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66 millions de procureurs... ou de citoyens et citoyennes?

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Academic year: 2022

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1 66 millions de procureurs 2 Edito

3 Pensions : 22 ans de recul et spoliation 4 Petit dictionnaire de la pensée libérale 5 La lecture, un véritable antidote ! 6 On nous prend toujours pour des cons ! 7 La loi de 1905

8 Faites vos jeux !

Tél : 03 20 51 29 80 | E-mail : snu59@snuipp.fr Adresse : 276 BOULEVARD DE L’USINE - 59800 LILLE

SNUipp-FSU-Nord @SNUIPPFSU59

La lettre des retraités-es du SNUipp-FSU Nord

Février 2021

Le 19 février 2021

CPPAP: 0919 S 06973

Février 2021

Tirage : 132 Bimestriel

66 millions de procureurs ...

ou de citoyens et citoyennes ?

Après les illettrés, les gens qui ne sont rien, les fainéants,

les gaulois réfractaires, ceux qui doivent traverser la rue

pour trouver un emploi et divers autres qualificatifs tout

aussi déplacés, voilà que maintenant les Français et les

Françaises-ses seraient des procureurs prêts-tes à bondir

sur la moindre petite erreur du Président de la République

et de son gouvernement.

(2)

2

E dito

Bruno ROBIN

Si cette nouvelle intervention d’E. Macron n’était pas

aussi dramatique tant elle dénote son mépris des fondements constitutionnels de la France, on pourrait lui rétorquer que, contrairement à son idéal souverainiste, notre pays est constitué de citoyens et citoyennes, chacun et chacune investis du pouvoir de voter. Depuis 1789, les privilèges monarchiques sont abolis, ne lui en déplaise.

Douter n’est pas comploter

Le terme de « complotiste » n’a jamais autant été utilisé pour désigner ceux qui doutent sérieusement des annonces du Président et des ministres, le premier en tête, qui, depuis le début de la pandémie, ont brillé par leur capacité à dire tout et son contraire d’une journée à l’autre. Sans parler de leurs interventions contradictoires ! Que l’on soit sceptique sur la capacité de ces décideurs aux ordres d’un conseil sanitaire (ou de défense) sans légitimité, dont l’opacité en étonne plus d’un, à gérer une crise historique qui laissera des traces dans l’avenir de la France ne veut pas dire que l’on adhère à des thèses qui feraient de chacun-ne d’entre nous les victimes d’une intervention supérieure manipulée par les plus grosses fortunes mondiales. Car ces nombreux errements créent le doute et le pas est facilement franchi pour s’interroger sur une vérité imposée par les nombreux commentateurs politiques, médicaux ou autres éditorialistes, tous pouvant être soupçonnés de délivrer un message universel destiné à faire passer des vessies pour des lanternes.

Toujours les mêmes recettes

Pendant que l’on soigne, que l’on teste, que l’on vaccine ou que l’on inhume les plus fragiles d’entre nous, les affaires courantes perdurent pour ce gouvernement mis en place pour attaquer les fondements de la République que sont la protection sociale, les services publics et l’organisation du travail. Récemment encore, procédant par ordonnance, le gouvernement a donné la priorité aux débiteurs et non plus aux salariés pour gérer la créance lors d’une liquidation judiciaire.

Ainsi nous annonce-t-on qu’un jour ou l’autre, il faudra bien régler la dette accumulée qui place la France dans une situation économique dégradée historique. Et bien sûr cette ritournelle habituelle est véhiculée sur tous les médias, qu’ils soient publics ou privés, pour asséner le sempiternel message qui affirme que tous et toutes, actifs-ves et retraiés- es, il faudra bien mettre la main à la poche pour passer du

« quoi qu’il en coûte » au « ce que ça coûte ». Sans aucune perspective d’aller chercher les sous là où ils sont effectivement en quantité plus que suffisante. Pour E.

Macron, on ne scie pas la branche sur laquelle on est assis.

