VALEUR ALIMENTAIRE DE L’HERBE DES PRAIRIES TEMPORAIRES
AUX STADES D’EXPLOITATION POUR LE PATURAGE
II. -
QUANTITÉ
INGÉRÉE PAR I<ES VACHES LAITIÈRESC.
DEMARQUILLY
Marie-Claire ENGRAND, J.-F. CRISTOFINI, Y. MANIS B. MARQUIS Station de Recherches sur
1’/#lea<age
des Ruminants,Centre de Reclzerthes
zootechniques
et uétérinaires sur les Ruminants,(j3 - Theix, près l’Iermoni-1"errand
SOMMAIRE
Soixante-six des 139 échantillons de fourrages verts dont la digestibilité a été mesurée sur
moutons (I)t?ntaxc!UtL!,i· et
J ARRIGE ,
r96¢) ont été distribués à des vaches laitières alimentées indi- viduellement en stabulation : ce sont des fourrages du premier cycle de végétationjusqu’au
débutde l’épiaison, ou des repousses âgées de 4 à 7 semaines fauchées dans des prairies temporaires au
moment de leur
exploitation
par le troupeau de vaches laitières.L
I
quantité
moyenne d’herbeingérée
parjour
et par roo kg depoids
vif a varié suivant la na- ture des fourrages distribués de 7,3’,’L" 5 , 7 kg de matière fraîche et de 1,7 à 2,8 kg
de matière sèche,
donc dans des limites très larges pour des
fourrages
récoltés au stade où ils peuvent être normalementpturés. Les quantités de matière
organique
digestible et indigestible ingérées ont. quant à elles,wrié
respectivement
de 1,0à 2,o kg et de o,3 n o,8kg
parjour
et par 100kg depoids
vif.La
quantité
de matière fraîcheingérée dépend
essentiellement de la teneur en matière sèche dufourrage
et peut être estimée de façon satisfaisante àpartir
de la teneur en matière sèche et de la teneur en cellulose brute du fourrage offert. En revanche, il est difficile de dégager les facteursde variation de la
quantité
de matière sèche ingérée. Celle-ci sembledépendre
enpartie
de la teneuren matière sèche du
fourrage
et neprésente qu’une
liaison très lâche avec ladigestibilité
et la compo- sition du fourrage.INTRODUCTION
La valeur alimentaire d’un
fourrage
nedépend
pas seulement de sa concentra- tion en divers élémentsnutritifs,
notamment enénergie,
mais aussi de sonaccepta-
bilité ouquantité
volontairement consommée par l’animal àqui
on offre dufourrage
à volonté.
La
quantité
d’herbe consommée par les animaux est très mal connue parcequ’il
estimpossible
de la mesurer directement dans les conditions normales depâ- turage.
Elle a faitcependant l’objet
d’un certain nombre d’études réalisées en esti- mant laquantité
d’herbeprésente
dans laprairie
avant etaprès
le passage des ani-maux
(W AI TE
etc!l.,
rg5o-ig52 ;!VIeI,usr;r, ig!5 ;
HOSKIXG etI,mr?, 1 g 3 6 ;
Coxet
al., io 5 6)
ou réaliséesgrâce
à l’utilisation « d’indicateurs »(H:!!!COCrc,
H)54; BVAU , AGE
,
I g56 ;
BR1T!DAGE etcal, ig!6 ;
13RI-’,!I)AGr-,10 0 0 ;
HOLMES et a/.,19 6 0 . 19
65
1 et II ; GxxwHar,Ga et RLTXCIE,19 6 2 ;
Cox>3r~TT et(Il., rg6 3 ).
I>evant la re-lative
imprécision
de ces deuxméthodes,
d’autres auteurs ont mesuré laquantité
d’herbe consommée en distribuant de l’herbe à des vaches maintenues en stabu- lation
(H ALLEY
et I)OUGALL,10 0 2 ; H UT T ON , 19 6 2 - 19 6 3 ).
Les valeurs obtenues sonttrès variables suivant les auteurs,
( 2 , 1
àplus
de 3,okg
de matière sèche par 100kg
de
poids vif),
etcorrespondent
engénéral
à des mesures effectuées sur des vaches depetit
format( 400
à 500kg).
