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Submitted on 1 Jan 1988
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Guide d’identification des différentes espèces ou variétés de Fusarium rencontrées en France sur la pomme de
terre et dans son environnement
Bernard Tivoli
To cite this version:
Bernard Tivoli. Guide d’identification des différentes espèces ou variétés de Fusarium rencontrées en
France sur la pomme de terre et dans son environnement. Agronomie, EDP Sciences, 1988, 8 (3),
pp.211-222. �hal-00885091�
Guide d’identification des différentes espèces
ou variétés de Fusarium rencontrées en France
sur la pomme de terre et dans son environne-
ment
Bernard TIVOLI
1.N.R.A., Station de Phytopathologie, Centre de Recherches de Rennes, B.P. 29, F 35650 Le Rheu
RÉSUMÉ Il est fréquent d’isoler sur pomme de terre, des champignons du genre Fusarium dont l’identification n’est pas
toujours aisée. Les Fusarium isolés à partir de la pomme de terre sont nombreux : on en rapporte au moins
7 espèces ou variétés.
Le guide d’identification des différentes espèces ou variétés de Fusarium rencontrées en France sur la pomme de terre et dans son environnement repose sur un système déductif à trois niveaux croissants de complexité, depuis l’observation morphologique des colonies sur les milieux d’isolement jusqu’à l’observation microscopi-
que permettant une description précise des spores.
Cette identification est réalisée soit directement à partir du milieu d’isolement (milieu gélosé à base d’extrait de malt), soit après repiquage des espèces ou variétés à déterminer sur des milieux spécifiques (milieux PDA et TANAKA).
Si, pour certaines espèces ou variétés de Fusarium (F. oxysporum, F. solani var. coeruleum, F. roseum var.
sambucinumJ, la simple observation des colonies sur le milieu d’isolement permet d’arriver à une identifica- tion (niveau 1 de la détermination), pour d’autres, il sera nécessaire de réaliser les observations après un repi-
quage sur les milieux spécifiques.
Dans ce cas, l’identification pourra avoir lieu soit par observation de la morphologie des colonies sur ces
milieux (niveau II de la détermination lors duquel F. roseum var. arthrosporioides est identifié), soit par observation microscopique des spores (niveau III de la détermination ; c’est le cas des 3 variétés de F. roseum : graminearum, culmorum et type X).
Il est proposé dans ce guide, une description complète des caractéristiques des différentes espèces ou variétés
de Fusarium rencontrées sur pomme de terre, ainsi qu’une discussion sur certaines d’entre elles (notamment
F. roseum var. arthrosporioides et F. roseum type X pour lequel il est proposé F. roseum var. gibbosum
forme compactum ).
Dans la conclusion, il est fait état de l’évolution de la flore fusarienne et de sa dynamique durant la culture et la conservation de la pomme de terre.
Mots clés additionnels : Systématigue, caractéristiques, dynamique, population.
SUMMARY Guide to the
identification
andecological
distributionof
the species and varietiesof
Fusariumoccurring
on potato and in its immediate environment in France.Fungi of the genus Fusarium are commonly isolated from potato plants and tubers. Their identification is not
always easy and at least 7 species or varieties have been recorded from potatoes. This guide to the identification of the species and varieties of Fusarium which have been found in France on the potato plant,
both from the tuber and its immediate soil or store environment, depends on an identification system with three levels of complexity. These range from observations on colony morphology on the isolation medium, to
a precise description of the spores under the microscope. Identification can be carried out either directly on
the isolation medium (e.g. malt extract agar) or after transfer to a more specific medium (e.g. PDA, TANAKA). Although for certain species and varieties (Fusarium oxysporum, F, solani var. coeruleum, F. roseum var. sambucinum) simply observing the culture on its isolation medium will allow it to be identified (first level of identification), for others it is necessary to study it after transfer to a specific medium.
In this case, the identification can be made either by observing the morphology of the colony on the medium (second level of identification, by which F. roseum var. arthrosporioides can be recognized) or by looking at
the spores under the microscope (third level of identification, appropriate for three varieties of F. roseum : .’
graminearum, culmorum and type X).
The guide gives a complete description of the characteristics of the different species and varieties of Fusarium from the potato, and the taxonomy of some of them is discussed (particulary F. roseum var. arthrosporioides
and F. roseum type X ; for the latter, the name F. roseum var. gibbosum forme compactum is proposed).
Conclusions are made concerning the development of the fungal flora of the Fusarium group and its
population dynamics during the growth and storage of the potato.
