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Submitted on 1 Jan 1988
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Instabilités de déformation pendant l’étirage des polymères solides
C. G’Sell
To cite this version:
C. G’Sell. Instabilités de déformation pendant l’étirage des polymères solides. Revue de Physique Appliquée, Société française de physique / EDP, 1988, 23 (6), pp.1085-1101.
�10.1051/rphysap:019880023060108500�. �jpa-00245911�
Instabilités de déformation pendant l’étirage des polymères solides
C. G’Sell
Laboratoire de Physique du Solide, U.A. CNRS 155, Ecole Nationale Supérieure des Mines de Nancy, Parc de Saurupt, 54042 Nancy Cedex, France
(Reçu le 30 novembre 1987, accepté le 8 mars 1988)
Article de mise au point
Résumé.
2014Les procédés de mise en forme des polymères à l’état solide (thermoformage, emboutissage, étirage de films et de fibres) sont affectés par des phénomènes d’instabilités plastiques. Ces instabilités
correspondent à différents mécanismes de localisation de la déformation : a) à l’échelle microscopique (quelques nm), cascades de changements conformationnels des macromolécules ; b) à l’échelle mésoscopique (quelques 03BCm), bandes de cisaillement, hétérogénéités intra-sphérolitiques et microcraquelures ; c) à l’échelle macroscopique (quelques mm), strictions diffuses et pliages. Ces phénomènes sont interprétés sur la base de la loi de comportement intrinsèque du matériau qui exprime l’influence de la déformation et de la vitesse de déformation sur la contrainte d’écoulement plastique. Cette loi reflète directement les modifications structurales subies par le matériau dans les conditions de l’essai. Par ailleurs, elle donne les informations nécessaires à la modélisation des instabilités à l’aide de techniques de calcul telles que la Méthode des Différences Finies. Deux cas modèles sont étudiés avec une attention particulière : la traction uniaxiale de
cylindres de Polyéthylène à Haute Densité d’une part, et l’étirage en déformations planes de films minces de
Polytérephtalate d’Ethylène Glycol d’autre part.
Abstract.
2014The forming processes of solid polymers (thermoforming, stamping, film and fiber stretching) are
affected by plastic instability phenomena. These instabilities correspond to different strain localization mechanisms : a) at the microscopic scale (nm scale), cascades of conformational changes in macromolecules ; b) at the mesoscopic scale (03BCm scale), shear bands, intra-spherulitic inhomogeneities and crazes ; c) at the macroscopic scale (mm scale), diffuse necking and kinking. These phenomena are interpreted in terms of the
intrinsic constitutive equation of the material which expresses the influence of strain and strain rate on plastic
flow stress. This equation reflects the structural modifications undergone by the material during the
deformation. Furthermore, it gives the necessary information for the prediction of strain instabilities by means
of computer modelling such as the Finite Difference Method. Two model cases are investigated with a particular attention : the uniaxial tension of High Density Polyethylene cylinders on one hand, and the plane
strain stretching of Polyethylene Terephtalate thin films on the other hand.
Classification
Physics Abstracts
62.20F
-46.30L
-61.40K
1. Introduction.
Dans les processus de mise en forme des matériaux à l’état solide, les phénomènes d’instabilité plastique
contrôlent souvent l’aspect et les performances du produit fini. L’étude de ces phénomènes revêt donc
une grande importance scientifique et technologique.
Dans les procédés généralement utilisés pour les métaux (emboutissage, forgeage, tréfilage, lami- nage), la formation de bandes de cisaillement et de strictions diffuses a été largement discutée [1, 2] et
fait encore l’objet de nombreuses publications. Dans
le cas des matériaux polymères, le problème des
instabilités de déformation a été longtemps délaissé
car la plupart des objets manufacturés en matière
plastique sont issus de procédés de mise en forme à
l’état fondu (moulage par injection, extrusion, calan- drage...) dont l’étude relève plutôt d’approches de mécanique des fluides. Cependant, les procédés de
mise en forme à basse température se développent
où le polymère est le plus souvent déformé à l’état
solide : étirage de produits longs, biétirage de films, thermoformage de plaques, forgeage en matrice fermée, extrusion hydrostatique avec ou sans étirage ultérieur, estampage, laminage [3-11]. Comme dans
les métaux, des bandes de cisaillement et des stric-
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:019880023060108500
tions diffuses sont observées et ici encore, leur
développement incontrôlé peut être nuisible à la
qualité du produit [12]. Toutefois, la cinétique de
croissance de ces instabilités est très différente de celles observées dans les métaux : à titre d’exemple,
la striction des polymères ductiles apparaît beaucoup plus tôt que dans les métaux mais elle tend à se
propager à partir d’une certaine déformation critique
au lieu de s’aggraver jusqu’à rupture.