Unrevanche,
peu d’auteurs ontessayé d’interpréter
leurs résultats et notamment de
dégager
les facteurs devariation,
liés à laplante,
de la
quantité
d’herbe consommée.On sait maintenant que la
quantité
defourrages
secs consommée par les rumi- nants estréglée
avant tout par desphénomènes
de naturephysique
au niveau durumen
(cf.
revue de BALC’H etC AMPLIN G, rg62)
etqu’elle présente
enparticulier
une relation étroite avec la
digestibilité
dufourrage (B I , AXTEP ,
et (il.,19 6 1 ).
Cetterelation a été
retrouvée,
chez des vaches laitières consommant desfourrages
verts, par certains auteurs(C ORB E T T
etal., 19 6 3 )
mais non par tous(HUT1’r)!, ig63).
Nousavons montré que la
quantité
de matière sècheingérée
par le mouton recevant desfourrages
verts neprésente
une relation vraiment étroite avec ladigestibilité
que pour les échantillons successifs d’un mêmecycle
de croissance d’une mêmeplante (D
EMARQUILLY
, T g65).
Enfait,
elle nous semblaitdépendre
essentiellement de la vitesse dedégradation
dans le rumen des constituantsmembranaires,
mais d’autres facteurspouvaient
aussiintervenir,
enparticulier
laproportion
departies
mortesdans les
plantes
et la teneur en matière sèche dufourrage.
Nous avons
entrepris
une étudesystématique
de laquantité
d’herbeingérée
par les moutons et les vaches laitières recevant en stabulation de l’herbe fauchée
chaque
matin. Dans unpremier temps
nous avons mesuré laquantité
d’herbeingérée
par des vaches laitières recevant de l’herbe
coupée
au stade dupâturage
dans lesprairies temporaires qui
ont étépréconisées depuis
unequinzaine
d’années ; cesprairies
sont constituées d’une seulegrani1tlé> (Rav-grass d’Italie)
ou de l’associa- tion d’unegraminée
et d’unelégumineuse (Ray-grass anglais, Fétuque
després
etdactyle
associés à du trèfleblanc, dactyle
etfétuque
élevée associés à de laluzerne) .
Les vaches
pâturent
donc successivement desplantes
de naturedifférente, qui
sont
exploitées
à des stadesvégétatifs qui
tiennentplus compte
du «point
de vuede la
plante
» que du «point
de vue del’animal »,
cequi
tend à créer les conditions de variations maximum del’acceptabilité.
Cette étudepréliminaire
nouspermet-
tait en outred’interpréter
les variations de laproduction
laitière avec la naturedu
pâturage
que nous avions mises en évidence(D E1BBRQGILLY , zg6 3 ).
Nous avons mesuré les
quantités
d’herbeingérées
par des vaches laitièresqui
ont reçu en stabulation 66 des 139 échantillons de
fourrages
verts dont la compo- sition et ladigestibilité
ont faitl’objet
d’uneprécédente publication (I)E MARQUILLY
et
J ARRIGE , 19 6 - ).).
Cesfourrages
ont été fauchés dans lesprairies temporaires
desStations de
Jouy
et de I,a Minière au moment del’exploitation
de celles-ci par letroupeau
de vaches laitières :fourrages
dupremier cycle
devégétation jusqu’au
début de
l’épiaison
ou repoussesâgées
de q à 7semaines.Pour essayer
d’interpréter
les variations desquantités
d’herbeingérées
par lesvaches,
nous avons calculé lesquantités
de matièreorganique digestible
et indi-gestible,
de cellulosebrute,
de cellulose brutedigestible
etindigestible
et de ma-tières azotées
digestibles ingérées.
Dans un deuxième
temps
nous mesurons lesquantités
d’herbeingérées
en dis-tribuant aux animaux des
espèces
pures, cequi permet
de mieuxanalyser
les causes de variation desquantités ingérées.
Les résultats obtenus sur moutons ont faitl’objet
d’une
première publication (D> ~a iaxoum,r,v, r 9 6j).
