PHYSIOLOGIE
DUDÉPLACEMENT
DES
SPERMATOZOIDES
DANS LES
VOIES GÉNITALES
FEMELLES CHEZ LA BREBIS ET LA VACHEL. DAUZIER
Station de Recherches de
Physiologie
animaleCentre national de Recherches
zootechniques
Jouy-en-Josas.PLAN DE
MÉMOIRE
Introduction CHAPITRE PREMIER TECHNIQUES UTILISÉES
DISCUSSION DE LEURS CONDITIONS D’EMPLOI I. - Étude des techniques utilisées antérieurement
II. - Techniques utilisées
III. - Valeur des techniques utilisées 1
°
Comparaison
deplusieurs
méthodes au niveau des trompes deFallope.
2
° Nombre de frottis nécessaires pour les
pavillons
et l’utérus.CHAPITRE II
LA MONTÉE DES SPERMATOZOIDES DANS LE TRACTUS
GÉNITAL FEMELLE
(ÉTUDE
CHEZ LA BREBIS ET LAVACHE)
I. - Données bibliographiques II. - Recherches personnelles
1
° Étude chez la Brebis :
a)
Vitesse de montée desspermatozoïdes.
b)
Preuveexpérimentale
c)
Nombre despermatozoïdes
aux différents niveaux du tractusgénital.
2
°
Étude
chez la Vache :a)
Vitesse de montée desspermatozoïdes.
b)
Nombre despermatozoïdes
aux différents niveaux du tractusgénital.
III. - Discussion
CHAPITRE III
SURVIE ET POUVOIR FÉCONDANT DES SPERMATOZOIDES DANS LE TRACTUS GÉNITAL FEMELLE
(ÉTUDE
CHEZ LA BREBIS)I. - Données bibliographiques
II. - Recherches personnelles
1
° Maintien du
pouvoir
fécondant desspermatozoïdes
de Bé-lier dans le tractus
génital
de la Brebis2
° Durée de la
période
de fécondité des ovocytes de Brebis 3° Survie et
résorption
desspermatozoïdes
de Bélier dans letractus
génital
de la BrebisCHAPITRE IV
MÉCANISMES PHYSIOLOGIQUES DE LA MONTÉE DES SPER- MATOZOIDES DANS LE TRACTUS GÉNITAL FEMELLE
(ÉTUDE
CHEZ LABREBIS)
I. - Étude de la montée des spermatozoïdes dans le cervix
1
° Documentation
bibliographique
2
° Résultats
personnels
II. - Facteurs qui conditionnent la progression des spermatozoïdes dans l’utérus
1
°
Bibliographie
2
° Recherches
personnelles : a)
Étude üz vivo.b) Étude
in vitrn.c) Interprétation
des résultats.III. - Facteurs qui conditionnent la progression des spermatozoïdes au niveau de la jonction utéro-tubaire
1
° Résultats antérieurs
2
° Recherches
personnelles
IV. - Facteurs qui conditionnent la progression des spermatozoïdes dans les trompes de Fallope.
1
° Résultats antérieurs 2
° Résultats
personnels
RÉSUMÉ — CONCLUSIONS
INTRODUCTION
I,’Insémination artificielle chez les animaux
domestiques
apermis
de
préciser
leur fertilité dans des conditions où les facteurs limitantsphysiologiques
deviennentprépondérants puisque
la semence est sélec-tionnée à
partir d’éjaculats
de mâles sains et sert à inséminer des femellesqui présentent
descycles
oestriens et ont un rut relativement court.Dans ces conditions on
s’aperçoit
que ces facteursjouent
un rôleimportant, puisque
le taux réel de fécondité nedépasse guère
60 p. 100chez la
Vache,
cequi
revient à direqu’il
faut en moyenne deux interven- tions pour que la totalité des femelles saines soient fécondées.On mesure donc tous les
progrès qui pourraient
être réalisés par une meilleure connaissance des mécanismes mis enjeu depuis
ledépôt
de lasemence
jusqu’à
lagestation.
Pour
qu’une
femelle ait le maximum de chances d’êtrefécondée
il faut donc
pratiquer
l’insémination à un moment tel que lesgamètes
mâlespuissent
se trouver vivants auvoisinage
de l’oeuf peu detemps après
saponte.