Il est donc indispensable de bien comprendre les
mécanismes de l’instabilité plastique dans les poly-
mères afin de savoir les contrôler. Pour cela, il faut établir les relations qui lient la cinétique de dévelop-
pement des gradients de déformation à la loi de comportement plastique intrinsèque du matériau.
Le problème est assez complexe quand le matériau
est soumis à une déformation triaxiale généralisée
comme c’est souvent le cas dans les procédés indus-
triels. Dans le présent travail, nous nous intéressons seulement au cas d’étirages simples. Dans un premier temps, nous rappellerons quelques notions structura-
les concernant les matériaux polymères. Nous exami-
nerons ensuite les caractères particuliers de leur comportement plastique. Nous analyserons les diffé-
rents types d’instabilités qui y sont observés et nous
développerons enfin les bases théoriques de l’étude
des strictions diffuses.
2. Caractères spécifiques de la structure et des
propriétés des polymères solides.
2.1 RAPPELS SUR LA STRUCTURE DES POLYMÈ-
RES.
-Le point commun de tous les grands polymè-
res industriels est d’être constitués de longues chaî-
nes macromoléculaires [13]. Chaque macromolécule est faite de plusieurs dizaines à plusieurs milliers de
monomères identiques dont le squelette est le plus
souvent à base d’atomes de carbone. Les liaisons
atomiques, le long d’une chaîne, sont de type covalent : leur énergie est très élevée (~ 100 kcallmole), de sorte qu’en première approxi-
mation on peut considérer qu’elles ne peuvent pas se rompre sous l’effet d’une contrainte mécanique appliquée. Malgré leur solidité, les chaînes polymè-
res peuvent avoir une certaine flexibilité si la tempé-
rature est suffisante. Au niveau des liaisons simples
Carbone-Carbone en effet, la molécule peut subir
une rotation sur le cône de valence (Fig. 1). La
mobilité de ce mécanisme est simplement limitée par des effets d’encombrement stérique (par exemple
dans le Polystyrène où des groupements benzéniques
latéraux sont attachés périodiquement sur le sque-
lette carboné) ainsi que par les interactions secondai-
res à longue distance (entre atomes de la même
chaîne ou surtout entre chaînes différentes). Les
interactions secondaires sont en général de type Van-Der-Waals et leur énergie ( 1 kcallmole) est
très inférieure à celle des liaisons covalentes de la
Fig. 1.
-Représentation schématique de la rotation d’une chaîne macromoléculaire.
[Schematic diagram of the rotation of a macromolecular
chain.]
chaîne. C’est cette dualité des liaisons dans la structure des polymères qui est à l’origine de leurs propriétés mécaniques particulières. Il est utile ici de distinguer les polymères aux molécules indépendan-
tes (thermoplastiques) de ceux dont les chaînes ont
été réticulées en établissant entre elles un réseau de liaisons covalentes fortes (thermodurcissables). Bien
que les polymères du deuxième type soient large-
ment utilisés pour leur stabilité thermique et leurs
bonnes propriétés élastiques (ex. : matrice Epoxide
ou Polyester pour matériaux composites), ils ne
peuvent pas subir de grands allongements et leur
usage est donc impossible dans tous les procédés de
transformation où une certaine ductilité est néces- saire. Tous les exemples considérés dans cet article concerneront donc des polymères thermoplastiques à macromolécules chimiquement indépendantes.