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Fourrages
Les échantillons des
fourrages
étudiéscomprenaient
le plus souvent unegraminée
associéeà une légumineuse ; les ray-grass et les
fétuques
després
étaient associés à du trèfle blanc, et les dac- tyles ou la,fétuque
élevée à du trèfle blanc ou à de la luzerne.Les uns (9
échantillons)
ont été fauchés sur la mêmeprairie
du stade feuillu au début del’épiai-
son du
premier cycle
devégétation :
c’est le cas de tous lespremiers
cycles de ray-grass étudiés àJouy
de ig6o à 1962. Les autres( 57 échantillons)
ont été fauchés sur les différentesprairies
tempo- raires de chacune des 2stations deJouy
et de La a Minière au moment del’exploitation
de cesprairies
par le troupeau de vaches laitières : c’est le cas de tous les
dactyles
étudiés à Jouy en ig6o et detous les fourrages étudiés à La Minière. La nature,
l’origine,
lacomposition chimique
et la diges-tibilité de ces échantillons ont été rapportées dans la
publication précédente (D KMARQUILLY
etJnxatczi, r 9 6q).
Animaux
Dans les troupeaux de chacune des deux Stations, nous avons choisi
chaque
année 6 à 10vacheslaitières auxquelles ces
fourrages
ont été distribués.Exception
faite des vaches ayant servi à l’étude despremiers cycles
de ray-grass étudiés à[ouy,
les animaux recevant de l’herbe en stabulation étaientappariés
à des animaux consommant la même herbe en pâturage rationné comme il a étémentionné dans une
publication
antérieure (DEMARQUILLY, 1963).Les vaches utilisées étaient
toujours
dans laphase
décroissante de laproduction
laitière etétaient en
proportion
à peuprès
égale de race Frisonne f’ie-1B-oire et de race Normande. En 1060,nous avons remplacé le rer août les vaches
approchant
à cette date de lapériode
de tarissement,par d’autres ayant vêlé plus tardivement.
Au total, l’étude a porté sur49vaches,
ce qui correspond
à 4 602 mesures individuellesjour-
nalières de
quantités
d’herbe consommée. Le tableau i donne larépartition
des animaux suivant les années et les stations, lepoids
et le niveau deproduction
laitière initial de ces animaux et la durée des différents essais.Méthodes
Les animaux en stabulation entravée ont reçu individuellement l’herbe verte à volonté (le pourcentage de refus a
toujours
étésupérieur
à 10p. 100) en 4 repas parjour
àh,
9h, r5 h et 18 h.L’herbe nécessaire aux animaux a été fauchée
chaque
matin à la motofaucheuse et ramassée à la fourche. Les mesures ont été continues ;chaque période
de mesure, allant du lundi au samedi, était séparée de la suivante par un seul jour, le dimanche, lorsclue l’herbe était fauchée sur lesprairies
de ray-grass, dont on étudiait l’évolution de la valeur alimentaire avec l’âge, au cours du
premier
cycle
devégétation ;
en revanche,lorsque
l’herbe était fauchée dans une bande réservée à la fauchedélimitée à l’intérieur des
prairies pâturées
par le reste du troupeau et par les animaux appariésaux animaux en stabulation, les périodes de mesures ont eu une durée variable (de 4 à io jours)
qui
dépendait du temps de séjour du troupeau sur chaqueprairie. Si
on veut mesurer valablement lesquantités
maximum d’herbe volontairement consommée par des animaux en stabulation, ilest indispensable de leur apporter à l’auge une herbe fauchée dans une
prairie qui
n’a pas été pâ-turée aux
exploitations précédentes.
(&dquo;est ainsi que lors de la deuxième et laquatrième exploitation
d’une
prairie
dedactyle-trèfle
blanc, nous avons été obligés de sortir de la bande réservée à la fauche et de faucher l’herbe sur la partie pâturée ; la quantité de matière sèche ingérée a diminué fortement de I3,ïSà8,8! kg
et de ii,8o à 6,20kg
parjour
et par vache,respectivement
la deuxième et à laquatrième exploitation.
Les vaches ont reçu, en complément, une ration d’aliment concentré calculée chaque semaine
suivant leur
production
laitière et les quantités de matière sèche d’herbe ingérées la semaine pré- cédente, et ladigestibilité supposée
de l’herbe. Elle a donc été très variable suivant lespériodes (tabl.
2) et a peut être réduit laquantité
d’herbeingérée
dansquelques
cas, notamment lors des quatre semaines de mesure effectuées à Jouy en ig61, sur un ray-grass au cours dupremier cycle,
où elle a varié de .).,!6 à z,z3kg de matière sèche par jour et par vache.