Des conséquences préjudiciables à tous

Dans le contexte sociétal actuel, toutes les valeurs Républicaines sont mises à mal. Malgré les conséquences dommageables pour chacun-ne d’une politique néo-libérale qui montre ses limites et qui impacte gravement le quotidien

des Français-ses, le gouvernement poursuit sa feuille de route en total mépris de la constitution de la 5ème République. Les assemblées représentatives sont ignorées, le Conseil des Ministres n’est plus que la chambre d’enregistrement du monarque auto-proclamé qui, du haut de son conseil sanitaire (ou de défense), prend, seul, les décisions qui sont imposées à la population au nom de la COVID qui, en la circonstance, a bon dos. Nos libertés sont bafouées et c’est d’isolement dont nous devons parler. Les jeunes comme les retraités ont le sentiment qu’on leur vole du temps qu’ils ne reverront plus.

Affirmer les solidarités intergénérationnelles

Face à ce constat, nous devons être à l’offensive et refuser de prendre des coups sans combattre. Plus que jamais, les retraité-es doivent revendiquer toute leur place dans la société et conforter un lien fort avec les actifs-ves qui seront les retraités-es de demain. Particulièrement concernés-es par notre système de santé, nous devons refuser la casse de notre sécurité sociale et continuer d’exiger le 100 % sécu en réaffirmant le « chacun paie selon ses moyens et reçoit selon ses besoins » tout en refusant la création de la cinquième branche dépendance à la sauce gouvernementale. La solidarité intergénérationnelle est l’intérêt de tous, jeunes et moins jeunes. Il y a urgence d’un débat national sur la couverture universelle et sur la place des mutuelles dans notre système de santé avec pour principe de refuser que celle-ci soit dépendante du niveau de revenus des assurés.

Tout ce qui a contribué à organiser cette solidarité dans notre profession est aujourd’hui remis en question et souvent par ceux-là même qui en avaient fait leur cheval de bataille. La MAIF, la MGEN, la MAE s’éloignent progressivement des valeurs qu’elles portaient depuis leur création et adoptent de plus en plus les critères de gestion du privé. L’autonome de Solidarité, aujourd’hui, s’apprête à recruter dans les sphères privées piétinant au passage ses fondements Laïques.

Il faut rompre l’isolement et pour cela, nous devons tous- tes agir pour, autour de nous, veiller à ne laisser personne seul et en souffrance. Actifs-ves et retraités-es, même combat dans l’unité pour refuser l’inacceptable et défendre les acquis de l’après-guerre.

(3)

Calendrier d’une paupérisation voulue et assumée débutée en 1982 dans le cadre du Plan de Blocage des salaires, elle se poursuit en 1987 sous le gouvernement Jacques Chirac avec la non indexation des retraites sur les salaires.

Les retraités sont dès lors exclus de tout bénéfice des fruits de la croissance.

1993 : Balladur, 1er ministre, fait voter une loi qui réduit considérablement les pensions versées par la CNAV.

Les travailleurs du privé voient leur retraite calculée sur les 25 meilleures années au lieu des 10.

La situation se dégrade progressivement pour les bénéficiaires nés en 1935 pour atteindre le plein rendement de la réforme pour les personnes nées en 1948.

La réforme fait passer la validation pour bénéficier d’une retraite complète de 150 à 160 trimestres travaillés.

Cette réforme nous éclaire sur les objectifs régressifs d’une retraite par points. Un calcul ayant pour référence l’ensemble de la carrière sera toujours plus défavorable que celui effectué sur un nombre de trimestres.

2003 à 2005 : Chirac à l’Elysée, Fillon aux affaires sociales, retardent l’alignement des pensions sur les prix et mettent fin au dispositif de péréquation qui permettait aux retraités de bénéficier automatiquement des revalorisations accordées aux actifs.

Le 21 août 2003, la réforme Balladur est étendue à la fonction publique.

Elle rompt avec la tradition de négociation annuelle sur la revalorisation des retraites.

A compter du 1er août 2004, le coefficient de revalorisation est fixé sur l’évolution prévisionnelle des prix à la consommation hors tabac.

La loi est organisée autour de 8 axes :

Augmentation de la durée d’assurance : passage de 40 à 41 annuités en 2012 pour une retraite à taux plein, modification de la formule de calcul (décote, surcote).

Incitation au travail au-delà de 60 ans : création d’un régime cumul emploi retraite spécifique, durcissement des possibilités de mise à la retraite, majoration de la pension…

Harmonisation du régime général et des régimes de la fonction publique : alignement du nombre de trimestres nécessaire, instauration d’un coefficient d’anticipation qui est un coefficient uniquement applicable dans le calcul de la retraite complémentaire qui minore le taux de votre pension si vous n'avez pas la durée d’assurance requise.

