J.
SAUMANDEINRA
Physiologie
de laReproduction
des/
Mammiferes Domestiques
37380Nouzilly
La production d’embryons chez
les bovins :
Quelles voies de
recherches pour
augmenter
l’efficacité des traitements de
superovulation ?
La réponse
autraitement de superovulation reste le facteur limitant essentiel du nombre d’embryons produits par vache traitée. L’étude des relations entre réponse
autraitement et état de la population
folliculaire met
enévidence les moyens d’améliorer cette réponse.
L’amélioration
génétique
destroupeaux
s’estdéveloppée
defaçon remarquable grâce
à l’insémination
artificielle, technique
miseau
point
dans les années 50 etqui
a connudepuis
undéveloppement
considérablepuis- qu’à présent,
laquasi
totalité des vaches lai- tières et environ 10 % des femelles de races à viande sont inséminées. L’autre méthodequi
a
permis
l’accélération duprogrès génétique
est
plus
récente : c’est le transfertembryon-
naire. Cette
technique
a commencé à être uti- lisée dans lesélevages
à la fin des années 70.En
France,
afin que la mise enplace
de cettenouvelle
technique
se fasse avec le maximumd’efficacité,
un «Programme
national pourl’étude et le
développement
de latransplanta-
tion
embryonnaire
» a été décidé par le Minis- tère del’Agriculture,
programmequi
a duré3 ans
(1979-1981)
sous la directionconjointe
de l’INRA et de l’ITEB. Cette
organisation
s’est avérée fructueuse
puisque,
entre ledébut et la fin du programme, le nombre moyen de bons
embryons
(1)produits
par femelle traitée estpassé
de2,4
à4,4.
Il estvrai que tout était à valider : méthodes de sti- mulation ovarienne et
d’insémination,
tech-(1) Sont considérés comme de bons
embryons
ceuxqui
ont undéveloppement
normal lejour
de la col-lecte. Cette normalité est
jugée
sur des critèresmorphologiques (taille,
formegénérale, intégrité, opacité...).
Les limites de cettetechnique
dejuge-
ment de
l’aptitude
audéveloppement
desembryons
sont illustrées par le résultat suivant : après trans-
ferts,
12 % desembryons jugés
mauvais et seule-ment 63 % de ceux
jugés
très bons donnent nais-sance à des veaux (Elsden et al 1978).
Résumé
- -Chez les bovins, le transfert d’embryons s’est développé sur une base commer-
ciale depuis environ 15 ans. Malgré les nombreux travaux de recherches réalisés
pendant
cettepériode, les
deuxproblèmes majeurs
identifiés dès le début de l’uti- lisation de cettetechnique
demeurent : le nombre moyend’embryons
récoltés par vache traitée reste faible, ce qui a pour conséquence un coût de production élevé,et la fréquence des animaux qui ne produisent aucun embryon transférable est
trop élevée pour que la
technique
soit utilisée au mieux dans les programmes d’améliorationgénétique.
Cette situation limite ledéveloppement
du transfertd’embryons ; elle perdure alors que les traitements de superovulation sont opti-
misés et que les extraits hypophysaires utilisés pour stimuler la croissance folli- culaire sont bien mieux définis et contrôlés
qu’il
y a 15 ans.Actuellement, le
principal
facteur qui détermine le nombre d’embryons transfé-rables est le nombre d’ovulations induites. Des études portant sur les relations entre fonction ovarienne et réponse au traitement de superovulation ont montré
que ce nombre d’ovulations
dépendait
de l’état de lapopulation
folliculaire au moment où débute la stimulationgonadotrope (présence
d’un follicule dominant,nombre de follicules de
plus
de deux millimètres de diamètre). Il apparaît doncque l’amélioration de l’efficacité des traitements de superovulation dépend moins
de la mise à disposition de nouvelles molécules ou de nouveaux protocoles de
traitement que de l’administration d’un
pré-traitement susceptible
de faire régresser le follicule dominant et/ou d’augmenter le nombre de follicules recru-tables par les gonadotrophines. A cette fin, différentes possibilités sont envisa- gées ; les résultats préliminaires sont encourageants et devraient permettre de
proposer
prochainement
de nouvellesstratégies
pour uneproduction
d’embryonplus
efficace.nique
decollecte,
critère dejugement
desembryons. Cependant,
bien que latechnique
ait été améliorée sur bien des
aspects,
lesbilans annuels des
opérations
deproduction d’embryons
montrent que le nombre moyen de bonsembryons
par animal traité n’aprati- quement
pas évoluédepuis
cetteépoque.