Or l’oeuf sedéplaçant
trèslentement,
lesgamètes
mâlesdoivent traverser presque tout le tractus
femelle ;
nous aurons donc à connaître deux variables :- la durée de montée des
spermatozoïdes,
donc les mécanismesphysiologiques
de leurdéplacement ;
- la durée de leur
pouvoir
fécondant dans les voies femelles.Mais la fécondation chez les Mammifères
s’opère
dans des conditions telles quel’analyse
des mécanismes mis enjeu
pour lerapprochement
des
gamètes
n’a pu être réaliséequ’incomplètement,
et sans que des con-frontations
expérimentales
suffisantes aient été tentées pour aboutir à une idée claire de leur enchaînement.De là les contradictions
formelles,
que nous révèlel’analyse
de labibliographie ; qu’il s’agisse
de la remontée desspermatozoïdes
ou deleur survie dans les voies
femelles,
les affirmationsopposées
nepermettent
pas de savoirquel
en est leur déterminismephysiologique
et par consé-quent
nous interdisent d’en tirer desrenseignements susceptibles d’appli-
cation dans les méthodes
d’élevage
des animauxdomestiques.
Pour des raisons
d’économie,
nous avons fondé notre étude sur lesOvins,
l’étendant aux Bovinsquand
cela nous a étépossible,
d’autantque ces
problèmes
seprésentent
sous desaspects identiques
chez ces deuxfamilles, comme nous avons pu le constater.
CHAPITRE PREMIER
TECHNIQUES UTILISÉES
DISCUSSION DE LEURS CONDITIONS D’EMPLOI
I. -
ÉTUDE
DES TECHNIQUESUTILISÉES ANTÉRIEUREMENT
Les auteursqui
ont étudié la montée desspermatozoïdes
dans letractus
génital
femelle ontimaginé,
pour la recherche desgamètes mâles,
destechniques
variéesadaptées
àl’espèce qu’ils
étudiaient maisqui peuvent
être classées en 4catégories :
W
Fragmentation
du tractusgénital, qui
estdécoupé
enpetits tronçons
dans une solutionsaline,
et recherche desspermatozoïdes parmi
les débris cellulaires
(L EWIS
et WRIGHT, 1935, chez laSouris ;
SK:!Txrn!,et
RmvIJArrc!EwA, 194 8,
chez laBrebis).
2
°
Raclage
del’épithélium
interne del’appareil génital
et suspen- sion duproduit
recueilli dans un milieuphysiologique
où lesspermato-
zoïdes sont recherchés. C’est latechnique qu’ont
utilisée YociiEM(ig2g)
chez la Rate ou le
Cobaye, Q UINLAN .
MARE et Roux( 1932 )
chez laBrebis. AusTIrr
(zg 4 8)
a eu recours à une méthodevoisine,
chez laLapine,
ainsi que I,AING
( 1944 )
chez laVache,
en réalisant desfrottis,
parpression
sur des
lames,
de la muqueuse interne defragments
ouverts.3
0 Perfusion du tractus
génital
femelle avec une solutionphysiolo- gique
ou de l’eaudistillée,
soit en se bornant à reconnaître laprésence
des
spermatozoïdes
par examen, entre lame etlamelle,
dequelques gouttes
deperfusat (G RhI ~:·r
et WiNTERS, zg35, chez laBrebis ;
BI,ALrD!uet MONEY, 1944, chez la
Rate),
soit en cherchant àapprécier
leur densité à l’hématimètre(B LANDAU
et ODOR, 1949, chez laRate ; CHANG,
1951, chez laLapine).
Chez la
Brebis,
KELLEY( 1937 ),
PHILLIPS et AxnR!ws( 1937 )
etS
CHOTT et PHILLIPS
( 1941 )
étalent sur unelame,
unepartie
duliquide perfusé,
tandis que STARKE( I g 4 g)
recherche lesspermatozoïdes
dans latotalité du
perfusat
recueilli sur une lame. BRaDEN(ig5 3 ) procède
même avant la numération des
spermatozoïdes
deLapin,
à un enrichisse- ment duperfusat,
parcentrifugation
dans des tubessiliconés, après
addition d’une
goutte
dedétergent.
On
peut rapprocher
de cettetechnique
deperfusion,
la recherche desspermatozoïdes
dans les bourses ovariennes de laFurette,
parexpulsion
de leur contenu sur une lame où les
gamètes
mâles sont décelés(H AM -
MOND et VVa!,TO!r,
zg34).
Varr DEMARKet 3IOELLER
( 1951 ) critiquent
lestechniques
des auteursprécédents :
le refroidissement du tractusprovoquant,
selon eux, unecoagulation
du contenu de lalumière ; aussi,
ceschercheurs, après pré-
ièvement de
l’appareil génital
de laVache,
le maintiennent dans une solutionphysiologique
à3 8°C
et retirent avec uneseringue,
le contenudu
fragment qu’ils déposent
sur une lame dans unegoutte
de solution saline.4
° Fistulation utérine . FLOREY et WALïox
( 1932 )
introduisent parune fistule
utérine,
unepipette humidifiée,
avec duRinger,
dans la lu-mière de l’utérus de la
Lapine,
et parsuccion,
retirent un échantillon du contenuutérin,
tandis que, EVANs(zg 33 )
collecte directement leliquide
séminal
présent
dans les cornes utérines de la Chienne au cours du rap-prochement
sexuel.Chez la
Femme,
cespossibilités d’exploration
nepouvant
être uti-lisées,
la détection desgamètes
mâles se limitegénéralement
au col uté-rin. Elle est
réalisée,
selon le test deSimms-Huhner,
paraspiration
etexamen du mucus
cervical ;
on arrivecependant
àexplorer l’utérus,
par
prélèvement fundique
au moyen d’une canule danslaquelle
on intro-duit une fine
pipette (F ER IN, 194 8;
PAUMER et RAKOS,zg5o).
