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Direction de la faune et des habitats

Revue bibliographique sur la biologie et enquête sur les outils de suivi et de gestion

du vison d'Amérique (Mustela vison)

par Michèle Moisan

biologiste

Ministère de l'Environnement et de la Faune Avril 1996

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TABLE DES MATIÈRES

PAGE

1. INTRODUCTION 1

2. MÉTHODOLOGIE 3

2.1 Revue bibliographique 3

2.2 Enquête téléphonique 3

2.3 Analyse de données en provenance du Répertoire 4 2.4 Données sur la reproduction du vison en élevage 5

3. RÉSULTATS ET DISCUSSION 7

3.1 Dynamique de population et potentiel reproducteur 7

3.2 Habitat et proies 9

3.3 Contaminants environnementaux 10

3.4 Outils de suivi des populations 12

3.4.1 Recherche bibliographique 12

3.4.2 Enquête auprès des provinces/états 15

3.4.3 Données de récolte et rapport des sexes du carnet

des trappeurs 21

3.4.4 Données sur la reproduction du vison en élevage 29

3.5 Outils de gestion 29

3.6 Études et projets de recherche dans les états/provinces 32

4. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 37

5. REMERCIEMENTS 43

6. LISTE DES PERSONNES CONSULTÉES 45

7. LISTE DES RÉFÉRENCES 49

ANNEXE A 53

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LISTE DES TABLEAUX

PAGE

Tableau 1. Paramètres de suivi pour le vison (Mustela vison)

dans différents états/provinces du nord-est américain 16 Tableau 2. Coefficients de corrélation de la récolte du vison entre

les régions administratives et les réseaux de piégeage

au Québec, de 1988-1989 à 1994-1995 (p < 0,05) 22 Tableau 3. Coefficients de corrélation entre diverses variables

relatives à l'exploitation du vison, du castor et de la

loutre, au Québec de 1970 à 1994 23

Tableau 4. Coefficients de corrélation du rapport M:F chez le vison entre les régions administratives et les réseaux de piégeage

au Québec, de 1988-1989 à 1994-1995 25

Tableau 5. Coefficients de corrélation entre la récolte du vison et le rapport des sexes au Québec, de 1989-1989 à

1994-1995 28

Tableau 6. Coefficients de corrélation entre la récolte de visons, le rapport des sexes et la productivité en élevage au

Québec, de 1988-1989 à 1994-1995 30

Tableau 7. Durée maximale de la saison de piégeage du vison dans

20 états/provinces nord-américains en 1994-1995 31 Tableau 8. Liste de projets de recherche sur le vison dans les états/

provinces du nord-est américain 33

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1. INTRODUCTION

Dans le cadre de la réforme sur la gestion des animaux à fourrure et du piégeage, le groupe de travail sur la recherche, le développement et le suivi des animaux à fourrure a identifié, pour chaque espèce, les connaissances à acquérir et les besoins à combler en matière de suivi et de gestion. En ce qui concerne le vison d'Amérique (Mustela vison), l'exercice a permis de dégager les priorités suivantes (Pilon et al.

1995):

— effectuer une revue bibliographique portant sur les outils utilisés pour le suivi du vison en Amérique du Nord, notamment le rapport des sexes;

— documenter les outils de suivi et de gestion utilisés pour le vison dans les provinces et états nord-américains;

— analyser les données sur le rapport des sexes en provenance des carnets de trappeurs. Elles ont été compilées dans le «répertoire de données sur les animaux à fourrure» (Répertoire). À la lumière de la revue bibliographique, évaluer la pertinence de cet outil comme indicateur du niveau d'exploitation;

— examiner le potentiel des données sur la productivité des visons d'élevage comme indicateur du succès de la reproduction des visons en nature.

Même si le vison n'est ni une espèce en situation précaire ni classé dans les deux premiers groupes d'espèces prioritaires, le groupe de travail considère qu'elle mérite à ce stade une attention particulière. Au cours des dernières années, la récolte de visons a subi une baisse notable dans plusieurs provinces et états du nord-est de l'Amérique (J. Milette comm. pers.). Même si cette décroissance réflète la baisse des prix des peaux de visons sur le marché et une diminution du nombre de trappeurs actifs, la situation a cependant attiré l'attention des gestionnaires sur l'espèce qui, à

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ce jour, n'a pas fait l'objet d'efforts de suivi très importants, vu sa situation peu préoccupante.

Par ailleurs, on a jugé utile de faire une analyse des données sur le rapport des sexes recueillies dans le carnet du trappeur depuis 1989, afin d'évaluer la pertinence de ce paramètre en tant qu'indicateur du niveau d'exploitation.

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3 2. MÉTHODOLOGIE

2.1 Revue bibliographique

Une recherche bibliographique a été effectuée en consultant les banques suivantes (Système Dialog, Palo Alto, Californie): Biosis, Zoological Records, Scisearch, Life Sciences Collection, Periodical Abstracts, Geobase, CAB Abstract et Agricola. Seuls les documents produits après 1987 ont été consultés. Nous avons considéré que l'article de Eagle et Whitman dans le document édité par Novak et al. en 1987 (Wild furbearer management and conservation in North America) couvrait les principaux ouvrages produits sur le vison jusqu'à cette date. Notre recherche a porté principalement, mais non exclusivement, sur les thèmes suivants:

— dynamique de population

— potentiel reproducteur du vison

— outils de suivi de la récolte

— outils de gestion

2.2 Enquête téléphonique

Une enquête téléphonique a été menée auprès des biologistes ou gestionnaires des animaux à fourrure d'autres provinces ou états nord-américains. Ces entrevues visaient à connaître les outils de suivi et de gestion utilisés couramment pour le vison.

Des informations touchant les études scientifiques récemment complétées ou en cours étaient aussi recueillies. Chaque répondant était interviewé selon le questionnaire élaboré à cette fin (voir Annexe A). Au besoin, le responsable d'un projet de recherche était aussi rejoint. La liste des personnes consultées apparaît au chapitre 6. Le choix des provinces ou états a été effectué en fonction des critères suivants:

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— province ou état voisin du Québec et/ou

— province ou état du nord ou du nord-est américain où la récolte annuelle de vison était supérieure à une densité de 1 animal/21-100 km2, selon Eagle et Whitman (in Novak 1987) et où les récoltes brutes étaient importantes.

Les états et provinces sélectionnés sont les suivants:

Provinces États

Nouveau-Brunswick Maine Minnesota

Nouvelle-Écosse Vermont Wisconsin

Terre-Neuve New York Illinois

Ontario New Hampshire Indiana

Manitoba Pennsylvanie Iowa

Saskatchewan Connecticut

Alberta Michigan

2.3 Analyse de données en provenance du Répertoire

Les données de récolte annuelle du vison (saisons 1984-85 à 1994-95) ainsi que le rapport des sexes dans la récolte, de 1989-90 à 1994-95 (1988-89 à 1994-95 pour la région 06), ont été soumises à une analyse statistique. Les données sur le rapport des sexes ont été compilées à partir du carnet du trappeur.

Les données de récolte et de rapport des sexes ont été corrélées respectivement entre les régions, les réseaux et pour la province (total). Le degré de corrélation entre ces deux paramètres a aussi été mesuré pour les régions, les réseaux et la province.

Afin de tenter d'identifier les facteurs qui influencent la récolte de vison, une analyse statistique supplémentaire a été effectuée pour les diverses variables relatives à

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5

l'exploitation du vison, du castor (Castor canadensis) et de la loutre (Lontra canadensis), pour la période de 1917 à 1994: récoltes annuelles, nombre de trappeurs, prix des peaux et succès (récolte par trappeur).

L'analyse statistique des données a été réalisée à l'aide du logiciel SAS (SAS Institute Inc. 1988, 1993 in Garant et al. 1995), en version Windows 6.08 pour ordinateur de type PC. Les programmes statistiques ont été adaptés de ceux développés par Courtois et al. (1995) pour l'analyse du système de suivi des populations de lynx du Canada (Garant et al. 1995). Les coefficients de corrélation de Spearman (non paramétriques) ont été calculés à ces fins.