Au cours de cette
synthèse,
les traitementsdisponibles
seront tout d’abord décrits avant de montrerqu’une
améliorationimportante
de leur efficacité actuelle est peu vraisem- blable. En
effet,
leprincipal
facteur limitant laréponse
d’un animal à un traitement desuperovulation
est l’état de lapopulation
fol-liculaire ovarienne au moment où débute la stimulation
gonadotrope.
C’est àpartir
de ceconstat que
peuvent
êtreenvisagées
de nou-velles
approches susceptibles
d’être efficaces à terme pouraugmenter
le nombre de bonsembryons produits après
un traitement gona-dotrope.
Importance relative de la superovulation dans la production quantitative d’embryons
Le nombre
d’embryons
obtenus àpartir
d’une vache traitée
dépend
de l’efficacité de latechnique
de collecte mais aussi de facteursbiologiques :
nombred’ovocytes ovulés,
pro-portion
d’entre euxqui
estfécondée,
morta-lité
embryonnaire précoce
due à un environ-nement utérin défavorable. L’influence néfaste de l’environnement utérin a été observée dans deux situations
particulières :
-
lorsque
les animauxsuperovulés
se trou-vent dans des conditions de
température
telles que leur
température
interne est modi- fiée. De telles situations ne sont pas rencon- trées dans nos conditionseuropéennes ;
-
après
stimulation par eCG(2). En compa- rant avec les résultats obtenus à la suite d’une stimulation avecFSH,
on observe unemoindre
qualité
desembryons.
Les raisons de cette situation ont été établies et des solu- tionsproposées (voir infra).
La fécondation des
ovocytes dépend
de laqualité
du sperme et d’un moment d’insémi-nation bien choisi. Les
premières années,
le nombre d’inséminations étaitimportant puis- qu’il
était conseillé de lesrépéter
toutes les12 h aussi
longtemps
que les femelles étaienten
oestrus, comportement qui
estaugmenté
en intensité et en durée chez les animaux
superovulés. Cependant,
pour limiter les interventions sur l’animal et aussi pour des raisons decoût,
le nombre d’inséminations a étéprogressivement
réduit à 2(12
h et 24 haprès
le début deschaleurs)
sans que le pour-centage
d’oeufs fécondés soit affecté. Il a même été montré que si l’oestrus était détectéavec
beaucoup
derigueur,
une seule insémi-nation était suffisante
(Lacaze
et al1992).
Ces mêmes auteurs n’ont pas mis en évidence d’effet taureau. Pour ce
qui
concerne l’in-fluence de la fertilité du mâle sur la
produc-
tion
d’embryons,
il faut aussi penser que le choix du taureaudépend
enpremier
lieu decaractéristiques
d’ordregénétique.
Lerisque
d’une mauvaise fécondation
peut
êtreaccepté, compte
tenu de l’intérêtgénétique
d’un
accouplement.
Il semble donc que dans les conditions
habituelles,
le nombred’embryons
collectéspar donneuse
dépende
pour l’essentiel du nombre d’ovulations.Améliorations des traitements de superovulation
Les traitements
proposés
pourproduire
desembryons (figure 1)
ont faitl’objet
de nom-breuses
expériences
dont le but était aussi biend’augmenter
le nombre moyen de bonsembryons
que de réduire la variabilité desréponses (tout particulièrement
en diminuantla
fréquence
des cas où aucun bonembryon
n’est
récupéré).
Choix de la gonadotropine
Ce
qui,
enpremier lieu,
apermis
d’amélio-rer l’efficacité des traitements de
superovula-
tion a été le
remplacement
de eCG(PMSG)
par de la FSH. Les
premiers
résultats étaient trèsencourageants
mais pastoujours
repro- ductibles. La raison de cette variabilité des résultats a été identifiée comme étant laconséquence
d’une mauvaise standardisation du seulproduit
commercialisé à cetteépoque (FSH-P ( 1 ),
BurnsBiotech) puisque
laquantité
de FSH comme le
rapport
desquantités
FSH/LH étaient très variables d’un lot de fabrication à un autre(tableau 1).
