ÉTUDE DE QUELQUES FACTEURS
DE LA STABILITÉ DES ANTIBIOTIQUES
DANS LES ALIMENTS POUR PORCELETS
E. SALMON-LEGAGNEUR A. AUMAITRE C.
JOUANDET
P. VAISSADE, Huguette DEWULF, A. KMOISANT, Hélène MOUTEL, Michelle NOCART
J.
HAUTDUCŒUR.Station de Recherches sur
/’&7<’<-’a!<’
des Porcs,C’entre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
/ M .t<:<
M
< rzational de la Recherche agronomique
SOMMAIRE
Le taux de
disparition
de l’activitéantibiotique (dosage I llicrobiologique)
est très variable mais il peut dépasser 80 p. 1 oo avant 6 mois dans certains aliments. Cette dégradationdépend
enparti-
culier de la nature de
l’antibiotique,
mais aussi de lacomposition
de l’aliment(présence de graisse)
et de sa présentation (granulation) ; la teneur en
protides
et la dosed’antibiotique
semblent avoirune moindre int11ellce.
INTRODUCTION
Il arrive
parfois
que dessupplémentations
par un mêmeantibiotique
d’alimentsdestinés aux animaux ne
produisent
pas le même effet dans letemps.
L’intérêt decette stimulation pour favoriser la croissance s’en trouve donc diminué. I>iverses
explications
ont été données à cephénomène.
Enparticulier,
la variabilitépeut
pro- venir des différences de sensibilité individuelle desanimaux,
desphénomènes
d’accou-tumance ou des variations des conditions de milieu. Une autre
explication
trèssimple
de ce manque de fidélité
pourrait
être laperte
d’activité del’antibiotique
dans l’ali- ment. Cettedégradation
est unphénomène
connuqui
a étésignalé
pour laplupart
des
antibiotiques
utilisés en alimentation animale(EsrosrTO
etal.,
Ig52 ; HOLLEN- BË CK
, Ig54 ;
WE INS TE IN , 105 8 ; G OLDB E R G,
Ig5g ; KATZ etFASSBEND!R, Ig67 ;
1BARBIERS et
NE FF , iq66 :
WORNICK,10 6 7 ; Hus.<.xs, I g6 7 ) .
Nous l’avons rencontréeau cours d’une
expérience
surporcelets,
où elle fut la causeprobable
d’une réductionimportante
de la stimulation de croissanceescomptée (JouA!DET
etal., I g6 4 ).
Tou-tefois,
les facteursqui provoquent
cettedégradation
au cours dustockage
des ali-ments sont encore mal connus
(W ORNICK , io6 7 ).
Il nous a donc paru utile d’examiner dans le cas des aliments pour sevrage des por-
celets,
oitl’antihiosupplémentation
est souvent larègle,
l’influence dequelques
fac-teurs
qui
varient souvent dans les fabrications : taux deprotides, présence
degraisse, présentation,
dosed’antibiotique.
Cette
expérience
a consisté à étudierl’évolution,
de l’activitéantibiotique,
mesurée par
dosage microbiologique,
au cours de laconservation,
de divers alimentsreprésentant 4 8
combinaisons différentes( 2
taux deprotides
X 2 taux delipides
X 2
présentations
X 2dosesd’antibiotique
X 3antibiotiques).
I,a durée destockage
était fixée à 6 mois par similitude avec la
garantie exigée
dans les aliments industriels pour certaines vitamines.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
a)
Antibiotiques
Les 3 antibiotiques
utilisés ont été choisisparmi
ceux d’unemploi
courant en alimentation ani- male. La formechimique
et laprésentation
étaient celles despréparations
commerciales usuelles àl’usage
de l’alimentation ( feed grade), à savoir :&dquo;
chlortétracycline
base( 1 ) :
adjuvant A 80/80, Rhône-Poulenc (Si,5 g d’activitéchlorhy- drate/kg).
&dquo;
oxytétracycline complexée
sur ammoniumquaternaire : terramycine
T 80, Yfizer-Clin(8 2
,
71 g d’activitéchlorhydrate/kg).
o Embonate de
spiramycine : Spiravit
20, Rhône-l’oulenc (22 g !5 d’activitéembonate/kg).
