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es revues féminines qui fleurissent mensuellement sur les étagères de nos kiosques à journaux explorent avec minutie les délica
tesses de la vie de femme. La maternité, heureux événement par excellence, n’est bien sûr pas en reste. Combines et astuces abondent en la matière et garantissent à la fidèle lectrice une grossesse harmonieuse et un bébé en parfaite santé. De la vergeture à l’éclampsie, tout a son re
mède. Ainsi peuton y apprendre que le sérum d’anguille est un excellent antidote à l’albuminurie et que l’ortie, le pissenlit et l’aubépine prévien
nent la prééclampsie. L’horoscope en fin de magazine orientera les plus impatientes sur le sexe du bébé et saura prédire le mauvais karma. C’est souvent le sourire aux lèvres que l’on feuillette ces périodiques et pour
tant... à l’ère de la médecine fondée sur les faits, de quelles preuves disposonsnous réellement en matière de prédiction, prévention et traitement des hypertensions gravidiques ?
Les maladies hypertensives de la grossesse n’ont pas encore levé le voile sur leur pathogénie. Les avancées récentes sont surtout de nature théorique et dessinent une fresque physiopathologique complexe dans laquelle le praticien peine à trouver son compte. Les études intervention
nelles chez la femme enceinte se font attendre et les recommandations actuelles s’appuient essentiellement sur l’avis des experts. Néanmoins, l’intérêt scientifique est soutenu et les nombreux travaux menés sur le sujet promettent des éclaircies à venir.
A commencer par l’étude CHIPS, dont la divulgation des résultats est attendue cette année. Comme nous le discutons dans l’article sur les hyper
tensions gravidiques de ce numéro, l’indication à traiter l’hypertension non sévère de la femme enceinte divise encore, en raison des risques fœtaux liés à l’abaissement tensionnel maternel. Cette étude promet de relancer le débat et d’apporter des éléments de réponse à ce dilemme fœtomaternel.
Au bord du lac Léman, on s’attelle aussi à la tâche. Les hypertensio
logues genevois et lausannois s’intéressent, pour la première fois, au bé
néfice postpartum des inhibiteurs de l’enzyme de conversion chez les patientes avec séquelles rénales ou hypertensives d’une prééclampsie.
La randomisation contre placebo arrive bientôt à terme et il faudra patienter le temps du suivi pour lever l’aveugle.
La prééclampsie du postpartum, qui défie toute logique physiopatho
logique, est le sujet d’une deuxième étude genevoise. Menée conjointe
ment avec une équipe montréalaise, elle porte sur les facteurs de risque de cette entité encore mal connue.
A l’heure où les hypertensions gravidiques restent la première cause de mortalité maternelle, le défi qui attend la recherche clinique est de taille et donne d’ores et déjà du fil à retordre aux éthiciens. Mais qu’à cela ne tienne. Nombreux sont ceux qui ont relevé leurs manches et promettent de noircir généreusement les pages de nos hebdomadaires favoris.
Femmes actuelles
«… Les maladies hyperten- sives de la grossesse n’ont pas encore levé le voile sur leur pathogénie …»
éditorial
Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 10 septembre 2014 1643
Antoinette Pechère- Bertschi
Médecin-chef Unité d’hypertension Services d’endocrinologie,
diabétologie, hypertension et nutrition et de médecine de premier recours HUG, Genève
Michel Burnier
Médecin-chef
Service de néphrologie et consultation d’hypertension
Bernard Waeber
Médecin-chef
Division de physiopathologie clinique CHUV, Lausanne
Articles publiés
sous la direction des professeurs Editorial
A. Ditisheim
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