Neutralisation de la baisse de rémunération due à la retraite pour les bas salaires : pour une carrière complète d’un salarié au SMIC, la pension de retraire sera égale à 85% du SMIC net ;

Augmentation des cotisations : une majoration de 1,2 point est prévue à compter de 2006 ;

Possibilité de racheter des annuités manquantes par le versement de cotisations volontaires ;

Développement de l’épargne salariale : création d’un plan épargne pour la retraite, substitution du PPESV (Plan partenarial d'épargne salariale volontaire) créé par la loi Fabius en février 2001 par un PPESVR (plan partenarial d'e pargne salariale volontaire retraite).

Réforme du régime des non salariés : création d’un régime complémentaire obligatoire de retraite pour les BIC (Bénéfices industriels et commerciaux) : amélioration des conditions de validation des trimestres, réforme du mode de financement du régime vieillesse…

2008 : Sarkozy est à l’Elysée, Fillon à Matignon. Le relèvement annuel des pensions passe de janvier à avril.

Instauré dans les années 1950, le dispositif dit de la "demi-part des veuves" qui permettait de bénéficier d'un quotient à 1,5 a été supprimé sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Seules les personnes vivant seules et ayant élevé seules pendant 5 ans un enfant (qui n'est plus à leur charge) ont droit à la demi part supplémentaire. Cet enfant peut être majeur, marié ou pacsé, mineur à condition d'être imposé en son propre nom. La condition des 5 ans est imposée depuis 2010.

2013 : Sous la présidence de Hollande un prélèvement de 0,3 % sur les pensions est mis en place au titre de la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (CASA).

De report des revalorisations en prélèvements supplémentaires les pensions nettes n’ont augmenté que de 0,1 % entre avril 2013 et septembre 2017.

2020 : les pensions des retraités gagnant moins de 2.000 euros sont revalorisées par rapport à l’inflation. Ce sera le cas pour l’ensemble des retraités à partir de 2021.

d'assurance vieillesse seront revalorisées de 0,4%.

Nouvelles menaces sur les pensions

La crise de la COVID est instrumentalisée pour renforcer l’idée que les pensions deviennent une variable d’ajustement budgétaire.

Le COR (conseil d’orientation des retraites) a estimé en juin que le déficit était de 27 milliards soit plus de 11 fois celui de 2019.

La dépense liée aux retraites n’y est pour rien. Ce déficit s’explique par l’impact de la crise du COVID sur les ressources des caisses : perte massive d’emplois, exonérations de cotisations patronales…

L’imputation de ces dépenses, qui répondent à des choix assumés du gouvernement, sur le financement de la sécu signifierait que c’est à l’assurance maladie de financer l’activité économique.

L’isolement de la dette sociale du reste de la dette publique aboutirait à un étranglement de la sécurité sociale qui devrait rembourser par le biais de la CADES (caisse d’amortissement de la dette sociale) en 2033 au plus tard à des taux d’intérêts plus élevés que pour la dette publique.

La pension de réversion voit ses fondements remis en cause.

La pertinence du maintien du système de pension de réversion est remise en cause par le gouvernement. En clair, la pension de réversion repose aujourd’hui sur un modèle de couple marié et stable dans le temps, où le mari est le principal apporteur de ressources et la femme se consacre au foyer. Ils s’unissent au début de la vie active et partagent leurs retraites jusqu’à la mort du conjoint (le plus souvent l’époux). C’est évidemment de moins en moins le cas. Les générations nées au début du XXe siècle avaient un taux de nuptialité de 90% et un taux de divorce limité, tandis que les générations nées dans les années quatre-vingt ont plutôt un taux proche de 75% et un taux de divorce de 50%.

Le projet de réforme des retraites (ajourné pour cause de Covid-19) prévoit de revoir le mécanisme. Une nouvelle logique serait mise en place : la reversion ne consisterait plus à reverser au conjoint survivant une partie des droits acquis par le conjoint décédé, mais à assurer au couple marié un niveau de vie face au risque de veuvage.

Le montant versé garantirait au conjoint survivant un revenu égal à 70%

des retraites totales du couple. Ce droit resterait ouvert uniquement aux couples mariés.

Baisse des pensions, 5ème branche de la sécurité sociale, loi sur le grand âge Le financement de la perte d’autonomie par la création d’une 5ème branche de la sécurité sociale voulue par le gouvernement propose des mesures annonciatrices d’une baisse des pensions.