Chacune
de cespréparations
était introduite sur un support de tourteau desoja
cuit, comptetenu de son activité réelle, de
façon
à réaliser des concentrations de IOet ioo p.p.m. dans les ali- ments.b) Aliments
Quatre
formules d’aliments pour porcelets correspondant aux combinaisons factorielles de2 taux de
protéines ( 1 6
et 25 p. roo) et de 2 taux delipides
(o et io p. 100d’huile stabilisée auBHT.) ont été utilisées. Les formules
désignées
par les lettres A, B, C, D sontreproduites
dans letableau i. A
l’exception
du taux de graisse volontairement élevé dans les aliments A et C, la compo- sition de ces aliments est voisine de celle que l’on trouve dans les aliments pour sevrage desporcelets
de 3 à § semaines (starter porcelet). L’huile d’arachide, bien que peu utilisée habituellement, a été choisie de
préférence
à d’autres graisses pour la meilleurehomogénéité qu’elle
conférait auxmélanges.
Chacun de ces aliments était préparé sous deux
présentations
différentes, farine(mouture
moyenne)ou
granulés ( 2 , 5
mm dediamètre)
par passage de la farine à travers une presseTemplewood.
De
façon
à réduire les erreurs ou variations liées àl’hétérogénéité
des aliments, lapréparation
de la
quantité
nécessaire dechaque
aliment A, B, C ou D pour tous lesantibiotiques
était effectuéeen une seule fois
(mélangeuse
de i 5oo1).
L’introduction desantibiotiques
était alors effectuée auxdoses voulues
(mélangeuse
de 2001).
La moitié dechaque préparation
était ensuitegranulée
et l’autrelaissée en farine. Les aliments étaient conservés dans des sacs en
papier.
Lestockage
avait lieu dansun
hangar
fermé, àproximité
des bâtimentsd’élevage
des animaux et àtempérature
ambiante. Lestempératures
et ledegré hygrométrique
du local étaient enregistréspendant
toute la durée de l’ex-périence (tabl. 2 ).
c)
Analyses
Toutes les
analyses
ont été effectuées par voiemicrobiologique.
L’activitéantibiotique
deséchantillons d’aliment était déterminée par rapport à une gamme de concentration connue et à des aliments témoins sans
antibiotique
de mêmecomposition
conservés dans les mêmes conditions.( 1
) Actuellement, cette préparation a été remplacée dans le commerce par un mélange de sels de calcium et de magnésium.
Ces analyses étaient
pratiquées après
les intervalles de temps suivants(stades), désignés
par les chiffres 1 àV : 5 jours (délai
nécessaire à la mise en route du premierdosage),
I mois, 2 mois,3 mois et 6 mois. Toutefois, par suite de difficultés matérielles, le
dosage
de laspiramycine
n’a pas été effectué au stade III.°
9
chaque
stade, deux échantillons moyens de 500 g dechaque
aliment étaientprélevés
et soumissimultanément pour
analyse
à deux laboratoires différents. Cetteprocédure d’analyse
contradic-toire était apparue nécessaire pour tenir compte de la variabilité des
dosages
et du nombre élevé derépétitions indispensable
à laprécision
dechaque
résultat.Les
techniques
d’analyses étaient celles utilisées couramment par les différents laboratoires et décrites par GROVE et RANDALL (1955),Analytical
Comittee( 19 6 3 )
et Laboratoires Rhône-Poulenc( 19
66) : le
1>rincipe
est celui du disque de diffusion en culture sur plaque de gélose. Les germes utilisés étaient : 10. l’ereusmycoide
_Al!CC’ 1178 (Pasteur) pourl’auréomycine
et laterramycine
et Saycinalutea AI’C’C’ T3!1 (Pasteur) pour la
spiramycine.
Bien que lestechniques
utilisées par les laboratoirespratiquant
le mêmedosage
aient été, enprincipe,
les mêmes, delégères
différencesopératoires
sontapparues
(technique
d’extraction, mode de culture, nombre derépétitions).
