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[Compte-rendu de :] 4èmes Rencontres internationales de l'Interactionnisme socio-discursif, Université de Genève 17-19 juillet 2013

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[Compte-rendu de :] 4èmes Rencontres internationales de l'Interactionnisme socio-discursif, Université de Genève 17-19 juillet

2013

BULEA BRONCKART, Ecaterina, BOTA, Cristian

BULEA BRONCKART, Ecaterina, BOTA, Cristian. [Compte-rendu de :] 4èmes Rencontres internationales de l'Interactionnisme socio-discursif, Université de Genève 17-19 juillet 2013.

Cahiers Ferdinand de Saussure, 2014, no. 67, p. 343-351

Available at:

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Le livre se termine en proposant les références des volumes constituant la bibliothèque Institution et différence de l’Institut suisse de rome. cette biblio- thèque accueille une riche collection des œuvres de saussure et des protagonistes principaux de l’histoire des idées du XXe siècle, mais aussi les matériaux qui ont accompagné le déroulement du cycle des rencontres pendant le printemps 2013, très utiles pour ceux qui commencent aujourd’hui à étudier la pensée de saussure, mais aussi pour ceux qui ne s’arrêtent jamais de relire ses pages les plus fécondes (catalogue urBs, voir www.istitutosvizzero.it/biblioteca).

en plus de celles de de mauro, Virno, Gambarara, le livre se compose des contributions de chercheurs et professeurs dont la renommée est internationale – parmi lesquels ceux qui ont animé les rencontre pendant le printemps 2013 –, mais aussi de jeunes chercheurs qui vient de commencer leur parcours de recherche.

en suivant l’ordre alphabétique, voici donc les contributeurs : Jean-paul Bronc- kart, Felice cimatti, rossana de Angelis, Federica Giardini, Kenneth Liberman, Franco Lo piparo, christian marazzi, marco mazzeo, Luisa muraro, massimo prampolini, christian puech, thomas robert, naoki sakai.1

Francesco Raparelli piega78@gmail. com

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4èmes rencontres InternAtIonALes de L’InterActIonnIsme socIo-dIscursIF,

université de Genève, 17-19 juillet 2013

Le mouvement de l’Interactionnisme socio-discursif (ISD) rassemble des chercheurs et formateurs de diverses disciplines (principalement la linguistique, la psychologie et les sciences de l’éducation) qui se proposent d’aborder, dans une même perspective intégrative, trois problématiques générales. La première est celle du statut et des conditions de fonctionnement du langage, celui-ci étant saisi en tant que phénomène intégralement sémiologique ( conformément à l’approche issue de l’œuvre réelle de saussure) et étant analysé d’abord dans sa dimension praxéologique (en tant que réalisations textuelles relevant d’un genre articulé à une sphère d’activité humaine, conformément à l’approche fondatrice de Volochinov).

La deuxième problématique concerne les conditions d’émergence et de dévelop- pement du langage, ainsi que le rôle que joue ce dernier dans la construction des fonctions psychologiques supérieures (dans une perspective inspirée de Vygotski).

1 merci à rossana de Angelis pour la traduction de ce texte en français.

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La troisième problématique est constituée de l’ensemble des questions (de pro- gramme, de méthodologie, de procédés didactiques, etc.) que pose l’enseignement de la langue maternelle et des langues secondes/étrangères.

Issu de travaux réalisés à la Faculté de psychologie et des sciences de l’education (Fpse) de l’université de Genève à partir des années 80 (cf. notam- ment Bronckart et al., 1985 ; Bronckart, 1997), le mouvement de l’Isd a connu ensuite une importante diffusion internationale, en particulier en Amérique latine au portugal et en espagne. Les trois premières rencontres de l’Isd ont eu lieu dès lors à sao paulo en 2005, à Lisbonne en 2007 et à Belo Horizonte en 2008.

