Thesis
Reference
L'influence des grandes éruptions volcaniques sur l'atmosphère et le climat
SESIANO, Jean
Abstract
Deux grandes éruptions volcaniques ont eu lieu au début des années 1980, celle du Mt St Helens aux Etats-Unis, et celle de El Chichon au Mexique, la seconde étant plus importante.
Dans les semaines et mois qui suivirent, des effets peu marqués sur le climat furent relevés.
Ils étaient dus aux aérosols et au dioxyde de soufre émis, qui avait donné naissance à des gouttelettes d'acide sulfurique, en suspension dans la haute troposphère et la stratosphère.
Le réchauffement de cette dernière a altéré le bilan radiatif du Globe, menant à une modification de la circulation globale des vents, et par conséquence, à une perturbation de la circulation océanique. Mais ce ne sont que des éruptions majeures qui pourront modifier le climat sur plusieurs années.
SESIANO, Jean. L'influence des grandes éruptions volcaniques sur l'atmosphère et le climat. Thèse de privat-docent : Univ. Genève, 1985
DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:42309
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:42309
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1 / 1
L I INFLUENCE DES GRANDES ERUPTIONS VOLCANIOUES
SUR L ' ATMOSPHERE ET LE CLIMAT
J.
SESIANODépartement de
Minéralogie,
Sclences dela Terre, Université
de Genève,rue
des MaraîcherslJ, t2tl
Genève 4I.
TABLE DES MATIERES
INÏRODUCTION
l.
Généralités?.
Lr atmosphère3.
Les aérosolsVOLCANS ET ERUPTIONS
III.
LES POUSSIERES VOLCANIOUES DANS L ' ATMOSPHEREl.
Dimensionset altitudes
2-
Dispersion des aérosors dansra
stratosphère3. Indice
de Lambet
épaisseur optique4.
Techniques dtobservation des aérosolsLES GAZ VOLCANIQUES DANS L ' ATMOSPHERE
RESULTATS OBTENUS A LA SUITE DE DEUX ERUPTIONS RECENTES
I.
MontSt.
Helens?..
EI
ChichonEFFETS CLIMTIOUES DES AEROSOLS
:
MODELES ET OBSERVATIONSI I
4
5
L2
t5 t5
L7 L9 2L
24
42
43
45
II.
IV.
V. 27
27 29
VI.
VII.
AUTRES EFFETS DES AEROSOLS EN SUSPENSIONVIII.
CONCLUSIONSIX. BÏBLIOGRAPHIE
FIGURES
35
X. 53
RESUME )Ê)Ê**{-.*
Après un
bref rappel
dessubdivisions
de I'atmosphèreet
des aérosols qu'ony trouve, Ies divers
types de volcanset d'éruptions sont
passésen
revue, afin
dedéIimiter
ceuxqui sont
susceptibles de chargerI'at-
mosphère en
particules et
en gaz.A la
lumière de récenteséruptions, particulièrement celles
du MontSt'
Helenset
deEl
Chichon,Ies dispersions horizontales et verticales
desaérosols, Ieurs
dimensionset leur nature, ainsi
queI,évolution
deces paramètres
sont
examlnés.Les
principaux résultats
de ceséruptions ont été,
drunepart
de mieuxconnaitre Ia circulation stratosphérique,
zonaleet
méridienne,€t, drautre part,
de mieuxsaisir I'importance des
gaz desoufre injectés
dansla stratosphère.0n srest
eneffet
rendu compte quepar Ieur
oxy-dation et
transformation engouttelettes dracide sulfurique très réflec- tivesr c€ sont
euxqui sont
enfin
de compte capablesd'altérer le bilan radiatif terrestre,
provoquant unrefroidissement
ausol et
un réchauffe- ment dela stratosphère.
Ce réchauffementpeut à
sontour affecter
Iacirculation
des ventsà I'éche1le
du Globe,puis celle
des courantsmarins,
avectout
cequi
en découle.Néanmoins,
il
semble que deséruptions
deIa
magnitude decelles
queI'on a décrites
dansce travail, ont
uneffet
pratiquementinexistant sur Ie climat- II faut
probablement un événement gigantesque,Ia for-
mation de
caldeiras
géantespar
exemple, commeiI s,en produit
un oudeux en I00.000 ansr pour
affecter
sérieusementIe climat
du Globe.I
I.
INTRODUCTIONl.
GénéralitésDepuis des
siècles
dé3à, I'hommesrest
rendu compte quele climat
dela
Terresubissait
de grandesvariations.
Pour prendre un exempre proche de nous dansIe
tempset I'espace, iI suffit
de serappeler
que desvoles
romaines pavéestraversaient Ia
chaÎne des Alpes pennines,entre le Valais et Ie
VaI d'Aoste.EIIes étaient
encoreutilisées
au début denotre millénaire, alors qu'à la
Renaissance
déjà, ertes étaient
devenuesimpraticabres,
recouvertes qurelresétaient par
drimposantes masses deglace (Rôthlisberger,
L976).Encore
plus
près de nous dansIe
temps, beaucoupont été
frappés par des gra- vures nous montrant un vorumineuxglacier
du Rhône descendant jusqu' aux . portes de Gletsch(en
1860),alors
que malntenantil est
nichébien
hautsur les
pen-tes
abruptesjouxtant à I'ouest les lacets
ducol
dela
Furka.Enfin, plus loin
dans
le
temps,et à
uneéchelle continentale cette fois,
on pourra mentionnerres côlottes glaciaires qui recouvraient ir y a
20.000 ansra moitié
de lrfuné-rique
du Nordet
deI'Europe,
phénomène accompagné drun niveau océanique I00à
150 mètres prus bas queI'actuel ; le gracier
du Rhônes'étendait arors jusqu'i
Lyon, avec une épaisseur de 900 mètres environà la verticale
de Genève.De
ters
exemplespourraient être multipliés
en Europeet sur
drautres continents, oùirs sont
cependantparfois
moinsextensifs et
moins souventrapportés, soit
dufait
dela
moins grandedenslté
depopulation, soit
de son manquedrintérêt
pour ce genre de phénomènes considérés commenaturels.
