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Etre formateur à l'ère de la politique d'activation...

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Academic year: 2021

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http://lib.ulg.ac.be http://matheo.ulg.ac.be

Etre formateur à l'ère de la politique d'activation...

Auteur : Oliveri, Antonella

Promoteur(s) : Orianne, Jean-François Faculté : Faculté des Sciences Sociales Diplôme : Master en sciences du travail Année académique : 2015-2016

URI/URL : http://hdl.handle.net/2268.2/1516

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1 INTRODUCTION

Le sujet qui sera au centre de mon étude tout au long de ce travail est sans doute l’une des préoccupations majeures que connait notre société actuelle, c’est-à-dire, la question du chômage, de l’emploi et plus précisément des nombreuses questions que suscitent l’activation et l’exclusion des chômeurs.

Depuis le début des années 2000, la question d’une nouvelle façon de penser le chômage et plus précisément d’encadrer les demandeurs d’emploi se fait de plus en plus ressentir. La notion de chômeur ne peut désormais plus être limitée au simple fait de percevoir des allocations de remplacement suite à un manque ou à la perte d’emploi. De plus, la crise économique de 2008 a imposé d’autres règles du jeu, ce qui a permis de franchir une étape importante dans la façon dont la société avait été gérée depuis lors.

Désormais, cette problématique touche l’ensemble des nos sociétés et s’étend au niveau de l’Europe qui tente de maintenir un taux d’emploi stable mais surtout qui vise à introduire ses nouvelles lignes directrices afin de mener à bien la lutte contre le chômage et visant ainsi à favoriser la création d’emplois.

Ce tournant important de nos sociétés modernes prend sa source dans la profonde remise en question du modèle d’Etat providence dans lequel la Belgique s’est inscrite pendant très longtemps. Celui-ci, créé à la fin de la deuxième guerre mondiale traduisait une volonté de solidarité et d’entraide sociale, basée sur le compromis entre la production de richesses et le travail. À cette époque, l’accent était mis en priorité sur le modèle de solidarité ayant comme mission principale d’assurer le bon fonctionnement et l’accès à une sécurité sociale pour tous. Ce modèle a laissé place à ce que l’on appelle aujourd’hui l’Etat social actif qui vient chambouler les logiques et mécanismes de nos sociétés.

En effet, l’état actuel se veut « social » mais pas à n’importe quel prix ! Le contexte économique incertain ainsi que l’accent mis sur le capital ne laisse plus beaucoup de place à ce compromis solidaire et tend à inverser les mécanismes vers une primauté de l’économique sur le social. Le travail, au départ considéré comme un moyen de subsistance afin de produire de la richesse se voit aujourd’hui attribué une toute autre signification prenant le dessus de tous compromis et faisant partie intégrante de l’individu. Celui-ci n’étant plus vu comme un médium mais comme un facteur central de la construction identitaire et du rôle que tout un chacun tient au sein de la société dont il fait partie.

Cette irruption du « travail » en tant que tel comme partie intégrante dans la vie de l’individu n’est nulle sans conséquences et soulève plusieurs questions relatives au lien social et à l’évolution des rapports en société, à la question du sens de la solidarité, à la valeur accordée au travail, à la construction de la norme identitaire et au rapport entre le capital, le travail et l’humain…

Suite à ces grands bouleversements, nous allons constater la mise en place de mesures restrictives concernant le droit au chômage et ce à tous les niveaux : en amont, pour ce qui concerne l’acquisition des droits, ceux-ci sont de plus en plus réglementés, pour les bénéficiaires à moyen ou à long terme qui se verront confrontés à une restriction des droits au niveau de la durée ou du montant des revenus et enfin en aval, où les cas les plus précaires se font ressentir suite aux récentes mise en application de la politique d’exclusion et de la suppression temporaire et/ou définitive du droit au chômage. Ces différentes mesures ont pour objectif premier de réduire au maximum la passivité de ces ayant-droits

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2 et ce par le biais d’accompagnement visant l’activation à travers la mise en application de mesures de contractualisation en vue de parvenir à une certaine forme de responsabilisation.

Ces dispositions concernent en grande partie les populations fragilisées n’ayant pas ou très peu de qualification mais elles touchent aussi de nombreux jeunes qui ont, pour leur part, de plus en plus de difficultés à s’introduire dans le marché du travail.

Ainsi, ces dernières transitions ont fait naître de nombreuses questions et préoccupations au sein de la population qui se voie embarquée dans un système anxiogène et parfois menaçant. En réponse à cela, un grand nombre de personnes ayant été en dehors du marché de l’emploi pendant un certain nombre d’années, se sont précipitées dans les diverses institutions telles que le Forem ou les centres de formations et d’insertion socioprofessionnelle voyant en elles comme une bouée de secours.

Afin de mener à bien ce travail, j’ai eu l’opportunité de réaliser un stage de six mois dans un centre d’insertion socioprofessionnelle qui m’a permis de mettre un pied sur le terrain et de poser les premières observations nécessaires à mon analyse. Aussi, cela a été une bonne façon de rencontrer les professionnels et de voir précisément les réalités, les enjeux ainsi que les difficultés rencontrées au quotidien. Durant ce stage j’ai pu faire des rencontres enrichissantes et j’ai pu apprendre auprès de chacun des collaborateurs. L’étude s’est centrée principalement sur les formateurs ainsi que les aspects qui en sont liés. J’ai pu aussi rencontrer de nombreuses personnes venues pour se former dont les parcours de vie n’ont pas souvent été des plus faciles. Le focus a été principalement porté sur la manière dont les formateurs se définissent dans leur travail tant en ce qui concerne la formation et les activités mises en place, que sur l’aspect relationnel et le contact qu’ils entretiennent avec les stagiaires.

De plus, le travail d’analyse de terrain réalisé dans le cadre du séminaire d’analyse de pratiques professionnelles a permis d’établir une première vue d’ensemble du métier de formateur en centre d’insertion socioprofessionnelle tout en tenant compte du contexte et des politiques actuelles. Cela m’a permis d’analyser toute une série d’aspects liés à l’organisation, au métier mais surtout à la manière dont sont mis en places les dispositifs d’accompagnements et la manière dont les formateurs se positionnent face à ce contexte de mutation institutionnelle.

À la suite de cette introduction, je vais tout d’abord insérer la structure théorique ainsi que les divers éléments ayant été utiles à l’analyse des identités professionnelles. Les théories qui seront principalement utilisées lors de ce travail seront particulièrement consacrées aux études issues du courant interactionniste et plus précisément les éléments apportés par G.H Mead dans son étude consacrée à la construction identitaire mais aussi, je ferais référence à d’autres sociologues tels que C.

Dubar et R. Sainsaulieu à propos de leurs théories sur la construction des identités professionnelles.

La partie qui suivra sera consacrée au cadre méthodologique permettant de comprendre de quelle manière la recherche s’est déroulée, la façon dont les données ont été récoltées ainsi que les étapes qui ont été utiles à l’analyse.

Ensuite, je poursuivrais en procédant à une mise en contexte plus précise du centre qui m’a accueillie en stage. Afin de faciliter l’analyse de la construction des identités au travail, il m’a paru utile d’introduire, dans cette partie, les différents aspects que j’ai pu relever lors d’un précédent travail d’analyse et de diagnostic organisationnel. Ceci aura pour but de poser le cadre et de comprendre les différents aspects de l’environnement au sein duquel les formateurs interagissent faisant partie intégrante de la contextualisation.

