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ARTICLE ORIGINAL

Prise en charge des patients avec sonde vesicale à demeure au long cours : enquête auprès des

médecins généralistes du Limousin

Management of patients with long term indwelling catheter: Survey of Limousin general practitioners

E. Valgueblasse

a,∗

, J. Berger

a

, A. Roux

b

, X. Plainard

a

, J.-P. Dumas

a

, A. Descazeaud

a

aServicedechirurgieurologiqueetandrologique,CHRUDupuytren,CHUdeLimoges,2, avenueMartin-Luther-King,87042Limogescedex,France

bDépartementdemédecinegénérale,facultédemédecine,2,rueduDr-Marcland,87025 Limogescedex,France

Rec¸ule10avril2011;acceptéle27juillet2011 DisponiblesurInternetle13octobre2011

MOTSCLÉS Sondevésicale; Longcours; Priseencharge; Médecinegénérale

Résumé

Objectif.—Évaluerla priseencharge despatients ayantunesondevésicale(SVLC)aulong cours(>1mois)parlesmédecinsgénéralistes(MG).

Méthode.—Unauto-questionnaire,composéde12questionsàchoixmultiplesetunequestion ouverte,aétéadresséà603médecinsgénéralisteslibéraux,concernantleurpriseencharge despatientsavecSVLC.L’étudemonocentriqueaétémenéeentremarsetmai2010.

Résultats.—Deuxcentvingt-huitquestionnairesontétéanalysésprovenantde126MG(55%) urbainset102MGruraux(45%).LesMGsuivaientenmoyenne1,3patientsavecSVLC.Lasonde vésicale(SV)étaitchangéesoitparlesMG(23,2%),soitparunurologue(23,7%)soitparune infirmière(53,1%).LesSVétaitmajoritairementchangéestouteslesquatresemaines(59%).

Dessoinslocauxquotidiensétaientprescritspar64,5%desMG.ParmilesMG,42,5%préféraient despochesurinairesstériles.UnemajoritédeMGfaisaientchangerlapochecollectricequo- tidiennement(56,1%),etnefaisaientfaired’examencyto-bactériologiquedesurines(ECBU) qu’encasd’infectionsymptomatique(58,3%).CinquantepourcentdesMGsedisaientdeman- deursderecommandationsprécisespourprendreenchargeslesSV.LesMGrurauxsuivaienten moyenneplusdepatientsavecSV,avaientmoinsrecoursauxpochesstériles,etavaientmoins souventrecoursàunurologue.

Niveaudepreuve:5.

Auteurcorrespondant.

Adressee-mail:WEMLeddy.valgueblasse@wanadoo.fr(E.Valgueblasse).

1166-7087/$seefrontmatter©2011ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.

doi:10.1016/j.purol.2011.07.010

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Conclusion.—LagestiondespatientsayantuneSVLCétaithétérogèneetdépendaitdumode d’exercicedesMG.Certainespratiquesapparaissaientéloignéesdesrecommandationsdispo- nibles.Cetravailpourraitconstituerunebasepourl’élaborationd’undocumentd’information destinéauxMG.

©2011ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.

KEYWORDS Indwellingcatheter;

Longterm;

Management;

Generalmedicine

Summary

Objective.—Toevaluatethemanagementofpatients withlong-term(>1month) indwelling catheterbygeneralpractitioners(GP).

Patientsandmethods.—Aself-questionnairewassentto603regionalGP,betweenMarchand May 2010. Itwas composed of12multiple-choice questions and oneopen question, about managementoftheirpatientswithindwellingcatheter.

Results.—Twohundredandtwenty-eightself-questionnaireswere analyzed:126(55%)from urbanGPand102(45%)fromruralGP.Onaverage,eachGPmanaged1.3patientswithlongterm indwellingcatheter(>1month).ThecatheterswerechangedbytheGP,urologists,andnurses in23.2,23.7,and53.1%,respectively.In amajorityofcases,catheterswerechangedevery 4weeks(59%).Nursingcareswereprescribedby64.5%ofGP.Prescribeddrainagebagswere sterilein42.5%.MostofGPreportedtoprescribeadailychangeofdrainagebag(56.1%).Urine analysisasperformedonlyincaseofsymptomaticurineinfectionby58%ofrespondents.Fifty percentofGPrequiredguidelinesforthemanagementofpatientswithlongtermindwelling catheter.RuralGPmanagedsignificantly morepatients withindwellingcatheter,prescribed fewersteriledrainagebags,madechangethedrainagebaglessoften,andrequiredthehelp ofurologistlessfrequently.