Des pistes à plusieurs niveaux sont à l’étude pour financer cette 5ème branche :

1ère mesure : augmentation de la CSG de 10 % pour les retraités pour la mettre au niveau des actifs.

2ème mesure : augmentation des impôts pour les retraités par diminution de l’abattement ramené à 5 % au lieu de 10 %.

Ce dispositif augmente les impôts pour les retraités déjà imposables et rend à leur tour des milliers de retraités qui ne l’étaient pas, imposables.

Cerise sur le gâteau, les nouveaux imposables n’ont plus droit aux dispositifs d’aide.

3ème mesure : obligation faite aux salariés d’une deuxième journée de solidarité. Cela se concrétise par le doublement de la CASA pour les retraités : 0,6 %

4ème mesure : retrait de l’exonération de cotisation patronale pour les personnes de plus de 70 ans.

De plus, le crédit d’impôt serait limité à 6 000 € par année. Cela représente une aide de 40 mn par jour.

5ème mesure : abaissement du plafond de la réduction au titre des frais de dépendance et d’hébergement pour les personnes âgées

accueillies

en établissement.

6ème mesure : modification du montant de l’APA en fonction des patrimoines.

4,2 milliards seraient pris aux retraités soit 70 % des 6 milliards nécessaires. La future loi sur le grand âge est renvoyée en fin de mandature.

La FSU revendique que la perte d’autonomie soit prise en charge à 100 % par la sécurité sociale.

L a vie militante

André LEGER

3

PENSIONS : 22 ANS DE RECUL ET SPOLIATIONS

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L e poids des mots, le choc des idées

Petit dictionnaire de la pensée libérale.

4 Aujourd'hui : le mot Disruptif

Notre cher président, dont la pensée complexe nous émer-

veille chaque jour un peu plus, est aus- si un fervent défenseur de la langue française.

Quelle

chance nous avons ! Non seulement il

n'abuse pas du franglais comme d'aucuns, mais la richesse de son vocabulaire nous laisse pan- tois. Certains mots qu'il emploie sont si rares et si pertinents, qu'on les croirait les fruits de son imagination fertile. Il ne nous parle pas, il nous éduque, et les effets de son immense talent font qu'on se sent moins bête en l'écoutant.

Prenons par exemple, le mot « disruptif ».

Beaucoup de béotiens comme moi ont cru d'abord entendre un mot anglais. Quelle erreur ! Jamais un esprit animé d'une si haute culture s'abaisserait au niveau de

ces petits marquis infatués qui se gonflent d'impor- tance en truffant leurs dis- cours de vocables venus d'outre-atlantique... Pour avoir l'air savant, entre deux mots, toujours choisir l'anglais ! C'est plus chic.

Mais « disruptif » ne doit rien à la langue de Sha-

kespeare. C'est un mot d'origine latine, bien de chez nous. Si notre grand timonier l'a mis en lu- mière, c'est pour exalter sa volonté novatrice, son désir de rompre avec les inerties de l'ancien monde et, osons le terme, son ambition révolu- tionnaire. « Disruptif »est la marque de sa déter- mination !

Faire table rase du passé, eût été trop banal et digne du tout-venant. Renverser la table, n'en parlons pas !... On n'est pas des ivrognes en fin de banquet. Tout balayer d'un revers de main, trop colérique. Tout mettre à bas et repartir de zéro, peut-être ? Trop plat ! Tout cela manque de hauteur... Il fallait quelque chose de plus jupité- rien.

Alors que dit le Petit Robert ? Disruptif : terme venant de la physique-chimie. Qui pro- voque une étincelle et qui fait tout sauter ! Nous y sommes... Finies les petites réformes beso- gneuses qui s'étirent dans le temps, les pro- messes remises aux calendes, les projets avortés, les renoncements consentis à la plèbe râleuse.

Notre guide suprême veut tout casser. Il veut tout éparpiller façon puzzle !

C'est bien ce qu'il a commencé à faire ! Le droit du travail court-circuité, les retraites dyna- mitées, les services publics pulvérisés !... Les allo- cations chômages rabotées, l’Éducation Natio- nale atomisée, l'hôpi- tal démantelé... La Sécurité Sociale sous un tapis de bombes, le statut de la fonc- tion publique dans le collimateur et nos li- bertés rabougries.