Les quatrièmes rencontres ont été organisées à Genève, avec comme thème- titre, Activités, textes et langues : leur dynamique interactive et ses effets. Leur objectif majeur était de réfléchir aux conditions, aux modalités et aux effets de la dynamique qui caractérise l’interaction permanente entre activités humaines et productions langagières. elles visaient plus précisément à mettre discussion les fondements théoriques qui permettent de penser cette dynamique interactive, les approches méthodologiques mobilisées pour la saisir, ses multiples formes de manifestation, la nature et la teneur des effets engendrés, ou encore les propriétés structurelles et fonctionnelles des unités et processus qui y sont impliqués. cette manifestation constituait également une occasion de rendre hommage à Jean-paul Bronckart, initiateur du mouvement ayant pris sa retraite en 2012.

Les rencontres de Genève ont accueilli environ trois cents participants, issus d’une quinzaine de pays différents. Le programme proposait, en plénière, des conférences invitées et des panels thématiques, et en distribution parallèle, des symposiums thématiques, des sessions de communications libres et des présenta- tions de posters.

Intitulée Quatre voies/voix de réflexion sur l’interactionnisme socio-discu- rif, la conférence inaugurale a été donnée par quatre chercheurs de l’université de Genève ayant contribué au développement de l’Isd. Bernard schneuwly a d’abord proposé une analyse des conditions d’émergence du programme de l’Isd au cours des années 80 : il a rappelé que ce projet de travail était né du constat de la relative non-pertinence (ou du caractère artificiel) des recherches de psycholinguistique développementale conduites au cours de la décennie précé- dente (cf., par exemple, Bronckart, 1979), constat ayant entrainé deux réorien- tations majeures. La première visait à se doter d’une psychologie du langage, c’est-à-dire d’une approche scientifique portant sur ces manifestations effectives du langagier que sont les textes ; ce qui a conduit ultérieurement à l’élaboration d’un modèle théorique de l’organisation textuelle ainsi qu’à une approche typolo- gique des textes/discours. La seconde réorientation consistait à saisir les proces- sus de développement du langage dans leur cadre réel, et à considérer ce faisant

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que l’enseignement scolaire des langues constituait, non un lieu d’application de savoirs psycholinguistiques élaborés par ailleurs, mais le lieu même du développement langagier ; ce qui a conduit à un engagement ferme dans la constitution de la discipline didactique des langues. cristian Bota a ensuite montré que les principes et les objets de ce programme initial s’étaient progressivement généralisés, le projet de psychologie du langage se muant en un projet de psychologie du développe- ment caractérisé par le souci d’articulation/intégration des dimensions langa- gières, cognitives et socioculturelles de l’humain. Il a montré également que cette visée généralisante avait requis une démarche de “retour aux sources épistémo- logiques” de l’interactionnisme social, avec une réappropriation des principes du monisme spinozien, un réinvestissement de l’approche du statut de l’humain émanant de écrits philosophiques de marx et engels, et un réexamen des apports fondamentaux de la linguistique saussurienne d’une part, des travaux réalisés dans les années 20/30 en union soviétique par Jakubinski, Luria, medvedev, Volo- chinov et Vygotski d’autre part. Il a souligné enfin que ce travail de fond avait généré une démarche de re- conceptualisation mettant en évidence les dimensions sociales, sémiotiques et praxéologiques de la dynamique développementale. Joa- quim dolz s’est alors centré sur les travaux contemporains de didactique des lan- gues, et plus particulièrement sur ceux ayant trait à la formation des enseignants, en mettant en évidence la richesse et la diversité des recherches conduites sur ce thème en Amérique latine, dans la péninsule ibérique et… à Genève. ecaterina Bulea a clôturé cette conférence en commentant l’évolution de la théorie du langage et des discours élaborée dans le cadre de l’Isd au cours des trois dernières décennies. Issu de l’insatisfaction séminale relevée par schneuwly, le premier mouvement a consisté en un examen comparatif des diverses approches scientifiques du langage, de skinner à Benveniste, de sapir à culioli, ou encore de saussure à chomsky (cf.