Conclusion.—ManagementoflongtermindwellingcatheterwasheterogeneousamongGP,and varied accordingtorural orurbanpractice. Someused significantlydifferedfrom available practiceguidelines.Thissurveycouldbeabasisforthepreparationofaninformativedocument aimedatGP.

©2011ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.

Introduction

Le sondage vésical (SV) à demeure permet l’écoulement continu de l’urine sur une période plus ou moins prolon- gée.Lesondagevésicalestditaulongcours(SVLC)lorsque sa durée dépasse 28jours. Il est évité autant que pos- sible mais est une solution palliative de prise en charge del’incontinenceurinaireetdesrétentionsd’urineréfrac- taires.Unecollaborationentremédecinsgénéralistes(MG), infirmiers et urologues est alors indispensable dans la gestion des SVLC car les complications rencontrées sont fréquentes. Nous avons observé préalablement des pra- tiques hétérogènes et une certaine perplexité parmi les MG confrontés à la prise en charge de tels patients. Les recommandations actuelles s’appliquent à tout type de SV, maisneconcernent passpécifiquement lagestion des SVLC. Or, le contexte des SVLC est souvent très diffé- rentdelasituationd’unpatientsondépouruneduréede quelquesjoursàquelquessemaines.LaSVLCestunesolu- tion palliative quis’adresse à une population depatients ayant des co-morbidités nombreuses et un état général souventaltéré.Ilnous paraissaitdoncinformatif defoca- liser notre enquête sur la population de patients avec SVLC.

Afin de mieux connaître les pratiques médicales et d’identifier les éventuels problèmes rencontrés, nous avons interrogé les MG d’une région franc¸aise sur leur mode de prise en charge des patients ayant une SVLC.

Patients et méthode Description de l’étude

Ils’agissaitd’uneétudeprospective,monocentrique,àtype d’étudedepratiques, surunmodedéclaratifetanonyme, conduiteauprèsdesMGduLimousin,menéeentremarset mai2010.

L’objectifprincipal del’étudeétaitd’analyserlespra- tiques des MG du Limousin pour la prise en charge des patientsavecSVLCquellequ’ensoitl’indication.Seulsles patientsvivantàdomicileouenmaisonderetraiteontété évalués,endehorsdetoutehospitalisationau longcours.

Lesobjectifssecondairesétaientdecomparerlespratiques desMGexerc¸antensecteururbainousemi-urbainàcelles desMGexerc¸antensecteurrural.L’étudereposaitsurun auto-questionnaireanonymepréalablementdistribuéàdix MGpourtestersonintérêtetlaclartédesquestions.Puis, nous l’avons plus largement distribué aux MG de Haute- Vienne, Corrèze et Creuse. La liste quasi-exhaustive des MGaétéobtenueauprèsdel’unionrégionaldesmédecins libéraux du limousin (URML). Il a été envoyé un total de 603questionnaires,accompagnéschacund’unelettreexpli- cativeetd’uneenveloppeaffranchie.

Le questionnaire

Ce questionnaire était composé de 13items dont 12à choixmultiplesetunequestionouverte.Lesdixpremières

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questions évaluaient les pratiques des MG pour la prise en charge des patients avec SVLC, tout sexe confondu.

La onzième question évaluait le besoin des MG à avoir recours au service d’urologie pour ces patients. Les douzièmeettreizièmequestionslesinterrogeaientrespec- tivement,surleur besoind’informationsetsur leurmode d’exercice.

Recueil des données et analyse statistique

L’analysedesrésultatsaétéréaliséedefac¸ondescriptiveet lespratiquesontétécomparéesselon lemode d’exercice (urbainetsemi-urbain,d’unepart,etrural,d’autrepart).

