FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNEE 1899-1900 N° 46
RÉSULTATS
ÉLOIGNES
DONNÉS PAll
LE BROSSAGE
lMt!
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenuepubliquement le
22 Décembre 1899
PAR
Jean-MaLirice
MARQUE
Né à Aressy (Basses-Pyrénées), le
15 Janvier 1876
Élève duService de Santé de la Marine
/?
:>
Examinateurs de la Thèse :•
MM. BADAL professeur.... Président.
^
DEMONS professeur—j
POUSSON agrégé
[
Juges:^LAGRANGE agrégé
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront
ï'aites
surles
diverses parties de l'Enseignement
médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI, P. CASSIGNOL
91 — RUE PORTK-DIJKAUX — 91
1899
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DENABIAS, doyen — M. PITRES, doyenhonoraire.
PROFESSEURS
MM. M1GÉ ^
AZAM DUPUY MOUSSOUS
Professeurs honoraires.
Clinique interne
MM.
\ PICOT.
/ PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
Médecine Physique
- , » .L'i^.LTAvy.Likj. Chimie . Clinique externe
j
LANELONGUE. Histoire naturelle ...Pathologie et théra- Pharmacie
peutique générales. VERGELY. Matièremédicale....
Thérapeutique ARNOZAN. Médecine expérimen-
Médecine opératoire. MASSE. taie
Clinique d'accouché- Clinique ophtalmolo-
ments LEFOUR. gique
Anatomie pathologi- Clinique des maladies
que COYNE. chirurgicales des en-
Anatomie CANNIEU fants
Anatomie générale et Clinique gynécologique histologie VIAULT. Cliniquemédicale des Physiologie JOLYET. maladiesdesenfants Hygiène * LAYET. Chimie biologique...
A G RÉCiÉS EN EXERCICE :
sectionde médecine (Pathologie interneetMédecine légale.)
MM. CASSAET. | MM. Le DANTEC.
AUCHÉ. | HOBBS.
SABRAZÈS.
mm.
moraghe.
bergonié.
blarez.
guillaud.
figuier.
de nabias ferré.
BADAL.
P1EGHAUD.
BOURSIER.
A. moussous.
denigès.
Pathologie externe]
section de ch1hurg1e et accouchements /MM. DENUCÉ. 1
YILLAR I A , „ \MM.
CHAMBRERENT
BRAQUEHAYE CHAYANNAZ.
Accouchements.• fieuk.
Anatomie..
section des sciences anatomiques etehysioi.ogiques
JMM. PR1NCETEAU | Physiologie MM. PAGHOJN.
•••/ N. i Histoirenaturelle BEILLE.
M. BARTHE.
section des sciences physiques
Physique MM. SIGALAS. | Pharmacie
COURS COU Pli F .11 F A 'B' A I SI10S Clinique desmaladies cutanées etsyphilitiques
MM.
Clinique desmaladies des voies urinaires
Maladies du larynx, desoreilles etdu nez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologieexterne Accouchements Chimie
Physiologie 'Embryologie Ophtalmologie
Hydrologie etMinéralogie.*
Le Secrétaire de laFaculté _
Par délibération du <5 août 1879, la Faculté aarrêté que les
opinions^et
Thèsesqui luisontprésentéesdoivent êtreconsidérées commepropresa
îei
»qu'elle n'entendleurdonner ni approbationniimprobation.
pousson.
moure.
rms1s.
rondot.
denuc,.
CHAMBRELENT.
dupouy.
pachon.
N.
lagrange.
carles.
lema1re.
A MONSIEUR LE DOCTEUR LAGRANGE
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX MÉDECIN OCULISTE DE L'HOPITAL DES ENFANTS
OFFICIER D'ACADÉMIE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR BADAL
PROFESSEURDE CLINIQUE OPHTALMOLOGIQUE A LA FACULTÉDE MÉDECINE
DE BORDEAUX
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Arrivé au terme de nos études, nous avons une douce tâche à remplir : celle de
remercier
tous ceuxqui
sesont
intéressés à nous, de prèsou cle loin, qui nous ont guidé de
leurs conseils ou nous ontaidé de leurs sacrifices; si cette modeste thèsepeut leur être
agréable,
nousla leur offrons
en témoignagede notre amour etcle notre
reconnaissance.
Nous nevoulons pas quitter
Bordeaux
sansadresser à
nos maitres desHôpitaux
etde la Faculté
undernier mot de
reconnaissance; et, enparticulier, nousgarderons
un sou¬venir
ineffaçable
de notre trop court passagedans les
ser¬vices de MM. les Prof. Arnozan etPiéchaud.
M. le Prof, agrégé Lagrange, dansses
causeries si intéres¬
santes, a su nous faire aimer l'ophtalmologie;
c'est lui qui
nous a inspiré le sujet de notre thèse;,nous
aurions voulu
faireun travail plus digne d'un tel
maître, mais si
nosforces
nousont trahi, qu'il ne mette pas en cause
notre bonne volonté,
mais seulement notreinexpérience.
Nous remercions également M. le Prof.
Badal d'avoir
accepté la présidence de notre thèse; il a droit à toute notre gratitude età notre reconnaissance.INTRODUCTION
Lorsque,
après les
travauxde Sattler, les promoteurs
en France du nouveau traitement de l'ophtalmie granu¬leuse par le brossage,DarieretAbadie, eurent
fait connaître,
il y a quelques années, les beaux
résultats obtenus
par ce procédé, il y eut un grandenthousiasme, tempéré, il est
vrai, parles objections de quelquespraticiens incrédules.