Elles ne semblaient pas de nature 1; modifier la validité des résultats et il n’en a pas été tenu compte dans les comparaisons.I’ar contre, une modification plus importante
(augmentation
du nombre d’extractions), proposéeen cours
d’expérience
par l’un des laboratoires pour améliorer larécupération
de certainsantibiotiques
dans les aliments enrichis enlipides,
n’a pu êtreprise
en considération pour ne pas détruire 1’liotiioÏéiiéité des résultats, cequi
aurait renduimpossible
touteinterprétation pratique.
d) Calculs
Pour faciliter les calculs et permettre les
comparaisons statistiques,
tous les résultats ont étéexprimés
en p. 100 de Il dose initiale, supposée exactement connue. Le temps zéro del’expérience
était celui de l’introduction des
antibiotiques
dans la mélangeuse et bien que cetteopération
ait étéexécutée avec
beaucoup
deprécautions,
il n’a pas étépossible
de vérifier si les concentrations ini- tiales étaient bien cellesqui
étaient prévues.Tous les résultats concernant un même échantillon ont été regroupés. Une analyse de variance
préliminaire
a montré en effetqu’il n’y
avait pas de différencesignificative
entre les séries de résultatshomologues
des différents laboratoires. Les effets de la durée de conservation (5 stades),de la nature de
l’antibiotique
(3produits),
de lacomposition
de l’aliment (4formules),
ainsi que de la combinaison de la dose et du mode deprésentation
(4cas)
ont étéanalysés
simultanément par la méthode des moindres carrés sur ordinateur IBM r62o (programme 65025 de la S. C. G.A.).
L’ana-lyse
a étépoursuivie
en considérant les facteurs 3 à 3, puis 2à 2, afin de déterminerl’origine
et l’im-portance des interactions de différents ordres. Les meilleures estimations des moyennes de dosages
correspondant
aux différents niveaux des 4traitements ont été calculées dansl’hypothèse
de noninteraction des facteurs.
l’uis, après
avoir été ordonnées, elles ont été comparées par la méthode de DUNCAN ([ (55).RÉSULTATS
1
.
Effets pri;icipaux
Les tableaux 3,
4 et rapportent
pour chacun desantibiotiques
les valeurs moyennes des activités des différents échantillonscorrespondant
aux4 aliments.
3
3 6 1
résultats individuels ont été utilisés dans ces calculs(soit
une moyenne de14
répétitions
par valeurexprimée).
L’analyse statistique
des résultats individuels a montré que l’influence de tous les facteurs étudiés(stade
deconservation, composition
del’aliment, antibiotique,
dose et
présentation)
sur l’activitéantibiotique
des échantillons était hautementsignificative.
Il est difficiled’apprécier l’importance
de ces influences car, àl’excep-
tion de la
dernière,
les variancesqui s’y rapportent
ne diffèrent passignificativement
entre elles. Sous réserve de
l’hypothèse
denon-interaction,
onpeut cependant,
sansgrand risque d’erreur,
les classer dans l’ordre des valeurs de Fcorrespondant
àchaque
facteur
(tabl.
(i). Dans cesconditions,
la nature del’antibiotique
et la durée de conser-vation seraient les deux
composantes principales
de lastabilité ;
lacomposition
del’aliment et sa
présentation
viendraient ensuite. La concentration enantibiotiques
aurait un moindre effet.
Avec les mêmes
réserves,
l’examen des moyennes par traitement(estimation
par
analyse
simultanée desquatre facteurs)
donne desrenseignements complémen-
taires
(tabl. 6).
A
l’exception
des aliments B et D, toutes les différences entre traitements sontsignificatives.
Onpeut
alors faire les commentaires suivants :-
Antibiotique :
lachlortétracycline
a une stabilité moyenne inférieure d’envi-ron 3o p. 100 à celle des deux autres
antibiotiques.
Ces deux derniers diffèrent peu.- Stade de conservation : les
antibiotiques
sedégradent rapidement
dans lesaliments au cours du
stockage.
Cephénomène apparaît
dès lepremier
mois, mais ils’accentue au cours des 3 derniers.