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3 Cette mise en contexte va permettre d’introduire le point de départ de mon questionnement à partir de la question suivante : « Quel est l’impact des politiques d’activation sur le travail des formateurs, sur l’organisation de leur travail au quotidien ainsi que dans la manière dont ils se définissent et comment cela est-il vécu ? ». Ce point de départ va permettre de construire la problématisation autour de laquelle le travail de rechercher sera mené. En effet, le contexte dans lequel cette étude a été réalisée ne peut se passer des différentes mutations simultanées que l’asbl a vécu, aussi bien au niveau institutionnel qu’organisationnel.

La dernière étape de ce travail reprendra la partie consacrée à la mise à plat et à l’analyse du matériel empirique. Être formateur à l’ère des politiques d’exclusion fera l’objet de la recherche et sera de ce fait au cœur de l’analyse. Cette dernière étape viendra mettre en perspective tous les aspects relevés lors de la mise à plat des données à l’aide des différents outils théoriques utilisés.

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4 ÉLÉMENTS POUR UNE THÉORIE DES IDENTITÉS PROFESSIONNELLES

L’objectif de cette partie est de mettre en avant les différentes théories utilisées afin d’apporter une analyse claire et argumentée. Dans un premier temps, il m’a fallu étudier de plus près les mécanismes de stratégies identitaires, les différents positionnements ainsi que le champ des tensions possibles. Je commencerais en citant les théories apportées par G.H Mead dans la théorie du « SELF », à cela viendront s’ajouter les différents apports de C. Dubar et R. Sainsaulieu et ensuite, le troisième outil théorique m’a été utile afin de mieux cerner les enjeux du secteur, et ce grâce aux théories de B. Ravon et J. Ion liées à l’analyse des identités des travailleurs sociaux. Une approche théorique des réactions au mécontentement est également abordée grâce aux apports de G. Bajoit.

A. Une théorie dualiste de l’identité : le « SELF »

Dans le cadre de l’analyse des processus de constructions identitaires, je ferais principalement référence aux concepts théoriques apportés par Mead issu de l’école interactionniste de Chicago.

L’auteur souligne le caractère dualiste de ce mécanisme et met en avant différents aspects théoriques.

Dans son ouvrage, Mead soutient le concept de « behaviorisme social » c'est-à-dire qu’il attire l’attention sur le comportement humain qu’il souhaite distinguer du comportement animal. Il part de l’idée que l’homme ne naît pas avec une identité, un « soi » bien définit qu’il reçoit dès sa naissance mais plutôt du fait qu’elle est le résultat d’un construit basé sur un processus social qui met en interaction l’individu avec d’autres. Il cite le groupe d’appartenance comme la source autour de laquelle gravitent certaines activités coopératives. Mead introduit également la notion d’interaction basée sur la communication et plus particulièrement de la question du symbole. Ces symboles ou gestes symboliques sont en fait des stimuli permettant l’interaction communicative qui vient renforcer le langage. Ces stimuli agissent tels des connexions permettant tant à l’émetteur qu’au récepteur de

« capter » le message et d’anticiper la réponse de manière générale. Il constitue cette théorie par le fait que l’homme peut choisir de répondre aux stimuli de la manière dont il souhaite mais aussi du moment où il souhaite la manifester ce qui implique, selon Mead, l’existence de ce qu’il nomme « activités sociales organisées ».

1. Jeu libre et jeu réglementé

Pour expliquer l’idée de « conditions sociales » au sein desquelles le soi peut se constituer, l’auteur apporte le concept du jeu libre et du jeu réglementé. Il prend notamment l’exemple de l’enfant dans un contexte d’interaction qu’il définit comme des êtres vagues qui ne peuvent construire leur personnalité qu’à travers l’expérience autour de relations sociales organisées:

« La différence fondamentale entre le jeu libre et le jeu réglementé est que, dans ce dernier, l’enfant doit maîtriser les attitudes de tous ceux qui y participent. Les attitudes des autres que le joueur assume s’organisent en une unité et cette organisation contrôle sa réponse. En endossant les rôles des autres équipiers, il détermine chacun de ses propres actes. Son action est contrôlée par le fait d’être chaque autre équipier, au moins dans la mesure où leurs attitudes affectent sa réponse particulière. » (Mead 2015 : 222)

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5 Selon Mead c’est le groupe social, qu’il nomme aussi la communauté organisée qui permet à l’individu d’atteindre l’unité de son « soi ». Il précise en ce sens que « l’attitude d’Autrui généralisé est l’attitude de la communauté en totalité. » (Mead 2015 : 223)

Mead insiste sur le fait que l’individu ne peut développer un « soi » complet et se réaliser que lorsqu’il assume et adopte les attitudes de son groupe social organisé en accord avec l’activité coopérative.

C’est cet Autrui généralisé qui influence et oriente les processus de construction de l’identité.

L’individu s’engage dans une communauté avec laquelle il s’assimile et qui exerce non seulement un pouvoir d’influence sur ces conduites mais elle joue également le rôle de contrôleur.

« L’individu humain conscient de soi adopte donc les attitudes sociales organisées du groupe social dont il est membre. Ces attitudes concernent les différents problèmes sociaux qui se posent à ce groupe ou à cette communauté à un moment donné, émergeant en relation aux projets sociaux ou aux entreprises coopératives qui les mobilisent. En tant que participant individuel à ces projets sociaux ou à ces entreprises coopératives, l’individu gouverne sa propre conduite en conséquence. » (Mead 2015 : 224)

2. Le « je » et le « moi »

Mead établit une distinction entre le « je » et le « moi ». Il s’est, dans un premier temps, centré sur le fait que le soi résulte d’une adaptation à une organisation d’attitudes sociales. Il souhaite dans un second temps, apporter des notions supplémentaires quant à la nature de ce « je » ainsi que du « moi » qu’il considère comme étant la partie consciente du rôle de l’individu dans un groupe social ainsi que de l’acceptation des attitudes qui en découlent. Il souhaite revenir sur cette dualité du soi, composé du

« je » et du « moi » et en ce qui concerne les processus d’ajustements du comportement en réponse à un contexte donné. Selon lui, le « je » est ce qui est étroitement lié à l’individu lui-même et aux rapports qu’il entretient avec lui-même notamment lorsqu’il se parle et qu’il est en introspection.

Ainsi, le « je » réagit au « soi » qui se construit en interaction avec l’autrui généralisé avec lequel l’individu adopte les attitudes. Entre ce « je » et ce « soi », Mead définit la présence et le rôle du

« moi ». Il relie principalement le « je » à l’expérience qu’un individu se fait de manière individuelle qu’il relie également à la mémoire ainsi qu’à tout ce qui concerne la perception propre d’une situation.

Pour parvenir à se former un « soi » plus ou moins cohérent et en accord avec un groupe social auquel l’individu se définit comme membre, le « moi » se trouve comme l’intermédiaire qui joue un rôle que l’on pourrait qualifier de « médiateur ».