Additional key words : Classification, characteristics, dynamics, population.
I. INTRODUCTION
La pomme de terre est
accompagnée,
aussi bien lorsde sa
phase
devégétation
que lors de la conservation duplant,
de tout uncortège fongique contribuant,
à desdegrés divers,
à diminuer saproduction
et(ou)
saqualité.
Dans la recherche des
parasites,
il estfréquent
d’isoler deschampignons appartenant
au genre Fusa- rium dont l’identification n’est pastoujours
aisée.A. Les
objectifs
de ceguide
On peut s’étonner de voir
paraître
unguide
dedétermination des Fusarium dans le cas
précis
de lapomme de terre dans la mesure
où, déjà, plusieurs
ouvrages traitant de l’ensemble des Fusarium sont
proposés
auphytopathologiste :
BOOTH(1977),
Tous-SOUN & NELSON
(1976)
et,plus
récemment NELSON et al.(1983).
Ce dernier fascicule offrel’avantage
dementionner la
synonymie complète
entre lessections, espèces
et variétés de Fusarium ainsiqu’une iconogra- phie
en couleur fort utile.Le
présent guide
sejustifie
par 2 raisonsprincipa-
les :
- Les Fusarium isolés à
partir
de la pomme de terre en France sont nombreux : on en rapporte au moins 7espèces
ou variétés. Un recueiladaptant,
pourune
espèce végétale,
les méthodes à suivre pour arriver à une identification et regroupant les différentesespè-
ces ou variétés de Fusarium
susceptibles
d’être rencon-trées est
particulièrement précieux
pour la personnechargée
de la détection de ceschampignons.
- Il n’existe pas de
description complète
des diffé-rentes souches isolées de pomme de terre et certaines
possèdent, semble-t-il,
descaractéristiques particuliè-
res
qui
lesdistinguent
des formes décritesjusqu’à pré-
sent.
B. Les Fusarium et leur classification
Il n’est pas
utile,
dans le cadre de cet article de reve-nir sur les nombreuses
descriptions
des Fusariumqu’elles
soient basées sur la clé de détermination de WOLLENWEBER & REINKING(1935)
avec ses 16 sec-tions et 50
espèces, reprise
par BOOTH(1971)
et GER-LACH & NIRENBERG
(1982)
ou sur celle de SNYDER &HANSEN
(MESSIAEN, 1959) reprise
par MESSIAEN &CASSINI
(1968)
et réduite à 10espèces.
Ces derniersauteurs
adoptent
lesgrandes lignes
de la classification de SNYDER & HANSEN card’après
eux, à l’intérieur des 10espèces décrites,
« les variationsmorphologi-
ques, souvent
importantes
n’ont aucune valeur taxo-nomique puisque
par mutation ou recombinaisonsexuelle,
les diversesformes peuvent expérimentale-
ment dériver les unes des autres ». Certaines de ces
espèces
sont subdivisées en variétés ou(et)
en formesspéciales.
Sans rentrer dans le détail de la
taxonomie,
il estnéanmoins
indispensable
d’êtreprécis
et de reclasserles
espèces
ou variétés de Fusarium rencontrées sur pomme de terre dans le contexte de l’ensemble des Fusarium. La classification choisie est celle de MES- SIA
EN & CASSINI
(1968)
mais nous feronsparfois
réfé-rence aux autres classifications afin d’éviter les confu- sions et faciliter la
compréhension
de certains articles basés sur l’une ou l’autre des clés de détermination.Nous nous limiterons aux seules
espèces
ou variétésde Fusarium isolées le
plus fréquemment
en France àpartir
des différents organes de la pomme de terre(tubercules, tiges, stolons, racines)
ou de son environ-nement
(sol
et locaux deconservation).
Il seraparfois
fait référence àquelques espèces
ou variétés autresavec
lesquelles
il existe unrisque
de confusion.C. Les
étapes
de la déterminationLa détermination des Fusarium de la pomme de
terre se réalise en 2
étapes
successivesparfois complé-
mentaires :- La Ire consiste en une identification directe sur
le milieu d’isolement de
quelques espèces
ou variétés de Fusarium àpartir
descaractéristiques
culturales :pigmentation,
aspect dumycélium
et fructification.Ce sera le cas pour F. oxysporum, F. solani var. coe-
ruleum et F. roseum var. sambucinum.
- La 2e consiste à
repiquer
sur 2 milieuxspécifi-
ques, les isolats non identifiés
précédemment.