-
Composition de
L’aliment : l’addition d’un taux élevé degraisse
aux aliments(A
etC)
diminue l’activitéantibiotique
d’environ 20p. roo parrapport
aux alimentssans
graisse (B
etD).
Par contre,l’augmentation
du taux deprotéine (aliments
A etB) ’)
ne modifie pas cette activité par
rapport
aux aliments à taux deprotéine plus
faible(C
etD).
- Mode de
présentation
de l’atime;zt : l’influence de lagranulation
est nette(aliments
io G et 100G),
elle entraîne uneperte
moyenne de 12 p. 100 dupouvoir antibiotique,
parrapport
aux alimentsprésentés
en farine(io F,
iooF).
- Dose
d’antibiotique :
la conservation del’antibiotique
semblelégèrement
moins bonne
( 2
p.ioo)
aux concentrations fortes(roo G,
iooF) qu’aux
faibles concen-trations
(io F, 10 G).
2
. Interactions
Le tableau 7
rapporte
les valeurs du test F concernant les interactionspossibles
entre les divers facteurs considérés 2 à 2, 3 à 3, ou tous simultanément. Toutes ces
interactions sont
significatives
avec delégères
différencesqui permettent (pour
unmême nombre de
degrés
deliberté)
d’enapprécier l’importance
relative. Il en résulte que la stabilité d’unantibiotique
dans un alimentdépend simultanément,
mais à desdegrés variables,
de tous les facteurs considérés. Il n’est donc paspossible
d’en tirerde conclusions
générales
et ilfaut,
aucontraire,
considérerchaque
casparticulier.
Nous nous sommes limités à examiner les interactions les
plus
intéressantes.a) Stade 1 antibiotique
aliment.La
figure
i montre que la stabilité desantibiotiques
au cours de la conservation varie avec la nature del’antibiotique (interaction
du lerordre) : l’oxytétracycline présente
uneperte
d’activitérégulière,
sensiblementproportionnelle
autemps
destockage ;
lachlortétracycline
sedégrade proportionnellement beaucoup plus
vite(
30
p.ioo)
au cours dupremier
mois deconservation ;
laspiramycine
se conserverelativement bien
pendant
les 3premiers mois,
maisparaît plus fragile
ensuite.Mais ce schéma
peut
être nuancé en fonction des aliments utilisés(interaction
du 2e
ordre).
Lesfigures
2 a, 2 b et 2 b montrent que suivantqu’il s’agit
d’alimentenrichi ou non en
graisse,
laperte
d’activité des différentsantibiotiques
n’est pas la même : pour lachlortétracycline,
l’influence de lagraisse
estimportante
etapparaît
dès le
premier
mois(fig.
2a) ;
pourl’oxytétracycline,
l’effet deslipides n’apparaît qu’au
bout de deux mois. Pour laspiramycine,
laperte
de stabilité desantibiotiques
dans les aliments gras n’est
importante qu’après
3 mois.b) Stade
,1antibiotiq l {e
1forme.
La
granulation
entraîne uneperte
d’activité del’antibiotique,
parrapport
à laprésentation
en farine. Cephénomène
s’intensifie avec letemps (interaction
du1
er
ordre),
mais il se manifeste différemment suivant lesantibiotiques (interaction
du 2e
ordre).
Lafigure
3rapporte
l’évolution de l’activitéantibiotique
des alimentsen fonction du mode de
présentation
et del’antibiotique
utilisé. L/effet maximumapparaît
dans les alimentssupplémentés
à laspiramycine :
laperte
d’activité due à lagranulation
estimportante
dès le pressage et atteint 40 p. 100 au bout de 6 mois.Avec la
chlortétracycline,
laperte
est relativement moinsimportante
etaugmente progressivement jusqu’à
15 p. 100 en fin destockage. L’oxytétracydine supporte
encore mieux la
granulation
des aliments : laperte
d’activitén’apparaît qu’après
2 mois et ne
dépasse
pas 7 p. 100en moyenne.c)
Interaction atiment/ forme 1 stade / antibiotique.