2.4 Données sur la reproduction du vison en élevage

Des données sur la production québécoise de visons d'élevage, pour les années 1978 à 1995, ont été obtenues du MAPAQ, auprès de la Division des animaux à fourrure et des grands gibiers, Direction des productions animales (G. Léonard comm. pers.).

Ces données comprennent entre autres le nombre total de femelles en production, le nombre total de visonneaux et le nombre moyen de visonneaux produits annuellement par femelle. Les résultats sont disponibles par région administrative.

Le nombre moyen de visonneaux par femelle constitue une donnée imprécise car il ne tient pas compte des femelles n'ayant pas produit de jeunes. Le nombre réel de jeunes auxquels une femelle particulière a donné naissance n'est disponible qu'auprès d'un ou deux éleveurs à l'échelle du Québec (G. Léonard; M. Lajeunesse comm. pers.). La productivité du vison en élevage (nombre moyen de visonneaux par femelle) a tout de même été corrélée avec la _récolte et le rapport des sexes provenant du carnet du trappeur, selon la méthode citée en 2.3.

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3. RÉSULTATS ET DISCUSSION

3.1 Dynamique de population et potentiel reproducteur

La revue bibliographique comprenait peu de références portant spécifiquement sur ce sujet. Cependant, nous avons relevé des informations pertinentes dans certaines publications. Nous résumons les grandes lignes de la dynamique de population et du potentiel reproducteur du vison dans les paragraphes qui suivent.

Les visons atteignent la maturité sexuelle à l'âge de 10 mois et les femelles ont leur première portée vers l'âge d'un an. La période de reproduction est régularisée par la photopériode et varie généralement selon la latitude (Hammond 1951; Duby and Travis 1972 in Eagle et Whitman 1987). L'espèce s'accouple de la fin février au début d'avril (Banfield 1997) et ne se reproduit qu'une fois l'an (Prescott et Richard 1982). L'implantation de l'embryon est différée. Avant l'implantation, les embryons en dormance sont très vulnérables: on estime que leur mortalité peut atteindre 60%

(Enders 1952 in Eagle et Whitman 1987). Selon le même auteur, la taille des portées varie entre 2 et 10 jeunes et la moyenne se situe autour de 4 à 5. Le rapport des sexes est de 1:1 à la naissance. Les mises bas ont lieu d'avril à juin. Les jeunes sont incapables de maintenir seuls leur température corporelle avant la septième semaine (Travis et Schaible 1961 in Patnode, K. description de projet, non publié).

Les jeunes visons se dispersent à l'automne.

Il y a peu d'information sur le taux de survie des jeunes (Patnode, K. description de projet, non publié). On a démontré que les températures froides constituent un important facteur de stress durant la période d'élevage et, qu'en présence d'autres conditions défavorables, elles peuvent contribuer à réduire la survie des jeunes (Wren et al. 1991 in Patnode, K. description de projet, non publié).

Le succès de reproduction du vison peut varier d'année en année (Eagle et Whitman 1987). Certains auteurs (Mitchell 1961; Gerell 1971 in Eagle et Whitman 1987)

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estiment que les populations de visons se renouvellent à tous les trois ans environ.

D'après une étude menée en Alberta de 1965 à 1976, on a observé un cycle de 10 ans chez une population de visons. Ce cycle était fortement corrélé (r=0.86, p<0.01) avec celui de la population du lièvre d'Amérique (Lepus americanus) (Keith et Cary 1991). De plus, ces cycles synchrones sont bien documentés dans les données canadiennes de récolte de fourrure (Keith 1963; Bulmer 1974; Finerty 1980 in Keith et Cary 1991). Us sont aussi détectables dans les histogrammes des variations annuelles du nombre de peaux commercialisées au Québec, entre 1917 et 1993 (P. Canac-Marquis comm. pers.)

La température compte parmi les facteurs extérieurs pouvant affecter la productivité du vison en influençant la disponibilité des proies, la survie des jeunes et la résilience de la population (Patnode, K. description de projet, non publié ). Par exemple, lorsque les hivers se prolongent et que les glaces perdurent, l'accessibilité des proies en milieu aquatique est réduite: il peut en résulter une baisse de la productivité chez les femelles en gestation dont les besoins nutritifs sont élevés (Patnode, K.

description de projet, non publié). De plus, les fortes crues printanières peuvent inonder les tanières situées à proximité des cours d'eau (Patnode, K. description de projet, non publié). Un auteur (Bruns 1964 in Linscombe et al. 1982) affirme que des températures chaudes et sèches durant la période de mise bas favorisent une meilleure survie des jeunes. Il mentionne que les conditions climatiques comptent parmi les éléments influençant le plus fortement les niveaux de populations avant la saison automnale de piégeage.

Par ailleurs, certains produits toxiques tels les byphénils polychlorés (BPCs) et les métaux lourds présents dans le milieu semblent avoir un effet néfaste sur la reproduction du vison. Ce sujet est développé davantage au point 3.3.

Le piégeage constitue sans doute le facteur de mortalité le plus important pour le vison. Parmi les causes de mortalité naturelle, citons la prédation par d'autres espèces telles le pékan (Martes pennanti), le renard roux (Vulpes vulpes), le loup

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(Canis lupus), le lynx du Canada (Lynx canadensis) et le grand duc (Bubo virginianus). Le taux de mortalité naturelle par la prédation serait toutefois peu significatif (Eagle et Whitman 1987). D'après les mêmes auteurs, l'impact des maladies et des parasites n'est pas documenté.

3.2 Habitat et proies

Le vison occupe une grande variété de milieux aquatiques tels les ruisseaux, les fossés, les rivières, les lacs, les marais salés et d'eau douce et les zônes côtières (Eagle et Whitman 1987).

L'habitat du vison doit comporter les caractéristiques suivantes (Patnode, K.

description de projet, non publié): 1) un couvert broussailleux ou boisé près de l'eau (Marshall 1963 in Patnode, K. description de projet, non publié); 2) l'accès à une nourriture adéquate en tout temps de l'année; 3) la présence de tanières convenables près de l'eau et; 4) un dérangement minimal lors de la période d'élevage des jeunes.

Le vison préfère les petits ruisseaux ou les marais aux grands plans d'eau (Davis 1960 in Patnode, K. description de projet, non publié). Une étude menée au Minnesota et au Wisconsin a démontré que les tanières se situaient généralement à moins de 70m de l'eau et les nouveaux terriers à moins de 90m des anciens (Schladweiler et Storm 1969 in Patnode, K. description de projet, non publié).

Le domaine vital du vison suit un patron linéraire, en raison de son association étroite avec le milieu aquatique (Patnode, K. description de projet, non publié). Des études de télémétrie ont permis d'établir le domaine vital des mâles adultes à une longueur variant entre 1,800 et 5,000 m = 2,630 m) le long d'un cours d'eau alors que celui des femelles adultes s'étend entre 1,000 et 2,800 m = 1,850 m) (Gerell 1970 in Linscombe et al. 1982).

Les visons consomment une grande variété de proies selon leur disponibilité.

Celles-ci se répartissent en trois groupes principaux: faune aquatique (poissons,

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crustacés, amphibiens), semi-aquatique (rat musqué (Ondatra zibethicus), sauvagine, oiseaux limicoles et leurs oeufs) et terrestre (petits mammifères, lagomorphes et reptiles) (Patnode, K. description de projet, non publié).

Certaines modifications de l'habitat telles le redressement des cours d'eau, l'appauvrissement et la suppression de la végétation aquatique et riveraine, sont néfastes au vison (Patnode, K. description de projet, non publié).

3.3 Contaminants environnementaux

La recherche bibliographique a permis d'extraire une grande quantité de références traitant des effets des produits toxiques sur le vison. La plupart de ces ouvrages relèvent plutôt du domaine de la biochimie que de l'écologie et présentent les résultats d'expériences menées dans des fermes d'élevage. Toutefois, quelques documents traitent des effets de divers polluants sur la santé et les fonctions reproductrices du vison en nature. Nous en présentons les grandes lignes.

