais la Duchesse me remit et me reçut très obligeamment. Je portais un baromètre sur l'épaule etM.
cle Boismilon me demanda si j'avaisfait
bonne chasse. Jelui
dis que je ne chassais pas et que I'instrument que ie portais était un baromètre. a Mais, c'est donc un voyage scientifique que vous faites, o medit
la Duchesse. Je répondis afÊrmativement et, dès ce moment, elle parut s'intéresser au but de mon voyage.Elle me dit : o Nous parlerons de tout cela, mais vous allez déjeuner r Jean-Frànçois Vieusseux, oncle d'Alphonse Favre, mortle2T juillet 1852.
2 Ancien précepteur du duc d'Orléans'
A
avec moi. > Je m'excusai en disant que je n'étais pas dans un costume convenable. Elle me
dit :
<Il
faut absolument que vous acceptiezmon
hospitalité, > et en riant, elle ajoute: u Je I'exige.r
J'acceptai, mais, ayant horriblement chaud,je
voulus changer de linge et, au moment oir j'entrais dans ma chambre,je
visle
potage que I'on servait. Ma toilette ne fut pas longue et cependant M. de Boismilonvint
frapper à ma porte en me disant que jusqu'à midi on pouvait rester en costume de voyage. En effet, i'étais bien en costume de voyage, chemise de couleur, pantalon crotté, énormes souliers à clous et redingote pas brossée.Il
n'y avait pas de miroir dans ma.chambre en sorte que, dans ma précipitation, je ne sais comment je me fagotai.Nous nous mîmes à table. La Duchesse était d'un côté,
M.
deBoismilon,
M^"
de Vns' et moi de I'autre côté de la table. La Duchesse m'exprimale
regret de ce que ses enfants fussent partis, le matin même, pour Chamonix. Elle medit
quele
comte de Paris avait remarqué du sommet du Mont Joli une grande montagne qu'on luiavait indiquée sous le nom de Mont Iseran et que I'on nommait aussi
Mont Pourri ;
il
n'avait pu découvrir quelle était sa position exacte.Je la lui expliquai,lui dis que j'avais des cartes et que je pourrais lui en indiquer la place, après
le
repas. Cela parutlui
faire plaisir, je dis ((parutD, parce que I'on ne sait jamais si I'intérêt que témoignent les grands seigneurs est réel ou si c'est politesse. c Mais qu'allez-vous faire en Savoie)
r Je lui expliquai que je voulais faire la carte géolo- gique du pays et que, dans ce moment, j'allais au col du Bonhomme pour examiner une montagne qui devait relier deux coupes ; celles-ci, étant complétées, indiqueraient la nature géologique des montagnes comprises entreIe Mont-Gnis et
Genève.Elle
mefit
quelquesquestions sur l'état du pays, sur la Savoie, sur Genève. Elle marqua beaucoup d'attachement
pour M.
d'Haussonville,en
disant que c'était un fidèle défenseur de sa cause, r< La cause constitutionnelle r c'est le seul mot de politique qu'elle ait prononcé.Après le déjeuner, qui fut très simple mais pourtant très abondant, I Lectrice de Ia duchesse.