La
granulation,
comme laprésence
degraisse
dansl’aliment,
diminue la sta- bilité desantibiotiques
au cours de la conservation. Onpourrait
penser que les effets de ces deux facteurs se cumulent dans les combinaisons où elles se rencontrent(interaction
du 2eordre).
Il semblequ’il
n’en soit rien.La
figure
4 montre que l’effet de lagranulation
estplus important
dans les ali- ments sansgraisse (B, D),
danslesquels
laperte
d’activité atteint 30 p. ioo à 6mois,
que dans les aliments gras
(.!1. C)
où cetteperte
d’activité reste sensiblement cons- tante et nedépasse
pas io p. IOO.Mais ce
phénomène
est aussi variable selonl’antibiotique (interaction
du3
e
ordre) :
dans les alimentssupplémentés
àl’oxytétracycline
et à lachlortétracycline,
l’effet de la
granulation
estrigoureusement
nullorsque
ceux-ci sont enrichis engraisse,
alors
qu’il
est trèsimportant
dans les aliments sansgraisse (fig.
5a et 5b).
Par contre,avec la
spiramycine,
laprésence
degraisse n’empêche
pas ladégradation
del’anti- biotique
due à lagranulation (fig.
5c).
d) Dose 1 antibiotique / aliment.
Seule
l’oxytétracycline
semble sedégrader
nettementplus
vite(8
p.100 )
à doseélevée
qu’à
dose faible dans les aliments. lephénomène
est surtoutapparent
avec les aliments A et B, c’est-à-dire avec ceuxqui
contiennent leplus
deprotides (tabl. 8).
I,a
chlortétracycline réagit
dans le même sens mais d’unefaçon
moinsmarquée
et laspiramycine
dans le sens contraire.DISCUSSION
Il est
permis
de faire des réserves sur la valeur desdosages microbiologiques
pour mettre en évidence les altérationssupportées
par lesantibiotiques
dans les aliments et l’incidence de cephénomène
sur laréponse
des animaux.Toutefois,
le faitqu’on
ait trouvé une bonne concordance entre ces
dosages
etl’analyse chimique, qui,
dansdes conditions
analogues,
faitapparaître
unedégradation importante
des antibio-tiques
parépimérisation,
lève engrande partie
ce doute(K:!TZ, zg63 ;
KATZ et FASS-B E ND E R
,
ig6!).
Nos résultatsconfirment,
en outre, un certain nombre de faitsqui apparaissaient déjà
avec diversantibiotiques,
aussi bien enproduits
purs,qu’en
solu-tion ou dans des
préparations pharmaceutiques
ou alimentaires : influence du substrat de laprésentation,
dutemps
de conservation(W ORNICK , zg6!).
Malgré
les interférencesrencontrées,
nous pouvons donc essayer dedégager
lerôle des
principaux
facteurs examinés :a)
Natuve del’czntibiotique
’
Les valeurs moyennes dont nous
disposons
serapportent
à 3antibiotiques
diffé-rents, dont la forme
chimique, elle-même,
est différente. Elles n’ontqu’une signifi-
cation
limitée,
car elles necorrespondent
à aucune conditionprécise (stade moyen).
Elles suffisent
cependant
à montrer que des différences de stabilitéimportantes peuvent apparaître
entre lesantibiotiques lorsqu’ils
sontincorporés
aux aliments.Ces différences sont de l’ordre de celles que
rapporte
WoRVrcm(ig, 59 )
avec diversantibiotiques,
dontl’érythromycine.
Dans des conditionssimilaires,
KoROrr!v_! et PEHOVA
( 19 6 3 )
avaient conclu que lestétracyclines
se conservaientbeaucoup
mieuxque diverses
préparations
depénicilline.
Dans le casprésent,
la stabilité de la chlor-tétracycline
estbeaucoup
moins bonne que celle de laspiramycine,
elle-mêmelégè-
rement inférieure à celle de
l’oxytétracycline,
résultatqui
confirme les observations de WELCH(r 95 o),
1)IDING(1 954 )
et Kawnrr!Tn et al.(ig6o).
Il ne
peut
êtrequestion
de rattachertrop
étroitement les différences de stabilité que nous avons observées aux formeschimiques
utilisées. On saitcependant
que celles-ci ont unegrande importance (M ULLER
etc!l., 195 8 ;
WORNICK etK UHN , z 9 6 2 ).