Nous avons utilisé le test statistique de Student pour comparerlesvariablesquantitativesetletestdeKhi2pour comparerlesvariablesqualitatives.Leseuilstatistiquede significativitéétaitde0,05.

Résultats

Taux de participation

Letauxdeparticipationétaitde37,8%(228questionnaires rec¸us et analysés). Sur l’ensemble des MG répondeurs, 126exerc¸aientenmilieuurbainousemi-urbain(MU)(55%) et102enmilieurural(MR)(45%).

ChaqueMGa indiquélenombre depatientsayant une SVLC qu’ilsuivait au moment del’enquête. Enmoyenne, lesMGsuivaient 1,3patients avec desextrêmes allantde 0à12.

Personne en charge du changement de sondage vésical

LechangementdelaSVLCétaitassuréparunMGdans23,2% (53)descas,parunurologuedans23,7%(54)descasetpar uneinfirmièredans53,1%(121)descas.

Fréquence de changement des sondages vésicaux

Lafréquence rapportée de changement deSVLC étaitde deux,quatre,sixethuitsemainesdansrespectivement7,4% (17),59,2%(135), 15,4%(35) et10,6%(24) descas. Pour 17MG(7,4%),iln’yavaitpasderythmerégulierdechange- ment.

Prescription de soins infirmiers locaux

ParmilesMG,64,5%(147)prescrivaientsystématiquement dessoins locaux,27,6%(63)selon l’hygiène dupatientet 7,9%(18)n’enprescrivaientpas.

Types de poches collectrices utilisées

Si le patient n’était pas grabataire (performance sta- tus<4),142MG(62,3%)prescrivaientunepochedejourde 500mLavecattacheàlajamberemplacéelesoirparune pochedenuitde1500mL.Despochesuniquesde1500mL étaientprescritespar34MG(14,9%)alorsque43MG(18,8%)

prescrivaientunepochedejourde500mLavecattacheàla jambeetbranchementensérielesoird’unepochedenuit de1500mL.

Utilisation de poches stériles ou non stériles

Les poches collectrices prescrites par les MG étaient obligatoirement stériles pour 42,5% d’entre eux (97) et non stériles pour 38,2% (87). Parmi les MG, 19,3% (44) prescrivaient indifféremment les deux types de poche.

Changement des poches collectrices

Les poches de drainage étaient changées quotidienne- ment par 128MG (56,1%), voire deux fois par semaine pour 59MG (25,9%). Les poches étaient changées une fois par semaine, deux fois par mois, au moment du changement de sonde ou indifféremment, par respecti- vement 10,1% (23), 1,7% (4), 3,1% (7) et 3,1% (7) des MG.

Prescription d’examen cyto-bactériologique des urines (ECBU) de contrôle

Cent trente-trois MG (58,3%) prescrivaient un ECBU de contrôle uniquement en cas d’infection urinaire symp- tomatique, alors que un MG (0,4%) le faisait une fois par semaine, 12MG (5,2%) deux fois par mois, 50MG (22%) une fois par mois, 25MG (11%) avant le change- ment de SV et six MG (2,6%) ne prescrivaient jamais d’ECBU.

Attitude en cas d’examen

cyto-bactériologique des urines positif sans symptôme (bactériurie)

En cas d’ECBU contaminé sans symptôme d’infection uri- naire (IU), l’attitude des MG était un changement de la SVLC avec prescription d’antibiotiques dans 23,2% des cas (53), un traitement antibiotique sans change- ment de SVLC dans 14,5% des cas (33), un ECBU de contrôle huit jours plus tard sans traitement dans 23,7% des cas (54) ou de ne rien faire dans 35,5% des cas (81).

Attitude en cas d’examen

cyto-bactériologique des urines positif et de symptômes (IU)

Enprésenced’unouplusieurssymptômes(douleurvésicale, fièvre,urinespurulentes,douleurslombairesougénitales) associésàunECBUpositif,lamajoritédesMG(153;67,1%) préconisaientlechangementdeSVLCavecuneantibiothé- rapie.

Enrevanche,17,5% d’entreeux (40) prescrivaient des antibiotiques sans changement de SVLC, et 14,5% (33) adressaient le patient à un urologue. À noter, qu’un MG préconisaitunesimplesurveillance.