C’est lecas essentiellement des F. roseum caractérisés par leur
pigmentation
rouge carmin et souvent unmycélium
aérien abondant. Ces milieux induisent une
pigmenta-
tion
particulière
etl’apparition plus
ou moins abon- dante de tel ou tel type de spores dont ladescription
lors de l’observation
microscopique,
conduit à l’iden- tification de la variété de F. roseum.Ces
repiquages
permettent, en outre, d’éliminer laplupart
deschampignons
autres que les Fusariumqui
peuvent être associés auxcolonies,
enparticulier
ceuxqui possèdent
des spores uni ou bicellulairesévoquant
des microconidies
( Verticillium, Cephalosporium, Acrostalagmus
ouSpicaria :
MESSIAEN &CASSINI,
1968).
Cette
synthèse
est subdivisée en 4parties :
- Le matériel et les méthodes d’étude.
- La clé de détermination.
- Identification directe sur milieux d’isolement : F. oxysporum, F. solani var.
coeruleum,
F. roseumvar. sambucinum.
- Identification
après repiquage
sur les milieuxspécifiques :
F. roseum var.arthrosporioides,
F.roseum var.
culmorum,
F. roseum var.graminearum,
F. roseum type X.
Enfin,
dans laconclusion,
il sera fait état de la dis-tribution
écologique
des différentesespèces
ou variétésde Fusarium rencontrées en
France,
sur la pomme de terre ou dans son environnement.II. LE
MATÉRIEL
ET LESMÉTHODES D’ÉTUDES
A. Les milieux de culture
Afin de limiter au mieux le
développement
des bac-téries,
l’addition destreptomycine
aux milieux de cul-ture après autoclavage
à une dose de 250 ppm est recommandée.1. Le milieu d’isolement
Les isolements
fongiques
sontgénéralement
réaliséssur un milieu
gélosé
à base d’extrait de malt à 2 p. 100.2. Les milieux
spécifiques
Au nombre de
2,
ils permettent une identificationprécise
des différentes variétés de Fusarium roseum autres que F. roseum var. sambucinum :! milieu PDA à 200 g d’extrait de pomme de terre ;
! milieu TANAKA
(Ou, 1972,
modifié selon BOISSONNET
-MENES &
L E COQ, 1976)
dont lacomposi-
tion par litre est la suivante :
Glucose : 20
g-KN0 3 :
3g-P0 4 KH z :
1g-P0 4 K 2 H 1 g-MgS0
4
,
7H 2 0 : 0,5 g-CaCl z , 2 H Z O : 0,1 g- FeS0
4
,
7H 2 0 : 7,5 mg-MnS0 4 ,
7H 2 0 :
2M g-C U S0 4 ,
5
H 2 0 :
6mg-ZnC’ 2 :
75mg-(NH 4 ) 6 Mo 7 0 z4 :
9 mg- Biotine : 5gg-Thiamine :
1mg-Gélose :
20 g.Le
repiquage
des Fusarium à identifier s’effectuesystématiquement
sur les 2 milieux à la suite duprélè-
vement des
explants fongiques
en bordure des coloniesdéveloppées
sur les milieuxd’isolement,
leplus
loinpossible
desfragments végétaux.
B. Les méthodes d’isolement et les conditions de culture
Les isolements
fongiques
se réalisent en boîtes dePetri,
comme pour de nombreux autreschampignons,
par
dépôt
sur milieu de culture defragments végétaux préalablement
désinfectés par trempage dans l’alcool à 95pendant
30 à 45 spuis
rincés abondamment à l’eau stérile(au
moins 3rinçages successifs)
et séchés.L’apport d’antibiotique
dans lemilieu,
ledépôt
desfragments végétaux
sur un milieu sec ainsiqu’un séchage
minutieux desfragments végétaux
permet d’éviter laprolifération
de colonies bactériennes.Les boîtes d’isolement demeurent à incuber au labo- ratoire dans les conditions de lumière naturelle à une
température
ambiante voisine de 20 °C.Par contre, les boîtes de
repiquage
sont soumises àun éclairement de 10 000 lux avec une
photopériode
de 12
h,
à unetempérature
de 25 °C. Ces conditions de culturepréconisées
par MESSIAEN & CASSINI(1968)
sontindispensables
àl’expression
des caractères recherchés.C. Les identifications
L’identification repose sur une observation
globale intégrant
à la fois lamorphologie
des colonies etl’observation
microscopique
des spores ; elle s’effec- tueaprès 8 j
de culture.Les
colonies, développées
à la suite de la croissanceplus
ou moinsrapide
dumycélium (appréciée
à25 °C),
sont caractérisées par unmycélium pigmenté
ou non, aérien ou ras. L’observation de la
pigmenta-
tion est réalisée au niveau du
mycélium
aérien et sur lemycélium
situé au contact direct de lagélose (cette
dernière observation s’effectue en retournant laboîte).