AAAAAM
la Duchesse demanda à voir mes cartes; elle
fut
si enchantée de la carte de Savoie des ingénieurs sardes qu'elle voulut la faire venir de Genève. Je lalui
ofiris et, après beaucoup de façons, elle I'accepta pour ses enfants, en me faisant quelques compliments sur l'intérêt que ie savais donner, prétendit-elle, à la géographie et à la géologie de ces montaSnes. Elle me demandaà voir
mon travail etje lui
montrai*u
giurrd" carte de Raymond toute chargée de couleurs et de noms ; elle en fut étonnée et me fit beaucoup de questions sur les granits, sur les glaciers. aIl y
a une chose qui me paraît réfuter la théorie des glaciers, me dit-elle, c'est I'idéedu
refroidissement de la terre. > Je lui expliquai que, dans les temps géologiques,il
y avait du temps po-ur tout, que l'infuence dela
chaleur centrale sur la surface terrestre avait été forte, anciennement, mais qu'il était arrivé un moment or! I'influence de la chaleur était nulle à la surface du globe ou du moins presque nulle ; c'est ce qui se passe maintenant' C'est pendant cette périodequ'il
a puy
avoirun
refroidissement dans le climat qui n'a pas infué sur la température du globe lui-même.Elle
fit
quelques obiections mais toutfinit
par s'arranger très bien et elle parut satisfaite, autant au moins qu'illui
importait de l'être.n Quand vous aurez publié votre ouvrage, me dit-elle, i'espère que vous ne m'oublierez pas.,
Elle me témoigna encore le regret qu'elle avait que ses frls ne fussent pas là. Elle me demanda d'ori I'on pouvait voir le Mont-Rose ; elle me dit que Parisl avait la passion de le voir. Je lui dis que cela se pouvait du col de la Seigne. Je lui oflris d'accompagner ses fils, assu' rant que, pendant gu'ils étaient à Chamonix, i'avais le temps d'aller examiner
la
montagne qui faisait le but principal de mon voyage, puis qu'après je reviendrais chercher ces Messieurs pour les accom- pagner au col de la Seigne et même dans le tourdu
Mont-Blanc, si elle voulait me le permettre. Elle hésita un moment, puisM.
de Boismilon la décida négativement en lui disant que le voyage du tour du Mont-Blanc pouvait se joindreau
voyage des lacsd'Italie
etI C'est-à-dire le comte de Paris.
V qu'il fallait réserver cela pour une autre année. J'ai eu I'impression qu'il s'en est fallu de peu que je ne tsse ce voyage avec les princes,
Enfin elle se leva, me
dit
qu'elle ne voulait pas me retenir plus longtemps;elle me fit
quelques complimentsde
politesse, me remercia de nouveau de ma carte. Je partis, pensant ne jamais la retrouver, fort heureux de ce bon accueil et regrettant de n'avoir pas vules princes.l,a
Duchessefut
malade à Saint-Gervais.M.
de Bontemsfut
la voir et, lorsqu'il revint,il
me dit que la Duchesse arriverait à Genèvele
13 septembre, qu'elle y passerait deux jours etil
me demanda, de sa part, d'accompagner les princes'au Mont Salève pour leur expliquer un peu la géologie de cette montagne. J'acceptai, cela va sans dire.et je proposai même une promenade à cheval sur les cbevaux d'Ed- mondr. Mais,
à
son arrivée, la Duchesse n'accepta pas cette prome- nade pour ses fils, voulant qu'ils restassent à recevoir les nombreuses visites qu'elle attendait.La promenade au Salève eut lieu le l5 septembre. Je fus chercher, dans ma voiture, les princes chez
M^t de
Bontems;ils
étaient accompagnés de leur second précepteur,M.
Allaire, et deM.
Paul de Brogliet qui était vcnu dc Coppct le matin même. Au départ de Chambésy, nous étions sur le seuil de la porte lorsque le grand valet de chambre vint apporter aux princes de I'argent de poche pour leur course. r, Monseigneur, voici de I'argent.- Ah !
merci; combieny
a-t-il
?-
Trente sous pour chacun, répondit le valet de chambre, >et ils furent satisfaits. Partis à 7 heures et demie nous étions à l0 heures à Monnetier où nous déjeunâmes chez
M-"
Faurax. Nous avions été rejoints à Veyrier par Jules Naville.L'intérêt le plus grand qu'il y eut pour moi dans cette course ce
fut
d'observer un peu le caractère des deux princes. Le comte de Paris, nommé tout simplement < Paris )) par sa mère, et <t Monsei- gneur )) par son précepteur, a beaucoup grandi dans ces dernièresr Edmond Favre, frère d'Alphonse Fawe, propriétaire de La Grange.
I Le futur abbé, né en 1834.