Hélas ! Les mau- vais vents s'en sont mêlés... Les archéo- râleurs ont arpenté les boulevards et freiné ses ardeurs tandis que le covid entravait le pas triomphant de nos mar- cheurs. Le retour vers le moyen-âge attendra bien encore un peu, à moins que le souffle di- sruptif des colères populaires les explose en plein vol.

Jocelyn GERARD

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En cette période de pandémie de coronavirus, le livre fait office de valeur refuge. Formi- dable moyen de s’évader, la lecture est aussi «une amitié», comme l’écrivait Marcel Proust.

Un moyen de se sentir moins seul-le grâce à un ami qui vous veut du bien.

La lecture peut nous aider véritablement à traverser ces étranges semaines déstabilisantes.

Alors, aujourd’hui, j’ai envie de vous parler du roman :

« Les gens dans l’enveloppe »

d’Isabelle Monnin (2015)

Le roman « Les Gens dans l'enveloppe » n'est pas un ouvrage comme les autres. Isabelle Monnin a décidé de partir de 250 photos d'inconnus pour retracer une histoire, celle qu'elle s'imagine. Puis elle mène son enquête pour retrouver ces personnes et confronter sa fiction à leur réalité. Avec cette méthode peu ba- nale, l'auteur propose un roman, un album photo et un journal de bord de ses investigations. Pour illustrer en poésie l'ensemble, Alex Beaupain a composé des chansons réunies dans un CD audio.

En juin 2012, Isabelle Monnin achète donc sur inter- net un lot de 250 photos. Des photos d'une même fa- mille qui lui est inconnue. A partir de là, elle décide d'en faire un roman. Fascinée par ces visages et ces scènes du quotidien, à la fois bouleversants et banals, elle s'invente une histoire, créé ses personnages, les font vivre. Sous sa plume, ils deviennent des per- sonnes, certes romanesques mais étrangement vraies de la petite fille, qu'elle prénommera Laurence, à la grand-mère aux lunettes noires qu'elle surnommera

"Mamie Poulet", elle nous raconte leurs histoires.

Son ami, Alex Beaupain, lui propose alors d'accom- pagner son récit en chansons.

Une fois le roman terminé, elle décide de partir à la recherche de ces personnes. Débute alors une longue

enquête au bout de laquelle les

personnages de son roman prendront réellement vie…

Isabelle Monnin, romancière et journaliste, nous offre à la fois un roman, une enquête et un CD écrit et composé par Alex Beaupain (sauf Les mots bleus et La chanson d'Emilie et du grand oiseau), chantonné par Camélia Jordana, Clotilde Hesme, Françoise Fabian, Alex Beaupain et les vraies personnes du roman. Une idée très originale et captivante de bout en bout, qui met à rude épreuve les préjugés !

L'auteur écrit un roman, invente des destinées. Pour elle, toute vie mérite d'être racontée. Dès lors que l'enquête commence, qu'Isabelle Monnin mêle la fic- tion à la réalité, l'on découvre avec force et émotion la vie de ces gens. L'auteur, elle-même, se rend compte de la "violence" de son geste, des bousculements inhé- rents. Aussi bien pour eux que pour elle. Elle remue des souvenirs et remet à la lumière du jour ces photos du passé et donne vie

et forme à ces ins- tants figés sur pa- pier glacé. Un ro- man touchant, émouvant et pro- fondément hu- main, et qui plus est, porté par une écriture douce et poétique...

Quand Les gens dans l'enveloppe prennent vie…

« Les gens dans l'enveloppe »

est ainsi un objet litté- raire moderne et singulier. Faisant œuvre de vies ordi- naires, il interroge aussi le rapport entre le romancier et ses personnages. Il est surtout une belle histoire de rencontres.

Petits conseils de lecture :

Si vous avez envie de découvrir cette œuvre, réservez l’écoute du disque pour la fin, après avoir lu le roman et l’enquête, c’est alors que l’écoute prend tout son sens et que l’émotion règne.

Choisissez la version :

Les Gens dans l'enveloppe - Edition collector avec CD à 10,90€ chez un libraire indépendant…bien sûr !

Passez un bon moment !

Murielle BRICOUT

L a lecture, un véritable antidote !

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E t la vie continue

6

Difficile de se projeter dans cette période si particulière quand on est retraité… Mais soyons optimistes, tout n’a pas changé et la crise a parfois des côtés positifs : on nous prend toujours pour des cons !