De
plus,
les sporesparfois groupées
ensporodochies (fructifications
danslaquelle
la masse conidienne estsupportée
par un stroma couvert de courts conidio-phores),
peuvent donner à la colonie unaspect
« gras ».
L’observation
microscopique prend
en compte la forme et la taille desmacroconidies,
laprésence
ou l’absence de microconidies et dechlamydospores.
Dans le cas où ces derniers types
d’organes
sontobservés,
ladescription
de leur forme et de leur tailles’impose.
III.
CLÉ
DEDÉTERMINATION
La clé de
détermination proposée (tabl. 1),
a davan- tage pour but derépondre
à unobjectif pratique
que de dresser un tableau exhaustif des caractèressystéma- tiques
des différentesespèces
ou variétés de Fusarium rencontrées. Elle repose donc sur unsystème
déductif(à
3 niveaux decomplexité) depuis
l’observation mor-phologique
des colonies sur les milieux d’isolementsjusqu’à
l’observationmicroscopique
permettant unedescription précise
des spores.Si,
pour certainesespèces
ou variétés de Fusarium(F.
oxysporum, F. solani var.coeruleum,
F. roseumvar.
sambucinum),
lasimple
observation des coloniessur le milieu d’isolement permet d’arriver à une identi- fication
(niveau
1 de ladétermination),
pourd’autres,
il sera nécessaire de réaliser les observationsaprès
unrepiquage
sur les milieuxspécifiques.
Dans ce cas, l’identification pourra avoir lieu soit par observation de la
morphologie
des colonies sur cesmilieux
(niveau
2 de ladétermination,
c’est le cas deF. roseum var.
arthrosporioides),
soit par observationmicroscopique
des spores(niveau
3 de la détermina-tion,
c’est le cas des variétés de F. roseum,graminea-
rum, culmorum et type
X).
L’identification basée sur l’observation de la mor-
phologie
des colonies(niveaux
1 etII),
n’exclut évi- demment pas de conforter sa détermination par l’observation des spores ; c’est la raison pourlaquelle
celles-ci sont décrites ultérieurement pour chacune des
espèces
ou variétés de Fusarium considérées.IV. IDENTIFICATION DIRECTE SUR LES
MILIEUX
D’ISOLEMENT A. Fusarium oxysporum Schlecht. emend Sn. & H.(fig. 1, 2, 3)
Ce
champignon
estfréquemment
isolé àpartir
de différents organes de laplante
envégétation (tiges, racines, stolons),
etbeaucoup plus
rarement àpartir
des tubercules en conservation.
Les
colonies, généralement
caractérisées par unmycélium
aérien blancgrisâtre
assezlâche,
ontl’aspect
d’un côneaplati
en raison d’unmycélium beaucoup plus développé
dans lapartie proche
dufragment végétal qu’au
niveau de la zone frontale de la colonie. Lepourtour
de la culture est souvent caractérisé par unmycélium
ras en forme de mèches.La
pigmentation
dumycélium
au contact du milieude culture est, la
plupart
dutemps,
blanchâtre pen- dant les 15premiers jours qui
suiventl’isolement, puis
se
pigmente,
souvent defaçon diffuse,
dans la zonecentrale,
d’une couleur lie de vin.F. oxysporum est caractérisé par la
présence
abon-dante de microconidies
ellipsoïdales (4,5-5,5
pm x1,5- 2,5 gm)
et de macroconidies de taille variable mais n’excédantgénéralement
pas 20 pm delongueur (13-20
pm x 2-3pm).
Ces spores sontregroupées
sousforme de fausses têtes sèches à l’extrémité de micro-
conidiophores allongés, dispersés
sur lemycélium
aérien.Après
3 semaines deculture,
de nombreuseschlamydospores
intercalairesapparaissent
sur lemycé-
lium.