Le fait que certaines
expériences
aient montré quel’oxytétracycline
et la chlortétra-cycline conservaient,
sous une même formechlorhydrate,
une activitécomparable (K
OROLFVA
et PEHOVA,19 6 5 )
conduirait à penser que la différence de forme souslaquelle
ces mêmesantibiotiques
ont étécomparés
dans notreexpérience
n’estpeut-
être pas
étrangère
aux résultats obtenus.b) Temps de
conservationLa
dégradation
dupouvoir antibiotique
au cours de la conservation est clas-sique,
nrais ellepeut
êtreplus
ou moinsrapide
suivant les conditions(W ORNICK , y6! ;
K A W ABATA
et
al., 19 6 0 ).
Ladégradation
de lachlortétracycline
est trèsbrutale,
quels
que soient les aliments utilisés. Celles de laspiramycine
et del’oxytétracycline
sont, encomparaison,
nettement moinsrapides,
surtout dans les aliments ne conte- nant pas degraisse
etprésentés
en farine. Pour ces deuxantibiotiques,
laperte
d’ac- tivitéaprès
6 mois de conservation atteintcependant
en moyenne 30à 4o p. ioo de la doseinitiale,
cequi
est du même ordre que la valeur trouvée pour la bacitracinedans les aliments pour volailles
(’Husaas, 19 6 7 ).
Mais lephénomène
varie aussibeaucoup
suivant les échantillons. Il en résulte que si les fabricants d’aliments devaient donner unegarantie
de conservation pour lesantibiotiques qu’ils utilisent,
celle-ci devrait varier non seulement avec
l’antibiotique
et le taux de conservation considéré comme minimumacceptable ( 75
ou 5o p.ioo),
mais aussi avec letype
d’aliment(tabl. 9 ).
c)
Conditionsaintosphériques
Il ne semble pas que, dans le cadre de cette
expérience (aliments
conservés ensacs sous
abri),
les conditionsatmosphériques
soient intervenues d’unefaçon appré-
ciable sur la stabilité des
antibiotiques.
On saitcependant
que de faibles variations detempérature peuvent
accélérer lesphénomènes d’épimérisation
desantibiotiques (K
ATZ
etl!ASSBF,11!DEP,, ig6 7 ). Paradoxalement,
on constate que la baisse d’activité relativementimportante supportée
par tous les alimentspendant
lepremier
mois estapparue au moment où la
température
extérieure était laplus
basse. Inversement, latempérature
et l’humiditéplus
élevées au cours des mois suivants neparaissent
pas avoir accéléré ladégradation
desantibiotiques,
saufpeut-être
dans les alimentsqui
contenaient de la
graisse (fig.
2a, 2c).
d) Co W/ ) 0 . ! !<tOM
des atimentsLes constituants
chimiques
des alimentscapables
de modifier l’activité des anti-biotiques
sont nombreux. Lesplus
connus sont les selsminéraux, qui
ont suscité ungrand
nombre de travaux(Ar,a!RT,
zg53 ; PRICE etal.,
1057 ; BINKLEY, 1955 ; HARM
S et
al., zg6 4 ;
WEHŒERG,1 957 ),
et les vitamines(GEIGE R , rg!6 ;
WORNICK,19
6 7).
L’influence
des substances azotées estplus
discutée. Pour certains auteurs, lesprotides
accélèrent ladégradation (W El NS TE iN, 195 8 ;
PRICE etcoll., 1 957 ),
pourd’autres,
ils la diminuent(KAW ABATA
etal., 19 6 0 ).
Notreexpérience
ne nouspermet
pas de
trancher,
car si pourl’oxytétracycline
l’élévation du taux deprotides
de l’ali-ment a
légèrement
accru lespertes
enantibiotique,
cet effet est apparu tardivement et n’est pas trèsimportant.
Il est en outrenégligeable
pour les deux autres antibio-tiques,
résultat conforme à celui trouvé par KATZ et FASSBENDER( 19 6 7 )
avec lachlortétracycline.