Ces dernières méthodes bien
qu’ayant l’avantage
depouvoir
êtreutilisées in vivo ne
permettent
pas uneprécision
suffisante dans la loca- lisation desspermatozoïdes.
II. - TECHNIQUES
UTILISÉES
Dès
l’égorgement
desanimaux, l’appareil génital
estprélevé,
en pre- nant le maximum deprécautions
pour éviter toutapport
accidentel despermatozoïdes.
Posé sur une feuille neuve depapier filtre,
le tractus estdébarrassé des tissus
adjacents, puis
fractionné avec des ciseaux(chaque paire
ne servantqu’une fois)
de sapartie
ovarienne vers sapartie vagi- nale,
pour arrêter touteprogression
desspermatozoïdes.
Au niveau des
trompes
de laBrebis,
nous avons choisi pour la recher- che desspermatozoïdes,
unetechnique qui permet
pour cesrégions
oùles
spermatozoïdes
sont peunombreux,
d’obtenir leur nombre totalpar fragment
contrôlé : en maintenant au moyen d’unepince,
une extrémitédu
tronçon
destrompes
àétudier,
et, enpressant
fortement avec la tran-che d’une lame pour
histologie,
de lapartie
fixée vers lapartie libre,
on arrive àexpulser
tout le contenu de lalumière,
ainsi quel’épithélium
tubaire
interne,
sur une lame où ils sont étalés.(Dessin.) ’)
Ces frottis sont faits sur des
fragments
de 2 mmd’ampoule et 4
mm d’isthme pour que la lecture desfrottis,
pastrop épais,
soit facile et sûre.Dans ces
conditî * ons,
tous lesspermatozoïdes présents
dans Laportion
étudiéesont
récupérés.
Toutefois,
pour l’étudeexpérimentale
des mécanismes de la progres- sion desspermatozoïdes,
à lajonction
utéro-tubaire et, dans lestrompes,
cette
technique
n’a pu êtreutilisée,
desspermatozoïdes pouvant
êtreprésents
par suite d’inséminationslocalisées,
sur lapartie
externe de cesrégions, partie qui risque
d’être en contact avec la lame. Dans ces cas,nous avons
perfusé
des fractions detrompes soigneusement disséquées
pour dérouler les anses. Une
aiguille émoussée,
abouchée avec uneseringue pleine
d’eaudistillée,
est introduite dans lestrompes,
et fortement serrée dans la zone depénétration,
pour éviter tout reflux duliquide
deperfu-
sion. L’extrémité libre de la
trompe
estdirigée
avec unepince,
au-dessusd’une
lame,
où leperfusat
est collecté.Après dessiccation,
la totalité duperfusat
est traitée comme les frottisprécédents.
Pour éviter ou détec-ter tout
apport
accidentel despermatozoïdes
en début et find’expérience,
deux lames témoins sont conduites
parallèlement,
en ydéposant
le mêmevolume du
liquide
utilisémais,
sansperfusion
desfragments
d’oviducte.Nous avons
également,
enprenant
laprécaution
deperfuser
surplusieurs
lamessuccessives,
utilisé cettetechnique
dans la recherche desspermatozoïdes
dans lestrompes
deFallope
de laVache,
les frottis réa- lisés parexpulsion
du contenu tubaire étantépais
et difficiles à lire.Pour les
pavillons
etl’utérus,
nousprélevons
sur destronçons préa-
lablement fendus
longitudinalement,
une surface constante, avec un tubeemporte-pièce, puis
effectuons parpression
de la surface de la muqueusesur des
lames,
trois frottis successifs avec le mêmefragment,
pour obte- nir une valeur aussi exacte quepossible,
du nombre despermatozoïdes présents.
I,es
frottis,
ainsi réalisés aux différents niveaux du tractus sont fixésà l’alcool
go o , puis
colorés au roseBengale. Après rinçage
par écoulement d’un filet d’eau sur la tranche de lalame,
l’absence de décollement desgamètes
étant vérifiée sur des lamestémoin,
les frottis sont séchéspuis
examinés. I,a recherche
systématique
desspermatozoïdes
colorés est faitepar
exploration complète
de la lame par bandes horizontales sur laplatine
d’un
microscope (grossissement
X6 0 ) ;
dans les cas douteux de débris cellulaires ayant une forme voisine desspermatozoïdes
une vérification est faite avec legrossissement
X 300.Pour la recherche des
spermatozoïdes vivants,
nous avons recoursà la méthode de SKaTKirr! et
R Ul B1 JANCEWA (rgq.8).