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Prise en charge des changements de sondage vésical au long cours et des prescriptions par un urologue

ParmilesMG,26,3%(60)ontémislesouhaitd’unepriseen chargedeschangementsdeSVLCetdesprescriptionsparun urologue.

Informations et recommandations

ParmilesMG,50%(54%desMUet44%deMR)sedisaient demandeursd’informationsetderecommandationsprécises pourprendreenchargelesSVLC.

Mode d’exercice et résultats

Le nombremoyendepatients ayant unesonde vésicale à demeure suivis était significativementplus élevéchez les MGexerc¸antenmilieu ruralque chezlesMGexerc¸anten milieuurbainousemi-urbain(1,7versus1,1;p=0,008).

Les MR utilisaient significativement moins de poches stériles que les MU (14,9% versus 27,6%; p=0,004) et le changement des poches collectrices était significati- vement moins fréquent chez les MR que chez les MU (36% versus 64%; p=0,03). Les MR avaient significative- ment moins recours à un urologue pour le changement deSVLC(7,9%versus18,4%;p=0,006),adressaientsigni- ficativement moins souvent les patients avec SVLC à l’urologue encasd’infection symptomatique(3,1%versus 11,4%;p=0,02)etétaientsignificativementmoinsdeman- deursd’un changementdeSVLCparun serviced’urologie (p=0,002).Pourlesautresitems,iln’apasétéretrouvéde différencesignificativeselonlemoded’exercice.

Discussion

Cette enquêteapermis d’objectiver lespratiquesdesMG concernantlapriseenchargedespatientsayantuneSVLC.

Plusieursdecespratiquessontapparueshétérogènesetéloi- gnéesdesrecommandationsdessociétéssavantes.Lemode d’exerciceruralouurbain avaituneinfluence surlespra- tiquesdesMG.

La première indication du SVLC est la rétention vési- cale, qu’elle soit liée à une obstruction sous-vésicale ou à une hypoactivité vésicale, après échec des traitements médicaux ou chirurgicaux. En cas de rétention vésicale chronique résistante aux traitements, le SV intermittent est recommandé car moins morbide que le sondage à demeure.Pourtant,commeill’aétédécritchezdespatients neurologiques, le sondage intermittent est souvent aban- donnéà terme car iln’est pas toujours réalisable[1]. La SV restealors une alternative palliative durable dont les complications sont multiples, au premier rang desquelles l’IU [2]. La secondeindication est l’incontinence urinaire aprèséchecdesautrestraitementsouencorepourlaprise encharged’escarresacrée.Précisonsquedanscesindica- tions,l’étuipéniendoitpouvoirfaireéviterl’utilisationde SVchezl’homme.Danscesdeuxindications,lespopulations âgées,sansprédominance degenre,sontparticulièrement concernéesparleSVLC[3,4].

Un tiers des médecins interrogés a répondu au ques- tionnaire. Ce taux de réponse était comparable à celui obtenudans d’autres enquêtes franc¸aises du mêmetype.

Par exemple, dans une étude descriptive d’évaluation despratiquesauprès deMGduMaine-et-Loire concernant l’hypertrophiebénignedelaprostate,lesauteursontrap- portéun taux de réponse aux questionnairesde 25% [5].

Uneétudeauvergnatesurledépistageducancerdeprostate avaitenrevancherassembléplusderéponse,sansrelance dequestionnaire:49,1% [6].Dansuneenquête auprèsde médecinsduMinnesota,àproposdelapriseenchargedes SV,letauxderéponseétaitde9%(toutesspécialitésconfon- dues)[7].

Letauxderéponseétaitélevéalorsquemodestement, lesMGsuivaientenmoyenne1,3patientsavecSVLC.Onpeut supposerquechaquepatientavecSVLCconstitueuneréelle difficultédepriseenchargepourlesMG.

Selonl’enquête,lesSVLCétaientchangéesparuneinfir- mièredans plusdelamoitiédescas.Laposeetleretrait d’uneSVsontdesgestesréaliséssurprescriptionmédicale [8].Chezl’homme,laprésenced’unmédecinestnécessaire lorsdupremiersondage.Lechangementparuneinfirmière estdonctoutàfait autorisé.Ilestd’ailleurstrèsrépandu danslespaysanglo-saxons.