« Le « je » est la réponse de l’organisme aux attitudes des autres ; le « moi » est l’ensemble organisé des attitudes des autres que l’on assume soi-même. Les attitudes des autres constituent le « moi » organisé, auquel on réagit comme « je » ». (Mead 2015 : 239)

Mead insiste sur le fait que l’individu est conscient de lui-même ainsi que de la situation, que le « je » entre en relation avec le « moi » mais aussi avec la situation sociale qui fait partie intégrante de son expérience. Si bien que le « je » répond au « moi », la réponse n’est jamais totalement disponible qu’au moment où se déroule l’action. Il tient également à souligner le fait que le « je » n’est jamais entièrement déterminable c'est-à-dire qu’il dépend du contexte et des obligations ainsi que des attitudes auxquelles l’individu, dans sa position par rapport au groupe social, est attendu de répondre.

Ce « je » est alors soumis à de diverses configurations. On peut dès lors souligner le caractère variable, évolutif ainsi que la dualité du processus social de formation identitaire.

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6 3. La notion d’ « esprit » au cœur du processus social

L’auteur introduit la notion d’ « esprit » pour désigner ce qui se trouve au cœur même du processus entre le « je » et le « moi ». C’est ce qu’il décrit comme l’élément nécessaire à l’intériorisation de ce processus par l’individu. Mead souhaite attirer l’attention sur le caractère préexistant d’un processus social par rapport à la conscience de soi de l’individu.

« Que ce soit dans la situation physiologique ou sociale, il ne peut y avoir d’individu sans le processus dont il est partie prenante. L’intelligence humaine devient possible dès lors que le processus social est introduit, via la conversation de gestes, dans la conduite de l’individu. Un nouveau genre d’individu se forme alors, caractérisé par la possibilité de nouvelles réponses. » (Mead 2015 : 251)

4. Le « je » et le « moi » comme phase de processus du soi

Selon l’auteur, cette phase est un moyen d’expression conscient du « soi » qui consiste soit en l’affirmation du « soi », soit dans le dévouement du « soi » pour la cause d’une communauté à laquelle il s’identifie. Elle soulève la question de la reconnaissance de soi par l’individu ainsi que la question de l’appartenance qui en découle. C’est dans le but de se reconnaitre dans une cause ou un groupe social que l’individu va manifester une attitude d’affirmation ou de dévouement.

« Une certaine dynamique d’ajustement et de réajustement prend place. Nous disons d’un individu qu’il est conformiste si ses idées sont conventionnelles, identiques à celles de ses voisins. Il est à peine plus qu’un « moi » dans ces circonstances et s’ajuste à minima, pour ainsi dire inconsciemment, à son environnement. Par contraste avec ce « moi », la forte personnalité réplique à l’attitude organisée en produisant des différences significatives. Pour cette personne, le « je » est la phase d’expérience la plus importante. Le « moi » et le « je » sont les deux phases qui se combinent dans le soi. » (Mead 2015 : 260)

5. La réalisation du soi dans la situation sociale

Comme il en a déjà été question précédemment, le contexte, l’environnement ou la situation sociale est l’espace à l’intérieur duquel l’individu se fait son expérience ainsi que la réflexion qu’il mène par rapport à un modèle social organisé.

« Il y a diverses façons de se réaliser. Puisque le soi est social, c’est un soi qui se réalise par sa relation avec les autres. Les autres doivent lui reconnaître les valeurs mêmes qu’il voulait posséder. Il se réalise, d’une certaine façon, en affirmant sa supériorité sur les autres et en reconnaissant son infériorité par rapport à eux. » (Mead 2015 : 264)

B. L’identité comme un construit social

Dubar met en avant dans ce chapitre la double dimension du processus de construction des identités mais surtout, il souhaite prouver son caractère indissociable.

« La conceptualisation esquissée dans ce chapitre refuse de distinguer l’identité individuelle de l’identité collective (Tap, 1980) pour faire de l’identité sociale une articulation entre deux transactions : une transaction « interne » à l’individu et une transaction « externe » entre l’individu

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7 et les institutions avec lesquelles il entre en interaction. L’approche accorde une importance aussi grande aux processus « culturels » qu’aux stratégies d’ordre « économique ». » (Dubar, 2015 : 103)

1. La question de la dualité

Dans ce premier concept, l’auteur a pour objectif de démontrer la dualité dans le social. Il revient sur plusieurs études antérieures et notamment sur les théories apportées par Freud (1913) dans la question de la division du Soi. « Le Moi est traversé par des conflits permanents entre le Ça, porteurs de tous les désirs refoulés, et le Surmoi, siège des normes et des interdits sociaux. » (Dubar, 2015 : 103) L’auteur s’inspire également d’autres théories pour expliquer la nature variable et évolutive des identités. Il cite également Erikson (1968) afin d’illustrer cette idée : « l’identité n’est jamais installée, puisque l’environnement du Moi est mouvant et que l’individu traverse nécessairement des crises d’identités liées à des « fissures internes du moi ». (Dubar, 2015 : 104)

En ce sens, Dubar parle lui aussi de division interne de l’identité ainsi que de la dualité qui la définit. Il met en avant l’étroite corrélation qui existe entre les facteurs internes et les facteurs externes qui participent à la construction de l’identité qu’il nomme : l’identité pour soi et l’identité pour autrui. Il cite Laing (1961) pour illustrer ses propos : « identité pour soi et identité pour autrui sont à la fois inséparables et liées de façon problématique. Inséparables puisque l’identité pour soi est seconde et corrélative d’Autrui et de sa reconnaissance : je ne sais jamais qui je suis dans le regard d’Autrui.

Problématiques puisque l’expérience de l’autre n’est jamais directement vécue par soi…en sorte que nous comptons sur nos communications pour nous renseigner sur l’identité qu’autrui nous attribue…et donc pour nous forger une identité pour nous-mêmes. » (Dubar, 2015 : 104)

Il faut donc retenir de ce premier point, que l’identité n’est pas construite une bonne fois pour toute et que sa définition dépend donc de la construction qu’elle poursuit tout au long de la vie lorsqu’elle entre en interaction avec autrui et les institutions dans un moment et un contexte donné. Dubar souligne les caractéristiques suivantes :

La construction de l’identité est à la fois:

- Stable et provisoire - Subjective et objective - Biographique et structurelle

La question de la dualité mise en avant par Dubar qui s’est lui-même inspiré par d’autres auteurs, sera utile dans l’analyse de la problématique car elle nous aidera à détecter les différentes tensions identitaires possibles. Il y a tension identitaire lorsque l’identité pour soi et pour autrui se veut menacée et lorsque l’on observe chez l’individu une forme de dissonance cognitive. Il sera intéressant dès lors, de tenter de repérer quelles sont les stratégies identitaires mises en place.

2. Un processus d’articulation

Ce que Dubar tente de développer, c’est l’idée autour de laquelle cette construction identitaire constitue une sorte de mécanisme articulé. Il parle notamment d’un processus d’identification à certaines catégories sociales au sein desquelles l’individu tente de se définir en fonction du degré d’appartenance à celles-ci. Il précise également qu’un individu a toujours le choix d’accepter ou de refuser de s’identifier à certaines catégories avec lesquelles il se trouve confronté. En effet, il faut distinguer les actes d’attribution qui visent à définir qui est l’individu dans la façon dont il est perçu

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8 par autrui et les actes d’appartenance qui sont, quant à eux, ce qui permet à l’individu d’exprimer qui il est et comment il se définit. C’est ce que l’auteur souligne en mettant l’accent sur l’articulation de deux processus hétérogènes.