Ce résultata conduit
plusieurs
laboratoires à mettre enplace
leur propreproduction
degonadotro- phine hypophysaire
laplupart
dutemps
à(2) eCG :
equine
ChorionicGonadotrophine.
Nomdonné dans la nomenclature internationale à PMSG.
(3) FSH-P est un nom commercial d’extraits
hypo-
physaires. pFSH désigne
la FSHd’origine porcine.
partir d’hypophyses
de porcs. Il a été alorspossible
depréciser
les conditions d’utilisa- tion d’extraitshypophysaires.
Ont ainsi étédéfinis les doses
optimales
à administrer(pour
les dosestrop fortes,
le nombre de folli- culespréovulatoires
est trèsimportant
maisil
n’y
a pasd’ovulation)
et lerapport optimum
FSH/LH. Il a été de
plus
montré que les meilleurs résultats étaient obtenuslorsque
laFSH était
injectée
2 fois parjour,
en dosedécroissante, pendant 4 jours (pour plus
dedétails,
consulter la revue deChupin 1988).
Le bilan de l’ensemble de ces travaux montre que la mise à
disposition
d’extraitshypophysaires parfaitement contrôlés,
aussibien pour ce
qui
est de laquantité
de FSHque du
rapport FSH/LH,
et la définition des conditionsoptimales
d’utilisation ontpermis d’augmenter
de 25 % le nombre moyen de bonsembryons
parrapport
à cequi
étaitobtenu lors des
premiers
essais avec desextraits
hypophysaires.
Pour cequi
concernela
comparaison
de l’efficacitérespective
des stimulations pareCG,
utilisée au début de lamise en
place
de latechnique
deproduction d’embryons,
et parFSH, gonadotrophine
laplus
couramment utiliséeactuellement,
cettedernière
permet
d’obtenir en moyenne 2embryons
deplus
que cequi
étaitproduit
avec eCG mais la variabilité des
réponses
demeuretoujours
aussiimportante (figure 2).
La différence d’efficacité entre les 2
gonado- trophines s’explique uniquement
par un effetsur la
qualité
desembryons,
le nombre d’ovu- lations étantidentique. Après qu’il
ait étédémontré que la mauvaise
qualité
desembryons
obtenus avec eCG était due auxeffets à
long
terme de lagonadotropine
cho-rionique,
les traitements eCG/antiserum anti-eCG ont étéproposés (figure 3) ;
la pro- ductiond’embryons
transférables est alorscomparable
à celle obtenue avec FSH(Sau-
mande et al1984).
Faute de commercialisa- tiond’anticorps anti-eCG,
ce traitement nes’est pas
développé
bienqu’il
soitplus simple
à mettre en oeuvre
(2 injections
au lieu de8).
La maîtrise de la
quantité
de FSHadministrée et du
rapport FSHlLH,
et
l’optimisation
des conditions du traitement ont
permis
d’augmenter
de25 % le nombre moyen de bons
embryons.
Au traitement de
superovulation
peut
être associéun traitement de contrôle de
l’oestrus, qui permet
de diminuer lafréquence
desréponses
nulles.Les traitements de contrôle de l’aestrus
Pour des raisons
pratiques,
les traitements de stimulation ovarienne sont associés à untraitement de contrôle de l’oestrus. Il est pos- sible d’utiliser des
prostaglandines
ou desimplants
deprogestagène.
Les échecs
rapportés après
utilisation desprostaglandines (pas d’apparition
del’oestrus)
ont été attribués à l’inefficacité de la dose
injectée
à un momentoù,
parailleurs,
lecorps
jaune
est stimulé par lesgonadotro- phines (Saumande 1978).
Lesquantités
deprostaglandines injectées
ont alors été dou-blées
(en
uneinjection
ou deuxinjections
à12 h
d’intervalle).
Il est
possible
d’associer le traitement gona-dotrope
à un traitement desynchronisation
de 1’oestrus avec un traitement
progestagène (implant Crestar).