Pourceux-ci, une fois la
période d'engouement passée, la
nouvelle médication ne devait pas tarder à tomber
dans
l'oubli.
C'est pour savoir si le brossage a tenu tout ce que pro¬
mettaient ses partisans, que sur les
conseils de M. le Prof,
agrégé Lagrange nous avons entrepris ce modestetravail.
Nous avons relevé, dans les registres de la consultation
de l'hôpital
des Enfants, ainsi que dansles registres de la
con¬sultation
ophtalmologique
de la Policliniqueque M. Lagrangea bien voulu mettre à notre disposition, tous
les granuleux
quiont été traités par le brossage, et nous avonscontrôlé
de visu les résultats obtenus. En outre, nous nous sommes astreint dans nos observations à ne rechercher les résultats donnés par le brossage
qu'après
un tempsminimum d'une
année. La plupart denos observations ont été prises
de trois
asept ans après l'intervention chirurgicale. Beaucoup
de
maladesn'ont pu être retrouvés et ont été perdus pourla
statistique,
mais nous croyons que le nombredes
yeux observés est suffisamment élevépourpouvoir endéduire de
fermesconclusions. D'ailleurs, les malades que nous avons pu voir nous ont été fournis par le hasard, c'est à dire que- 10 —
nous noussommesefforcé de les retrouver tousen leur écri¬
vant eten nous présentant à leurdomicile. Notre
statistique,
où aucun triage
préconçu
n'a été fait, a donc la valeur d'unestatistique
intégrale, et nous avons consigné avec le même soin les résultatsheureux etles résultats malheureux.Notre travail comprendra cinq chapitres :
Dans le premier
chapitre,
nous feronsl'historique
succinct du traitement del'ophtalmiegranuleuse, et plus particuliè¬rement du traitement chirurgical.
Dans le second chapitre, nous décrirons brièvement le manuel opératoire du brossage.
Dans le troisième, nous relaterons les observations per¬
sonnellessurlesquellesnous avonsétayé nosconclusions.
Le quatrièmechapitre sera réservé à la critique de nos observations.
Enfin les conclusions du travail feront l'objet d'un dernier
chapitre.
HISTORIQUE
L'ophtalmie granuleuse ou trachome estune
des affections
oculaires les plus redoutables, non seulement par sa
conta¬
giositéetla gravité descomplications
qu'elle
provoque,mais
encore parce qu'elle sévit
particulièrement chez les classes
pauvres; et, comme la misère intellectuelle
marche de pair
avecla misère matérielle, toutes les règles de
prophylaxie
qui, mieuxqu'un traitementconvenable,pourraient
enrayer lamaladie, risquent fort de resterlettre morte pourla majo¬
rité des personnes intéressées.
Le nombre des médications vantées contre le trachomeest
incalculable,
cequi sembleraitd'ailleurs
prouver enfaveur
deleur
inefficacité;
c'est qu'il n'est pas unremède, du plus
ancien au plus moderne, du plus simple au
plus complexe,
qui n'ait été essayé. Depuis lesulfate
decuivre et le nitrate d'argent jusqu'au
protargol età la cantharidine, tous les
remèdes minéraux et végétaux, plusieurs
interventions
san¬glantes ont été tour à tourou simultanément appliqués.
Il
seraitfastidieuxde les passer tousen revue
ici.
Contentons-nous de dire que parmi les
innombrables
moyens médicaux
employés
contrel'ophtalmie granuleuse,
ilen est trois qui ont
particulièrement conquis la faveur des
praticiens : cesont le sulfate decuivre, le nitrate
d'argent, et
plus récemment le sublimé, qui a l'avantage de provoquer unedouleurbeaucoup
moins vive que la pierrebleue.
Si nous
passons maintenant à l'étude du traitement chi¬
rurgical du trachome, nous voyons que
dès la plus haute
antiquité,
dutemps d'Hippocrate
etde la période pré-alexan-
— 12 -
cirine, on comprenait toute
l'importance
du traitement local desgranulations : Hippocrate brossait les conjonctives des granuleuxavec un fuseau de bois entouré de laine rudenoncuite; il poussait le frottement
jusqu'à
ce que le tarse fût mis à nu, après quoi il cautérisaitau fer rouge et appliquaitsur la plaie un onguent à base de cuivre. Celse, dans les formes légères de conjonctivite granuleuse, se bornait à pratiquer des lavages astringents; mais
lorsque
la maladieétait arrivée à la période trachomateuse, il pratiquait le raclage avec le côté rude d'une feuille de figuier ou mieux
encore avec le scalpel. Paul d'Egine était aussi partisan du raclage, qu'il pratiquait avec un os de seiche. Les Arabes
n'ajoutèrent
rien au procédé, sinon qu'ils firent les premiersusage de la curette tranchante.