Bronckart, 1977), et en l’élaboration d’un premier modèle propre du fonctionne- ment langagier (Bronckart et al., 1985). Alimenté par les résultats de multiples démarches empiriques d’analyse d’un imposant corpus de textes, le deuxième mouvement s’est traduit par l’élaboration d’un modèle de production des textes (versant processus) et d’un nouveau modèle de l’architecture textuelle (versant produit), ce dernier saisissant l’ensemble des phénomènes textuels dans la pers- pective sémiologique issue de saussure, et renouvelant par ailleurs radicalement les approches de l’organisation temporelle des discours. Le troisième mouvement, en cours et au cœur de la thématique générale de ces rencontres, a pour objet la conceptualisation des formes d’interaction qui se déploient nécessairement entre les versants “ contenu” et”expression” des productions verbales, entre les genres textuels et les sphères d’activité humaine, entre les paliers de l’organisation tex- tuelle, enfin et surtout entre les textes/discours comme entités praxéologiques, et la langue (au sens saussurien) comme entité gnoséologique.

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sous le titre La formation des professeurs comme acteurs de leur propre tra- vail, Ana maria de mattos Guimarães, de l’unIsInos (porto Alegre) et eliane Gouvêa Lousada de l’université de são paulo, ont proposé dans la deuxième conférence un panorama et une illustration des recherches brésiliennes inspi- rées de l’Isd et ayant trait au travail enseignant. elles ont présenté d’abord un programme de recherche d’ampleur nationale (soutenue par le ministère de l’education du Brésil) ayant trait à la formation continue de professeurs de langue maternelle. celui-ci visait à analyser le “cheminement” de la conception des genres de texte chez les formés, lors des étapes successives de leur programme de formation : de leurs représentations naïves initiales à celles inférables de leur travail réel/ concrétisé en situation concrète d’enseignement. elles ont présenté ensuite une recherche portant sur la manière dont des professeurs diplômés de langues secondes, mais n’ayant aucune expérience préalable de la salle de classe, apprennent leur métier en le pratiquant sous le contrôle de tuteurs.

La troisième conférence a été donnée par Jean-michel Adam, interlocuteur amical et exigeant du mouvement de l’Isd depuis son émergence. sous le titre Genres et Plans de textes : concepts au carrefour de l’AD, de l’ISD et de la lin- guistique textuelle (ATD), cet auteur a d’abord brossé un tableau détaillé des pro- positions théoriques et des travaux relatifs aux genres textuels, en confrontant les points de vue de cinq courants : l’analyse de discours à la française (Ad : de Foucault à Guilhaumou et maingueneau), la sémiotique des cultures (dévelop- pée principalement par rastier), la linguistique textuelle (initiée par coseriu), l’interactionnisme socio-discursif (Isd) et l’analyse textuelle des discours (Atd, développée par lui-même). Après avoir mis en évidence à la fois les points de convergences et les différences d’orientation méthodologique et épistémologique, Jean-michel Adam a abordé la question plus spécifique des plans de textes, dont coutinho (2013) avait proposé une importante analyse dans le cadre de l’Isd, et qu’il avait pour sa part théorisé en termes de processus de macro-liage (cf. Adam, 2011). procédant alors à l’examen d’exemples issus de divers genres, allant de l’annonce publicitaire aux poèmes de Baudelaire, en passant par la fable et le conte, il a démontré que les processus de planification témoignaient d’une structu- ration double, l’une dépendant du modèle générique spécifique sollicité, et l’autre de principes d’organisation communs à l’ensemble des textes.

L’objectif des panels thématiques était de présenter et discuter des problèmes que peuvent poser la traduction et l’édition de divers écrits des auteurs de référence de l’Isd, en particulier de saussure, Volochinov et Vygostki : comment “établir”

les textes lorsqu’on ne dispose que de manuscrits inachevés et désordonnés ; comment “traduire” ces textes, à savoir comment les reformuler dans une autre langue, et pour certains comment les adapter à l’état actuel de la langue originale ;

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comment encore présenter et organiser l’édition de ces textes pour les rendre accessibles à des contemporains ?