Dans un grand nombre de polymères (Polystyrène (PS), Polycarbonate (PC), Polyméthacrylate de Méthyle (PMMA), Polychlorure de vinyle (PVC), Polytérephtalate d’éthylène glycol (PET)...), l’arran-
gement spatial des macromolécules ne présente
aucun ordre à grande distance, ou tout au plus une
microcristallinité extrêmement imparfaite comme
dans le PVC. Nous considérerons donc en première approximation que ces polymères ont une structure amorphe. Seules, les distances entre atomes proches
voisins présentent une certaine régularité (ordre à
courte distance). Afin d’augmenter l’entropie de conformation, les chaînes tendent à former des
pelotes irrégulières. Les différentes macromolécules sont intimement enchevêtrées les unes dans les autres. Les matériaux qui ont cette structure présen-
tent différents types de comportements en fonction
de la température : i) à basse température, le poly-
mère est vitreux, rigide, parfois fragile, avec un
module d’Young de l’ordre de 1 000 MPa, ii) au-
dessus de la température de Transition Vitreuse
Tg le comportement mécanique devient viscoélasti-
que puis caoutchoutique avec un module de l’ordre
de 1 MPa, le matériau pouvant subir des allonge-
ments hyperélastiques considérables [14], iii) à des températures encore plus élevées, l’agitation thermi-
que est telle que la diffusion des chaînes devient très aisée et le comportement est alors celui d’un fluide
visqueux (c’est le domaine d’application des procé-
dés de mise en forme à l’état fondu). La figure 2
montre l’évolution typique du module élastique d’un polymère amorphe avec la température.
_TEMPERATURE
Fig. 2.
-Evolution typique du module d’Young des polymères amorphes et semi-cristallins avec la tempéra-
ture.
[Typical evolution of Young’s Modulus of amorphous and semi-crystalline polymers versus temperature.]
Les polymères dont les chaînes macromoléculaires sont les plus régulières adoptent une structure semi-
cristalline [15]. Pour minimiser l’énergie de confor- mation, les chaînes se replient sur elles-mêmes pour former des segments réguliers qui s’empilent selon
un réseau cristallin de plus forte densité que le
polymère amorphe. Cette structure se forme au
cours du refroidissement depuis l’état liquide. En
raison de la viscosité du polymère fondu et des
nombreux défauts des macromolécules, la cristallisa- tion ne peut pas être totale ni parfaite. La structure présente en fin de refroidissement une juxtaposition
de cristallites (assez imparfaites) et de zones amor- phes résiduelles. Dans les polymères semi-cristallins les plus courants (Polyéthylène -PE-, Polypropylène -PP-, Polyamides -PA-, Polytétra fluoro éthylène - PTFE-...), le taux de cristallinité dépasse rarement
70 %. Le comportement mécanique de cette classe
de matériaux présente donc deux températures caractéristiques : la température de transition vitreuse Tg de la phase amorphe et la température de
fusion T. de la phase cristallisée. On a donc i) en
dessous de Tg un polymère rigide de module d’Young voisin des polymères amorphes vitreux, ii) entre Tg et T. un matériau assez souple (Module d’Young = 700 MPa) à cause de la phase amorphe caoutchoutique mais avec une bonne résistance grâce à la présence des cristallites et iii) au-dessus
de Tm un fluide visqueux. L’évolution du module est
également reportée à la figure 2.
2.2 MÉCANISMES DE DÉFORMATION DES POLYMÉ-
RES.
-Aux températures supérieures à T., les
polymères amorphes caoutchoutiques se déforment
de manière progressive, homogène et réversible.
Sous l’effet d’une contrainte, les chaînes diffusent rapidement et les pelotes moléculaires s’allongent
dans la direction de traction principale. On n’observe
pas de seuil d’écoulement. La contrainte augmente
régulièrement, mais non linéairement, avec la défor-
mation. La force de retour élastique qui s’oppose à
l’extension des chaînes est d’origine entropique, les
molécules tendant à revenir à la forme idéale de
pelote sphérique qui leur assure une entropie maxi-
mum.
Dans le cas des polymères semi-cristallins entre
Tg et T., les petites déformations sont essentielle- ment assumées par la phase caoutchoutique. Cepen- dant, les cristallites se déforment plastiquement à partir d’une certaine contrainte critique. Comme
dans tout cristal ductile, les cristallites polymères
subissent un cisaillement plastique localisé dans des
plans de glissement par l’effet de mouvements de dislocations. Le durcissement plastique de ces maté-
riaux est dû pour une faible part à la consolidation de cette plasticité cristalline, mais davantage aux
effets entropiques de l’orientation moléculaire dans la phase amorphe puis dans les cristallites elles- mêmes qui finissent par se fragmenter en une texture
fibreuse fortement anisotrope alignée dans le sens de
la traction [16].