Cette méthode demeure sous-utilisée alorsqu’elle présente l’avantage
de
pouvoir
être mise en oeuvre même en l’ab-sence d’information sur les
cycles
des ani-maux traités
et, surtout,
de diminuer la fré- quence desnon-réponses (tableau 2).
L’adaptation
des traitements de contrôle de l’oestrus apermis
d’améliorer laproduction d’embryons
essentiellement parce que la fré- quence des animauxqui
neproduisent
aucunbon
embryon
est diminuée.Le
remplacement
de eCG parFSH,
la misesur le marché d’extraits
hypophysaires
biencontrôlés,
des traitementsgonadotropes
et decontrôle de l’oestrus
optimisés
devraient per- mettre une amélioration sensible de la pro- ductiond’embryons. Or,
si l’on enjuge
par lesstatistiques annuelles,
il n’en est rien(tableau 3).
Cette situationparadoxale
estaussi observée dans d’autres pays. Ceci est d’autant
plus surprenant
que la sélection desdonneuses,
enparticulier
sur les critères de normalité de la fonction dereproduction,
estplus
sévèrequ’elle
n’a été. Un des facteurssusceptibles
d’affecternégativement
la pro- ductiond’embryons
est laplus grande
fré-quence des
génisses parmi
les femelles trai- tées(1/3
des donneuses en1993)
mais ceci nesuffit pas à
expliquer pourquoi
laproduction
d’embryons
n’est pas actuellementplus
effi-cace
qu’elle
n’était à ses débuts.Activité ovarienne et réponse
au
traitement de
superovulation
Que
lapopulation
folliculaireprésente
aumoment où une
gonadotropine
estinjectée puisse expliquer
le nombre d’ovulations induit a étéenvisagé
trèstôt,
enparticulier
àla suite de
comparaisons
desréponses
à eCGchez différentes souches de rates et chez des
races de brebis
plus
ou moinsprolifiques.
Pour ce
qui
concerne lesbovins,
Saumande et al(1978)
ontrapporté
lespremières
observa-tions
suggérant
que laprésence
d’un nombreimportant
depetits
follicules (2-4 mm) lejour
de
l’injection
de eCG était associée à unesuperovulation forte ;
par contre laprésence
d’un gros follicule semblait inhiber la
réponse
à la stimulation
gonadotrope.
Des corréla-tions entre le nombre de follicules de
plus
de1 mm de diamètre avant traitement et la
réponse
ovarienne ont aussi été établies chez des animauxprépubères
et ce pour diffé- rentes doses de eCG(Monniaux
et al1983).
Ces
premières
données ont étéacquises
enobservant les ovaires par
endoscopie,
tech-nique qui présente
les inconvénients de nepermettre qu’un
contrôleponctuel
et l’obser-vation des seuls follicules visibles à l’oeil nu à la surface des ovaires. L’étude des relations entre l’état des ovaires et la
réponse
à untraitement de
superovulation
a donc fait l’ob-jet
de nouveaux travaux avec destechniques plus appropriées.
Dynamique de la croissance folliculaire et réponse à la
stimulation gonadotrope
Cette étude
(Monniaux
1982) a été réaliséeen
analysant
par lestechniques d’histologie quantitative
lapopulation
folliculaire des ovaires collectés parhémicastration,
lors del’injection
de eCG pour l’un des ovaires et 48 haprès
lepic pré-ovulatoire
de LH pour l’autre. Tous les follicules en croissance ont été étudiés. Ce travail apermis
de mettre enévidence deux faits
importants :
* les follicules
qui
vont ovuler à la suite de traitementsgonadotropes
sont les follicules sainsqui
mesurent au moins 2 mm de dia-mètre au début de la
stimulation ;
* les animaux chez
lesquels
sont observésde fortes
réponses
se caractérisent par unefolliculogenèse
trèsactive,
c’est-à-dire par laprésence
d’ungrand
nombre de follicules dont la croissance estrapide.
Le seul facteurnumérique expliquerait
70 % de la variabilité du nombre d’ovulations observée à la suite d’un traitement desuperovulation.
Cettevaleur est à
rapprocher
des résultatspubliés
récemment par Hahn
(1992)
selonlequel
24 % de la variabilité des
réponses
estexpli-
quée
par des facteursextrinsèques
(traite-ment, parité
desanimaux,
conditions d’éle-vage...). ).