Après
avoir
constatél'existence
de ceslentes
"maréesglacialres",
ayant comnecorollaire les variations
correspondantes du niveau des océans (enpartie
dumoins),
Irhommea
cherchéà élucider
cequi pouvait les avoir
engendrées.Crest ainsi
queplusieurs théories ont été
avancées pourexpliquer les fluc- tuations plus
ou moins périodiques desclimats,
étaréessur
desintervalles
detemps
variables :
de quelquesslècles à plusieurs millénaires,
centaines demirlénaires
oumillions
d'années. Maisc'est tout
récemmentqu'a
sembrés'im-
poserplus particurièrement rrune d'entre elles, celle basée sur les varia- tions
des paramètres deI'orbite terrestre.
Après unbref
exposé decette théorie,
nous passerons également rapidementles autres
en revue.-
Théorie deMilankovitch : elle a été
présentée pourla
premlèrefois
enl94I par Milankovitch, puis elle est
tombée dansI'oubll jusqu'en
1975, date à2.
raquelle
un Berge,A. Berger, I'adapte et ra
remetsur les rairs
d'unecrédi- biJ.ité qui
deviendra de pJ.us enplus soride
avecres
années.Alors
que pour wegeneret
sathéorie
dera dérive
descontinents,
cesont res
preuves expéri- mentalesdécisives qui avaient
manqué, pourle
yougosrave M.Mirankovitch, crest re
vorume énorme descalculs à effectuer qui
nelui avait
pas permisdratteindre
ra preuveformelle.
De même queres
progrèsfaits
en océanographieont
permis versres
années 1960à
1970à ra théorie
dela dérive
descontinents drentrer
parra
grandeporte
ausein
des sciences dela Terre,
de même lravènement des grandsordinateurs a
permisà ra théorie
deMilankovitch d'être
prouvéeet
reconnue àsa
juste
valeur.En ce
qui
concernera variation
des paramètres deI'orbite terrestre,
Berger (1980)obtient les résultats suivants.
pour uneratitude
donnée, pour uneat-
mosphère parfaitement transparente
et
pour une constantesolaire
(actuelrement 1353 Vt/nZ) vraimentconstante, I'insolation
dépend deI'excentricité de'I,or- bite
deIa
Terre autour duSoleil
(actuellemente
= 0.0167;
mais 0.005< e
<0.0607, avec une quasi-période de 95,000
ans),
deI'inclinaison
deI'axe
derotation (e =
23027' actuellement;
mais 22002'<
e< z4oJ0,,
avec une quasi- période de 41.000 ans)et
dela longitude
dupérihélie
mesuréeà partir
dupoint vernal 1
(précession des équinoxes;
quasi-périodede
25.70Oans).
Cesvaleurs ont été
déduites drun modère du systèmesolaire
dontles
paramètresont été suivis,
dansle calcul
desperturbations
des planètesles
unessur
resautres,
durant5 millions
d'années.Berger, à la suite
de nouverles données (carottages des fonds océaniques pourle rapport
O18/O16), reprendet ajuste
sathéorie.
De nouvelles périodes devariation
des élémentsorbitaux sont
mises en évidence, périodes queI'on retrouve
dansles
enregistrements paréoclimatiques du Quaternaire, mais sous une forme combinée(fig. l).
De nombreux auteurs se penchent
arors sur le
problème, essayant de reproduireles osclrlatlons
crimatiquespar
desvarlations
simurtanées des paramètresor- bitaux, affectant à leur tour I'insolation
reçue.Finalement, Berger
et ar.
(1980)font intervenir les variations
mensuelles derrinsolation (selon ra ratitude), les interactions entre
r,océanet
I'atmos-phère
et les
changements deI'albedo terrestre
(enfonction
dela
couverture neigeuse),arrivant à
un modèle reproduisant assezfidèlement les fluctuations climatiques
des 400derniers mirrénaires.
Maiscrest surtout rrexcellente
con- cordance avecles variations climatiques
dédultes des carottages des fonds océaniquesqul est frappante.
0npeut relever ici
quecrest
avanttout
unedéficience
dela chaleur estivôle
(avec deshivers
doux)qui est
capable dedécrencher une
glaciation, et
non unesuite
d ' hiveÉ,rigoureux (donc pauvres enJ.
précipitations)
comme onle croit
générarement (Covey, l9g4).Pour
être
complets, nousallons
rapidement passer en revueles autres
théoriesgui ont été
avancées pourexpliquer les variations
duclimat, discrètes
ou con- tinues.-
Le changement deposition
descontinents à la
surface duglobe : cette
hy_pothèse
est
parfaitementvalabre,
maisres
boureversementsclimatiques qui
enrésurtent
sedéroulent sur
untrès
grandintervalle
de temps, dépendant de ravitesse
de déplacement descontinents
(delrordre
de5 à l0
cm/an),Etle
per- met,par
exemple,d'expliquer facilement la
présence detraces glaciaires
(rochespolies et striées,
dépôts morainiqued dansIe
Sahara, Oman ouI'Afrique
dusud, ceci résultant
dufait
que cecontinent était situé à
unelatitude
plusaustrale il y a
300millions
d'années, JouxtantI'Antarctide.
-
Le passage du systèmesolaire à travers
un nuage de poussières cosmiques :crest
une hypothèse ad-hoc permettantd'obtenir
unaffaiblissement (par diffu-
sion et absorption) très
marqué deI'énergie solaire
nousatteignant, et
celadurant
une périodequi
peutêtre très
brèveet bien délimitée
dansle
temps.-
Desvariations
dela
I'constante"soraire : res
mesuresactuerles, qui
s,éten-dent sur
une duréed'observation par trop limitée,
ne permettentni
deconfir-
mer,ni drinfirmer cette
hypothèse. Lrastronomie nous enseigne cependant qu,àtrès
longue échéance, deI'ordre
aeto7 à r08
"n",
ondoit
observer une rente augmentation dera luminosité
dusoreil :
seronles
modèlesdrévorution stel- laire, le sorell est aujourd'hui
40 %plus
runineux quelors
de sa formation (Friedman, 1983).D'autre part, re
rayonsoraire
sembrerartêtre le
stège devariations
pérlodiques(ll
anset
80ans),
pouvantaffecter la
constante so_Iaire.