Pourcela,
pargrat- tage
avec la tranche d’unelame,
nousrécupérons
desfragments
de lamuqueuse interne
qui
sontdéposés
dansquelques gouttes
de sérumphy- siologique
à37 °C
pour examen entre lame etlamelle,
à l’aide d’un micro- scope à contraste dephase (oculaire
X!,6 ; objectif
X25 ).
Pour évitertoute
omission, après brassage
dequelques gouttes
de sérumphysiologique déposées
et étalées sur la muqueuseutérine,
nous enprélevons
une cer-taine
quantité,
examinée entre lame etlamelle,
pour la détection desgamètes
mâles vivants éventuellementprésents.
III. - VALEUR DES TECHNIQUES
UTILISÉES
Des fautes initiales nous
ayant
montréqu’il
fautprendre
despré-
cautions
rigoureuses
dans lenettoyage et
l’utilisation dumaté y iel,
nous n’uti-lisons
qu’une
fois lespinces
etciseaux,
traités aumélange
sulfo-chromi- quechaud, puis
rincés à l’eau courante, pour fairedisparaître
tout sper- matozoïdeprésent.
En outre, nous n’avons recoursqu’à
de la verrerie et desproduits neufs, n’ayant jamais
été en contact avec le matérielutilisé couramment au laboratoire. Toutes les fois que ces
précautions
fondamentales furent
délaissées,
nos résultats furent erronés comme nousl’a
prouvé
l’étude des lames témoins.Indépendamment
desprécautions prises pendant
lesmanipulations,
nous avons vérifié la valeur de nos
techniques.
1
0 Comparaison de plusieurs méthodes au niveau des trompes de Fallope.
a)
Nous comparons dans ce but, les nombres despermatozoïdes
trouvés par frottis à ceux obtenus à
partir
de coupes de 10 usériées, longitudinales,
defragments préalablement ligaturés
aux deux extré-mités,
etprélevés
sur les mêmes oviductes( 5
animauxutilisés).
Unecoloration des coupes à
l’hématoxyline permet
la détection des sperma- tozoïdes aumicroscope (oculaire
X5 ,6 ; objectif
X25 ).
Les deux techni- ques donnent des résultatsidentiques,
laprésence
ou l’absencede sperma-
tozoïdes étant observées
simultanément,
cequi
nous apermis
d’aban-donner les coupes sériées pour le travail de
routine,
l’étude d’un seulfragment exigeant plusieurs jours
de travail àplusieurs
personnes.b) Après
avoirdépouillé
les résultats obtenus parfrottis,
et fixé les intervalles detemps
entre le coït et leprélèvement
du tractus, néces-saires à la
présence
degamètes
mâles dansl’isthme,
nous avons confronté les données des frottis à celles obtenuesaprès
laperfusion.
Il ressort du tableau I que les
spermatozoïdes
sont trouvés dans lamême
région
du tractus, et nonplus près
del’ovaire,
au même momentpar
rapport
au coït. Latechnique
deperfusion permet
toutefois de dé- nombrerplus
despermatozoïdes
dans lestrompes,
cequi
estnormal, puisque
lefragment
étudié estbeaucoup plus long
dans ce cas( 4 - 5 cm).
2
° Nombre de frottis nécessaires pour les pavillons, l’utérus et les cornes utérines.
La numération des
gamètes
sur les trois frottis successifs réalisés à un même niveau de tractus ayant montré que la troisième lame ne contenaitjamais plus
de 16 p. 100 du nombre total despermatozoïdes
recueillis sur les trois
lames,
nous avonsconclu,
d’unepart
que la techni- que deprélèvement
parfrottis,
pour les organesmentionnés, permet
d’obtenir une valeur exacte du nombre despermatozoïdes présents,
d’autrepart qu’il
estpratiquement
inutile d’effectuer un troisième frottis pourchaque prélèvement (tableau II).
En outre, les
pourcentages
du nombre despermatozoïdes
trouvéssur la deuxième lame au nombre de
spermatozoïdes comptés
sur les deuxpremières lames, sont[répartis autour[ d’une
moyenne de 15,4, leur dis-tribution étant
représentée
sur lafigure
i. En effectuant un seul frottisavec
chaque fragment,
on a donc uneapproximation
suffisante du nom-bre de
spermatozoïdes présents,
d’autant quelorsqu’un
oudeux sperma-
tozoïdes seulement sont dénombrés sur le
premier frottis,
il n’en ajamais
été trouvé sur les deuxième et troisième lames.