Lafréquence rapportéede changementétait dedeux, quatre, sixet huitsemaines dans respectivement 7,4%, 59,2%,15,4%,et10,5%descas,cequireflétaituneréelle hétérogénéitédespratiques.Selonlesrecommandationsde laSociétédepathologieinfectieusedelalanguefranc¸aise (SPILF)etde l’AFU2002,le changementroutinieretpro- grammé de la sonde n’est pas préconisé [9]. D’autres recommandations internationales encouragent le change- mentrégulierdesSVavantsurvenuedescomplicationschez lepatient neurologique sondéau longcours [10,11]. Cer- tains médecins interrogés rapportaient faire changer les SVuniquementlorsqu’ellessebouchaient,d’autrespropo- saientunchangementsystématiquetoutes lessemainesà touslesmois.Dansuneétuderandomisée,ilyavaitmoins d’IU symptomatiques en cas de changement de SV men- suelparrapport auxchangementsencasd’obstructionou d’infection.Cependant,l’échantillondanscetteétudeétait faibleetle typedeSV utilisén’étaitpas mentionné[12].

D’autresréférences internationalesinsistentsurlepeude consensusconcernantle délaide changement des sondes urinaireset précisent que le changement doit être dicté pardes facteurs individuels(fuites, blocages) [13]. Enfin, lesrecommandationsactuelles préconisentle changement deSVsanscouvertureantibiotiquesaufenprésenced’une infectionsymptomatique[9].

UnemajoritédeMGfaisaitchangerlapochecollectrice quotidiennement(56,1%), prescrivantindifféremmentdes poches collectrices stériles ou non. Il ya là un décalage majeurpar rapport aux recommandations[9]. Dans notre enquête,62,3%desMGrépondeursprescrivaientunepoche dejourremplacéele soirparunepochedenuit (système nonclos).Àl’inverse, 18,8%des MGprescrivaientunsys- tèmeclosconsistantsoitànepaschangerdepochesoità brancherunepochedenuitensériesurlapochedejour.Le principedudrainagevésicalensystèmeclosestancieneta étéévaluéaucoursdesannées1960.Ilaétéprouvéquele systèmeclosdiminuaitlerisquedebactériurielorsdesson- dagesdecourtedurée[14].Depuis,ceprincipeaétérepris

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danslesrecommandationsdepriseenchargedeSV.Onpeut néanmoinsdouterdecedogmeencequiconcernelesSVLC, puisque dans ce cas précis la bactériurie est quasi systé- matique[15]. Ilserait peut-êtreintéressant de comparer l’incidencedes complications infectieuses et obstructives dansla populationdes patients ayantune SVLCselon que lechangementdepochecollectriceestquotidienouquele systèmecloseststrictementrespecté.

La bactériurie asymptomatique est fréquente dès l’instantoùuneSVestmiseenplace:20à50%despatients sontbactériuriques au bout d’une semainedesondage et jusqu’à100% au bout d’un mois [15]. Le taux d’IU vraie estfinalementacceptable, aux alentoursde 10%chez les sondésàdemeureetlarelationentreIUsurSVLCetmor- talitén’est pasclairement établie[16]. Ilfautremarquer quelaplupartdes étudesà cesujetsont anciennesetne tiennentsouventcomptequedespatientssondésenmilieu hospitalier[17,18].Lesétudes portantspécifiquementsur lespatientsavecSVLCmanquent.

Le traitement des IU chez le patient sondé est assez consensuel. Chez le patient sondé ou non, la colonisa- tion urinaire ne doit pas faire l’objet d’un traitement antibiotique systématique par les antibiotiques [9]. Les recommandations des sociétés savantes, pour la prise en chargedes patientsavecSV varientenfonction ducarac- tèresymptomatique(fièvre,hématurie,rétentionurinaire, douleursscrotalesoudouleurslombaires)ounondelabac- tériurie [13]. Pour plus d’un tiers des MG répondeurs de notreétude,lapriseenchargedes colonisationsurinaires était donc inadaptée. Dans une autre étude prospective quiavaitpourbutd’évaluerlapriseenchargedepatients colonisés, 50% des prescriptions d’antibiotiques étaient inadaptées[19].