- L'impact
de grosses météoritessur ra Terre : ra projection et/ou ra vorati- lisation
dumatériel lors
deI'impact
mettent en suspension des pousslères, aérosorsplus
ou moins volumineux. Le temps de séJour dansI
atmosphère dé- pendra delrartitude atteinte par les partlcures et
deleur
masse.selon
ra grandeur delrobjet incident, les effets cllmatiques seront rfolonaux
ou àl'échelle terrestre. crest
une des hypothèsesqui a été
avancée pour expliquerla dlsparitlon relativement brutale
des Dinosauriens au début du cénozorque,iI y a
65millions
drannées.Une
variation
deI'activité solaire (cycle
delI ans) :
cormele
relève Le RoyLadurie (L967),
ona
remarqué quele
réchauffement du XXesiècle
estlié à
unelente
montée deI'indice dtactivité solaire
(nombre de taches sur4.
le disque), alors
queIe refroidissement
des XVIIeet XVIIIe siècles
pouvaitêtre
mis enrapport
avec uneactivité solaire
spécialementfaible entre
L645et
L7L7.Cette activité serait
donc une des causes desfluctuations climati-
ques, mais dequelle
manière?
Aucunerelation
de causeà effet nfa
puêtre
mi- se en évidence dfune manière précise.Des changements de
trajectoire
ouI'établissement
de nouveaux courants marinscette
hypothèse,qui a été particulièrement bien vérifiée
dansIe
cas deI'hé-
misphère
sud, est tiée
au déplacement descontinents ; eIIe
lmpllque,donc uneéchelle
de tempstrès
grande.L'ouverture, par
exemple, drundétroit suffi-
samment
large entre I'Australie et I'Afrique
dtunepart, et I'Antarctide dfautre part, a
permisItétablissement dfun
courant circumpolairesud.0n
adonc
€ur vers
38millions
drannées BP, unrefroidissement très
marqué de I,océan (actuellement appeléglacial antarctique), alors
queI,on n,avait
auparavant que des échanges thermiquesintenses entre
hauteset
basseslatitudes. iefa s'est traduit par
un brusque changement (en 105 ans) des fauneset flores
de ces
régions qui ont
dûs'adapter à
unclimat
devenufroid (Lorius et âI.,
L977).
Les grandes
éruptions
volcaniques: elles projettent à plus
ou moins hautealtitude
dans I'atmosphère des poussièreset des
gazqui vont y
séjourner brièvement ou longtemps.C'est surtout les violentes éruptions
del9g0
et L982(Mt. St.
Helens auxEtats-Unis et El
Chichon au Mexique)qui ont
provoquéun grand
regain d'intérêt
pourI'observation
de ces aérosolset Itétude
deI'affaiblissement
du rayonnementsolaire qui
en découle. Cette hypothèsefal- sant lrobjet
decette étude, elle sera
développée dansles chapitres
suivants.2.
L'atmosphèreII est peut-être utile à ce
stade dutravail,
de donner unbref rappel
de Iastructure
dela
mince couche gazeuse entourantla Terre,
Itatmosphère. La den-sité
deI'air décroÎt
avecI'altitude, et cela
d'une manièreexponentielle,
carI'air est
unfluide
compressible.Ainsi, à
50 km,elle nratteint plus
que Iemillième
deIa valeur
ausol.
Malgrécette
décroissancerapide, Irair est
en-core
suffisamment dense pour provoquer,à I00
km, ltéchauffementjusqurà in-
candescence des
météorites ; à
200[r,
pour empêcher,par freinage, re
séjour prolongé dessatellites artificlels, €t, entre
70et
1000 km, pour donnernaissance
à
des phénomènes lumineux appelésles
aurores: ce sont
descollisions
departlcules
énergétiques chargées(électrons et protons)
provenant indirec_tement du
Soleil,
avecles
moléculeset les
atomes de Iratmosphère, suivies5.
drune
désexcitation
dansIe visible.
L'atmosphère
est
un mélange dedivers gàzt
parmilesquels I'azote,
I'oxygène,ltargon, la
vapeurd'eau et Ie
dioxyde de carbonesont les principaux.
Cesdeux
derniers sont
enproportion très variable
selon 1'heureet Ie lieu.
La température
varie
avecI'altitude, et c'est
cequi a
suggéréle
découpagede Iratmosphère en couches concentriques.
0n observe dfabord une première
région qui voit la
température deI'air décroÎtre si I'on s'élève (le sol réchauffe I'air par
conduction, convectlonet
rayonnementI
doncr€r altitude, I'air étant
de moins en moins réchauffé seraplus froid). Cette
coucheest
appeléeIa
troposphère. Sonaltitude
su-périeure, Ia
tropopause,fixée par Ia fin
decette
décroissance deIa
tem,pérature, est variable selon Ia latitude et la saison :
de7 à
18 km en pas-sant des
pôIesà I'équateur,
avec desvaleurs entre I0 et IZ
kmaux'Ia- titudes
moyennes. La températureà la
tropopauseest d'environ
55o. Les mouvements deItair
dansIa
troposphère,Ies vents, sont
assezbien
connus.0n
verra plus loin leur
importance dansle
problèmequi
nous occupe.Il
nfestenfin
pasinutile
derelever
quectest
danscette
couche que se déroule Ie tempsqu'iI fait, Ia
météorologie.Dans
la
couchesupérieure, la stratosphère, Ia
température dtabordstable,
recommence
à croitre
pouratteindre,
aux environs de 50 km,à la
stratopause, desvaleurs
comprisesentre
10et l0o,
selonIa saison. Crest
dansIa stra-
tosphère que se
constitue la
couche dfozone0j, à I'altitude d'environ
25 km(valeur variable selon la latitude et la saison), par réactions
photochimiques des rayons UVsur
I'oxygène deI'air
avec absorptiondténergie, puis libération par photodissociation d'03;
en I'absence drozone,iI nty aurait
pas destra-
tosphère.
Les mouvements de
I'air
danscette région sont
encore assez malconnus;
onIes
examinera cependant un peuplus loin
dansnotre
étude.PIus
haut
encore, dansIa
mésosphèrequi s'étend jusqutà environ
B0 km,la
température
décroÎt à
nouveaujusqutà Ia
mésopause, pourà
nouveaucroltre
dans I'ionosphère.
3.