1,’analyse physiologique
de laprogression
desspermatozoïdes
comme nous le verrons, a totalement confirmé la valeur de la méthode des frottis et son exactitude.
CHAPITRE II
LA
1IONTÉE
DES SPERMATOZOIDES DANS LE TRACTUSGÉNITAL
FEMELLE(Étude
chez la Brebis et chez laVache).
I. -
DONNÉES
BIBLIOGRAPHIQUESChez certaines
espèces,
les auteurs sont unanimes dans l’estimation des durées de montée desspermatozoïdes,
soit trèsbrèves,
soit très lon-gues, alors que dans d’autres cas, ils aboutissent à des résultats
opposés,
les
progressions quasi-instantanées
desspermatozoïdes signalées
par les uns, étant contestées par ceuxqui
trouvent des vitesses de montée beau- coupplus
faibles.Ainsi 1,Ewis et MRIGHT
( 1935 )
ont observé chez laSouris,
que lesspermatozoïdes atteignent
le sommet destrompes
en 15 minutes. Chez la Rate, HARTMANNet BAU<(ig 3 o),
GENELL( 193 2),
RossMAN(1937),
PARIS( i
942
) signalent
quequelques
minutesaprès l’éj aculation,
lesspermatozoï-
des de Rat sont disséminés dans les cornes
utérines,
BLANDAU et MONEY(1
944
)
constatentqu’à
z5minutes,
lesspermatozoïdes
sontprésents
dansl’ampoule
de 20des
ratesinséminées,
de 62 p. 100 à 30minutes,
et de 86 p. 100 à 45 minutes. Ces auteurs n’ont pas étudié de temps inférieur à 15minutes,
alors que pour WARREN( 193 8)
lesspermatozoïdes
attei-gnent
le sacpériovarien
en i minute et demie.I!t,oRE1 et BVAi/fON
( 1932 )
chez leCobaye,
Evaws( 1933 )
chez laChienne, récupèrent
desspermatozoïdes
au niveau de fistules utérines aussitôtaprès
le coït. Chez cette dernièreespèce,
WHt’rrr!y( 1927 )
trouvedes
gamètes
mâles dans les boursesovariennes,
20 minutesaprès
le débutdu
rapprochement
sexuel.Au
contraire,
chez leFuret,
pour HAMMOND et WALTO!N(1934)
les
spermatozoïdes
sont auvoisinage
de l’ovaire 6 heuresaprès
le coït.Il en est de même pour la
Lapine, puisque,
si CHANG( 1952 ) signale
unedurée de montée des
spermatozoïdes
de iheure,
laplupart
des auteurstrouvent que les
gamètes
mâles mettentplusieurs
heures pour traverser le tractusgénital :
2 h 45 pour HENSEN(i8 7 6),
3 heures pour PARKER(193 0
),
4 heures pour H!aP!(igo5),
HAMMOND( 1934 ),
SAN MARTIN(1951),
BRADE-1!( 1953 ),
6 à 8 heures pour SKATKINE etRu M jANZEWA
( I948) !
Chez la
Brebis,
les résultats se contredisent nettement. C’est ainsi queQ UIN I,A N ,
MARE et Roux(Ig32),
GREEN et ‘!!INT!RS(Ig35),
KELLEY(
1937
)
ont évalué la durée de montée à un minimum de5 -6 heures,
LOPYRIN et I,oGINOVA(1939)
à 8 h 40 mn, tandis que PHILLIPS et AN-DR!ws
( 1937 )
estiment que, dans laplupart
des cas, lesspermatozoïdes atteignent
lepavillon
en moins de 30minutes. SCHOTT et PHILLIPS( 194 1),
STARI!!
( 1949 ) approuvent
les conclusions de ces auteurs, et admettentqu’en
moins de 20 minutes(à partir
de 6minutes, S’rARK!, I g 49 ),
il estpossible
de retrouver desspermatozoïdes
dans lapartie
terminale destrompes.
On relève des contradictions aussi nettes chez la Vache. Pour BES-
cH!,!Brrov
( 193 8),
lespremiers spermatozoïdes atteignent l’ampoule
4
heures
après l’accouplement ;
de même BR!wsT!ER, MAYet Cor,!(1940) signalent
des durées voisines de 5 h 30 chez la Vache et 4 h 23 chez laGénisse,
tandis que Varr DEMARR et M9!!,!!x( 1951 )
les trouventdans la
partie supérieure
destrompes
dès deux minutes et demieaprès
le coït.