2.1. L’attribution :

Elle regroupe principalement les institutions et les agents qui entrent en interaction directe avec l’individu. L’analyse de ces facteurs ne peut être menée qu’à l’intérieur du contexte dans lequel se joue l’interaction. C’est ce que Dubar nomme le système d’action. À l’intérieur de ce système d’action se trouvent toutes les catégories sociales concernées par le processus et qui ont toutes, à un moment donné, un certain degré de légitimité.

2.2. L’incorporation :

L’acte d’incorporation n’est en réalité que la façon dont les individus intériorisent les facteurs qui contribuent à la formation de l’identité pour soi et par eux-mêmes. Cette dimension ne peut être analysée que si l’on prend en considération l’histoire et le parcours de vie propre à la personne.

L’auteur cite également Goffman (1963) car il le rejoint dans ce sens en parlant, quant à lui, d’un

« processus d’étiquetage » au sein duquel il nomme l’attribution comme « l’identité virtuelle » et l’incorporation comme étant « l’identité réelle ».

2.3. Des stratégies identitaires :

Pour reprendre les termes de Goffman, lorsque l’identité sociale virtuelle entre en désaccord avec l’identité sociale réelle alors l’individu peut mettre en place des stratégies identitaires afin de réduire cette dissonance. Lorsque les deux identités sociales ne vont pas dans le même sens, on peut alors observer deux formes de stratégies possibles ayant toutes deux pour but de réduire les écarts :

- La transaction externe : l’individu tente d’accommoder l’identité pour soi avec celle pour autrui

- La transaction interne : l’individu entre dans un processus d’assimilation de l’identité de soi avec celle de l’autrui.

En ce qui concerne ce mécanisme de transaction et de stratégies identitaires, Dubar cite également Piaget et Mead qui qualifient celui-ci de processus d’équilibration pour le premier et de mécanismes de reconnaissance de soi pour le second.

En résumé, les stratégies identitaires combinent à la fois systèmes d’action et trajectoires, subjectivité et objectivité, continuité et discontinuité mais elles sont surtout le résultat de constructions conjointes mettant en scène la négociation identitaire.

3. La typification

L’auteur se base sur les apports de Berger et Luckman (1966) pour définir ce qu’il appelle plus précisément schéma de typification. C’est ce qu’il décrit, en s’inspirant également d’Erikson (1968) comme étant le point commun de référence permettant la transaction entre le processus biographique et relationnel : « impliquant l’existence de types identitaires, c'est-à-dire « d’un nombre limité de modèles socialement significatifs pour réaliser des combinaisons cohérentes d’identifications fragmentaires ». Ces catégories particulières servant à identifier les autres et à s’identifier soi-même sont variables à la fois selon les espaces sociaux où s’exercent les interactions et selon les

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9 temporalités biographiques et historiques dans lesquelles se déroulent les trajectoires. » (Dubar, 2015 : 110)

Même s’il est impossible de déterminer avec certitude le degré de légitimité de ces « catégories générales officielles », l’étude du matériel empirique peut parfois tenter d’apporter quelques éléments pertinents quant à la façon dont elles peuvent être hiérarchisées et de la manière dont on peut établir des correspondances entrent-elles. Il faut également noter que ces catégories sont elles-mêmes amenées à évoluer dans le temps et il est possible, par conséquent, que certaines catégories sociales auparavant identifiées comme centrales et légitimes se transposent en catégories complémentaires.

C’est à ce stade qu’il devient intéressant de repérer quels ont été les facteurs ayant eu un impact plus ou moins fort ainsi que les éventuelles déceptions et « déchirures » identitaires faisant ainsi « muter » une catégorie d’un stade à un autre. C’est à travers cette analyse qu’il est aussi important de remarquer que les catégories qui servent de référence et lieu de rencontre entre l’identité pour soi et l’identité pour autrui n’existent en réalité qu’à travers le vécu que chacun des individus se constitue.

4. Le processus identitaire biographique

Depuis les années 60, les éléments qui ont permis de constituer les catégories centrales dominantes tournent principalement autour des domaines liés au travail, à l’emploi et à la formation. L’auteur souligne également l’étroite correspondance qui existe entre la valeur travail et la formation. Il cite à ce propos Schnapper (1989) : « si l’emploi est de plus en plus central pour les processus identitaires, la formation lui est de plus en plus étroitement liée. » (Dubar, 2015 : 112).

Dubar s’inspire à plusieurs reprises de la psychanalyse afin d’expliquer l’émergence du processus identitaire et plus précisément l’origine à laquelle elle peut se rattacher. L’enfant hérite, dès la naissance, d’une catégorie sociale et centrale à son évolution et plus particulièrement à sa construction identitaire personnelle avant même d’entrer en interaction avec les premières institutions et les pairs avec qui il entretiendra des expériences relationnelles. Il peut dès lors prendre conscience qu’il appartient à une catégorie de genre, fille ou garçon, à une culture spécifique, à des confessions religieuses ou à des idéologies particulières qu’il reçoit directement de par son éducation au sein d’un milieu familial, ceci représente la sphère primaire de socialisation. Dubar insiste sur le fait que cette dimension importante de la norme identitaire n’est pas choisie mais héritée et « conférée par les institutions et les proches ». On peut alors qualifier l’identité biographique primaire d’identité reçue, elle-même issue d’un milieu social d’appartenance et donc d’une certaine façon, construite à partir des rapports relationnels avec la sphère familiale à travers laquelle l’enfant tente de se constituer un système de référence. Ce n’est qu’une fois entré en relation avec ses pairs, qu’il identifie comme tels qu’il pourra commencer à se construire une identité pour autrui.

« De cette dualité entre notre identité pour autrui conférée et notre identité pour soi construite, mais aussi entre notre identité sociale héritée et notre identité scolaire et professionnelle visée, nait un champ du possible dans lequel se déploient dès l’enfance, à l’adolescence, puis tout au long de la vie, toutes nos stratégies identitaires. » (Dubar, 2015 : 112, 113).

5. Le processus identitaire relationnel

Dubar revient, dans cette partie de son ouvrage, à une définition des jeux de pouvoirs et des comportements stratégiques au sein d’une organisation. Il cite Sainsaulieu : «La façon dont les différents groupes au travail s’identifient aux pairs, aux chefs, aux autres groupes, l’identité au travail est fondée sur des représentations collectives distinctes, construisant des acteurs du système social d’entreprise. Cette définition, contrairement à celle qui découle de la perspective biographique, ancre

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10 l’identité dans « l’expérience relationnelle et sociale du pouvoir » et fait donc des rapports de travail le « lieu » où s’expérimentent « l’affrontement des désirs de reconnaissance dans un contexte d’accès inégal », mouvant et complexe au pouvoir. » (Dubar, 2015 : 115).

L’on constate qu’en ce qui concerne l’identité au travail, on retrouve le besoin de reconnaissance tout comme dans le processus d’identité biographique puisqu’elle implique aussi une appartenance à un groupe, une catégorie sociale. Ce besoin est soumis à de nombreuses déceptions, incompréhensions et pour reprendre le terme utilisé par l’auteur, de « déchirures » plongeant ainsi l’individu dans un contexte relationnel hostile, inégal et où les jeux de pouvoirs priment quelques fois sur la compétence ou la qualité de la personne.