Les aérosolsDepuis quelques annéesr oR
sfest
deplus
enplus
rendu compte deItimpor-
tance des aérosols dans Itatmosphère. Par
aérosol,
nous désignons une suspension6. au
sein
drun gaz departicules naturerles
ouartlficielles,
sorides ouriquides, dont les
dlmensionsvont
du centième de micronà plusieurs
dizaines de microns(l
micron =I u
m= lO-6 m).
Lesplus petites
de cesparticules restent
ensuspenslon sous
l'effet
delragitation
thermique des molécules deI'air
(mouve_vent
brownien),leurs
temps de chute pouvantatteindre
des années. Leur con-centration
ne peut pas dépassercertaines valeurs car, par colllsions,
on ob- serveraalors
coalescencesuivle
d'unerapide
retombée ausor.
Des valeurs massiques typiques vont de quelquesdizaines
de microgranmesà
quelques cen_taines
de milligrammespu" rJ.
Le piégeage des aérosols en vue drobservations sefait à lraide
defiltres à mailles
prus ou moinsfines
ou drimpacteurs.0n peut
relever
quela
matièreinterstellaire, à la
base dela
formation desétoiles, nrest rien drautre
qu'unaérosol très
ténu.Enfin, les
aérosolssont le point
dedépart
dela
météorologie crassique, carres
nuageset les précipitatlons ont
pour noyaux de condensationres
aérosols.Passons en revue
les divers
types d'aérosols.u) 9tlgilg-g:!rs!9rI9:!I9
Lorsque des météorites
entrent
encontact
avec I'atmosphèreterrestre,
animéesde
vitesses
del0
km/set plus,
l'échauffementproduit conduit à leur
vapori-sation.
Dansla plupart
descas, ce
nesont
que desobjets
de massefaible
(deI'ordre
du granme),et
ce phénomène("étoile" filante)
se passeà
unealti-
tude
drenviron
100 km. cependant,lorsque la
masse derrobjet croît, la
proba-bilité d'atteindre le sol est plus élevée.
Lesfines
poussièresproduites,
res-ponsables des nuages
noctilucents à très
hautealtitude, vont
peuà
peudescendre rentement
à travers
atmosphère pourarriver
ausol.
Le taux moyende retombée
est
drenviron 250 tonnespar jour
pourla
surfaceterrestre.
ce processusest continu,
rnaisil
peutêtre
exacerbélors
du passage dela
Terre dansra
queue drune comète ou dans un groupe de météoritesà retour
périodlque(par
exemple,les
Perséides, en août).b) gligug-lgrre:lrs
Origine
minérale marine :Lorsqurun
vent fort souffle sur la
mer,la crête
des vaguesest balayée:
cesont les
embruns,dont la
compositionest celle
deI'eau
de mer. Ces goutte-lettes
peuventêtre
emportéessur
deskilomètres à I
'intérieur
destepes €t,
ens'évaporant,
donner unrésidu
desels
formant desaérosols.
Enoutre,
mêmepar
temps calme, desmicrogouttelettes
(diamètre deI à I0 U)
s'échappent7.
de
la
surface marine sousI'action
debulles
venant r5claterà la
surface,laissant
en suspension unaérosol lors
deleur rapide
évaporation. C'estIe
phénomène depétlllement
dela
mer, mis en évidence en 196lpar
Blanchard.Cet
aérosol va,
sousI'effet
dela
convection,remplir toute Ia
troposphère, servant de germeprincipal
de condensationà la plupart
des nuages. Lasalinité (faible)
dela pluie est ainsi expliquée.
Laquantité
annuelle detels
aéro-sols délivrés à
I'atmosphèreest
estiméeà
109 tonnes(Labeyrie, l97B).
parmi cesaérosols, Ie soufre joue
unrôle important.
Eneffet, lI existe à la
sur-face
deIa
Terre uncertain
nombre de rochesqui
contiennent dusoufre
(par exemple,Ie
gypse CaS0O.2Hr0rla pyrite
FeS2,etc.),
roches dontla
dégradatlonpar lreau et re vent constituera
une sourced'aérosols soufrés.
Dansles
océans,le soufre est
présent sous forme desulfates
(decalcium,
de magnésium,etc.)
représentantenviron l0
% dela
masse duse}
marin(soit
environ 3r5gr
parlitre
dreau de mer).La production annuelle
d'aérosols
desoufre par le
mécanisme dupétillement
dela
merserait d'environ
40mlrlions
de tonnes, pourtoutes les
eaux narines(Erikson,
L963,, I'interface
océan atmosphère représenteainsi la
source maJeured'aérosols sulfate
(Bonsang, 1982).- 0rlgine
mlnéralecontinentale
:Cet
aérosol
peutavoir plusieurs
sources. Soulevépar Ie vent
dansles
zonesarLdes,
crest le
vent de sable ou de poussière. Dansles
chaines de montagnesde basse
altltude,
couvertes d'une abondantevégétatlon, crest la
brume bleue,aérosol
engendrépar I'oxydation
des vapeurslibérées par les feull1es.
Le phénomèneest particurièrement bien
marqué dansles
AppaLaches,sur la côte
Est desEtats-Unis,
dansIa région
des rrBlue Smokiesrr. Ala fin
du printemps, enzone tempérée, ce
sont
des nuages depollens libérés par la végétatlon,
aéro-sol
auquelI'être
humaln peutêtre senslble
(rhurne desfoins).
La première source mentionnée,
d'origlne désertique, étant la plus
Lmportante, examinons-laplus
endétail.
Cfest
dansle
Sahara,le plus
vastedésert
du Glober QuêIe
phénomène de prise en charge des poussièrespar Ie vent a été le
mieux étuOié (Coudé-Gaussenet aI.
1983).
Depuis longtemps, onconnait les "pluies
desang", les
neiges rougesou jaunes
et les
brumes sèches, phénomènesqui sont liés.
Maisce sont
des événementponctuels, et il a fallu
I'avènement dessatellites artificiels et
deleurs
photosà I'échelle
hântsphérique poursuivre le
déplacement de ces pous-sières. C'est ainsi
que non seulement ItEuropereçoit
ces tithométéores saha-riens,
mais encoreItAtlantique, les
Caraibeset le
Sud des Etats-Unis.8.