Influence du follicule dominant
La dominance est un
concept proposé
par Goodman etHodgen (1983)
pourexpliquer pourquoi,
chez lesprimates,
un seul folliculeovule à
chaque cycle.
L’existence d’un tel folli- cule se traduit par l’arrêt de la croissance des folliculesplus petits ;
on saitdepuis qu’ils
deviennent
atrétiques.
Pourl’espèce bovine,
lapremière
preuveexpérimentale
d’un telphénomène
a étéapportée
parl’analyse
desrésultats des traitements de
superovulation
(Grasso et al 1989) : la
comparaison
desréponses
chez les animaux pourlesquels
letraitement a commencé en
présence
ou enabsence d’un follicule dominant montre que dans ce dernier cas le nombre moyen d’ovula- tion est doublé. Cet effet délétère de la
pré-
sence d’un follicule dominant a
depuis
étéconfirmé
(tableau
4). Il faut insister sur le fait que la taille n’est pas un critère suffisant pour identifier un folliculedominant ;
il fautaussi que ce follicule soit en croissance. Cette deuxième
caractéristique explique pourquoi
la relation entre la
présence
d’un folliculedominant et la diminution des
réponses
autraitement de
superovulation
n’ait pas pu être établie avant que lestechniques
d’écho-graphie
soientdisponibles ;
par ailleurs elleimplique
l’observationquotidienne
desovaires
pendant
au moins les 3jours qui pré-
cèdent le
traitement,
contraintequi
limitel’utilisation d’un tel contrôle dans la
pratique
de la
production d’embryons.
Ces relations entre l’activité ovarienne et l’efficacité des traitements de
superovulation
montrent clairement que dans les conditions où le traitement de
superovulation (traite-
ment
gonadotrope
+ traitement desynchroni-
sation de
l’oestrus)
estoptimisé,
cequi
est lecas
depuis plusieurs années,
le nombre d’ovu-lations induites est le reflet de l’état des ovaires au moment où commencent les
injec-
tions de FSH. Il est donc vain
d’espérer
que laproduction d’embryons puisse
être amélio-rée de
façon significative
par l’utilisation de nouvellespréparations
d’extraitshypophy- saires,
de nouveaux « cocktails »d’hormones,
deprotocoles
d’administrations réévalués.Si,
La
présence
d’unfollicule
ovariendominant
lorsqu’on
débute letraitement divise par 2 le nombre
d’ovulations induites.
L’effet
inhibiteurdu
follicule
dominant sur les autres
peut
être levé par unprétraitement,
hormonal ou
physique.
à
l’avenir,
le nombred’embryons peut
êtreaugmenté,
c’est en créant par unprétraite-
ment un ovaire
susceptible
derépondre
forte-ment à une stimulation
gonadotrope,
à savoirun ovaire dont le nombre de follicules sains de
plus
de 2 mm de diamètre estimportant
etsur
lequel
iln’y
a pas de follicule dominant. Il faut noterqu’une
solution efficace pour élimi-ner l’effet délétère du follicule dominant ne sera pas la
panacée ;
il resteratoujours
comme facteur limitant le nombre de folli- cules
qui peuvent
être recrutés lors de la sti- mulationgonadotrope.
Amélioration de la production d’embryons : perspectives
L’état variable de la
population
folliculairepeut
être dû à des facteursgénétiques
et/ouêtre la
conséquence
de situationsphysiolo- giques particulières.
Il estpossible
aussi decréer par des traitements
appropriés
les conditions d’une bonneréponse
à la stimula- tiongonadotrope.
Eneffet,
les mécanismesqui
contrôlent la croissance folliculaire sont de mieux en mieux connus et de nouvelles molé- cules actives sur la fonction dereproduction
sont
disponibles.
Laprise
encompte
des don- néesthéoriques
et de ces nouvellespossibili-
tés d’intervention devraient
permettre
pro- chainement d’améliorer defaçon significative
l’efficacité des traitements de
superovulation.
Comment éviter les effets délétères du follicule dominant ?
Au cours d’un
cycle normal, l’apparition
d’un follicule dominant est
précédée
par uneaugmentation
des concentrations deFSH,
concentrations
qui
ensuite chutent au fur et àmesure que ce follicule
grossit.