II. - RECHERCHES PERSONNELLES ,
1
0
Étude
chez la Brebis.a)
Vitesse de montée des spermatozoïdes de Bélier. - 27 Brebis ont étéaccouplées
dèsl’apparition
des chaleurs et 35 autres vers la fin de celles-ci(Brebis
de racesIle-de-France,
37 ;Solognottes,
zç ; Berrichonnes duCher, 6 ;
Mérinos deRambouillet, 5 ).
Les résultats obtenus en début de rut, sont
présentés
dans letableau III
quand
l’intervalle entre le coït et leprélèvement
est in-férieur ou
égal
à iheure,
et dans le tableau IV pour les intervallessupérieurs.
On constate que les
spermatozoïdes
sont parvenus au milieu du col de l’utérus 15 minutesaprès l’accouplement
et ont franchi le cervixen 30 minutes. Le sommet des cornes utérines est atteint au bout de
2 heures chez 2 brebis sur 3 et de l heure dans un seul cas.
La montée des
spermatozoïdes
dans les oviductes estplus lente,
on en trouve au milieu de l’isthme à
partir
de 6 heures et au milieu del’ampoule
àpartir
de 8 heures.Des vitesses de montée
plus grandes,
du moins dans lapartie
cervico-utérine, ont été obtenues avec les Brebis
accouplées
vers la fin des cha-leurs
(tableaux
V etVI).
En
effet,
le cervix est franchi en 30 minutes et dans un cas, il l’est même 15 minutesaprès
le coït. Lesspermatozoïdes
sontprésents
ausommet des cornes, chez 2 des 6 Brebis
abattues,
30 minutes(l’une)
et i heure
(l’autre), après l’accouplement,
mais ilsn’atteignent jamais
le milieu de l’isthme
avant 4
heures et lepavillon
avant 9 heures.Sur les
figures
2 et 3, où l’abscissereprésente
les heures et l’ordonnéeles
longueurs
parcourues par lesspermatozoïdes (la longueur
moyennedu tractus de l’extrémité
postérieure
du cervix aupavillon
étant de3
8 cm),
onporte
les valeursqui indiquent
le niveau atteint par les sperma- tozoïdes.1
«
a
dispersion
despoints
pour les Brebis abattues en début et enfin de rut, montre une
grande
variabilité individuelle. C’est ainsi que lesspermatozoïdes atteignent
le sommet des cornes utérinesrespective-
ment entre 9 heures et 13 heures
après l’accouplement chez Brebis accouplées
en début de rut, et entre 9 heures et 12 heures chez 4 Brebis abattues en fin de rut.Malgré
cettegrande variabilité,
la corrélation entre les distances par-courues par les
spermatozoïdes
et letemps
est de 0,72et de0 , 7 8 lorsque
le coït a lieu en début et fin de rut.
Les coefficients de
régression
ont des valeurssignificatives
etégales (i,
4
),
larégression
n’étant toutefois pas linéaire. Les vitesses moyennes de montée desspermatozoïdes qu’e Y printent
ces coefficients sont doncindépendantes
du moment des chaleurs. Si lesspermatozoïdes atteignent
plus
vite l’isthme et lepavillon
en fin de rut, bien que les vitesses moyennes deprogression
soientidentiques,
c’est donc que certains facteurspeuvent
retarderplus
ou moins cetteremontée,
aussitôtaprès l’accouplement ;
on doit
penser
que c’est le cervixqui peut
faciliter ouretarder,
audépart,
la
progression
desspermatozoïdes.
b)
Preuveexpérimentale.
- Bien que nous étant assurés de la valeur de nostechniques,
nous avons tenu à recouper ces résultats avec ceuxobtenus par
ligature
du tractusgénital
de laBrebis,
selon unetechnique
utilisée chez la
Lapine
par ADAMS( 195 6)
et GREEN WALD(i9!6).
Une seule
trompe
estligaturée,
la deuxième servant de témoin. Nousopérons
parlaparotomie
sous anesthésie auchloral, qui,
comme nous leverrons dans notre étude sur le mécanisme
physiologique
de la montéedes
spermatozoïdes
dans les voiesfemelles, n’empêche
pas laprogression
des
spermatozoïdes
dans les cornes utérines et lestrompes
deFallope
deBrebis abattues
quelques
heuresaprès
l’interventionchirurgicale.
l,es
ligatures
sont faites à différents niveaux des. tractusgénitaux,
à des intervalles de
temps
parrapport
au coït,légèrement
inférieurs à la durée minimum de remontée desgamètes
mâlesestimée, d’après
les résul-tats
précédents, jusqu’à
la zoneligaturée.
Dans ces
conditions,
les oeufsrécupérés,
chez les Brebis abattues3
jours après l’opération,
doivent être fécondés du côté témoin etdégé-
nérés du côté
ligaturé,
résultat que nous avons vérifié(tableau VII).