Les vaches ont eu accès de Ih à 15 h ou de zi h à 5 h u une aire
paillée
extérieure à l’étable.11-7esuves
Les
quantités
individuelles de matière verte et de matière sèche d’herbeingérées
parchaque
vache ont été mesurées par pesée des
quantités
distribuées et refusées et détermination de la teneuren matière sèche de l’herbe et des refus de
chaque
repas.I,e
poids
des animaux utilisés ayant été très variable suivant les années et les stations(tabl.
i), ),nous avons
exprimé
lesquantités
moyennes de matière verte et de matière sèche consommées des différents échantillons de fourrages étudiés en p. 100du poids vif.1.a
production
laitière et le taux butyreux du lait produit par chaque vache, ainsi due par les vaches homologues au pâturage, ont été mesurées chaque jour ; leurs variations en fonction de la nature dupâturage
ontdéjà
été rapportées (DEMARQUILLY, Jo6g).RÉSULTATS
I,e tableau 3 donne le nombre et la nature des échantillons de
fourrages
distri-bués aux
7 lots
de vaches utilisées de 1959àio62.
Paranalogie
avec laprésentation
des résultats de
digestibilité (D EMARQUILLY
etJARRIC! ’E, z96!),
nous avons diviséces échantillons en
plusieurs
groupes :. Celui des ray-grass
qui comprend
27 échantillons de ray-grass ou defétuque
des
prés
associés à du trèfle blancdont
sont desfourrages exploités
l’année du semis. Ils’agit
surtout defourrages
dupremier cycle
devégétation (r5 échantillons).
. Celui des
dactyles qui comprend
17 échantillons dedactyle
associé à dutrèfle blanc. Il
s’agit
surtout de repousses feuillues(u échantillons)
distribuées au même lot de vaches àJouy
enig6o.
. Celui des
graminées-luzerne qui comprend
22 échantillons dedactyle
oude
fétuque
élevée associés à de la luzerne. Ces échantillons ont tous été étudiés à LaMinière,
dont 18 avec le même lot de vaches enrc!6o.
Les résultats obtenus sont résumés dans le
tableau 4 d ui
donne pourchaque cycle
decroissance,
les valeurs moyennes et extrêmes de ladigestibilité
et de lateneur en matière sèche des
fourrages,
ainsi que lesquantités ingérées
en matièreverte, en matière sèche et en matière
organique indigestible (ballast).
Dans cetableau,
nous avons mis à
part
lesfourrages exploités
au cours de l’année du semis mais ilssont
cependant trop
peu nombreux( 5 échantillons)
pour être traitésséparément
des ray-grass dans la suite des résultats. Nous avons aussi
séparé
lesfourrages
suivantleur lieu de récolte. En
effet,
les 3! échantillons defourrages
récoltés à La Minière ont été en moyenne mieux consommés(:a, 3 8 kg
de matière sèche par 100kg
depoids vif)
que les 31 échantillons récoltés àJouy (2,0! kg
de matière sèche par iookg
depoids vif),
mais cela est dît enpartie
au fait que les animaux utilisés à La Minière étaientplus légers
que ceux utilisés àJouy.
Dansl’exposé
desrésultats,
nous conser- verons ce même mode de division des échantillons(lieux
de récolte ougroupes)
maiscertaines
comparaisons
seront faites en ne considérant que les échantillons offertsau même lot de vaches.
Quan h
té
rle matièrefraÎche ingérée
La
quantité
moyenne de matière fraîcheingérée
a varié de 7,34à 15,70kg
par100
kg
depoids vif,
soit de q! à 94kg
parjour
pour un animalpesant
600kg.
Ellea diminué
quand
la teneur en matière sèche dufourrage augmentait (fig. i).
Cettedernière a été en moyenne de Io,7 p. 100 et a varié de
12 ,8
à 29,o p. 100. Il existe entre laquantité
de matière fraîcheingérée
et la teneur en matière sèche une liai-son très étroite : y = - 0,937à
Jouy
et v = -0 ,S 33 à
I,a Minière(tabl. 5).
La
quantité
de matière fraîcheingérée
a diminuéquand
la teneur encellulose,
brute ou en ballast(matière organique indigestible)
de cette matière fraîche aug- mentait(tabl.
5,fig. i).