La sécrétiond’oestradiol et d’inhibine
explique
seulementpour
partie
cette évolution de la sécrétion de FSH. Parrapport
à cesphénomènes,
on neconnaît rien de la
cinétique
de l’induction de l’atrésie despetits
follicules ni de laréappari-
tion des follicules sains
lorsque
le follicule dominant n’aplus
d’effet(la disparition
deseffets
précédant
la diminution de la taille du folliculedominant).
Même si lessystèmes
derégulation impliqués
dans ledéveloppement
et la
régression
du follicule dominant ne sont pas bien connus et bienqu’il n’y
ait que deshypothèses
pourexpliquer
les mécanismespar
lesquels
un follicule dominant induit l’atrésie des autresfollicules,
il n’en demeure pas moins vrai que les résultats d’une super- ovulation sont mauvaisquand
le traitementgonadotrope
est initié enprésence
d’un folli- cule deplus
de 8 mm etqui
a cessé de gran- dir moins de 3jours
avant le début du traite- ment. Ce fait est suffisamment bien établi pour que des solutions soient recherchées.Les
expériences qui
ontpermis
d’établir les relations entre follicule dominant et diminu- tion desréponses
ont consisté en desanalyses rétrospectives d’enregistrement
de la crois-sance des follicules
pendant
lapériode qui précédait
le traitement desuperovulation.
Toutefois,
ceci neprésente guère
d’intérêtpratique
car il est rarementpossible,
dans lecadre d’une activité
commerciale,
d’assurerun tel suivi. Dans le but de rendre
possible
un
diagnostic clinique,
il a étéenvisagé
de secontenter de la seule observation d’un gros follicule au début de la stimulation
gonado- trope (Wilson
et al1990) ;
il n’est pas surpre- nant que cetteapproche
n’ait donné aucunrésultat
positif.
Plus récemment(Bungartz
etNiemann
1994),
il a étéproposé
de neplus juger
laprésence
d’un follicule dominant par la mise en évidence d’un gros follicule maisen
regardant
le nombre depetits.
Cetteapproche
semble donner des résultats inté- ressants mais il n’est pas sûr que ce soitspé- cifiquement
l’influence du follicule dominantqui
ait été mise en évidence.Puisque
le contrôle paréchographie
de laprésence
d’un follicule dominant est difficile à utiliser enroutine,
il estproposé
de traiter les animaux unjour particulier
ducycle, quand
un tel follicule estsusceptible
d’êtreabsent. L’efficacité de la stimulation
gonado- trope
a étéanalysée
en fonction dujour
ducycle
où le traitement desuperovulation
étaitcommencé ;
une revue de la littérature(Sau-
mande1987)
apermis
de conclure que c’est seulement pour des traitementsgonadotropes
commencés avant le
8 e jour
ducycle qu’il
y avait diminution du nombre moyen d’ovula- tions.Depuis qu’il
estpossible, grâce
à l’écho-graphie,
de suivrel’apparition
des folliculesdominants,
ce résultatpeut
êtreexpliqué :
selon les
animaux,
ilapparaît
au cours ducycle
oestrien de 1 à 4 follicules dominants(le plus
couramment 2 ou3)
et même s’il est pos- sible d’établir des courbes moyennes, lesjours
du
cycle
où un follicule dominant est absentne sont pas les mêmes d’un individu à l’autre.
Il n’est donc pas
possible
de définir apriori
des
jours
ducycle plus
favorables que d’autres à l’initiation d’un traitement desuperovulation.
La méthode
qui
a leplus
de chance de s’avérer efficace serait dedétruire,
avant l’ad-ministration du traitement
gonadotrope,
unéventuel follicule dominant. A cette
fin,
l’effi-cacité de
plusieurs
hormonessusceptibles
d’induire l’atrésie et/ou la lutéinisation
(LH, hCG, GnRH, oestradiol-17(3)
a été évaluéemais, jusqu’à présent,
sans résultats favo- rables sur lasuperovulation.
La difficulté pour mettre aupoint
de telspré-traitements
tient au nombre d’animaux nécessaires pour définir non seulement la molécule et les doses efficaces mais aussi l’intervalle
optimum
entre l’intervention sur le follicule dominant et le début de la stimulation
gonadotrope.
