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BELLANCOURT Charles Louis

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Selon que vous serez puissant ou misérable Les jugements de la Cour vous rendront blanc ou noir.

La Fontaine- Les animaux malades de la peste

BELLANCOURT Charles Louis

Le surprenant destin d’un ancien maire de Bonny Ou, de la gloire à l’honneur perdu.

H. CATTIN

Qui, aujourd’hui à Bonny, se souvient de BELLANCOURT Charles Louis ? Ce nom occupe peu de place dans la mémoire des habitants. Pourtant cet homme eut un surprenant destin. Après avoir connu les fastes de la gloire, les honneurs militaires et la notoriété en présidant aux destinées de sa ville natale, il perdit son honneur et connu l’humiliation.

Les quelques pages blanches qui se dissimulent encore dans l’histoire locale attisent toujours ma curiosité et méritent souvent que l’on prenne le temps de noircir quelques feuillets Aussi, en découvrant dans les archives la trace des principaux épisodes qui émaillèrent la vie de Charles Louis BELLANCOURT, j’ai souhaité ramener à la surface de la mémoire, le souvenir d’un homme immergé dans l’oubli.

Charles Louis BELLANCOURT né le 12 novembre 1773 à Bonny-sur-Loire (Loiret) est décédé le 2 mars 18501 .Fils de Louis Honoré BELLANCOURT2, propriétaire, et de Marie Gladel. Il eut pour parrain Charles Joseph Goblet, officier du roi, et pour marraine l’épouse3 de François Thomas Havard de Popaincourt, mousquetaire du roi.

Il épousa en premières noces Marie Charlotte Reine Simon de Montigny décédée en 18184 et en secondes noces, à Bonny, le 19 octobre 1819 Joséphine Terrier Delajolive5 Née à Bonny elle eut pour parrain Pierre Roch de la Perrière, seigneur de Marleroy, paroisse de Favrelles (Loiret) et pour marraine Joséphine Denise Lardif épouse d’Edme Pierre Jean-Baptiste Pothera, garde du roi, chevalier de l’ordre militaire de Saint Louis, demeurant Thou en Puisaye.

Il n’a que 18 ans lorsqu’il embrasse la carrière militaire. Soldat en 1791, Bellancourt participe aux guerres de la République et de l’Empire. Il prend part aux campagnes de 1792-1793 (Ans 2,3 et 4 de la République) avec l’armée du Rhin, puis à celles des Ans 5,6,7,8, 9 et 10 à l’Armée d’Italie.

1 Nous ignorons le lieu de son décès.

2 Décédé à Bonny le 28 janvier 1815. Etait alors veuf de Marie Gladel.

3 Charlotte Françoise BERTHIER

4 Décédée à Sennely, canton de la Ferté St Aubin (Loiret) le 29 août 1818.Elle était âgée de 42 ans et demeurait avec son époux, ancien officier, « à la maison de Courtailles » commune de Sennely

5 Née à Bonny le 27 septembre 1790. Fille de Jacques Alexis Terrier Delajolive, garde du corps et pensionnaire de majesté, demeurant à Bonny et de Madeleine Delagogué décédée à Bonny le 1 vendémiaire an VIII.

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Engagé comme volontaire en 1791, cette même année il est nommé lieutenant. En 1792 il est capitaine, et en 1799 chef de bataillon ; Après avoir été commandant de compagnie en 1805 et promu major en 1809, il finit lieutenant-colonel. Chacun de ces grades furent les récompenses d’action d’éclat ou le prix de blessures reçues.

Nommé Chevalier de la légion d’honneur en 1813, le brevet d’officier de l’ordre lui fut promis en 1815 mais la chute de l’empereur en empêcha la réalisation. C’est seulement en 1831 que le gouvernement de Juillet s’est acquitté de cette dette. Il fut nommé Chevalier de l’ordre de Saint Louis le 17 janvier 1816.

UNE CARRIERE MILITAIRE BIEN REMPLIE

Son passé militaire fut à la fois exceptionnel et glorieux. Il impose que l’on s’y arrête et que l’on évoque ces champs de batailles où il mérita d’être cité par ses supérieurs comme étant « un des braves dont le dévouement contribua à défendre la patrie. »

On le retrouve en 1792 sous les bombardements de LILLE

: en septembre 1792, pendant 7 jours et 7 nuits la ville de Lille est bombardée par les Autrichiens et les immigrés commandés par le duc Albert de Saxe Teschen. Deux cents maisons sont détruites et plus de mille criblées par les projectiles. Durant ces journées tragiques, de nombreux civiles et militaires trouvent la mort : BELLANCOURT fut blessé à une jambe par un éclat de bombe.