Le cas des polymères vitreux est moins bien
compris. Aux petites déformations, le comportement
est viscoélastique avec une contribution élastique
instantanée liée à la distorsion des liaisons de Van- der-Waals [17] et une composante retardée due à la relaxation de certaines conformations à haute éner-
gie sous l’effet de réarrangements diffusionnels à courte distance. A plus forte contrainte ces liaisons
ne tiennent plus et une déformation irréversible brutale est observée. Dans certains matériaux poly-
mères (PS, PMMA) elle se produit avec une décohé-
sion de la matière par formation de microcraquelures
crazes au niveau desquelles les chaînes s’étirent localement entre les lèvres de cavités internes en
forme de fissures [18]. Dans les polymères ductiles
au contraire (PC, PET, PVC à l’ambiante, et
presque tous les matériaux à l’approche de Tg) la
matière se déforme pratiquement sans cavitation.
Cette plasticité se produit par cisaillement, les mécanismes qui contrôlent le processus agissant à
très courte distance : un petit segment de chaîne emprisonné dans la cage constituée par ses proches
voisins subit un basculement qui accommode locale-
ment le cisaillement macroscopique [19]. L’activa-
tion d’un événement plastique local crée autour du segment concerné un champ de contrainte élastique qui tend à propager le processus au voisinage
immédiat du site initial et dans la direction du
cisaillement macroscopique [20]. Le front de cisaille-
ment ainsi formé a toutes les caractéristiques d’une
dislocation par ses propriétés topologiques générales [21-22]. Ce cisaillement reste rarement dispersé dans
tout le volume de matière mais se concentre au
contraire dans des lignes de glissement d’une fraction
de micromètre d’épaisseur [23] car la multiplication
des dislocations dans l’état amorphe est un phéno-
mène qui s’entretient spontanément. En d’autres termes, le déclenchement de la plasticité dans un
verre polymère est plus difficile que sa propagation
car c’est la formation des premiers défauts qui
demande la contrainte la plus élevée. Nous verrons
plus loin que la formation des lignes de glissement
conduit souvent à des instabilités plastiques macros- piques. Aux plus fortes déformations plastiques, les
chaînes subissent aussi une orientation progressive
dans le sens de l’axe principal des déformations, de
sorte que leur distorsion ultérieure devient de plus
en plus difficile (durcissement plastique). La rupture survient par des mécanismes d’endommagement.
2.3 EQUATIONS CONSTITUTIVES DES POLYMÈRES
EN TRACTION UNIAXIALE.
2.3.1 Notion de comportement intrinsèque du maté-
riau. Méthode d’essai de traction à vitesse de dé forma-
tion vraie constante.
-Afin de traiter les instabilités
plastiques sur une base quantitative, il est nécessaire
de connaître la loi de comportement du matériau,
c’est-à-dire l’évolution de la contrainte de traction
03C3 avec la déformation £, et la vitesse de déformation é à la température T. Toutefois, cette loi n’a de sens
que si les termes u, e et è peuvent être définis de manière homogène dans un élément de volume
donné. Il faut donc les définir à une échelle locale
petite par rapport aux dimensions de la striction.
mais assez grande toutefois pour englober largement
les hétérogénéités microscopiques (dislocations, lignes de glissement, sphérolites). Nous avons déve- loppé dans ce laboratoire une méthode d’essai de traction originale qui vérifie ces hypothèses et per- met de réaliser des essais de traction à vitesse de déformation vraie constante. L’éprouvette est de
forme axisymétrique avec un profil en sablier (Fig. 3). A cause de cette symétrie, les strictions
diffuses sont favorisées par rapport aux bandes
obliques grossières et la localisation se produit toujours au centre. La déformation vraie locale à cet endroit est donnée par la relation
où Do et D mesurent le diamètre initial et courant de
l’éprouvette. Cette équation suppose vérifiée la constance du volume en cours de déformation plasti-
que, ce qui est assuré en première approximation si
la cavitation est négligeable. Le paramètre e exprimé
par l’équation (1) mesure la déformation totale qui
Fig. 3.