Ilpeut
aussi êtreenvisagé
d’intervenir par des méthodesphysiques.
Lespremiers
résultatsde
superovulation après rupture
manuelle(Bartmann 1992)
ouponction
du follicule dominant sous contrôleéchographique (Bun-
gartz
et Niemann1994)
sontencourageants
mais l’utilisation de telles méthodes en ferme estplus problématique.
Est-il possible d’augmenter le
nombre de follicules susceptibles de répondre
autraitement de
superovulation ?
La
première
voied’approche
consiste àintervenir sur la fonction
gonadotrope.
Deuxstratégies
sont actuellementenvisagées.
Sicelles-ci ont le même
but,
elles sont àl’opposé
pour ce
qui
est desprincipes puisque
dans uncas il
s’agit d’augmenter
les concentrations degonadotrophines
alors que dansl’autre,
aucontraire,
on cherche à les abaisser.Les
gonadotrophines agissent
sur la tota-lité de la
population
des follicules en crois-sance. Par
exemple,
chez lesbovins,
6jours après injection
deeCG,
le nombre de folli- culespré-antraux
estaugmenté
de 30 %(Monniaux 1982).
Il est donc raisonnabled’essayer d’augmenter
le nombre des folli- culesqui
déterminent laréponse
au traite-ment de
superovulation
par unprétraitement qui
induit une élévation des concentrations desgonadotrophines. L’apport
degonadotro- phines exogènes
est la méthode laplus
anciennement utilisée. Lors de nombreux
essais,
la nature de lagonadotrophine (eCG
ou
FSH),
lesdoses,
les durées duprétraite- ment,
lejour
ducycle
où il est commencé etl’intervalle entre cette
première
intervention et le début du traitement desuperovulation
ont été testés.
Lorsqu’un
effet a étéobtenu,
cela a
toujours
été une diminution de laréponse (cf.
revue de Saumande1987).
Il est aussi
possible d’augmenter
lesconcentrations de
gonadotrophines endogènes
en limitant la rétroaction
négative
des sécré-tions ovariennes sur l’activité du
système hypothalamo-hypophysaire.
Pourcela,
lesanimaux sont immunisés contre des stéroïdes
ou contre l’inhibine. Chez les
bovins,
seulel’immunisation contre l’inhibine modifie la fonction
ovarienne ;
un tel traitementpermet d’augmenter
le nombre d’ovulations lors d’un oestrus normal et laréponse
des animauximmunisés au traitement de
superovulation
semble être améliorée
(Hillard
et al1990).
Seule la fin de la croissance des follicules est strictement
dépendante
de l’activitéhypo- physaire.
Si les sécrétionsendogènes
de LHet FSH sont
inhibées,
la croissance des folli- cules ne se fera pascomplètement
et uneaccumulation des follicules dans les classes de taille
qui précèdent
ladépendance
vis-à-vis des
gonadotrophines
sera observée. C’est à cause de cette accumulation depetits
folli- culesqu’une augmentation
de laréponse
autraitement de
superovulation peut
êtreespé-
rée. Une méthode efficace pour
freiner,
defaçon réversible,
les sécrétions de LH et de FSH est d’induire une désensibilisationhypo- physaire
au GnRH par un traitement pro-longé
avec unagoniste.
Lapertinence
decette
approche
a été montrée chez les ovins.Après
administration de GnRH à l’aide d’unemini-pompe osmotique pendant
30jours,
lesniveaux de FSH sont fortement
déprimés
et iln’y
aplus
depulses
deLH ;
à la suite d’un teltraitement,
si le nombre total de follicules deplus
de 1 mm n’est pasmodifié,
aucun d’entreeux ne
dépasse 2,5
mm contre 50 % chez les animaux témoins(McNeilly
et Fraser1987).
Chez des brebis
qui
ont reçu un tel traite- ment de désensibilisationpendant
15jours seulement,
le nombre d’ovulations enréponse
au traitement de
superovulation
est aug-menté de 50 %
(Brébion
etCognié 1989).
Pour
l’espèce bovine,
l’efficacité du traite- ment de désensibilisationhypophysaire
estétablie
(Saumande
et al1994)
et les modifica- tions àapporter
au traitement desuperovula-
tion sont en cours d’étude.