Ces événement lillois, contrairement à ce que pensaient les adversaires de la France, exalta la population française et conforta l’enthousiasme qui précipitait une jeunesse ardente aux frontières.

En 1794, la GUERRE VENDEENNE

: Dans la Sarthe, l’insurrection vendéenne s’intensifia au printemps 1794. La tranquillité dans le dstrict de Fresnay-sur-Sarthe fut fortement perturbée. Le Comité de salut public en fut informé : « .. Partout dans ce département on trouve des germes de malveillance qui exigent un exemple… ».

Engagé dans les actions menées pour la pacification de l’Ouest, on retrouve donc dans la Sarthe, le capitaine BELLANCOURT ayant, sous son commandement, un détachement de 36 hommes. Avec cet effectif réduit, dans la région de Fresnay-sur-Sarthe, il dut faire face à une attaque de 1200 insurgés vendéens. Le capitaine BELLANCOURT s’étant embusqué se distingua particulièrement au cours de cet assaut où, à la tête de ses hommes, il combattit d’une manière brillante. Opposant une résistance rare, durant sept heures, il fit feu sans perdre un pouce de terrain. N’ayant pas reçu de secours, à cours de munitions, il dut se résoudre à traverser les lignes rebelles où il fit, au passage, sept cavaliers prisonniers. Pour témoigner de sa satisfaction le ministre de la guerre gratifia de 4000 francs le détachement commandé par BELLANCOURT.

A la bataille de FLEURUS 26 JUIN 1794 :

Le premier bataillon du Loiret y montra sa valeur. Ce corps de volontaires avait quitté Orléans en 1791, composé d’éléments jeunes et braves il était placé sous les ordres de Gudin (de Montargis), de Quétard ( d’Orléans ) etc.. Certains devinrent généraux ou officiers de ligne comme BELLANCOURT. A la célèbre bataille de Fleurus, le 1er bataillon du Loiret fut chargé de garder, avec deux pièces de canon, l’entrée d’un petit bois que l’ennemi tenta à plusieurs reprises, avec acharnement, de s’emparer. BELLANCOURT Charles Louis, capitaine de grenadiers au 55ème

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d’infanterie de ligne combattit d’une manière brillante et fut blessé d’un coup de feu à la jambe droite au cours des engagements.

La campagne d’Italie :

Armée de Naples : Pistoïa, Trebbia , les passages des Apennins

En 1801, toute l’Italie était occupée par les armées impériales françaises.. Il n’ y avait pas dans les Apennins un poste, un passage qui ne fussent attaqués et défendu avec vigueur. Ici, encore,

l’intrépidité de BELLANCOURT Charles Louis mérite d’être évoquée. Il s’est distingué au passage des Apennins par la prise de deux pièces de canons sur l’ennemi dont il tua le chef, son premier et son second.

La bataille de Trebbia

: Macdonald, venant de Plaisance et se dirigeant sur San Giovanni rencontra l’ennemi sur les rives de la Trebbia. Les affrontement furent rudes et multiples et cette terrible bataille dite de San Giovanni6 fut aussi funeste aux vainqueurs qu’aux vaincus. Presque tous les généraux français furent blessés. Jamais on avait vu une bataille aussi sanglante : cinq millions de cartouches furent tirées ainsi que 60.000 coups de canon. Faute de munitions, les baïonnette suppléèrent au défaut de poudre L’on compta 12.000 morts dont 8000 sur le champ de bataille.

Après cet engagement du 16 juin 1801, L’armée russe restant maîtresse du champ de bataille, Macdonald battit en retraite. Rentré en Toscane il réoccupa ses anciennes positions à Lucque et à Pistoïa vers le 28 juin. Le 8 juillet 1801 l’armée française ayant abandonné Florence, le camp de Pistoïa est levé. Pour les français la marche fut lente et difficile et ce ne fut qu’à la fin du mois de juillet que les premiers éléments français arrivèrent aux environs de Gènes.