Dans ce contexte, retraité depuis deux ans et demi déjà, mon premier réflexe, dans un premier temps, fut de faire une pause dans les activités politiques, associatives, syndi- cales même si elles sont plus que jamais nécessaires pour faire face aux défis actuels et à la montée de la bêtise, de l’obscurantisme sans pour autant renoncer à jouer les pe- tites mains…

Cette retraite est arrivée à point nommé pour prendre en charge ma petite fille de un an et demi franco-allemande et alléger le travail de mon fils, son épouse étant indisponible pour des raisons de santé. De septembre à décembre 2019, une semaine sur deux, j’étais dans la ville de Beethoven en Allemagne pour faire les al-

lers-retours à la kita (crèche), m’occuper des re- pas, etc… mon fils revenant souvent vers 19h00, 20h00…

Il y avait des rituels et j’en profitais pour m’arrêter, en revenant de la kita, dans une boulangerie salon de thé pour me poser, ma petite fille appréciant cette pause et étant devenue la coque- luche des serveuses… C’était notre moment.

Début 2020, j’ai dû me plonger dans la campagne des muni- cipales une fois libéré des contraintes familiales. Là, comme souvent, j’ai été confronté à la guéguerre des égos locaux nous privant d’une indispensable union de la gauche. L’inté- rêt général avant tout… Rattrapé par la patrouille, avec des nouvelles tâches passionnantes, mais dont je me serais bien passé.

Fin juin 2020 : alors que j’étais tranquillement en train de siroter mon café, je reçois un coup de fil : ma fille était gar- dée à la maternité où elle venait faire un contrôle… 6 heures et demi plus tard, j’étais à Strasbourg… mon gendre pouvant ainsi assister quelques minutes plus tard à la nais- sance de jumeaux pendant que je gardais mon autre petite fille…

La priorité, c’est donc la famille et je suis, comme nombre d’entre vous, souvent préempté pour m’occuper des petits enfants : un beau rôle à jouer, notre priorité.

Certes il y a la crise et notre qualité de vie en a pris un coup.

Mais voyons quand même le côté positif des choses :

Le masque nous évite de voir bien des horreurs (on a par- fois des déceptions quand il est enlevé) et ça permet de se recentrer sur le regard, le miroir de l’âme…

On nous prend pour des cons certes mais ce n’est pas nouveau, c’est encore plus flagrant mais si nous sommes assez c… pour voter pour les mêmes…

On échappe à la caporalisation à marche forcée sous la houlette d’un dénommé Blanquer, la Voix de son maître, proche de l’Institut Montaigne d’idéolo- gie libérale avec des premiers de cordée locaux qui se lâchent parfois (nos col- lègues du SNUIpp viennent d’ailleurs de mettre fin aux dérives d’une inspectrice sur Lille 1-Lambersart : cela calmera peut-être les ardeurs d’autres petits chefs…)

L’inspection, cet outil d’un autre temps… Les collègues, continuant, mal- gré eux, à perpétuer ce que font beau- coup d’enfants vis-à-vis des parents : on fait plaisir, on leur donne ce qu’ils veu- lent ! Un rapprochement certes touchant mais qui va plus loin puisque les postes à profils engen- drent une cooptation malsaine. L’infantilisation rampante toujours de mise, pas à la hauteur des enjeux ne grandit pas l’école.

On échappe à la valse des programmes qui déstabilisent les collègues… et se contredisent régulièrement…

On échappe au « pilotage » de plus en plus centralisé , les potentats locaux imposant et confondant leurs objectifs, leurs indicateurs avec ceux des écoles.

Finalement, on vit certes une époque difficile, c’est une épreuve même, mais nous sommes encore là… et on échappe à de nombreuses turpitudes. Alors, restez

« actifs », soyez vigilants et portez-vous bien en attendant la sortie du tunnel !

Jean-Claude NIMAL

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La Loi de 1905

C’est une loi de liberté et de tolérance qui permet aux ci- toyen.ne.s de vivre ensemble dans une société apaisée au- tour des questions religieuses. Sa modification pourrait en- traîner de graves conséquences.

La loi, socle républicain de la laïcité, a été adoptée en 1905 sous l’impulsion d’Aristide Briant dans un contexte de forte tension entre la lllème république et le Vatican. Elle a mis fin au concor- dat napoléonien de 1801 qui reconnaissait 4 cultes : le catholi- cisme, le judaïsme, les protestantismes calviniste et luthérien.