Le premier panel était centré sur la problématique de la traduction des concepts. Les trois intervenants invités, rené van der Veer de l’université de Lei- den, Georg rückriem de la Hochschule der Künste de Berlin et Luciano mecacci de l’Università degli Studi de Florence, avaient été impliqués dans la traduction, et/ou la re-traduction, des œuvres de Vygotski, respectivement en anglais, en allemand et en italien ; ils ont évoqué les problèmes qu’ils avaient rencontrés au cours de ce travail, et suggéré diverses pistes susceptibles d’atténuer les erreurs ou malentendus provoqués par les opérations de traduction/édition. trois ques- tions principales ont été formulées : – comment traduire un concept si le terme équivalent manque dans la langue d’arrivée ? – comment traduire des mots russes devenus fameux, comme govorenie, vyzkazyvanie, obučenie, pereživanie, dejatel’nost ? – comment rendre compte de la différence des réalités sociales et scientifiques qui sont véhiculées par les mêmes mots (système éducatif, par exemple) ? Les trois intervenants ont souligné d’abord que les entreprises de tra- duction de ce type d’œuvre devaient être réalisées par des équipes comportant impérativement des spécialistes du domaine scientifique ; ils ont insisté aussi sur la nécessité d’élaborer des appareils critiques commentant les raisons des choix de traduction, ou resituant la signification de certains termes dans le contexte his- torico-scientifique de l’œuvre originale ; ils ont soutenu enfin qu’en dépit de la difficulté de cette combinaison, les traductions devaient à la fois rendre justice au texte original et faire sens dans le contexte culturel des lecteurs-destinataires contemporains.

Le second panel était consacré à la problématique de l’établissement du texte, qui se pose avec acuité lorsque les ressources de départ sont constituées de manus- crits inachevés, non nécessairement destinés à publication, ou ont fait l’objet, par des intermédiaires souvent inconnus, d’ajouts, de transformations ou de suppres- sions (certaines de ces dernières pouvant relever de la censure). Irina Ivanova, de université de Lausanne, a commenté d’abord le travail qu’elle a effectué pour rendre accessible le texte fondateur de Lev Jakubinski, La parole dialogale, et pour mettre en évidence, ce faisant, l’originalité et l’importance de l’œuvre de cet auteur trop peu connu. Inna tylkowski Ageeva, de la même université, a rendu compte du travail qu’elle a effectué avec patrick sériot pour re-traduire en fran- çais l’ouvrage majeur de Volochinov, Marxisme et philosophie du langage (2010) et pour contribuer à la réhabilitation de cet auteur (sur ce thème, cf. aussi Bronc- kart & Bota, 2011). elle a notamment mis en évidence les problèmes que posait la traduction française antérieure, dont de multiples décisions terminologiques sem- blaient orientées par la croyance que ce texte émanait en réalité de Bakhtine, et par la conviction que ce dernier était un précurseur du courant français contemporain

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d’analyse de discours. Irina Leopoldoff, de l’université de Genève, a quant à elle évoqué tous les problèmes que pose l’établissement des textes de Vygotski non publiés de son vivant. en prenant l’exemple des Leçons de pédologie dont elle réalise une traduction française, elle a mis en évidence la difficulté de reconstituer la teneur originale de la pensée de l’auteur, en identifiant et en tentant de traiter les multiples traces d’ajouts, de censure, voire d’autocensure. Alessandro chidi- chimo, de université de cosenza, a effectué un imposant travail d’établissement du texte de divers ensembles de notes manuscrites de saussure, et au-delà des questions que continue de poser le traitement de ces brouillons, avec leurs ratures, leurs blancs ou leurs passages illisibles, il a souligné d’une part la difficulté de déterminer l’ordre dans lequel ces notes devraient être présentées (en fonction de leur probable datation ou de leur cohérence thématique ?) et d’autre part la néces- sité de resituer les écrits de ce type dans le contexte socioculturel et scientifique de l’époque de leur rédaction.