Il arrive que ce
champignon
soit confondu surmilieu d’isolement avec des F. roseum peu
pigmentés
ce
qui
rendparfois
nécessaire sonrepiquage
sur lesmilieux PDA et TANAKA. Sur le
premier milieu,
lescaractéristiques
décritesprécédemment
sontplus
accu-sées,
notamment en cequi
concerne sapigmentation
au contact du milieu de
culture ;
deplus,
lemycélium
est souvent ras. Sur le milieu
TANAKA,
la colonie est caractérisée par unmycélium
aérien très abondant et extrêmementdense,
de couleur blancheimmaculée,
aussi bien en surfacequ’au
contact du milieu. Toutes les souches isolées àpartir
de la pomme de terreappartiennent
au type « cotonneux » décrit par MES- SIA
EN & CASSINI
(1968).
La croissance de F. oxyspo-rum sur ces milieux de
culture,
à 25 °C estcomprise
entre 7 et
7,4
mm parjour.
B. Fusarium solani var. coeruleum
(Sacc.)
Booth.(fig. 1, 2, 3)
Ce
champignon
estfréquemment
détecté dans le sol situé àproximité
desparties
souterraines desplantes
ainsi que sur les tubercules en voie de
pourriture.
Il est caractérisé sur milieu d’isolement par un
mycélium
ras, unaspect
des colonies souvent pou- dreux et unepigmentation homogène,
même sur dejeunes colonies,
de couleurbrique, parfois
violetfoncé. En
mélange
avec d’autreschampignons,
ilpeut parfois prendre
une coloration lie de vinqui évoque
celle de F. oxysporum. Mais sa croissancelente,
lepourtour régulier
des colonies bordées d’unmycélium
très fin et l’observation des spores aumicroscope
per- mettent de rectifier une éventuelle erreur d’identifica- tion.Comme F. oxysporum, il
possède
des microconidies mais celles-ci sontovoïdes, regroupées
dans unegout-
telette au bout d’unmicroconidiophore allongé,
peu nombreuses etplus
massives(5-6
gm x2,5-3 um) ;
de
plus,
ses macroconidies sontallongées,
assezpeu
incurvées avec des extrémités très arrondies
(30- 35 pm
x2,5-3 pm).
Sur des coloniesâgées
de3 semaines et
plus,
cechampignon
forme deschlamy- dospores
abondantes aussi bien sur lemycélium
quesur les macroconidies. Elles sont
arrondies,
en ballon- net, souvent en chaînette sur lemycélium,
avec desdoubles
parois
trèscaractéristiques.
Après repiquage
surPDA,
à 25 °C la colonie pos- sède lés mêmescaractéristiques morphologiques
queprécédemment ;
sur le milieuTANAKA,
lemycélium
aérien abondant et
dense,
au début de couleur blan-che, prend progressivement,
soit sous forme de zona-tions,
soit defaçon homogène,
une couleur bleue azu-rée très
caractéristique.
Sa vitesse de croissance sur ces2 milieux est la
plus
faible de tous les Fusarium de lapomme de terre
puisqu’elle
varie entre 3 et3,8
mmpar jour.
C. Fusarium roseum var. sambucinum
(Fuck.)
Sn. & H.(fig. 1, 2, 3)
Ce
champignon
est trèsfréquemment
isolé àpartir
des tubercules en voie de
pourriture
etégalement
àpartir
destiges après
ledéfanage.
Il faitl’objet
d’unesynonymie importante :
F. sambucinumFuckel.,
F.
sulphureum
Schlecht. ou encore F. sambucinum F. 6.Facile à déterminer sur milieu
d’isolement,
il est caractérisé par unmycélium blanc, généralement
ras,pouvant parfois,
chez certaines souches devenir aérien très lâche. Lelong
dumycélium
situé au contact de lagélose,
sedéveloppent,
dès le4 e j après
l’isolement dessporodochies
de couleur rose saumon, très rappro- chées les unes desautres, qui
donnent à la colonie unaspect gras et une couleur d’ensemble rosée.
Ce
champignon possède uniquement
des macroconi- dies courtes, caractérisées par des extrémitésanguleu-
ses, brutalement
pointues (18-22
pm x2,5-3 pm).
Sur les milieux PDA et
TANAKA,
ilpossède
sensi-blement la même
morphologie
que celleprécédem-
ment décrite avec une vitesse de croissance variant
entre 7 et
7,5
mm parjour.
Sur le milieu d’isolement il
pourrait
être confonduavec F. lateritium
(Ness)
Sn. & H. caractérisé par dessporodochies regroupées
enpionnotes qui
recouvrentla
quasi-totalité
de la zone située àproximité
dufrag-
ment
végétal (sur
1cm 2 ).