Les 2 premiers articles disposent les principes directeurs de la loi :

« La république assure la liberté de conscience (article1) mais « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » (article 2).

L’état se déclare neutre en matière confessionnelle et les religions sont plus libres que jamais.

Le mot « laïcité » n’apparaît qu’une seule fois dans les 44 articles de la loi de 1905.

Le mot est mis en valeur en 1946. La constitution de la IV Répu- blique proclame que la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.

La gestion des cultes est la conséquence directe du principe de séparation des Eglises et de l’Etat. Autrefois attribuée aux établis- sements publics du culte, elle est confiée par la loi de 1905 aux associations cultuelles. Ces associations ont pour objet exclusif l’exercice d’un culte.

L’Eglise Catholique refuse toutefois cette évolution. Elle craint que la hiérarchie catholique n’en soit impactée. En effet, ces associa- tions ne reconnaissent pas l’autorité de l’évêque. Il faudra attendre 1923 pour qu'un compromis soit trouvé. Les associations diocésaines, présidées par des évêques, naissent.

Tout le monde se réclame de la loi de 1905 mais pas pour dire la même chose.

Deux visions de la laïcité s’opposent. Elle est perçue comme ga- rante des libertés individuelles ou jugée comme un frein néces- saire à l’expression religieuse dans l’espace public.

Cette dernière vision veut opposer une forme de culte laïque aux religions. Chasser le religieux de l’espace public risque de contre- venir aux grands textes internationaux sur les droits de l’homme et de pousser à agir en souterrain et ainsi le rendre plus dangereux.

Faire de la laïcité une religion républicaine opposée aux religions fait contresens comme à l’inverse considérer que la laïcité empê- cherait de les critiquer.

Notons que dans le cadre de la loi de 1905, l’état se réserve le droit d’intervenir en matière religieuse dans les cas où un culte contrevient aux autres lois de la république. La loi actuelle permet la fermeture des lieux de culte en cas de comportement ou de discours contrevenant aux lois de la République.

La loi est protectrice de la République. Il est urgent donc de ne toucher à rien.

Souvenons-nous aussi de l’atteinte à l’esprit de la loi de 1905 quand Sarkozy a déclaré depuis Rome que : « dans la transmission des valeurs et dans la différence entre le bien et le mal, l’institu- teur ne pourra jamais remplacer le curé et le pasteur ».

La République a expérimenté, en son temps, sur le territoire algé- rien un mode de gestion de l’islam et il était concordataire. La loi de 1905 n’a jamais été appliquée aux 3 départements algériens car

André Léger

il fallait surveiller le culte musulman. Les imams étaient recrutés et appointés par l’état.

La France a donc à l’époque renoncé à étendre la loi de 1905 à l’empire colonial pour contrôler les « indigènes ».

A la décolonisation, l’islam devient « consulaire » : la gestion et le financement du culte ont été, en partie, pris en charge par les états.

En résumé, si on reproche aux musulmans de ne pas respecter la loi de 1905, tout a été fait par le passé pour que l’islam reste en dehors du cadre de 1905 pour des raisons sécuritaires

La loi de 1905 pose aussi la question du financement des cultes.

Aujourd’hui, selon un rapport sénatorial, le financement étranger de l’islam est évalué aux environs de 30 % du budget des mos- quées et 90 % des mosquées sont gérées par des associations « loi 1901 » qui offre moins d’avantages fiscaux mais est moins stricte en terme de contrôles notamment sur les sources de financement contrairement aux cultes catholique et judaïque qui sont gérés dans le cadre de la loi de 1905.

LA LOI DE 1905 ET L’ECOLE PUBLIQUE

Des évolutions législatives antérieures à 1905 ont annoncé la séparation de l’église et de l’état.

La séparation des églises et de l’état a été instaurée en premier à l’école dès 1882, par l’adoption de la loi Jules Ferry qui rend l’école publique gratuite, laïque et obligatoire. Elle a été renforcée, en 1886, par le législateur qui impose que les élèves soient confiés à un personnel exclusivement laïque dans les écoles publiques.

Sous la lllèmé République, la loi de 1905 devient un instrument d’édification démocratique.