6. L’identité relationnelle dans un espace-temps générationnel

Le processus de construction identitaire est à la fois basé sur des facteurs hérités parfois d’une génération à l’autre mais l’articulation et le processus même de transaction, lui, ne peut pas se transmettre de génération en génération puisque chaque individu se construit sur base de son identité biographique en interaction avec la dimension relationnelle qui dépend, quant à elle, d’un contexte dans une époque et dans un moment donné. C’est cette dimension historico-temporelle qui fait partie intégrante du « contexte » au sein duquel se déroulent l’interaction.

C. Des identités collectives et de la reconnaissance de soi dans le travail

Tout comme Dubar, Sainsaulieu soutien une argumentation selon laquelle l’individu se construit une identité professionnelle en fonction du contexte, des différentes logiques d’acteurs ainsi que de la manière dont ils se positionnent par rapport à la hiérarchie, aux collègues ainsi que la façon dont se forment, se déforment ou se maintiennent certaines logiques d’actions collectives. C’est la question du besoin de reconnaissance ainsi que de la confrontation au milieu du travail et les différentes tensions que l’individu peut ressentir tout au long de son expérience. Sainsaulieu s’inspire de différentes disciplines telles que la psychologie industrielle et les théories des relations humaines américaines :

« Cette problématique de psychologie industrielle à ses débuts, et reformulée par la théorie des relations humaines américaines, a trouvé une seconde reformulation dans le développement plus récent de recherches en psychologie et sociologie des organisations. De ces renouvellements théoriques, nous retiendrons l’idée fondamentale que la satisfaction des motivations individuelles est profondément affectée et transformée par l’expérience des conflits et des tensions psychologiques se développant autour des ambiguïtés de rôles et de rapports de pouvoirs qui en découlent. » (Sainsaulieu : 2014, 400)

Sainsaulieu élabore une typologie des identités au travail. Selon lui, il existe quatre styles de relations au travail avec lesquelles les acteurs sont plus ou moins proches. Ces différentes typologies ont été établies en fonction des relations de travail mais aussi dans la manière dont les acteurs perçoivent et se positionnent face aux différences de perceptions, d’attitudes et de processus de socialisation.

Il identifie deux formes de contradictions possibles au sein du contexte de travail ; la première concerne l’opposition de l’action collective à l’individuelle, la seconde est en lien avec la manière dont les acteurs manifestent leur alliance ou leur opposition face à des situations problématiques de l’organisation. L’auteur identifie les quatre positionnements suivants :

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11 - Le retrait : l’individu se positionne en fonction de ses propres préférences individuelles qu’il peut parfois être amené à combiner avec les stratégies d’opposition. Cette position témoigne une sorte de désintérêt pour l’autre. Au-delà de toutes formes de désintérêt, c’est la difficulté à percevoir les différences de perceptions des autres sur le plan cognitif comme sur le plan relationnel.

- La fusion : ce positionnement de l’individu accorde beaucoup d’importance à la cohésion de groupe et à un système de préférences plutôt démocratiques, c’est-à-dire qu’il aura tendance à œuvrer pour aboutir à une combinaison entre préférence collective et stratégie d’alliance.

Cette recherche d’alliance aura comme conséquence que l’individu aura tendance à manifester une grande sensibilité aux divergences cognitives qui peut mener jusqu’à un affaiblissement des rapports avec les pairs représentant ainsi une menace pour la cohésion et le pouvoir de décision et d’opposition du groupe.

- La négociation : cette position soulève la question du compromis. L’individu est fort sensible aux relations interpersonnelles qu’il marquera d’une méfiance plus ou moins forte à l’égard des positions divergentes. Dans cette configuration, la cohésion n’est pas le but recherché car les acteurs se focalisent sur les problèmes liés à l’ambiance et aux rapports humains. On retrouve également une crainte de l’autorité.

- Les affinités : ce positionnement va allier les préférences individuelles aux stratégies d’alliances. Contrairement au modèle fusionnel, le but recherché n’est pas la solidarité de groupe mais plutôt l’alliance dans la poursuite d’intérêts individuels convergents.

(Sainsaulieu : 2014, 403)

D. Les stratégies identitaires

Bien que ces deux derniers points du cadre théorique aient été développés à titre complémentaire, ils n’en demeurent pas moins pertinents pour l’analyse des stratégies identitaires et la façon dont les acteurs se positionnent et réagissent aux diverses tensions et situations problématiques qu’ils abordent tout au long des entretiens. À travers ces concepts théoriques, Bajoit souhaite apporter un élément supplémentaire aux célèbres théories d’Hirschman ; « exit », « voice », « loyalty ».

a. La théorie d’Hirschman

La théorie d’Hirschman est basée sur l’analyse des comportements dans une logique plutôt rationnelle et utilitariste. En ce sens, l’individu se positionne dans une logique de « calcul, coût/bénéfice » et va choisir la solution qui va lui garantir un meilleur bénéfice avec le moins de contraintes possibles.

Hirschman base sa théorie sur trois concepts :

- Exit : cette première façon de manifester sa réaction face au mécontentement est celle de partir, quitter la première option pour une autre. C’est ce qu’on appelle également

« défection » c'est-à-dire que l’individu s’extrait de toute interaction ou toute volonté de négociation, de soumission ou de coopération dans un contexte donné.

- Voice : dans cette deuxième hypothèse de réaction possible, l’individu n’est plus en accord avec le système, l’autorité ou la solution existante. Il n’y adhère plus, ne s’y identifie plus et manifeste son mécontentement par la protestation. Il souhaite se faire entendre et s’il y parvient, obtenir satisfaction. Dans cette configuration, l’individu n’est pas dans le refus de

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12 coopérer, il entre plutôt dans une phase de conflit, de négociation où il recherche une adaptation, un réajustement. L’interaction est toujours présente et active.

- Loyalty : dans ce cadre ci, l’individu, même s’il ne se trouve pas en accord avec l’organisation à laquelle il appartient, va hésiter à partir. Cependant, Hirschman considèrent que le « loyal » est fidèle tant qu’il ne décide pas de quitter même s’il désire à un moment donné manifester toute forme de protestation ou de mécontentement.

b. Les apports de Bajoit à la théorie

Selon lui, le mécontentement ainsi que les réactions qui en découlent peuvent être envisagées dans un contexte plus large. La première critique qu’il adresse est donc le fait que le mécontentement n’est pas uniquement lié au paradigme utilitariste. Il faut dès lors se pencher sur les interactions et les relations sociales au sein desquelles l’individu se situe. Bajoit n’en abandonne pas pour autant le modèle du

« calcul, coût/bénéfice », cependant il relie cette notion avec les relations sociales de l’individu, et ce, dans divers contextes possibles. Au trois concepts « exit », « voice », « loyalty », il introduit la notion d’apathie.