Après cette période, on ne parle plusdu traitementchirur¬
gical des granulationsjusqu'à la fin du xviiP siècle, époque où Woolhouse réinventa lebrossage, qu'il exécutaitavecun instrument primitifappelé xystron, sorte de brosse compo¬
sée de brins
d'épis
de seigle. Ce procédé présentaitquelques inconvénients;
cependant les partisans deWoolhoûse
croyaient que sa méthode était appelée à rénoverle traite¬
ment des granulations. Mais il n'en fut rien, et quoique Platner, à la même époque, eût préconisé les
scarifications
au bistouri, on revint au traitement par les
topiques
sous l'influence de Richter, et il fautarriverjusqu'à cesderniers
temps pour voir reparaître le traitement chirurgical.
La curette tranchante revint à la mode; puis
la brosse, à
poils courts et durs, vantée par Manolescu,
de Bucharest,
parut préférable; mais, comme à tous les
procédés anciens
de curettage ou de brossage, on peut
reprocher à celui-là de
ne pas respecter suffisamment la conjonctive. De
môme, les
excisions vastes et profondes de Heisrath avaient
le tort de
laisser des cicatrices plus larges que lorsque
les granula¬
tionsse cicatrisaient sans les toucher et deprovoquer
ainsi
des déformations fâcheuses des
paupières. Richet, consta¬
tant que les granulations des culs-de-sac sont
plus nom-
breuses que dans toutes les autres parties, eut l'idée de pratiquer l'excision du cul-de-sac conjonctival. Après lui, Galezowski a bien étudié la méthode et l'a largement appli¬
quée à partir de 1871. Mais cette excision n'enlève qu'une partie du mal; en outre, elle a l'inconvénient de détruire les rapports normauxde la paupière avec le globe de l'œil, et il peut s'ensuivre des déformations et des déviations de la
paupière.
Frappés des inconvénients de tous ces procédés, certains opérateurs comprirent qu'il fallait
absolument,
avant de chercher à détruire les granulations, avoir déchiré leurenveloppe
au moyen de scarificationsconjonctivales;
c'estce que faisait Sattler qui,
d'ailleurs,
paraissait avoir em¬prunté cette idée à Piltz, de Prague également
(1854).
Le pro¬cédé de Sattler a été ensuite repris en France par Darier, chefde
clinique d'Abadie,
ainsi que par ce dernier. Dans lechapitre
suivant, nous allons préciser la technique opéra¬toire mise en usage par notre maître, le Dr Lagrange, à l'hô¬
pital des Enfants.
MANUEL
OPÉRATOIRE
Leprocédé opératoire deM. leD1'Lagrange
(<),qui, d'ailleurs,
nediffère par rien d'essentiel de l'opération préconisée par Abadie et Darier, consiste dans les
temps
suivants :Premier
temps.
— Le malade étant placésousle sommeilchloroformique
absolu, M. Lagrange pratique, à l'aide deson
laveur,
uneabondanteirrigation
detoute la surface con-jonctivale,
avec une solution faible de cyanure de mercure oude sublimé(0,25/1000).
Cetteirrigationdure tantqu'ilreste à lasurface de la muqueuse le moindre exsudât inflamma¬toire. Au besoin un petit tampon trempé dans le liquide an¬
tiseptique
détache les exsudats adhérents capables de résis¬terau
lavage.
Deuxième
temps.
— Le cul-de-sacsupérieur
étant saisi etdéveloppé
à l'aidede la pince à double mors deGalezowski,l'opérateur
détruitavec sa herse (2) tout le tissu granuleux ;l'instrument
s'enfonce aisément dans les profondeurs du fornix et del'angleexterne, et c'estlorsque
les granulationsontété supprimées par la herse-curette et quela muqueuse
aété,non pas
détruite,
mais incisée, déchirée superficielle¬ment par
l'instrument,
qu'a lieu lebrossage
proprement dit.Troisième temps.
— Cebrossage
consiste, en prenant lesPrécautions
nécessaires pour ne pas toucher la cornée, à fric¬tionner
fortement,
avec une brosse trempée dans le subliméu2
0/00,
toute la surface de la conjonctive, aussi bien celle lapaupière inférieure que celle de lapaupière supérieure.
(')
Nogue,
Thèsede Bordeaux 1893.(-) Rec. d'opht., 1892, p. 647.
Ce brossage estd'ailleurs
fait plus
oumoins énergiquement
selon la
gravité de l'affection et le désordre de la muqueuse.
Quatrième temps. — La
région opérée est lavée
avecunesolution antiseptique
faible
;le
sacconjonctival est
saupou¬dréd'aristol ou d'iodoforme.
Il est recommandé au malade de se faire lui-même
plu¬
sieurs fois par jour
des lotions
ausublimé et pendant au
moinsun
septénaire, il lui est recommandé de revenir se
faire panser par
l'opérateur
ou par unde
sesaides. Les pan¬
sements consécutifs à l'opération ont, en
effet,
uneimpor¬
tance capitale; ils
consistent à retourner les paupières très
complètement et
à enduire toute la surface conjonctivale de
pommade
iodoformée
ouaristolée. Le double but de ce pan¬
sement est deparfaire
l'antisepsie de la conjonctive et sur¬
toutd'éviter les
symblépharons qui sont vraiment très re¬
doutables après ce genre
d'intervention.
OBSERVATIONS
Ces observations ont été transcrites dans l'ordre où nous avons retrouvé les malades et pu constater leurétat actuel.
Observation I
Elisa F..., douze ans. S'estprésentée à la consultation de l'hôpital
desEnfants en 181)5. Etait malade depuis troisans. Tousles traitements avaient étéessayéssans succès (cristalde sulfate de cuivre, nitrate d'ar¬
gent,pommades
diverses).