Cechampignon
d’unepart,
n’ajamais
étésignalé
sur pomme de terre et, d’autre part, sedéveloppe beaucoup
moinsrapidement
en cul-ture pure et
possède
des macroconidies trèsparticuliè-
res, rétrécies à l’extrémité. MESSIAEN & CASSINI
(1968) soulignent
toutefois une certaineparenté
entreces deux
espèces.
V. IDENTIFICATION
APRÈS REPIQUAGE
SUR LES MILIEUX
SPÉCIFIQUES.
Caractérisés par un
mycélium
aérien leplus
souventabondant allant du
blanc,
au rose ou au brun et unepigmentation,
rouge carmin au contact de lagélose,
les F. roseum de la pomme de terre mis à
part
F. roseum var. sambucinumappartiennent
à 4 variétésdifférentes.
En raison de leur association
fréquente,
d’une partavec des bactéries
qui
modifient souvent leurpigmen-
tation(au jaune
ou àl’orange)
et, d’autre part, avec d’autreschampignons
à spores uni oubicellulaires,
leurrepiquage,
en vue de leuridentification,
sur lesmilieux PDA et
TANAKA,
s’avèreindispensable.
Surmilieu
d’isolement,
onpeut parfois
confondre certai-nes colonies de F. roseum avec celles
d’Epicoccum
sp.A. Fusarium roseum var.
arthrosporioides (Sherb.)
MESS I
AEN & CASSINI
(fig.
2 et3)
Ce Fusarium est
fréquent
sur tubercules en voie depourriture
et est assez rarement isolé àpartir
de laplante
ou du sol.Sa
morphologie
sur le milieuTANAKA,
différente de celle des autres F. roseum, permet une identifica- tionrapide :
ilpossède
unmycélium
aérienblanc, abondant,
cotonneux et trèsdense, rappelant
celui deF. oxysporum ; au contact du
milieu,
ilprend
une coloration rouge carmin intense avec une zone blan- che de 5 mm, non encorepigmentée,
au front de croissance de la colonie(c’est
la raison pourlaquelle
sa détermination est facilitée
lorsque
la colonie n’a pas encore atteint le bord de laboîte).
Sur le milieu
PDA,
la colonie estplus irrégulière,
lemycélium
est ras et sapigmentation
au contact de lagélose
est souvent diffuse et brune. La vitesse de croissance de ce Fusarium est laplus
faible des 4 F.roseum
puisque,
à25 °C,
ellevarie,
selon lessouches,
de6,5
à7,2
mm parjour.
De
plus,
F. roseum var.arthrosporioides
est le seuldu groupe des F. roseum à
posséder
des microconi-dies. Celles-ci sont uni ou
bicellulaires, ellipsoïdales,
ressemblant à celles de F. oxysporum mais de lon- gueur très variable
(9-18
pm x2,5 pm).
Les macro- conidies sontparfois
difficiles àdistinguer
des micro-conidies les
plus allongées
car elles sontégalement
très étroites(2,5 pm) ;
ellespossèdent
engénéral
3 cloisonset leur
longueur
varie entre 22 et 27 pm. Les 2types
de spores sontrépartis
lelong
dumycélium
aérien.Sur des milieux
organiques,
nondécomposés (pail-
les ou
grains d’orge),
mais très rarement sur le milieuTANAKA
(à proximité
immédiate del’implant gélosé initial),
les macroconidiespeuvent
êtregroupées
ensporodochies
volumineuses(entre
2 et 3mm) possé-
dant une
morphologie
semblable à celles des macro- conidies de F. roseum var. avenaceum(Link)
Sn. &H. : très
allongées,
étroites(31-41
pm x2,5-3 m), possédant
5 à 6 cellules. On observe souvent,parmi
ces macroconidies
typiques,
des conidies de forme etde taille variables la
plupart
du temps bicellulaires(10-27
pm x1,5-2 pm).
Les colonies issues d’isolatsmonospores de type « avenaceum
» présentent
tou-jours
sur les milieux PDA et TANAKA les mêmescaractéristiques
que F. roseum var.arthrosporioides
décritesprécédemment. Enfin,
l’existence de ces spo- rodochies volumineuses n’exclut pas, à d’autres endroits du milieu deculture,
laprésence
des 2types
de sporestypiques
de F. roseum var.arthrosporioides.
Il est vraisemblable que dans le cas de la pomme de terre, F. roseum var.
arthrosporioides
et F. roseumvar. avenaceum mentionnés par de nombreux auteurs ne soient en fait
qu’une
seule et même variété de F. roseum. C’est la conclusion àlaquelle
nous som-mes arrivé à la suite de ces
repiquages
etd’échanges
entre souches avec les Dr TURKENSTEEN
(Pays-Bas)
et NIRENBERG
(R.F.A.).