Une antibioprophylaxie ne permet pas de diminuer l’incidencedesépisodesfébrilesoulasévéritédelabacté- riurie.Ellen’estdoncpasrecommandéeenroutine,pasplus queleslavagesvésicaux[10,11].Deplus,untraitementanti- biotiquefavoriselasélectiondegermesmultirésistants[20].

Iln’apasétémontréqu’untraitementantibiotiquechezun patientasymptomatiquediminuaitsamorbi-mortalité[21].

Les instillations d’antiseptiques ou d’antibiotiques n’ont égalementpasfaitlapreuvedeleurefficacité.

Dansnotre étude,laprise enchargedesIU symptoma- tiquesconsistaitàdébuteruneantibiothérapieetàchanger laSVLC,pour67,1%desMG.Cetteattitudeétaitenaccord aveclesrecommandationsde2002[9].

Dansunerevuedelalittérature,l’utilisationdescathé- ters sus-pubiens par rapport aux SVLC diminuerait la bactériurie,lesIU etlesrisques d’obstructionetaugmen- terait la tolérance des patients, notamment en cas de prescription d’anti-cholinergiques et de respect des soins élémentaires[22]. Plusrécemment, une étuderétrospec- tive,sur179blessés médullairesavecdrainage urinaireau longcourscomparantSVLCetcathétersus-pubien,n’avait pasmontréderéelledifférenceentermesdecomplication entrelesdeux systèmes[23]. Descentres derééducation àtraverslemondeconsidèrentlecathéterismesus-pubien commeunmoyensûretefficacedanslapriseenchargeau longterme des vessiesneurologiques, tandisqued’autres équipesderéférence,fortesdeleurexpérienceprétendent lecontraire.Lecathétersus-pubienestdoncunconcurrentà laSV,peurépanduenFrance.Cependant,lechangementde

cedispositifn’estpastoujoursaiséaudomiciledespatients, et les fuites urinaires fréquentes peuvent altérer la qua- lité de vie des patients. Enfin,si le sondageintermittent estpossible,l’emploiducathéterismesus-pubienn’estpas recommandé au long cours encas de vessieneurologique [10,11].

Dansnotreétude,nousn’avonspasinterrogélesméde- cins sur le typedeSV qu’ils utilisaientouprescrivaient à leurspatientsavecSVLC.Danscedomaine,lesSVdeFoley ensiliconesont préférables[10,11]carmêmes si ellesne diminuentpaslabactériurie,ellesgarantissentunemoindre incrustation.Cessondessontparfoismoinsbientoléréesque lessondesenlatexcarplusrigides[24].

Nousavonsobservédesdifférencessignificativesdansles pratiquesdesMGenfonctiondeleurmoded’exercice:les MG ayant une activitérurale, par rapport aux autressui- vaientenmoyenneplusdepatientsporteursdeSV,avaient moins recours aux poches collectrices stériles et les fai- saient changer moins souvent, adressaient moins souvent lespatientsàl’urologueencasd’infectionsymptomatique, etavaientmoinssouventrecoursàl’urologuepourassurer leschangementsdeSV.Lesdifférencesobservéesmontrent que les pratiques des MG ne dépendent pas uniquement desrecommandationsdessociétéssavantesmaisaussides modalitésd’exerciceetdescontraintesinévitablesquecela entraîne.

Surlabasedesrecommandationspubliéespourlagestion desSV[9,10,11,13]etdesdonnéesdenotreenquête,nous avonsélaborédesconseilspratiquesauxMGpourlapriseen chargedespatientsayantuneSVLC(Annexe1).

Plusieurs limites, dans notre étude, doivent être sou- lignées. Nous n’avons pas interrogé les MG sur les indicationsdeSVLCetsurleurpriseenchargedecertaines complications des SVLC telles que l’incontinence urinaire autour de la SV, ou le refend longitudinal du méat uré- tral.Néanmoins,ils’agitdequestionsplusspécifiquesetde problèmesrares etleuranalyseauraitnécessitédeconsi- dérablementallongerlequestionnaireaurisquedevoirle tauxderéponses’abaisser.