Lorsqu'elle
seprésenta à l'hôpital, la malade avait une conjonctivite granuleusedouble avec pannusde la partie supérieure desdeux cornées, quientravait la vision à telpoint, que depuis an la malade nevoyaitpassuffisammentpour seconduire. Onpratiqua le brossage en février 1895; aubout d'un mois, lavues'étaitaméliorée, etdeux mois après, la guérisoncomplète étaitobtenue. Depuis cetteépoque, la malade vatrès bien;elle n'ajamais souffert desyeux.
Elatactuel. — Le 4 novembre 1899, nous constatons sur les deux conjonctivesdes cicatrices lisses qui n'entravent en aucune façon le bon
fonctionnement
des veux; pasi de déformation des paupières; riensur lacornée.
Depuis
l'opération, la malade ne s'occupe plus de sesyeux; dieestguérie.Observation II
familleB.., six ans et demi. Etait malade depuis quatre ans etdemi
lorsqu'elle
s'estprésentée à l'hôpitalen 1894. A cetteépoque,la
malade présentait desgranulationsdes deux côtés ; léger pannus à la partieMar. %
— 18 -
supéro-interne de la cornée, ne gênant pas beaucoup la malade,sauf lorsqu'elle appliquaitsa vue sur un objet. Plusieurs traitementsavaient étéessayés, mais sansdonner de résultat appréciable. En 1894, lama¬
ladeentre àl'hôpital des Enfants, où elle subit un brossage, au moisde
mars ; elleyrestedeux mois et en sort guérie.
Lorsque nousvoyonsla malade le 10 novembre 1899, les conjonctives présentent des cicatrices lisses,sans aucune déformation des paupières.
Laguérison s'est maintenue complète. La malade ne se plaintnullement
des yeux, sauf lorsqu'elle travailleà la lumière du gaz. Mais cette
fati¬
guetient àla légère amétropie que présenté la malade
(1,5 dioptrie de
myopie de chaqueoeil).Observation III
L. B...,onze ans. Etait malade depuis l'âge de cinq ans
lorsqu'elle
vint à laconsultation del'hôpital des Enfants, en 1894.
Pendant
cessix
années de maladie, plusieurs traitements, en particulier
les attouche-
chements ausulfate de cuivreetlesapplications de
pommades diverses,
n'avaient donné aucun résultat.. Le diagnostic porté à cette
époque
était : ophtalmie granuleuse avec pannus épais
des deux cornées. En
1894, la malade subit le brossage et le hersage des
conjonctives. Elle
revint sefaire panser pendant prèsd'un an ; lavages
de l'oeil, applica¬
tion depommades à l'oxyde jaune.
Etat actuel. — Le 10 novembre 1899, la malade
présente
unœil
droit absolument sain, sans aucune trace de
granulations. "Vision
normale.
L'œilgauche présente sur les trois quarts
de la cornée une légère
opacité quiempêche la malade, dit-elle, d'y
voir de cet œil. Mais en lui
présentant un verre concavede 3
dioptries,
onarrive à corriger com¬
plètementson vice de réfraction. On peut
donc conclure
quela malade
estcomplètement guérie; il ne reste
d'ailleurs
pasde traces degranula
tions. L'œilgauche présente un peude
blépliarite ciliaire. En outre, a
malade s'offre à nous avec un léger degré de
strabisme externe, tout
cela tenant à sa myopie.
Observation IV
A.M..., sept ans. Est venu à la consultation ophtalmologique de l'hôpital des
Enfants
au moisde juillet 1894. Le diagnosticporté était :ophtalmie granuleuse, pannus crassus. Le petit malade souffrait des
yeuxdepuis deux ans, eton avait épuisé la liste des remèdes usités en pareilcas. Alors on lui fit subirun brossage des deux conjonctives; le
résultat futparfait. Lorsque nous voyonsle malade au mois de novem¬
bre 1899,on ne constate plus de traces des granulations. La vision est gênée, quoique le pannus ait disparu ; cela tient à ce que le malade présente, [pour l'œil droit, un astigmatisme régulier conforme à la règle de8dioptries, et,pour l'œil gauche, un astigmatisme
irrégulier
conforme à larègle de 5 dioptries. Le choix de verres appropriés amé¬
liorela vision du patient.
Observation V
L.G..., quatorze ans. Ce malade a subi une énucléation de l'œil gauche en 1895 (ophtalmie purulente depuis l'âge de quatre ans). En 1896,ilseprésente à l'hôpitalavec une ophtalmie granuleuse de l'œil droit, qui durait depuisun an et demi,et pourlaquelle on avait essayé
avecdes résultats peu satisfaisantsfious les remèdes. On pratique un
brossage
en 1896, aumois defévrier.Etat.,actuel
(novembre 1899).
—L'œil droit est parfaitement sain;plusde traces de granulations; myopie de 3 dioptries.
Observation VI
( • IL..,neufans. A l'âge de deux ans eut une ophtalmie granuleuse
pdontraita par lesulfate de cuivreet qui guérit.