Cette idée est renforcée par les travaux de CoRUtACK(1951) qui
montre que les limites entre F.arthrosporioides
Sherb. et F. avena-ceum
(Fr.)
Sacc. sont loin d’êtreprécises
et que les variants de l’un ou l’autre deschampignons
peuvent conduire à l’autreespèce.
B. Fusarium roseum var. culmorum
(Schwabe)
Sn. &H.
(fig.
2 et3)
Ce
champignon
est isolé àpartir
des tubercules envoie de
pourriture
et desparties
aériennes desplantes.
La
morphologie
de ses colonies ne permet pas à elle seule de l’identifier : lemycélium
aérien estlâche,
lapigmentation
varie du rouge carmin au brun sur les 2 milieux derepiquage.
La vitesse de croissance des souches de F. roseum var. culmorum à 25 °C est
comprise
entre12,2
et12,7
mm parjour.
Ce
champignon possède
des macroconidies souvent abondantesréparties
sur lemycélium
enmicrosporo- dochies,
ainsi quequelques chlamydospores
volumi-neuses,
hyalines,
sansrigidité apparente, réparties
sur leshyphes.
Les
macroconidies,
à extrémitésarrondies,
sontcaractéristiques
de 2types
de souches isolées àpartir
de la pomme de terre ou de son environnement :-
type 1,
caractérisé par des macroconidiespossé-
dantgénéralement
3 à 4cellules, d’aspect trapu
et depetite
taille(19-27
pm x 4-8pm) ;
- type
2,
caractérisé par des macroconidiespossé-
dant 4 à 5
cellules,
moins massives que lesprécédentes
et
plus allongées (26-31
pm x 4-6gm).
C. Fusarium roseum var.
graminearum (Schwabe)
Sn. & H.
(fig.
2 et3)
La distribution de ce
champignon
estidentique
àcelle de F. roseum var. culmorum.
Comme pour ce
champignon,
aucune caractérisa- tion nepeut
être réalisée parsimple
observation de lamorphologie
des coloniesqui présentent
des caracté-ristiques identiques.
On note souvent sur le milieuTANAKA,
laprésence
d’unmycélium
aériencompact
de couleur rosée.La vitesse de croissance des souches varie à
25 °C,
entre
10,6
et 11 mm parjour.
Les macroconidies se
développent
surtout au con-tact du milieu
gélosé,
sous lemycélium
aérien et sontpeu nombreuses. Elles sont très
caractéristiques :
decourbure
parfaite,
ellespossèdent
une extrémité dis- talepédicellée,
une extrémité terminalepointue
et sont constituées de 5 à 6 cellules. De taille assezimposante (27-40 gm),
leurplus grande largeur (4-6 gm)
se situedans leur
partie
médiane.Il arrive que l’on observe sur les
macroconidies,
deschlamydospores
en forme de ballonnets intercalairesd’apparence
trèsrigide.
Ces souches de F. roseum var.graminearum s’apparentent
aux souches de type« sol » définies par MESSIAEN et al.
(1976),
contraire-ment à celles de type « céréales
» beaucoup
moinscourbées.
D. Fusarium roseum
type
X(Link)
MESSIAEN et al.(1976),
F. roseum(Link)
Sn 2 H. var.gibbosum (Wollenw.)
MESSIAEN & CASSINI forme compac- tumNon
pathogène
surtubercules,
cechampignon
sem-ble
posséder
les mêmes nichesécologiques
que les 2champignons précédents ;
safréquence
élevée d’iso- lement nécessite une détermination correcte.Bien que ce
champignon
soit extrêmementtypique,
il
possède
l’inconvénient d’avoir une dénomination indéterminée attribuée par MESSIAEN et al.(1976) qui
le décrivent comme un type intermédiaire entre F. roseum var.
graminearum
et F. roseum var. culmo-rum.
La
morphologie
des colonies estproche
de celle des2 variétés
précédentes
avec,cependant,
sur milieuTANAKA,
ledéveloppement
d’une zone centrale demycélium
aérien de couleur « vieux rose », entourée d’une zoneplus
brune de couleur iodée. Sa vitesse de croissance varie entre7,6
et 8 mm parjour.
Ses macroconidies
évoquent
celles de F. roseum var.graminearum : effilées, pointues
à l’extrémité ter-minale,
avec unpédicelle,
souventtronqué,
à l’extré-mité distale. Mais elles sont très
nombreuses, toujours groupées
ensporodochies
de couleur marron foncé etpossédant
unelongueur
assezhomogène (30-36 pm).