« On suppose que tout individu insatisfait cherche à rétablir une balance gains/coûts qui lui paraît acceptable et que, à cette fin, il choisit, parmi les diverses réactions possibles, celle qui lui semble la plus adéquate, étant donné l'idée qu'il se fait des effets probables de chacune d'entre elles. Ainsi, s'il choisit par exemple l'apathie, c'est parce qu'il pense que les trois autres réactions risquent de lui coûter plus et de lui rapporter moins, étant donné sa position actuelle dans la relation sociale au sein du système d'interaction. » (Bajoit, Revue française de sociologie, 1988, 29-2 :327)

Ci-dessous, un schéma récapitulatif des réactions individuelles au mécontentement :

Réactions de mécontentement

Partir : Exit Rester : Loyalty = défection

Voice Se taire

Participation Participation Active Passive : Apathy

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13 E. Les identités professionnelles des travailleurs sociaux

Les auteurs, Ravon et Ion, souhaitent mettre en lumière les nombreuses transitions que ce domaine d’activité a connues ces dernières années. Ils soulignent également l’évolution des politiques sociales ainsi que des mesures qui en découlent et avec lesquelles les travailleurs sociaux doivent trouver un ajustement, un juste milieu, un positionnement. Il s’agit aussi de rendre compte de la multiplication des intervenants dans le travail social et de l’apparition de « nouveaux postes ». Dans ce cadre ci, je poserais mon attention sur les concepts en lien direct avec le domaine de l’insertion afin de faire ressortir quelques concepts utiles.

a. Du cas des professionnels de l’insertion par l’économique

Le métier de formateur ainsi que l’ensemble des professionnels de l’insertion a comme première particularité la grande étendue des champs d’action. En effet, ces personnes dont la mission est la prise en charge et le suivi de l’insertion sociale et professionnelle d’une catégorie de la population définit comme « défavorisés » en termes d’accès à l’emploi mais aussi en ce qui concerne les conditions socio-économiques et dont le niveau d’éducation est souvent faible. On peut retrouver cette catégorie de professionnels dans des missions locales pour l’emploi, dans les institutions telles que le CPAS et le Forem, les régies de quartiers ou encore dans le réseau associatif. Selon les auteurs, cette diversité des champs d’actions a aussi comme conséquence une multiplication d’acteurs intervenant dans la sphère du travail social et dans laquelle on y retrouve une hétérogénéité de profils dont la formation de base n’est parfois pas en lien direct avec le social.

Au-delà de cette mutation du social, de ses politiques, de son champ d’action ainsi que de la complexification et de la multiplication du nombre d’intervenants, les auteurs mettent en avant quelques particularités du secteur des professionnels de l’insertion par l’économique. Ils pointent du doigt certaines difficultés :

- La question de la pertinence du poste : il est quelque peu compliqué de distinguer de la pertinence dans l’action et de la place qu’occupent les travailleurs sociaux traditionnels par rapport aux « nouveaux intervenants ». Ces nouveaux acteurs, qui sont souvent des professionnels détenteurs du savoir-faire d’un métier en particulier mais qui ont aussi comme fonction principale de former, de promouvoir et d’accompagner les personnes en insertion socioprofessionnelle. La question de la pertinence de la place qu’ils occupent et qu’ils viennent partager aux côté des professionnels du social, quant à eux reconnus par leur diplôme officiel, est l’une des premières difficultés où la frontière est parfois difficile à délimiter. Cette difficulté est aussi bien présente chez les acteurs, du fait de la définition et le champ d’application des tâches qui leurs incombent mais aussi pour le public qui voie une structure plus complexe et qui parfois se perd dans toutes ces spécificités.

- La question de la finalité de l’action menée : à la question de la difficulté de faire une nette distinction entre les professions « traditionnelles » et les « nouveaux intervenants », s’ajoute toute l’ambiguïté qui est issue de l’insertion par l’économique. En ce sens, les auteurs soulignent la difficulté de distinguer l’objectif poursuivi de la mission de base. Il existe en effet, une incompréhension en ce qui concerne la nécessité de produire et de générer une activité économique avec la mission de base qui vise à l’émancipation, l’apprentissage et l’insertion des personnes engagées dans ce type de modèle d’insertion. Cette ambiguïté n’est

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14 pas sans effet notamment dans la question de l’identité professionnelle et la manière dont les professionnels s’y reconnaissent et se définissent.

« Dans ces entreprises à l’objectif ambigu, à la fois économique et social, cette absence de distinction entre les postes à dimension « économique » et à dimension sociale n’est pas fortuite. Elle incombe peut être d’avantage à la spécificité des structures d’insertion par l’économique où la frontière entre l’ « économique » et le « social » est particulièrement difficile à tracer. » (Ravon et Ion 2012 : 53) Le modèle d’insertion par l’économique demeure une critique au travail social.

« De ce fait, le travail proprement social d’accompagnement se trouve déprécié ou du moins rendu invisible en tant que tel : identifié comme assistance, il pourrait bien devenir contre productif au sens d’un frein à la productivité nécessaire des entreprises d’insertion. Inversement, la dimension sociale propre à ses structures est une ressource économique : sans insertion sociale pas de subventions, voire pas de marché protégé. » (Ravon et Ion 2012 : 54 et 55)

b. De l’émergence de « nouveaux intervenants »

L’apparition de ces nouvelles fonctions dans l’action sociale va engendrer une participation croissante d’intervenants non issus du milieu de l’insertion sociale mais qui ont, dans l’expertise de leur métier, une position importante dans le processus d’accompagnement et de formation. Ces intervenants se trouvent dans une identité professionnelle pouvant parfois être bouleversée.

« Aussi, la nouveauté n’est peut être pas tant à chercher dans la spécificité des fonctions exercés que dans le contexte de la mise en place des emplois aidés. C’est que, loin de s’inscrire d’emblée dans une logique de professionnalisation, ils ressortissent d’abord d’une politique de l’emploi. » (Ravon et Ion 2012 : 57)

c. Des perspectives incertaines

Étant donné que certains de ces emplois sont issus directement du contexte et des politiques sociales qui en sont à l’origine, il peut parfois y avoir un sentiment d’incertitude quant à l’évolution du secteur.

d. De la mission d’aide et d’émancipation

Aujourd’hui, l’activation ainsi que la menace d’exclusion vient affaiblir cette perspective en transformant la vision à long terme en climat variable et incertain. Les professionnels se trouvent tout aussi imprégnés de ce sentiment d’incertitude mêlé parfois avec un sentiment d’impuissance et d’incompréhension. À cela s’ajoutent le caractère sélectif et restrictif de l’accès à l’aide et à l’accompagnement. Certains éprouvent dès lors une sorte d’inconfort face aux procédures de sélections.

«Identifiés par un défaut, un manque ou un écart, maladie, « handicap socioculturel », « misère matérielle », « troubles du comportement », etc. Ils sont simultanément encadrés par l’horizon d’éducation ou de rééducation, d’insertion, de guérison, d’intégration, de développement, etc. » (Ravon et Ion 2012 : 78)

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15 e. De la relation d’aide et de l’aggravation du public

L’évolution des politiques a mené à une remise en cause du travail social mais il a eu aussi comme effet le « désenchantement » du social. Les professionnels se retrouvent face à une transformation inévitable de la relation d’aide. En effet, les politiques d’exclusion ont fait émerger toute une catégorie de personnes qui étaient restées longtemps en « décrochage » avec l’ensemble du tissu social. En plus de la fragilisation du public, nous assistons à une vision négative de ces bénéficiaires à qui l’ont impute l’entière responsabilité de leur situation d’exclusion. De plus en plus de professionnels pointent du doigt la nécessité et la primauté de l’insertion sociale sur la dimension éducative et professionnelle.