Plusieurs dizaines
demilliers
de tonnes de poussièrestraversent ainsi lrAtlantique
annuellement. Ce phénomèneest
enoutre
encore observé dansle Pacifique nord, Ies régions
désertiques deI'Asie centrale
enétant les
pour- voyeuses.Lors
de tempêtes,les grains
de sable se déplacent au voisinage dusol par saltation et
roulement;
eneffet, Ieur
diamètre minimumétant
conven-tionnellement fixé à environ
50 liffirieur
masseest trop
élevée pour pouvoirêtre
soulevéetrès haut et être transportée
auloin.
Parcontre, Ies
poussières (diamètre det à
20 um) fleuventêtre
entralnéesà
desmilliers
de mètresd'al- titude et
desmilliers
dekilomètres
dedistance.
Lacaractéristique
des mi-Iieux arides étant
I'absencedreau,
même dansla
basse troposphère,les
pous-sières
peuventy rester
en suspension assez longtemps.Elles
nejoueront
doncpas
Ie rôle
de noyaux de condensationet
neseront
qutoccasionnellement rabat-tues
ausol par les pluies : ce sont les
brumes sèches en bordure desceintu- res
désertiquessubtropicales
nordet sud, ainsi
que dansles déserts froids (Antarctide).
Un phénomènesimilaire
s'observesur Ia
planète Mars.Le déplacement
horizontal
des poussières accompagne en généralles
grands cou-rants
deIa circulation
atmosphérique.L'atizé
(NE-SWà
E-}V) prend en charge ces aérosols selon un cheminementplus
ou moinsparallèIe à I'équateur.
Lesretombées se
font
en cours deroute sur plusieurs jours,
selonla
masse desparticules, la vitesse et Ia
turbulence duvent, leurs altitudes, la
rencontre avec des massesd'air
humide,etc.
Desvitesses
de chute typiquesvont
de quel- ques décimètresà
quelques mètrespar jour.
0n peut
relever enfin
queles
volcans produisent également unaérosol
miné-ral,
mais nouslui
réserverons unchapitre à part plus loin.
Origine
organique, marine oucontinentale
:Les aérosols ayant une
origine
organiquesont
en majeurepartie à
base desoufre. Cfest à la suite
deIa
découverte departicules
desulfate
dansla
basse
stratosphère
(Jungeet âl.rL96L)
qu'unintérêt a
commencéà
se manifes-ter
ausujet
delrorigine
dece soufre €t,
par voie de conséquence,sur
soncycle
dans Iratmosphère. Nous neparlerons
dans ce paragraphe que du soufredrorigine naturelle, dont les
sourcessont la
biosphère,Ies
sources minéra-les
océaniques ayantdéjà été traitées.
Les volcans produisent également un
aérosol
desoufre et
de carbone minéral, maiscela sera traité plus loin.
Lfimportance deIa
biosphèreest
grandepuisqu'elle est à ltorigine
de près du 50 % dusoufre
atmosphérique.Il est li-
béré sous forme de composés gazeux
dont I'oxydation conduit plus
ou moLnsra-
pidementà Ia
formation desulfates.
Maisc'est surtout la
biosphère océaniqueo
qul
apportela plus forte contribution (2/3), la
biosphèrecontinentale four- nissant le reste.
Lesoufre est lrun
des composésles plus
importants dela
matière organique (aprèsC, H,
Oet N).
Absorbé sous forme desulfates, iI
estplus tard tibéré lors
des transformationset
des dégradationsnaturelles
desvégétaux
terrestres et
des organismesmarins,
sous forme desulfure
drhydrogène HrS ou desulfures volatiles (par
exemple,le sulfure
de diméthyle CH3SCH3).Pénétrant dans I'atmosphère, ces composés soufrés ne
tardent
pas ày être trans- portés, puis
oxydés. En présence drozone0r,
d'oxygène atomique, de radicauxIibres
(hydroxyle H0, ou perhydroxyleH0r),
onobtient
du dioxyde de soufreS0r.
SelonIa
concentration de ces gaz (donc selon I I environnement ), la
duréede
vie
des composés soufrés dans l,atmosphèrevarie
de quelques heuresà
quel- quesmois.
Le S0,n'est
cependant qu'unproduit lnterrnédiaire, car iI
vaêtre
oxydé pour donner dessulfates, réaction favorisée par la
présence departi- cules
hydratées:
onobtlent
en phase aqueuse HS03et S0r, puis I'ion sulfate S0[
en présence d'oxygène ou drozonedissous : le milieu
atmosphérique nuageuxest
donctrès favorable à cette sulte
deréactions,
Le S0, peutd'autre part être
absorbé directementpar Ia surface terrestre, continentale
ou marine, absorptionplus rapide
dansle
cas drunmlrieu
basique(sor carcaire
ou surface deI'océan). Ctest ainsi
quela moitié
du S0, deIa
basse troposphère dlspa-raÎt
en une journéepar transformation
ensulfate et
que 20à
25 %disparais- sent par
absorption au niveau dusol
(Nguyenet al.,
L9751.
Lecycle
dusoufre est alors bouclé. Il est
cependantclair
queIa répartition
du soufretant horizontale
queverticale
dansla
troposphèreest loin d'être
homogènepuisqu,'ll y a
deslieux
de productionpriviléqiés.
Des recherchesà
cesujet sont
en cours présentement.- Orlgine
anthropogénique :l.
l-es explosions nucléaires0n se
souvient
qu'aumilieu
des années50, certains
pays (Go, URSS, USA)avaient entrepris
unvéritable feu dtartifice nucléaire.
Ces essaisont
eu pourseul mérite d'avoir
des retombées(l) positives
pour quelques domaines desSciences de
la Terre
(Météorologie, Sismologieet
connaissance du Globe, entreautres).
Eneffet, Iors
deI'explosion dfun
engin atomique ou thermonucléaire au-dessusdu sor, la
prus grandepartie
du combustible (uraniumet
plutonium)est
transformée enproduits
defisslon qui sont projetés
dans Iratmosphère.L'aérosol
formé occupera un volume deplusieurs kr3
après quelques dizaines de secondesdéià,
aérosol formé d'éléments presquetous radioactifs,
Qui sedisperseront
dansla
troposphère.L'extension
sefait
principalementà la Ia-
tltude
deI'explosion.