Les liaisons avec la teneur en cellulose brute sont du mêmeordre que celles avec la teneur en matière sèche : r = —
0 ,86 2
pour lesfourrages
de
Jouy
et v = -0 ,8 41
pour lesfourrages
de La Minièrequi,
en moyenne, ont étéplus
riches en cellullose brute :6, 27
contre4 ,6 0
p. 100de la matière fraîche.La meilleure estimation de la
quantité
de matière fraîcheingérée
est obtenueen tenant
compte
à la fois de la teneur en matière sèche et de la teneur en cellulose bruteexprimée
en p. 100 de la matière fraîche(tabl. 5 ).
On arrive ainsi à rendrecompte
de 80 p. 100des variations de laquantité
de matière fraîcheingérée.
Nous avons
supposé
que les liaisonsprécédentes
étaient linéaires. Enfait,
elles seraientplutôt
curvilinéaires et il semblequ’au-dessus
d’une teneur en matière sèche de 2! p. 100 ou d’une teneur en cellulose brute de la matière fraîchede
p. roo, il y ait unchangement
depente
des droites derégression (fig. r).
Nous n’avons cepen- dant étudiéqu’un
nombretrop
limité defourrages
dont la teneur en matière sèchedépassait
25 p. 100.Quantité
de matière sèche d’herbein!révée
La
quantité journalière
moyenne de matière sèche d’herbeingérée
a varié dez,6
9
à2 ,8 4 kg
pour 100kg
depoids vif,
soit de 10,1 à 17,okg
parjour
et par vache pour un animal de 600kg.
l,orsqu’on
compare lesfourrages
distribués defaçon
successive au même lot devaches,
lesfourrages
à base de ray-grass ont été en moyenne mieux consommés due ceux à base dedactyle
ou degraminées-luzerne.
C’est ainsiqu’à
La Minièreles
quantités
de matière sècheingérées
par le même lot de vaches ont été respec- tivement de2 , 7 8, 2 ,6 1
et 2,42kg
p. 100 pour lesfourrages
des 1er et 2ecycles
deray-grass,
dactyle
etgraminées-luzerne
en19 6 0
et de 2,47, 2,40 et2, 2 6 kg
p. 100 pour lesfourrages
des 3premiers cycles
de ray-grass,dactyle
etgraminées-luzerne
en
19 6 1 .
Enrevanche,
en19 6 0
àJouy,
les 4fourrages
de ray-grass des 3e et ¢ecycles
n’ont pas été mieux consommés
( 2 , 0 8 kg
p.ioo)
que les 8dactyles
des 4eet 5ecycles (
2 , 05
kg
p.100 ) exploités
à la mêmeépoque.
Il est vrai que ces ray-grass étaientdes
fourrages
semés auprintemps
etqu’ils
contenaient un fortpourcentage
de mau- vaises herbes.L’influence du numéro du
cycle
devégétation
sur laquantité ingérée
par un lot de vaches recevant desfourrages appartenant
au même groupe n’est pas nette.En
19 6 0
à LaMinière,
lesgraminées-luzernes
du ieTcycle
ont été mieux consommées( 2
,55 kg
p.100 )
que celles du 2e( 2 , 2 8 kg
p.100 ),
3e( 2 , 1 8 kg
p.100 )
et4 e
et 5ecycles, (
2 , 32
kg
p.100 )
alorsqu’en ig6i,
les repousses du 2!cycle
de ray-grass ont été mieux consommées( 2 ,6 0 kg
p.100 )
que lesfourrages correspondants
du 1ercycle (2,32 kg
p.100 ).
AJouy,
en19 6 0 ,
les repousses dedactyle
des4 e
et 5ecycles ont été
mieux consommées
( 2 , 05 kg
p.100 )
que les repoussesépiées
du 2cycle (r,8c! kg p. 100 ).
Nous allons étudier si certaines
caractéristiques
desfourrages permettent d’expli-
quer ces variations.
Influence
de ladigestibilité.
Pour l’ensemble des échantillons de
fourrages étudiés,
iln’y
a aucune corré-lation
significative (r
= -!0 , 05 )
entre laquantité
de matière sècheingérée
et ladigestibilité
de la matièreorganique.
Il en est de même si nous considérons l’ensemble des ray-grass(r
= -!-0 , 2 6)
ou l’ensemble desdactyles (r
= +0 , 05 ).
En revanchela
quantité ingérée (y)
degraminées-luzerne
aaugmenté significativement (P
<o,o!)
avec le coefficient de
digestibilité
de la matièreorganique (x)
dufourrage offert,
ces deux valeurs étant liées par
l’équation :
la liaison est
cependant
très lâche(fig. 2 ).