Le vison fait l'objet d'études intensives sur ce sujet parce qu'il représente un bio-indicateur utile pour évaluer les effets de contaminants environnementaux dans les milieux aquatiques (Aurelich et Bleavins 1981; Calabrese et al. 1992; O'Brien et al. 1993 in Heaton et al. 1995). En tant que mammifère, il est plus apparenté aux humains que d'autres groupes d'espèces et peut fournir un aperçu de l'impact des polluants environnementaux sur la santé humaine (Patnode, K. description de projet, non publié).

Les visons sont exposés aux contaminants à travers la chaîne alimentaire ou directement, au contact du milieu (Carmichael et Baker 1989 in Osowski et al. 1995).

La consommation de poissons contaminés constitue un important facteur d'accumulation de substances toxiques dans le corps du vison (Giesy et al. 1994).

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Des polluants tels les métaux lourds, par exemple le mercure, les BPCs et certains pesticides organochlorés constituent des menaces potentielles à la santé du vison en nature (Linscombe et aL 1982). Ces substances ont été détectées dans les carcasses de visons de la région des Grands Lacs (Proulx et aL 1985: Foley et al.

1988; Glooschenko et al. in prep.; Wisconsin DNR, données non publ.; Minnesota DNR, données non publ.; Michigan DNR, données non publ. in Patnode, K.

description de projet, non publié).

Parmi les mammifères, le vison est particulièrement sensible aux BPCs (Linscombe et al 1982), aux dioxines et aux furannes (Peterson et al. 1993 in Patnode, K.

description de projet, non publié). Au début des années 1970, des résidus de ces composés se sont retrouvés par hasard dans la diète de visons en élevage et ont causé des problèmes reliés à la reproduction et des mortalités (Aurelich et aL 1973 in Linscombe et aL 1982; Kihlstrom et aL 1992 in Patnode, K. description de projet, non publié). Au Maryland, des concentrations de BPC similaires à celles ayant entraîné la mort des visons sur les fermes d'élevage ont été retrouvées dans les visons en nature. Ces résultats suggèrent que les populations de visons sauvages dans les milieux contaminés par les BPCs peuvent éprouver des difficultés au niveau de la reproduction (Linscombe et aL 1982). Ces substances seraient embryotoxiques (Patnode, K. description de projet, non publié).

Des mortalités seraient aussi survenues chez les visons sauvages, suite à la consommation de poissons contaminés par le mercure (Wobeser et Swift 1976 in Linscombe et al. 1982). À certaines concentrations, ce métal lourd pourrait avoir un impact sur la reproduction, la croissance et le comportement des visons sauvages (Osowski et al. 1995). La présence de métaux dans une rivière du Montana aurait contribué à réduire l'abondance du vison suite à une diminution des proies aquatiques (Szumski et al. 1994 in Patnode, K. description de projet, non publié).

Par ailleurs, les pesticides organochlorés tels le DDT et le DDE, qui persistent longtemps dans l'environnement, seraient beaucoup plus néfastes pour les reptiles

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et les oiseaux que les mammifères (Patnode, K. description de projet, non publié ).

On croit que les faibles concentrations de ces produits qu'on a retrouvées dans les tissus de visons sauvages (Frank et al. 1979; O'Shea et al. 1979 in Linscombe 1982) ne sont pas nuisibles à leur santé (Linscombe et al. 1982).

Une étude visant à mesurer le taux de mercure dans les carcasses de visons et de loutres rapportées par les trappeurs cris, dans la région de la Baie James au Québec, est présentement en cours (C. Fortin, comm. pers.). Une autre étude, dont l'objectif était de documenter la bioaccumulation de dioxines et de furannes chez les oiseaux et mammifères aquatiques piscivores, dont le vison, et d'évaluer l'intérêt de divers bioindicateurs pour déterminer l'état de santé de la faune, a été réalisée par Environnement Canada dans la région de La Tuque (L. Champoux comm. pers.).

3.4 Outils de suivi des populations 3.4.1 Recherche bibliographique

Les informations les plus pertinentes à ce sujet se trouvent dans les articles scientifiques de Lindscombe et aL (1982) et Eagle et Whitman (1987) concernant le vison. Les points les plus importants sont relevés et complétés avec des publications scientifiques plus récentes.

Données de récolte

Dans la plupart des cas, on se base sur les données de récolte pour évaluer l'état des populations de visons. Linscombe et al. (1982) n'ont pas observé de corrélation entre la récolte de visons et le prix des fourrures: ils ont conclu que les données de récolte reflétaient l'abondance des populations (Eagle et Whitman 1987). Linscombe et al.

(1982) affirment que les données sur la répartition de la récolte et des trappeurs sont très importantes pour déceler des changements au niveau des densités de population et de l'effort de piégeage.

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Cependant, il n'y a jamais eu d'études venant confirmer la relation entre la densité réelle des populations et une autre variable facilement mesurable, par exemple la récolte (Eagle et Whitman 1987).

Le rapport des sexes

Certains auteurs (Linscombe et al. 1982; Eagle et Whitman 1987) remettent en cause l'utilisation du rapport des sexes dans la récolte comme outil de suivi des populations:

ils soutiennent que les recherches ont donné des résultats inconsistants dont on ne peut tirer de conclusions valables. Marshall (1936 in Eagle et Whitman 1987) a observé un rapport des sexes de 1:1 dans la récolte, à la suite d'un piégeage intensif.

Poole et al. (1995) au Yukon obtiennent des valeurs de 1,43 à 1,77 mâle pour une femelle, à partir d'un grand échantillonnage. Au Devon (U.K.), Chanin (1983) a obtenu, lors de captures de visons à des fins expérimentales, un rapport des sexes largement en faveur des mâles durant la période d'accouplement.

Structure d'âge (rapport jeune/adulte)

Étant donné que le vison se reproduit dès la première année, le calcul du rapport jeune/adulte peut être un indicateur utile du recrutement (Eagle et Whitman 1987).

Les mêmes auteurs mentionnent cependant que l'utilité de cette donnée est limitée.

D'après les quelques résultats cités dans Linscombe et aL (1982), il semble que les rapports jeune/adulte peuvent varier considérablement d'une étude à l'autre.

Au Yukon, les jeunes représentaient plus de 57% de la récolte dans l'ensemble des régions échantillonnées: Poole (1995) a observé un rapport de 6,1 à 12,7 jeunes par femelle âgée de plus de deux ans. Il conclut que ces valeurs, de pair avec un rapport des sexes de 1,43-1,77:1,0, suggèrent que la pression de piégeage est faible et que le niveau de reproduction est adéquat.

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Productivité

Les informations sur le succès de reproduction des visons femelles en milieu naturel sont très limitées (Eagle et Whitman 1987). Les techniques habituelles pour estimer la productivité (cicatrices placentaires, corps jaunes) ne peuvent être utilisées pour cette espèce: ces structures ne persistent pas dans l'organisme (Eagle et Whitman 1987; Wren 1991 in Patnode, K. description de projet, non publié). Sidorovich (1993) a contourné le problème en trappant des femelles gravides, afin de procéder au comptage des embryons.

Parce que la reproduction et la mortalité des visons en nature ne sont pas documentées, le taux d'accroissement des populations n'est pas connu (Eagle et Whitman 1987). D'après ces auteurs, ces paramètres pourraient être adéquatement documentés en marquant et suivant des individus au moyen de la télémétrie.

Estimation de l'abondance: méthodes d'inventaire

Dans l'exposé du projet d'étude sur le vison de la région des Grands Lacs (Patnode, K. description de projet, non publié) (voir chapitre 3.6 sur les études et projets de recherche), on présente une courte revue critique des méthodes utilisables pour évaluer l'abondance et la répartition d'une population de visons.