Maisà l'âgede neufans,la maladerecommença à souffrir desyeux ; elle^oyaittrouble, le[soleilluifaisaitmal; etaumois dejanvier
1897,elle
à
l'hôpital
où elle entra avec le diagnostic : ophtalmie granuleuse.- 20 —
On pratiquaun brossage suivi de frictions avec la pommade à
l'oxyde
jaune de mercureet elle sortit complètement guérie del'hôpital.Au mois de novembre 1899, la guérison s'est maintenue ;on constate seulement surl'œil droit un légersymblépharon siégeantauxdeuxtiers externesde la paupière inférieure, mais qui ne gênepas la vision; pas de trichiasis, pas de déformation des paupières. Acuité visuelle normale.
Observation VII
J. V..., douze ans. Cette maladea subi un brossage des deux yeux il ya un an etdemi.
Surseptenfantsqui vivent dans la même maison, un seul,à
l'âge de
onze ans, a eu comme sa sœur une conjonctivite granuleuse
des deux
yeux. Il a subiun brossage ily acinq ans; guérison complète.
La malade revientàl'hôpitalle 13 novembre 1899; elleprésente
des
granulationssur l'œil gauche, et une légère infiltrationde la cornée
gauche. Cette récidive sera traitéepar un nouveau brossage.
Guérison
complète de l'œil droit. Nous n'avons pu obtenir de
renseignements
poursavoir sicetteenfant avait été en contact avec
quelque granuleux,
ce qui auraitpuexpliquer cette récidive partielle.
Observation VIII
AT..., quinzeans. Cette jeune fille s'est
présentée à l'hôpital des
Enfantsaumois dejuillet 1894 etestentrée à
l'hôpital
avecle diagnos¬
tic: conjonctivite granuleuse; taie de
la cornée. Là, elle subit un
brossageet hersage, qui améliore son état.
Trois mois après les granu¬
lations avaient disparu, la cornée était transparente.
Cet excellent résultata persisté, et, au mois
de uovembre 1899, on
peut constaterl'état parfait des deuxyeux.
Observation IX
M.B..., douze ans. Malade brosséen 1894 pour
conjonctivite granu
leuseetkératite datant de trois ans.
Nous voyons ce
malade
en 1899 etnous constatons l'excellent résultat del'opération.Observation X
M. G.... dixans. Cettepetite fille était malade depuisdeuxanslors¬
qu'elle estvenueàl'hôpital, au mois de septembre 1894. Le diagnostic porté fut :granulations et kératite double. Tous les traitements em¬
ployésjusqu'à cejour ayantéchoué, on décida de pratiquer le brossage,
suivi defrictions à l'oxyde
jaune
de mercure. Le résultat fut ex¬cellent.
Actuellement,les deuxyeux de cette petitefille sonten parfait état; ilreste cependant unléger néphélion sur le côté supéro-externe de la
cornéegauche, niais qui, au dire de la malade, ne la gêne nullement.
Acuité visuelle normale. Pas d'amétropie.
Observation XI
M'neCi., estvenueà l'hôpital avec ses quatre enfants, tous atteints d'ophtalmiegranuleuse
(février
1897).Aumois dejuillet 1896, la mèreetses quatre enfants eurentla rou¬
geole, qui guérit très bien chez ces malades sans laisser de complica¬
tions. Maisquelquetemps après,l'aîné des enfants, un garçon de dix ans, contractaune ophtalmie granuleuse, qu'il transmit à son jeune frèreâgéde dix-huit mois. Les deux soeurs decespetits malades, âgées l'unedeseptans, l'autrede trois ans etdemi, contractèrent à leur tour la même affection ; enfin vint letour de la mère. Pendant six mois ces
maladesfurent traités aunitrate d'argent et au sulfate de cuivre; la mèreetles deux filles guérirent facilement, maisles deux garçons du-
l'ontsubir un
brossage
qui améliora rapidement leur état;le petit en- fant guéritlepremier; enfinl'aîné, qui avait le premier contracté lamaladie,
futle dernier àse rétablir.•Vous voyonsla famille entière en novembre 1899. Tous les cinq se portentparfaitement. Plusde traces de granulations. Acuité visuelle oorrnale chez tous les sujets. Pas d'amétropie
Observation XII
G. I)..., treize ans et demi. Jeune tille venueàl'hôpitaldes Enfantsau moisde novembre 1895 pour ophtalmie granuleuse avec complications
cornéennes. On latraite au sulfatede cuivre : insuccès. On pratiqueun
brossage au mois de décembre ; l'état de la maladeest amélioré, mais ellerevient au mois de février 189G avec une récidive. Nouveau bros¬
sage, dont nousn'avons pu connaître le résultat, n'ayant pas
retrouvé
la malade.
Observation XIII
X. R... Venu à la consultation du I)1' Lagrange en août
1891. Gra¬
nulations,pannus. Brossage des deux côtés le 6 septembre.
Quelque
temps après, onconstatel'insuccès de la méthode.
Extirpation du cul-
de-sacconjonctival gauche le 31 septembre. Le 28 octobre, on
pratique
un brossage simple sur l'œil droit, et quelque temps après on
constate
les bonsrésultats donnéspar cebrossage. D'ailleurs,
l'œil gauche, après
l'extirpation du cul-de-sac, présente aussiune
grande amélioration. Il
yavait dece côté des taies beaucoup plus épaisses que
celles
quel'on
constate aprèsl'opération. Le 28janvier 1892,
le malade revient à la
Policlinique; il està peuprès guéri. Nous voyons
le malade le 20 no¬
vembre1899 ; ilestcomplètement guéri, et
n'a jamais souffert des jeux
depuis 1892.Observation XIV
G. L..., quatorze ans. Conjonctivite
granuleuse,
pannus.A subi un
brossageà droiteen février 1891 ; à
gauche, extirpation du cul-de-sac
le 2novembre, suivied'un brossage. L'affection
remonte à quatre an».