L’influence de la
graisse
durégime
a été peu étudiéejusqu’à présent (WxiTT!’r, I959)!
Certains auteurs ontcependant
montré que laprésence
d’acides gras insaturésou de
peroxydes pouvait
accélérer ladégradation
desantibiotiques (WasxMarr,
1950 ;Fox, 19 65), phénomène
que confirme notreexpérience.
Cette influence estplus impor-
tante pour la
chlortétracycline
que pour laspiramycine
oul’oxytétracycline,
cequi peut
être lié à laplus grande
sensibilité de lapremière
àl’épimérisation (K A T Z
etFASS
B E N DE R
, 1 9 67).
Un autrepoint
aussi devra êtreéclairci,
celui des difficultés d’extraction :après plusieurs
mois deconservation,
des difficultés dedosage
des anti-biotiques
sont apparues pour certainsantibiotiques
dans les aliments enrichis engraisse, phénomène
que WORNICK( 1959 ) signale également.
Unetechnique
d’extrac-tion
plus poussée permettrait,
dans certains cas, derécupérer
une fractionsupplé-
mentaire de l’activité initiale. Le
problème
estposé
de savoir si cette activitéqui
échappe
àl’analyse classique
conserve unesignification biologique.
Dans le casprésent,
ceci nechange
rien aux conclusionsprécédentes.
e)
Mode deprésentation 1
/
effet
de lagranulation
sur l’efficacité alimentaire des constituants des aliments(amidon, protéines, vitamines)
a été souvent étudié. Dans laplupart
des cas, cetteaction
peut s’expliquer
par l’effetthermique auquel
est soumis l’aliment au moment du pressage. Lesantibiotiques n’échappent
pas à ce dernierphénomène.
Laperte
d’activitéantibiotique
que nous avons observée dans les alimentsgranulés
est com-parable
à celle quesignalent
d’autres auteurs(W ORNICK , ig5c!-r962 ; S TOC xsTnD, 1
952
),
elle varie de 7 à 40 p. ioo suivant lesantibiotiques.
Certainsantibiotiques,
comme
l’oxytétracycline,
y sont peu sensibles(peut-être
en raison d’une meilleurestabilité à la
chaleur)
alors qued’autres,
comme laspiramycine,
sontbeaucoup plus dégradés.
Cet effetthermique
semble confirmé par le fait que laprésence
degraisses
dans les aliments limite
beaucoup
l’altération due au pressage. Par contre, ladégra-
dation est maximum et
s’aggrave
avec letemps
dans les aliments ne contenant pas degraisse (fig.
5b).
Il est, eneffet,
connu que laprésence
de corps gras facilite lesopérations
de pressage en diminuant l’échauffement et la dureté desgranulés.
Cecine compense
qu’en partie cependant
l’effetdépressif joué
par certainesgraisses
sur lastabilité des
antibiotiques
et il reste à savoir si ce rôleprotecteur
lors du pressage nepourrait
être obtenu avec un moindre taux degraisse,
ou éventuellement avec d’autres constituants(glycérol,
vapeurd’eau).
f)
Dosed ’antibiotiq 1 te
La tendance que l’on observe pour
l’oxytétracycline
à sedégrader davantage
àconcentration élevée
(ioo p.p.m.) qu’à
dose faible(io p.p.m.) peut paraître
peu im-portante.
La cause ne nous en est d’ailleurs pas connue. Il faut toutefois remarquer que cetteperte
devientplus
sensible sur leplan économique lorsqu’elle
estexprimée
en valeur absolue
(p.p.m.).
Dans les échantillons contenant io p.p.m. audépart,
laperte
reste faible(i
p.p.m. enmoyenne),
mais elle atteint 16 p.p.m. dans les échan-tillons qui
en contenaient 100. Cetteperte peut
alorsdépasser
le seuil deréponse
des animaux et conduire à utiliser des doses inutilement élevées
d’antibiotiques.
I,’antibiosupplémentatio!