Les bénéficiaires manifestent des besoins s’étendant avant tout sur les capacités relationnelles, la création et le maintien d’un réseau, la confiance en soi, les assuétudes et toutes formes de dépendances. La question qui se pose est donc celle de la mutation de la relation d’aide et les ressources dont disposent les professionnels sont-elles encore en mesure d’optimiser l’accompagnement ? Les auteurs soulignent également un changement dans la logique et la perception de la relation d’aide :

« Le travail avec autrui s inscrit dans une logique de prise en compte ; le « faire-avec », d’avantage que dans une logique de prise en charge ; « faire-pour ». » (Ravon et Ion 2012 : 80)

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16 F. Modèle d’analyse

Afin d’établir un cadrage théorique clair et complet, plusieurs auteurs ont été cités. Pour faciliter la compréhension et résumer les différents concepts, il m’a paru utile d’établir un modèle d’analyse comme suit :

Le schéma ci-dessus a pour but de reprendre les différentes lunettes théoriques qui ont servis à poser les balises de ce cadre théorique. Il sert également de point de repères afin d’avoir une vision large et synthétisée des concepts qui vont servir à la recherche dans l’analyse du matériel empirique.

Cette figure reprend les concepts qui sont les suivants :

Dans un premier volet, nous retrouvons toutes les théories permettant de comprendre la construction des identités professionnelles. Dans un premier temps, Mead (A) nous apporte une vision assez élargie de la construction identitaire. Il soulève principalement la question d’une identité dualiste qui se base sur un compromis entre les valeurs propres à l’identité biographique et celles apportées par l’autrui généralisé. Ensuite, ces concepts sont renforcés par Dubar (B) qui apporte à cette question de dualité de la norme identitaire quelques notions supplémentaires. En effet, l’auteur met en avant l’identité pour soi et l’identité pour autrui et souhaite souligner le caractère évolutif et par conséquent non définitif de ce processus. Enfin, Sainsaulieu (C) souligne, par ses théories des typologies identitaires au travail, que ces formes d’identités construites sur un principe de dualité peuvent constituer des

« modèles » identitaires qui varient en fonction du contexte et d’un moment donné.

Dans le deuxième volet, il s’agit de saisir les différents concepts de stratégies identitaires. C’est ce que Bajoit (D) nome les réactions au mécontentement. Il s’inspire d’Hirschman et identifie plusieurs types de réactions possibles à travers lesquelles les acteurs se positionnent et passent d’un modèle à l’autre en fonction de l’environnement dans lequel se déroulent les interactions. Enfin, Ravon et Ion (E) apporte une vision éclairée sur l’évolution des identités professionnelles des travailleurs sociaux.

Thèmes et concepts théoriques

1er volet : A, B, C

Dualité et processus de construction identitaire :

Théorie du Self (Mead)

Identités pour soi, Identités pour autrui (Dubar)

Typologie des identités au travail (Sainsaulieu)

2ème volet : D, E

Identités des travailleurs sociaux et stratégies

identitaires :

Les réactions au mécontentement (Bajoit et Hirschman)

Les travailleurs sociaux (Ion et Ravon)

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17 METHODOLOGIE

Dans cette partie du travail, il sera intéressant d’apporter quelques précisions sur la manière dont l’étude s’est déroulée ainsi que sur la façon dont les données relatives au matériel empirique ont été récoltées. Il s’agira d’expliciter la démarche, les entretiens, le choix des personnes interviewées et le choix du terrain de recherche.

1. L’observation : « La phase de découverte »

« Les principes méthodologiques sont fondamentalement les mêmes : laisser courir son regard sans s’obstiner sur une piste unique, écouter tout autour de soi sans se contenter d’un seul message, se pénétrer des ambiances et chercher finalement à discerner les dimensions essentielles du problème étudié, ses facettes les plus révélatrices et, par suite, les modes d’approche les plus éclairants. » (Van Campenhoudt, Quivy, 2011 : 73).

Cette étape a été une étape importante car dès mon arrivée sur le lieu de stage cela m’a permis de repérer certains éléments intéressants avant même d’avoir eu l’occasion de discuter avec certains collaborateurs. Cette phase d’observation a été l’étape prioritaire de la recherche, cependant, je n’affirmerais pas que l’observation suit un ordre de déroulement chronologique. Il faut aussi souligner le fait que par le fait d’infiltrer un terrain de recherche, je me suis retrouvée moi-même impliquée dans certaines interactions. C’est pourquoi il a fallu veiller à entretenir une certaine distance méthodologique afin de croiser éléments recueillis sur base d’entretiens, ceux issus de l’observation mais aussi ceux issus de ma propre interaction avec les collaborateurs. L’observation m’a permis de cerner le fonctionnement général de l’institution mais aussi de repérer la manière dont les collaborateurs interagissent ainsi que la politique d’entreprise. Comme déjà dit précédemment cette étape a été le point clé de mon étude puisqu’elle m’a servie comme point de départ de l’analyse. Les différents éléments observés tout au long de ma présence sur le terrain ont été collectés grâce à la tenue d’un carnet de bord.

Cette observation s’est réalisé en deux temps : dans un premier temps, une observation directe afin d’intégrer l’institution et de cerner le fonctionnement général au sein de l’asbl et dans un second temps, une observation participative qui a eu pour objectif d’analyser la façon dont les formateurs organisent leur travail, mettent en places les différentes activités mais aussi de la manière dont l’interaction avec les stagiaires est organisée dans la relation de travail.

1.1 L’observation directe :

Comme déjà dit précédemment c’est une étape charnière de mon étude puisqu’elle m’a servi de point de départ à l’analyse mais elle a aussi permis de « m’infiltrer » dans l’environnement de travail. Les différents éléments observés tout au long de ma présence sur le terrain ont été collectés grâce à la tenue d’un carnet de bord. Cette observation que je nome également la phase de découverte est à considérer comme la base à partir de laquelle j’ai pu définir mon questionnement de départ. En effet, ce secteur était pour moi quasi inconnu, cela m’a donc servi à la fois pour en découvrir les facettes internes propres à l’asbl mais aussi afin de mieux cerner le travail en réseau ainsi que les différentes institutions qui le composent.

Suite à l’observation directe, les premiers éléments pour lesquels j’ai été interpellée ont été les suivants :

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18 1) Une récente fusion et deux logiques de fonctionnements différentes :

- Une « ascendance pédagogique » dont relève la partie OISP : son fonctionnement général ainsi que la manière dont les cours sont donnés, les locaux, et le contenu des formations. Ce modèle s’apparente plutôt à un modèle scolaire.

- Une « ascendance économique » dont relève la partie EFT : son fonctionnement général est quant à elle, beaucoup plus orienté vers le client et les objectifs chiffrés qui en découlent.

L’organisation et le contenu de la formation est directement liée au terrain et s’approche fortement de la réalité du travail.

2) La division territoriale des bureaux : à l’avant du bâtiment se trouvent les bureaux de l’OISP, à l’arrière ce sont ceux de l’EFT et au centre on retrouve les membres de la ligne hiérarchique.

Cette division « territoriale » est un élément non négligeable qui rend probablement plus difficile la cohésion entre les deux groupes d’acteurs.

3) De plus, on observe des différences en termes d’organisation et d’horaire de travail. La partie OISP comptabilise un horaire de 35 heures par semaine alors que dans la partie EFT, ceux-ci sont engagés pour prester 38 heures par semaine. Ceci constitue mes premières observations mais à cela vient s’ajouter un contexte de travail relativement tendu dans un contexte de fusion qui ressemble plutôt à une sorte de collocation mettant des freins à une réelle collaboration.