À cause de l'écologie et du comportement de l'espèce (faibles densités, moeurs discrètes et nocturnes), le dénombrement d'une population nécessite l'emploi de plusieurs techniques. Les méthodes axées sur les observations de l'animal (par exemple, comptages associés à la télémétrie, dénombrements le long de transects) ont des faibles chances de succès. Les techniques utilisant uniquement la capture de spécimens (par exemple, capture-marquage-recapture) comportent de meilleurs taux de réussite mais ont aussi leurs limites. Les chances de recapturer un vison marqué sont considérées faibles (Dunstone 1995 in Patnode, K. description de projet, non publié).

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Les indices obtenus à partir des décomptes de pistes ou de fèces (méthodes de comptage indirect), des données de récolte ou des enquêtes auprès des trappeurs sont les plus fréquemment utilisés pour évaluer les tendances des populations et en comparer l'abondance relative d'un site à l'autre. Ces indices d'abondance ou de tendance peuvent s'avérer fort utiles lors d'études sur le vison mais ils doivent être validés par le biais d'une méthode indépendante de dénombrement ou, à tout le moins, être corrélés avec un paramètre additionnel indépendant.

3.4.2 Enquête auprès des provinces/états

Les résultats dès entrevues téléphoniques réalisées auprès des provinces ou états sont présentés au tableau 1. Nous n'avons considéré que les paramètres de suivi utilisés de façon récurrente dans une juridiction et non les informations recueillies à des fins particulières. Les entrevues téléphoniques ont révélé que, dans la plupart des états et provinces contactés, le vison n'est pas une espèce prioritaire et que les efforts de suivi sont minimaux.

Les entrevues nous ont permis d'identifier sept paramètres de suivi couramment utilisés pour le vison:

— les données annuelles de récolte;

— la répartition de la récolte;

— les indices de tendance des populations de visons;

— les indices d'abondance du vison;

— l'effort de piégeage;

— le succès de piégeage (nombre de visons capturés/trappeur actif et/ou nombre de visons capturés par unité d'effort («catch per unit effort»);

— le rapport des sexes dans la récolte.

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OC TN NB NE ONT MAN SASK ALTA ME Données de récolte x2 X1

'2 xi X1

'4

X5

X2 x2 x2 X5

Répartition de la récolte

Indice de tendance x4

Indice d'abondance x4 x4

Effort de piégeage x4

Succès de piégeage

Rapport des sexes x6

Provenance des données 1 Permis d'exportation des fourrures

2 Transactions de fourrures / rapport des commerçants de fourrure 3 Enquête auprès des trappeurs

4 Rapport de capture des trappeurs

5 Etiquettes / sceaux apposés sur les fourrures 6 Carnet du trappeur

QC Québec SASK Saskatchewan NH New Hampshire MN Minnesota

ONT Ontario ALTA Alberta NY New York WI Wisconsin

NB Nouveau-Brunswick TN Terre-Neuve PA Pennsylvanie IL Illinois

NE Nouvelle-Écosse ME Maine CT Connecticut IN Indiana

MAN Manitoba VT Vermont MI Michigan IA Iowa

CD

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VT NH NY PA CT MI MN WI IL IN IA Données de récolte X2'3 X4 x3

x3

X5 x2'3 x2'3 x2'3 ? x2

x2

Répartition de la récolte x5

Indice de tendance Indice d'abondance

Effort de piégeage x3

x4

x3 X3

Succès de piégeage x4

x3

x3

x3 Rapport des sexes

Provenance des données : 1 Permis d'exportation des fourrures

2 Transactions de fourrures / rapport des commerçants de fourrure

3 Enquête auprès des trappeurs

4 Rapport de capture des trappeurs

5 Étiquettes / sceaux apposés sur les fourrures

6 Carnet du trappeur

QC Québec SASK Saskatchewan NH New Hampshire MN Minnesota

ONT Ontario A LTA Alberta NY New York WI Wisconsin

NB Nouveau-Brunswick TN Terre-Neuve PA Pennsylvanie IL Illinois

NE Nouvelle-Écosse ME Maine CT Connecticut IN Indiana

MAN Manitoba VT Vermont MI Michigan IA Iowa

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Ces paramètres proviennent de six sources, soit:

— les permis d'exportation de fourrures;

— les ventes de fourrures et/ou les rapports-des commerçants de fourrures;

— les enquêtes postales ou téléphoniques réalisées auprès des trappeurs;

— le rapport de capture des trappeurs;

— les étiquettes apposées sur les fourrures;

— le carnet du trappeur.

Le paramètre de suivi le plus couramment utilisé est la récolte annuelle des visons.

L'Illinois utilise exclusivement le succès de piégeage, soit le nombre de visons capturés par trappeur actif (tableau 1) (G. Hubert comm. pers.). Les données annuelles de récolte permettent au gestionnaire de déceler les tendances et les cycles au sein de la population, en tenant compte des prix des fourrures sur le marché et du nombre de trappeurs actifs. Au Connecticut, on se préoccupe aussi de la répartition de la récolte sur le territoire. Les données sur le lieu des captures sont obtenues lors de l'apposition d'étiquettes sur les fourrures (P. Rego comm. pers.).

La source des données de récolte varie d'une juridiction à l'autre. Il peut y avoir plusieurs sources pour une même donnée. Dans plusieurs cas, les données proviennent de la vente de fourrures (Terre-Neuve, Québec, Manitoba, Saskatchewan, Alberta, Vermont, Michigan, Minnesota, Wisconsin, Indiana, Iowa). Pour obtenir le nombre de captures, plusieurs états parmi les plus populeux se servent d'enquêtes postales ou téléphoniques auprès de trappeurs choisis au hasard. Les permis d'exportation de fourrures (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse) ainsi que l'apposition de sceaux ou d'étiquettes sur les peaux (Ontario, Maine, Connecticut) constituent des mesures utilisées moins fréquemment.

(25)

19

Parmi les autres paramètres de suivi utilisés figurent les indices de tendance et d'abondance, l'effort de piégeage et le succès de piégeage (tableau 1). En Nouvelle-Écosse, l'abondance du vison est estimée semi-quantativement (ex: échelle de 1 à 5) par les trappeurs sur le rapport de captures (M. O'Brien comm. pers.).

Au Wisconsin, au New Hampshire et au Michigan, l'effort et le succès de piégeage sont mesurés spécifiquement pour le vison: le nombre de pièges et de jours de piégeage (Wisconsin), le nombrè de visons/nuits-pièges (New Hampshire), le nombre de jours de piégeage et la récolte moyenne de visons par trappeur (Michigan) (J.

Olsen; E. Orff; T. Reis comm. pers.). Dans les autres états et provinces qui utilisent ces deux paramètres, soit que l'effort et le succès ne sont pas spécifiques au vison (Terre-Neuve, Illinois) ou que l'unité de mesure n'est pas disponible.

Les états et provinces consultés utilisent rarement plus de deux outils de suivi concurremment. Terre-Neuve fait exception à la règle avec l'emploi de quatre paramètres: les données de récolte, un indice d'abondance et de tendance (données semi-quantitatives) et l'effort de piégeage. Au Québec, les outils de suivi actuellement utilisés pour le vison sont la récolte associée au nombre de trappeurs et au prix des fourrures et le rapport des sexes obtenu du carnet du trappeur. Le Québec est le seul territoire où le rapport des sexes est utilisé à titre de paramètre de suivi.

Certains des propos ou commentaires recueillis au cours des entrevues téléphoniques méritent d'être signalés.

Dans la partie insulaire de Terre-Neuve, le vison n'est pas une espèce indigène. Sa présence est le résultat de spécimens échappés de fermes d'élevage vers 1930 environ (O. Forsey, comm. pers.). Les populations de visons nouvellement établies ont entraîné des baisses chez les populations de rats musqués à cause de la prédation (L. Soper comm. pers.).

(26)

En Alberta, si l'on se fie à la récolte, les populations de visons auraient diminué de façon notable au cours des 10 dernières années mais, comme les prix des fourrures sur le marché sont bas, on ne s'inquiéte pas de cette diminution des effectifs (F. Newman comm. pers.).