-Eprouvette en forme de sablier pour essais de traction à vitesse de déformation vraie constante.
[Hourglass shaped specimen for tensile tests at constant true strain rate.]
est la somme des composantes élastique, viscoélasti- que et plastique. La contrainte vraie locale s’exprime
en fonction de la force appliquée F par la relation
Une légère correction de triaxialité est nécessaire si le rayon de courbure Rc du profil devient petit.
D’après Bridgman [24], la contrainte uniaxiale effec- tive s’exprime simplement par
Dans la pratique, le rayon R = D/2 et le rayon de courbure Rc sont mesurés automatiquement par un
dispositif vidéo piloté par ordinateur. Afin d’assurer
une vitesse de déformation constante é, il est nécessaire d’asservir la traverse de la machine de traction de telle sorte que le diamètre décroisse selon la loi D = Do exp (- Ë . t/2). Cela est facilité
par l’utilisation d’une machine d’essai hydraulique à
asservissement électronique [25]. Ce type d’essai est
applicable à tous les matériaux ductiles (les polymè-
res, mais aussi les métaux) et à toutes températures.
2.3.2 Comportements typiques des polymères soli-
des.
-Les courbes de la figure 4 montrent les
différents types de comportement rencontrés dans le
cas d’un polymère amorphe, illustrés par les courbes
o-(e) d’une même nuance de PMMA sollicité en
traction à différentes températures. A l’ambiante, le
verre polymère casse prématurément car le dévelop-
pement des microcraquelures devance la plasticité généralisée. A partir de 70 °C, c’est l’écoulement
plastique qui est prépondérant. Un crochet de traction se produit à la fin du stade viscoélastique
tandis que se multiplient des microbandes de cisaille- ment au centre de l’échantillon. La faible pente qui
suit le crochet correspond à un faible durcissement structural initial, tandis que le redressement rapide
de la courbe en fin d’essai indique l’orientation de
plus en plus marquée des chaînes. Au dessus de
Fig. 4.
-Comportement plastique (contrainte vraie/défor- mation vraie) du Poly (Méthacrylate de Méthyle) amorphe
à différentes températures.
[Plastic behaviour (true stress vs. true strain) of amorphous Polymethyl Methacrylate at various temperatures.]
Tg, vers 120 °C, le seuil de plasticité disparaît
totalement (pas de limite élastique visible) et l’échan-
tillon revient rapidement à l’origine s’il est relaché
en cours d’essai : le PMMA est devenu alors un
élastomère hyperélastique.
Le Polyéthylène à haute densité
-HDPE - de la
figure 5 est pour sa part un exemple typique de polymère semi-cristallin. Sa courbe intrinsèque varie
aussi avec la température mais sa forme reste pratiquement inchangée depuis les températures cryogéniques (où une transition ductile-fragile appa-
raît) jusqu’au point de fusion, vers 130 °C, où il
passe brutalement à l’état visqueux. On constate que la limite élastique ne présente plus de crochet mais
Fig. 5.
-Comportement plastique (contrainte vraie/défor- mation vraie) du Polyéthylène à Haute Densité semi- cristallin à différentes températures.
[Plastic behaviour (true stress vs. true strain) of High
Density Polyethylene at various temperatures.]
une transition arrondie progressive. De très fortes
déformations sont applicables, jusqu’à des taux d’allongement de l’ordre de 750 % (s = 2).
Enfin, les courbes de la figure 6 montrent la
variété des comportements de divers polymères plastiques ductiles à la température ambiante. Leurs caractères généraux les classent très clairement en
différentes catégories :
-
Verres amorphes avec
-
Elastomères amorphes avec
-
Semi-cristallins avec
-
Semi-cristallins avec
Fig. 6.
-Comportement plastique de différents polymères amorphes et semi-cristallins à la température ambiante.
[Plastic behaviour of various amorphous and semi-crystal-
line polymers at room temperature.]