I)emême,
lesquantités
de matière sècheingérées
par le même lot de vaches ont étéindépendantes
de ladigestibilité
desfourrages
distribués : c’est notamment le cas pour lesfourrages
de ray·-grass étudiéspendant plusieurs
semaines successives au cours du 1ercycle
devégétation ; quand
leur
digestibilité
estpassée
deplus
de 80à 7jp. 100, laquantité ingérée
n’a diminué que faiblement(o,io
à 0,15kg
p.100 )
en Ig 5g,ig!o
et19 6 2
et a mêmeaugmenté
fortement de 1,93 à 2,37
kg
p. 100 enig6i.
Lesquantités
degraminées-trèfle
blancingérées
par le lot de vaches deJouy
en10 6 0
et par celui de La Minière en19 6 1
ont, elles
aussi,
étéindépendantes
de ladigestibilité
de cesgraminées
même si onne considère que les échantillons
correspondants
auxexploitations
successives d’une mêmeprairie.
Influence
de la teneur en matière sèche.La
quantité
de matière sècheingérée (y)
a eu tendance àaugmenter signifi-
cativement
(P
<0 , 05 )
avec la teneur en matière sèche(x)
dufourrage
offert pour l’ensemble des échantillons étudiés :mais cette liaison
significative
est due aux 27 échantillons de ray-grasschez
lesquels
elle résulte surtout dumélange
desfourrages
deJouy
et de LaMinière,
ces derniers ayant été mieux consommés et ayant une teneur en matière sèche
plus
élevée que ceux de
Jouy (fig. 2 ).
Il n’existe pas de liaisonsignificative
entre la quan- titéingérée
et la teneur en matière sèche des 17dactyles (r
= -!--0 , 3 6)
ou des 22gra- minées-luzerne(r
! -!-0 ,07).
Cependant,
pour ces mêmesgraminées-luzerne, quand
on considère les con-sommations
journalières
des vaches recevant des repousses d’uneparcelle
donnéeexploitées
àpartir
du 3ecycle
et dont ladigestibilité
et lacomposition chimique
évoluent alors peu avec
l’âge,
on estfrappé
par l’étroite similitude entre les variationsjournalières
desquantités
de matière sècheingérées
et celles des teneurs en matière sèche de l’herbe. C’est cequi
ressort de l’examen de lafigure
3 où nous avonsporté
les
quantités
d’herbeingérées
et les teneurs en matière sèche desgraminées-luzerne exploitées
au mois d’aoûri 9 6o
à La Minière. Durant cettepériode,
laproportion
d’herbe refusée était très élevée
(de
l’ordre de 30 p.ioo)
de sorte que les variationsjournalières
desquantités
de matière sècheingérée
nepeuvent
êtreimputées
à cellesdes
quantités
offertes. Tout se passe dans ce cas, comme si les animauxingéraient
une
égale quantité
de matière fraîchequelle
que soit la teneur en matière sèche de l’herbeofferte,
teneur variable avec les conditionsclimatiques
au moment de larécolte.
Si la liaison entre la
quantité
de matière sèche et la teneur en matière sèche des échantillonsétudiés,
considérés dans leur ensemble ou par groupes, est trèslâche,
voireinexistante,
c’est donc parce que les différences de teneurs en matière sèche entre deux échantillons donnés traduisent non seulement des différences dans les conditionsclimatiques
moyennes au moment de la récolte mais aussi des différences decomposition chimique
et, parlà,
dedigestibilité
entre ces échantillons.Influence
de la teneur en cellulose brute duj Ol1Y r:Jge.
La
quantité
de matière sècheingérée
par les vaches laitières a étéindépendante
de la teneur en cellulose brute
pour les
ray-grass(r
= +0 , 04 ),
lesdactyles (r
= —0 , 11 )
et les
graminées-luzernes (r
= —o,os).
