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Le rôle déterminant du contexte de la découverte pour l'archéologue

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Le rôle déterminant du contexte de la découverte pour l'archéologue

KAENEL, Gilbert

KAENEL, Gilbert. Le rôle déterminant du contexte de la découverte pour l'archéologue. Journal / Office fédéral de la culture , 2002, no. 5, p. 6-7

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:92833

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8 de telle sorte qu'elle empêche tout abus 0 � existant Il faut également que ces res-

� ponsables soient conscients que la coopé- o ration entre musées, collectionneurs et

� marchands est régie par certaines condi­

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tians-cadres qui sont à la base de la ri- chesse culturelle de la Suisse. J'estime qu'il est important que les politiques envoient les signaux justes en disant aux collectionneuses et collectionneurs : nous entendons mettre en oeuvre la Conven­

tion de l'UNESCO et combattre les abus, mais nous voulons en même temps res­

pecter et protéger ceux qui en observent les principes. Loin de nous l'idée de leur imposer d'inutiles tracasseries administra­

tives et procédurières. Il faut faire confian­

ce aux collectionneuses et aux collectionneurs car les problèmes liés au

ICOM- Code de déontologie

Le Conseil international des musées (ICOM) est la plus importante organisa­

tion internationale de musées et de pro­

fessionnels de musées. Il regroupe 116 comités nationaux, 26 comités internatio­

naux ainsi que de nombreuses organisa­

tions affiliées et régionales.

Le Code de déontologie adopté par l'ICOM formule les principes et les normes pour une activité muséale responsable.

S'agissant de l'acquisition de matériel douteux, le code indique ce qui suit:

Le commerce illicite d'objets et spécimens encourage la destruction des sites histo­

riques, des cultures ethniques et des ha­

bitats biologiques; il favorise le vol au ni­

veau local, national et international. If met en péril des espèces de flore et de faune, viole la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (1992) et, est con­

traire à l'esprit de patrimoine national et international. Les musées doivent être conscients de la destruction de l'environ­

nement humain et naturel et de la perte de connaissance qui résulte du trafic illi­

cite. Le professionnel de musée doit ga­

rantir qu'il est fortement contraire à la déontologie qu'un musée contribue au commerce illicite de quelque manière que ce soit, directement ou indirectement.

Un musée ne doit acquérir aucun objet ou spécimen par achat, don, prêt, legs ou échange sans que l'autorité de tutelle et le responsable du musée ne se soient as­

surés que le musée peut obtenir un titre de propriété en règle. Tous les efforts

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Gilbert Kaenel

En archéologie, les dernières décennies ont démontré que l'observation et la do­

cumentation détaillée de la relation dans le terrain entre les objets découverts, autrement dit le «contexte» de découver­

te, sont aussi importantes que les objets eux-mêmes! Sinon plus encore puisque ce contexte permet de donner du sens aux objets exhumés en fouille, aussi pres­

tigieux soient-ils sur le plan intrinsèque.

Le contexte archéologique permet de re­

constituer un pan caché du mode de vie de nos ancêtres de l'histoire des techni­

ques à l'organisation sociale, économi­

que, voire politique ou religieuse, de l'in­

dividu à la communauté dans laquelle il a vécu, de l'anecdotique au général.

Prenons un exemple récent, la fouille d'une sépulture à incinération de l'âge du Bronze final sur les rives du Léman à Lau­

sanne-Vidy. Patrick Moinat réussit à res­

tituer des pratiques funéraires complexes, grâce à une analyse minutieuse suivie d'une étude exemplaire: le défunt a été incinéré sur un bûcher, sans doute à

e rô e déterminant du contexte de la écouverte pour l'archéologue

Lausanne-Vidy: sépulture de l'âge du Bronze final.

proximité. Une partie des os calcinés ont été recueillis pour être placés dans une urne déposée ensuite dans un coffret de bois de 40 x 60 cm., comme on peut le déduire de l'observation des traces rec­

tangulaires noires laissées par le bois dé­

composé. Ce coffret a lui-même été dé­

posé au centre d'un plus grand coffre faisant office de «chambre» funéraire, elle-même installée dans une fosse creu­

sée dans les sables meubles de la terras­

se lacustre. Le tout était recouvert d'une lourde dalle de pierre de 1,20 x 0,60 m.

Sur la base des quelque 640 g d'esquilles d'os calcinés à 650° environ, l'anthropo­

logue peut préciser qu'il s'agit d'un adulte d'une trentaine d'années, probablement une femme. Associés aux fragments d'une épingle en bronze, seul élément vestimentaire et de parure conservé, une dizaine de récipients en céramique, ali­

gnés au centre de cette structure selon des règles précises, représentent les of­

frandes funéraires. Les gobelets de ce service contenaient certainement un via­

tique sous la forme de boissons, alors que de la viande de porc et de la nourriture

Fouille de la tombe 38 de Lausanne-Vidy en 1992 (P. Moinat). Bronze final, vers 1000 av. J-C.

solide pour l'au-delà avaient été déposées sur le coffret. Les interprétations déduites de la mise en relation des différents élé­

ments de cette sépulture, dans leur con­

texte, illustrent des gestes, des croyances, des pratiques religieuses liées au traite­

ment des morts, il y a 3000 ans ...

La quête de l'archéologue n'a pas pour but d'extraire et de collectionner des ob­

jets uniques, aussi prestigieux soient-ils, mais d'arriver à une compréhension d'en­

semble. Le fouilleur clandestin, le pillard de tombe, piétinera par exemple les res­

tes d'un défunt enseveli il y a 2500 ans;

il abandonnera les objets en fer, rouillés, voire les parures en bronze sur les déblais de cette «fouille» pour ne retirer que les objets en or; il négligera la céramique commune au profit du vase dont la valeur marchande est assurée. Le terme de mas­

sacre n'est pas exagéré et on assiste bien à la destruction de fragments de la mé­

moire des peuples et des cultures.

Le trafic illicite de «trésors» archéologi­

ques conduit au pillage des sites et à l'anéantissement irréversible du contexte

dans lequel ces vestiges, témoins du pas­

sé, dorment enfouis.

Aujourd'hui la protection du patrimoine archéologique fait l'objet de lois propres à chaque pays. On ne saurait trop rendre attentif les collectionneurs de bonne foi à cette évidence: un nouveau «trésor»

archéologique qui apparaît sur le marché et dont on ne peut expliquer la provenan­

ce est nécessairement issu de fouilles clandestines 1

Gilbert Kaenel est archéologue et direc­

teur du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire de Lausanne

Pour en savoir plus:

Fundort: unbekannt. Raubgrabungen zerstbren das archaologische Erbe. (D.

Graepler, red.) München 1993.

Kaenel G. Vendu en vrac. .. ou de la tris­

tesse d'un objet livré au commerce. Vrac.

L'archéologie en 83 trouvailles. Homma­

ge collectif à Daniel Paunier. Musée ro­

main de Lausanne-Vidy, Lausanne 2001, pp. 108-1 09.

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