Conclusion

Cette enquête a mis en évidence des pratiques de MG hétérogènesetparfoiséloignéesdesrecommandationsdes sociétéssavantesenmatièredegestiondespatientsayant uneSVLC.Ilnousestapparu,autravers decetteenquête qu’uneinformationclaire seraitutileaux MG.Surlabase denotre expérience,nous avonsélaborédes conseilspra- tiquesdestinésauxMGpourlapriseenchargedespatients ayantuneSVLC.Aprèsvalidationparuncomitéd’experts, ces conseilspourraient évoluerversdes recommandations debonnepratique.

Déclaration d’intérêts

Lesauteursdéclarentnepasavoirdeconflitsd’intérêtsen relationaveccetarticle.

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Annexe 1. Conseils pratiques aux médecins généralistes pour la prise en charge de patients avec sonde vésicale à demeure au long cours.

Le sondage vésical au long cours est adopté lorsque lessolutionsalternativessont inenvisageables.Àtout moment, cette indication peut être rediscutée avec l’urologue,lepatientetsonentourage.

Après cinq ansdeport d’une SV, une consultation urologique annuelle est nécessaire pour détecter la survenued’unéventuelcarcinomevésical.Pourtoute question relative à la prise en charge d’un patient avecsondevésicaleaulongcours,prenezcontactavec l’urologueréférent.

Matériel

◦ Lessondessiliconéesdepetitdiamètre(CH14à18) doiventêtreproposéesenpriorité.

◦ Iln’yaenthéoriepaslieudechangerrégulièrement la poche collectrice principale pour respecter le systèmeclos.Cettepocheeststérileetdotéed’un systèmeanti-reflux.

◦ En cas d’utilisation de poche de 500mL avec un système d’attacheàla jambe, uneseconde poche pourraêtreconnectéeensériesurlapremière,pour la nuit,par le patientlui-même ouparune tierce personne.

◦ Riennedoitentraverl’écoulementdesurines.

Changementetsuivi

◦ Le changement de sonde vésicale est entrepris par une infirmière ou un médecin en respectant constamment les conditions d’asepsie (champ stérile, gants stériles et solution antiseptique adaptéeauxmuqueuses).Lesondageensystèmeclos avecdumatérielstériles’impose.

◦ Le changementdelaSV peut êtreeffectué parun médecinouuneinfirmière.Ledélaideschangements de sonde sera adapté au cas par cas; il sera nécessaire si la sonde est obstruée ou en cas d’infectionurinaireavérée.

◦ Des soins quotidiens doivent être réalisés pour le nettoyage de la sonde et du méat urétral à l’eau et ausavon parle patientlui-mêmeouune tierce personne.

◦ Le patient devra avoir une diurèse supérieure à 1,5L/jour.

◦ Larééducationparclampage n’apasfaitlapreuve desonutilité.

◦ En cas d’hyperactivité vésicale, un traitement spécifiquepourraêtreproposé.

Colonisationetinfectionurinaire

◦ Aucunemesure n’évitela colonisation bactérienne chezlepatientsondéaulongcours.

◦ Antibioprophylaxie et irrigations avec ou sans antiseptiquedoiventêtreabandonnés.

◦ Un ECBU ne sera réalisé qu’en cas de suspicion d’infectionurinairesymptomatique(fièvre,douleurs génitalesoulombaires,fuitesinexpliquées).L’ECBU oulabandeletteurinaireréguliersouauchangement desondesontsuperflus.

◦ Encasd’infectionurinairesymptomatiqueconfirmée parECBU,untraitementantibiotiqueàlargespectre sera prescrit pour une durée de cinqà septjours, voire dix à 14jours pour lesorchi-épididymites ou pyélonéphriteou21jourspourlesprostatites,etla sondeserachangéeégalement.

◦ En cas de colonisation urinaire, un traitement antibiotique est requis si le patient est immunodéprimé ou porteur d’une prothèse valvulaire cardiaque, ou avant un geste endoscopique urinaire ou une intervention chirurgicale.

Références

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