AAAAAAAA
V
années
; il
est minceet
fluet; il
donne I'idée d'un enfant faible ; cependant,il
supporte bien la marche et ayant eu I'occasion de le saisir par le bras dans un mauvais passage, je fus surpris de trouver ce bras très musclé ; je crois qu'il sera très fort, car son teint coloré indique que sa santé n'a pas été altérée par sa grande taille. Ses yeux ne sont ni iolis, ni vifs,il
paraîtrait que I'une de ses ioues est un peu plus grosse que I'autre ; ses denùs sont mal arrangées. Malgré tout cela, c'est un assez beau garçon qui deviendra bel homme lorsqu'il aura pris du corps et qu'il se tiendra droit. Il est remarquablement instruit pour son âge; ses questions sont justes et profondes;il
a une excel- lente mémoire.Il
a parlé, et avec justesse, des montagnes, des Alpes, deq Pyrénées, de I'Ecosse.Il a
parlé des migrations dcs peuples avec connaissance.Il
ne parle pas beaucoup,il
n'est pas aussi gai que son frère. Il a bien I'air de se préparer au fardeau qui, en Franceou
dansI'exil, doit
inévitablement peser sur lui.Le duc de Chartres, appelé simplement <c Chartres > par sa mère et < Bibi D par son frère est un enfant charmant, vif, actif, intelligent, gai, ayant beaucoup d'aplomb, parlant de
tout
sans savoir grand chose ; cependant,il
est également très instruit pour son âge. Lors- qu'il parle aux dames il leur touche en général les mains, il leur frrpofe les doigts.Il
n'est pas timide tandis que son frère I'est assez. Pour la figure et Ie caractèreil
ressemble un peu à Léopold tandis que sonfrère aurait plutôt des rapports avec Ernestl. Les yeux sont jolis, mais un peu bordés de rouge.
Pendant le déjeuner, le caractère de ces deux enfants se montra d'une manière curieuse. On me posa beaucoup de questions sur la théorie des glaciers et surtout sur la cause de leur avancement. Je développai alors la théorie de M. de la Rive et celle de
M.
Hopkins.Ces deux théories mirent en train le duc de Chartres. On sait que dans la théorie de
M.
Hopkins,il
est fortement question de I'isthme de Panama. On passa de là à la découverte de I'Amérique. Le duc der Ernest et Léopold Favre fils d'Alphonse Favre.
I
VNN/N/N V VN VAûAWNN/N V VN V
Chartres
fit
des questions, son frèrelui
répondit d'une manière sensée.Chutres:
<< L'Amérique était-elle peuplée lorsque Christophe Colomb I'aborda ? rParis: <t Qsrtainement. ))
Chartres: tr Alors comment cela s'est-il fait
l
Est-ce sûr qu'aucun Américain n'avait découvert l'Europe avant que Christophe Colomb eût découvert I'Amérique ? rM. AIIaire:
( Lorsque je vous donneraiun
cours d'histoire je vous montreraiqu'il
est probablequ'il y a
eu des gensqui
ontpassé d'Asie en Amérique. ,
Chartres: n Moi je vous dis que non, et au contraire. C'est impos- sible
qu'il y ait
eu des émigrations; onle
saurait d'une manière positive. On sait d'ailleurs assez bien I'histoire de I'Europe et de I'Asie et de I'Afrique pour savoir qu'il n'y a pas eu de vaisseaux qui aient traversé en Amérique. L'Amérique a été peuplée comme I'Eu- rope et voici comment.Tous z << Voyons. )
Chailres, avec beaucoup de gaieté: n
L'un
des fils de Noé, je ne me rappelle fas lequel, je ne sais pas leur nom. ))M. AIIabe:
<< Sem, Chamet
Japhet, choisissez. >Chafires: <t Peu m'importe, pourvu
qu'il y
enait un.
Ce fils s'est promené en Asie et en se promenantil
a.,.il
a...il
a...,,M. Allaire:
<< C'est filandreux comme des macaronis.Un
plat de macaronis, s'il vous plaît. > (M. Allaire faisait le geste d'un lazarone mangeant le plat favori des Napolitains.)Chaftres: <r Mais vous me dérangez toujours
!