Trois provinces, l'Ontario, la Saskatchewan et l'Alberta et un état, le Michigan, ont mentionné recueillir de manière informelle les observations des trappeurs sur l'abondance et les tendances des populations, lors de rencontres avec les groupes et associations de trappeurs.

Depuis quelques années au Connecticut, les trappeurs remettent, sur une base volontaire, les carcasses des visons capturés (P. Rego comm. pers.). Le sexe et l'âge réel des spécimens sont déterminés. Cependant, selon le gestionnaire des animaux à fourrure, le rapport des sexes et le rapport jeune/adulte ne peuvent constituer des outils de suivi fiables au Connecticut. Le rapport des âges est le plus souvent biaisé en faveur des jeunes, et le rapport des sexes en faveur des mâles, qui composent 75% de la récolte (P. Rego comm. pers.). On considère, qu'à cause de ces biais, ces deux paramètres ne transmettent aucune information valide sur les populations de vison. De plus, on estime que la taille échantillon est trop petite et la pression de piégeage trop inégalement répartie sur le territoire pour que ces données puissent être utilisées en toute confiance. L'an prochain, le programme de collecte des carcasses sera discontinué.

Au Minnesota, les trappeurs ont rapporté périodiquement des mortalités massives locales sur 1 ou 2 années. Cependant, les effectifs se reconstituent rapidement. En 1988-89, la récolte de visons s'élevait à 110,000 (!) (B. Berg comm. pers.).

(27)

21

3.4.3 Données de récolte et rapport des sexes du carnet des trappeurs

Récolte du vison (répertoire)

Les données de récolte du vison (années 1984-85 à 1994-95) sont fortement corrélées entre les régions et les réseaux à quelques exceptions près (tableau 2). La série temporelle comprenait 11 données.

En règle générale, la récolte semble suivre les mêmes tendances dans ['ensemble des régions et des réseaux de la province. À cet égard, deux hypothèses sont plausibles (R. Courtois comm. pers.): 1) l'abondance du vison fluctue de façon similaire partout au Québec 2) les trappeurs éprouvent en même temps un intérêt pour la capture du vison, soit lorsque le prix des espèces semi-aquatiques (vison, castor, loutre) est intéressant. Malgré son étroite association avec le vison, le rat musqué n'a pas été considéré, vu que leurs saisons de piégeage respectives sont différentes.

Afin de mieux comprendre ce qui influence la récolte du vison au Québec, nous avons effectué l'analyse statistique des paramètres d'exploitation du vison, de 1917 à 1994 (récolte, prix, nombre de trappeurs et succès). Les résultats sont présentés au tableau 3. Nous n'avons examiné que la période de 1970 à 1994. La pratique du piégeage au début du siècle était probablement fort différente de ce qu'elle a été au cours des 25 dernières années: cette activité est devenue plus accessible, les habitudes des trappeurs se sont modifiées et le marché des fourrures est mieux connu de la clientèle (R. Lafond comm. pers.). De plus, les autres données examinées (récoltes régionales, rapport des sexes de 1984 à 1994) couvrent en partie cette période.

Les données de récolte et de succès sont significativement corrélées entre les trois espèces. Ceci laisse supposer que les récoltes de ces espèces sont interreliées et qu'elles s'influencent mutuellement.

(28)

Région/réseau 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 T/libres T/struct. Réserve à castor

01 -

02 0,81 - - -

03 0,77 0,88 -

04 0,80 0,97 0,89 -- -

05 0,80 0,84 0,83 0,86

06 07

0,80 0,56*

0,81 0,78

0,67 0,74

0,84 0,78

0,76 0,60 0,76

-

rv iv

08 0,70 0,89 0,92 0,91 0,80 0,80 0,81 -

09 0,54* 0,74 0,070 0,69 0,73 0,62 0,75 0,70 - - - -

10 0,85 0,88 0,93 0,88 0,84 0,72 0,58* 0,86 0,61 - - -

T. libres 0,84 0,92 0,94 0,94 0,90 0,84 0,81 0,94 0,74 0,90

T. struct. 0,66 0,92 0,92 0,92 0,81 0,73 0,85 0,96 0,81 0,82 0,93

Rés. à castor 0,76 0,93 0,91 0,94 0,91 0,77 0,77 0,89 0,83 0,89 0,94 0,94 Total

québécois

0,80 0,93 0,97 0,94 0,88 0,77 0,81 0,95 0,78 0,90 0,98 0,97 0,96

* p > 0,05

(29)

Tableau 3. Coefficients de corrélation entre diverses variables relatives à l'exploitation du vison, du castor et de la loutre, au Québec de 1970 à 1994

Recvis Recast Reclou Privis Pricast Prilou Nbtrap Sucvis Sucast

Recvis -- -- -- -- -- -- -- -- --

Recast 0,64* - -- -- -- -- — -- --

Reclou 0,45* 0,88* -- -- -- -- -- -- --

Privis 0,60* 0,61* 0,47* -- -- -- -- -- --

Pricast 0,12 0,42* 0,32 0,59* -- -- -- -- --

Prilou -0,17 0,14 0,23 0,36 0,85* -- -- -- --

Nbtrap 0,60* 0,50* 0,36 0,63* 0,29 0,19 -- -- --

Sucvis 0,08 -0,01 -0,01 -0,30 -0,26 -0,37 -0,62* -- --

Sucast -0,30 0,05 0,09 -0,36 -0,06 -0,12 -0,79* 0,74* -- Suclou -0,36 -0,005 0,18 -0,31 -0,06 -0,02 -0,80* 0,68* 0,91*

* p < 0,05

LISTE DES VARIABLES

Recvis récolte du vison Sucast succès : nombre de captures castor / trappeur Recast récolte du castor Suclou succès : nombre de captures loutre / trappeur Reclou récolte de la loutre Privis prix fourrure de vison

Nbtrap nombre de trappeurs Pricast prix fourrure de castor Sucvis Succès : nombre de captures vison / trappeur Prilou prix fourrure de loutre

(30)

On observe une corrélation significative entre la récolte du vison et le prix des peaux.

Cependant la récolte du vison ne semble pas avoir de lien avec le prix des fourrures de castor et de loutre. Ce ne sont peut-être pas tant les prix qui influencent la récolte de ces trois espèces que le milieu dans lequel elles se trouvent. Le piégeage du vison, de la loutre et du castor s'effectue vraisemblablement de façon concomitante par les trappeurs qui oeuvrent en milieu semi-aquatique (R. Lafond, R. Courtois comm. pers.).

La seconde hypothèse, qui suggère que les trappeurs éprouvent un intérêt simultané pour la capture du vison, de la loutre et du castor, pourrait donc être plausible. Pour la valider, des tests statistiques corrélant les récoltes des animaux à fourrure entre elles permettraient de nous assurer que ces relations ne sont pas dues au hasard.

Il existe une relation significative entre le nombre de trappeurs et la récolte du vison et du castor (tableau 3). On en déduit que, plus il y a de trappeurs, plus grande est la récolte de visons. Cependant, le nombre de trappeurs et le succès montrent des relations significatives inverses pour chacune des trois espèces. De plus, la récolte et le succès ne sont pas corrélés entre eux. Les trappeurs qui s'ajoutent ne recherchent peut-être pas le vison spécifiquement, mais ont accès à une vingtaine d'autres espèces d'animaux à fourrure. Nous croyons que, malgré une augmentation de la récolte avec le nombre de trappeurs, les deux variables n'évoluent peut-être pas de la même manière. Il peut y avoir un accroissement simultané du nombre de trappeurs et de captures mais, le rapport entre les deux paramètes (nb.

captures/trappeur), c'est-à-dire le succès, ne s'accroît pas dans les mêmes proportions que la récolte et même s'en éloigne. Ce phénomène pourrait s'illustrer graphiquement par deux droites, dont l'une aurait une pente plus prononcée.