Ces macroconidies
présentent
un aspectdissymétri-
que : leur
plus grande largeur (5-6 pm)
se situant dans le 1/3supérieur
de la spore.Ce
champignon possède,
parailleurs,
de très nom- breuseschlamydospores
intercalaires situées dans leshyphes (visibles après 8 j
de culture sur milieuTANAKA).
Elles sontglobuleuses, parfois uniques
mais
disposées
souvent en chaînettes ou en groupesimbriqués
de 2 ou 3. Leur doubleparoi
de couleuriodée leur donne souvent
l’aspect
de ballonrigide.
Compte
tenu del’important
taux d’isolement de F. roseum typeX,
nous ne maintiendrons pas cechampignon
sous cetteappellation
d’autantqu’il peut
assez facilement être
rattaché,
en raison de ses nom-breuses
chlamydospores
et de la forme de ses macro-conidies à la variété
gibbosum
de MESSIAEN & CAS-SINI
(1968).
Ces auteurs regroupent, dans cettevariété,
de nombreusesespèces
déterminées par WOL-LENWEBER &
REINKING,
et,plus particulièrement,
F.
compactum (Wollenw.)
dont le type X semble serapprocher
en raison de sapigmentation
rouge, de sasporulation
abondante et de sa vitesse de croissance.C’est
pourquoi
nous proposons dechanger
la déno-mination de F. roseum type X de MESSIAEN et al.
(1976),
en F. roseum(Link)
Sn. & H. var.gibbosum (Wollenw.)
MESSIAEN & CASSINI formecompactum (gibbosum
en raison du nombre et dutype
deschlamydospores
ainsi que de la forme des macroconi-dies ; compactum
en raison de lapigmentation
rouge, de la vitesse de croissancerapide
et de lasporulation abondante).
VI. CONCLUSION DISTRIBUTION
ÉCOLOGIQUE
DES
DIFFÉRENTES ESPÈCES
OU
VARIÉTÉS
DE 7!/&4!7!MLes différentes
espèces
ou variétés de Fusarium décritesprécédemment
constituent une flore très fluc- tuantequi
évoluequantitativement
etqualitative-
ment lors des différentes
étapes
de la culture et de la conservation de la pomme de terre. Les travauxdéjà
réalisés permettent de situer avec
précision
la distribu-tion de chacun des constituants de cette flore fusa- rienne
(fig. 4).
A. En conservation
(TIVOLI
&JOUAN, 1981 ;
TIVOLI&
B EDIN , 1982)
Sur les tubercules en voie de
pourriture,
la flore estdominée par F. roseum var. sambucinum
(qui repré-
sente environ 40 p. 100 des souches de
Fusarium), puis
par F. roseum var.arthrosporioides
et F. solanivar. coeruleum constituant
respectivement
18 et12 p. 100 des
souches).
Les autres variétés de F.roseum ne constituent chacune que 6 à 9 p. 100 des souches et F. oxysporum seulement 5 p. 100.
L’impor-
tance relative du 1 er
parasite s’explique
fort bien enraison de ses
capacités
infectieusesimportantes (T
IVOLl
et al., 1986a).
Dans les locaux de
conservation,
sur les murs, le solou le
matériel,
c’est F. solani var. coeruleumqui
est leplus représenté puisqu’il
constitue 56 p. 100 des sou-ches. F. roseum var. sambucinum regroupe 20 p. 100 d’entre
elles,
tandis que les autres variétés de F. roseum nereprésentent
chacune que 5 à 7 p. 100 de la flore.B. En
végétation (T IVOLI et al., 1986b)
Sur les
plantes,
au niveau des différents organes(tiges, racines, stolons),
c’est F. oxysporumqui prédo-
mine
puisqu’il représente respectivement,
avant etaprès
ledéfanage,
de 89 à 67 p. 100 des souches iso- lées. Avant ledéfanage,
les autresespèces
ou variétésde Fusarium sont, soit très peu
représentées (entre
2 et4 p.
100 des souches pour les F. roseum, var. culmo-rum, var.
sambucinum,
var.arthrosporioides
et var.gibbosum
formecompactum),
soit absentes(c’est
le cas de F. roseum var.
graminearum
et F. solani var.coeruleum).
Après
ledéfanage,
l’ensemble des F. roseum aug- mentepuisqu’il représente globalement
34 p. 100 dessouches.
Dans le