Aucuntravail n'était possibleau malade.
Soigné pendant plus d un an
ausulfate de cuivre sans succès.De temps en temps
il
seproduisait une
légère amélioration, mais quelques
jours après survenait une nom elle
poussée aiguë.
Alafin de novembre 1891, onconstate quel'amélioration est à peu
près
égaledes deux côtés, et
aumois de janvier 1892, toute
tracede
pannus adisparu.
Depuislors,le malade n'a
plus souffert des
yeux.Observation XV
MmeD..., cinquante-sept ans. A été à la
Policlinique
aumois de juin
1891. Granulations,kératite ancienne, pannus au début.
L'affection
re¬montait à quatre ans. Tousles traitements
avaient été essayés
sansré¬
sultatappréciable. Au mois dejuillet, brossage
des deux
yeux.L'amé-
• « ,
lioration semanifeste aubout d'un mois. Trois mois après, guenson complète, qui s'est maintenuedepuis lors
jusqu'au mois de novembre
1899, époqueoù nous voyonsla malade.ObservationXVI
H. B..., dix-sept ans. A été
consulter M. le D1' Lagrange
endécem¬
bre 1891 pourconjonctivite
granuleuse. Etait malade depuis deux
ans;touslesmoyens médicaux ayant échoué, on
pratique le raclage et le brossage
desdeux conjonctives, sansextirpation des culs-de-sac, le 17
janvier1892. L'opération donne un
résultat excellent; le malade fut
revuàla Policlinique deux mois après,
la guérison paraissait défini¬
tive des deux côtés, il restait simplementencore un peu
de suintement.
Etat actuel
(novembre 1899).
—Conjonctives présentant des cicatri¬
ceslisses;rien sur les cornées ; rien auxpaupières.
Observation XVII
H...,dix-huit ans, chaudronnier. Conjonctivite
granuleuse
et pan¬nus. A subi le 12 décembre 1891, un brossage avecsublimé à
2/1000
; cautérisation au sulfate de cuivre. Le malade fut simplementcocaïnisé
avecunesolution à 0,50/10. Durant les troispremiersjours, on cons-
Pte1amélioration dela vision; mais depuis, le pannus
cornéen s'opa-
— 24
cifie. Cependantle 15février 1892, on constate une grande améliora¬
tion; lacornée s'éclaircit, le malade peut se conduire seul. Quelque temps après, la guérison complète était obtenue, guérison qui per¬
siste àl'heure actuelle.
Observation XYII1
A. L..., quinze ans. S'estprésentéàla consultation de M. Lagrange
au mois deseptembre 1891.
Pasd'affections oculaires dans lafamille.
A commencé à souffrir des yeux en 1890 ; l'énfant allait alors à l'école. Photophobie,larmoiement, injection conjonctivale. Cautérisa¬
tions au sulfate de cuivresans résultat. De temps en temps ilseprodui¬
saitdes rémissions d'une durée variant de quelques jours à un mois;
puissurvenaient des poussées aiguës avec cortège de phénomènes dou¬
loureux.
En octobre 1891, on pratique unraclageet brossage de l'œil gauche; après1 opération, atropine, compresses chaudes. Lapommade jaune ne putêtre supportée par le malade. Grande amélioration constatée en juillet 1892.
Nous n'avons puretrouver ce malade.
Observation XIX
L. P..., neufans. Avait desgranulations depuis trois ans; des
cauté¬
risationsrépétéesau sulfate de cuivre n'avaientproduit aucun
effet. 1
n brossage fut pratiqué le 4 octobre 1892. On constata unegrande
amélioration, mais quelques mois après, le malade revenait avec une récidive; unesecondeopération fut pratiquée, mais nousn'avons
purevoirle malade pourconstater le résultat de cette seconde
opération.
Observation XX
B. L..., douze ans. S'est présenté à la consultation,en
avril 189-j
avec desgranulationsremontant à l'âge de quatre ans; sur
1 œil gau-
— 25 —
che onconstatait la présence de deux
taies anciennes
; surl'œil droit
onvoyait un commencement
de
pannus.Le 17 avril 1898
unbrossage
avecraclage fut pratiquésur
les deux
yeux ;lavages
ausublimé faible
quotidiens. Deux
mois après, le malade était très amélioré; disparition
complète des
granulations;
àgauche il restait des cicatrices indélébiles;
àdroite le pannus avait disparu.
Etat actuel. — Au mois de novembre 1899, nous constatons que
la
guérisons'est maintenuecomplète.
Pasde déformation des paupières,
riensurles cornées. L'œil gauche présente un
astigmatisme régulier
conforme à la règle de 2 D et 1 D 5 de
myopie.
Observation XXI
MarieL..., dix-huit ans. Asubi un brossage
des deux
yeux,le 24
septembre 1892, pour ophtalmie
granuleuse
avec pannus.La maladie
remontait àl'âge de treize ans; au moment où
elle vint à la consulta¬
tion, c'està peine sielle pouvait se conduire; tout
travail était impos¬
sible;photophobie intense.