Le rapport des sexes

En règle générale, les données de rapport des sexes ne sont pas significativement corrélées entre les régions et les réseaux (tableau 4). On retrouve quelques

(31)

ti

Tableau 4. Coefficients de corrélation du rapport M:F chez le vison entre les régions administratives et les réseaux de piégeage au Québec, de 1988-1989 à 1994-1995

Région/réseau 01 02 03 04 05 06 07 08 09 T/libres T/struct.

01

02 0,02

03 -0,20 0,42

04 -0,82* 0,48 0,48

05 0,20 0,40 1,0* 0,20

06 -0,37 -0,20 -0,25 0,08 0,40

07 -0,14 -0,14 0,02 0,08 -0,80 -0,71

08 0,77 0,25 -0,14 -0,60 0,80 0,20 -0,65

09 0,31 -0,80 -0,90* -0,70 -0,80 0,40 0,0 0,0

T. libres 0,25 0,02 -0,54 -0,20 0,0 0,42 -0,71 0,48 0,20

T. struct. 0,20 0,60 0,82* 0,20 1,0* -0,42 0,25 0,08 -0,90* -0,60

Total québécois 0,20 0,60 0,88* 0,20 1,0* 0,0 -0,20 0,31 -0,80 -0,31 0,85*

* p < 0,05

(32)

corrélations significatives inverses qui ne peuvent être expliquées. Soulignons que le nombre d'échantillons est relativement faible (4_11.5_7): ce facteur doit être considéré lors de l'analyse et l'interprétation des données. Pour cette raison, nous n'avons pas considéré le rapport des sexes dans les réserves à castor (n=3 années). Les rapports M:F rapportés dans le carnet du trappeur indiquaient tous une prépondérance de mâles dans la récolte.

Il y a toutefois une relation positive entre les données provinciales et les territoires structurés (r= 0,85; p= 0,01). Ceci est expliquable par le fait que la plupart des données sur le rapport des sexes (carnet du trappeur) proviennent des trappeurs oeuvrant sur les territoires structurés.

L'absence de corrélation positive significative des rapports des sexes entre les régions et les réseaux peut refléter deux situations possibles (R. Courtois comm. pers.): 1) les caractéristiques des populations diffèrent selon les régions ou 2) les données sont peu fiables. Pour aider l'interprétation, nous avons reproduit graphiquement les rapports des sexes en fonction des années. Ceux-ci fluctuent parfois de façon notable d'une année à l'autre pour une même région, produisant une ligne brisée sur le graphique. Les tendances peuvent différer aussi grandement entre les régions.

Nous sommes tentés de croire que les relations positives ou négatives entres les rapports des sexes des régions ou des réseaux sont attribuables au hasard et que ce paramètre ne semble pas livrer d'information sur ce qui se passe dans la récolte ou dans la population.

Toutefois, Garant et aL (1995) ont observé des corrélations significatives du rapport M:F chez la martre d'Amérique (Martes americana), entre plusieurs régions (01, 03, 06, 07 et 08), à partir de séries temporelles très courtes (1987 à 1993). Ces auteurs ont constaté que, durant la période de 1989 à 1993, le rapport des sexes était moins bien corrélé avec les autres paramètres de suivi que le rapport jeunes/femelle adulte.

Garant et aL (1995) ont trouvé difficile de porter un jugement clair sur l'utilité et la fiabilité du rapport des sexes pour estimer le niveau d'exploitation de la martre, en

(33)

27

grande partie à cause de la petite taille des échantillons. Les résultats obtenus dans le présent rapport nous amènent à des conclusions allant dans le même sens.

La récolte provinciale et le rapport des sexes

Le rapport des sexes et la récolte provinciale ne sont pas corrélés (tableau 5). La relation entre la récolte et le rapport M:F est positive, sans être significative, dans les territoires libres et les régions 01, 02, 06, 07, 08 et 09. Pour les autres régions et territoires, on observe une relation négative.

Dans une population en croissance (faible taux d'exploitation), le rapport M:F devrait indiquer un plus grand nombre de mâles dans la récolte. Par contre, dans une population fortement exploitée ou en déclin, on s'attendrait à un rapport des sexes en faveur des femelles (Strickland et Douglas 1987 in Garant et al. 1995). C'est en général ce qui a été observé chez la martre. D'après les résultats obtenus, les données de récolte et de rapport des sexes semblent évoluer indépendamment l'un de l'autre et n'avoir pas de lien entre elles. La population de visons n'est peut-être pas assez fortement exploitée pour que cet état de chose se reflète dans le rapport des sexes. Il se peut aussi que les changements en abondance qui surviennent au sein de la population soient d'une magnitude telle qu'ils ne puissent être détectés par les données de récolte ou le rapport des sexes.

Ces constats remettent en cause l'utilité à cette échelle du rapport des sexes comme paramètre de suivi des populations de visons et indicateur du niveau d'exploitation.

Autres outils de suivi

Des programmes de collecte de carcasses de visons ont été implantés par le passé au Manitoba. Des données sur l'âge et le sexe des spécimens capturés à divers endroits de la province ont été recueillies. Toutefois, on considère que la taille échantillon était insuffisante pour établir des paramètres de suivi et renseigner

(34)

Tableau 5. Coefficients de corrélation entre la récolte du vison et

le rapport des sexes au Québec, de 1989-1989 à 1994-1995

Région ou réseau R P

01 0,37 0,46

02 0,08 0,87

03 -0,82 0,04

04 -0,60 0,20

05 -0,40 0,60

06 0,42 0,33

07 0,14 0,78

08 0,48 0,32

09 0,70 0,18

10 0 0

T. libres 0,60 0,20 T. structurés -0,32 0,48 Réserves à castor 1,0 <0,01

Total québécois -0,10 0,81

(35)

29

adéquatement sur les tendances des populations (1. McKay comm. pers.). Au Connecticut, un programme similaire de cueillette de carcasses est encore en cours mais sera bientôt discontinué (voir section 3.4.2) (P. Rego comm. pers.).

3.4.4 Données sur la reproduction du vison en élevage

L'analyse statistique qui visait à corréler les données de productivité en élevage avec la récolte de visons sauvages et le rapport des sexes, n'a montré aucun lien entre les trois variables (tableau 6). Il n'y a pas de corrélation significative entre la productivité des visons en élevage, la récolte provinciale du vison et le rapport des sexes dans la récolte. Ceci est plausible parce que les visons en élevage sont soumis à des conditions et à une alimentation fort différentes des visons en nature.

Quant à la question se rapportant aux tendances similaires potentielles du succès de reproduction entre les visons d'élevage et sauvages, seuls deux des gestionnaires interrogés au cours des entrevues téléphoniques avaient déjà été exposés de façon anecdotique à cette idée, sans être capable d'en indiquer la source (Nouvelle-Écosse, Iowa). Cependant, plusieurs croient qu'il ne pourrait y avoir de relation entre ces deux paramètres, à cause de la différence qui existe entre les environnements dans lesquels les visons évoluent.

3.5 Outils de gestion

D'après les entrevues téléphoniques, l'outil utilisé pour gérer la récolte de visons dans tous les états et provinces est la durée de la saison de piégeage. Les dates des périodes de piégeage (1994-1995) sont présentées au tableau 7. Les outils de gestion (saisons, quotas) sont aussi abordés brièvement dans la littérature consultée mais les informations colligées par le biais des contacts téléphoniques permettent une meilleure mise à jour.

(36)

Tableau 6. Coefficients de corrélation entre la récolte de visons, le rapport des sexes et la productivité en élevage au Québec, de 1988-1989 à 1994- 1995

Récolte Rapport M : F Récolte

Rapport M : F - 0,10714 n = 7

Prod. élevage 0,30909 - 0,21429

n = 11 n = 7

(37)

31

Tableau 7. Durée maximale de la saison de piégeage du vison dans 20 états/provinces nord-américains en 1994-1995

État/province Saison Remarques

Alberta 1 nov. au 31 janv.

Manitoba 1 nov. au 31 janv.