2.3.3 Définition d’une loi de comportement.
-On appelle loi de comportement une relation mathémati- que qui décrit la dépendance de la contrainte à la déformation et à la vitesse de déformation en
traction uniaxiale à une température donnée. Cette
loi 03C3(03B5, ë) constitue l’équation d’état du matériau
dans la mesure où le paramètre de déformation
e caractérise de manière convenable l’état structural du matériau. Cette propriété n’est vérifiée qu’en première approximation car, pour une valeur fixée
de 03B5, la structure d’un polymère thermoplastique
peut évoluer par le jeu de phénomènes de relaxation des chaînes (si l’échantillon est soumis à un recuit
prolongé à longueur constante par exemple). Cepen- dant, nous avons montré [26] que pour un étirage
réalisé dans des conditions normales, cette restriction
ne se pose que pendant des périodes transitoires très
limitées, par exemple au début du stade plastique (crochet de traction) ou après une période où la
vitesse de déformation plastique est brutalement modifiée (saut de vitesse, reprise après maintien prolongé à déformation constante, etc...). D’une
manière générale, on peut considérer que s est un bon indicateur de l’état structural du matériau car il est lié à la texture d’orientation adoptée par les chaînes pendant la déformation plastique ou hyperé- lastique. Cela est confirmé par le fait que si une
éprouvette est déchargée après étirage, la déforma-
tion et la structure tendent à revenir à leur état
initial, soit rapidement si la température est supé-
rieure à Tg (ou T. pour les semi-cristallins), soit très
lentement si la température est inférieure. Sous ces
hypothèses, nous avons montré que la loi de compor- tement de tous les polymères étudiés peut s’écrire
sous une forme simplifiée unique [25]
où K est un facteur d’échelle tandis que f(03B5) et g(03B5) représentent l’influence de la déformation et de la vitesse de déformation respectivement. Plus spéci- fiquement, la fonction f (s) peut s’écrire en première approximation
V(03B5) décrit le comportement viscoélastique sous
la forme
C (e) prend en compte un éventuel crochet de traction :
H( B) décrit le durcissement progressif aux grandes
déformations :
où l’exposant n a une valeur voisine de 2 dans la plupart des cas.
La sensibilité à la vitesse, exprimée par la fonction
g(03B5), peut se mettre sous la forme d’une loi puis-
sance : g(03B5) = 03B5m.
La dépendance de la contrainte aux variables
s et é est souvent exprimée sous forme des dérivées partielles du premier ordre [27]
y = (a In 03C3/~03B5)03B5 coefficient de durcissement relatif
m = (a In u la ln £)e coefficient de sensibilité à la vitesse de déformation.
On peut constater que l’équation (4) sépare les
variables E et é sous forme multiplicative, de sorte
que y ne dépendrait que de e, et m ne dépendrait
que de É. Cette propriété est assez bien vérifiée dans la pratique en première approximation. Cependant,
pour certaines applications, il est nécessaire de tenir compte des coefficients du second ordre : A = (a y la In ë)e et B = (~m/~03B5)03B5. Ces influences croisées s’expriment essentiellement par de légères
variations de V (e ) et C (ê ) avec é et de l’exposant m
avec 8.
A titre d’exemple, le Polyéthylène à haute densité possède une loi de comportement assez simple qui
s’écrit :
où les coefficients, à 22 °C, ont les valeurs suivantes : K = 46 MPa, w = 40, h = 0,41, m = 0.075.
Il est intéressant de comparer ce comportement à celui d’un métal ductile (par exemple le cuivre).
Dans ce cas, la loi de comportement est souvent écrite, [28], sous la forme :
où V(03B5) décrit le raccord élastique-plastique.
Comme l’exposant n est inférieur à 1 (n = 0,5 pour le Cu à 22 °C), la pente de la courbe 03C3(03B5) dans le
domaine plastique diminue progressivement alors qu’elle augmente dans le cas des polymères. Cette
différence essentielle entre le comportement des
deux types de matériaux est liée à la différence de leurs structures : mécanisme de restauration des dislocations dans les métaux, orientation progressive
des chaînes dans les polymères.
3. Manifestations de l’instabilité plastique dans les polymères en traction.
La déformation plastique des polymères est un phénomène irréversible à*court terme qui donne lieu
à des instabilités à différentes échelles d’observa- tion :
-
à l’échelle microscopique (quelques nanomè- tres) : cascades de changements conformationnels des macromolécules
-
à l’échelle mésoscopique (quelques micromè- tres) : bandes de déformation et hétérogénéités intra-sphérolitiques
-