à dose élevée entraîne ungaspillage plus important
etcoûte donc
proportionnellement plus
cher que celle à dose faible. Sous cetaspect,
cecipeut justifier l’emploi
simultané deplusieurs antibiotiques
différents à dose restreinteplutôt qu’un
seulantibiotique
à dose massive.CONCLUSION
Les
principaux
résultats de cetteexpérience peuvent
se résumer comme suit :i. Les aliments
antibiosupplémentés peuvent perdre
une fractionimportante
de leur
activité,
variablejusqu’à 8 7
p. ioo suivant les conditionsexpérimentales
aucours d’une conservation de 6 mois.
2
. La
chlortétracycline
est, en moyenne, moins stable dans les aliments quel’oxytétracycline
ou laspiramycine (qualité
« alimentation animale»).
3
. I,a
dégradation
desantibiotiques
estimportante (surtout
pour la chlorté-tracycline)
dès lepremier
mois de conservation. I,a demi-vie(efficacité
50 p.100 )
est atteinte avant 2 mois pour lachlortétracycline,
entre 3 et 6 mois pour laspiramycine
et
après
6 mois pourl’oxytétracycline.
4
. I,es variations
météorologiques saisonnières, agissent
peu sur la conservation desantibiotiques
dans les aliments stockés sous abri.5
. l/addition de
graisse (huile d’arachide)
aux aliments diminue la stabilitédes
antibiotiques, principalement
celle de lachlortétracycline (après
unmois)
et dela
spiramycine (après
3mois).
6. Les variations du taux de
protéines
<les aliments ne semblent pas modifier d’unefaçon importante
la stabilité desantibiotiques.
7
. La
granulation
des aliments provoque uneperte
moyenne d’activité anti-biotique
de 12 p. zoo parrapport
à la forme farine. Cet effet est maximum dans les alimentssupplémentés
à laspiramycine ( 30
p.ioo).
Ilapparaît
surtout dans les ali-ments ne contenant pas de
graisse.
8. En valeur
relative,
laperte
d’activité desantibiotiques
varie peu, sauf pourl’oxvtétraeveline,
avec la dosed’antibiotique
utilisée. En valeurabsolue,
cetteperte peut dépasser, quel
que soitl’antibiotique,
le seuil d’efficacité dans les aliments contenant des doses élevéesd’antibiotiques.
9
. Ces
conclusions,
valables pour des aliments destinés auxporcelets,
ont étéobtenues à l’aide de tests
microbiologiques Un 7,ilro).
Il reste à les confirmer par des tests sur animauxd’élevage.
Reçu poitr
pesblicaliorr
ett mars i968.REMERCIEMENTS
Cette étude a pu être menée à bien grâce à la collaboration des Etablissements Rhône-l’oulenc
(C.
ROUSSEL) et de la Société industrielle de Biochimie (B. CoDLrxon). Unepartie
importantedes dosages nécessaires a été effectuées dans leurs laboratoires
respectifs
deVitry
(:B1.D UI3 oST)
et d’Amboise
(J.-P.
RnYNnuD), ainsiqu’au
Laboratoired’analyse
et d’essaides
aliments de l’I. N. R. A.(J.
DELORT-LAVALet P. VALDEBOUZE).L’exploitation statistique
a été effectuéegrâce
it l’atelier
mécanographique
de la Station centrale deGénétique
animale et nous avons bénéficié,pour l’interprétation des résultats, des conseils <le notre
collègue
(’. LEGAULT. Nous leur adressons à tous nos plus vifs remerciements.SUMMARY
S I
TUIES ON TIIE STABILITY OF ,B:-iTIBIOT!CS IN lll(;LET FEEUS
The stability of antibiotics through a six months storage was studied in 48 feed combinations.
The factorial
design covered :
3antibiotics X 2doses (10- Ioop.p.m. r: 2protein level( 1 6- 25
p. roo) X 2lipids
level (o-io p. ioo) ; 2forms(meal, pellet).
Results,
expressed
its percent recovery estimated frommicrobiological activity
varied from r33 to 105p. roo and are summarized in table 6. Conclusions may be as follows :i.
Chlortetrac y clin
is less stable (63 p. too inaverage)
thanoxytetracyclin (8 7
p. roo) andspiramycin
(86 p. roo).2
. The maximum rate of