Nouveau-Brunswick 15 oct. au 31 déc. Date d'ouverture varie selon la zone

Nouvelle-Écosse Ontario

Québec

Saskatchewan Terre-Neuve Illinois Iowa Maine Minnesota Michigan

New Hampshire New York Connecticut Pennsylvanie Vermont Wisconsin Indiana

1 nov. au dernier jour de février

15 oct. au 31 janv.

18 oct. au 15 mars 1 nov. au 15 fév.

1 nov. au 31 mars (1995-96)

5 nov. au 5 janv.

ou 15 nov. au 15 janv.

5 nov. au 31 janv.

3 nov. au 31 déc. Règlements 1994-95 non

(1991-92) disponibles

29 oct. au 28 fév.

25 oct. au 31 janv.

29 oct. au 10 avril 29 oct. au 2 avril 5 nov. au 31 déc. et 1 janv. au 15 mars 24 nov. au 8 janv.

4e samedi d'octobre au 31 déc.

22 oct. au 15 mars N.D.

(38)

Le New Hampshire et New York offraient les saisons les plus longues avec 174 et 156 jours respectivement en 1994-95, alors que le Maine, la Pennsylvanie et le Nouveau-Brunswick possédaient les saisons les plus courtes (55, 77, 78 jours respectivement). Au Québec, la saison de piégeage du vison s'étendait du 18 octobre au 15 mars en 1994-95. Avec ses 149 jours, elle était la troisième plus longue période parmi les 20 juridictions. L'ajustement de la durée de la période de piégeage permet d'augmenter ou de diminuer la récolte, selon les besoins.

Au Connecticut, en Ontario et au Maine, l'apposition d'étiquettes sur les peaux de visons constitue aussi une mesure obligatoire. Il s'agit des seuls territoires qui appliquent cette règle pour cette espèce.

En Ontario, des quotas incitatifs sur le vison ont été fixés dans certains districts 7 ou 8 ans auparavant (D. Blahut comm. pers.). Cette mesure de gestion a été abandonnée depuis. On considère que le vison est abondant en Ontario et que le piégeage n'a pas d'impact négatif sur les populations (C. Hayden comm. pers.).

3.6 Études et projets de recherche dans les états/provinces

Lors des entrevues téléphoniques, nous avons pu nous enquérir des projets de recherche sur le vison, achevés ou en cours dans les différentes juridictions. Les résultats sont présentés au tableau 8. On y mentionne le sujet de l'étude, le degré d'avancement des travaux et la disponibilité des résultats. Le nom d'une personne ressource (directement impliquée dans la recherche) ou d'une personne contact (informateur) à rejoindre pour obtenir de plus amples renseignements, est aussi indiqué.

D'après Greg Lindscombe (comm. pers.), un biologiste oeuvrant dans le domaine de la recherche sur les animaux à fourrure en Louisiane, les meilleures études sur la biologie et l'écologie de cette espèce auraient été réalisées avant 1987. Les références bibliographiques de ces études sont citées dans l'article de Eagle et

(39)

33

Tableau 8. Liste de projets de recherche sur le vison dans les états/provinces du nord-est américain

Sujet Avancement Personne-ressource Publication Impact du vison sur les popu-

lations de rat musqué de l'île de Terre-Neuve

T - L. Soper, DNR Terre-Neuve (PR)

sous-presse

Analyse de données en provenance de carcasses de visons

T L McKay, Wildlife Branch Manitoba (PC)

?

Étude générale d'une popu- lation de visons

T I. McKay, Wildlife Branch Manitoba (PC)

Thèse M. Sc

Développement de méthodes et techniques pour l'utilisation du vison sauvage comme bioindicateur de la qualité de l'environnement dans la région des Grands Lacs N.B. Description du projet

disponible

C K. Patnode DNR, Wisconsin (PR)

à venir

Évaluation des effets de la dioxine et des furannes sur la faune (région de La Tuque)

T L. Champoux

SCF, Environnement Canada (PR)

Rapport technique disponible Évaluation des concentrations

de mercure dans les carcas- ses de visons et de loutres de la région de la Baie-James

C C. Fortin, Fac. de médecine vétérinaire, V. de Mtl (PR)

à venir

Contaminants environnemen- taux dans les visons sauva- ges des Territoires-du-Nord- Ouest

T K. Poole, Dept of Renewable

Resources TNO (PR)

Sci. tot.

envir.

160/161 (1995) 473-

486 Étude d'une population de

visons (analyse de carcasses, dynamique de population, utilisation de l'habitat)

C R. Halbrook professeur, U of Southern Illinois (PR)

à venir

T Terminé

C En cours

PR Personne-ressource PC Personne-contact

(40)

Whitman (1987). Les recherches les plus récentes concernent davantage les impacts des contaminants sur les populations de visons.

À cause de l'importance de son contenu, le projet de recherche intitulé «Development of methods and techniques for the field evaluation of mink (Mustela vison) as a biosentinel mammal for assessing the impacts of multiple environmental stressors in the Great Lakes basin» mérite notre attention. Ce projet de recherche est mené par le ministère des Ressources naturelles du Wisconsin (Department of Natural Ressources). D'autres états, provinces ou organismes collaborent à ce projet entre autres, le Service canadien de la faune, l'Ontario, New York et l'Ohio. L'étude s'échelonne sur une période d'environ 3 ans (certains travaux de terrain ont commencé au début de 1996). Elle comprend plusieurs volets ou sous-projets dont voici un bref exposé:

— l'élaboration d'un indice de qualité de l'habitat du vison spécifique à la région des Grands Lacs;

— le développement de techniques d'inventaire des populations qui visent à déterminer la répartition et l'abondance du vison. Les méthodes suivantes seront explorées pour établir des indices d'abondance: le décompte de fumées, les stations olfactives (scent station) et d'attraction alimentaire (bait station) et l'utilisation de caméras pourvues d'un détecteur de mouvement. On évaluera aussi l'utilité d'un journal du trappeur où sont recueillies des données sur l'effort de piégeage. Enfin, on validera sur le terrain la méthode de marquage-capture et recapture à partir de fumées radioactives;

— deux sous-projets ont pour objectif d'évaluer l'état de santé des populations de visons sur le territoire à l'étude: on déterminera la composition de la diète, le statut physiologique, le niveau d'accumulation des contaminants dans les tissus et l'incidence des maladies et des parasites. Dans le cadre de ce sous-projet, des

(41)

35

femelles réceptives et non réceptives, gestantes, des jeunes et des mâles seront capturés et euthanasies afin que l'on puisse procéder à l'analyse des tissus;

— le dernier volet de cette étude concerne le développement et la mise en place d'un système d'échange d'informations entre les divers organismes impliqués dans le suivi et la gestion du vison dans la région des Grands Lacs.

(42)
(43)

37 4. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

La recherche bibliographique de 1987 à aujourd'hui n'a permis de trouver que peu de références se rapportant aux aspects du suivi et de la gestion du vison qui nous intéressent. Nous avons pu constater, grâce à la revue de littérature, que les recherches récentes sur le vison s'effectuent surtout dans le domaine de l'écotoxicologie.

L'enquête téléphonique réalisée auprès des états et des provinces, a révélé, qu'en règle générale, peu d'efforts sont consacrés au suivi et à la gestion du vison. Cette espèce n'est pas considérée prioritaire et les personnes interrogées estiment que sa situation est stable. L'outil de suivi le plus couramment utilisé pour le suivi des populations de visons demeure le nombre de spécimens récoltés. D'autres paramètres sont utilisés de pair avec la récolte dans plusieurs juridictions: l'effort et/ou le succès de piégeage, des indices de tendance et d'abondance, et la répartition de la récolte. Dans plusieurs cas cependant, l'ensemble des données est compilé sans faire l'objet d'une analyse approfondie. Par ailleurs, les programmes de collecte de carcasses de visons, et les rapports M:F et jeune/adulte calculés par la même occasion, ne semblent pas avoir débouché sur des résultats utilisables.