Peuà
peuinterviendra
unedispersion
hémisphérique10.
dfune
fractlon drentre euxrles plus ténus, Ia plupart étant déjà
retombés ausol.
LorsqueIa
détonationn'a
paslieu
enaltitude,
mais ausol, ce
sont d'énormesquantités
de poussièresqui sont
mises en suspension avantd'être
véhiculéesautour
duglobe. Et lorsque I'explosion est particulièrement
puis-sante, la
convection engendréepar I'intense
chaleur dégagée pourra amener cesaérosols jusque dans
la
bassestratosphère.
Ladispersion
sefera cette fois
à1'échelle
du Globe,€t le
temps de résidence se comptera en années. Crest decette
époque quedatent les
premières étudess{lr les aérosols, Ieur
transportet leur
temps de résidence dans lratmosphère. Eneffet, certains
isotopes(comme
le tritium Hi,
de période 13ans) ont
puêtre utilisés
comme traceurs, puisquronconnaissait
exactementI'heure et le lieu
deItinjection.0n a ainsi
pusuivre
avecprécision les
mouvements des massesdrair.
Tout récemment,
ce
problème des aérosols mis en suspension dans I'atmosphèreIors d'un
éventuelconflit nucléaire
d'envergure,a été Itobjet
d'étudespluridisciplinaires
(Coveyet aI.,
1984) :les
perspectivesclimatiques à courte et
longue échéance semblent devoirêtre très
sombres,I'altération
des températuresà l'échelle
mondiale ayant desimplications
importantes dans de nombreux domaines(climat,
alimentation, niveau des océans, etc.).
. 2.
Les aérosolsindustriels
Lrindustrie
humaine engendre constamment demultiples
aérosolsartificiels.
Les concentrations
sont plus
élevéesprès
deslieux drorigine,
maiscertains ont déjà
envahila
planèteentière.
Quecela soit
dansles
mineset les
car-rières,
oùles
machineset les
explosionsllbèrent
des poussières minérales quivont affecter les voies respiratoires
destravailleurs (ta silicose),
ou auvoisinage des
industries
chimiqueset métallurgiques,
où des fumées contenant des matières en suspensionvont
se répandre dans I'atmosphèrerofl sfest très tôt
préoccupé de mettre au
point
desfiltres et autres
techniques permettant deIes éIiminer :
ttcyclonestr enlevantles
grossesparticules,
"scrubbersrr extrayantle S0.
zet I'acide sulfurique par
passagesur
ducalcaire
oupar lavage,
pré-cipiteurs électrostatiques nettoyant Ie
99 % des poussières en suspension.Nous avons
parté
précédemment des aérosols soufrésd'origine naturelle
(merset continents).
Leur masseest
actuellement du mêmeordre
de grandeur quecelle
dueà la
production humaine. Le S0Z anthropogéniqueprovient
dela
combus-tion
des hydrocarbureset
des charbons(dont les
0.15à
3 % enpoids sont
cons-titués
desoufre)
dans sa majeurepartie, Ie reste
provenant desindustries
chimiqueset métallurgiques.
Ces problèmessont à Irordre
dujour
actuellement :les pluies acides
(pH de3 à 4.5 ; pluieftnormale" :
de5 à 5.6)
dans lesII.
rqtions
ou sousle vent
des zonesindustrierles ; le
plomb dans rressence(sous forme de
tétraéthyle), à r'action antldétonante, est
{lalement un aérosollibéré
dans I'atmosphère,nuisible à ra
santé(le
saturnisme chezles
Romalns,ou enpolsonnement au plomb), de même que
les flbres
dramiante(elres
sréchap- pent despatins
defreins lors
dufrelnage
ou des panneauxignifuges),
Iesinsectlcides dlvers, les
.propulseurs dansles
bombes ou,,sprayr, les
solvants,etc.
Finarement,
les feux
deforêts
décrenchéspar
rthorme,ont
vureurs
fuméesse déplacer
très loln.
En 1950par
exempre, detelres
fumées produrtes dansIAlberta
(canada),ont été
observées en Europepar leurs effets sur la
lumièresolaire (Solell et
Lune bleus).L2.
II.
VOLCANS ET ERUPTIONSLe
sujet principal
decette
étudeétant I'influence
des grandes éruptions volcaniquessur
I'atmosphèreet les climats, iI est peut-être
bon de rappe-ler les divers
types de volcanismeet
de mettre en évidence ceuxqui
sont capables d'engendrerles
phénomènesqui vont être
présentésplus
endétait
dans
les chapitres qui
suivent.Un volcan
est
unorifice à Ia
surface descontinents
ou au fond des océans parIequel
s'échappent desproduits
gazeux, accompagnés ou non de phasessolide et/ou liquide. Lrorifice peut
se présenter sousIa
forme drunefissure
(éruption fissurale),
oubien
setrouver à I'intersection
de deux ou plusieursfissures, ctest-à-dire
donner naissanceà
une ouvertureplus
ou moinscir-
culaire (éruption centrale).
,La composition de
la lave
émise, dépendant elle-même de I'environnement danslequel
sesitue le volcan,
aura une grande importancesur le type
de volcanis-me observé.
Plusieurs classifications d'éruptions
ayantété
proposées, nous en présentons une quelque peusimptifiée
:type fissural :
on observe de volumineux épanchements delave fluide, le
phénomène
se faisant
généralement d'une manière calme, sans explosions,même
si
desfontaines
delave sont parfois
observées (querques centaines demètres de
hauteur).
Comme exemple-typer oha les
volcansdrlslande (à
Hawaii également, maiscrest
untype fissurar prus localisé).
type strombolien: lraccès
du magmaà Ia
surfacenrest, ici
également, pasentravé, €t les
épanchements, assezfluides,
mais occasionnels,sont
accom- pagnés deprojections ntatteignant
qurunefaibre
hauteur (quelques centaines de mètres) au-dessus ducratère.
LeStromboli,
enSicile, est
I'exemple-type decette activité.
type vulcanien : la viscosité
dela lave
augmenteet eIIe
entraveIe
dé-gazage.
EIle
serabrisée
en fragments,blocs et
cendres,lorsque Ia
pressiondes gaz deviendra
trop forte.0n
observealors
des explosions occasionnelles,parfois violentes.