L’exception du concordat accordé à l’Alsace-Moselle et le finance- ment public de l’enseignement confessionnel privé (loi Debré de 1959) demeurent des problématiques d’actualité syndicale et poli- tique.

L’enseignement religieux ne peut être donné aux enfants inscrits dans les écoles publiques qu’en dehors des heures de classe mais rien n’est dit sur le fait d’évoquer en classe des sujets directement liés aux croyances.

En réponse au prosélytisme prôné par une frange islamiste de la société, la loi de 2004 a été promulguée. Elle interdit les signes religieux à l’école, au collège et au lycée et montre la volonté du législateur de cibler certaines formes d’expression publique de l’islam, les jugeant non conformes à la loi de 1905. Cependant, bannir le voile de tout espace public contrevient frontalement à la loi de 1905.

La loi de 1905, comme quelques-unes des lois fondatrices de la République, est une loi de liberté, donnant corps aux principes arrachés par la Révolution française. Elle laisse le soin à la société de s’organiser elle-même. L’État assure sa neutralité et ne s’affirme qu’en dernier ressort pour garan- tir les libertés inscrites dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, dont la liberté absolue de cons- cience. Or la loi sur les séparatismes en l’état est une loi de contrôle des associations, des familles, des identités jugées hétérodoxes, et de restriction des libertés, qui vise avant tout la population musulmane du pays.

U n peu d’histoire

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F aites vos jeux

Guy COQUET

E n cette période de semi- confinement, alors que les activi- tés culturelles et sportives sont en sommeil, il faut bien tenter de trouver des activités palliatives.

Pour ce faire, le jeu de société est une solution bien agréable. Il est loin le temps des petits chevaux, nain jaune, voire Monopoly, le

parangon du capitalisme, qui est encore en vente décliné sous une vingtaine de formes différentes dont une Star Wars. Les boîtes, le matériel et les règles actuelles ont beaucoup évolué. Il y a main- tenant une forte tendance à dimi- nuer les effets du hasard (lancer de dés) et à donner aux joueurs la possibilité de faire des choix qui s’avéreront cruciaux pour le gain de la partie.

P our commencer, je vous pro- pose

« Les aventuriers du rail ».

C e jeu qui existe en plusieurs versions, proposait à l’origine un plateau de jeu représentant le réseau ferré des Etats-Unis. Il existe maintenant plusieurs décli- naisons européennes, dont les aventuriers du rail Europe et les aventuriers du rail express. C’est cette dernière, la version la plus simple à jouer, que je vous présente.

D eux à quatre joueurs, âgés d’au moins huit ans, ont devant eux un plateau où sont repré- sentées des villes avec les lignes les reliant et sur le pourtour un che- min pour marquer l’avancée de leur pion.

A u début de la partie, ils ont chacun un pion de score et des petits wa- gons de la même couleur, quatre cartes wagons et deux cartes des- tination (ex: Londres-Berlin) choi- sies parmi trois. Le but du jeu est d’obtenir le plus de points pos- sible en construisant les routes qui sont les plus avantageuses.

Chacun leur tour, les joueurs ont le droit à une action: piocher deux cartes wagons ou une carte locomotive (qui remplace un wa- gon de n’importe quelle couleur) ou une nouvelle carte destination ou jouer des cartes de couleur

identique pour construire une

route. Selon la longueur de celle- ci, ils marquent plus ou moins de points. L’itinéraire Londres- Istanbul (le fameux Orient- Express) s’il est réalisé donne un bonus. Le jeu s’arrête lorsqu’un joueur n’a plus que deux wagons ou moins dans sa réserve. On procède alors au compte des points en faisant le total des points gagnés lors de la construc- tion des routes (position du pion), du bonus éventuel Londres- Istanbul et des destinations réali- sées. Mais pour celui qui n’a pas construit l’itinéraire les points indiqués sur la carte sont dé- comptés de son total. Celui qui a obtenu le plus de points a gagné.

L es règles sont simples, courtes (un recto verso 27 x 27 cm) et bien présentées. Elles sont com- préhensibles par des enfants de 8 ans. Une partie dure une tren- taine de minutes.

P our mieux découvrir Les aven- turiers du rail Express, je vous invite à aller regarder cette vi- déo :

https://www.youtube.com/

watch?v=zRqLIyWNx-4

P our une trentaine d’euros,

amusez-vous bien en famille ou

avec les amis (mais masqués !).

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