Le 12 messidor an 7, étant au quartier de Pistoïa, Macdonald, général en chef de l’armée de Naples nomme au grade de chef de Bataillon Bellancourt Charles Louis :

Première note

:

« Macdonald, général en chef de l’armée de Naples, voulant récompenser et utiliser les talents, sur la demande qui lui en a été faite par le chef de brigade de la 55 demi brigade, a nommé sur le champ de bataille [.] au grade de chef de bataillon le citoyen Belllancourt, capitaine des grenadiers de la dite demi brigade, pour s’être distingué à l’affaire de la Trebbia dans la journée du 30 prairial et 1er messidor . Ordonne qu’il soit reconnu en cette qualité et qu’il jouisse à ce jour des émoluments et

6 Dictionnaire des sièges et batailles – Tome III p.444 et s, édition 1809.

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prérogatives de ce grade. Signé L. Berthier, adjudant général chef de l’Etat- major général.

Seconde note :

Au quartier général de Pistoïa le 2 messidor an 7 de la République une et indivisible, Macdonald général en chef de l’armée de Naples au citoyen Bellancourt , chef de bataillon de la 55ème demi brigade : Je vous adresse ci- joint, citoyen commandant, un brevet provisoire au grade de Chef de Bataillon auquel vos valeurs et votre bravoure vous ont élevé, en rendant compte au directoire exécutif de la manière dont vous vous êtes particulièrement distingué dans les différents combats que l’Armée de Naples a soutenu et livré dans son expédition. Je ne doute point qu’il ne s’empresse de confirmer cette nomination et qu’il ne joigne ses félicitations aux mienne.

La récompense de la valeur est un stimulant pour continuer à en mériter d’autres en servant comme vous l’avez fait la cause de la Liberté. Salut et Fraternité . Pour le général en chef signé L. Berthier.

1812-1813 à DANTZIG

:

En 1812 on retrouve le Major BELLANCOURT à Dantzig où le lieutenant général RAPP Jean a été nommé gouverneur de la ville. Il était important pour les Français de conserver cette ville où l’armée possédait de vastes magasins, de l’armement et des tenues vestimentaires.

Au début de l’année 1813, le général russe Platow se présenta à la tête de 80.000 cosaques sous les murs de la ville.

Du côté français des sorties partielles furent effectuée à compter du 15 janvier, il était indispensable de se rendre dans la proche campagne pour y capturer des bestiaux et s’approvisionner en fourrage dont la place était dépourvue. Lors de ces expéditions hasardeuses, les militaires firent toujours preuve de vaillance et de sang-froid.

Le 5 mars 1813, fut le jour d’une attaque générale par les troupes russes sur les faubourgs de Dantzig lesquels furent défendus avec acharnement. Les combats cessèrent avec la nuit, les pertes Russes furent de 2000 hommes. Côté français, lors de ces sanglants assauts, plusieurs hommes furent tués ou blessés. Parmi ces derniers on trouve le major Legros, commandant la 6ème demi -

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brigade, le capitaine Alquier du 21ème léger et le major BELLANCOURT Charles Louis blessé une première fois lors d’une sortie. D’autres engagement eurent lieu où la plus part des officiers qui s’étaient distingués se firent à nouveau remarquer par leur bravoure. C’est ainsi, que le 9 juin 1813, pour la seconde fois, BELLANCOURT reçu un coup de fusil dans l’épaule droite. Après un court armistice, les hostilités reprirent du 26 août au 27 novembre date de l’évacuation de la ville de Dantzig. Certains auteurs dans leur relation du siège de Dantzig, rapportèrent que « Le major BELLANCOURT obtint des résultats avantageux lors d’une expédition en avant du fort Lacoste »7 .

Le 12 juin BELLANCOURT fut fait Chevalier de la Légion d’honneur par le comte Rapp, gouverneur de Danzig

LA CAMPAGNE DE RUSSIE.

Les campagnes de 1813 et 1814 se soldèrent par la capture d’ un grand nombre de soldats français. En 1814 il restait beaucoup d’entre eux captifs dans l’empire du Tsar, il fallait organiser le retour des prisonniers. Louis XVII fut sensible à la question et ne ménagea pas les efforts de l’Etat pour organiser le mouvement.

BELLANCOURT fait prisonnier le 2 janvier 1814, va revenir en France le 16 août 1814 après huit mois de captivité. Nous n’avons aucun détail sur sa capture et son séjour en Russie, mais, concernant son voyage de retour, Il partagea très certainement le destin de ses compagnons d’infortune. Les détails ayant été réglés entre la France et la Russie, des groupes de 250 à 300 prisonniers furent constitués. Chaque groupe était commandé par un officier français sous tutelle d’un officier civil russe8. Certaines colonnes étaient dirigées vers des ports pour un retour par la mer à destination du Havre. Les autres partaient pour Bialystok pour un retour par le continent en traversant la Prusse et l’Allemagne

Retour à la vie civile et les années noires

Après toutes ces années passées sur les champs de bataille, BELLANCOURT revint dans ses foyers. Peut-être, même, se retira-t-il d’abord à Sennely (Loiret)9 où il possédait avec sa femme une métairie appelée La Maison de Courtille. C’est là que son épouse Marie Charlotte Simon de Montigny décéda le 22 août 1818. Après une année de veuvage, il se remarie en octobre 1819 avec Joséphine Terrier Delajolive native de Bonny.