Ce contexte particulier est aussi source d’incompréhension et de frustration pour certains collaborateurs à la suite de quelques licenciements.

1.2 L’observation participative :

Dans le cadre de mon travail et dans le but de faciliter l’infiltration de l’environnement de travail, j’ai eu également l’occasion de procéder à une observation participative. En effet, j’ai assisté à quelques séances de cours parmi les différentes filières de formations. J’ai pu aussi participer en assistant les formateurs et cela m’a permis de rendre compte de la relation qui existe entre le formateur et les stagiaires. J’ai pu remarquer qu’il existait à nouveau certaines divergences dans la manière dont se déroule l’accompagnement du stagiaire entre OISP et EFT.

 Une méthode de travail qui s’apparente au modèle scolaire en OISP :

- Dans la manière dont les formateurs présentent leurs cours et leurs activités : les stagiaires sont dans des classes par groupe de dix à quinze participants et sont soumis aux règles telles que dans un établissement scolaire.

- De la présence de suivis individualisés et d’évaluation menées périodiquement par les formateurs eux-mêmes.

 Une méthode de travail qui s’apparente à un modèle d’apprentissage professionnel en EFT :

- Les formateurs font du « compagnonnage » et prennent en charge des petits groupes de quatre à six stagiaires.

- La formation se déroule sur le terrain et la relation avec le client fait partie intégrante de la formation.

- Les formateurs assurent un suivis individualisé permanent et au besoin, font appel à l’assistante sociale de l’asbl.

(20)

19 2. La démarche :

La démarche est principalement axée sur la recherche qualitative puisqu’une méthode quantitative n’aurait pas fait sens dans l’étude de cette problématique. La démarche qualitative se veut pour le moins pragmatique, puisqu’elle permet de rendre compte de la capacité des acteurs à se positionner et à s’ajuster face à différentes situation. Mais aussi, la démarche qualitative permet de mettre en lumière certains aspects purement liés au terrain et permet de récolter des données liées aux pratiques et à la façon dont les formateurs se définissent dans leur travail.

3. Le choix du terrain :

Le terrain d’étude dans lequel a été effectuée la recherche est le centre d’insertion socioprofessionnelle JEFAR. Comme déjà dit précédemment, ce lieu de stage a été choisi en vue d’étudier le secteur de la formation et de l’insertion car cela représentait un terrain propice à l’analyse de la problématique choisie. Le premier contact avec l’asbl s’est établit grâce aux précieux conseils et à l’aide de Monsieur Jean-François Orianne qui m’avait apporté quelques pistes lors de la recherche de stage. De plus, le choix du terrain de recherche, au départ, était plutôt orienté vers l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, ce qui explique aussi l’intérêt qui m’a conduite à frapper à la porte de cette asbl.

4. L’échantillon :

Les personnes avec qui j’ai eu l’occasion de discuter en entretien sont au nombre de quatorze. Au départ j’ai souhaité m’entretenir avec le plus de personnes possibles mais j’ai été confrontée à quelques refus : au niveau de l’OISP, cinq formateurs sur douze ont refusé de m’accorder un entretien et du côté de l’EFT, quatre formateurs sur huit ont soit refusé, soit jamais donné de réponse à ma demande. Afin d’obtenir des éléments pertinents sur l’organisation ainsi que sur la gestion des situations problématiques liées aux stagiaires, j’ai demandé un entretien avec les deux coordinateurs et l’assistante sociale.

Ci-dessous, une synthèse reprenant l’ensemble des collaborateurs interviewés, le poste qu’ils occupent, la formation de départ, le niveau d’étude et la filière de formation.

POSTE FORMATION NIVEAU ETUDE FILIERE DE COURS

E1 Formatrice théorique Histoire de l’art Universitaire OISP, Math/Français E2 Formatrice

polyvalente

Psychologue Universitaire OISP, CV/Lettre motivation

E3 Formatrice théorique et pratique

Conseillère en économie sociale et familiale

BTS (Bac+2), France OISP, nettoyage

E4 Formatrice théorique Biochimie Universitaire OISP, Math, sciences

E5 Formatrice théorique Communication sociale

Universitaire, Bruxelles OISP, Français, Français langue étrangère

E6 Formatrice théorique Logopédie Bachelier OISP, Français

E7 Formatrice théorique Institutrice primaire Bachelier OISP, Français, projet professionnel

E8 Formateur pratique Peinture Secondaire EFT, peinture gros œuvre

E9 Formateur pratique Peinture Secondaire EFT, peinture finition

E10 Formateur polyvalent Bâtiment Secondaire EFT, travaux de

parachèvement bâtiment

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E11 Formatrice pratique Horeca Secondaire EFT, cuisine, salle

E12 Assistante sociale Assistante sociale Bachelier EFT/OISP, gestion des

stagiaires

E13 Coordinateur Infographiste Bachelier EFT, coordination

E14 Coordinatrice Psychologue Universitaire OISP, coordination

E14 Employée administrative

Secrétariat Secondaire EFT, administration

Il est intéressant de souligner l’hétérogénéité des profils au niveau des formateurs théoriques. C’est pourquoi j’ai essayé d’interviewer le plus de formateurs possible mais aussi dans le but de garantir un maximum de récoltes d’information. En comparaison, nous pouvons remarquer que le niveau d’éducation des formateurs en EFT est inférieur à celui en OISP, cependant, la cohérence entre le poste occupé et la formation de départ est beaucoup plus forte.

5. Les entretiens :

Comme cité plus haut, les entretiens qui ont servi à la réalisation de ce travail ont été principalement semi-directifs. La question du choix des personnes à interviewer a été, au départ, de solliciter la participation de l’ensemble des formateurs de l’institution. J’ai obtenu une majorité de participants, quelques uns ont refusé et une petite minorité n’a pas fait suite à ma demande. Les entretiens ont été guidés à partir d’un canevas bien défini mais la discussion lors des entretiens tendait, par moment, vers un ajustement mutuel mais aussi, la familiarité qui a pu s’installer tout au long de ma présence sur le lieu de stage a permis quelques fois de se décloisonner de la grille d’entretien. C’est ce qui fit la richesse et la diversité des données récoltées.

La grille d’entretien est divisée en quatre parties: 1

- Partie I. Le parcours biographie : ayant pour but de mettre en lumière certains aspects de l’identité pour soi ainsi que les facteurs qui ont pu y contribuer.

- Partie II. La représentation du métier : ayant pour objectif d’obtenir une description la plus complète possible des tâches, la façon dont les collaborateurs se représentent leur travail mais aussi la définition des valeurs centrales.

- Partie III. Les identités relationnelles : cette troisième partie va nous permettre d’avoir une vision plus claire sur la manière dont les acteurs se positionnent par rapport à la hiérarchie, aux collègues, aux stagiaires ainsi que tous les facteurs qui construisent l’identité pour autrui.

- Partie IV. Perspectives et évolution : cette dernière partie de l’entretien concerne les perspectives et évolutions dans la façon dont les acteurs se définissent et envisagent leur carrière. Cela va permettre de faire ressortir le positionnement face à l’évolution du secteur, aux éventuelles déceptions et parallèlement au degré d’investissement qu’ils manifestent.

1 Grille d’entretien : Annexe 1

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