Le comité scientifique du colloque avait sélectionné 132 communications, qui ont été présentées dans le cadre de 34 sessions rassemblant des interventions sur des thématiques semblables ou parentes, que l’on peut redistribuer en trois ensembles principaux.

Le premier est constitué de communications à caractère théorique et/ou métho- dologique ; à côté de contributions procédant au réexamen d’écrits émanant de certains auteurs de référence de l’Isd (notamment mead et saussure) et de tenta- tives d’approfondissement des rapports entre le langage et les activités pratiques humaines, on relèvera surtout l’émergence d’un courant de recherche nouveau, centré sur l’identification et la conceptualisation des propriétés linguistiques spé- cifiques de genres textuels jusqu’ici peu étudiés comme les abstracts scientifiques, les Cartoon, les Evangiles, les mémoires universitaires, les paroles de chanson, etc.

Le deuxième ensemble regroupe les interventions relevant de la didactique des langues. de multiples communications, en particulier brésiliennes, ont consisté soit en l’expérimentation de nouveaux types de séquences didactiques (disposi- tifs d’enseignement textuel créés à Genève dans les années 80/90 ; cf. dolz et al., 2000), soit en la relation de démarches pédagogiques ayant trait à l’enseignements de genres spécifiques, aux conditions de leur apprentissage et aux effets de leur maîtrise éventuelle sur le développement psychologique des élèves. eu égard aux rencontres précédentes, la nouveauté en ce domaine a été la significative extension à l’enseignement des langues secondes ou étrangères, des démarches de didac- tique textuelle initialement conçues pour l’enseignement de la langue maternelle.

Le troisième ensemble est constitué d’interventions relevant de l’analyse du travail enseignant. une part des études sur ce thème a consisté en l’analyse (avec

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souvent une dimension historique comparative) des textes de préfiguration de ce travail, qu’il s’agisse de manuels ou de documents d’orientation issus d’instances politico-administratives. une autre part a consisté en analyses, inspirées surtout du cadre théorique du cours d’action, du travail réel effectué soit par des ensei- gnants, soit par des stagiaires en cours de formation. La tendance majeure en ce domaine est cependant le considérable développement des études centrées sur les textes d’interprétation du travail par les enseignants, et exploitant la méthodologie d’analyse et le concept de figure d’action issus des travaux de Bulea (2007 ; 2009).

Les symposiums devaient réunir trois ou quatre interventions portant sur un thème précis et émanant de chercheurs d’au moins deux pays différents ; quinze des propositions reçues ont été retenues par le comité scientifique, huit centrées sur des thèmes d’analyse du travail et sept sur des questions de didactique.

s’agissant du premier thème, trois symposiums étaient consacrés à des recherches analysant les propriétés de l’activité formative : l’un concernait le travail réel des formateurs d’enseignants, avec un accent sur les effets que pro- duisent, sur le devenir des formés, les modalités d’activités observables ; les deux autres concernaient le travail concret réalisé en classe par les enseignants, avec des démarches d’identification des types de productions langagières, ou plus lar- gement sémiotiques, mis en œuvre par les professeurs, et des démarches d’analyse de leurs effets sur les apprentissages des élèves. La majorité de symposiums (cinq) sur ce thème avait cependant pour objet des questions d’ordre méta-métho- dologique ; trois d’entre eux proposaient une analyse approfondie des propriétés intrinsèques, des avantages-inconvénients techniques et de l’efficacité descriptive des divers dispositifs d’analyse de l’activité actuellement en usage dans le champ de la formation (à savoir l’entretien de recherche, l’entretien d’explicitation, l’auto- confrontation et l’instruction au sosie) ; les deux autres interrogeaient la scientificité de ces mêmes dispositifs, en même temps qu’elles discutaient des conditions sous lesquelles ces formes de « retour sur l’activité propre » étaient sus- ceptibles d’engendrer de véritables effets formateurs ou développementaux.