Lesaltitudes atteintes par les
téphra peuventêtre
élevées(plusieurs kilomètres).
L'exemple-type decette activité est le
volcan Vulcanor۔ Slcile.
type ultra-vulcanien :
lrénorme pression des gaz accumulésproduit
unetrès forte explosion, projetant
dumatériel pulvérisé,
en maJeurepartie
ancien, jusqu'à plusieurs kilomètres d'altitude.
Les maarsr ou cratères13.
d'explosion,
deI'Eifel (R.F.A.),
actuellementremplis d'eau, sont
les exemples-types decette activité.
- type plinien : crest
une phase paroxysmale des types strombolienet
vulca-nien.
Uneéruption peut
souvent débuter decette
manlère,surtout
après uneIongue période
d'inactivité
(débourrage dela
cheminée).0na éjection
de gazet
delave pulvérisée à très
hautealtitude
(une ouplusieurs
dizaines dekilomètres).
Un épanchement delave plus
ou moins visqueusepeut
suivre.Exemple-type
: le
Vésuver€fl Italieo
types doméen
et
péléen: la lave très
visqueuse nes'écoule
pâsret s'ac-
cumulesur I'orifice
desortie,
formant un dôme ou uneaiguille, dont
onpeut avoir parfois l'écroulement. Il
sera accompagné drun brusque dégazageavec
formation
de "nuéesardentes", l'explosion
pouvantêtre dirigée
versIe haut
oulatéralement.
Lrexemple-typeest celui
dela
Montagne PeIée, àla
Martinique.Nous serons
surtout
concernéspar les derniers
types de volcanisme mentionnés,à savoir les
typesultra-vulcanien, plinien et
pétéen,dont I'activité
estsurtout explosive. Crest
eneffet
ces manifestationsqui sont les plus
sus-ceptibles dtinjecter
dansla
troposphèreet la
stratosphère des téphra et desgdz, c'est-à-dire
desaérosols, qui vont y rester
en suspension plus ou moins longtemps.It est vrai
cependant qu'uneactivité effusive délivrera à
I'atmosphèred'importants
volumes de gaz (H20, S0Z, H2Set
COZ) entreautres,
maisits n'affecteront
pas sonétat d'équilibre à
longue échéance.Les
produits
émisdurant I'activité explosive sont
des matériauxpyroclasti-
ques
solidesr
outéphra,
de granulométrievariée : Ies
cendreset
lespoussières
ont
un diamètreinférieur à 0.2
mm,Ie
sable volcanique de O.2à 2
ffiffiret les IapiIIi
un diamètrejusqu'à
30 mm. De grandesquantités
des mêmes gazproduits par I'activité effusive sont
également émises. Les maté-riaux
volcaniquessolides sont
classés en basiques ouacides, selon leur
contenu ensilice Si02.
Les téphraet les laves
acidesont
un contenu desilice
supérieurà
60 %et sont
égalementclairs
(exemple: dacite, rhyolite).
Les
téphra et les laves
basiquesont
un contenu desilice inférieur à
50 % etsont
généralement decouleur
sombre (exemple: basalte).
Pour un pourcentage desilice entre
50et
60, onparle dtun type intermédiaire, à teinte
géné-ralernent
grise
(exemple:
andésite ).
CommeiI existe
unerelation lentre
Iedegré
d'acidité
du magmaet
saviscosité, la viscosité croissant
avec Ie contenu ensilicer oî
se rend compte queles
volcansles plus explosifs
etpar Ià les plus
susceptiblesd'lnfluencer Ie climat, seront localisés
dans14.
les régions à
magma acide dures continentales.:
zones de subduction,arcs insulaires
ou bor-i:. I
15.
III.
LES POUSSIERES VOLCANIQUES DANS L 'ATMOSPHERENous avons vu aux
chapitres I et II quelles
pouvaientêtre les
originespossibles
des aérosols en suspension dans I'atmosphère. Cependant, nous ntavons pasprécisé quelles altitudes ils
pouvaientatteindre, ni quelles étaient
Ieurs
dimensions. Enoutre,
pournotre
étuderce
nesont
pasles particules injectées
dansla
troposphèrequi vont être
importantespar leurs effets à long
termesur le climat,
maiscelles atteignant Ia stratosphère,
oùle
temps de résidence
est
beaucoupplus long: iI n'y a
pas deprécipitations
pourles rabattre
ausol.
I.
Dimensionset altitudes
La dimension des poussières stratosphériques
a
d'abordété
déduite de'Ieurseffets optiques, c'est-à-dire à I'aide
deIa diffusion
dela
lumièresolaire qu'elles produisaient.
PIus récemment, des mesuresin situ ont été effec- tuées. Si les particules ont
des dimensionspetites
ou semblablesà Ia
lon- gueur d'onde À deIa lumière incidente (environ 0.6
pm pourle visible), alors les courtes
longueurs d'ondesont plus diffusées
queles
longues,selon la loi
de Rayleighen tlXa I c'est I'origlne
dubleu
duciel,
des brumeset
fuméesbleuâtres, etc..
Le nombre desparticules diffusantes peut
augmen-ter :
occasionnellementrpôr injection
dans I'atmosphèrer ou régulièrement, aulever et
au coucher dusoleil,
lorsqutune grande massedrair est traver-
versée
par les
rayons. 0n observealors
un appauvrissement enradiations bleues, la
lumièresolaire
tendalors vers Ie
jaune-rouge: ciel
rougeoyant,Soteil et
Lune rouges. Cela implique des diamètres departicules voisins
de0.5
pm. Drautrepart, si les particules voient leur
diamètrecroitre, celui- ci devient
grandpar rapport
aubleu (0.4
Um), mais du mêmeordre
ou plus grand quela
longueur dronde du rouge(0.7
Um), ce seraalors Ie
rouge quisera
diffusé fortement,
conduisant mêmejusqu'à
sadisparition :
on peutalors
observer unciel vert, Ie
matin ouIe soir, Soleil
ou Luneverts,
bleus,gris
oublancs, ceci
pour des diamètres departicules
deI à 5
pffi.Parfois, drautres
phénomènes optiques peuventêtre
observés, comme 'fl'anneau deBishop" : crest
uncercle blanc à
bordscolorés, centré sur le Soleil
;il est
analogue auxhalos
des brumesarctiques
ou descirrus.