>M. Allabe:
( Voyons donc.,,Chartres: t< En se promenant en Asie...
il
est venu enAie... il
est venu en Europe,
il
I'a traversée et, en la traversant, il a... il a....,il
a... >M. AIIabe:
<tVoyons donc. Des rnacaronisllChartres (étouffant de rire et tonabant sur M. Allaire à coups de
M
I
I
VV
poing) : n Laissez-moi dire; c'est terrible un homme comme cela I n M. AIIaire: n Dites donc.,,
Chqrtres: (
Et
en traversant I'Europe, cefils
d-e Noéa
laissé partout des enfants. rrTous I'interrompent en riant aux éclats. Quan.l
la
tranquillité est rétahlie, Chartres reprend en riant : <tIl
est venu iusqu'en France et c'est ce quia
établi une grande ligne de poste au travers des continents. , Puisil
boit son café et i'ajoute : << C'est ce qui explique comment I'Amérique a été peuplée. oAlors le café que le duc de Chartres avait dans la bouche ressort sous forme de deux larges flots par le nez et va retomber dans sa tasse ;
il
a manqué d'étoufler.M.
Allaire veut le rappeler à I'ordre et lui et son café.Chartres: tt Egalement je n'en voulais plus. Voyez-vous ? c'est que mon café au lieu de descendre dans le cou a fait un petit voyage pour revenir dans ma tasse, et maintenant
il y
en a tout autant. DLe reste du repas fut aussi gai que cet épisode.
Nous montons aux Treize Arbres; nous traversons toutes les Gorges par la Varappe iusgu'à la grotte du Chien, puis nous revînmes par Grange-Tournier à Mornex. Le duc de Chartres était fatigué.
Pendant la course, les deux princes montrèrent une grande ardeur
à
chercher des fossiles. Nous en avons trouvébon
nombre. Ils faisaient des questions sur leur nom, sur leur utilité, sur l'âge du Mont Salève par rapport au Mont-Blanc.Au
milieu de tout cela,ils mettaient beaucoup de gaieté; ils se disputaient quelquefois pour savoir lequel aurait tel ou tel fossile que ie trouvais et quelquefois Chartres disait à M. Allaire avec un ton d'humeur : ( Mon frère prend tous les plus iolis
r. Et
Paris répondait:
t< Mais c'estBibi
qui les' prend.r M.
Allaire et les princes jouirent beaucoup de la belle vue des Alpes.Nous étions en retard et, étant partis de Mornex à 5 heures trois quarts, nous arrivâmes à Chambésy à 7 heures.
M-"
de Bontems avait eu I'obligeance de m'inviter à dîner.Il
me fallut aller m'habiller chezl0
moi, aussi je priai
le
précepteur de s'habiller lentement lui-même etil fit
si bien que i'arrivai le premier, maisil
s'excusa ainsi que les princes en disant que c'était moi qui les avais priés de faire lentement.Le comte de Paris arriva avec des ongles si noirs que sa mère
lui fit
une remontrance à voix basse et
lui
prêta une épingle d'or pour les nettoyer.Je trouvai la Duchesse maigre et pâle. Elle ne dîna pas à table.
,Elle me remercia beaucoup, avec grâce
et
bienveillance, comme:elle
fait
toujours avec tous ceuxqui
l'abordent. L,a conversation,.assez lente
du
reste, roula sur beaucoup de chosesqui
n'ont pas grande portée. Elle voulut envoyer coucher de bonne heurel"
J,rc de Chartres.Il
ne voulut pas.Il
disait:
o Non, pas encore, D comme un enfant. cMais, voyons Duc, disait la Duchesse, bonsoir ! Je vousdis
bonsoir.> Le Duc
raisonnait.[a
Duchesse faisait:
rt Chut, chut t Bonsoir donc tr
Enfin, le Duc s'y déterminant, dit : <r On n'a pas d'idée quelle lubie ces mères se mettent dans la tête.r
Alors laDuchesse se redressa comme quelqu'un qui ne veut pas s'apercevoir d'une faute et le Duc partit.
La même cérémonie se rcnouvela lorsque le comte de Paris dut aller se coucher, mais moins vivement. Enfin la Duchesse me congédia en me disant des choses obligeantes et moi, de mon côté, je la remer*
ciai de m'avoir appelé à accompagner ses enfants.