dans le second ensemble, trois symposiums étaient centrés sur les probléma- tiques classiques de didactique des genres textuels, avec d’un côté des études visant à démontrer que ce type de démarche pouvait constituer un facteur d’intégration des différentes rubriques de l’enseignement de la langue (première), et d’un autre côté des recherches portant sur les effets de ce type d’enseignement, soit sur des compétences spécifiques (en lecture notamment), soit sur le développement psy- chologique général. confirmant l’évolution signalée plus haut, deux symposiums relataient et discutaient des expériences d’introduction, dans l’enseignement de langues secondes ou étrangères, de démarches centrées sur les genres textuels, en démontrant que ce type d’innovation était susceptible de produire en retour

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des effets bénéfiques sur le niveau de maîtrise de la production/ compréhension en langue première. deux symposiums enfin visaient à explorer les autres dimen- sions sémiotiques de l’agir humain en général et de l’agir enseignant en parti- culier ; l’un mettant en évidence les divers registres sémiotiques en jeu dans les situations d’enseignement et analysant leurs effets sur le développement des capa- cités d’action des formés, l’autre analysant le rôle des dimensions para-verbales, et principalement mimico-corporelles, dans des situations d’enseignement sco- laire des disciplines artistiques.

Il revenait à Jean-paul Bronckart de clôturer ces travaux, ce qu’il fit dans un exposé portant le titre même des rencontres : Activités, langues et textes : leur dynamique interactive et ses effets. celui-ci a d’abord rappelé les principes majeurs de l’interactionnisme social des débuts du XXe auquel s’est alimenté l’Isd : dans le cadre d’une réorganisation solidaire des sciences de l’humain, pen- ser ce dernier à la fois dans ses dimensions de continuité (du vivant) et de rup- ture (émergence de valeurs signifiantes) ; sur cette base, centrer les démarches de recherche sur ces quatre dimensions proprement humaines que sont le travail, le langage, l’histoire et l’éducation. Il a ensuite commenté quelques apports propres de l’Isd. tout d’abord l’adhésion à la sémiologie non continuiste issue de l’œuvre de saussure, qui rend justice à la diversité et à l’historicité des langues et qui fournit tous les éléments techniques nécessaires à la validation des thèses déve- loppementales de Vygotski. ensuite, l’élaboration d’une conception dynamique du langage, inspirée à la fois de saussure et de Volochinov, et qui permet de repen- ser la dynamique du développement humain dans sa généralité. enfin, une impli- cation décisive dans le processus d’instauration d’une moderne didactique des langues, combinant des investissements proprement théoriques (ayant abouti au modèle des textes/discours), une réorientation des sciences de l’éducation et des interventions diverses sur le terrain même de l’enseignement et de la formation des enseignants. Après avoir relevé les avancées dont témoignent ces rencontres, au plans théorique (notamment s’agissant des propriétés spécifiques de genres), méthodologique (avec la clarification du statut et des conditions d’usage des dis- positifs d’interprétation de l’activité) et didactique (avec notamment l’extension bénéfique des démarches aux situations multilingues), il a proposé alors quatre chantiers auxquels devrait selon lui s’atteler le mouvement de l’Isd dans les pro- chaines années : – approfondir encore l’analyse des interactions entre les divers composants du langage, en particulier les relations entre les textes, la langue interne des individus et la langue collectivement pensée ; – clarifier les modalités d’interaction entre les dimensions praxéologique et gnoséologique de la textua- lité ( c’est-à-dire entre les genres et les types discursifs) ; – développer des tra- vaux sur les interactions entre langagier, cognitif et affectif dans le développement

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des personnes ; – veiller à maintenir un équilibre et un va-et-vient constant entre démarches théoriques et interventions pratiques.

Jean-paul Bronckart a pour clore chaleureusement remercié les participants et le organisateurs des rencontres, dans le tumulte combiné d’un orage fidèle aux rendez-vous de l’Isd et des accents d’une improbable fanfare.

Ecaterina BULEA Ecaterina.Bulea@unige.ch Cristian BOTA Cristian.Bota@unige.ch

BIBLIoGrApHIe

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Bronckart, J.-p., Bain, d., schneuwly, B., davaud, c. & pasquier, A. (1985).

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