Libéré de ses obligations militaires, estimé pour son glorieux passé, il pouvait espérer jouir d’un repos bien mérité. Parmi ses relations Il compte de nombreux amis, et conserve l’affection de ses frères d’armes. Apprécié par ses compatriotes, il sut se dévouer et se rendre utile en remplissant à Bonny, de 1822 à 1830, les fonctions de maire ce qui, n’en doutons pas, a conforté l’estime10 de tous ceux qui l’ont connu.

Pour des raisons que nous ignorons, quelques temps après la fin de sa mandature à Bonny (1830), Bellancourt quitte cette ville pour s’installer à Aubigny-sur-Nère (Cher). Il semblerait qu’à

7 Les fastes de la Gloire tome 2 page 291.

8 Les prisonniers libérés étaient habillés, chaussés selon la saison et nourris par les autorités russes. Pour les bagages un chariot devait être fourni pour douze hommes.

9 Canton de la Ferté.

10 Il semblait apprécié par les autorités du Loiret. Lorsqu’il quitte la mairie de Bonny en 1830, le Préfet du Loiret Gabriel-Marie- de Riccé (vicomte) luis écrit « Je suis bien peiné de vous perdre comme maire, mais j’espère que nous ne nous séparerons jamais comme amis ».

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cette époque sa situation financière était peu reluisante car, à Aubigny, selon ses contemporains, Bellancourt y acquis rapidement une mauvaise réputation. Il y est connu pour des dettes contractées et non honorées. En 1832 n’avait-il pas fait déjà l’objet d’une plainte pour avoir acheté chez un ébéniste de Bourges des meubles qu’il régla avec un billet à ordre qui ne fut jamais honoré ? On disait également qu’il n’était pas toujours très scrupuleux sur les moyens d’emprunter. Un fait peut illustrer son coupable comportement : il se fit remettre par un certain Courtin 220 francs en lui promettant de le faire réformer.

Durant ces sombres années, Bellancourt semble avoir oublié que sa réputation fût bâtie sur une gloire passée, et qu’elle est fragile et éphémère.

C’est à cette époque que l’honorabilité de Bellancourt commence à pâlir. On le voit se fourvoyer sur les sentiers périlleux de l’illégalité, indignes de son glorieux passé.

LES FAITS :

Au mois de mars 1834, Bellancourt dont la fortune est très réduite, se rend à Paris. Il a besoin d’argent. Il s’adresse à un usurier nommé Saliquet, menuisier à Villejuif qui lui escompte deux billets à ordre de 100 et 150 francs, souscrits à son profit le 16 mars 1834. Ces billets sont signés

« Gravard ».

Six mois plus tard, au mois de septembre, les billets n’ayant pas été payés, le sieur Saliquet émet quelques doutes quant à l’existence même du nommé Gravard. Soupçonnant que les documents remis par Bellancourt pouvaient être des faux, il dépose plainte devant le tribunal de Gien.

Tel fut le prélude d’un épisode regrettable qui allait conduire BELLANCOURT, ancien maire de Bonny, devant les Assises du Loiret.

En 1836, cet ancien Lieutenant-colonel, dont l’honneur semblait avoir été un temps le seul crédo, échoue lamentablement sur le banc des prévenus devant un jury d’Assises.

ASSISES

Le 8 aout 1836 l’affaire Bellancourt est appelée devant les Assises d’Orléans. L’audience a attiré une nombreuse affluence. A 10 heures Bellancourt est introduit, il a 63 ans, sa démarche est chancelante il prend place sur le banc destiné aux accusés.

Le greffier donne lecture de l’acte d’accusation. En mars 1834, Bellancourt, dont la fortune est restreinte, a besoin d’argent. Il se rend à Paris et fait escompter deux billets à ordre (100 et 150 francs). A leur échéance ils ne furent pas payés, soupçonnés de faux, une plainte est déposée devant le procureur du roi de Gien. Dans le même temps comme cinq autres billets à ordres11, au moins, ont été émis par Bellancourt, d’autres plaintes sont déposées.