Les bonseffets du brossage ne tardèrentpas à se
faire sentir
;l'injec¬
tiondel'œil, le larmoiementet la photophobie disparurent,
le
pannus devintmoinsépais, mais on fut obligé d'avoir recours àlapéritomie, le
11 octobre 1892, pourle faire
disparaître complètement. Depuis cette époque,
lamalade n'aplus souffert desyeux;la guérison est absolue.
Observation XXII
MmoC...,trente-cinq ans, atteintede
conjonctivite granuleuse depuis
sixans, futbrossée le 2août 1892. Tous les traitements avaient été essayés sans succès. Le brossage lui-même amena une
amélioration
sensible pendantdeux mois, mais les granulations reparurent et un nouveau
brossage
futpratiquéen décembre1892, mais
sansplus de
succès que le premier. La malade alla demander des soins à un autre oculiste; différents collyres et pommades furent
employés,
sans amenerlaguérison. Ilse produisait simplementquelques périodes de
rémission survenant sans cause connue et suivies de périodes
inflamma-
toires.— 26 -
Observation XXIII
E. L..., vingt-deux ans. Conjonctivitegranuleuse datantde deuxans.
Les traitements médicaux ayant échoué, le malade vient demander les
secours de lachirurgie. Le? mai 1892 onpratique un brossage, suivi
de lavages au sublimé faible pendant quinze jours, puis d'application de bioxyde jaune. Le malade, revu au bout d'un an, est presquecomplète¬
ment guéri.
Xousn'avons puretrouver le malade pourconstater si l'amélioration s'est maintenue.
Observation XXIV
MmeA..., quarante ans, atteinte de conjonctivite granuleuse
depuis
deux ans. Est brossée le 20 avril 1892. Quelques jours après, on cons¬
tate l'apparition d'une iritis, qui cèdeaux moyensthérapeutiques
ordi¬
naires. Laguérison ne tarda pas à se produire; elle a persisté
jusqu'à
l'heure actuelle.
Observation XXV
Mrao M.., trente-neuf ans. Venue à la consultationenjuillet
1892,
pour des granulationsanciennes, avectricliiasis. On pratique
la
trans¬plantation ciliaire,et quelque temps après un brossage,
qui donne
unsuccès complet.
Lefils,Louis M..., âgé de quinze ans, subitun brossage
le 13 août
1892, ainsi quela fille. Pas de suites opératoires. Lesmalades,vus
deux
moisaprès, étaient guéris. La guérison s'est maintenue
complète jus¬
qu'à cejour.
Observation XXVI
Jeanne P..., onze ans. Pas d'antécédentspersonnels.
A
eula rougeole
et lafièvretyphoïde dans son enfance; fut obligée
d'entrer à 1 hôpital
des Enfants-Assistés,etc'est depuis son entréeà
l'hôpital
quel'enfant a
commencé àsouffrir desjeux.
Lorsqu'elle
seprésenta à la consultation
de M.Lagrange, lesjeux
étaient
rouges,larmoyants,
avecécoulement
considérable de muco-pus. Les conjonctives
étaient bourrées de
granu¬lations;pannus empêchant
la malade de
seconduire
avecl'œil droit
; photophobie intense.Depuis six
ans,des cautérisations répétées
ausul¬
fatede cuivre avaient été emplojées sans
amélioration. Il survenait des
périodes de rémission sans cause
bien appréciable, mais
nedurant
pas longtemps. La maladeestbrosséele
2avril 1892. Le 12 juillet,
on cons-o
tateuneamélioration considérable. La tachecornéenne gauche a dis¬
paru,la droite s'est éclaircie. La malade peut
lire
etécrire.
Actuellement, il ne reste plus traces de
granulations, ni des taies de
lacornée. Cependant la malade ne peutse
livrer à des travaux délicats.
Observation XXVII
Mme V..., trente-deux ans. Souffre d'une
conjonctivite granuleuse
depuis deuxans. Son mari, atteint dela mêmeaffection,
aété guéri
par* ,
les cautérisations au sulfate de cuivre. Mais chez elle on est oblige d'avoir recours au brossage, qui est
pratiqué
aumois de janvier 1895.
Résultat excellent.
Laguérison s'est maintenuejusqu'àcejour.
Observation XXVIII
HenriD...,serrurier, dix-neuf ans. Avait des
granulations depuis six
ans. Tous les traitements avaient étéessajés sansdonner
de résultat.
Brossage
le 14juin1892. Lavages ausublimé à 1
pour500 pendant
quinze jours. Pas de phénomènes
inflammatoires aigus. Le 4 juillet,
pommadejaune. A cemoment, on constateune
amélioration considéra^
Me; pasdephotophobie. Mais quelques jours
après,
unenouvelle infec¬
tion survint avecpannus vasculaire cornéen; on
pratiqua la péritomie
le
19juillet.
Depuis cetteépoque le maladen'a plus souffert des
jeux:11luiresteun
peude fatigue lorsqu'il
travaille
àla lumière; mjopie
légère (1D)
des deux jeux.— 28 -
Observation XXIX
Mme S... Malade depuis quatre ans. Tous les traitements ayant échoué,la malade futbrosséeen février 1892. Résultat excellent.
Guérison maintenuejusqu'à l'heure actuelle.