Elle a aussi étéindépendante
de la teneuren cellulose brute des
fourrages
distribués defaçon
successive au même lot de vaches.La
quantité
de matière sècheingérée (y)
a de même étéindépendante
de lateneur en cellulose brute
indigestible (!!)
des ray-grass(r
= !-0 , 23 )
et des dac-tyles (v
== -0 , 25 )
mais non desgraminées-luzerne,
chezlesquelles
ces deux valeursont été liées par la relation :
y étant
exprimé
enkg
p. ioo et a en p. IOO.Quantité
de matièreorganique digestible ingérée
La
quantité
de matièreorganique digestible ingérée
a varié dans des limitesplus importantes
encore que laquantité
de matière sèche : 1,0 à 2,okg
de matièreorganique digestible
pour 100kg
depoids
vif. Cela n’a rien d’étonnantpuisque
laquantité
de matière sècheingérée
et ladigestibilité
ont varié toutes deux defaçon importante
etparfois
dans le même sens. Les vaches ont en moyenneingéré plus
de matière
organique digestible
à La Minière( 1 , 54 kg) qu’à Jouy (r, 3j ).
A la foisà
Jouy
et à LaMinière,
elles ont en moyenneingéré plus
de matièreorganique digestible quand
elles ont reçu des ray-grass quequand
elles ont reçu desdactyles
ou des
graminées-luzernes :
r,4i avec les ray-grass etr,26 kg
p. 100avec lesdactyles
à
Jouy, r,6 4
avec les ray-grass et lesdactyles
et i,49kg
avec lesgraminées-luzerne
à La Minière. Cela est encore
plus
net si l’on compare lesfourrages
distribués defaçon
successive au même lot de vachespendant
unepériode
donnée. C’est ainsiqu’à
LaMinière,
lesquantités
de matièreorganique digestible ingérées
par le même lot de vaches ont étérespectivement
de 1,92,1 , 7 8
et1 ,6 1 kg
pour lesfourrages
des 1er et 2e
cycle
de ray-grass,dactyle
etgraminées-luzerne
en10 6 0
et de1 ,6 3 ,
r,q.
9 et 1,40 pour les
fourrages
des troispremiers cycles
de ray-grass,dactyle
etgraminées-luzerne
en10 6 1 .
Enrevanche,
il y a peu de différence eni g 6 o
àJouy
entre
les
4 ray-grass des 3e et 4ecycles (r, 3 2 kg)
et les 8dactyles
des 4e et 5ecycles (i,2c! kg) exploités
àpartir
du 15 août. Ces variations de laquantité
de matièreorganique digestible ingérée
en fonction de la nature dupâturage, expliquent
lesvariations de la
production
laitière que nous avons observées à la fois sur les vachesen stabulation et sur les vaches au
pâturage qui
leur étaientappariées
etqui pâturaient
de l’herbe de même nature(C. DE MARQU ii.LY, 19 63).
A
Jouy,
laquantité
de matièreorganique digestible ingérée
a eu tendanceà
augmenter
avec ladigestibilité
dufourrage
offert mais defaçon beaucoup
moinsnette et
beaucoup
moinsimporrante qu’à
LaMinière,
notamment avec lesgraminées-
luzernes
(fig. 5 ).
Elle a étéindépendante
de la teneur en matière sèche desdactyles
et des
graniinées-luzerne
mais non des ray-grass chezlesquels
elle aaugmenté
avecla teneur en matière sèche.
Quantité
de matières azotéesdigestibles ingérée
La
quantité
de matières azotéesdigestibles ingérée
a varié dans des limites trèsimportantes :
o,ro5 à 0,455kg
pour 100kg
depoids
vif. Elle a été un peuplus importante
à La Minièrequ’à Jouy ; respectivement
0,275kg
contre0 , 2 6 0 kg
maiscela est dû essentiellement au fait
qu’à
La Minière lamajorité
des échantillons defourrages
étudiés étaient desgraminées-luzerne.
Eneffet,
les vaches ont en moyenneingéré plus
de matières azotéesdigestibles quand
elles ont reçu desgraminées-luzerne
que
quand
elles ont reçu desdactyles
et des ray-grass ; 0,29okg
avec lesgraminées-
luzerne contre 0,270 avec les
dactyles
et 0,250 avec les ray-grass. I,es différences dans lesquantités
de matières azotéesdigestibles ingérées
suivant la nature dufourrage
offert sontcependant plus
faibles avec lesfourrages
dupremier cycle
etaugmentent
avec le numéro descycles
successifs. Celas’explique
facilementpuisque
la part de la luzerne dans le
mélange graminées-luzerne augmente
avec le numéro descycles.