Une deuxième voie
d’approche
récemmentenvisagée
consiste àaugmenter
le nombre de folliculesqui peuvent
être recrutés lors du traitement desuperovulation
en stimulantpréalablement
la sécrétion d’IGF1. Parmi les facteurs de croissanceimpliqués
dans larégulation
de la fonctionovarienne,
IGF1 sembleparticulièrement important (Monget 1993).
Lasynthèse
de cepeptide
se faitprin- cipalement
au niveau du foie sous le contrôle de l’hormone de croissance(GH). L’injection
de GH à des
génisses
induit uneaugmenta-
tion des concentrations
plasmatiques
d’IGF1et un doublement du nombre de follicules de 2 à 5 mm
(figure 4) (Gong
et al1993).
Lors-qu’une injection
de GH est réalisée 5jours
avant la stimulation
gonadotrope
du traite-ment de
superovulation,
chez les animauxPour
augmenter
le nombre defollicules répondant
autraitement de
superovulation,
diverses solutions sont
envisagées:
freiner
lessécrétions de FSH et
LH,
stimuler lasécrétion d’IGFI.
ainsi traités le nombre d’ovulations est forte- ment
augmenté
encomparaison
de cequi
estobservé chez les animaux
qui
n’ont pas reçu leprétraitement (après
2 000 UI eCG17,2
±2,8
vs10,6
±2,7 ; après 1,2
UI OFSH <4<18,6
±2,0
vs10,8
±1,7).
Les effets sur le nombred’embryons
transférables sont par contre moins clairs :après
stimulation par eCG iln’y
a pas d’effetbénéfique
duprétraitement
par
GH,
et les résultats obtenusaprès
stimu-lation par FSH
(tableau 5)
doivent être consi- dérés avecprudence
dans la mesure où ils ontété obtenus
après
3répétitions
de traite-ments sur les mêmes animaux et
qu’ils
neprennent
pas encompte
lesgénisses
chez les-quelles
aucunembryon
n’a été collecté.Lors de cette étude il a été de nouveau
montré que la
réponse
au traitement desuperovulation dépendait
de l’état de la popu- lation folliculaire au moment où estinjectée
lagonadotropine :
il existe une très forte cor-(4)
Exprimé
en unité oFSH S16 ; celacorrespond
àenviron 320 pg de
pFSH.
rélation
(r
=0,71 ;
P <0.01)
entre le nombre de follicules de moins de 5 mm détectés paréchographie
lejour d’injection
d’eCG et lenombre d’ovulations.
Conclusion
Le transfert
d’embryons
n’a pas eu le déve-loppement
que certains luiprédisaient
il y aune dizaine d’années. En moyenne le nombre
d’embryons
obtenus à la suite d’un traite-ment de
superovulation
reste faible cequi
apour
conséquence
unprix
de revient élevé etceci est un
premier
frein à une utilisationplus large
de cettetechnique.
Pour cequi
estde l’intérêt du transfert
d’embryons
pour l’améliorationgénétique,
laprincipale
limiteà l’utilisation de la méthode est que l’on n’est
jamais
assuré dedisposer
d’un nombre mini-mum
d’embryons
àpartir
d’une femelle trai-tée. La mise en évidence des relations entre l’état de la
population
folliculaire et laréponse
à la stimulationgonadotrope
a per- mis d’ouvrir de nouveaux axes de recherche.Selon des
stratégies différentes,
les méthodesenvisagées
consistent à créer des ovaires sen-sibles en intervenant
préalablement
au trai-tement de
superovulation
pour détruire le fol- licule dominant et/ou pouraugmenter
le nombre des folliculessusceptibles
d’êtrerecrutés par le traitement
gonadotrope.
Lesvoies de recherche
actuelles, lorsqu’elles aboutiront,
n’auront sans doute pas de consé- quences trèsimportantes
sur le nombremoyen
d’embryons ;
onpeut
par contre rai- sonnablementenvisager
une forte diminution de lafréquence
des animauxqui produisent
pas ou
trop
peud’embryons (1/3
des animauxactuellement).
Remerciements
L’auteur tient à remercier C. Chalon-Sochat (Génétique
Limousin Charente) et M. Courot (INRA) pour leur lec- ture critique du manuscrit.
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