Dans un seul cas, une fécondation a été obtenue, mais la
ligature
avait été réalisée au bas
de l’isthme,
i heureaprès
le coït, moment oùnous avions
également
dénombré desspermatozoïdes
par frottis dans la même zone.Des numérations de
spermatozoïdes,
ayantpénétré
dans la membranepellucide
des oeufs fécondés oudégénérés,
ontprouvé (tableau VII)
que, du côté
ligaturé,
les oeufs n’avaient été atteints par aucungamète mâle,
cequi
confirme les résultats obtenus par frottis etperfusion,
surla vitesse de
progression
desspermatozoïdes.
Lepetit
nombre de sp!rma- tozoïdesprésents
dans les oeufs de brebis corrobore les observations d’ÂDAMS
( 195 6)
chez laLapine
et prouve que chez la Brebis unpetit
nombre de
spermatozoïdes
seulementprogressent
dans lestrompes
deFallope.
c)
Nombre de spermatozoïdes aux différents niveaux du tractus génital. - L’étude de la vitesse deprogression
desspermatozoïdes
ne nous fournit aucune donnée
quantitative ;
or, il est intéressant de connaître en fonction dutemps,
le nombre degamètes
mâlesprésents
aux différents niveaux du tractus
génital.
D’après
les tableaux III, IV, V, VI, il y a de trèsgrandes
variationsmises en évidence sur la
figure
q, où l’ordonnéeexprime
la racine carrée du nombre(N)
despermatozoïdes
trouvés dans larégion
du tractusgénital indiqué
en abscisse.30 minutes
après
le coït, laplus grande quantité
despermatozoïdes
se trouve dans
l’utérus,
leur nombre diminue en remontant vers le som-met des cornes.
A 2,
6,
9 et 12heures,
les courbes accusent un sommet enCl, qui correspond
à une accumulation desspermatozoïdes
à l’extrémitésupé-
rieure des cornes utérines. La
pente brusque
de la courbe entre Cl et A2(milieu
del’isthme)
montre que seulsquelques spermatozoïdes progressent
dans lestrompes
deFallope.
Dans un autre ordre
d’idées,
lafigure
prouve que le nombre total despermatozoïdes présents
dans les cornesaugmente jusqu’à
12 heures.Néanmoins,
les nombres despermatozoïdes indiqués
dans les ta-bleaux III, IV, V, VI, montrent
qu’il
nepénètre
dans l’utérus et lescornes,
qu’un
faiblepourcentage
de la multitude(de
l’ordre dumilliard)
de
permatozoïdes éjaculés
dans levagin, compte
tenu de laproportion
de la surface utérine
prélevée (environ
le1 / 100
de la surfacetotale).
Le cervix constituerait donc un obstacle à la remontée des
spermato-
zoïdes et limiterait le nombre total despermatozoïdes qui progressent
dans le tractus, cequi expliquerait
pour unegrande part,
lesvariations,
en valeur
absolue,
du nombre despermatozoïdes
trouvés en un mêmepoint
du tractus chez des Brebis abattues à destemps comparables,
variations
qui apparaissent
sur les tableaux III, IV, V et VI. On ne peuten effet
imputer
ces variations à des différences de la motilité du sperme et à des variations du nombre despermatozoïdes
anormaux, les contrôles du sperme effectuésn’ayant
pas révélé de différencesappréciables
entreles
éjaculats.
’_’!
Étude
(!hez la Vache.10 Vaches ont été
accouplées
avec des Taureaux fertiles, et dont laqualité
de la semence étaitrégulièrement
contrôlée.Après abattage,
dèsle
prélèvement
du tractusgénital,
latrompe
est immédiatementligaturée
aux deux
extrémités, puis déposée
dans un bain à3 8°C.
Eneffet,
VANDE
MARK et MOELLER
( 1951 ) prétendent
que le refroidissement du trac- tusgénital produit
unecoagulation
du contenu de la lumièrequi gêne
larécupération
desspermatozoïdes
dans leperfusat.
Contrairement à laBrebis,
nous avons eu recours à laperfusion
destrompes,
utilisant l’eau tiède pour l’oviducte maintenu à3 8°C, l’expulsion
du contenu tubaire, parraclage,
donnant des frottis difficiles à lire. Dans les cornesutérines,
lesspermatozoïdes
ont été localisés parfrottis,
etcomptés,
dans la tota-lité de cet organe
après perfusion,
leur numération étant effectuée sur i cede
perfusat
recueilli sur une lame neuve et coloréaprès séchage.