Au Québec, les données de récolte du vison issues du Répertoire ont montré, en règle générale, de fortes corrélations entre les régions, les réseaux et avec la province. On constate que la récolte semble évoluer de manière comparable dans l'ensemble du Québec. Aucune région ou groupe de régions ne s'est démarqué comme présentant une différence significative.

La récolte du vison de 1970 à 1994 semble influencée par celle d'autres espèces semi-aquatiques telles le castor et la loutre. Elle suit les mêmes tendances chez les trois espèces, tel que le démontrent les corrélations significatives. Elle montre des relations avec le nombre de trappeurs et le prix des fourrures de vison.

(44)

Les rapports des sexes provenant du carnet du trappeur n'étaient pas corrélés entre les régions ni les réseaux. Nous sommes portés, à prime abord, à remettre en question l'utilisation du rapport des sexes pour le suivi des populations de visons.

Toutefois, rappelons que les séries temporelles courtes (maximum 7 ans) ne permettent pas encore de tirer une conclusion ferme à ce sujet.

L'analyse statistique n'a démontré aucune relation significative entre le rapport des sexes et la récolte de visons sauvages. Ces paramètres n'ont semblé qu'exceptionnellement corrélés et cet état de chose serait davantage le fruit du hasard.

Même si l'utilisation du rapport des sexes est répandue pour estimer le niveau d'exploitation de certaines populations, son efficacité ne fait pas l'unanimité parmi les gestionnaires d'animaux à fourrure (Garant et aL 1995). Ce paramètre s'est parfois avéré inadéquat (Thompson et Colgan 1987; Graf 1993; Kohn et aL 1993; Garant 1995 in Garant et aL 1995). Garant et aL (1995) questionnent la fiabilité de ce rapport pour le suivi de la martre au Québec. Nos résultats nous portent à faire le même constat en ce qui concerne le vison. Par ailleurs, ce paramètre n'est utilisé dans aucun des états et provinces consultés.

Au chapitre des outils de suivi du vison, nous soumettons les propositions suivantes:

— poursuivre la cueillette de données sur le rapport des sexes afin d'obtenir des séries temporelles plus longues. Procéder à nouveau à une analyse statistique des données dans quelques années;

— envisager l'utilisation d'un paramètre de suivi autre que la récolte et le rapport des sexes, par exemple l'effort de piégeage. Des données sur le nombre de pièges posés pour la capture du vison pourraient être inscrites dans le carnet du trappeur.

De cette manière, les efforts à investir pour recueillir ces résultats seraient minimes puisque l'outil de collecte est déjà en place. Le nombre de captures

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effectuées par unité d'effort permettrait de calculer par la suite un succès de piégeage. Nous proposons l'utilisation de ce paramètre parce qu'il est plus précis que la seule récolte (Noiseux et al. 1993). Cependant, aucune autre référence, ni dans la littérature ni dans les entrevues avec les gestionnaires d'animaux à fourrure, ne vient confirmer ou réfuter ce choix;

— développer d'autres paramètres de suivi à partir des données d'exploitation et évaluer leur fiabilité comme outils de suivi des populations de visons. Étant donné que le castor, la loutre et le vison font souvent l'objet d'un effort de piégeage concomitant (R. Lafond, R. Courtois comm pers.), nous avons élaboré, à partir des données d'exploitation, ces trois indices (ratios) que nous avons soumis à examen, pour faire un choix par la suite;

nombre de visons capturés

nombre de trappeurs ayant capturé au moins 1 vison

nombre de captures de visons x 100%

(nombre de captures de visons + loutres + castors)

nombre de trappeurs ayant capturé au moins 1 vison x 100%

(nb. trappeurs ayant capturé au moins 1 vison + au moins 1 loutre + au moins 1 castor)

Ce dernier type de paramètre est utilisé dans l'état du Maine pour le suivi des populations de lynx roux (Lynx rufus) dont la capture est influencée par celle du coyote (Canis latrans) et du renard roux (C. McLaughlin comm. pers.).

Le rapport du nombre de capture de visons et du nombre de trappeur ayant capturé au moins 1 vison (nb. V/nb. trappeurs V), c'est-à-dire le succès, peut être influencé

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par les prix du vison sur le marché. Il ne tient pas compte de l'effort de piégeage ni de l'intérêt des trappeurs pour les autres espèces semi-aquatiques (castor, loutre).

Cet indice comporte donc plusieurs biais et nous ne l'avons pas retenu comme outil de suivi.

Dans les deux derniers indices proposés, les biais dus aux interrelations entre la récolte de visons, de castors et de loutres et à l'effort de piégeage se trouvent atténués, puisque les trois espèces sont considérées en un même bloc. Ne subsistent donc que les biais usuels relatifs aux prix et au nombre de trappeurs, lesquels sont cependant inhérents à chacune des trois espèces. Or, nous avons déjà constaté que les captures des espèces semi-aquatiques suivent les mêmes tendances. Si la récolte du vison se comportait différemment de celle des deux autres espèces, ceci serait possiblement détectable dans le rapport: nb. visons/ (nb.

visons + loutres + castors). Il est possible alors que cette fluctuation puisse refléter un changement de l'abondance de l'espèce.

Par ailleurs, les corrélations entre le nombre de trappeurs qui capturent des visons, des loutres et des castors n'ont pas été mesurées. Comme nous sommes incapables de savoir si ces trois variables sont reliées entre elles, nous ne pouvons présumer de leurs tendances respectives. Pour ces raisons, nous avons éliminé le ratio utilisant le nombre de trappeurs pour retenir le ratio comportant un nombre de captures (nb.

visons/nb. visons + loutres + castors).

Toutefois, l'interprétation de ce ratio risque d'être difficile. Son degré de précision sera-t-il assez grand pour indiquer des changements d'abondance au sein de la population? Étant donné qu'il n'y a jamais eu d'études sur les populations de visons au Québec, nous ne pouvons vérifier la correspondance entre les valeurs obtenues et les densités réelles.

La capacité du ratio (nb. visons/nb. visons + loutres + castors) à indiquer les tendances au sein des populations de visons de façon indépendante de la récolte,

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pourrait quand même être investiguée. Les données de récolte des trois espèces s'obtiennent facilement à partir du système fourrure, ce qui constitue une économie appréciable de temps et de ressources financières. De plus, ce ratio aurait l'avantage de pouvoir être rétrocalculé avec les données de 1984 à aujourd'hui. Cependant, cette approche demeure hypothétique tant que les valeurs obtenues ne peuvent être confrontées avec la réalité, par le biais d'études réalisées sur le terrain.

Nous nous sommes aussi interrogés sur les autres facteurs abiotiques pouvant avoir une influence sur la récolte. La saison de piégeage est identique pour le vison, la loutre et le castor. Les températures froides en automne peuvent accélérer le gel des cours d'eau: le piégeage du vison s'effectue à l'eau claire exclusivement alors que le castor peut être aussi capturé sous la glace. Selon R. Lafond (comm. pers.), une réduction de la saison de piégeage dû à ce phénomène aurait un effet négligeage sur la récolte. On croit que les conditions climatiques défavorables au cours de la période de prélèvement auraient possiblement des impacts négatifs sur la récolte de l'ensemble des animaux à fourrure.

Les paramètres de suivi proposés ci-haut peuvent être appliqués conjointement ou dans quelques régions seulement, à titre d'essai. Cependant, l'utilisation des données de récolte pour le suivi général des populations de visons au Québec reste évidemment en place.

En ce qui concerne l'utilisation du succès de reproduction du vison en élevage comme paramètre de suivi du vison en nature, les analyses statistiques n'ont démontré aucune corrélation significative entre ces données, la récolte de visons sauvages et le rapport des sexes. Les données que nous avions et qui provenaient des fermes d'élevage i.e. le nombre moyen de visonneaux produits par femelle sont cependant imprécises. Ce type de données n'est utilisé nulle part ailleurs dans les états et provinces consultés. De plus, la littérature ne fait état d'aucun ouvrage ayant porté sur cette question. Il nous apparaît peu probable que l'hypothèse de départ

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