Observation XXX
RoseB..., seize ans. Souffre des yeux depuis l'âge de trois ans,
époqueoùelle a eu la rougeole. Elle fut successivement soignéevers
l'âgede six ans par trois oculistes au moyen de cautérisationset de collyresdivers sans aucunrésultat. Quand elleseprésentaà la Clinique, elle avait une conjonctivite granuleuse ancienne double, avecpannus cornéen, surtout développéà droite.
Brossage le 23janvier 1892. Enjuin,on constate la guérison absolue, qui s'est maintenuejusqu'àl'heure actuelle.
Observation XXXI
mme m.
L...,vingt-sept
ans.Avaitdes granulationsdepuis deuxans.Lesulfate decuivre, le nitrated'argent n'avaientpas donné de
résultat.
Brossage le2juin 1892. Le 20juillet suivant, on constate que
les
gra¬nulationssontrevenues comme auparavant. Nous n'avons
plus
eude
nouvellesde cette malade.
Observation XXXII
H. L..., quarante-trois ans. Souffrait desyeux depuis
trois
ans,lors¬
qu'il alla àla Cliniquedu DrLagrange. Lediagnostic
porté fut conjonc¬
tivitegranuleuse, avec commencementde pannus. Tous
les traitements
médicaux ayant échoué, on décida de pratiquer le brossage;
cette ope-
ration eut lieu le 17 avril1894.
Huitjours après, une amélioration sensible commença à se
mam-
- âg —
fester;cette amélioration a persisté et, actuellement, il ne reste
plus
quequelques cicatrices
blanches,
qui n'entravent en rien le bon fonc¬tionnementde l'œil ; rien surla cornée.
Observation XXXIII
M.F..., quarante-cinq ans. Malade depuisdeux ansetdemi, lorsqu il
vint àlaCliniquede M. le D1' Lagrange,où il fut brossé le 14 octobre 1896. Les résultats del'opération furent excellents.
Actuellement,
le malade peut travailler,ce qu'il ne pouvait faireavantl'intervention chirurgicale; ilest employéàla mairie. Ne souffre plus desyeux, n'arien sur les conjonctivesni sur lescornées.
Observation XXXIV
H. L...,vingt ans. Souffrait desyeuxdepuis deux mois, lorsqu'il fut brosséle 14 septembre 1893. Huit jours après l'opération, le malade allait
beaucoup
mieux. Au bout d'un mois, il put se livrer à son métier detailleursans éprouverla moindrefatigue,
tandis qu'auparavant ilne pouvaitpastravailler plus d'une demi-heure de suite. Il fit une année de servicemilitaire,
durantlaquelle ilne souffritpas des yeux.Actuellement,
le malade se présente avec unœil droit légèrement rouge, mais sans granulations conjonctivales; d'ailleurs 1injection ne datequededeuxjours; c'estune conjonctivite légère qui cédera vite devantun traitement approprié. L'œil gauche est absolument sain; la conjonctive est lisse; pas de déformation des paupières; rien sur la cornée.Observation XXXV
Mme Louise M...,vingt etun ans. Conjonctivite
granuleuse;
pannus crassus.Lamalade souffrait des yeux depuis cinq ans. Le sulfate de cuivre,le nitrated'argent,le sous-acétate de plomb avaient été succes-S'vement
employés
sans donner de résultat favorable.Brossage, hersage et péritonite au mois de décembre 1893. Le résul¬
tatde l'opération fut parfait.
Actuellement, les yeux de la malade sont parfaitementsains; la
cornée arecouvré sa transparence des deux côtés; les conjonctives ne présentent plus de granulations. La malade n'a pas cessé de travailler depuis six ans à son métier de tailleuse sans jamais souffrir des
yeux.
Observation XXXYI
Louis S..., trente-cinq ans. Conjonctivite granuleuse ancienne,re¬
montant à six ans et ayant provoqué degraves lésions de la cornée.Un premier brossagefut pratiqué au mois de mars 1892, puis
successive¬
ment un second et untroisième dans le courant de la même année.Le maladese représenta à la Clinique de M. le Dr Lagrange au
mois de
mars 1895; son état n'était guère amélioré. L'acuité visuelle de
l'oeil
droit étaitabaissé à1/10; celle de l'œilgauche à 2/3. Nous n'avonspu retrouver ce malade.
Observation XXXYI1
MmeV...,quarante-sixans. N'avait jamais souffert desyeux
jusqu'en
1893, époque où elle s'aperçutque ses yeux devenaientrougeset
étaient
lesiège d'un larmoiement assez gênant. Peu
[à
peu cetétat empira;
unephotophobie intense sedéclara;lavision était trouble, ce
qui décida
cette malade à aller consulter M. le Dr Lagrange. Les
attouchements
au sulfate de cuivre, les instillations de nitrate d'argent ne
firent rien
contre cette conjonctivite granuleuse double, avec pannus
à droite.
Brossage le 9 août 1895. Le résultat de l'opération fut
excellent.
Actuellement, ilne resteplus sur les conjonctives que
des cicatrices
lissesetblanchâtres, ne gênant nullement le
fonctionnement de 1 œil,
on constatesimplement un peude rougeur;cette
conjonctivite légère est
traitée par les lavages boriqués et des instillations au
nitrate d'argent,
ellene date quede quelques jours.