On aainsi une
représentation plus
exacte du nombre despermatozoïdes,
surtout
quand
il y en a peu, que par numération à l’hématimètre.a)
Vitesse de montée des spermatozoïdes. - Il ressortdu
tableau VIII que lesspermatozoïdes
sontprésents
dans le bas de l’isthme dès la 4e heureaprès l’accouplement,
mais ilsn’atteignent
pas la zone inférieure del’ampoule
avant 8heures,
et lapartie supérieure,
avant 12 heures,résultats que nous avons obtenus aussi bien du côté maintenu à
3 8°C,
que du côté traité selon la
technique
utilisée pour lesBrebis,
c’est-à-diremanipulé
à latempérature
ambiante. Paraspiration
du contenu destrompes
deFallope
maintenues à3 8°C (technique
de VAN DEMARK etM
OELLER
),
les résultats sontidentiques.
Mais,
comme chez laBrebis,
il y a unegrande
variabilité dans la vitesse de montée desspermatozoïdes ;
c’est ainsi que chez 2 vachesaccouplées
8 heuresauparavant
lesspermatozoïdes
n’avaient atteint que le sommet des cornesutérines ;
chez une vache abattue 12 heuresaprès
le coït, lesspermatozoïdes
n’étaientprésents
quejusqu’à
lapartie
inférieure de l’isthme. En outre, on constate
parfois
laprésence,
dans lescornes
utérines,
d’un mucus très clair etvisqueux, qui peut
exister enquantité
assez abondante(jusqu’à
une dizaine decc).
b)
Nombre de spermatozoïdes aux différents niveaux du tractus génital.-
Malgré
degrandes
variations individuelles(tableau IX),
legrand
nombre de
spermatozoïdes présents
dans les cornes utérines dès la 4e heureaprès
le coït, nereprésente qu’une
faibleproportion
desgamètes éjaculés
dans levagin,
le cervix limitant leurprogression.
Bien que le nombre de
spermatozoïdes
dans lestrompes
deFallope augmente
avec letemps,
lajonction
utéro-tubairereprésente
un 2e ob-stacle
majeur qui
n’est franchi que par une infimeproportion
de sperma- tozoïdes(tableau IX), qui
ont atteint le sommet des cornes utérines.III. - DISCUSSION
Nos résultats sur la montée des
spermatozoïdes
dans les voies fe- nielles de la Brebis et de laVache,
sont enopposition complète
avec ceuxde PHIIJJPS et ANDREWS
( 1937 ),
SCHOTT et PHILLIPS( 1941 ),
STARKE(
I949
)
chez la Brebis et de VAN DEMARKet MOELLER( 1951 )
chez la Vache.Alors que ces auteurs trouvent que les
spermatozoïdes atteignent,
dans la
plupart
des cas, lapartie
ovarienne destrompes
deFallope
enquelques minutes,
nous constatons enréalité,
chez ces deuxespèces,
unevitesse de montée des
spermatozoïdes beaucoup plus
faible et unegrande
variabilité individuelle.
Les résultats
identiques
obtenus chez la Brebis par :-
frottis,
-
perfusion,
- coupes sériées
longitudinales
defragments ligaturés
aux deuxextrémités
après
leurprélèvement,
-
ligature
et recherche des oeufs éventuellementfécondés,
et numé- ration desspermatozoïdes présents
dans leur membranepellucide,
con-firment la valeur de nos
techniques
tant chez la Vache que chez la Brebis.Les observations
opposées
des auteurs, pourlesquels
lesspermato-
zoïdesprogressent
trèsvite,
seraient vraisemblablement dues à des fautestechniques,
car, dès que nous avons délaissé lesprécautions
fondamentales que nous avonssignalées,
l’étude des lames témoins nous aprouvé
quenos
résultats,
bienqu’identiques
à ceux de ceschercheurs,
étaient erronés.Ces fautes
techniques peuvent
être de deux ordres :- La
plus
courante résulte d’unepollution
du matériel(ciseaux, pinces, lames, colorants),
soit par desspermatozoïdes apportés
acci-dentellement au cours des
manipulations
desparties
du tractus riches engamètes mâles, soit,
par desspermatozoïdes présents
sur du matérieldéjà
utilisé dans desexpériences
antérieures.- Une autre cause d’erreur
peut provenir
d’une mauvaise inter-prétation
desimages
vues aumicroscope,
surtout en utilisant latechnique
de VAN DEMARK et MOELLER. En
effet,
avec examen desprélèvements
du contenu
tubaire,
de très nombreuses cellules ciliées sont observées et ilfaut,
enopérant
sous fortgrossissement,
une trèsgrande
attentionpour différencier certaines cellules ciliées des
spermatozoïdes.
L’étude
des variations du nombre despermatozoïdes
au niveaudes tractus
génitaux
de la Brebis et de la Vache met en évidence le rôleimportant
quejoue
le cervix dans la montée desspermatozoïdes.
Le col de l’utérus se
comporte
comme un lieu d’accumulation desgamè-
tes mâles
puisqu’il
y a dans l’utérus une arrivée continuelle de sperma- tozoï
des