Plaidoirie (de Me Gaudry) et témoignages :

Bellancourt qui s’est trouvé placé au milieu de circonstances difficiles, est aussitôt accusé, sa vie est scrutée, ses actes les plus ordinaires sont incriminés.

11 Victimes : M. Saliquet pour 250 francs, M. David pour 250 francs, Sanson pour 125 francs, M. Chamaillard pour 200 francs.

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Bellancourt dont l’honneur fut le seul guide, la seule richesse pendant une longue carrière aurait déshonoré ses vieux jours par d’avilissantes intrigues ? Il n’y a pas de gloire qui puisse se flétrir, de loyauté qui ne puisse faillir sous d’impérieuses nécessités. Il est dans la vie de mauvais jours qu’on ne saurait éviter, des fatalités qu’il faut subir parce qu’il se sera rencontré une réunion de circonstances qui conduiront à soupçonner la probité la mieux établie, de douter de l’innocence la mieux constatée. Bellancourt en fait la douloureuse expérience.

Après avoir rappelé ce que fut le glorieux passé de son client12, son avocat évoque les témoignages favorables recueillis lors de l’instruction 13« .. à l’armée Bellancourt avait la meilleur réputation…rentré dans ses foyers il conserva l’affection de ses frères d’armes et se rendit encore utile en remplissant à Bonny les fonctions de maire »14 Il cite le maréchal Macdonald qui le 4 janvier 1834 écrivait encore à l’inculpé : « Soyez heureux, et que le souvenir de votre part de gloire aux armées vous dédommage des rigueurs de la fortune ».15

Sa réputation à l’armée est restée intacte. Un sieur Romeuf, compagnon d’armes déclarait : Il y a quarante ans que je connais m. Bellancourt. Je l’ai connu à l’armée, nous nous voyons

fréquemment, nous nous tutoyons. Il passait à l’armée pour avoir la meilleure réputation »

A la même époque, Mr. Saint Maurice, officier de cavalerie, propriétaire à Bonny, écrit à Mme Bellancourt : « .. je me joins aux personnes qui peuvent comme moi certifier avoir connu depuis longtemps Mr. Bellancourt.. » Il fut longtemps maire de la commune de Bonny et s’est fait aimer de ses administrés : son cœur est excellent, son humanité pour les malheureux est connue de tout le monde. Son arrestation m’a fait beaucoup de peine, car je le crois tout à fait incapable d’avoir fait ce dont on l’accuse. »

On voit également les plus notables habitants de Bonny s’empresser d’attester que M.

Bellancourt s’est toujours conduit dans la commune avec la plus intacte probité. Ils savent, disent-ils, qu’il avait eu à lutter contre la mauvaise fortune.

Pour l’aider, ils ont ouvert en sa faveur une souscription qui s’est couverte des plus honorables signatures. Les sommes qui ont été recueillies sont destinées à payer ce qui reste dû des billets incriminés.

La défense, dans un plaidoyer concis et plein d’entrainement, réfute les charges produites par l’accusation, Me Gaudry demande que son client soit remis en liberté « et si on a pu lui reprocher sa légèreté, son imprudence, notre client offre en expiation les cinquante jours qu’il vient de passer en prison » Pour conclure il lance « Le crime fait la honte, et non pas l’échafaud » Me Gaudry est félicité pour sa plaidoirie.

Après un quart d’heure de délibérations, contre toute attente, Bellancourt est acquitté.

Nanterre, mars 2018 Hugues CATTIN

12 Voir supra.22

13 Principalement les témoignages du député Delarode Marie Etienne Charles Louis, du général Jean Paul Adam Schramm, du sous-préfet de Gien Odon de Lestrade, du sieur Stample de Gien etc..

14 Témoignage d’un sieur Romeuf, --- Autres témoignages en faveur de Bellancourt : Le lieutenant – général Petit commandant la 15° division stationnée à Bourges qui avait servi sous les ordres de Bellancourt--

15 Le maréchal Macdonald semble connaître les difficultés financières de Bellancourt ; il ignore qu’elles conduiront deux ans plus tard Bellancourt devant les Assises du Loiret.

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Sources : Archives départementales du Loiret, Archives Nationales série BB, archives militaires, Etat civil de Bonny sur Loire, état civil de Sennely (Loiret), archives de la presse BN : les fastes de la Gloire tom. 2

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