Le rayon ducercle varie
enfonction inverse
du dlamètre desparticules
ou desgouttelettes
20o pour un diamètre de
0.8 à I
Uffiret
38o pour0.5
pffi. Les diamètres doivent êuretous
assezsimilaires, sinon le
phénomèmedevient
incohérentet I'on
L6.
ntobserve
plus
qu'une zoneclaire
entourantI'astre.
Detels effets ont
été rel-evésdurant
des mois ou des années après de grandeséruptions
volcaniques.Très récenrnent,
à la suite
deIa violente éruption
deEI
Chichon au Mexique,I'anneau de Bishop
a été
observé enArizona,
accompagné de crépuscules auxcouleurs flamboyantes (Meinel
et ôI., IggZ).
Maiscrest surtout la
gigantesqueéruption
du Krakatoa (Indonésie) enlgg3, gui a été le point
de départ desobservations ayant
conduit à I'explication scientifique
du phénomème(voir, par
exemple,Dufour, lB85).
Auparavant, eneffet, c.'était surtout les
af_faiblissements
dela lumière solaire qui avaient été les plus ressentis
parIes populations, à
cause deleurs effets sur les récoltes.
Enl7g3r
ofl seplaignit
danstoute
lrEuropeet
I'Amérique du Nord, dfune brume sèche queIe Soleil avait
deIa
peineà traverser: il
ne devenaitvisible
qu'aprèsavoir atteint
une hauteurde
L7o au-dessus deI'horizon,
corTmeIe
rapporteB. Franklin, alors
en missionà Paris. L'hiver suivant fut très rude,
€tcette perturbation climatiQuer
dueà Ia
grandeéruption
duLakir
€1 Islande,et
de I'Asamar ôu Japonr €n 1783,a peut-être été le
détonateur dela
Révo-Iution
française.Lors de
I'apparition
de phénomènescélestes
(crépuscules rougeoyants)i par exemple,I'altitude h
dela
couche de poussières responsable du phénomènepeut être déduite facilement
dela fig. Z
(Lamb, L97O);
on entire I'ex-
pression
liant I'altitude et I'angle solaire
sousI'horizon
:a) h
= R(secL/2 -f
)b) h=R(sec^-I)
où A
est ra
dépression duSoteil(en
degrés sousI'horizon).
Lors d'une
observationfaite à
Genèvele Il janvier
1984,la
présence drune zonetrès
rouge dansle ciel à
environ 40od'élévation
maximum,Ie Soleil étant alors à
50 sousI'horizon,
nous donne enappliquant cette
formule unealtitude d'environ
24 km pourles
poussières responsables dece
phénomène.Il s'agit
dansce
cas dela
couched'aérosols
dueà l'éruption d'El
Chichon, dont nousparlerons plus loin.
A.
Heim,Ie
grand géologue,a écrit
un ouvragesur les
couleurs duciel
(Heimr
l9I2). Il y décrit
non seulementles effets
de bleuissement du paysa- gepar Ia
brume, It"AlpenglÛhn'ret Ies diverses teintes possibles
au couchantet
aulevant,
maisaussi les effets
atmosphériques deltéruption
du Krakatoa.Cfest alnsi
quepar la relation
géométrique donnéeci-dessus,
Heimet
dfautres ont tiré
desaltitudes
maximum de 50à
70 km pourles
poussières dece dernier
volcan.L7.
Drautres poussieres
eruptives ont atteint
des niveauxplus
éIevés: celles
del'Agung (BaIi,
L963), 30à
50 km;
du Bézydmany (URSS, Lg56), 45 kmenviron,
de même quecelles
du Vésuve(f63f) ;
deI'Hekla (Islande,
L947), 27 km,ainsi
que du Tambora(rndonésie, rgr5) ;
du MontSpurr
(Araska, r9s3),22
km; et
deI'Etna (teee1,
14 km.Plus
près de nous dansle
temps,celles produites par Ie
MontSt.
Helens(Etats-Unis,
1980)ont atteint
un peu moinsde 20 km,
et celles
deEt
Chichon (Mexique, L982), de 20à
35 km. Nous parle- rons de ces deuxéruptions
urtérieurementplus
endétail.
Les
aérosols,
mis en suspension dans Itatmosphère,vont y
descendrelente-
ment. Lamb(L970),
adaptant desvaleurs
de Humphrey,calcule les
vitesses de retombée des poussières atmosphériques, baséessur Ia loi
de Stokes pour desparticules
sphériques, en chutelibre
dans deI'air
calme,€t it
endéOuit des temps de
séjour
dansIa stratosphère (voir fig. 3).
Unefois
Ia tropopauseatteinte,
cenfest
eneffet plus
qu'une question dejours
pourarriver
ausol, les
météores dela
troposphère se chargeant de son nettoyage.Les
valeurs calculées
semblent consistantes avecles
observations,bien
queIes particules (les téphra)
nesoient
souvent pas sphériqueset qu'iI
existe des déplacementsdtair
dansIa
stratosphère.0n
peut relever enfin
queles
dimensions des aérosols déduites deleurs effets
optiquesont été par la suite
confirméeslors
de préIèvementseffectués in situ
(Jungeet al., 196I I
Mossop, L964). Lafig. 4
nous montreIa distribution
obtenue en
fonction
dudiamètre,
pour des mesures effectuées dansIa stra- tosphère, entre
LZet
30 km. Des mesures encoreplus récentes,
obtenuesà
Iasuite
deséruptions
duSt.
Helenset
deEt
Chichon,seront
donnéesplus loin.
2.
Dispersion des aérosols dansla
stratosphèreD'après
les
observations dedérive
desballons stratosphériques,
d,aprèsIes traceurs radioactifs libérés par les
explosionsnucléaires,
dtaprèsIe
déplacement des masses d'ozoneselon Ia
saisonà partir
des zones deproduction, et d'après
des modèles physiques (conservation du moment angu-laire
des massesd'alr,
échanges thermiques équateur/pôtes), peuà
peu ona
pucerner les
mouvements deI'air
dela
moyenne atmosphère.Cfest ainsi
qutonpeut les répartir
endivers
secteurs.0n observe, dfune