Laquantité
de matières azotéesdigestibles augmente
aussi defaçon
trèsnette avec le numéro des
cycles successifs ;
avec les ray-grass o,225, 0,240, 0,325 et 0,320kg
pour les 1er, 2e, 3e et 4ecycles,
avec lesdactyles
0,250, 0,205,0,285, o,z85
et 0,325 pour les jer, 2e, 3&dquo;>4!’
et 5ecycles
avec et lesgraniinées-luzerne
0,240,0,245,
0,280,
0,390, 0,400 pour les 1er, 2e, 3e, 4e et 5ecycles.
Elledépend beaucoup plus
de la teneur en matières azotéesdigestibles
dufourrage
que de laquantité
de matière sèche
ingérée
et sembleindépendante
des autrescaractéristiques
dufourrage.
Quantité
de cellulose byutedigestible ingérée
La
quantité
de cellulose brutedigestible ingérée augmente significativement (r
= +0 ,5 22 ) (P
<0 , 05 )
avec ladigestibilité
des échantillons degraminées-luzerne,
mais varie
indépendamment
de ladigestibilité
des ray-grass et desdactyles.
Celaest
peut-être
dû au fait que la teneur en matière sèche desfourrages
est un facteurprépondérant
de leuracceptabilité
etqu’il
ne faudraitpouvoir
comparer que desfourrages
ayant la même teneur en matière sèche. Or, la teneur en matière s2che des échantillons degraminées-luzerne
a étébeaucoup
moins variable que celle des ray- grass et desdactyles.
18 sur 24 des échantillons degraminées-luzerne
ont une teneuren matière sèche
comprise
entre 19et 26 p. 100, alors que les ray-grass et lesdactyles
se
répartissent
entre 13et 27p. 100de matière sèche. Les vachesqui
ont reçupendant plusieurs
semaines les ray-grass fauchés sur la mêmeprairie
ontingéré
aussi unequantité
de cellulose brutedigestible qui
a diminué en mêmetemps
que ladigestibilité
des
fourrages
offerts. Si nous éliminons l’influence de la teneur en matière sèche dufourrage
en divisant laquantité
de cellulose brutedigestible ingérée
par la teneuren matière sèche du
fourrage,
nous obtenons une nouvelle variable(z) qui
variedans le même sens que la
digestibilité.
La liaison est hautementsignificative (P
<0 , 01 )
avec les ray-grass
(r
! +o,6 4 0)
et lesgraminées-luzerne (r
= +0 ,5 52 )
etapproche
du seuil de
signification
IO p. 100 avec lesdactyles (r
= +0 , 3 8).
Quantité
de constituantsindigestibles ingérés
La
quantité
de ballast(matière organique
nondigestible) ingérée
a varié dansde grandes proportions
de o,2c!! ào, 7 6 5 kg pour ioo kg
depoids vif,
soit dei,7! à 4,6o kg
pour une vache de 600
kg.
Il en est de même de laquantité
de cellulose brute nondigestible : 0 , 0 8 0
à 0,255kg
p. 100, soit0 ,48
à 1,53kg
pour une vache de 60okg.
En moyenne, les vaches de I,a Minière ont
ingéré plus
de ballast et de cellulose brute nondigestible
que les vaches deJouy : respectivement
0,574 et 0,193 contre 0,
431 et o,i3r pour 100
kg
depoids
vif. Lesquantités
de ballast ou de cellulose bruteindigestible ingérées
par le même lot de vachesvariant,
ellesaussi,
deplus
dusimple
au
double,
ce ne sont pas ellesqui peuvent
limiter laquantité
de matière sècheingérée
par la vache laitière recevant desfourrages
verts, comme cela avait étéavancé par certains auteurs
(LE HMANN , i 94 i).
Alors que la
quantité
de matière sècheingérée
estindépendante
de ladigesti-
bilité des échantillons de
fourrage offerts,
considérés dans leur ensemble ou par groupe, laquantité
de ballast(fig. 4 )
ou de cellulose bruteindigestible dépend, quant
àelle,
étroitement de ladigestibilité
desfourrages
offerts. Elleaugmente quand
ladigestibilité
desfourrages diminue,
les relations étant trèsétroites,
no-tamment pour les ray-grass
(tabl. 6).
Demême,
elleaugmente signincativement
avec la teneur en matière sèche des
fourrages
offerts(fig. 4 ),
les liaisons étant cepen- dant moins étroitesqu’avec
ladigestibilité
de cesfourrages (tabl. 6).
Si laquantité
«